← Retour

Reconnaissance au Maroc, 1883-1884 (Texte)

16px
100%

Tribu des Haha.

Le pays des Ḥaḥa est merveilleux de fertilité et encore assez riche, bien qu’après avoir été pressuré par Ould Bihi (le dernier d’une famille de qaïds héréditaires qui a longtemps été à la tête de la tribu), désolé par Anflous (serviteur d’Ould Bihi qui usurpa le pouvoir après que ce dernier eut été empoisonné par le sultan, et qui fut, lui aussi, pris par trahison et mis à mort), il soit aujourd’hui horriblement opprimé par le makhzen. A chaque pas, on voit des ruines, des maisons détruites, des tours à demi renversées : ce sont les traces qu’a laissées la courte domination d’Anflous. A chaque pas, on entend les plaintes des habitants sur les déprédations des représentants actuels du sultan : un homme a-t-il quelque bien, on le dépouille aussitôt. Aussi beaucoup de Ḥaḥa (on dit Ḥaḥa en arabe, et Iḥaḥan en tamaziṛt) cherchent-ils à obtenir la protection de consuls chrétiens de Mogador. Malgré tant de maux, le pays est assez prospère : demeures nombreuses ; beaux troupeaux ; vastes cultures. Mais le terrain labourable qui reste inculte occupe une immense étendue : on pourrait ensemencer une surface presque double de celle qu’on cultive.

Les Ḥaḥa se divisent en 12 fractions, auxquelles M. El Ḥasen, depuis leur soumission récente (après avoir été longtemps indépendants, ils viennent d’être en révolte durant plusieurs années), a préposé 4 qaïds. Ces qaïds ont sous leurs ordres des chikhs et des ạamels. Les chikhs sont ici les gouverneurs des fractions : il y en a un pour chacune des douze ; les ạamels sont chargés de percevoir les impôts pour le sultan : ils sont en plus grand nombre.

Les 12 fractions sont :

Ida ou Gerṭ, Ikenafen, Ida ou Isaṛen, Ida ou Gelloul, Ida ou Tromma, Aït Ạmer, Ida ou Ạïssi, Ida ou Zenzen, Ida ou Khelf, Ida ou Bou Zia, Ida ou Mada.....[118].

Les quatre premières sont les plus importantes.

Les Ḥaḥa sont serviteurs de plusieurs marabouts : ils paient des redevances aux Geraga et à Sidi Ạbd Allah d Aït Iaḥia : nous avons dit que celui-ci était originaire d’Ez Zaouïa, à Tisint. Quant aux Geraga, c’est une célèbre famille de religieux, originaire du Chiadma, où elle a encore sa principale zaouïa, entre Mogador et Safi.

La tribu des Ḥaḥa est sédentaire ; elle parle le tamaziṛt, mais l’arabe y est assez répandu[119].

Pas de Juifs chez les Ḥaḥa en dehors des deux villes qui sont sur leur territoire sans appartenir à leur tribu, Mogador et Agadir Iṛir.

District de Tidsi.

Le district de Tidsi se compose de 3 grands villages : Tidsi (300 fusils), El Qaçba (200 fusils), Oumsedikht (700 fusils) ; ils sont à peu de distance les uns des autres. Le Tidsi est gouverné par un seul chikh, en même temps marabout ; il s’appelle Sidi El Ḥanafi. Le Tidsi reconnaît le sultan, mais n’est point administré par lui : les mkhaznis n’y entrent point, et il n’y a ni qaïd ni ạamel nommé par Moulei El Ḥasen ; mais le chikh héréditaire, tout en ne tenant son autorité que de son sang et de la volonté de ses concitoyens, reconnaît le sultan et va chaque année apporter un tribut à Taroudant.

Pas de Juifs. Un marché, d’une grande importance, le Khemîs Tidsi, se tenant dans le village de Tidsi. Ce village est quelquefois appelé Ez Zaouïa parce que c’est là qu’est la zaouïa, résidence du chikh. Terrain fertile : blé, orge, maïs, lentilles, olives. Pas de rivière ; le pays est arrosé par des sources. Il est en plaine, au pied du versant septentrional du Petit Atlas. Les gens du Tidsi sont Chellaḥa et parlent le tamaziṛt.

Distances : du Tidsi à Taroudant comme d’Aqqa Igiren à Trit.
du Tidsi à Afikourahen comme d’Aqqa Igiren à Tatta.

Tribu des Ilalen.

Les Ilalen sont une nombreuse tribu tamaziṛt se divisant en 18 fractions, savoir :

Ida ou Ska (450 fusils ; nous avons traversé leur territoire).

Aït Touf el Azz (300 fusils ; nous avons traversé leur territoire).

Isendalen (1600 fusils ; nous les avons laissés au sud).

Aït Toufaout (1500 fusils ; nous les avons laissés au sud : nous avons passé près de leurs frontières en sortant des Aït Touf el Ạzz).

Tazalart (200 fusils ; leur territoire contient de grandes mines de cuivre. Les ouvriers, s’habillant de vêtements de cuir, descendent l’extraire à 200 ou 300 coudées au-dessous de la surface du sol).

Aït Ạbd Allah (1600 fusils ; nous les avons laissés au sud : ils sont voisins des Aït Tazalaṛt).

In Timmelt (2000 fusils ; nous les avons laissés au sud ; cette fraction habite les bords de l’Ouad In Timmelt, affluent de l’Ouad Oulṛass).

Amzaourou (100 fusils).

Tasdmit (200 fusils ; cette fraction est située, par rapport à Afikourahen, au delà de celle d’Amzaourou et dans la même direction).

Aït Ouassou (600 fusils ; ils habitent les bords de l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessus des Ikhoullan).

Aït Ali (1200 fusils ; ils habitent sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessus des Aït Ouassou).

Ikhoullan (300 fusils. Nous avons traversé leur territoire).

Mezdaggen (320 fusils. Sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessous des Ikhoullan).

Ida ou Ska (450 fusils. Cette seconde fraction d’Ida ou Ska est sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessous des Mezdaggen).

Afra (360 fusils. Nous avons traversé ce territoire).

Tazgelt (1100 fusils. Nous avons traversé cette fraction).

Ida ou Genadif (1700 fusils. Ils occupent la vallée de l’Ouad Aït Mezal, immédiatement au-dessus des Aït Mezal).

Irer (300 fusils. Fraction habitant sur l’Ouad Aït Mezal, immédiatement au-dessus des Ida ou Genadif).

Les Ilalen ne reconnaissent point le sultan ; ils sont indépendants. Chacune de leurs 18 fractions a son administration séparée : point de chikhs héréditaires, si ce n’est dans une seule fraction, les Aït Ạbd Allah : ceux-ci ont un chikh, Ḥadj Ḥammou ; mais là même il y a plutôt un titre qu’un pouvoir, Ḥadj Ḥammou ne fait que les volontés de la djemaạa. Chaque fraction est gouvernée par sa djemaạa, qu’on appelle ici anfaliz : cette assemblée se compose de délégués de toutes les familles de la fraction ; chacune en envoie un : l’ensemble de ces chefs de famille forme l’anfaliz, qui règle toutes les affaires du groupe.

Chaque fraction a au moins un agadir ; quelques-unes en ont deux ou trois. L’agadir, village où chaque famille a sa chambre ou sa maison renfermant ses grains, ses provisions de toute sorte, ses objets précieux, est le magasin général de la fraction et son réduit en temps de guerre. C’est aussi là que s’assemble l’anfaliz.

Pas de grande zaouïa chez les Ilalen. Mais chacune des 18 fractions en possède une petite où elle entretient un ṭaleb : il est chargé de faire les écrits dont on a besoin et d’enseigner à lire à ceux qui voudraient apprendre. Il est pourvu aux frais de cette zaouïa de la façon suivante : à l’entrée des grains dans l’agadir, on en prélève la dîme, c’est-à-dire exactement un dixième ; un tiers de cette dîme est donné à la zaouïa, les deux autres sont distribués aux pauvres.

Les cultures se composent de beaucoup d’orge, d’un peu de blé et de lentilles : mais la richesse des Ilalen est surtout dans leurs amandes et leur huile d’argan. Pas de Juifs sur leur territoire. Les marchés de la tribu sont :

Tlâta Aït Toufaout.

Arbạa Aït Ạbd Allah.

Khemîs Aït Ạli.

Tenîn Aït Touf el Ạzz.

Djemạa Ida ou Genadif.

Les rivières qui l’arrosent sont au nombre de trois : l’Ouad Ikhoullan (affluent du Sous), l’Ouad Aït Mezal et l’Ouad In Timmelt.

Comme nous l’avons vu de nos yeux, les diverses fractions des Ilalen sont souvent en guerre entre elles.

Les Ilalen sont Chellaḥa et sédentaires : ils ne parlent que le tamaziṛt ; très peu d’entre eux savent l’arabe.

Itinéraire d’Afikourahen au Tazeroualt.

D’Afikourahen on gagne la fraction des Aït Mezal ; on la traverse, et on entre dans celle des Aït Ilougaïm : c’est la première journée. De là on franchit l’Ouad Oulṛass, et on arrive dans la tribu de Zarar Ida Oultit ; on y passe la nuit dans un village, le plus souvent dans celui de Bou el Ḥanna : c’est le deuxième jour. De là on part de grand matin et on parvient le lendemain, de bonne heure, après 3 jours 1/2 de marche, à la qoubba de Sidi Ḥamed ou Mousa, c’est-à-dire à la zaouïa de Sidi El Ḥoseïn. On est au cœur du Tazeroualt.

Ait Ilougaim. — Ils forment une fraction des Chtouka : ce sont donc des Chellaḥa sédentaires parlant le tamaziṛt. Comme tous les Chtouka, ils sont soumis au makhzen et sous la juridiction du qaïd Ould Ben Dleïmi. Ils comprennent une centaine de villages. Pas d’agadir (il n’y en a nulle part en blad el makhzen : chacun y enfouit ses grains dans des silos, qu’on appelle ici maṭmora). Pas de chikh général ni de djemaạa collective : chaque village a soit son chikh local, soit sa djemaạa. Un marché, le Tenîn Ilougaïm, à Tamaliḥt ; il forme un centre commercial important. Dans le village de Tamaliḥt, il y a 80 familles juives, les seules de la tribu.

Pas de rivière chez les Aït Ilougaïm. Mais non loin de là coule l’Ouad Oulṛass, où ils ont de nombreux ḥeïouan (on donne ce nom aux terres qu’on possède sur le territoire de tribus étrangères). Les Aït Ilougaïm sont riches ; ils ont beaucoup de chevaux. A partir des Aït Mezal, et jusqu’au Tazeroualt, les tribus qu’on rencontre en possèdent un grand nombre : il n’y en a au contraire à peu près point dans la portion du Petit Atlas située à l’est des Chtouka.

Quand on vient des Ilalen, on passe d’habitude la nuit dans le groupe des Aït Ilougaïm portant le nom d’Aït ou Adrim. De chez eux on gagne les

Ait Oulrass. — Ils habitent les bords de l’Ouad Oulṛass. Fraction importante des Chtouka, ils sont soumis au sultan et sous l’autorité d’Ould Ben Dleïmi. Point de chikh ni de djemaạa : ils sont en cela dans les mêmes conditions que les Aït Ilougaïm. Ils ont environ 100 villages.

Pas de marché, ni de Juifs.

La vallée de l’Ouad Oulṛass est très riche : quelques palmiers, mais ne donnant que de mauvaises dattes, arbres fruitiers et céréales en abondance. L’Ouad Oulṛass se jette dans la mer, après avoir, au-dessous des Aït Oulṛass, traversé la tribu de Massa, qu’on appelle aussi Mast.

Des Aït Oulṛass, on entre dans la tribu de

Zarar Ida Oultit. — Grande tribu qui habite au sud des Aït Oulṛass, au delà du flanc gauche de la vallée de l’Ouad Oulṛass. Elle est blad el makhzen depuis l’expédition du sultan dans le Sous et le Sahel, et appartient à la juridiction d’Is Oublaṛ, qaïd des Ida ou Garsmouk : pas de chikh héréditaire ; un anfaliz règle les affaires de la tribu. Les Zarar Ida Oultit sont une tribu chleuḥa et sédentaire, parlant le tamaziṛt. Beaucoup de qçars ; le principal est Ouizzân, qui se prononce aussi Ouzzân et Oujjân. Nombreux chevaux. Point de rivière : des sources et des citernes.

Un marché, très fréquenté, le tlâta d’Ouizzân. Un mellaḥ dans la même localité.

De cette tribu, on passe dans celle des

Ida ou Baaqil. — Grande tribu, autrefois libre comme la précédente, nominalement soumise au sultan depuis l’expédition de 1882. Elle a été placée, avec plusieurs autres, sous le qaïdat de Ḥadj Ṭahar, fils de Sidi El Ḥoseïn, le marabout du Tazeroualt. Tribu riche et puissante. Jadis elle faisait souvent la guerre à Sidi El Ḥoseïn, qui ne l’apaisait qu’à prix d’argent. Les Ida ou Baạqil sont Chellaḥa et sédentaires. Leur langue est le tamaziṛt. Beaucoup de qçars et beaucoup de chevaux.

Point de marché ni de Juifs sur leur territoire. Celui-ci n’est arrosé par aucune rivière.

De là on passe dans le district de

Tazeroualt. — Le Tazeroualt est un grand district traversé par l’Ouad Tazeroualt.

L’Ouad Tazeroualt vient du territoire des Aït Imejjat : de là il entre dans le Tazeroualt ; il y arrose d’abord Agadir Sidi El Ḥoseïn, puis Zaouïa Sidi Ḥamed ou Mousa (connue aussi sous le nom de Zaouïa Sidi El Ḥoseïn et sous celui de Tallent Sidi Ḥachem), enfin Iliṛ. Du Tazeroualt il passe chez les Aït Bou Ạmran, où il reste jusqu’à son embouchure dans l’Océan. C’est, disent les indigènes, à l’embouchure de cette rivière que des chrétiens sont venus en 1882 vendre des grains et diverses denrées : c’est, ajoutent-ils, en partie pour empêcher qu’ils ne reviennent sur la côte et que pareil fait ne se renouvelle que le sultan est venu aussitôt après dans le pays, qu’il en a obtenu la soumission nominale et qu’il y a investi des qaïds. Il a même laissé chez les Aït Bou Ạmran un camp de 1200 à 2000 soldats qui depuis lors y sont en permanence.

Le Tazeroualt est riche et fait un grand commerce. Là se tient, deux fois par an, l’une en mars et l’autre à la fin d’octobre, la fameuse foire de Sidi Ḥamed ou Mousa, célèbre dans le Sahel, dans le Sahara et dans le Sous, où l’on vient en foule de Mogador et même de Merrâkech. Outre ces foires, les pareilles de celle de Mrimima et de Souq el Mouloud, le Tazeroualt a un marché chaque semaine, le ḥad d’Iliṛ. Il existe à Iliṛ un grand mellaḥ, le seul du district.

Le Tazeroualt est depuis un temps immémorial gouverné par des marabouts qui descendent de Sidi Ḥamed ou Mousa. Le chef de la zaouïa et chikh du pays est en ce moment Sidi El Ḥoseïn ou Ḥachem. Il a trois résidences principales : 1o Iliṛ, grand et riche qçar, le plus important du Tazeroualt et l’un des plus peuplés de tout le sud : là est son habitation principale, avec la plupart de ses femmes et de ses négresses ; c’est sa demeure la plus somptueuse et la plus agréable, celle où il vit habituellement ; il y a une garde de 200 cavaliers nègres, ses esclaves. 2o Ez Zaouïa ; ainsi que l’indique ce nom, c’est le sanctuaire religieux de la famille : là sont les qoubbas de Sidi Ḥachem, père de Sidi El Ḥoseïn, de Sidi Ḥamed ou Mousa, son ancêtre, de tous ses aïeux ; là habitent les marabouts de sa race, ses cousins, ses neveux. On appelle aussi Ez Zaouïa de divers autres noms, Tallent Sidi Ḥachem, Zaouïa Sidi Ḥamed ou Mousa, Zaouïa Sidi El Ḥoseïn. 3o Agadir Sidi El Ḥoseïn ; c’est une forteresse bâtie sur le roc au sommet d’un mont escarpé. Sidi El Ḥoseïn y a entassé toutes ses richesses, et a accumulé les défenses de tout genre pour les protéger : l’agadir, situé à la frontière est du territoire, est dans une position telle qu’on ne peut y monter que par un long chemin en escalier, creusé dans le roc et faisant mille lacets ; les murs de la forteresse sont d’une épaisseur extrême ; les tours en sont garnies de canons ; elle est sans cesse gardée par une forte garnison d’esclaves dévoués : c’est là que le marabout s’était enfermé en 1882, à l’approche du sultan.

Ainsi que nous l’avons dit, l’ancêtre des puissants chefs du Tazeroualt est Sidi Ḥamed ou Mousa : sa qoubba s’élève auprès d’Ez Zaouïa. Ce n’était qu’un mendiant à qui Dieu, en récompense de ses mérites, accorda ses grâces, grâces qui de son vivant même se manifestèrent par de nombreux miracles. L’époque à laquelle vivait ce saint est très reculée ; il laissa des descendants à qui il légua la bénédiction divine, qui se perpétua en eux jusqu’à ce jour. Mais s’il fut le fondateur de leur grandeur religieuse, il ne fut point celui de leur puissance temporelle. Celle-ci n’échut à sa maison qu’après plusieurs générations : ce fut l’un de ses successeurs, Sidi Ạli Bou Dmia, qui l’établit, à une époque elle-même très lointaine. Sidi Ạli Bou Dmia, à la fois marabout et guerrier, étendit au loin le pouvoir de la zaouïa de Tazeroualt et acquit une grande célébrité : les ruines imposantes de son palais subsistent encore à peu de distance de la zaouïa actuelle. Depuis sa mort, bien des générations se sont succédé : la puissance de sa dynastie, tout en restant considérable, a subi des phases diverses. Sidi Ḥachem, père du marabout actuel, avait donné un grand éclat à sa maison. Brave et guerrier, il avait marché sur les traces de Sidi Ạli Bou Dmia, et, payant sans cesse de sa personne, n’avait pas tardé à se faire un grand renom de valeur dans les régions environnantes. Grâce à cette réputation, à l’admiration et à la crainte qu’il inspirait, il était parvenu à grouper autour de lui toutes les tribus du voisinage. Pendant sa vie, elles lui restèrent soumises, moitié de gré, moitié de force. Cet édifice s’écroula en partie à sa mort. Sidi El Ḥoseïn, son fils et son successeur, âgé de 70 ans aujourd’hui, fut orphelin de bonne heure ; un certain nombre de tribus en profitèrent pour s’émanciper : il ne montra dans la suite aucune des qualités belliqueuses de son père ; aussi n’est-il plus réellement maître que du Tazeroualt. Mais il est très riche ; ses trésors sont immenses ; l’autorité que ne lui a pas donnée son caractère, son or la lui procure quand il le veut ; il arme à prix d’argent les tribus des environs et peut ainsi réunir à son gré autour de lui tous les fusils du Sahel : c’est ce qu’on lui a vu faire il y a quelques années. Aussi Sidi El Ḥoseïn est-il aujourd’hui encore le plus grand pouvoir qui existe de l’océan Atlantique au pays de Dra. Il peut mettre en armes tout le Sahel, Chtouka compris, et se faire envoyer des contingents de diverses tribus du bassin inférieur du Dra. Son influence religieuse est considérable. Son nom est connu dans tout le Maroc, dont Sidi Ḥamed ou Mousa est un des saints les plus vénérés. Une grande partie des zaouïas du Sahel, du Sous et du Sahara, entre Sous et Dra, appartient à des rameaux de la famille dont il est le chef. Par sa célébrité, son influence religieuse, ses richesses, sa puissance, l’étendue de son autorité, la zaouïa de Sidi Ḥamed ou Mousa peut être comptée comme une des cinq grandes zaouïas du Maroc, allant de pair avec celles d’Ouazzân, de Bou el Djạd, de Tamegrout, du Metṛara (Sidi Moḥammed El Ạrabi el Derkaoui).

Distances : d’Agadir Sidi El Ḥoseïn à Ez Zaouïa comme d’Agadir Tisint à Ạïoun S. Ạbd Allah ou Mḥind.
d’Ez Zaouïa à Iliṛ comme d’Agadir Tisint à Trit.

Campagne de Moulei El Hasen dans le Sous en 1882.

Un événement considérable s’est passé récemment dans le bas Sous et dans le Sahel : le sultan y a fait une expédition et a reçu la soumission d’un grand nombre de tribus qui étaient indépendantes depuis un temps immémorial. Ce fait est l’objet de tous les entretiens dans le Sahara, dans le Sous et dans les contrées voisines : voici le résumé de ce que j’ai entendu dire, aussi bien à Tatta et à Mrimima que dans le Sous, le Sahel et chez les Ḥaḥa.

