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Les Sources

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CHAPITRE XI
PHYSIOLOGIE

S’il est une science que stérilise son isolement, et que vivifierait, ou plutôt que transfigurerait son union à la philosophie, et par celle-ci à la théologie, c’est la physiologie[26].

[26] Voir le Traité de la Connaissance de l’âme, liv. I, chap. III, et liv. III, chap. III.

Je vous signale l’état actuel de cette science. Il est tel aujourd’hui, en France, que le doyen d’une faculté de médecine, dans son cours de 1850, citait à ses élèves Helvétius, Cabanis et Condillac, comme les auteurs à consulter sur les rapports du physique et du moral.

D’un autre côté, néanmoins, la physiologie, de Burdach, longtemps repoussée, commence à être appréciée par les esprits philosophiques. On fera justice des traces de panthéisme que renferme ce grand ouvrage, et l’on saura en exploiter les fécondes intuitions.

Burdach avait écrit un premier traité de physiologie (Blick in’s Leben) où il cherche à montrer dans l’ensemble et les détails de la science une seule idée, celle de la Trinité. Mais ce travail ayant été taxé de conception physiologique a priori (grande injure aux yeux des physiologues), l’auteur a écrit, en conservant le plan invisible de son idée, son traité de physiologie expérimentale.

Un esprit au moins aussi profond que Burdach, mais plus exact et entièrement chrétien, c’est Schubert (de Munich). Il faut connaître surtout son livre intitulé : Histoire de l’âme. Vous y trouverez de très grandes vues de théologie, de philosophie et de physiologie comparées, sans panthéisme.

Un homme, Gœrres, moins spécial que les précédents, en physiologie, n’est rien moins que le premier auteur d’une découverte fondamentale vulgairement attribuée à d’autres. Gœrres, le premier, a distingué dans la moelle épinière les nerfs du sentiment et les nerfs du mouvement. Or, ce vigoureux esprit a fait dans sa mystique et ailleurs d’heureux efforts de physiologie et de psychologie comparées.

L’étude de la physiologie aura pour vous, entre autres avantages, ce résultat pratique, de vous faire toucher du doigt la profonde décadence de la philosophie médicale parmi nous, de vous montrer clairement la possibilité d’une magnifique réforme, et de vous inspirer peut-être la grande pensée de l’entreprendre.

Quant à nous, nous avons parlé de ces choses dans le Traité de la CONNAISSANCE DE L’AME, et nous croyons avoir posé les bases de la Psychologie et de la Physiologie comparées[27]. Efforcez-vous de comprendre, de juger par vous-même, les thèses que j’ai essayé d’établir sur ce point. Elles sont le fruit d’un fort grand travail suivi pendant un quart de siècle au moins. Elles n’ont point été attaquées. Au point de vue physiologique, des esprits éminents les ont jugées solides.

[27] Connaissance de l’âme, liv. I, chap. III.

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