Trois hommes: Pascal, Ibsen, Dostoïevski
ASCÉTISME DU CŒUR
L'ascétisme du cœur est le triomphe le plus rare de l'âme. C'est l'exercice de prédilection pour les âmes qui n'ont point de semblables. Il est la grande tentation des plus saintes, qui l'envient quand elles le connaissent, mais sans pouvoir y atteindre, car bien peu y réussissent. Les âmes froides ne peuvent seulement pas comprendre en quoi cet ascétisme consiste. Et il y faut d'abord, en effet, des passions brûlantes, un feu qui se replie sur soi-même, qui se cache et se dévore.
J'ai connu des hommes épris de pénitence et qui eussent voulu avoir deux corps à faire souffrir, pour travailler leur chair d'une double souffrance. J'en ai vu d'autres, tentés par le zèle de charité, qui eussent créé les malades en ce monde pour leur donner des soins, les coupables pour les sauver, et les lépreux pour les entretenir. Mais ce n'est encore qu'une charité sans passion. Pour sainte qu'elle soit, elle a toute sorte de limites; elle est même basse, parfois; car enfin il y a des degrés dans la sainteté même. Chacun est saint à sa manière, quand il l'est; ou plutôt, chacun qui peut l'être, ne le peut que d'une manière seulement, qui est la sienne. On ne doit rien demander à personne que d'aller sur sa voie, jusqu'au bout; et si c'est à deux pas, c'est qu'on n'a point de quoi fournir une marche plus longue. Il est admirable que toute égalité est vaine, si ce n'est devant la pensée unique qui nivelle tout, en réglant tout à son néant.
La plus belle route à la perfection et la plus difficile, où presque personne ne va, est celle que le cœur ouvre, dans l'ascétisme, à la passion. Et rien n'est si peu connu, car rien n'est si rare. La passion, rare en tout, l'est bien davantage quand elle se persécute pour décupler ses forces, et, quand elle les exerce uniquement afin d'en mettre la puissance doublée au service d'une amour parfaite. Ce feu de passion, elle l'alimente donc pour entretenir la flamme d'une lampe hors de toute vue, pour le plus grand nombre des hommes, et où tout l'égoïsme, incessamment renouvelé en sa source, ne brûle que de se consumer. Une fin presque divine est celle-ci: persévérer en soi-même au delà de toute mesure, pour soi-même s'immoler.
Les saints, en vérité, doivent en être tentés; et s'ils ne sont pas séduits, c'est que la prudence les retient au bord de cet abîme où l'orgueil séjourne. Puis, ils n'ont pas en eux assez de cette force surprenante, pour en avoir assez l'intelligence. Elle les attire par son mystère, et leur fait peur, comme la séduction. Pascal est l'homme de cette fin presque divine. Il ne veut pas qu'on le range parmi les saints. Sa grandeur, pleine d'une humilité superbe, s'en confesse très indigne. Oh, que je le vois viser plus haut! Et par ce qu'il voit, lui-même, au fond de son cœur, comme nul autre homme n'y a vu, ce grand chrétien s'emplit d'amertume; et, il tremble.
L'ascétisme du cœur est l'exercice de l'homme qui dirige sa passion au terme de l'infini, et à ce terme seulement. De l'infini, il fait son objet unique, où toute cette passion s'applique, en tout moment. Là, un comble de passion sans cesse se dépassionne de tout et de soi, passionné d'une beauté unique, et d'une seule vérité, l'une ou l'autre étant la perfection.
Les cœurs froids n'ont pas de peine à se déprendre. Beaucoup de saints n'ont rien pu faire de mieux que d'être saints, sans doute; mais plus d'un, peut-être, n'eût pas pu faire autrement. La charité peut être le pis aller d'une âme sèche et lente, à qui la raison persuade le beau parti de s'émouvoir. L'imitation de Dieu, ou un zèle décidé pour le devoir, ouvrent une vie inespérée à des hommes, honnêtes par nature, mais d'une vertu sans horizon jusque-là, et pour ainsi dire sans espoir. Parfois ils sont tels qu'ils font tort de leur vertu à la vertu même. Plus d'un sectaire froid ignore que la raison qu'il a est moins féconde que les torts qu'elle n'a point et qu'elle combat. Il y a, dans la vertu qui court le monde, beaucoup de paille, et l'apparence seulement de l'épi; faute de cœur, l'épi est vide; la moisson paraît belle, et sur l'aire on recueille à peine un peu de grain. Que de gens doux sans douceur, que de mollesse ou de froideur qui paraît bonne? Le plus souvent, la bonté n'est faite que du mal absent, comme la paix entre les hommes résulte, non de l'horreur qu'ils ont de la guerre, mais de leur lâcheté à la faire.