Au commencement de l’été de 1882, Moulei El Ḥasen traversa l’Ouad Sous, auprès de son embouchure, à la tête d’une armée puissante : il avait assemblé tous les contingents de son empire, ceux des tribus de Fâs comme ceux des tribus de Merrâkech : tout ce qu’il avait pu lever, il l’avait emmené : cette armée pouvait être, au début de l’expédition, de 40000 hommes ; une fois en marche, ce chiffre tomba assez vite par suite des nombreuses désertions. Avec ces forces imposantes, le sultan s’avança jusqu’aux limites du Tazeroualt : il s’y arrêta à une localité du nom de Tiznit. Il convoqua alors tous les chikhs ou notables des tribus voisines et en premier lieu les deux principaux personnages du pays, Sidi El Ḥoseïn, chef du Tazeroualt, et El Ḥabib ould Beïrouk, chikh du district d’Ouad Noun. Sidi El Ḥoseïn avait des motifs graves de se défier du sultan : d’une part, il avait toujours témoigné à Moulei El Ḥasen une hostilité extrême ; de l’autre, il passait pour le seigneur le plus riche du Maroc : il était fort probable que s’il se rendait à l’invitation du sultan, celui-ci, le tenant entre ses mains, le mettrait à mort, autant par rancune que par cupidité. Aussi, malgré les mille instances de Moulei El Ḥasen, malgré les protestations d’amitié qu’il lui prodigua, se garda-t-il de se rendre à sa convocation ; mais il se fit représenter auprès de lui, pendant que de sa personne il allait s’enfermer, à l’abri de ses canons, dans son agadir. Quant aux autres chefs mandés, ils vinrent trouver le sultan. Celui-ci leur tint ce langage : « Vous voyez les Chrétiens installés au sud d’Ouad Noun ; d’autres veulent s’établir à Ifni, d’autres ailleurs. Cela vous plaît-il ? Non, je veux le croire. Qui peut l’empêcher ? Est-ce vous ? Vous n’en avez pas la force. Et-ce moi ? A mes observations, ils répondent que le pays n’est point sous mon autorité. Il n’y a qu’un moyen de s’opposer à leurs empiétements : reconnaissez mon pouvoir : je vous promets que non seulement il ne vous sera pas lourd, mais même il vous sera profitable. Que les Chrétiens, quand ils viendront sur ces rivages, ne trouvent que des sujets de Moulei El Ḥasen : il suffit ; vous n’aurez plus rien à craindre de leur côté ; et pour ce qui est de moi, vous ne serez pas longtemps sans éprouver les bienfaits de mon alliance. » Il sortit de là l’arrangement suivant : tous les chikhs présents reconnurent l’autorité du sultan ; celui-ci les nomma qaïds dans leurs tribus ou leurs districts et les renvoya avec des présents : il était sous-entendu que le pouvoir du sultan ne serait que nominal, mais qu’il allait l’affirmer et en donner une preuve visible aux yeux des Chrétiens en construisant une ville au cœur de la région qui venait de se ranger sous ses lois.

La contrée qui fit ainsi, en été 1882, sa soumission à Moulei El Ḥasen, est celle qui est comprise entre l’Ouad Sous au nord, l’Océan à l’ouest, l’Ouad Dra au sud, les Aït ou Mrîbeṭ au sud-est. Cette dernière tribu est restée indépendante : à elle s’arrête le blad el makhzen. Mais il ne faut pas oublier que ce blad el makhzen ne l’est que bel kedeb, « d’une façon mensongère », comme disent les indigènes, et de nom seulement : c’est une domination qui coûte beaucoup plus au sultan, en cadeaux pour entretenir l’alliance, qu’elle ne lui rapporte en impôts. Cette domination, Moulei El Ḥasen voulut, avons nous dit, en donner une preuve en élevant une ville dans la contrée : il choisit l’emplacement de Tiznit, où il avait campé, et convint avec les chikhs des environs, désormais qaïds, qu’ils y construiraient pour lui une ville dont il leur donnerait les plans : il paierait leur travail. En effet, peu de jours après le départ de l’armée, arrivèrent plans et architectes : on commença aussitôt : on se mit à construire une cité avec ses mosquées, sa qaçba, son mellaḥ, ses fondoqs ; on fit une vaste enceinte carrée avec des murs de cinq largeurs de main d’épaisseur et avec 36 tours sur chaque côté. La ville n’est pas éloignée de la mer : le sultan veut en faire une sorte d’entrepôt où viennent commercer les Européens.

Des Chrétiens sont récemment venus par mer sur cette côte, cherchant un lieu favorable à l’établissement d’un port. Ils ont visité Aglou, Ifni et d’autres points. Ifni, dans la tribu des Aït Bou Ạmran, a paru leur plaire. On ne sait pas autre chose de leurs entreprises.

C’est la première fois que les contrées qui viennent de reconnaître le sultan font acte de soumission ; mais ce n’est pas la première fois que Moulei El Ḥasen a affaire à elles. Il y a plusieurs années, du vivant de Sidi Moḥammed, Moulei El Ḥasen, son fils aîné, fit une campagne de ce côté. Il s’avança jusqu’à l’Ouad Oulṛass ; mais là il se trouva face à face avec Sidi El Ḥoseïn ould Ḥachem qui lui barrait le passage à la tête d’une armée : le marabout lui envoya un message, lui donnant trois jours pour battre en retraite : au delà de ce délai, il l’y forcerait les armes à la main. Moulei El Ḥasen, ne se trouvant pas en force, se retira ; en partant, il répondit à la lettre de Sidi El Ḥoseïn : « Vous m’avez donné trois jours pour me retirer ; je vous donne trois ans pour vous soumettre. » Peu après, Sidi Moḥammed mourut et Moulei El Ḥasen monta sur le trône : depuis ce temps, on se disait chaque année dans le Tazeroualt et dans l’Ouad Noun : « C’est cette année qu’il va venir. » Enfin il est venu en 1882. Dès que Sidi El Ḥoseïn eut connaissance de son approche, il fit transporter tout ce qu’il avait de plus précieux dans son agadir, y accumula des provisions énormes et s’y enferma avec sa famille et son armée d’esclaves. Puis il envoya au-devant du sultan un messager, chargé de présents et d’une lettre fort humble : il priait Moulei El Ḥasen de lui pardonner, de le ménager ; il n’était qu’un simple religieux, uniquement consacré à Dieu, n’ayant ni le pouvoir ni la volonté de s’opposer à ses desseins. Moulei El Ḥasen lui répondit qu’il suffisait qu’il ait eu peur, qu’il ait déménagé à son approche et qu’il se soit humilié ; à présent qu’il était soumis, il ne voyait plus en lui qu’un marabout, descendant d’un saint, et en conséquence il lui envoyait des cadeaux, hommage à son caractère sacré. En même temps il l’engageait à venir auprès de lui. Nous avons vu comment Sidi El Ḥoseïn eut la sagesse de ne pas se rendre à cette invitation, quelques instances que fît dans la suite le sultan. Mais s’il refusa de se présenter lui-même, il envoya à Moulei El Ḥasen un de ses fils qui fut fort bien reçu.

Telle fut, selon les indigènes, cette campagne dans laquelle le sultan reçut la soumission de la partie du Sahel dont nous avons donné les limites plus haut et en même temps de la vallée de l’Ouad Sous, depuis l’embouchure de ce fleuve jusqu’au haut du Ras el Ouad. L’expédition fut de courte durée : le 6 juin 1882, Moulei El Ḥasen passait avec son armée à proximité de Mogador ; le 2 juillet, il arrivait chez les Massa, tribu habitant le bas cours de l’Ouad Oulṛass et comptant environ 1500 maisons (le plus grand village des Massa est Agoubalou, près de l’embouchure de la rivière dans l’Océan) ; le 26 juillet, le sultan écrivait dans les villes de son empire que la campagne était terminée et avait eu plein succès : on célébra à cette occasion des réjouissances publiques.

Voici, pour un certain nombre de tribus du Sahel, comment le sultan a réparti les qaïds :

Ksima 1 qaïd.
Chtouka 1 qaïd (Ould Ben Dleïmi).
Assaka 1 qaïd.
Ouizzân 1 qaïd.
Aït Jerrar 1 qaïd.
Ida ou Semlal 1 qaïd.
Tazeroualt

réunis sous le qaïdat de Ḥadj Ṭahar ben Sidi El Ḥoseïn.
Ifran
Tiznit (ville nouvelle).
Assa 1 qaïd.
Aït Bou Ạmran 1 qaïd.
Aglou 1 qaïd.
Aït Imejjat 1 qaïd.
El Akhsas 1 qaïd.
Aït Brahim 1 qaïd.
Aït Ạbd Allah 1 qaïd.
Isbouïa 1 qaïd.
Tamanaṛt 1 qaïd.
Id Brahim







Ida ou Leggan







réunis sous le qaïdat de Ḥadj Ḥamed el Manaṛi.
Aït Ḥerbil
Aït Ouadaï
Aït Illoul
Aït Mousa ou Daoud.
Aït Bou Ạchra
Aït Zkri
Aït Bouhou
Aït Bella



Aït Ḥamed



1 qaïd.
Aït Mesạoud
Aït Azouafid
Aït Iasin
Aït Bou Hioualat
Aït Djemel.









Aït Mousa ou Ạli









1 qaïd.
Aït Cheggout
Aït El Ḥasen
Aït El Ḥaseïn
Aït Chergouout
Aït Mejjat
Aït Tedrarin
Oulad Bou Ạïṭa
Oulad Izenqad
Oulad Taoubbalt
Ouad Noun 1 qaïd.

Ainsi qu’on le voit, l’expédition de Moulei El Ḥasen dans le Sous et le Sahel avait sans doute un double objet : l’un d’affirmer aux yeux des Chrétiens sa suprématie sur ces contrées ; l’autre de s’emparer de la personne de Sidi El Ḥoseïn, contre qui il nourrissait une vieille rancune et de qui les trésors lui offraient une riche proie. Les instances sans nombre qu’il fit auprès du marabout pour l’attirer dans son camp prouvent le prix qu’il attachait à sa capture. De ces deux buts, c’était, je crois, le second que le sultan avait le plus à cœur. Il ne put l’atteindre. Le premier au contraire fut rempli sans difficulté. Si l’on s’étonne qu’un si grand nombre de tribus aient aisément consenti à se soumettre, que ni elles ni Sidi El Ḥoseïn n’aient tenté aucune résistance, on trouvera la principale cause de cette conduite dans la famine épouvantable qui régnait alors en ces régions. Le pays était affaibli ; chacun était obligé d’aller chercher des vivres au loin ; on n’avait plus de bestiaux, plus de provisions, on avait dû vendre les chevaux, enfin on était dans de très mauvaises conditions pour faire la guerre. Il parut sage de se soumettre, quitte à se révolter quand, l’abondance revenue, on serait en état de lutter. On m’a assuré que c’était déjà fait. Lors de mon voyage (hiver et printemps 1884), le pays était encore en l’état où l’avait laissé le sultan. Mais il paraît que, 5 ou 6 mois après, la récolte ayant été excellente et la richesse régnant partout, on s’est soulevé de tous les côtés à la fois et que la plus grande partie des tribus du Sahel, du Ras el Ouad et même du bas Sous, les Chtouka entre autres, ont secoué le joug.

Notes diverses sur le Sahel.

1o DAR BEN DLEIMI est un grand village situé au bord de la mer, à un jour de marche au sud d’Agadir Iṛir. Il se trouve sur le territoire des Chtouka et est la résidence du qaïd de cette tribu, Ould Ben Dleïmi.

2o OUAD NOUN n’est ni le nom d’une rivière ni celui d’une ville, mais celui d’un petit district formé de la réunion de plusieurs qçars ; ceux-ci s’élèvent au milieu d’une plaine nue et stérile ; autour d’eux, ni palmiers, ni jardins, ni labourages : ils se dressent isolés dans l’areg. L’Ouad Noun a un chikh héréditaire, El Ḥabib ould Beïrouk ; c’est un personnage peu aimé, mais puissant et craint aux environs. Le sultan a nommé son frère, Daḥman, qaïd du district.

3o REGIBAT, OULAD DELEIM. — Ce sont deux tribus nomades ayant leurs campements dans le Sahel, au sud du Maroc, entre l’Ouad Noun et l’Adrar. Leurs ṛezous écument le Sahara entre Timbouktou et Tindouf et apparaissent parfois sur le cours inférieur du Dra.

4o CHQARNA. — Tribu nomade errant dans le Sahel, au sud du Maroc. Elle comptait, il y a 20 ans, 500 ou 600 combattants montés à chameau ; c’est à peine si elle en possède 200 aujourd’hui. Les Chqarna n’ont point de chevaux, le chameau est leur seule monture.

[118]On n’a pu me dire le nom de la douzième fraction.

[119]Une légende qui a cours dans le pays veut que les Haha soient Arabes d’origine et que ce soit par leur long séjour au milieu d’Imaziren qu’ils aient pris les mœurs et la langue de ces derniers.


V

BASSIN DE L’OUAD ZIZ.

1o. — OUAD ZIZ.

L’Ouad Ziz prend sa source aux crêtes supérieures du Grand Atlas, dans la grande fraction des Aït Ḥediddou. Il coule pendant quelque temps sur leur territoire ; cette partie de son cours prend le nom de district des Aït Ḥediddou ; des qçars nombreux sont sur ses bords ; sa vallée est dominée par de hautes montagnes. En sortant des Aït Ḥediddou, il reste désert un certain temps ; puis il entre dans le district du Ziz. Le Ziz se compose de 25 à 30 qçars, tous sur les rives du fleuve ; il appartient aux Aït Izdeg. Après avoir arrosé le Ziz, l’ouad traverse un court passage désert et entre dans le Gers. C’est un nouveau district ; il le traverse, en baigne tous les qçars, et de là passe immédiatement dans le Tiallalin. En sortant du Tiallalin, le fleuve se trouve de nouveau, mais pour la dernière fois, dans le désert ; après y avoir coulé pendant quelque temps, il s’engage dans le district d’El Kheneg, où commencent les palmiers : à partir de là, il ne cesse d’en avoir son cours ombragé, et il se déroule jusqu’au Tafilelt entre deux rubans continus de dattiers et de qçars ; ses rives, devenues un des endroits les plus riches du Maroc, s’appellent alors successivement districts de Qçar es Souq, du Metṛara, de Reṭeb, de Tizimi et du Tafilelt.

Nous allons examiner une partie de ces districts.

Nous nous occuperons ensuite des affluents de l’Ouad Ziz.

I. — District des Aït Hediddou.

C’est le premier qu’on rencontre sur le haut cours de l’Ouad Ziz. Il se compose d’un certain nombre de qçars appartenant aux Aït Ḥediddou et échelonnés sur les deux rives du fleuve : ces qçars, avec quelques autres situés sur l’Ouad Sidi Ḥamza, sont les seuls que possèdent les Aït Ḥediddou, fraction très nombreuse des Aït Iafelman, mais composée surtout de nomades. En voici l’énumération, dans l’ordre où on les trouve en descendant l’ouad :

RIVE DROITE :
Aït Bou Ouzellif (2 qçars). 50 fusils.
Sountat. 100
Toulgdit. 20
Aït Ouazerf. 100
Aqdim. 100
Imtras. 300
Aït Ạmer. 30
Taberracht. 60
Aït Ạli ou Iqqo. 50
Tarribant. 20
Aït Ạmer. 50
Igli. 200
RIVE GAUCHE :
Imelouan 50 fusils.
Aït Ạmer 150
Aït Ạli ou Iqqo 30

Igli, Aït Ạmer, Tarribant forment un groupe distinct, séparé du reste du district par un long kheneg. La réunion de ces trois qçars se nomme Aït Sạïd ou Ḥeddou. Les autres portent le nom collectif de Qçour Asif Melloul : l’Ouad Ziz, au nord du kheneg, s’appelle Asif Melloul.

Plus de qçar sur l’Asif Melloul au-dessus de ceux que nous venons de nommer. Ce sont les plus hauts de l’Ouad Ziz.

Les Aït Ḥediddou, maîtres de ce pays, en sont les seuls habitants. Ils sont indépendants. Point de relations avec le makhzen.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés : tenîn et khemîs à Aqdim.

Pas de Juifs.

Distances : de Mezizelt à Igli comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.
d’Aït Bou Ouzellif à Igli comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar es Souq.
de Tarribant à Aït Ạli ou Iqqo comme de Mellaḥ Tiallalin à Tamerrakecht.
Aït Ạli ou Iqqo (de la rive gauche) est en face de Taberracht.
Imelouan est en face de Toulgdit.
Il y a un espace désert entre Tarribant et Aït Ạli ou Iqqo ; les autres qçars sont les uns près des autres, unis par leurs cultures.
II. — Ziz.

Le district du Ziz se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Ziz ; en voici l’énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

RIVE DROITE :
Mezizelt. 20 fusils.
Zaouïa Sidi Bou Qil (2 qçars) 500
Tabia
Tabia 300
El Ḥara
Aït Sạïd.
Aït Zebbour. 20
Aït Ḥammou el Ḥadj. 15
Tirezdet. 80
Aït Mousa ou Ạli. 70
Irezd (cherifs ; 3 qçars). 150
Aït el Ḥadj Sạïd. 10
Aït Kharroub. 4
Ibzazen

Aït Iaḥia ou Khalifa. 150
Aït Bou el Khial
Izouṛar
Rich. 20
RIVE GAUCHE :
Tamagourt. 100 fusils.
Gafaï. 100
Tasiset. 18
Tabarkaït. 25
Ou Allal. 60
Izebban. 15
Izebban. 80
Tagersift. 100

Le pays de Ziz appartient aux Aït Izdeg et n’est habité que par eux. Les Aït Izdeg sont une fraction des Aït Iafelman. Ils sont indépendants.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés : tenîn et khemîs à Zaouïa Sidi Bou Qil.

Pas de Juifs.

Distances : de Tiṛilasin à Rich comme de Souq Tiallalin à Mellaḥ Tiallalin.
de Rich à Mezizelt comme de Tamerrakecht à Mellaḥ Tiallalin.
de Tamagourt à Igli (Aït Ḥediddou) comme d’Aït Ọtman à Mellaḥ Tiallalin.
Désert entre Tamagourt et Igli.
Pas de désert entre Rich et Mezizelt, sur les rives de l’ouad.
Tamagourt est en face de Mezizelt.
Tagersift est en face d’Aït Iaḥia ou Khalifa.
III. — Gers.

Le district du Gers se compose d’un certain nombre de qçars situés sur les bords de l’Ouad Ziz et tous sur sa rive droite : en face d’eux, la rive gauche est déserte. Voici les noms des qçars du Gers, dans l’ordre où on les trouve en descendant l’Ouad Ziz :

RIVE DROITE :
Tiṛilasin Qedîm
Tiṛilasin 15 fusils.
Aït Tikkert 40
Kherzouza. 40
Qcîra Aït Ạouda. 25
Amalou. 60
El Ḥaïn. 150
Aït El Feqih. 50
Qcîra Alibou (Alibou est le chikh el ạam de toute la fraction des Aït Izdeg, cette année). 20
Cedouqa. 30

De plus, entre Amalou et El Ḥaïn, on voit les ruines de Douar, grand qçar détruit.

Le district du Gers appartient aux Aït Izdeg. La population y est un mélange d’Aït Izdeg et de Qebala[120].

Langue tamaziṛt.

Point de marché.

Pas de Juifs. Mellaḥ ruiné à Douar.

Distances : Cedouqa est en face d’Aït Khozman, sur la rive opposée de l’ouad.
de Cedouqa à Aït Tikkert comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
IV. — Tiallalin.

Le Tiallalin se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Ziz. En voici l’énumération, dans l’ordre où on les trouve en descendant le fleuve :

RIVE DROITE :
Kerrando. 50 fusils.
Qcîra el Ihoud (appelée aussi Mellaḥ Tiallalin).
Iserdan. 30
Bousam. 20
Tadaout. 20
Qcîra Aït Aḥa. 10
Aït ou Alil. 50
Aït Ḥaḥou. 15
Aït Ạmer. 4
Aït Çaleḥ. 30
RIVE GAUCHE :
Aït Khozman. 40 fusils.
Aït Ḥeqqou. 20
Aït ou Isaden. 20
Aït ou Innou. 20
Aït Zaïa. 15
Bou Idiren. 60
Qcîr Cherif. 15
Qcîr Sidi Ọmar. 50
Izabouben. 10
Aït Iaḥia ou Khalifa. 10
Aït Brahim. 10
Aït Attou. 30
El Qçar el Kebir. 20
Tamdafelt. 12
Taouaḥit. 80
Imazan. 60
Tamazount. 15
Izerraḥen. 15
Isaffen. 6
Aït Iaḥia. 50
Timṛirt. 12
Imri. 30

Le Tiallalin appartient aux Aït Izdeg et n’est peuplé que d’eux. Chez les Aït Izdeg, chaque district, pour les sédentaires, chaque campement, pour les nomades, se gouverne à sa fantaisie, sans chikh, ni à l’année, ni autre : quelquefois on en nomme, mais pour quelques mois, pour la durée d’une guerre par exemple. Ces jours-ci, on en a élu ; voici pourquoi : le sultan a prié les Aït Izdeg de lui envoyer leurs chikhs : après délibération, ils y ont consenti, en ont nommé et les lui ont envoyés. Mais ils ne dépendent point de Moulei El Ḥasen ; ils ne lui paient rien et n’ont, disent-ils, que de la poudre à lui donner. S’ils n’ont pas de chikhs permanents dans leurs diverses subdivisions, ils en ont toujours un pour l’ensemble des Aït Izdeg : c’est un chikh el ạam, qui est nommé chaque année par l’assemblée des diverses djemaạas.

Langue tamaziṛt.

Trois marchés à Aït ou Alil, le ḥad, le tlâta, le khemîs.

Un mellaḥ.

Distances : Qcîr Sidi Ọmar est juste en face de Qcîra el Ihoud.

V. — El Kheneg.

On appelle de ce nom le district formé par les qçars échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Ziz dans le long défilé qu’il traverse entre Foum Jabel et Foum Ṛiour. Voici les noms de ces qçars, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

RIVE DROITE :
Asbarou. 20 fusils.
Aït Ọtman. 200
Qcîra el Mehenni. 30
Oul Itgir. 60
Serṛin. 40
Cheba. 20
RIVE GAUCHE :
Tamerrakecht (3 petits qçars). 40 fusils
Ifri (3 petits qçars). 40
Aït Isfa ou Daoud. 30
Amzou. 300
Ingbi. 30
Tingbit. 40
Beni Iffous. 50
Aït Moulei Moḥammed. 100
Timzourin (2 qçars). 40

El Kheneg appartient aux Aït Izdeg et n’est peuplé que d’eux.

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Pas de Juifs.

VI. — Qçar es Souq.

Le district du Qçar es Souq se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les rives de l’Ouad Ziz ; en voici l’énumération, dans l’ordre où on les trouve en descendant le fleuve.

RIVE DROITE :
Tazouqa. 200 fusils.
Tagnit. 40
Qçar es Souq (composée de 5 qçars : Mouskellal, Qcîba Aït Moḥa ou Ạli, El Ḥaraṭîn, Agaouz, Azrou ; ils forment un cercle au milieu duquel sont le marché et le mellaḥ). 300
Tisgedlt. 100
Taṛzout (2 qçars). 100
Azemmour. 150
Targa (2 qçars). 150
RIVE GAUCHE :
Tiṛiourin. 150 fusils.
Beni Ouaṛaïn (3 qçars). 100
Er Raḥba. 60
Qçar Djedid Aït Ḥammou (3 qçars). 60

Le Qçar es Souq est peuplé d’Aït Izdeg et de cherifs. Ceux-ci sont indépendants des premiers. Point de djemaạa ni de chikh pour l’ensemble du district. Chaque qçar a sa djemaạa et son gouvernement à part ; ils ne s’unissent entre eux qu’en cas de guerre.

Langue tamaziṛt.

Un marché, à Qçar es Souq.

Un mellaḥ.

Distances : de Mellaḥ Qçar es Souq à Targa comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
Qçar Djedid Aït Ḥammou est en face de Taṛzout.
Tiṛiourin est en face de Tazouqa.
VII. — Metrara.

Le district se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les bords de l’Ouad Ziz. En voici l’énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le cours du fleuve :

RIVE DROITE :
Tisgedlt. 40 fusils.
Beni Meḥelli. 100
Asrir. 200
Mediouna. 20
El Ḥibous. 400
Qaçba Qedîma. 400
RIVE GAUCHE :
Oulad el Ḥadj. 300 fusils.
Qçar Dekhlani. 150
El Ṛrouch. 40
Qçar Djedid. 100
Zaouïa Moulei Ạbd Allah. 20
Qçar Berrani. 100
Taourirt. 100
Sidi Bou Ạbd Allah. 300
Ṭitaf. 200
Qaçba Djedida. 200
Beni Mousi. 300
Geri Ourgaz. 4
Gaouz. 100
Tazenagt. 400

Le Metṛara n’est habité que par des cherifs et des Qebala : les premiers sont les plus nombreux et ont la prépondérance. Ils sont seuls maîtres du pays. Ils sont libres, n’obéissent pas au sultan et ne sont sous la dépendance d’aucune tribu : ni Berâber ni autres n’ont droit de parler dans le Metṛara. Cherifs et Qebala sont mélangés dans les divers qçars. Point de chikh ni de djemaạa administrant l’ensemble du district. Chaque qçar a son existence isolée, se gouverne au moyen de sa djemaạa et ne s’unit à d’autres qu’en cas de guerre.

On ne parle que l’arabe.

Quatre marchés : tenîn et khemîs à Qaçba Qedîma ; tenîn et khemîs à Sidi Bou Ạbd Allah.

Pas de Juifs.

Un homme est tout-puissant dans le Metṛara et a en sa main tout le district, c’est Chikh Moḥammed El Ạrabi el Derkaoui. Ce chef religieux, qui réside à Gaouz, est extrêmement influent : chaque année, le sultan lui envoie sa part de dîme ; il y a deux ans, il lui a expédié 40 qanṭars (le qanṭar vaut ici 1250 francs). Sidi Moḥammed El Ạrabi avait, à la fin de 1881, appelé les Berâber à la guerre sainte contre les Français ; mais peu après il les contremanda. Son pouvoir est énorme sur tous les Berâber, Aït Atta comme Aït Iafelman. D’un mot, il peut les armer. Par le nombre et la valeur guerrière de ces tribus, tout à sa dévotion, il est un des cinq chefs religieux les plus puissants du Maroc. Il compte au même rang que Moulei Ạbd es Selam el Ouazzâni, Sidi Ben Daoud, Sidi Moḥammed ou Bou Bekr et Sidi El Ḥoseïn.

Distances : point de désert entre le Qçar es Souq et le Metṛara.
d’Oulad el Ḥadj à Tazenagt comme de Mellaḥ Tiallalin à Tamerrakecht.
de Qçar Djedid Aït Ḥammou à Oulad el Ḥadj comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
de Tisgedlt à Targa comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
Beni Mousi est en face de Qaçba Qedîma.
VIII. — Districts inférieurs.

Les trois districts les plus bas de l’Ouad Ziz se composent chacun, comme les précédents, d’une double ligne de qçars échelonnés sur les deux rives du fleuve.

Le Reṭeb comprend 30 ou 40 qçars : population mélangée, cherifs, marabouts, Qebala. Langue arabe. Un mellaḥ.

Le Tizimi se compose de 30 à 40 qçars. Deux mellaḥs.

Le Tafilelt, d’environ 360 qçars. Cinq mellaḥs.

IX. — Affluents de l’Ouad Ziz.

L’Ouad Ziz reçoit divers affluents ; voici quelques-uns d’entre eux :

1o L’Ouad Aït Iaḥia, se jetant sur sa rive gauche à Igli (Aït Ḥediddou).

2o L’Ouad Zaouïa Sidi Ḥamza, se jetant sur sa rive gauche à Tagersift (district du Ziz).

3o L’Ouad Todṛa, se jetant sur sa rive droite au-dessous du Reṭeb, dans un des districts de son cours inférieur.

1o Ouad Ait Iahia. — Il prend sa source dans le Grand Atlas et se jette sur la rive gauche de l’Ouad Ziz à Igli (Aït Ḥediddou). Voici les qçars que l’on rencontre sur son cours, en le descendant :

RIVE GAUCHE :
Tazarin. 90 fusils.
Izloufa. 20
Tabouạrbit. 50
Anfergal. 150
El Bordj. 10

Ces qçars appartiennent aux Aït Iaḥia, fraction des Aït Iafelman. Les Aït Iahia sont très nombreux, mais presque tous nomades ; ils ne possèdent pas d’autres qçars que les 5 précédents. Ils sont indépendants et passent pour grands pillards. Leurs quelques qçars n’ont point de chikh spécial.

Langue tamaziṛt.

Ni marché, ni Juifs.

Distances : d’El Bordj à Igli comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.
d’El Bordj à Tazarin comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
Point de désert entre ces deux derniers points.

2o Ouad Sidi Hamza. — Il prend sa source au Djebel El Ạïachi et se jette sur la rive gauche de l’Ouad Ziz à Tagersift (Ziz). Voici les qçars qu’il arrose, dans l’ordre où on les trouve en le descendant :

RIVE DROITE :
Tazrouft (marabouts). 200 fusils
Zaouïa Sidi Ḥamza (marabouts). 300
Aït ou Allou (2 qçars) (Aït Izdeg). 100
Aït Iạqob (Aït Ḥediddou). 600
Tanṛerift (Ait Ḥediddou). 50
Toullist (4 qçars) (Aït Izdeg). 200

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Deux Juifs à Zaouïa Sidi Ḥamza.

Distances : de Tagersift à Tanṛerift comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar es Souq.
Défilé désert assez long entre ces deux points, appelé Kheneg Tarq.
de Tanṛerift à Aït Iạqob comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.
Désert entre ces deux points.
d’Aït Iạqob à Aït ou Allou comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar es Souq.
Désert entre ces deux points.
d’Aït ou Allou à Zaouïa Sidi Ḥamza comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.
Désert entre ces deux points.
de Zaouïa Sidi Ḥamza à Tazrouft comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.
Désert entre ces deux points.
de Toullist à Tagersift comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.

L’Ouad Zaouïa Sidi Ḥamza reçoit un affluent, l’Ouad Nezala, se jetant sur sa rive gauche à Toullist.

Ouad Nezala. — Il prend sa source au Djebel El Ạbbari ; voici les qçars qui se trouvent sur son cours, dans l’ordre où on les trouve en le descendant :

Ibabaḥen rive droite, 6 fusils.
Ạbbari rive gauche, 40
Qcîra ou Ba El Ḥasen rive gauche, 20
Bou Seroual rive droite, 20
Nezala rive droite, 20
Tiffitra rive droite, 8
Semlal rive gauche, 10
Tazalaṛt rive gauche, 30

Tous ces qçars appartiennent aux Aït Izdeg.

Langue tamaziṛt.

Ni marché, ni Juifs.

Distances : de Toullist à Tazalaṛt comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
Désert entre ces deux points.
de Tazalaṛt à Semlal comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.
Désert entre ces deux points.
de Semlal à Tiffitra comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.
Désert entre ces deux points.
de Tiffitra à Nezala comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.
Désert Taqqat Nezala entre ces deux points.
de Nezala à Ibabaḥen comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.

3o Ouad Todra. — L’Ouad Todṛa, d’une grande importance, et par lui-même, et par son affluent l’Ouad Ṛeris, fera l’objet d’un article spécial.

2o. — OUAD TODRA.

I. Ouad Todra.

L’Ouad Todṛa prend sa source à peu de distance de l’oasis du Todṛa, dans les hauts massifs qu’on en aperçoit vers le nord-ouest. Le mont d’où il sort s’appelle Aqqa Tizgi ; c’est une muraille rocheuse du pied de laquelle jaillissent des sources abondantes qui forment l’Ouad Todṛa. De là il va arroser la longue bande du Todṛa, où il a toujours de l’eau, été et hiver. Au sortir de cette oasis, le lit s’en dessèche et les bords en deviennent déserts jusqu’au Ferkla. Il arrose le Ferkla, puis rentre dans le désert : du point où il sort du Ferkla à celui où il se jette dans le Ziz, on ne trouve plus sur ses rives aucune grande oasis, mais seulement de loin en loin quelque qçar isolé entouré de dattiers, simple tache dans la plaine. Dans la portion inférieure de son cours, il porte souvent le nom d’Ouad Ferkla.

Nous allons étudier successivement le Todṛa, le Ferkla et les qçars au-dessous de Ferkla.

1o TODRA. — L’oasis du Todra se compose de deux parties : d’abord le Todṛa proprement dit, formé des qçars appartenant à la tribu chleuḥa des Todṛa, en second lieu une série de qçars appartenant aux Berâber. Tous sont sur le cours même de l’Ouad Todṛa, ceux-ci au-dessous des premiers. Une longue bande de palmiers, courant sans interruption sur les bords de la rivière, enveloppe les uns et les autres ; aucune frontière apparente n’existe entre ceux des Todṛa et ceux des Berâber.

Todra proprement dit. — Voici les noms des qçars qui le composent, dans l’ordre où on les rencontre en descendant l’Ouad Todṛa :

Aït Baḥa

Tizgi rive gauche, 20 fusils.
Aït Ousal (Zaouïa Sidi Ạbd el Ạli) rive droite, 120
Tabia rive gauche, 30
Aït Ạchcha rive droite, 25
Aït Sidi ou Brahim rive gauche, 100
Aït Zakri





Aït Senan rive gauche,





300
Aït Segmounni rive gauche,
Aït Ismen rive gauche,
Aït Çaïb ou Ọtman rive gauche,
Iḥedzamen rive gauche,
Zaouïa Iḥedzamen rive gauche,
Aït Ạriṭan rive droite, 100
Aït Ijjou rive droite, 15
Aït Barra rive droite, 40
Aït Ouzana rive droite, 100
Asfalou rive gauche, 50
Aït Zilal rive gauche, 30
Tagounsa rive gauche, 35
Aït Bou Oujjan rive gauche, 120
Ismarin rive droite, 40
Tikoutar rive gauche, 100
Tiidrin rive gauche, 80
Taourirt rive droite, 150
Aït Ourjedal rive droite, 40
Afanour rive gauche, 200
Tiṛremt rive droite, 50
Tinṛir rive droite, 200
Imousas rive gauche, 30
Ilougan (Zaouïa Oulad Sidi Ḥamed Ben Ạbd eç Çadoq) rive gauche, 30
Ḥelloul rive gauche, 70
Tamasint rive gauche, 50
Aït b Oulman rive droite, 25
Azrou rive droite, 25
Tagoummast sur les deux rives, 200
Ifri rive gauche, 20
Aït El Ḥasen ou Ạli rive droite, 30
Aït El Qaṭi rive droite, 20
Iạdouan rive droite, 60
Aït Iaḥia rive droite, 10
Aït Moḥammed rive gauche, 150
Aït Iạla rive droite, 50
Ikhba

Amzaourou rive gauche, 200
Aït Bou Iaḥia
Aït Ḥammi
Ḥara Imziouan
El Ḥara rive droite, 600
Ḥara Mrabṭin (Zaouïa Sidi el Ḥadj Ạmer)

Les qçars que nous venons d’énumérer composent toute la tribu des Todṛa. Les Todṛa sont Chellaḥa ; ils se subdivisent en deux fractions, Aït Çaleḥ et Aït Genad : tel qçar appartient à telle fraction ; dans certains, les deux fractions sont mélangées. Chaque qçar a son gouvernement à part et vit isolé des autres, ne s’en rapprochant qu’en cas de guerre ; leur organisation à tous est identique : ils se nomment chacun un chikh el ạam tous les premiers de l’an. En temps ordinaire, aucun lien entre les différents qçars : on ne se concerte, on ne se réunit que s’il y a guerre. Les Todṛa sont indépendants. Ils n’ont de debiḥa sur personne, pas même sur leurs puissants voisins les Berâber. Leur nombre et surtout leur caractère belliqueux ont sauvé leur indépendance.

Les Todṛa ont un qaḍi, Sidi Ḥamed d Aït Sidi Ạïssa, habitant Tinṛir.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés, tenîn et khemîs de Tinṛir.

Quatre mellaḥs.

Distances : de Tinṛir à El Ḥara comme de Tinṛir à Tizgi, ou quelques centaines de mètres de plus.
de Taourirt à Asfalou 2 fois 1/2 comme de Taourirt à Tinṛir.
d’Asfalou à Tizgi 4 fois comme de Taourirt à Tinṛir.

De Tizgi à El Ḥara, tout l’ouad n’est que cultures et dattiers (bou feggouç et bou souaïr) ; pas de désert.

Qçars des Beraber faisant partie de l’oasis. — Voici leur énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant l’ouad ; ils font suite immédiatement aux précédents :

Taria Ilemsan rive droite, 40 fusils
Tiṛremt Aït b ou Iknifen rive droite, 20
Ignaouen rive droite, 50
Tiṛremt Aït Iạzza rive gauche, 50
Aït el Miskin (zaouïa) rive gauche, 30
Tiṛrematin Aït Aïssa ou Brahim (2 qçars : Tiṛremt Fouqania, Tiṛremt Taḥtania) rive gauche, 100
Tachbacht Aït Isfoul rive gauche, 50

Ces qçars, bien que se touchant, sont indépendants les uns des autres ; ils appartiennent, l’un à telle fraction des Berâber, l’autre à telle autre, et suivent le sort de leurs propriétaires.

Distances : de El Ḥara à Taria Ilemsan comme de Taourirt à Asfalou.
de Taria à Tiṛremt Aït b ou Iknifen comme de Taourirt à Asfalou.
de Tiṛremt Aït b ou Iknifen à Ignaouen comme de Taourirt à Asfalou.
de Tiṛremt Aït Iạzza à T. Aït Aïssa ou Brahim comme de Taourirt à Tinṛir.
de T. Aït Aïssa ou Brahim à Tachbacht Aït Isfoul comme de Taourirt à Asfalou.
Ignaouen et Tiṛremt Aït Iạzza se font face.

2o FERKLA. — L’oasis du Ferkla se compose d’un certain nombre de qçars, échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Todṛa, au milieu d’une bande de palmiers qui les enveloppe tous. Voici l’énumération de ces qçars, dans l’ordre où on les rencontre en descendant l’ouad :

RIVE DROITE :
El Khorbat (Aït Melṛad). 400 fusils.
Chạt (2 qçars) (Aït Melṛad). 200
Aït Ben Nacer (marabouts). 30
Aït Ạsem (Aït Melṛad). 200
Tirdouin (Ahel Ferkla). 120
Gardmit (Aït Melṛad). 200
RIVE GAUCHE :
Asrir (Ahel Ferkla). 600 fusils.
Cheurfa Taïrza (cherifs). 50
Talalt (Ahel Ferkla). 50
Tiṛfert (Ḥaraṭîn). 200
Aït Sidi El Houari (marabouts). 400
Oulad Mạmmer (Ahel Ferkla). 150

La population du Ferkla est composée partie d’Aït Melṛad, partie d’Ahel Ferkla, partie de Ḥaraṭîn, partie de marabouts. Les uns et les autres sont indépendants. Les Ahel Ferkla sont des Chellaḥa ; les qçars que nous venons de mentionner comme leur appartenant, forment toute leur tribu ; ils sont libres et n’ont de debiḥa sur personne : les Aït Melṛad mêmes, leurs puissants voisins, ne sont pas plus indépendants qu’eux. Les Ḥaraṭîn et les marabouts ont su également conserver leur liberté.

Les divers qçars du Ferkla vivent isolés les uns des autres, chacun avec son gouvernement particulier ; ce gouvernement est le même dans tous : celui d’un chikh el ạam. Aucun lien commun n’unit les qçars entre eux.

Les dattes du Ferkla sont des bou feggouç et des bou souaïr.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés, ḥad et khemîs d’Asrir.

Un mellaḥ.

Distances : d’El Khorbat à Oulad Mạmmer comme de Tinṛir (Todṛa) à Aït Moḥammed.
Gardmit est en face d’Oulad Mạmmer.

3o QÇARS AU-DESSOUS DU FERKLA. — Il existe un chemin direct du Todṛa au Tafilelt, par le cours de l’Ouad Todṛa. Le voici :

On quitte le Ferkla et l’on s’engage dans le désert en descendant la rive droite de l’Ouad Todṛa. On arrive d’abord à :

Izelf Aït Melrad, qçar de 50 fusils, entouré de dattiers ; il est à quelque distance de l’Ouad Todṛa et n’est alimenté que par des sources.

Distance : du Ferkla à Izelf comme d’Imiṭeṛ à Timaṭṛeouin.

De là on gagne :

Igli Aït Khelifa, grand qçar de 300 fusils, entouré de dattiers, habité par une population de marabouts (Oulad Sidi El Houari), de Ḥaraṭîn et d’Aït Khelifa (Aït Atta). Il est aussi à quelque distance de la rivière, sur sa rive droite ; il est arrosé par des sources.

Distance : d’Izelf à Igli comme 2 fois de Taourirt (Todṛa) à Asfalou.

Puis on passe à :

Mellạb Aït Iạzza, qçar de 100 fusils, entouré de dattiers. Mellạb se trouve sur la rive gauche de l’Ouad Todṛa. Chemin faisant, on a traversé la rivière à mi-route entre Igli et Mellạb.

Distance : d’Igli à Mellạb comme deux fois de Taourirt à Asfalou.

On continue à descendre la rive gauche du cours d’eau et on arrive à :

Oul Touroug, qçar de 150 fusils, entouré de dattiers, appartenant aux Aït Iạzza et aux Aït Khelifa. Il est situé sur le bord même de l’ouad (rive gauche).

Distance : de Mellạb à Oul Touroug comme de Taourirt (Todṛa) à Foum el Qous n Tazoult.

De là on continue à descendre l’Ouad Todṛa, qui, peu au-dessous d’Oul Touroug, reçoit sur sa rive gauche l’Ouad Ṛeris. Puis on parvient à :

Tilouin, grand qçar, entouré de dattiers, situé sur le bord de la rivière (rive gauche). C’est auprès de Tilouin qu’eut lieu, en 1883, une grande bataille entre les Aït Atta et les Aït Melṛad. Le qçar appartient actuellement aux Aït Melṛad.

Distance : d’Oul Touroug à Tilouin comme de Mellạb à Oul Touroug.

De Tilouin, en descendant toujours l’Ouad Todṛa, on arrive à :

Fezna, qçar de 300 fusils, entouré de dattiers, s’élevant au bord du cours d’eau (rive gauche). Il appartient aux Aït Iafelman.

Distance : de Tilouin à Fezna comme de Taourirt (Todṛa) à Imiṭeṛ.

Peu au-dessous de Fezna, l’Ouad Todṛa se jette, dit-on, dans l’Ouad Ziz : ce confluent se trouverait non loin d’El Djerf sur le Ziz.

II. — Ouad Imiter.

L’Ouad Todṛa reçoit deux affluents importants : l’Ouad Imiṭeṛ, se jetant sur sa rive droite dans la portion inférieure de l’oasis du Todṛa, au-dessous du qçar d’Aït Iaḥia, en face de celui d’Aït Moḥammed ; l’Ouad Ṛeris, se jetant sur sa rive gauche à quelque distance au-dessous d’Oul Touroug.

Nous allons les étudier l’un après l’autre.

L’Ouad Imiṭeṛ prend sa source dans les massifs qui s’élèvent au nord de la plaine d’Anbed. Il arrose successivement sur son cours :

Imiṭeṛ (groupe de quatre qçars contigus : Aït Brahim, Iṛir, Taouaḥmant, Aït Moḥammed, appartenant tous aux Aït b ou Iknifen). 150 fusils.
Timaṭṛeouin Ignaouen. 50
Qcîba Aït Moulei Ḥamed rive gauche

50
Qcîba Moulei Brahim rive droite
Qcîba Imougar rive gauche

Les jardins de ces trois derniers qçars se touchent ; ceux-ci ne forment qu’un seul groupe ; deux d’entre eux appartiennent à des cherifs, le dernier à des Aït Atta (les Imougar sont une subdivision des Aït Isfoul).

De là, l’Ouad Imiṭeṛ passe à

Tilouin Aït Isfoul rive droite, 20 fusils.

Puis il va se jeter dans l’Ouad Todṛa, en face d’Aït Moḥammed.

Des trois qcîbas à Tilouin, comme de Tilouin à Aït Moḥammed, il n’y a que le désert.

Distances : de Qcîba Imougar à Tilouin comme de Timaṭṛeouin à Foum el Qous.
de Tilouin à Aït Moḥammed comme de Timaṭṛeouin à Foum el Qous.
III. — Ouad Reris.

L’Ouad Ṛeris prend sa source sur le versant méridional du Grand Atlas. Le premier endroit habité qu’il arrose est le district d’Amtrous. Après l’avoir traversé, il rentre dans le désert ; puis on trouve successivement sur son cours, en le descendant : une réunion de 5 qçars appartenant aux Aït Melṛad, un désert, le district de Semgat, un désert, un groupe de 4 qçars des Aït Melṛad, un désert, l’oasis de Taderoucht, un désert, le Ṛeris. Au sortir du Ṛeris, il rentre dans le désert et y demeure jusqu’à son confluent avec l’Ouad Todṛa, à peu de distance d’Oul Touroug.