L'ascétisme du cœur est donc une lutte et une victoire continuelle. La force la plus grande s'y exerce à vaincre sans cesse, pour triompher sans cesse d'elle-même. Voilà comme est Pascal. Son image seule conte ce combat perpétuel en traits inoubliables. L'extrême tristesse de ce visage sans maigreur, la profonde attention de ce regard penché ne parlent pas d'une âme naturellement sainte. Toute la puissance de cette âme est cachée. Le front de l'homme fuit ce que ce regard rêve en lui-même, tant il l'a pris à soi; et tout ce que cette bouche, si avide à la fois et si dédaigneuse, s'avance pour goûter, le menton en dément l'appétit, et le ravale.
Il n'y eut point, je le sais, d'homme plus passionné que celui-là. A cause de sa passion, il est malade. A cause d'elle, il aime, il appelle, il attend Jésus-Christ comme personne ne le pouvait faire; non pas seulement en fidèle; non pas seulement en fils prosterné qui espère, ou qui craint, ou qui court au-devant de son père; mais, en propre participant des plaies. Il les ressent aussitôt que pensées. Les extases des plus grands saints ne sont pas plus humbles que les siennes, et il en est de plus amoureuses. Mais leur humilité tient plus de la faiblesse que celle de Pascal qu'il tire de sa force. Leur amour est de créature; et l'amour de Pascal est, en quelque sorte, de compagnon et de héros souffrant au côté de son maître. Familiarité sublime que celle-là, dans l'agonie, dans le sang, dans les angoisses humaines où la mort d'un Dieu est toute trempée. Familiarité dans ce qu'il y a de plus auguste et de plus fort, où la passion s'est faite si grave qu'elle tombe, de tout le poids infini dont elle s'est chargée, sur le cœur de la mort, et d'une mort divine. Dans une telle âme, une telle douleur est seule éternellement présente, en son mystère. Et enfin, elle est seule enviable.
Il ne faut pas moins pour tirer de soi un homme si fort au-dessus des autres hommes. Voilà les délices où toutes les autres ensemble ne se comparent point, car peut-être elles s'y anéantissent.
C'est à les goûter seules que Pascal se destine. Il dirige tout le feu de son cœur sur ce foyer. Il est brûlant, même quand il paraît de glace. On ne l'a point connu ni approché, sans l'aimer ou le haïr. Tiède en rien, il n'a pas trouvé de tièdes. Son père a pleuré de joie, dès l'origine, à la vue du fils qu'il s'était donné. Pascal a mis toutes les femmes de sa famille en sainteté. Il effraye M. de Sacy, et ne fait point peur à sa servante; mais, au contraire, superbe malgré tout, et superbe caché, ce qui le fait deux fois l'être, il est simple avec elle; il peut être humble avec cette bonne femme, sans penser à son humilité, idée qui la ruine. C'est pourquoi Pascal vit seul, et se retire dans une chambre, avec un mendiant et de pauvres gens. Il ne veut pas même d'une cellule dans un cloître, ou dans un logis de famille. Il sait bien qu'il ne peut toucher à la vie, sans l'embrasser d'une étreinte puissante; et qu'enfin vivre, pour un homme de sa sorte, c'est toujours dominer. Il prévient sa sœur et son père du danger de l'aimer trop; et plus il use de termes froids, plus je le sens qui se défend du trop d'amour lui-même. Ou même est-il trop grand pour s'en défendre: il prend le flot de cette passion, il le précipite et l'accroît; mais il le détourne sur ce qui n'est plus rien de propre au moi. Il parle contre les attachements du monde, non pas en homme qui se dépouille, mais en avare secret, qui thésaurise un trésor incalculable, d'une espèce inconnue. L'ascète, qui ne l'est que selon la chair, a beau tomber de fatigue et de peine: il a l'expression de la joie; il est tranquille, comme tout ce qui se dépassionne; et s'il chante les louanges de sa victoire, les paroles sont en vain les plus chaudes: elles sortent d'une bouche froide. Il est bien nécessaire qu'il en soit ainsi: un corps sanctifié se mortifie assez pour faire un lit commode à une âme sainte. Mais Pascal prononce des sentences glacées avec une langue et des lèvres brûlantes.
Le fiévreux Pascal livre sa vie froide à ce monde, qu'il ne veut pas aimer; il réserve les tisons de son âme à l'amour unique et caché qui est tant digne d'être aimé et où la parfaite douleur elle-même est aimable. Tel est l'ascétisme du cœur: il ne ruine point ses passions par esprit de charité. Il n'est que passion pour cette charité. Il est si fort qu'il réclame tout l'homme, sans en retrancher rien, afin de se consacrer, dans toute sa force, à ce qui la mérite toute, et accrue plutôt que diminuée.