AMTROUS. — Le district d’Amtrous se compose d’un certain nombre de qçars, situés sur l’Ouad Ṛeris ; en voici les noms, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

Toumlilin rive droite, 30 fusils
Aït Daoud ou Ạzzi rive gauche, 70
Taadadats rive gauche, 50
Timoula rive gauche, 50
Igedman rive droite, 40
Aït Hani rive gauche, 50
Tizeggarin rive gauche, 30
Asing rive gauche, 100
Tiidrin rive gauche, 100

Le district d’Amtrous est habité partie d’Aït Melṛad, partie d’Aït Ḥediddou. Ces deux fractions se partagent les différents qçars.

Ni marché, ni Juifs.

Distance : d’Aroraï à Tiidrin comme de Taourirt à El Ḥara (Todṛa).

AIT MELRAD. — Au-dessous de ce district, se trouvent, séparés de lui par un désert assez court, 5 qçars unis en un seul groupe, appartenant aux Aït Melṛad ; ce sont, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

Aroraï. 100 fusils.
Achoul Sidi Bou Iạqob. 100
Aït Sidi Moḥammed ou Iousef. 20
Aït er Riban. 30
Amougger. 100

Ni marché, ni Juifs.

Distance : d’Imiṭeṛ à Amougger comme de Tinṛir à El Ḥara.
Les cinq qçars se touchent.

SEMGAT. — Au-dessous de ces cinq qçars, sur le cours de l’Ouad Ṛeris, se trouve, séparé d’eux par un court désert, le district de Semgat. Il se compose des qçars suivants, échelonnés sur les bords de la rivière ; les voici, dans l’ordre où on les rencontre en la descendant :

Imiṭeṛ (2 qçars : Aït Brahim, El Qçar el Kebir) rive gauche, 100 fusils.
Aït Ouahi rive gauche, 30
Aït Selîman rive gauche, 50
Aït Ioub rive gauche, 80
Aït Bou Izzem rive droite, 30
Imelouan rive gauche, 50
Amellagou rive gauche, 40

Le district de Semgat appartient aux Aït Melṛad et n’est peuplé que d’eux.

Ni marché, ni Juifs.

Distances : de Taḥamdount au Semgat comme de Tizgi à El Ḥara (Todṛa).
d’Amellagou à Imiṭeṛ comme de Taourirt à Tinṛir.

AIT MELRAD. — Au-dessous du Semgat, séparé de lui par un désert assez court, se trouve, sur l’Ouad Ṛeris, un groupe de 4 qçars appartenant aux Aït Melṛad. Ce sont, dans l’ordre où on les voit en descendant la rivière :

Taḥamdount rive droite, 30 fusils.
Qçar Kebir Aït Brahim rive droite, 30
Qçar Aït Brahim rive gauche, 30
Timzgit (2 qçars) sur les deux rives, 50

Ces localités sont toutes entourées de dattiers ; ce sont les premières de l’Ouad Ṛeris qui en possèdent ; plus haut, cet arbre ne croît pas : au-dessus de Taḥamdount, les oliviers, les grenadiers, les figuiers sont les seules essences qui poussent sur les bords de la rivière : au-dessous de ce qçar, pas un lieu habité où il n’y ait des palmiers.

Ni Juifs, ni marché.

Distances : de Timzgit au Taderoucht comme d’Asfalou à Aït Moḥammed.
de Timzgit à Aït Brahim comme de Taourirt à Tinṛir.
Qçar Kebir Aït Brahim fait face à Qçar Aït Brahim.
De Qçar Kebir Aït Brahim à Taḥamdount, 400 mètres.

TADEROUCHT. — Au-dessous de ces 4 qçars, séparée d’eux par un court désert, se trouve, sur l’Ouad Ṛeris, l’oasis de Taderoucht ; elle se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur les deux rives du cours d’eau, au milieu d’une bande continue de palmiers. Voici les noms de ces localités, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

Moui (Qebala) rive droite, 200 fusils.
Aourir (marabouts) rive gauche, 50
Iṛerm n Cherif (Qebala) rive gauche, 20
El Ḥara (marabouts et Qebala) rive gauche, 60
Qcîrat Sidi Ạbd Allah ou Ạli (marabouts) rive gauche, 10
Taziat (Berâber) rive gauche, 80
Zenba (marabouts) rive gauche, 30
El Bordj (marabouts) rive gauche, 50

Aucun lien n’existe en temps habituel entre les divers qçars du Taderoucht. Chacun vit isolément, administré par son chikh el ạam.

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Un mellaḥ.

Distances : du Ṛeris au Taderoucht comme de Tinṛir à El Ḥara (Todṛa).
d’El Bordj à Moui comme de Taourirt à Tinṛir.

RERIS. — Au-dessous du Taderoucht, séparée de lui par un court désert, se trouve, sur le cours de la même rivière, la grande oasis du Ṛeris. C’est une longue ligne de qçars échelonnés sur les bords de l’Ouad Ṛeris, au milieu d’un ruban d’épaisses plantations de dattiers. Voici l’énumération de ces qçars, dans l’ordre où on les trouve en descendant le cours d’eau ; ils sont tous sur la rive droite :

Maggaman (Berâber). 30 fusils.
Aït Iaḥia ou Ọtman (Berâber). 400
Gelmima (Berâber). 250
Kherraza (Berâber). 50
Aït Mouch (Chellaḥa indépendants). 50
Takatirt (Berâber). 40
Bou Tnefit (Chellaḥa indépendants). 150
Sidi Moḥammed ou El Ḥasen (marabouts). 30
Gaouz Aït Sidi Ạmer (marabouts). 25
Aït Sidi Ạmer (marabouts). 50
Cheurfa Aqqa (cherifs). 50
Ifsaḥen (Chellaḥa indépendants). 100
Aït Iạqob (Chellaḥa indépendants). 40
Aït Sidi Ạli (marabouts). 30
Aït Sidi Ạmer (marabouts). 30
Amtoz (Chellaḥa indépendants). 40
Aït Mouḥ ou Iaḥia (Chellaḥa indépendants). 80
Khelil (Chellaḥa indépendants). 50
Tourza (marabouts).

Tous ces qçars sont au bord même de l’ouad, arrosés par la conduite dite sagia taḥtia, « canal inférieur ». Il y a encore 5 localités, situées à quelques centaines de mètres du cours d’eau, sur la même rive, alimentées par un autre canal, sagia fouqania, « canal supérieur ». Elles sont unies en un seul groupe et fort rapprochées les unes des autres ; elles se trouvent vis-à-vis d’Aït Iaḥia ou Ọtman et de Gelmima. En voici les noms :

Ireṛrer (Chellaḥa indépendants). 50 fusils.
Tiouanin (Chellaḥa indépendants). 40
Zerrara (Chellaḥa indépendants). 40
Aït Ketto (Chellaḥa indépendants). 100
Aït Ḥarṭ (Chellaḥa indépendants).

Les habitants du Ṛeris sont indépendants ; chaque qçar appartient à ceux qui l’habitent. Tous s’administrent isolément, comme dans le Ferkla. L’organisation en est uniforme : ils ont chacun leur chikh el ạam. Aucun lien ne les unit entre eux ; ils ne se joignent qu’en cas de guerre.

Les dattiers du Ṛeris produisent des bou feggouç et des bou souaïr.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés : tenîn et khemîs à Aït Iaḥia ou Ọtman.

Deux mellaḥs.

Distance : de Maggaman à Tourza comme d’Asfalou à Iạdouan (Todṛa).

IV. — Localités entre les ouads Todra et Reris.

Entre les ouads Todṛa et Ṛeris, se trouvent trois petites localités ; ce sont, dans l’ordre où on les trouve en allant du Todṛa à Oul Touroug :

Taddart n Oumira. — Petit qçar situé entre le Todṛa et le Ṛeris, à quelque distance au sud du talus de roche rose qui borde le nord de la plaine entre ces deux oasis. Population mélangée d’Aït Atta et d’Aït Melṛad. 40 fusils. Point de cours d’eau ; les jardins sont arrosés par des sources. On laisse ce qçar à main gauche en allant du Ferkla au Ṛeris et on ne l’aperçoit pas du chemin.

Distances : de Ṭaddart n Oumira au Ferkla comme d’El Khorbat à Oulad Mạmmer.
de Ṭaddart n Oumira au Ferkla comme 2 fois de Taourirt (Todṛa) à Asfalou (Todṛa).
de Ṭaddart n Oumira au Todṛa comme 2 fois de Taourirt (Todṛa) à Aït Iidir (Dâdes).
de Ṭaddart n Oumira au Ṛeris comme 2 fois de Taourirt (Todṛa) à Timaṭṛeouin.

El Mkhater. — Petit qçar entouré de palmiers situé, entre le Ferkla et le Ṛeris, près de Ṭaddart n Oumira.

Zaouïa Sidi El Houari. — Petite zaouïa située au milieu de la plaine, entourée de jardins sans palmiers ; l’eau qui l’alimente provient des sources de Ṭaddart n Oumira et est amenée par des canaux. On passe auprès d’elle en allant du Ferkla au Ṛeris.

V. — Qçars du Sarro.

Toute la région s’étendant au nord du Todṛa, de cette oasis à l’Oussikis, est inhabitée. C’est une contrée montagneuse et déserte.

Au sud du Todṛa, au contraire, dans le Petit Atlas qui porte encore le nom de Saṛro, il existe plusieurs localités.

Le Saṛro, qui s’étend du Mezgîṭa au Dâdes et qui se prolonge jusque auprès du Ferkla, ne va pas plus loin vers l’est. Au delà du Ferkla, ou, comme je le crois, le Petit Atlas expire, ou du moins il cesse de porter le nom de Saṛro. Il existe plusieurs qçars dans les flancs de cette chaîne : on les appelle les qçars du Saṛro ; en voici les noms :

Tagdielt Aït Bou Daoud. — Ce sont trois tiṛremts qui ne sont point habitées d’une manière continue, et où les Aït Bou Daoud emmagasinent leurs biens tandis qu’eux-mêmes vivent sous la tente. Tagdielt est arrosée par des sources ; elle se trouve à la lisière sud de la vaste plaine d’Anbed, dans un repli de la montagne.

Distances : de Tagdielt à Imiṭeṛ comme de Taourirt à Timaṭṛeouin.
de Tagdielt à Tiilit comme de Taourirt à Timaṭṛeouin.

Aït Merset. — Une seule qaçba appartenant aux Aït Merset, fraction des Aït Ouniṛ. Elle est arrosée par des sources. Elle est située dans un fond, sur les premières pentes du Saṛro.

Distances : d’Aït Merset à Tagdielt comme d’Imiṭeṛ à Timaṭṛeouin.
d’Aït Merset à Imiṭeṛ comme d’Imiṭeṛ à Foum el Qous.
d’Aït Merset à Tiilit comme d’Imiṭeṛ à Taourirt.

Qçîbat Ilemsan. — Elles se composent de 4 tiṛremts. Des sources les alimentent ; un cours d’eau se trouve auprès, mais il n’a d’eau que lorsqu’il pleut.

Distances : de Qcîbat Ilemsan à Aït Merset comme de Taourirt à Foum el Qous.
de Qcîbat Ilemsan à Imiṭeṛ comme de Taourirt à Foum el Qous.
de Qcîbat Ilemsan à Taourirt comme 2 fois de Taourirt à Timaṭṛeouin.
de Qcîbat Ilemsan à Tiilit comme 2 fois de Taourirt à Timaṭṛeouin.

Ti n Iourkan. — Elle est formée d’un grand qçar et de 4 tiṛremts. Elle appartient à des Aït Atta de diverses fractions, Ignaouen, Aït b ou Iknifen, Aït Iạzza. Des sources l’alimentent. De là part un chemin qui se rend au Dra, par le Tazarin : deux jours de marche de Ti n Iourkan au Tazarin, deux autres de Tazarin au Qtaoua.

Distances : de Ti n Iourkan à Qcîbat Ilemsan comme de Taourirt à Foum el Qous.
de Ti n Iourkan à Tiilit comme de Taourirt à Aït Iidir (Dâdes).
de Ti n Iourkan à Taourirt comme de Taourirt à Imiṭeṛ.

Irerman Azdar. — Elle est formée de 4 tiṛremts et habitée, comme Ti n Iourkan, par des Aït Atta de diverses fractions. Des sources l’alimentent.

Distances : d’Iṛerman Azdaṛ à Ti n Iourkan comme 2 fois de Taourirt à Asfalou.
d’Iṛerman Azdaṛ à Taourirt comme de Taourirt à Imiṭeṛ.
d’Iṛerman Azdaṛ à Qcîbat Ilemsan comme de Taourirt à Foum el Qous.

Point de dattiers dans le Saṛro ; à tous les qçars que nous venons de citer, il y a pour toute verdure quelques cultures de céréales et de maigres jardins, comme à Imiṭeṛ.

Pas de marché, ni de Juifs.

3o. — BERABER.

Les Berâber, dont le nom est si célèbre, sont une grande tribu, la plus puissante du Maroc. Elle couvre de ses tentes le vaste quadrilatère compris entre l’Ouad Ziz, l’Ouad Dâdes et l’Ouad Dra, possède une foule de qçars sur ces trois cours d’eau et, dépassant ces limites, s’étend au nord sur des portions du versant septentrional du Grand Atlas. Au sud, aucune tribu ne la borne : ses campements s’avancent jusqu’au seuil du Grand Désert, ses ṛezous, terreur du Sahara, le parcourent jusqu’au Soudan. Comme les Ida ou Blal, les Berâber font métier d’escorter et de piller les caravanes sur la route de Timbouktou. A l’est et à l’ouest, ils débordent en quelques points au delà des fleuves qui leur servent de frontières naturelles, et s’étendent au nord-est sur le haut cours du Gir, au sud-ouest jusqu’aux Ida ou Blal.

Les Berâber sont Imaziṛen et ne parlent que le tamaziṛt. Un certain nombre sont sédentaires ; la plupart, de beaucoup, sont nomades. Ils se divisent en deux grandes branches, les Aït Atta et les Aït Iafelman ; chacune d’elles se subdivise elle-même en de nombreuses fractions. En temps ordinaire, ces fractions se gouvernent isolément, tout petit groupe, tout qçar ayant son chikh el ạam, magistrat élu, se renouvelant chaque année, possesseur d’une autorité fort limitée. En cas d’affaire grave, on se concerte, soit dans les différentes parties d’une fraction, soit plusieurs fractions ensemble, soit tout un groupe, soit la totalité des Berâber : alors on s’assemble partout, on nomme des députés qui se réunissent en djemaạa générale, délibèrent et décident. En 1882, l’assemblée générale des Berâber s’est, dit-on, réunie ; elle était composée de délégués de toutes les fractions et formait un total de près de 1000 personnes. Ce fait a lieu rarement, car presque toujours la discorde règne parmi les Berâber : lors de mon passage, Aït Atta et Aït Iafelman étaient en hostilités, et les Aït Atta étaient divisés entre eux. En cas de guerre générale, les Berâber élisent un chikh unique dont l’autorité est illimitée ; dans les guerres particulières, chaque parti agit de même.

Voici la décomposition des Berâber :

Aït b ou Iknifen (Dra, Oussikis, Tazarin, désert) 1500 fusils.
Aït Zemroui Ilemsan (Ternata, Dâdes, désert) 300
Ignaouen (Qtaoua, Dâdes, désert) 500
Aït Ạïssa ou Brahim (auxquels appartiennent les Izknasen) (Fezouata, Dâdes, désert) 500
Aït Ouniṛ (Dra, Dâdes, désert) 800
Aït Isfoul (Fezouata, Dâdes, désert) 1000
Aït Atta Aït Bou Daoud (Qtaoua, Dâdes, Tazarin, désert) 500
Aït Khelifa (Igli, Oul Touroug, au-dessous du Ferkla) 150
Ouchchan (aux environs du Tafilelt) 200
Aït Ḥachchou Aït El Fersi (au-dessous du Todṛa) 30
Aït Ounbegi (ils portent aussi le nom d’Aït Khebbach (ou Khebbas) (Dra, Reṭeb, désert) 2000
Aït Iạzza (qçar au sud du Todṛa, désert) 1500
Aït ou Allal (desquels font partie les Aït Ạlouan, les Aït b Oulman, les Imsouffa) 2000
Izligen (Qtaoua) 80
Berâber Aït Brahim Les Aït Ḥediddou n’ont pas d’autres qçars que ceux qui ont été mentionnés plus haut ; très grand nombre de tentes ; 3000 fantassins et 600 chevaux.
Aït Ḥediddou Aït Ạmer
Aït Iạzza
Aït Iaḥia (ils ne possèdent comme qçars que ceux qui ont été mentionnés plus haut, mais ont un très grand nombre de tentes. Ils s’étendent jusqu’aux Aït Seri et jusque près des Ichqern, sur les pentes nord de l’Atlas. Leur territoire est tout entier en montagne. 4000 fantassins et 40 chevaux).
Aït Mḥammed Les Aït Melṛad habitent le haut cours de l’Ouad Dâdes, tout l’Ouad Ṛeris, les déserts montagneux avoisinant cette rivière et le Ferkla ; leur limite sud est presque partout le talus de roche rose qu’on voit d’Imiṭeṛ au Todṛa et de là au Ṛeris. Les Aït Melṛad sont très nombreux.
Aït Melṛad Aït Ạmer ou Mançour
Aït Iafelman Aït Ioub
Aït Mesri
Irbiben
Aït Ạli ou Brahim (campant vers Tounfid).
Aït Izdeg (ils possèdent en qçars ceux qui ont été mentionnés et ceux qui le seront plus bas dans les bassins du Gir et de la Mlouïa ; de plus, ils ont un très grand nombre de tentes. 3000 fantassins et 500 chevaux).
Aït Ạïssa bou Ḥamar (résidant sur l’Ouad Gir et dans ses environs ; qçars et tentes ; 2000 fantassins et 200 chevaux).
Aït Kratikhsen (habitant vers le Ferkla et vers Asif Melloul).
Aït Ạïach (ils ont des qçars sur l’Ouad Aït Ạïach et des tentes auprès de cette rivière, de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg et de la Mlouïa. Ils sont limitrophes des Beni Mgild. 800 fantassins et 40 chevaux).

4o. — ITINÉRAIRES.

I. — DU TADEROUCHT AU ZIZ. — Il existe un chemin menant du Taderoucht au district du Ziz. Du Taderoucht on gagne El Haroun (qçar isolé, sans palmiers, appartenant aux Aït Melṛad ; 30 fusils). D’El Haroun on passe à El Bordj (qçar isolé, sans palmiers, appartenant aux Aït Melṛad ; 20 fusils). D’El Bordj on va à Zaouïa Sidi Bou Qil, dans le district du Ziz. Entre ces divers points, la région qu’on traverse est montagneuse et déserte.

Distances : du Taderoucht à El Haroun comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.
d’El Haroun à El Bordj comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.
d’El Bordj à Zaouïa S. Bou Qil comme de Mellaḥ Tiallalin à Tamerrakecht.

II. — DU TODRA AU DRA PAR LE TAZARIN. — Il y a 5 jours de route. Voici l’itinéraire qu’on suit :

1er jour. — Du Todṛa au Saṛro. On fait gîte dans un des qçars du Saṛro, Ti n Iourkan ou Iṛerman Azdaṛ, par exemple. On a marché jusque-là dans le désert.

2e jour. — Du qçar où l’on a passé la nuit à Foum Aserts. On donne ce nom à un kheneg désert où campent en hiver des Aït Atta. Une rivière le traverse ; elle a habituellement de l’eau dans son lit ; aucun lieu habité n’est sur son cours. Ce second jour encore, on marche sans cesse dans le désert.

3e jour. — De Foum Aserts au Tazarin. Chemin désert toute la journée.

Le Tazarin est une longue oasis, plus grande et plus peuplée que le Todṛa, mais lui ressemblant d’ailleurs de tout point : une double chaîne de qçars s’échelonne sur les deux bords d’une rivière, au milieu d’un ruban de palmiers. Une partie des localités du Tazarin appartient à des Chellaḥa indépendants, l’autre à des Aït Atta de diverses fractions, Aït Bou Daoud, Aït ou Allal, Aït b ou Iknifen.

Les principaux qçars du Tazarin sont, en descendant l’ouad : Ikhf n Oṛri, Aït Sạïd, Qcîba Aït Bou Daoud, Qcîba Ignaouen, Aït Abbarioul, Tamda, Aït Sidi Msạd, Aït Gennoun, Ida Khennioun.

Langue tamaziṛt.

Marché permanent à Aït Abbarioul. C’est le seul.

Pas de Juifs. Mellaḥ détruit à Aït Abbarioul.

4e jour. — Du Tazarin à Foum Tizi n Dra. Il n’y a pas un lieu habité sur le chemin du Tazarin au Dra ; tout le trajet se fait dans le désert. On n’est plus ici dans la chaîne du Saṛro ; on en est sorti au Tazarin. Foum Tizi n Dra est un point d’eau : pas de rivière, mais une source : ce lieu est fréquenté en hiver par des Aït Atta nomades ; le reste de l’année, il est désert.

5e jour. — De Foum Tizi n Dra au Qtaoua.

Distances : de Ti n Iourkan à Foum Aserts comme deux fois de Taourirt à Timaṭṛeouin.
de Foum Aserts au Tazarin comme deux fois de Taourirt à Timaṭṛeouin.
de Foum Tizi n Dra au Qtaoua comme de Taourirt à Aït Iidir.

5o. — SOURCES DE L’OUAD GIR.

OUAD GIR. — L’Ouad Gir prend naissance au Djebel Chouf Agmar, près du Djebel El Ạbbari. Voici les premiers qçars qu’on rencontre sur son cours, en le descendant à partir de sa source :

RIVE DROITE :
Tiouzzagin (Aït Izdeg). 30 fusils.
Tit n Ạli (Qebala). 200
Mogger (Qebala). 200
RIVE GAUCHE :
Talḥarit (Qebala). 60 fusils
El Ḥeri (Qebala). 100
Tagrirt (Qebala). 300
Tizgi n Gerrama (Aït Izdeg). 400
Toulal (Aït Izdeg). 600
Mellaḥa (Aït Izdeg). 400
Batnou (Aït Ạïssa Bou Ḥamar). 150
Iṛara (Qebala). 50
Keddoucha (Aït Ạïssa Bou Ḥamar). 60
El Geraan (Aït Ạïssa Bou Ḥamar). 100

La réunion de ces qçars forme ce qu’on appelle le Gir. Ce district n’a aucune unité politique : chaque qçar en appartient à ses habitants, Qebala, Aït Izdeg ou Aït Ạïssa.

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Deux mellaḥs.

Distances : de Tiouzzagin à Mogger comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.
de Talḥarit à El Geraan comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar es Souq.
de Talḥarit à Mogger, quelques centaines de mètres.

De Mellaḥ Tiallalin on peut aller directement à Talḥarit. Entre ces deux points s’étend une vaste plaine déserte que nous avions à notre droite en traversant le district du Tiallalin ; elle s’étend jusqu’à l’Ouad Gir et porte le nom d’Ouṭa n Sema.

Distance : de Mellaḥ Tiallalin à Talḥarit comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.

Il y a un chemin conduisant du district du Gir à Misour, en remontant la vallée de l’Ouad Gir.

AFFLUENT. — Parmi ses affluents, l’Ouad Gir en reçoit un dont la source n’est pas éloignée de la sienne : c’est l’Ouad Beni Mesri. Nous allons dire quelques mots de son cours supérieur.

Ouad Beni Mesri. — Il prend sa source aux crêtes du Grand Atlas. Il arrose plusieurs qçars dans la partie haute de son cours ; voici les principaux, dans l’ordre où on les trouve en descendant :

El Bour (Qebala) rive droite, 100 fusils.
Aït Iaḥia ou Ạïssa (marabouts) rive droite, 100
Aït Ạïssa ou Ạli (Qebala) rive gauche, 30
Takhoualt (Qebala) rive droite, 120
Aït Ḥeddou (Aït Ạïssa) (Berâber) rive droite, 50
Aït Moḥammed (Aït Ạïssa) rive droite, 100
Bou Chiba (Aït Ạïssa) rive gauche, 30
Tirza (Aït Ạïssa) rive droite, 60
Beni Tzit (Qebala) rive gauche, 300
Aït Iatin (Qebala) rive droite, 80

Ces divers qçars n’ont entre eux aucun lien politique : chacun appartient à ses habitants, Qebala, marabouts ou Aït Ạïssa. Ceux qui sont compris entre Aït Iaḥia ou Ạïssa et Tirza, ces deux localités incluses, portent le nom collectif de Beni Mesri.

Langue tamaziṛt.

Marché permanent à Beni Tzit.

Un mellaḥ.

Pour se rendre de Qçâbi ech Cheurfa à El Bour, on gagne d’abord Tanslemt ; puis on franchit l’Atlas et on descend à El Bour.

Distances : de Tanslemt à El Bour comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Aït Iatin à Ạïn Chạïr 2 jours.

[120]C’est en approchant de l’Ouad Ziz que j’ai entendu ce nom pour la première fois. Il est employé sur tout le cours du Ziz et dans le bassin supérieur de la Mlouïa. Il ne désigne point une race, mais l’état d’une partie de la population. Une portion des Imaziren sédentaires de cette contrée n’a pas su conserver son indépendance et a été réduite par des tribus nomades voisines à l’état de tributaire : ce sont ces tributaires qu’on appelle Qebala. Ils sont presque tous Chellaha, de même race, par conséquent, et de même couleur que la plupart de leurs dominateurs. Par extension, on désigne quelquefois du nom de Qebala des Chellaha sédentaires, même indépendants, lorsque ces Chellaha vivent isolés, sans aucun lieu avec personne. Ainsi les Chellaha du Reris et de quelques autres oasis sont souvent dits Qebala, bien que libres.


VI.

BASSIN DE L’OUAD MLOUIA.

1o. — COURS DE LA MLOUIA.

La Mlouïa prend sa source dans le désert appelé Khela Mlouïa, sur le territoire des Beni Mgild. Puis elle coule durant assez longtemps en arrosant les terres de cette tribu.

Elle les quitte au point où elle reçoit l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg ; ce confluent est la limite entre les Beni Mgild d’une part, les Aït Ioussi et les Aït ou Afella de l’autre : ceux-ci possèdent la rive droite du fleuve, ceux-là ont la gauche. Dans cette partie de son cours, la Mlouïa se déroule au milieu d’une large plaine ; elle a déjà beaucoup d’eau, mais ses rives sont à peu près désertes : des tribus entre lesquelles elle coule, la première n’a aucun établissement sur ses bords, ni même dans sa vallée, et ne vient que rarement planter ses tentes ou faire paître ses troupeaux le long de ses eaux ; la seconde, peu nombreuse, possède quelques qçars dans la vallée, mais n’en a qu’un sur les rives mêmes du fleuve ; ce qçar, Aḥouli (50 fusils ; rive droite), est situé à peu de distance au-dessous du confluent de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg. Aḥouli est le seul point habité du cours de la Mlouïa entre ce confluent et Qçâbi ech Cheurfa.

Au-dessous d’Aḥouli, après avoir coulé dans le désert, en formant limite entre les Aït Ioussi et les Aït ou Afella, la Mlouïa se borde subitement de cultures, de jardins et de qçars : c’est le district de Qçâbi ech Cheurfa. A cet endroit le fleuve coule au fond d’une tranchée, profonde d’environ 40 mètres et large de 1500. C’est cette tranchée qui, remplie sans interruption de plantations et de jardins sur une longueur de plus de 15 kilomètres et semée de nombreux qçars, forme le district de Qçâbi ech Cheurfa. Celui-ci ne s’étend pas ailleurs et se compose des seules rives du fleuve, sans déborder dans sa vallée. Des deux côtés du district, la vallée, de plus en plus plate et de plus en plus large, est occupée par les mêmes tribus qu’un peu plus haut. Aït Ioussi à gauche, Aït ou Afella à droite. Le district les sépare comme les séparaient auparavant les eaux du fleuve.

Après être sortie de Qçâbi ech Cheurfa, et avant d’entrer dans le désert, la Mlouïa arrose encore deux qçars : ils font suite au district d’El Qçâbi, mais n’en dépendent pas ; ce sont, d’abord Tamdafelt (rive gauche ; 120 fusils), puis plus bas Izeṛran (rive droite ; 30 fusils). Le premier appartient aux Aït ou Afella, le second aux Aït Izdeg. Les rives du fleuve, au fond de l’encaissement où il coule, ne cessent pas un instant, entre Qçâbi ech Cheurfa et Tamdafelt, comme entre Tamdafelt et Izeṛran, d’être garnies de cultures. Quant à la vallée, elle appartient toujours, d’un côté aux Aït Ioussi, de l’autre aux Aït ou Afella.

Au-dessous d’Izeṛran, la Mlouïa rentre dans le désert ; elle continue à couler entre deux tribus : les Aït Ioussi sont encore à gauche ; mais ce sont les Oulad Khaoua qui occupent à présent la rive droite : ils succèdent ici aux Aït ou Afella. La Mlouïa est toujours dans sa tranchée, de même largeur et de même profondeur qu’à Qçâbi ech Cheurfa, mais déserte ; les riantes cultures y sont remplacées par d’épais taillis de tamarix au milieu desquels serpentent, avec mille détours, les eaux jaunes du fleuve. D’Izeṛran à Misour, la Mlouïa coule ainsi, entre les deux mêmes tribus. Sur ce long espace, sa vallée, immense plaine, est habituellement déserte du côté des Aït Ioussi, semée de quelques campements du côté des Oulad Khaoua. Son cours n’a que deux points habités, deux qçars situés assez loin l’un de l’autre, isolés chacun sur ses bords, où ils coupent un instant le long ruban de tamarix ; tous deux appartiennent aux Oulad Khaoua ; ils se nomment, l’un Megdoul, l’autre El Bridja. Le premier est le plus haut, il est situé sur la rive droite et se compose de 40 maisons ; El Bridja est à onze kilomètres plus bas, sur la rive gauche ; elle a à peine 15 ou 20 feux. Le bois de tamarix qui remplit l’encaissement du fleuve porte, entre Megdoul et El Bridja, le nom de Ṛaba Oumm el Lefạ.

Ainsi coule la Mlouïa jusqu’à Misour. Ce lieu est un groupe de 10 à 12 qçars entourés d’admirables jardins, situé au confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Souf ech Cherg, tributaire de sa rive gauche. Les qçars de Misour sont tous sur l’Ouad Souf ech Cherg, à l’exception d’un seul, Igli, qui se trouve sur la Mlouïa. Il s’élève sur sa rive gauche, un peu au-dessous du confluent ; c’est une localité importante, pouvant lever 300 fusils. Elle est située au bord même du fleuve, au fond de la tranchée où il a coulé jusqu’ici et où il continuera à être jusqu’à Ouṭat Oulad el Ḥadj.

A hauteur de Misour finissent les territoires des Aït Ioussi et des Oulad Khaoua. En les quittant, la Mlouïa entre sur celui des Oulad el Ḥadj ; cette puissante tribu occupe tout le fond de sa vallée, sur les deux rives : la vallée est ici une plaine immense, nue et déserte, triste région rappelant les Hauts Plateaux d’Algérie. Le fleuve coule au milieu, caché au fond de son encaissement, que remplissent toujours des tamarix touffus. Il demeure ainsi de Misour à Ouṭat Oulad el Ḥadj. Sur cette portion de son cours, il baigne un seul lieu habité, Touggour, petit village situé sur sa rive même, du côté gauche : le hameau se compose d’environ 50 habitations, occupées par des cherifs, descendants de Moulei Iạqob ben Selîman, et d’une qoubba, mausolée de ce saint. Touggour est située à peu près à mi-distance de Misour à Ouṭat Oulad el Ḥadj. Elle coupe ainsi la longue ligne de tamarix qui, au-dessus et au-dessous d’elle, garnit l’excavation du fleuve, en deux parties presque égales. Elles ont chacune leur nom : de Misour à Touggour, c’est Ṛaba Sidi Ạbd el Ouaḥad, ainsi appelée d’une qoubba qui s’y trouve ; de Touggour à Ouṭat Oulad el Ḥadj, c’est Ṛaba el Ạrich.

Ouṭat Oulad el Ḥadj est un groupe d’environ 30 qçars unis entre eux et enveloppés par de superbes jardins ; il est situé au confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Chegg el Arḍ, son tributaire de gauche. Les jardins de cette sorte d’oasis touchent au fleuve, mais aucune localité n’est sur son cours ; toutes sont sur l’Ouad Chegg el Arḍ.

Au-dessous d’Ouṭat Oulad el Ḥadj, la Mlouïa demeure encore longtemps sur le territoire des Oulad el Ḥadj. La vallée tout entière leur appartient jusqu’au petit centre d’Oulad Ḥamid. Dans cette nouvelle portion, la vallée et les rives de la Mlouïa sont un peu différentes de ce qu’elles étaient auparavant. La vallée est toujours une vaste plaine, mais elle est moins large : elle avait plus de 30 kilomètres à hauteur de Misour, elle n’en a que 20 à El Ouṭat et ne cesse de se rétrécir jusqu’à Oulad Ḥamid. Elle reste déserte, avec çà et là de rares campements de nomades. Quant au fleuve, à partir d’El Ouṭat, il n’est plus encaissé et coule au niveau de la plaine ; plus de tamarix sur ses bords. Encore désert pendant une grande partie de son cours, il se garnit de qçars de distance en distance ; ces qçars sont, en le descendant : Oulad Jerrar (rive droite ; 20 fusils), Baṛdad (rive gauche ; 40 fusils), Oulad El Ḥasen (rive droite ; 40 fusils), Ez Zaouïa (rive droite ; 40 fusils), Oulad Sidi Ben Ạïada (rive gauche ; 30 fusils), Zerzaïa (rive gauche ; 80 fusils), Oulad Sidi Bou Iạqob (rive droite ; 30 fusils), Oulad Ḥamid (petite qaçba entourée de tentes et de huttes réparties sur les deux rives du fleuve ; 200 fusils). Il y a environ 17 kilomètres d’El Ouṭat à Oulad Jerrar. Les autres localités s’échelonnent au-dessous, ayant tantôt peu, tantôt beaucoup de distance entre elles. Les qçars d’Oulad Sidi Ben Ạïada et d’Oulad Sidi Bou Iạqob sont peuplés de marabouts, celui de Zerzaïa de Qebala, les autres d’Oulad el Ḥadj. Tous appartiennent à cette tribu. Les espaces qui les séparent sont déserts, excepté d’Oulad Sidi Bou Iạqob à Oulad Ḥamid ; entre ces deux points, les bords du fleuve sont sans interruption garnis de cultures.

En sortant du territoire des Oulad el Ḥadj, la Mlouïa passe à Refoula. C’est une petite qaçba entourée d’un certain nombre de tentes qui, comme celles d’Oulad Ḥamid, comme celles du Za, de l’Ouad Mesegmar, sont là constamment, aussi fixes que des maisons. Refoula appartient aux Ḥallaf, bien que le gros de cette tribu soit plus bas, séparé d’elle par les Houara. D’Oulad Ḥamid à Refoula, les bords du fleuve ne cessent d’être couverts de cultures.

De Refoula, la Mlouïa entre sur le territoire des Houara. Cette tribu en occupe les deux rives et parcourt la vaste plaine au milieu de laquelle elle coule. La vallée, après s’être beaucoup rétrécie aux environs d’Oulad Ḥamid, resserrée entre les monts des Ṛiata et les monts Debdou, s’élargit ensuite subitement : les montagnes font place à d’immenses plaines, le Tafrâta, l’Angad, le Jell, le Ṛaret ; le fleuve coule à leur niveau ; on ne voit plus de limite à sa vallée. C’est dans ces plaines, sur les deux rives de l’ouad, que campent les Houara. Nomades, ils n’ont que deux établissements fixes au bord du fleuve ; ce sont deux qaçbas, Gersif (ou Agersif) et Oulad Ḥammou ou Mousa. La première, très ancienne, mais délabrée aujourd’hui, commande un gué important ; elle appartient à la fraction des Oulad Mesạoud ; la seconde est à une certaine distance au-dessous de la première ; toutes deux sont sur la rive gauche. A défaut d’habitations fixes sur la Mlouïa, les Houara y ont un certain nombre de tentes et beaucoup de cultures. Ils ont divisé le cours du fleuve entre leurs diverses fractions ; chacune en possède un tronçon, où elle laboure au bord de l’eau et où elle campe pendant une partie de l’année ; voici, en descendant l’ouad, en quel ordre les fractions des Houara s’y succèdent : Ạtamna, Oulad Sedira, Mezarcha, Zergan, Oulad Mesạoud, Oulad Ḥammou ou Mousa. Tant que la Mlouïa est sur le territoire des Houara, et depuis Refoula, les deux côtés ne cessent d’en être garnis de cultures.

Des Houara, la Mlouïa passe chez les Ḥallaf ; ce sont encore des nomades ; ils occupent les deux rives du fleuve et les plaines qui le bordent. Chez eux, pas une seule construction sur son cours ; mais il ne cesse d’être garni de cultures tout le temps qu’il demeure sur leur territoire. Celui-ci succédant immédiatement au territoire des Houara, les plantations ne s’interrompent pas entre les deux tribus : ainsi depuis Oulad Sidi Bou Iạqob, chez les Oulad el Ḥadj, jusqu’au point le plus bas des Ḥallaf, les deux rives de la Mlouïa sont constamment cultivées. Comme les Houara, les Ḥallaf ont partagé le cours du fleuve entre leurs diverses fractions ; voici, en le descendant, dans quel ordre elles s’y suivent : Oulad Reḥou, Medafra, Oulad Sidi Moḥammed bel Ḥoseïn (cherifs), Oulad Mahdi, El Arbạ, Oulad Selîman.

En sortant de chez les Ḥallaf, la Mlouïa entre chez les Beni Oukil. C’est une tribu de marabouts, n’ayant que des tentes, mais installés toujours aux mêmes lieux et ne quittant pas les bords du fleuve dont ils possèdent les deux rives. Ils se divisent en trois fractions : chacune d’elles campe groupée en un point déterminé du cours de la Mlouïa. Ces trois points sont espacés à environ 13 kilomètres les uns des autres ; on n’a pu me dire le nom de la fraction qui est le plus haut, la seconde s’appelle El Khorb, la plus basse Oulad el Bacha. Entre ces trois groupes, comme entre le premier et la frontière des Ḥallaf, le fleuve est désert ; plus de cultures sur ses bords.

Au-dessous des Beni Oukil, la Mlouïa coule dans le désert jusqu’à son embouchure dans la Méditerranée ; dans cet espace, ni lieu habité ni plantations sur ses rives. Cette dernière portion de son cours est étroitement resserrée entre deux chaînes de montagnes, l’une à droite habitée par les Beni Iznâten, l’autre à gauche occupée par les Kebdana.

Distances : de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) au confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg comme de Kerrando à Nezala.
de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa.) au qçar le plus haut du district comme d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ Tiallalin.
de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) au qçar le plus bas du district comme 2 fois d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ Tiallalin.
de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) à Aḥouli comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) à Megdoul comme d’Aït Ọtman à Mellaḥ Tiallalin.
de Qçâbi ech Cheurfa à Izeṛran comme d’Aït ou Alil à Mellaḥ Tiallalin.
de Megdoul à El Bridja comme d’El Bridja à Misour.
du confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Souf ech Cherg à Igli comme d’Aït ou Alil à Mellaḥ Tiallalin.
d’Igli à Touggour comme du Gers à Nezala.
de Touggour à Ouṭat Oulad el Ḥadj comme du Gers à Nezala.
d’El Ạrzan à Oulad Jerrar comme d’Aït Ọtman à Qçar es Souq.
d’Oulad Jerrar à Baṛdad comme d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ Tiallalin.
Oulad El Ḥasen est en face de Baṛdad.
Ez Zaouïa touche Oulad El Ḥasen.
de Reggou à Oulad Sidi Ben Ạïada comme de Qçar es Souq à Aït Ọtman.
de Feggouç à Zerzaïa comme d’Aït Ọtman à Tamerrakecht.
de Zerzaïa à Oulad Ḥamid comme d’El Bridja à Misour.
d’Oulad Sidi Bou Iạqob à Oulad Ḥamid, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.
d’Oulad Sidi Bou Iạqob à Gersif comme du Za à Qaçba el Ạïoun.
de Debdou à Gersif comme du Za à Qaçba el Ạïoun.
d’Oulad Selîman au groupe le plus haut des Beni Oukil, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.
du groupe le plus haut des Beni Oukil à El Khorb, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.
d’El Khorb à Oulad el Bacha, la moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

Après avoir décrit dans son ensemble le cours de la Mlouïa, nous allons étudier séparément les trois importants groupes de qçars qui se trouvent l’un sur ses rives mêmes, les deux autres tout près d’elles : Qçâbi ech Cheurfa, Misour, Ouṭat Oulad el Ḥadj.

Qçâbi ech Cheurfa.

Ce district se compose d’un certain nombre de qçars, tous situés sur les rives de la Mlouïa ; en voici les noms, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

Oulad Ṭeïr (Qebala) rive droite, 30 fusils.
Taṛzout (cherifs et Ḥaraṭîn) rive droite, 120
Oulad Ạrzin (cherifs et Ḥaraṭîn) rive droite, 25
Qçar Djedid (cherifs et Ḥaraṭîn) rive droite, 60
El Qçâbi (cherifs et Ḥaraṭîn) rive droite, 150
Chegg el Ouad (cherifs et Ḥaraṭîn) rive gauche, 30
El Mektoufa (cherifs et Ḥaraṭîn) rive gauche, 20
Sạïda (Aït Tseṛrouchen) rive droite, 50
Aït Blal (Aït Izdeg) rive droite, 50
Akhsab (Aït Izdeg) rive gauche, 30

Le district appartient aux cherifs qui l’habitent : eux seuls y possèdent la terre et ont part à l’administration. Dans quelques endroits, tels que Sạïda et Aït Blal, ils louent la terre à des étrangers, mais sans l’aliéner. Jadis indépendants du sultan, ils se sont soumis à lui sans résistance en 1877. Depuis ce temps, ils ont un qaïd, résidant à El Qçâbi, dans une qaçba appelée Qaçba el Makhzen. Mais celui-ci ne s’ingère point dans leurs affaires locales ; il est peu respecté des cherifs, qui plus d’une fois ont répondu à ses demandes par des coups de fusil. De tout temps le district a eu une debiḥa sur les Aït Izdeg : il l’a aujourd’hui encore et continue, bien que blad el makhzen, à leur payer tribut.

Les cherifs de Qçâbi ech Cheurfa sont originaires du Tafilelt ; ils appartiennent à deux rameaux de la branche des Ạlaouïa, ceux des Oulad Moulei Ḥachem et des Oulad Moulei Ạli.

L’arabe et le tamaziṛt sont également en usage dans le district. La plupart des habitants parlent les deux langues.

Marché permanent dans la localité d’El Qçâbi ; c’est le seul du district.

Un mellaḥ.

Misour.