L'état de lutte ne saurait aller plus loin. Pascal s'y assied, d'une volonté maîtresse, comme le confesseur de la foi au lieu de son supplice. Pascal n'élude rien. Il ne le daigne pas. Voilà à quoi sert d'être bon géomètre jusque dans la sainteté. Il préfère outrer la rigueur du combat. La difficulté infinie est la séduction suprême pour le cœur d'une force infinie. La passion de Pascal fait la guerre à sa passion, comme au seul ennemi digne d'elle, et elle lui en fournit des armes. Pascal vit dans la fièvre, le tremblement, et les délices tristes de ce cœur qu'il nourrit et qu'il dévore.
Pascal, malade dans sa chambre, est un des plus grands spectacles qu'il y ait de l'homme. Il fait mettre à ses côtés un mendiant, malade comme lui. En d'autres temps, un pauvre; et, d'abord j'en suis sûr, un homme, quel qu'il soit, c'est toujours un malade. Celui qui souffre dans son corps ne l'est que deux fois. Mais la maladie originelle, et mortelle dès l'origine, qui la guérit?—C'est la vie.
A l'époque où il n'avait pas rompu avec le monde, l'ami de Pascal devait être son malade. J'imagine que c'était Miton, et surtout parce que Miton devait voir en Pascal son malade. Pascal n'a jamais quitté Miton: il l'avait pris en lui; il n'en était pas troublé, comme on veut dire: Miton est athée et ne doute pas; c'est une assez bonne tête. Mais meilleure elle est, mieux Pascal en fait sa cible. Elle est fière de sa raison: il faut qu'elle le soit: sans quoi, quel profit à l'abattre?
Ce puissant Pascal va-t-il humilier une pensée affaiblie? Vous n'en jugez que par vous et vos commodités. Pascal accroît son ennemi, pour l'accabler. Il attend d'avoir si mal aux dents qu'il trouve la cycloïde; et, du reste, il en propose le problème à toute l'Europe, dans le dessein qu'on ne peut nier, d'humilier tout le monde. Outre qu'il est jésuite, le Père Lalouère apprend ce qu'il en coûte de vouloir se dérober à cette humiliation. Mais où l'on ne voit que l'orgueil, ou même la mauvaise foi de Pascal, je reconnais son humilité superbe. Pas plus qu'au doute, il ne laisse point de place en lui à la contradiction. Il ne méprise point la géométrie en lui-même, mais dans les géomètres: car ils ne sont que géomètres. Et de petite géométrie. Jusqu'à la fin de sa vie, il veut au contraire porter l'esprit géométrique au comble de sa force. Il doit à un effort incroyable de la géométrie pure les fondements mêmes du calcul de l'infini. Il ne méprise donc point la géométrie: il l'abaisse. Que sert d'abaisser ce qui n'est pas très haut?—Il honore toujours Fermat; et s'il en veut à Descartes, c'est en partie que la mathématique de Descartes n'exerce pas assez l'esprit. La grandeur de l'esprit lui est chère: mais il la mesure.
La solitude est le lieu de l'orgueil et de l'humilité. Elle y est également propre. La grande âme humilie son orgueil en secret: c'est une armure qu'on porte dans le monde et dont on se délivre. Mais on met de l'orgueil même à dépouiller l'orgueil. C'est pourquoi les quatre murs d'une chambre où l'on est seul sont l'espace qu'il faut à cette discipline. On ne s'arrête pas à la première peau; et nulle pudeur n'empêche de tout ôter. Et enfin l'on est plutôt un grand saint que bon connaisseur de soi-même. Les enfants et les simples pourraient dire qu'ils ne craignent pas la bonté, ni celle d'autrui, ni la leur. Mais Pascal se dira toujours: «Je crains ma bonté même, parce que je la connais.»
La vue de cette chambre, où Pascal est retiré, émeut le fond de mon âme. Pascal fait son lit, et se sert lui-même: cette idée me plaît, qu'en ce que les autres pourraient faire pour lui, il les supplée, lui que nul homme au monde n'eût alors suppléé en ce qu'il a fait. C'est où l'on connaît la vraie grandeur. Mais il est bien plus grand par l'amour où sa passion se consacre, que par où il force son cœur à s'oublier.
Il me semble qu'il s'estime avec douleur et se désaime, à mesure qu'il aime les hommes et les mésestime. La charité, où il exerce son cœur, est une recherche passionnée de l'amour unique. Il est donc vrai, et l'on éprouve à toute heure, quand la première en est venue, ce sentiment si hardi et si triste que l'amour passionné de Dieu implique un amour des hommes, qui puisse aller même à l'entier sacrifice,—mais dédaigneux de soi et plus encore d'eux.