Misour est un district indépendant, formé d’un certain nombre de qçars qui s’élèvent auprès du confluent de l’Ouad Souf ech Cherg et de la Mlouïa ; il est divisé en deux parties distinctes, l’une située sur les rives de l’Ouad Souf ech Cherg, l’autre sur celles de la Mlouïa. La première, Misour proprement dit, est de beaucoup la plus considérable ; elle se compose de tous les qçars du district à l’exception d’un. La seconde est formée de la seule localité d’Igli. Nous avons déjà indiqué la position d’Igli ; nous ne parlerons donc que de la portion de Misour placée sur l’Ouad Souf ech Cherg. Celle-ci ne forme qu’un seul îlot de verdure où sont disséminés les neuf qçars qui la composent ; voici les noms de ces derniers, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

Oulad Bou Ḥafra rive droite, 15 fusils.
Oulad Bou Jejia rive droite, 60
Oulad Selîman rive droite, 80
El Gara (ce sont 3 tours construites sur une éminence : on les emplit de tireurs en temps de guerre ; elles sont inhabitées pendant la paix) rive droite,
Oulad Seṛeïr (située sur une colline) rive droite, 100 fusils.
Gebdour rive droite, 50
El Ḥarsa rive droite, 30
Bou Kenzt rive droite, 300
Oulad Sidi Bou el Ạlam rive droite, 50

Les cinq premiers qçars sont très rapprochés les uns des autres ; ils portent le nom collectif d’Oulad Abbad. Les 4 derniers sont plus espacés ; ils portent le nom d’Oulad Bou Ṭîb.

Misour est indépendant et du sultan et des tribus voisines. Chaque qçar s’y administre isolément, sans aucun lien avec les autres.

La population de Misour se compose partie d’Arabes, partie de marabouts. On n’y parle que l’arabe.

Pas de marché.

Un mellaḥ.

Distances : d’Oulad Bou Ḥafra à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Bou Jejia à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Selîman à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’El Gara à l’Ouad Souf ech Cherg, 200 mètres de plus que d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Seṛeïr à l’Ouad Souf ech Cherg, 200 mètres de plus que d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’Oulad Bou Ḥafra à Oulad Bou Jejia, 500 mètres.
d’Oulad Bou Jejia à Oulad Selîman, 200 mètres.
d’Oulad Bou Jejia à El Gara, 200 mètres.
d’Oulad Selîman à Oulad Seṛeïr, 200 mètres.
d’El Gara à Oulad Seṛeïr, 200 mètres.
d’Oulad Bou Ḥafra à Oulad Selîman, 700 mètres.
de Gebdour à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
d’El Ḥarsa à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
de Bou Kenzt à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à Kerrando.
Oulad Sidi Bou el Ạlam est sur la rive même de l’Ouad Souf ech Cherg.
d’Oulad Selîman à Gebdour, 1000 mètres.
de Gebdour à El Ḥarsa, 1500 mètres.
d’El Ḥarsa à Bou Kenzt, 600 mètres.
d’El Ḥarsa à Oulad Sidi Bou el Ạlam, 2000 mètres.
d’Oulad Bou Ḥafra à l’Ouad Mlouïa comme de Tamerrakecht à Aït Çaleḥ.
d’Oulad S. Bou el Ạlam à Igii comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
Outat Oulad El Hadj.

Ouṭat Oulad el Ḥadj, ou El Ouṭat, comme on l’appelle le plus souvent, est un groupe d’une trentaine de qçars situés sur les rives de l’Ouad Chegg el Arḍ auprès de son confluent avec la Mlouïa. Ces qçars sont enveloppés et unis par de superbes vergers qui font du groupe un seul îlot de verdure. El Ouṭat appartient aux Oulad el Ḥadj, sur le territoire desquels elle est située, et n’est peuplée que d’eux, à l’exception de quelques localités habitées par des marabouts. Voici les qçars qui la composent, dans l’ordre où on les trouve en descendant l’Ouad Chegg el Arḍ :

Oulad El Feḍil rive droite, 6 fusils.
Oulad Ạbd el Malek rive gauche, 20
Mellaḥ el Ihoud rive droite, 30
Oulad El Bekri rive gauche, 20
El Angab (2 qçars) rive droite, 30
El Hamouziin rive droite, 30
Zaouïa Sidi Ạbd el Ouaḥad rive gauche, 40
El Ḥarar rive droite, 50
Oulad Mellouk (groupe de 12 qçars) rive droite, 300
Cheurfa Qouareṭ (Oulad Moulei Iạqob ; 3 qçars) rive droite, 50
Cheurfa Touggour (Oulad Moulei Iạqob ; 3 qçars) rive droite, 50
Zaouïa Sidi Ạbd el Ouaḥad rive gauche, 40
Zaouïa Sidi Oumbarek (marabouts de Kenadsa) rive gauche,
Kechchacha (2 qçars) rive droite, 30
Beni Bou Ḥi rive gauche, 150

Ces localités sont toutes situées sur la rivière même ou très près d’elle, à l’exception d’Oulad Mellouk ; les 12 qçars qui composent ce groupe, presque contigus les uns aux autres, s’élèvent à environ 2 kilomètres de la rivière et des autres qçars ; ils leur sont unis par des jardins et sont compris dans l’îlot général d’El Ouṭat. Oulad Mellouk est alimentée par des canaux dérivés de l’Oulad Chegg el Arḍ.

El Ouṭat, étant aux Oulad el Ḥadj, suit leur sort, et chaque qçar suit celui de la fraction à laquelle il appartient. En ce moment, la tribu est insoumise au sultan. Les Oulad el Ḥadj sont de race et de langue arabe ; mais beaucoup d’habitants d’El Ouṭat savent aussi le tamaziṛt.

Point de marché à Ouṭat Oulad el Ḥadj.

Un mellaḥ.

On considère souvent comme faisant partie d’Ouṭat Oulad el Ḥadj le groupe isolé d’El Ạrzan : il se compose d’environ 10 qçars (300 fusils) entourés de jardins. C’est un îlot, séparé de celui d’El Ouṭat et distant de lui de 5 kilomètres ; il appartient aussi aux Oulad el Ḥadj et est de tout point analogue à celui dont on le regarde comme un complément.

Distances : d’Oulad El Feḍil à Kechchacha comme de Mellaḥ Tiallalin au Gers.
d’El Ạrzan à l’Ouad Chegg el Arḍ comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.
d’El Ạrzan à Kechchacha comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
Zaouïa Sidi Ạbd el Ouaḥad est en face d’El Hamouziin.
Beni Bou Ḥi est en face de Kechchacha.

2o. — VALLÉE DE LA MLOUIA.

La vallée de la Mlouïa est en général très large ; voici les aspects qu’elle prend successivement.

Nous ne savons point ce qu’elle est dans sa partie haute, chez les Beni Mgild.

Du confluent de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg à El Bridja, elle a une largeur uniforme d’environ 16 kilomètres. C’est une vaste plaine, unie au milieu, en pente légère sur les deux bords, bornée à gauche par le pied du Moyen Atlas, à droite par le Grand Atlas.

A El Bridja, la vallée s’élargit beaucoup ; à Misour, elle atteint sa plus grande largeur, environ 32 kilomètres. De là à Oulad Ḥamid, c’est une immense plaine, unie et nue, appelée du nom du fleuve, Mlouïa ; elle est bornée à gauche par le Moyen Atlas, haute muraille sombre aux crêtes neigeuses ; à droite par le Rekkam, mouvement de terrain à peine sensible apparaissant comme une ligne jaune à l’horizon : le Rekkam est une succession de côtes très douces et de plateaux très bas, formant dans leur ensemble une longue rampe ondulée, de pente très faible, au sommet de laquelle commence, sous le nom de Ḍahra, la vaste région des Hauts Plateaux. Le Rekkam a son origine au Grand Atlas, se dirige à peu près du sud au nord, et se prolonge jusqu’aux monts Debdou. De Misour à Oulad Ḥamid, la vallée va en se rétrécissant d’une façon insensible, mais continue. A Ouṭat Oulad el Ḥadj, elle n’a plus que 20 kilomètres ; à Oulad Ḥamid, elle est beaucoup plus étroite. Aux environs de ce point, le fleuve traverse un kheneg. C’est la trouée par laquelle il perce le Moyen Atlas ; là, le Rekkam a disparu : des deux côtés du fleuve, s’élèvent les hautes murailles de la chaîne où il se fraie un passage, après en avoir si longtemps longé le pied. A droite du kheneg, le Moyen Atlas porte le nom de Djebel Debdou. A sa gauche, il n’a pas de nom spécial ; c’est la partie de la chaîne occupée, à quelque distance du fleuve, par les Beni Ouaṛaïn.

A cet étranglement de la vallée succède une plaine : sur la rive droite, c’est le vaste désert de Tafrâta, commençant près d’Oulad Ḥamid et se prolongeant jusqu’au pays de Za ; sur la rive gauche, c’est la vallée de l’Ouad Melillo : celui-ci coule entre le Moyen Atlas et la chaîne des Ṛiata et se jette dans la Mlouïa à Gersif.

Cette plaine est suivie d’une autre, qui est séparée de la première par une ligne de coteaux très bas unissant le Djebel Ṛiata à la chaîne des monts Mergeshoum, Beni Bou Zeggou et Zekkara, son prolongement ; le fleuve perce ces hauteurs presque insensibles vers les confins des Houara et des Ḥallaf, et entre dans la nouvelle plaine qui porte à droite le nom d’Angad, à gauche ceux de Jell d’abord, de Ṛaret ensuite : la plaine de Jell et celle de Ṛaret sont séparées par une chaîne de collines peu élevées, le Gelez. L’Angad, le Tafrâta, le Jell, le Ṛaret sont de vastes surfaces unies et désertes s’étendant très loin à l’est et à l’ouest, et bornées dans ces directions par des mouvements de terrain peu élevés qu’on n’aperçoit pas de la Mlouïa ; rien, pendant que le fleuve parcourt ces plaines, ne détermine les limites de sa vallée.

L’Angad et le Ṛaret finissent au-dessous des dernières tentes des Beni Oukil. Là le fleuve rentre en montagne. Sa vallée, jusqu’à la mer, demeure resserrée entre les flancs d’une haute chaîne au milieu de laquelle il s’est percé un passage ; cette chaîne, prenant les noms des tribus qui l’habitent, s’appelle, à droite de la Mlouïa, Djebel Beni Iznâten, à gauche Djebel Kebdana.

Après avoir dessiné à grands traits la vallée de la Mlouïa, nous allons énumérer les qçars qui s’y trouvent, situés dans le fond ou sur les flancs, sans être sur le cours du fleuve ni sur ceux de ses affluents. Il y en a fort peu dans le fond, mais un certain nombre sur les premières pentes des chaînes qui le bordent. Nous les diviserons en cinq classes :

1o Qçars des Aït ou Afella.

2o Qçars au pied du Grand Atlas.

3o Qçars du Rekkam.

4o Qçars des premières pentes du flanc gauche de la vallée (Moyen Atlas).

5o Qçars du Djebel Debdou (Moyen Atlas).

1o Qçars des Aït ou Afella.

Ils sont au nombre de trois, tous situés dans le fond de la vallée, entre le Grand Atlas et la Mlouïa : ce sont :

Zebzat. 200 fusils.
Bou Aïach (arrosée par un ruisseau sortant du Djebel Aldoun dans le Grand Atlas). 30
Entrit (arrosée par des sources). 15

Nous les avons vus tous trois en allant du col de Telṛemt à Qçâbi ech Cheurfa ; les deux premiers étaient à l’ouest de notre route, le dernier à l’est.

Distances : de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Entrit comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
d’Entrit à Bou Ạïach comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
de Qaçba el Makhzen à Zebzat comme d’Aït Ọtman à Mellaḥ Tiallalin.
2o Qçars au pied du Grand Atlas.

Voici leurs noms, dans l’ordre où on les rencontre en longeant le pied du Grand Atlas, de l’ouest à l’est :

Zriouila (Aït Tseṛrouchen et Aït Izdeg). 20 fusils.
Bertat (Aït Izdeg). 200

Ces localités sont arrosées par des sources ; elles appartiennent aux tribus que nous venons de citer. Dans chacune, la population se compose partie d’individus de la tribu qui possède le qçar, partie de Qebala.

Ni marché, ni Juifs en aucun de ces points.

Distances : de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Zriouila comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Zriouila à Bertat comme d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ Tiallalin.
de Bertat à Ạïat (Ouad Ouizert) comme d’Aït Ọtman à Mellaḥ Tiallalin.
d’Ạïat à Bou Sellam comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Bou Sellam à Tagenza comme du Gers à Nezala.
de Tagenza à Azdad comme d’Aït Ọtman à Aït Çaleḥ.
de Qaçba el Makhzen à Azdad, un jour 1/2 de marche.
de Tagenza à Tanslemt comme d’Aït Ọtman à Qçar es Souq.
de Tanslemt à Talsit comme de Qçar es Souq à Mellaḥ Tiallalin.
de Talsit à Anoual comme de Nezala à Qçâbi ech Cheurfa.

Les cinq points d’Azdad, de Talsit, d’Anoual, de Tagenza et de Tanslemt, dont il est parlé ici, sont des localités du Ḍahra ou du pied du Grand Atlas. Azdad est un groupe de 5 qçars appartenant aux Aït Tseṛrouchen : 200 fusils. Talsit est un groupe indépendant de 3 qçars contigus, habités par des marabouts de Sidi Ben Ạbd Allah ; il est situé sur une rivière de même nom que lui, dont le reste du cours est à sec et désert : 300 fusils. Anoual est un qçar de 60 fusils, peuplé d’Aït Tseṛrouchen et de marabouts ; il compte dans le Ḍahra[121]. Tagenza est un qçar de 80 fusils, peuplé moitié d’Aït Izdeg, moitié d’Aït Tseṛrouchen, et dépendant des deux tribus ; il est situé sur un petit cours d’eau de même nom que lui dont le reste du cours est désert. Tanslemt est un qçar isolé de 100 fusils, habité par des Qebala ; ceux-ci, comme les autres Qebala de la région, sont vassaux des puissantes tribus voisines et indépendants du sultan ; Tanslemt est sur une petite rivière dont le reste du cours est désert.

3o Qçars du Rekkam.

Ils sont au nombre de quatre, contigus les uns aux autres, et enveloppés dans une même ceinture de jardins. Ce groupe se nomme :

Tiissaf. 300 fusils.

La population de Tiissaf est composée de marabouts des Oulad Sidi Ạïssa ; ces religieux sont regardés comme formant une des fractions des Oulad el Ḥadj.

Une grande ḍaïa alimente ce lieu.

Distances : de Tiissaf au lit de la Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
Tiissaf est à peu près en face de Tirnest par rapport à la Mlouïa.
4o Qçars sur les premières pentes du flanc gauche de la vallée.

Ils forment cinq groupes, situés sur les premières pentes du Moyen Atlas, dans la région de cette chaîne comprise entre Misour et Oulad Ḥamid. En voici les noms, dans l’ordre où on les trouve en suivant les premières pentes du Moyen Atlas du sud au nord :

Almis (un seul village ; Chellaḥa). 250 fusils.
Tirnest (10 qçars ; Oulad el Ḥadj). 600
Reggou (5 qçars ; Chellaḥa). 400
Qçar el Mạllemin (1 qçar ; Chellaḥa). 12
Feggouç (2 qçars ; marabouts des Oulad Sidi Iạqob). 80

Tous ces points sont arrosés par des sources et entourés de jardins fertiles. Tirnest, Reggou, Feggouç ont chacun leurs qçars contigus et groupés au milieu d’un seul îlot de verdure, comme Misour et El Ouṭat. Almis et Reggou, bien que peuplés de Chellaḥa, sont constamment alliés aux Oulad el Ḥadj. Qçar el Mạllemin dépend des Oulad el Ḥadj. A Tirnest, ils forment la majorité des habitants et sont les maîtres. Ni marché, ni Juifs dans aucune de ces localités.

Almis est fort riche ; ce village possède à lui seul 100 chevaux.

Distances : d’Almis à Ouṭat Oulad el Ḥadj comme d’Ouṭat Oulad el Ḥadj à Misour.
d’Almis à Misour comme de Megdoul à Misour.
d’Almis à Tiouant comme de Megdoul à Misour.
de Tirnest à Mellaḥ el Ihoud (Ouṭat Oulad el Ḥadj) comme de Megdoul à Misour.
de Tirnest à El Ạrzan comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
de Tirnest à Oulad Ạli (Ouad Chegg el Arḍ) comme de Qçâbi ech Cheurfa à Megdoul.
de Tirnest à Reggou comme de Megdoul à Misour.
de Reggou à Oulad Jerrar comme d’El Bridja à Misour.
de Reggou à l’Ouad Mlouïa comme de Qçar es Souq à Aït Ọtman.
de Reggou à Oulad S. Ben Ạïada comme de Qçar es Souq à Aït Ọtman.
de Reggou à Qçar el Mạllemin comme de Kerrando au Gers.
de Qçar el Mạllemin à l’Ouad Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Qçar el Mạllemin à Feggouç comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
de Feggouç à Reggou comme de Megdoul à Misour.
de Feggouç à l’Ouad Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
5o Qçars du Djebel Debdou.

On appelle Djebel Debdou la portion du Moyen Atlas qui s’étend de Sidi Ạli ben Ạbd er Raḥman d Admer à Sidi Ạli ben Samaḥ d Oulad Ạmer, c’est-à-dire de la Mlouïa à l’Ouad Za.

Ce massif renferme un assez grand nombre de qçars et de villages ; on leur donne le nom général de Haouz Debdou. Ils peuvent se diviser en trois groupes :

I. Villages de la vallée de l’Ouad Debdou.

II. Rechida et qçars voisins.

III. Villages des Beni Ṛiis.

Nous allons dire un mot des deux premiers groupes ; le troisième est situé sur un affluent de la Mlouïa dont il sera parlé plus bas.

I. VILLAGES DE LA VALLÉE DE L’OUAD DEBDOU. — L’Ouad Debdou n’est qu’un ruisseau qui se perd dans le désert de Tafrâta, sans atteindre la Mlouïa. Les villages de sa vallée se composent d’abord de ceux qui sont situés au fond ; ce sont, en descendant :

Debdou (300 familles israélites et 100 musulmanes) rive droite, 100 fusils.
Qaçba Debdou rive droite, 50
Qoubbouin rive droite, 15
El Mesalla rive gauche, 100
Bou Aïach rive gauche, 10

ensuite de ceux qui se trouvent à mi-côte des flancs ; ce sont, en descendant la vallée :

Sellaout flanc droit, 50 fusils.
Flouch flanc gauche, 30

Ces 7 villages, avec les deux groupes de tentes des Beni Fachat (contigu à Sellaout ; flanc droit ; 150 fusils) et des Beni Ouchgel (en aval du précédent ; flanc droit ; 30 fusils), groupes qui, situés auprès de sources, de jardins, de cultures, sont aussi invariables dans leurs positions que des villages, forment ce qu’on appelle le pays de Debdou, El Debdou.

Le Debdou est soumis au sultan et dépend du qaïd de Tâza (en ce moment Ạbd Allah Ech Cherradi) ; mais celui-ci n’y a placé ni lieutenant, ni mkhaznis, ni aucun représentant de l’autorité ; il se borne à venir en tournée tous les ans ou tous les deux ans, et à envoyer de temps en temps quelques mkhaznis lever l’impôt sur les Musulmans. Chose curieuse, le qaïd de Tâza n’a sous ses ordres directs que les Musulmans du Debdou ; les Israélites, fort nombreux dans le district, dépendent non de lui, mais d’un des bachas de Fâs, Ould Ba Moḥammed ; c’est à ce dernier qu’ils remettent tous les ans le montant de leur tribut.

Les habitants du Debdou s’administrent donc eux-mêmes et, pour les difficultés, s’en réfèrent à Tâza. On les désigne sous le nom d’Ahel Debdou. Ce semble être une population mêlée, Arabes et Chellaḥa, ces derniers dominant. La langue est pour les uns l’arabe, pour les autres le tamaziṛt.

Marché permanent au village de Debdou et, de plus, souq el khemîs dans la même localité.

Un mellaḥ.

II. RECHIDA ET QÇARS VOISINS. — Ce second groupe se compose d’un certain nombre de qçars isolés les uns des autres, situés ceux-ci sur les pentes, ceux-là au pied du revers occidental du Djebel Debdou ; ils sont beaucoup plus près de la Mlouïa que les précédents et sont situés sur le flanc même de sa vallée. Voici leurs noms, dans l’ordre où on les rencontre en descendant celle-ci :

Admer (marabouts de Sidi Ạli ben Ạbd er Raḥman). 100 fusils.
Beni Khelften. 150
Rechida (marabouts). 200
Alouana. 30

Les habitants de Rechida et d’Admer sont marabouts. Ils font partie, ainsi que les gens de Beni Khelften, des Oulad el Ḥadj, dont les Ahel Rechida et les Oulad Admer sont deux fractions. Mais en ce moment ils sont en guerre avec le reste de leur tribu. Celle-ci est insoumise ; eux obéissent au sultan ; d’où querelle.

Rechida est un grand et beau qçar, situé à mi-côte du Djebel Debdou, dans un lieu escarpé. Sources abondantes, grands jardins, beaux oliviers.

Beni Khelften est au pied de Rechida, dans la position de Debdou par rapport à Qaçba Debdou.

Admer est au sud de Beni Khelften ; des sources l’arrosent.

Ạlouana se trouve dans un repli de la montagne, au nord-ouest de Debdou.

Admer, Beni Khelften, Rechida, Ạlouana, sont soumis au sultan et dépendent du qaïd de Tâza.

Distances : d’Admer à Beni Khelften, le tiers de la distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.
d’Admer à Oulad Sidi Bou Iạqob, la moitié de la distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.
de Rechida à la Mlouïa, la distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.
de Rechida à Beni Ṛiis, la moitié de la distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.
de Debdou à Beni Ṛiis, la moitié de la distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.
Beni Khelften est au pied de Rechida.

3o. — AFFLUENTS DE LA MLOUIA.

La Mlouïa reçoit un grand nombre d’affluents. Voici les principaux d’entre eux, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

  • Ouad Ouṭat Aït Izdeg, se jetant sur sa rive droite aux confins des Beni Mgild et des Aït ou Afella.
  • Ouad Ouizert, se jetant sur sa rive droite entre Megdoul et El Bridja.
  • Ouad Souf ech Cherg, se jetant sur sa rive gauche à quelques mètres au-dessus d’Igli.
  • Ouad Tiddarin, se jetant sur sa rive droite à 1000 mètres au-dessous d’Igli.
  • Ouad Tiouant, se jetant sur sa rive gauche entre Touggour et Ouṭat Oulad el Ḥadj.
  • Ouad Medfạ Keddou, se jetant sur sa rive droite entre Touggour et Ouṭat Oulad el Ḥadj.
  • Ouad Chegg el Arḍ, se jetant sur sa rive gauche à Ouṭat Oulad el Ḥadj.
  • Ouad Beni Ṛiis, se jetant sur sa rive droite dans la fraction des Ạtamna (Houara).
  • Ouad Melillo, se jetant sur sa rive gauche à Gersif.
  • Ouad Messoun, se jetant sur sa rive gauche dans la fraction des Oulad Reḥou (Ḥallaf).
  • Ouad Za, se jetant sur sa rive droite dans la plus haute des 3 fractions des Beni Oukil.
  • Ouad el Qceb, se jetant sur sa rive droite chez les Beni Oukil, au-dessous du Za.

OUAD OUTAT AIT IZDEG. — Cette rivière prend sa source dans le Grand Atlas au Djebel El Ạïachi. Elle arrose sur son cours le district d’Ouṭat Aït Izdeg ; le reste du temps, elle coule dans le désert. Voici les qçars dont se compose Ouṭat Aït Izdeg, dans l’ordre où on les trouve en descendant l’ouad :

RIVE DROITE :
Tatteouin. 60 fusils.
Afelilou (2 qçars). 150
Tissouit. 20
Asellim (2 qçars). 150
Aït ou Afella (3 qçars). 100
Ikher Imzioun. 60
RIVE GAUCHE :
Berrom. 100 fusils.
Tabnattout. 50
Semmoura. 60
Bou Zmella. 60
Aït Ọtman ou Mousa. 150
Teççaouit. 100

Ces divers qçars ne forment qu’un seul groupe et sont, sur chaque rive, unis entre eux par des cultures. Ils appartiennent aux Aït Izdeg. Ceux-ci en sont la seule population. La localité d’Aït ou Afella dépend de la fraction de ce nom.

Le district étant la propriété des Aït Izdeg, il va de soi qu’il est indépendant du sultan et qu’on y parle le tamaziṛt.

Marché permanent (le samedi excepté) à Bou Zmella. C’est le seul d’Ouṭat Aït Izdeg.

Deux mellaḥs.

Distances : de Tatteouin à Ikher Imzioun comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou Alil.
Berrom est en face d’Asellim.
Ikher Imzioun est en face d’Aït Ọtman ou Mousa.
d’Ouṭat Aït Izdeg au confluent de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg et de la Mlouïa comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar es Souq.

AFFLUENT. — L’Ouad Ouṭat Aït Izdeg reçoit un affluent, l’Ouad Aït Ạïach, se jetant sur sa rive gauche à une certaine distance au-dessous du district d’Ouṭat Aït Izdeg.

Ouad Ait Aiach. — Il prend sa source au Djebel El Ạïachi et arrose en descendant quatre qçars appartenant aux Aït Ạïach ; le reste de son cours est désert. Voici les quatre qçars, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

Aït Tiferraḥin rive droite, 50 fusils.
Aït Tourast rive droite, 50
Aït Ben Ạli rive gauche, 50
Ansegmir rive gauche, 150

Les deux derniers qçars sont en face des deux premiers ; ils ne forment tous quatre qu’un seul groupe ; les jardins sont unis sur chaque rive du cours d’eau.

Les Aït Ạïach sont une fraction des Aït Iafelman. C’est dire qu’ils sont indépendants et parlent le tamaziṛt. Ils composent la seule population des 4 qçars de l’Ouad Aït Ạïach.

Ni marché, ni Juifs dans aucun d’eux.

Distances : du confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg à celui de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg et de l’Ouad Aït Ạïach comme de Qçar es Souq à Aït Ọtman.
de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Ansegmir comme de Nezala à El Qçâbi.

OUAD OUIZERT. — Il prend sa source dans le Grand Atlas, au sommet appelé Ikhf n Iṛir (Djebel Gir). Plusieurs qçars se trouvent sur son cours ; les voici, dans l’ordre où on les rencontre en le descendant :

Ạïat (3 petits qçars : Qcîra Cheurfa ; Qcîra Aït Attou ; Qcîra Sidi Ben Ḥachem). 60 fusils.
Bou Sellam (5 petits qçars : Qçar Ṭoual, rive gauche ; Qcîra Sidi Moḥammed bel Bachir, rive gauche ; Qcîra ech Cheurfa, rive gauche ; Qçar Oulad Moulei El Ḥasen, rive droite ; Qçar Ousebri, rive droite). 200
Tisana rive gauche, 10
Tikoutamin (2 qçars : Ḥaselfa ; Oulad Deḥou). 50
Ouizert (3 qçars : Oulad Deḥou ; Oulad Ious ; Oulad Abbou) rive droite, 150

Ces localités sont échelonnées sur la rivière, assez loin les unes des autres. Aucun lien ne les unit. Entre elles, au-dessus et au-dessous, le cours de l’ouad est désert.

Ạïat est peuplée de cherifs et d’Aït Tseṛrouchen, Bou Sellam de Qebala, Tisana de Qebala, Tikoutamin et Ouizert d’Oulad Khaoua.

Distances : d’Ạïat à Bou Sellam comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Bou Sellam à Tisana comme d’Aït Çaleḥ au Gers.
de Tisana à Tikoutamin comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.
de Tikoutamin à Ouizert comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.
d’Ouizert à Megdoul comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.
d’Ouizert à Megdoul comme de Mellaḥ Tiallalin au Gers.
d’Ouizert au confluent de l’Ouad Ouizert et de la Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.
d’Ouizert à Igli comme d’Aït Ọtman au Gers.
de Megdoul au confluent de l’Ouad Ouizert et de la Mlouïa comme d’Aït Ọtman au Gers.

OUAD SOUF ECH CHERG. — Il prend sa source dans le Moyen Atlas, sur le territoire des Aït Ioussi. Il arrose deux qçars avant d’arriver à Misour ; ce sont, en descendant la rivière :

Qcîra Aït Ḥamed ou Selîman. 40 fusils.
El Kseạt. 40

De là il passe à Misour, qui a été décrit plus haut.

Qcîra Aït Ḥamed ou Selîman et El Kseạt sont habités par des Aït Ioussi et appartiennent à cette tribu. Ces deux qçars sont isolés l’un de l’autre ; entre eux, au-dessus et au-dessous, le cours de la rivière est désert.

Distances : de Misour à El Kseạt comme d’Aït Ọtman à Kerrando.
d’El Kseạt à Qcîra Aït Ḥamed ou Selîman comme du Gers à Aït Çaleḥ.

OUAD TIDDARIN. — Il prend sa source dans le Grand Atlas. Tout le cours en est désert.

OUAD TIOUANT. — Il prend sa source dans le Moyen Atlas, au Djebel Tiouant. Cette montagne, où l’on trouve du sel, est située, par rapport à la Mlouïa, au-dessus de Touggour. A son pied, la rivière arrose quelques villages qui composent le district de Tiouant. Ce sont les seuls lieux habités de son cours, qui tout le reste du temps est désert. Voici les noms de ces villages, dans l’ordre où on les rencontre en descendant l’ouad :

Bou Ḥennoun rive droite, 80 fusils.
Aït Ḥammou rive gauche, 150
Aït Ạïssa rive gauche, 80
Aït Baroukh rive gauche, 120
Aït ou Iaḥian (2 petits villages se faisant face, l’un sur la rive droite, l’autre sur la rive gauche) 150

Ces localités ne forment qu’un seul groupe ; leurs cultures se touchent sur les deux rives du cours d’eau. A elles cinq, elles composent tout le district de Tiouant.

Les gens du Tiouant sont toujours alliés aux Oulad el Ḥadj. Ils sont Chellaḥa et sédentaires. Leur langue est le tamaziṛt. Point de relations avec le sultan.

Ni marché, ni Juifs sur leur territoire.

L’Ouad Tiouant a toujours de l’eau dans son lit.

Distances : de la Mlouïa à Aït ou Iaḥian 1/2 jour de chemin.
de la Mlouïa à Aït ou Iaḥian comme d’Aït Ọtman à Kerrando.
d’Aït Ḥammou à Aït ou Iaḥian comme de Mellaḥ Ouṭat Oulad el Ḥadj à Kechchacha.
Aït Ḥammou et Bou Ḥennoun se font face.

OUAD MEDFA KEDDOU. — Il prend naissance dans le Ḍahra. Tout le cours en est désert. De sa source à son confluent avec la Mlouïa, il y a environ 2 jours de marche.

OUAD CHEGG EL ARD. — La source en est dans le Moyen Atlas. Avant d’arriver à Ouṭat Oulad el Ḥadj, il arrose plusieurs villages. En voici les noms, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

Oulad Bou Ṛilas (bien qu’isolé, ce village compte avec les Beni Ḥassan). rive droite,
Beni Ḥassan (4 villages ; 1 sur la rive gauche, 3 sur la rive droite) 600 fusils.
Oulad Ạli (4 villages) rive gauche, 200
Beni Ḥaïoun (2 villages) rive droite, 200
Oulad Sạïd rive gauche, 30

De là il descend à Ouṭat Oulad el Ḥadj.

Ces diverses localités sont espacées, à distance les unes des autres ; entre elles, le cours de la rivière est désert.

Des villages situés sur l’Ouad Chegg el Arḍ au-dessus d’Ouṭat Oulad el Ḥadj, quatre, Beni Ḥassan, Oulad Ạli, Beni Ḥaïoun, Oulad Sạïd, ont chacun leur organisation séparée et n’ont aucun lien entre eux. Oulad Bou Ṛilas est peuplée de gens de Beni Ḥassan et dépend de cette localité. Ces divers centres ont pour habitants des Chellaḥa sédentaires n’appartenant à aucune tribu. Ils sont la plupart du temps, mais non toujours, alliés aux Oulad el Ḥadj. Leur position géographique les met, pour certaines choses, dans la dépendance de cette tribu. Elle est la seule avec laquelle ils puissent faire le commerce : d’elle leur viennent et les huiles et les grains. Il y a bien, à travers la montagne, des chemins vers Fâs et vers Tâza ; mais ils sont très difficiles et on ne les prend pas. Cependant ces villages n’ont pas de debiḥa sur les Oulad el Ḥadj : ils ne sont vassaux d’aucune tribu. Au temps où les Oulad el Ḥadj étaient soumis au sultan, ils s’étaient rangés sous l’autorité de leur qaïd. Depuis que les Oulad el Ḥadj ont secoué le joug, eux aussi ont repris leur indépendance.

Ni marché, ni Juifs dans aucune de ces localités.

Langue tamaziṛt.

La rivière a en toute saison de l’eau jusqu’à Ouṭat Oulad el Ḥadj ; au printemps et au moment des pluies, les eaux atteignent la Mlouïa ; le reste de l’année, elles sont absorbées par les irrigations d’El Ouṭat.

Distances : d’Ouṭat Oulad el Ḥadj à Oulad Sạïd comme d’Aït Blal à Megdoul.
d’Oulad Sạïd à Beni Ḥaïoun comme de Mellaḥ El Ouṭat à Kechchacha.
de Beni Ḥaïoun à Oulad Ạli comme de Megdoul à Misour.
d’Oulad Ạli à Beni Ḥassan comme d’El Bridja à Misour.
de Beni Ḥassan à Oulad Bou Ṛilas comme de El Bridja à Misour.

OUAD BENI RIIS. — Il prend sa source dans le Djebel Debdou. Sur son cours se trouve le grand village de :

Oulad Ben el Ḥoul, sur les 2 rives de l’ouad ; 400 fusils.

Cette localité appartient aux Beni Ṛiis, fraction des Oulad el Ḥadj. Nous l’avons traversée en allant à Debdou. C’est le seul lieu habité qui soit sur la rivière ; le reste de son cours est désert.

AFFLUENT. — L’Ouad Beni Ṛiis reçoit un affluent, l’Ouad Oulad Ọtman, se jetant sur sa rive droite à 1 kilomètre environ au-dessous d’Oulad Ben el Ḥoul.

Ouad Oulad Otman. — Il prend sa source dans le Djebel Debdou. Sur ses bords se trouvent trois petits villages très rapprochés entre eux, portant le nom collectif de :

Oulad Ọtman rive droite, 200 fusils.

Pas d’autre lieu habité sur cette rivière. Le reste de son cours est désert. Oulad Ọtman, comme Oulad Ben el Ḥoul, appartient aux Beni Ṛiis. Les habitants de ces deux endroits composent toute la fraction. Les Beni Ṛiis sont soumis au sultan et dépendent du qaïd de Tâza.

Nous avons traversé Oulad Ọtman en allant à Debdou.

OUAD MELILLO. — Il prend sa source dans le Djebel Beni Ouaṛaïn et se jette dans la Mlouïa à Gersif.

OUAD MESSOUN. — Il prend sa source dans le Rif, du côté des Gezennaïa ; puis il traverse le Fḥama, plateau ondulé s’étendant entre les monts du Rif et ceux des Ṛiata ; ensuite il entre dans la plaine de Jell, où il reste jusqu’à son confluent avec la Mlouïa. Un seul établissement fixe sur ses bords : c’est Qaçba Messoun, située dans le Fḥama et appartenant aux Houara. Tout le reste de son cours est désert ou occupé passagèrement par des nomades. Les eaux de l’Ouad Messoun sont salées.

Distances : de Qaçba Messoun à Tâza comme de Lalla Maṛnia à Oudjda.
de Qaçba Messoun à Gersif comme de Taourirt (Ouad Za) à Qaçba el Ạïoun.

OUAD ZA. — Il prend sa source dans la partie du Ḍahra parcourue par les Aït Bou Ouchchaouen, auprès d’un groupe de puits appelé Tisreïn. Pendant plusieurs journées, son cours se poursuit dans le Ḍahra, c’est-à-dire sur un immense plateau désert.

Il y reste jusqu’à Tegafeït. De sa source à ce point, il n’a qu’un seul lieu habité sur ses bords,

Qaçba Ras el Ạïn Beni Matar. 100 fusils.

Sauf ce petit qçar, isolé dans la plaine solitaire, l’Ouad Za est désert jusqu’à Tegafeït. Là il change brusquement d’aspect. Le Ḍahra cesse ; la rivière entre dans une étroite vallée, resserrée entre le Djebel Beni Bou Zeggou à droite, le Djebel Oulad Ạmer et le Djebel Mergeshoum à gauche. Les bords, arides jusque-là, se couvrent de champs et de jardins, et resteront tels jusqu’au confluent de la rivière avec la Mlouïa ; de Tegafeït à ce point, l’Ouad Za n’est qu’un long verger : c’est cette riche partie de son cours qu’on appelle blad Za. Elle se divise en deux portions : la première, de Tegafeït à Qaçba Beni Qoulal ; l’Ouad Za reste en montagne, resserré entre les deux massifs que nous avons nommés ; la deuxième, de Beni Qoulal à la Mlouïa ; il coule en plaine, ruban vert se déroulant le long des sables de l’Angad.

Tant qu’il est en montagne, l’Ouad Za, bien que garni de superbes cultures, n’est pas très peuplé. Les tribus auxquelles appartiennent champs et jardins, tribus qui ne vivent que sous la tente, habitent le flanc de sa vallée et non le fond. Nous parlerons plus tard de ces tribus. Dans cette partie, le Za n’a que quelques tentes dispersées au milieu des cultures, et deux villages :

Tegafeït. 100 fusils.
Qaçba Beni Qoulal. 50

Mais aussitôt qu’il entre en plaine, il devient très habité. Les Kerarma, qui possèdent cette dernière partie de son cours, résident sur ses rives mêmes, leurs tentes disséminées au milieu des cultures. Ils n’ont point de maisons ; il n’existe que deux constructions dans cette portion du Za :

  • Dar Chikh Ech Chaoui.
  • Taourirt (appelée aussi Qaçba Moulei Ismạïl).

On voit donc que le cours de l’Ouad Za se divise en deux parties distinctes : l’une, de sa source à Tegafeït, aride, inculte, déserte ; l’autre, de Tegafeït à son confluent avec la Mlouïa, cultivée, garnie de jardins, aussi riche que la précédente était désolée, aussi verdoyante qu’elle était aride. Ces deux portions sont si différentes l’une de l’autre que les indigènes donnent à chacune un nom particulier. De Tisreïn à Ras el Ạïn Beni Matar, ils appellent la rivière Ouad Charef ; de Ras el Ạïn Beni Matar à la Mlouïa, ils la nomment Ouad Za. Ils n’étendent jamais la signification de ces deux termes et n’emploient pas l’un pour l’autre. Le point de Ras el Ạïn Beni Matar, qu’ils ont choisi comme marquant le lieu de changement dans la manière d’être de l’ouad, est remarquable à un double titre : c’est le premier lieu habité qui se trouve sur le cours de la rivière depuis sa source, et c’est à partir de là que l’Ouad Za a de l’eau d’une façon permanente ; au-dessus de ce point, il n’a que des ṛedirs qui se remplissent au moment des pluies ; au-dessous, il a de l’eau partout, en toutes saisons. De ce dernier fait vient le nom de Ras el Ạïn donné à la qaçba des Beni Matar.

Distances : de Tisreïn à Ras el Ạïn Beni Matar comme de Misour à Debdou.
de Tisreïn à Debdou comme de Taourirt, (Kerarma) à Lalla Maṛnia.
de Ras el Ạïn Beni Matar à Tegafeït comme de Dar Ech Chaoui à Qaçba el Ạïoun.
de Tegafeït à Qaçba Beni Qoulal comme de Qaçba el Ạïoun à Oudjda.
de Qaçba Beni Qoulal à Taourirt (Kerarma) comme la 1/2 distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.
de Taourirt (Kerarma) au confluent de l’Ouad Za et de la Mlouïa comme de Lalla Maṛnia à Oudjda.

POINTS HABITÉS DU COURS DU ZA. — Voici quelques détails sur ces localités, déjà énumérées, et au nombre de 5 seulement :

Ras el Aïn Beni Matar est une qaçba appartenant par moitié aux Beni Matar et aux Mhaïa. Elle est sur la rive de l’ouad, au milieu du désert, en plein Ḍahra. Il s’y trouve une source très abondante et ne tarissant jamais, dont les eaux forment l’Ouad Za.

Tegafeït est un village appartenant à un marabout qui l’habite, Ould Sidi Ḥamza.

Qaçba Beni Qoulal. Elle se compose d’une enceinte où les Beni Qoulal serrent leurs grains et d’un certain nombre d’habitations. Elle appartient aux Beni Qoulal.

Dar Chikh Ech Chaoui. C’est une maison unique, demeure de Chikh Ben Ech Chaoui, qaïd des Kerarma.

Taourirt. C’est une qaçba construite par Moulei Ismạïl ; elle est en partie ruinée et sert aux Kerarma à emmagasiner leurs grains. Nous avons vu Taourirt, ainsi que Dar Chikh Ech Chaoui, en allant de Debdou à Qaçba el Ạïoun.

TRIBUS DU COURS DE L’OUAD ZA. — De sa source à Ras el Ạïn Beni Matar, l’Ouad Za, coulant dans le Ḍahra, traverse les terres de parcours de toutes les tribus qui fréquentent ce désert, mais n’arrose en particulier aucune d’elles. Nous ne parlerons pas ici de ces tribus, dont il sera question plus bas en même temps que du Ḍahra. Les tribus possédant des terres sur les rives de l’Ouad Za sont les suivantes, dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière : Oulad Ạmer, Beni Chebel, Oulad el Mîdi, Beni Qoulal, Kerarma. Les quatre premières habitent dans le massif du Djebel Oulad Ạmer et du Djebel Mergeshoum ; la portion de l’Ouad Za comprise entre Tegafeït et Qaçba Beni Qoulal leur appartient. La dernière possède les rives du Za de Qaçba Beni Qoulal à la Mlouïa, et les habite. Toutes cinq, bien que sédentaires, vivent sous la tente. Pas de Juifs dans aucune d’elles. Deux marchés : Souq el Arbạa Beni Qoulal et Souq et Tenîn Kerarma. Ce dernier, qui se tient à Dar Ech Chaoui, est fort important.

Oulad Amer. — Tribu séparée, soumise au sultan, du ressort du qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le massif du Djebel Oulad Ạmer, situé à gauche de l’Ouad Za. Langue tamaziṛt. 1000 fusils. 50 chevaux.

Distance : de Debdou aux Oulad Ạmer comme d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

Beni Chebel. — Tribu séparée, soumise au sultan, sous l’autorité du qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le Djebel Mergeshoum situé à gauche de l’Ouad Za. Langue tamaziṛt. 70 fusils.

Oulad el Midi. — Tribu séparée, soumise au sultan, dépendant du qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le Djebel Mergeshoum. Langue tamaziṛt. 200 fusils.

Beni Qoulal. — Tribu séparée, soumise au sultan, du ressort du qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le Djebel Mergeshoum et les rives du Za, où elle possède Qaçba Beni Qoulal. Langue tamaziṛt. 150 fusils.

Kerarma. — Tribu séparée. Elle est soumise au sultan, qui lui a donné pour qaïd son propre chikh héréditaire, Ben Ech Chaoui, résidant à Dar Chikh Ech Chaoui. Elle habite les bords de l’Ouad Za entre le confluent de cette rivière avec la Mlouïa et Qaçba Beni Qoulal. Dar Chikh Ech Chaoui et Taourirt lui appartiennent. Langue arabe. 500 fusils.

AFFLUENT. — L’Ouad Za, au-dessus de Ras el Ạïn Beni Matar, dans la portion de son cours où on l’appelle Ouad Charef, reçoit l’Ouad el Ạououdj venant de l’est et se jetant sur sa rive droite. Cet affluent est une rivière sans eau, comme l’Ouad Charef.

OUAD EL QCEB. — Il prend sa source dans le Djebel Beni Iạla, perce la chaîne des Beni Bou Zeggou et des Zekkara, traverse le désert d’Angad, où il passe auprès de Qaçba el Ạïoun, et enfin se jette dans la Mlouïa. Cette rivière n’a d’eau que les années pluvieuses et pendant quelques jours.

Distances : de Qaçba el Ạïoun au Djebel Beni Iznâten comme de Lalla Maṛnia à Oudjda ou un peu moins.
de Qaçba el Ạïoun au Djebel Beni Iạla comme de Qaçba el Ạïoun à Oudjda.
de Qaçba el Ạïoun au Djebel Beni Bou Zeggou, 5 heures de marche.
de Qaçba el Ạïoun au Djebel Zekkara, 5 heures de marche.

Le Djebel Beni Iạla, où l’Ouad el Qceb prend sa source, est au sud des djebels Beni Bou Zeggou et Zekkara, à hauteur du milieu environ de la chaîne.

AFFLUENT. — L’Ouad el Qceb reçoit un affluent, l’Ouad Mesegmar, prenant sa source dans le Djebel Beni Bou Zeggou et se jetant sur sa rive gauche.

4o. — TRIBUS DE LA VALLÉE DE LA MLOUIA.

Les tribus qui occupent ou parcourent la vallée de la Mlouïa sont, en la descendant : les Beni Mgild, les Aït Ạïach, les Aït ou Afella, les Oulad Khaoua, les Aït Ioussi, les Aït Tseṛrouchen, les Oulad el Ḥadj, les Houara, les Ḥallaf et les Beni Oukil. Nous allons dire un mot de chacune d’elles.

BENI MGILD. — Puissante tribu limitée au nord par les Beni Mṭir, à l’est par les Aït Ioussi, à l’ouest par les Zaïan et les Akebab, au sud par trois fractions des Aït Iafelman, les Aït Iaḥia, les Aït Ạïach et les Aït Izdeg. Les Beni Mgild sont indépendants ; ils sont de race et de langue tamaziṛt.

AIT AIACH. — Ils sont Berâber et forment une des fractions des Aït Iafelman. Ils sont limités au nord par le Djebel El Ạïachi, à l’est par Aït Izdeg et les Aït ou Afella, à l’ouest par les Aït Iaḥia (autre fraction des Aït Iafelman) et les Beni Mgild, au sud par les Beni Mgild. Les Aït Ạïach sont partie sédentaires, partie nomades, ces derniers étant les plus nombreux. Ils ne possèdent que 4 qçars et des tentes.

Les 4 qçars sont ceux qui se trouvent sur l’Ouad Aït Ạïach ; la population en est de 300 fusils.

Les tentes sont dans la vallée de l’Ouad Aït Ạïach, sur l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg au-dessous du confluent des deux rivières, et parfois sur la Mlouïa au-dessous du confluent de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg.

Les Aït Ạïach forment 800 fusils et 40 chevaux.

Ils sont indépendants.

Langue tamaziṛt, comme tous les Berâber.

Ni marché, ni Juifs.

AIT OU AFELLA. — Les Aït ou Afella sont une subdivision des Aït Izdeg. Ils sont bornés au nord par la crête supérieure du Grand Atlas, au sud par la Mlouïa et le district de Qçâbi ech Cheurfa, à l’est par les Oulad Khaoua et les Aït Tseṛrouchen, à l’ouest par le district d’Ouṭat Aït Izdeg, les Aït Ạïach et les Beni Mgild.

Les Aït ou Afella sont sédentaires et n’habitent que des qçars ; leurs principaux qçars sont :

Dans la plaine entre le Grand Atlas et la Mlouïa : Zebzat, Bou Ạïach, Entrit.

Sur la Mlouïa : Aḥouli et Tamdafelt.

Sur l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg : Aït ou Afella.

Ces six qçars contiennent environ 460 fusils : les Aït ou Afella en forment 600. Point de chevaux.

Bien que fraction des Aït Izdeg, les Aït ou Afella ne comptent pas actuellement avec eux. Ils en sont séparés politiquement. Depuis l’installation d’un qaïd à Qçâbi ech Cheurfa, les Aït ou Afella sont soumis au sultan. Le reste des Aït Izdeg est resté indépendant. De là, séparation et hostilités.

Ni marché, ni Juifs.

OULAD KHAOUA. — Ils sont une fraction des Oulad el Ḥadj ; mais, comme les Aït ou Afella, et depuis plus longtemps qu’eux, ils sont séparés de leur tribu d’origine. Ils sont bornés au nord par la Mlouïa et les Oulad el Ḥadj, et à l’ouest par les Aït ou Afella ; au sud et à l’est, ils s’étendent jusqu’au pied du Grand Atlas et du Rekkam, où commencent les terres des Aït Tseṛrouchen : cette tribu, qui occupe ces deux massifs, les limite ainsi de deux côtés.

Les Oulad Khaoua sont partie sédentaires, partie nomades ; ceux-ci sont les plus nombreux.

Leurs qçars sont au nombre de quatre : deux sur la Mlouïa, Megdoul et El Bridja ; deux sur l’Ouad Ouizert, Tikoutamin et Ouizert. A eux quatre, ils contiennent 250 à 260 fusils.

Leurs tentes sont dispersées dans la plaine, au sud de la Mlouïa et près de l’Ouad Ouizert.

Ils forment 600 à 700 fusils. Ils ont environ 30 chevaux.

Appartenant aux Oulad el Ḥadj, les Oulad Khaoua sont de race et de langue arabe. Politiquement, ils sont, avons-nous dit, séparés de leur tribu. Cette séparation date de très loin. Il y a bien des années, les Oulad Khaoua, ayant eu des querelles avec les autres fractions des Oulad el Ḥadj, les abandonnèrent et s’allièrent aux Aït Izdeg ; leur union avec les Aït Izdeg dure toujours depuis cette époque ; aujourd’hui encore, bien que d’origine étrangère, ils comptent comme faisant partie de cette tribu. Lors de l’installation d’un qaïd à Qçâbi ech Cheurfa, ils ont fait leur soumission au sultan ; depuis ce temps, ils sont blad el makhzen ; le qaïd d’El Qçâbi les a, ainsi que les Aït ou Afella, dans son ressort. Le fait de leur soumission, contrairement à ce qui est arrivé pour les Aït ou Afella, ne les a point brouillés avec les Aït Izdeg. Ils leur sont toujours étroitement unis.

Ni marché, ni Juifs.

AIT IOUSSI. — C’est une grande tribu chleuḥa occupant toute la région qui s’étend entre Qçâbi ech Cheurfa et Sfrou. Elle est bornée au nord par Sfrou, au sud par la Mlouïa, à l’ouest par les Beni Mgild, à l’est par les Beni Ouaṛaïn, les Aït Tseṛrouchen et les Oulad el Ḥadj.

Les Aït Ioussi se divisent en trois fractions à peu près d’égale force :

Reṛraba (au sud de Sfrou).

Aït Ḥelli (au sud des Reṛraba).

Aït Mesạoud ou Ạli (au sud des Aït Ḥelli, entre la Mlouïa et le Djebel Oumm Djeniba).

Ils sont soumis au sultan et ont trois qaïds, un pour chaque fraction. Ils sont de race et de langue tamaziṛt. Partie sédentaires, partie nomades, ils ont des villages et des tentes.

Ni marché, ni Juifs sur leur territoire.

Les Aït Ioussi sont une tribu de montagne : ils possèdent à la vérité une grande plaine, la moitié de la vallée de la Mlouïa sur une longue étendue ; mais ils n’y descendent presque jamais : de loin en loin, on y voit apparaître quelques-uns de leurs douars ou de leurs troupeaux ; mais ils ne font que passer et bientôt regagnent les hauteurs. Tout le reste de leur territoire est montagneux ; les diverses chaînes qui le traversent sont nommées indifféremment Djebel Aït Ioussi. Les principales d’entre elles sont le Moyen Atlas et celle que nous appelons chaîne Oulmess-Ṛiata. On y remarque aussi le plateau montueux du Fezaz, qui sépare les Aït Ioussi des Beni Mgild.

Moyen Atlas. — Cette haute chaîne, dont nous avons vu au mois de mai presque toute la crête couverte de neige, commence au sud du Tâdla et se prolonge par les monts Debdou jusqu’aux Hauts Plateaux où elle expire. Dans sa portion comprise entre les Beni Mgild et la Mlouïa, on y remarque trois sommets principaux : à l’ouest, le Djebel Tsouqt, sur le territoire des Aït Ioussi ; à l’est, le Djebel Oulad Ạli (portant aussi les noms de Djebel Beni Ḥassan, de Djebel Tirnest et de Djebel Oulad el Ḥadj), occupé partie par de petits groupes isolés de Chellaḥa, partie par les Oulad el Ḥadj ; entre les deux, le Djebel Oumm Djeniba, dont le versant ouest est habité par les Aït Ioussi, le versant est par les Aït Tseṛrouchen. Entre le Djebel Tsouqt et le Djebel Oumm Djeniba, la chaîne est toute sur le territoire des Aït Ioussi ; du Djebel Oumm Djeniba au Djebel Oulad Ạli, le versant septentrional en appartient aux Beni Ouaṛaïn, le versant méridional aux Aït Tseṛrouchen.

Le chemin de Qçâbi ech Cheurfa à Fâs, par Sfrou, passe entre le Djebel Tsouqt et le Djebel Oumm Djeniba. Sur cette route se remarque la ḍaïa d’Ifraḥ, grand étang situé dans la montagne.

Chaîne Oulmess-Riata. — Commençant à l’ouest d’Oulmess, se continuant dans le Djebel Ṛiata et se prolongeant jusqu’en Algérie par les monts Beni Bou Zeggou et Zekkara, cette chaîne traverse le territoire des Aït Ioussi au nord de la précédente, à laquelle elle est à peu près parallèle. Entre les Aït Ioussi et la Mlouïa, elle appartient, le versant nord aux Ṛiata, le versant sud aux Beni Ouaṛraïn.

Fezaz. — C’est un plateau élevé, montueux, allant du Moyen Atlas à la chaîne Oulmess-Ṛiata ; sa direction est perpendiculaire à celle de ces deux chaînes entre lesquelles il est comme un trait d’union. Il forme limite entre les Aït Ioussi et les Beni Mgild.

AIT TSERROUCHEN. — Les Aït Tseṛrouchen sont une puissante tribu tamaziṛt composée de deux grandes fractions, l’une sédentaire, l’autre nomade. Les Aït Tseṛrouchen sont connus sous trois noms : on les appelle indifféremment Aït Tseṛrouchen, Mermoucha, et Oulad Moulei Ạli ben Ạmer ; ils se font donner ce dernier nom parce qu’ils prétendent descendre du cherif Moulei Ạli ben Ạmer qui serait leur souche commune[122].

Particularité rare, les deux fractions des Aït Tseṛrouchen vivent complètement isolées l’une de l’autre, sans aucune relation ensemble, leurs territoires séparés par d’autres tribus. L’une d’elles habite le versant sud du Moyen Atlas, la seconde le revers nord du Grand Atlas et le Ḍahra. Toute la vallée de la Mlouïa, avec ses vastes plaines et les tribus qui les occupent, les séparent. Ces deux fractions ne sont pas moins différentes de mœurs qu’isolées de territoires : la première est composée de montagnards sédentaires, la seconde de nomades. Nous allons les étudier l’une après l’autre.

Les Aït Tserrouchen du nord sont bornés : à l’ouest, par les Aït Ioussi ; au sud, par la plaine déserte, appartenant aux Aït Ioussi, qui forme la vallée de la Mlouïa de Qçâbi ech Cheurfa à Misour ; à l’est, par les groupes isolés de Chellaḥa qui, d’Almis à Feggouç, occupent les dernières pentes du Moyen Atlas, le long de la vallée de la Mlouïa ; au nord, par les Beni Ouaṛaïn : la ligne de faîte du Moyen Atlas forme frontière entre cette dernière tribu et les Aït Tseṛrouchen du nord. Ceux-ci sont donc entièrement cantonnés dans le massif montagneux que forme le versant sud du Moyen Atlas et que limite à l’est et au sud la vallée de la Mlouïa. Cette fraction est sédentaire et n’habite que des villages. Elle peut lever environ 2000 fusils. Point de Juifs sur ses terres.

Les Aït Tserrouchen du sud occupent le revers septentrional du Grand Atlas au nord des Oulad Khaoua, les deux versants de la chaîne à l’est de cette tribu, et une partie du Ḍahra. La plupart d’entre eux sont nomades ; cependant ils possèdent un certain nombre de qçars. Ces qçars sont : Azdad (5 qçars) et El Kaf, sur le revers nord du Grand Atlas, Taoura, non loin de Tanslemt, qui leur appartiennent en entier ; Zriouila, Ạïat, Tagenza, situés dans la même région, qu’ils habitent en commun avec d’autres tribus ; de plus ils résident dans la localité de Sạïda, dans le district de Qçâbi ech Cheurfa, et ont quelques individus dispersés dans les qçars de Beni Mesri.

Voici la décomposition des Aït Tseṛrouchen du sud :

Aït Sạïd (nomades, vivant habituellement entre Beni Tzit et Talsit). 200 fusils.
Aït Bou Ouchchaouen (ou Aït Bou Oussaouen) (nomades, vivant habituellement près d’Anoual, dans le Ḍahra). 1000
Aït Sạïd ou El Ḥasen (nomades, vivant dans le Ḍahra). 200
Aït Ḥeddou ou Bel Ḥasen (nomades, vivant dans le Ḍahra). 200
Aït Bou Mariem (mi-sédentaires, mi-nomades, possèdent Azdad et ont des tentes). 600
Aït Ạli Bou Mariem (mi-sédentaires, mi-nomades, quelques-uns d’entre eux sont dispersés dans les qçars de Beni Mesri. Les autres vivent sous la tente). 80
Aït Ben Ouedfel (mi-sédentaires, mi-nomades, possèdent le qçar de Taoura et des tentes). 120
Aït Ḥaseïn (nomades, vivant aux environs de l’Ouad Gir). 800
Aït Ḥammou Bel Ḥasen (nomades, vivant dans le Ḍahra). 60

Point de marché, ni de Juifs chez eux.

Tous les Aït Tseṛrouchen sont indépendants et sans relation avec le sultan. On a cru quelquefois que les Aït Tseṛrouchen étaient une fraction des Aït Iafelman ; c’est une erreur : les Aït Tseṛrouchen ne sont point des Berâber. Ils forment une tribu à part. Ils sont Chellaḥa. Leur langue est le tamaziṛt.

OULAD EL HADJ. — Puissante tribu arabe, moitié nomade, moitié sédentaire ; elle occupe les deux rives de la Mlouïa et la vaste plaine qui en forme la vallée depuis Misour jusqu’à Oulad Ḥamid. Plusieurs des qçars situés sur les premières pentes du Moyen Atlas lui appartiennent ; les autres sont ses alliés. Enfin elle possède le Rekkam et une partie du Djebel Debdou. Les Oulad el Ḥadj sont Arabes de race et de langue. Autrefois ils étaient, de nom plutôt que de fait, soumis au sultan et avaient un qaïd nommé par lui. Depuis 1882, ils ne reconnaissent plus ni sultan ni qaïd et sont indépendants.

Voici leur décomposition :

Ṭoual (nomades) 100 fantassins. 30 cavaliers.
Oulad Bou Qaïs (nomades, toujours unis aux Ṭoual) 100 fantassins. 40 cavaliers.
Oulad Sidi Aïssa (marabouts sédentaires, habitant Tiissaf) 300 fantassins.
Oulad Ḥamid (nomades et sédentaires ; ces derniers habitent Oulad Ḥamid sur la Mlouïa) 300 fantassins. 40 cavaliers.
Ahel Tirnest (sédentaires, habitant le groupe de qçars de ce nom) 600 fantassins.
Oulad Jerrar (nomades et sédentaires ; ces derniers habitent divers qçars de la Mlouïa) 800 fantassins. 60 cavaliers.
Oulad Daoud (nomades, ils campent dans le voisinage de Debdou) 200 fantassins. 30 cavaliers.
Beni Ṛiis (sédentaires, habitant des villages dans le Djebel Debdou) 600 fantassins.
Ahel Rechida (marabouts sédentaires, habitant Rechida et Beni Khelften). 350 fantassins.
Oulad Admer (marabouts sédentaires, habitant Admer) 100 fantassins.
Oulad El Bekri (nomades et sédentaires habitant à Ouṭat Oulad el Ḥadj) 120 fantassins. 30 cavaliers.
Oulad Ạbd el Kerim (sédentaires, habitant dans les qçars d’Oulad El Feḍil, Oulad Ạbd el Malek, El Angab, El Hamouziin, etc.) 90 fantassins.
El Ạrzan (sédentaires, habitant le groupe de qçars de ce nom) 250 fantassins. 50 cavaliers.
Oulad Mellouk (sédentaires, habitant les qçars de ce nom) 300 fantassins.
Beni Bou Ḥi (sédentaires, habitant Ouṭat Oulad el Ḥadj) 150 fantassins.
El Ḥarar (sédentaires, habitant le qçar de ce nom à Ouṭat Oulad el Ḥadj). 50 fantassins.
El Kechchacha (sédentaires, résidant dans la localité de ce nom à El Ouṭat). 30 fantassins.

enfin, et pour mémoire seulement :

Oulad Khaoua 650 fantassins. 30 cavaliers.

Cette dernière fraction des Oulad el Ḥadj s’est séparée de ses frères et n’a plus de commun avec eux que l’origine ; elle compte depuis longtemps avec les Aït Izdeg.

Trois autres fractions, les Beni Ṛiis, les Ahel Rechida et les Oulad Admer, sont en ce moment en dehors du concert des Oulad el Ḥadj. Pendant que ceux-ci sont insoumis, elles reconnaissent le sultan et obéissent au qaïd de Tâza.

Il n’y a qu’un mellaḥ chez les Oulad el Ḥadj, celui d’El Ouṭat.

Deux marchés, tous deux à Oulad Ḥamid, tlâta et djemạa.

HOUARA. — Tribu nomade se disant de race arabe. La langue en est l’arabe. La principale installation et les cultures les plus importantes en sont sur les deux rives de la Mlouïa, entre Refoula et le gros des Ḥallaf. Elle cultive aussi dans le Fḥama. Ce sont les seuls labourages qu’elle possède. Quant à ses troupeaux, elle les fait paître dans l’Angad, dans le Fḥama, dans le Jell et jusque dans le Ḍahra.

Les Houara ne vivent que sous la tente, mais ils ont trois qaçbas qui leur servent de magasins ; ce sont : Gersif (ou Agersif), sur la Mlouïa.

Qaçba Oulad Ḥammou ou Mousa, sur la Mlouïa.

Qaçba Messoun, sur l’Ouad Messoun.

Les Houara sont une forte tribu, ils peuvent lever 1500 fantassins et 500 chevaux. Ils se décomposent en 6 fractions :

Ạtamna, Oulad Sedira, Mezarcha, Zergan, Oulad Mesạoud, Oulad Ḥammou ou Mousa.

Les Houara sont soumis au sultan et ont quatre qaïds ; ceux-ci sont en ce moment :

Ạli El Ḥamar, gouvernant les Ạtamna.

Mḥammed bel Ḥadj El Korradi, gouvernant les Oulad Sedira et les Mezarcha.

Chikh Ṭîb El Ḥafi, gouvernant les Zergan et les Oulad Mesạoud.

Mḥammed ould Qaddour ben Djilali, gouvernant les Oulad Ḥammou ou Mousa.

Deux marchés, le khemîs et le ḥad de Gersif. Point de mellaḥ ; des Israélites de Debdou viennent, sans emmener leur famille, passer une partie de l’année dans la tribu pour trafiquer.

HALLAF. — Tribu nomade, de race et de langue arabe. Elle se divise en deux groupes : les Ahel Refoula et les Ḥallaf proprement dits. Les premiers ont une qaçba sur la Mlouïa, Refoula, et habitent à l’entour sous la tente. Ils forment environ 100 fusils.

Les seconds, qu’on désigne seuls lorsqu’on prononce le nom de Ḥallaf, occupent les deux rives de la Mlouïa entre les Houara et les Beni Oukil : là sont toutes leurs cultures et leurs tentes ; leurs troupeaux paissent dans les plaines voisines. Ils ne possèdent aucune construction. Cette tribu peut lever 400 fantassins et 100 chevaux. Elle se décompose en 6 fractions, savoir :

Oulad Reḥou, Medafra, Oulad Sidi Mḥammed bel Ḥoseïn (cherifs), Oulad Mahdi, El Arbạ, Oulad Selîman.

Les Ahel Refoula et les Ḥallaf proprement dits forment toute la tribu des Ḥallaf. Toutefois les Kerarma (tribu de l’Ouad Za) sont considérés comme frères des Ḥallaf et comme Ḥallaf d’origine ; en cas de guerre, ils leur sont toujours alliés.

Les Ḥallaf, ceux de Refoula comme les autres, sont soumis au sultan. Ils n’ont point de qaïd particulier. Tous dépendent du qaïd des Kerarma.

Point de marché. Quelques Juifs de Debdou viennent trafiquer dans la tribu, mais il n’y a point de mellaḥ.

BENI OUKIL. — Tribu de marabouts. Ils sont de mœurs sédentaires, bien que vivant sous la tente. Ils habitent trois points du cours de la Mlouïa entre les Ḥallaf et l’embouchure du fleuve. Leurs campements sont en des lieux invariables, au milieu de leurs cultures et de leurs jardins. Aucune construction. Ils forment environ 200 familles ; point de chevaux ni de fusils chez eux ; ils ne possèdent que des chapelets.

Ils se divisent en 3 fractions. On n’a pu me dire le nom de la première ; les 2 autres s’appellent :

El Khorb, Oulad El Bacha.

Les Beni Oukil reconnaissent le sultan, mais, en qualité de marabouts, n’ont point de qaïd et ne paient pas d’impôt.

Ni marché, ni Juifs chez eux.

5o. — PLAINES ENTRE LA MLOUIA ET FAS.

Une des choses remarquables de la géographie du Maroc oriental est la large trouée qui forme une voie naturelle entre l’Algérie et Fâs. De Lalla Maṛnia à cette capitale, le chemin est constamment en sol uni. C’est une succession de plaines que la Mlouïa coupe en deux parties. Nous allons donner quelques renseignements sur chacune d’elles, en commençant par la contrée comprise entre la Mlouïa et Fâs.

Chargement de la publicité...