Pascal entretient un commerce familier avec le sépulcre. Voilà encore à quoi la solitude d'une chambre est bonne. Cette intimité avec la fièvre de la mort n'a point du tout la froideur d'une pratique dévote; à plus forte raison ne l'a-t-elle pas des vues inanimées où les esprits sans vie se plaisent, et beaucoup de philosophes. L'entretien de Pascal avec la mort n'est pas une conversation vaine; car le sépulcre, où Pascal prête sans cesse l'oreille, n'est pas vide. Pascal, au contraire, y voit couché tout l'univers, qui y tient, et quand il parle, il attend la réponse d'une voix éternelle.
Aussi Pascal peut tout dédaigner; et, s'il le faut, se soumettre à tout. Car où est le tyran, la chaîne, le supplice même, y parût-il soumis, où son âme en vérité n'échappe?
Pascal ne sort plus guère de sa chambre que pour se rendre à Port-Royal, ou à l'église. Et, quand il est dans la rue, il vit de même entre les quatre murs de la solitude, comme au moment où on l'y trouve assis.
C'est ce Pascal de la solitude, que je vois parler, un soir d'hiver, à une fille de la campagne, l'ayant trouvée sur la place, errante, jeune et belle, seule, en haillons, presque perdue comme un enfant. Il ne peut la voir, sans penser avec une ardeur égale à sa perte, où elle a déjà le pied, et au salut où il veut la conduire. La séduction de l'innocence est sans pareille pour les esprits qui en connaissent l'espèce fragile. Il la prend avec lui; il la met entre les mains d'un prêtre, il veille à sa nourriture et à son vêtement; enfin il est sûr de l'avoir ôtée à l'abîme de la chair, où elle devait tomber. Tant qu'il vit, cette action reste cachée. Mais quand il est mort, on la publie; et elle n'en reste pas moins voilée aux yeux de ses amis, et de sa sœur qui l'admirent. Ils ne la voient en lui, que comme elle eût été en un autre: et pourtant, quelque saint homme eût été celui-là, il ne pouvait pas être Pascal, ni sage à sa manière. Ce n'est ni par piété froide, et détachée de la créature, quand elle s'attache même le plus à son objet, que Pascal agit, ce soir-là. Ce n'est pas, non plus, par charité pour cette fille: perdue, elle eût peut-être goûté des plaisirs, qui la fuirent sauvée; elle les eût peut-être préférés à ce qu'ils coûtent; et enfin, si elle avait eu le choix entre les deux bonheurs, celui de la perte l'eût faite plus heureuse, de son propre aveu sans doute. Car ce monde est plein d'ombres, qui ne souhaitent qu'un peu de vent, pourvu qu'il souffle vers les bords où elles veulent être poussées. Le sage ecclésiastique, qui vante la vertu de Pascal à ce propos, n'en juge pas comme Pascal eût fait lui-même. L'homme qui a mesuré à une ligne près le nez d'où dépend l'empire du monde, ne s'abuse pas sur le prix d'une petite fille. S'il la sauve, c'est beaucoup moins pour elle, que pour l'amour passionné de Dieu, où l'ascétisme du cœur l'incline. Cet amour ne va pas sans la haine de la nature. Pascal, qui prend cette fille par la main, ne s'inquiète guère d'une once de sa chair, en plus ou en moins. Mais il brûle de zèle pour une autre cause, qui en vaut la peine, celle-là: ce qu'il en fait, c'est pour vaincre et ployer la nature. Son délice est de la contrarier. Il veut qu'elle ait le dessous; et cette bête terrible, ce monstre tout en appétit, insatiable, il faut l'affamer, si l'on rêve de le réduire; voilà une lutte digne d'un homme. Voilà un ennemi pour Pascal.
On dit de beaucoup d'hommes qu'ils valent mieux que ce qu'ils font. Et c'est le contraire qu'il faut dire, et qui est vrai. Car cette opinion les vante, comme toute la force de leurs mensonges. Presque tous les hommes valent encore moins que le peu qu'ils font; et la preuve en est bonne, de la grande peine qu'ils ont à le faire. Pascal est du petit nombre en qui l'homme passe infiniment les actions. Le livre de Pascal est le plus beau qu'il y ait en France. Il ne contient rien, pourtant, qui vaille la vie que la sœur de Pascal a écrite de lui, en quelques pages.
Cette femme, d'un esprit si solide, d'une vertu si ferme et si drue, ne put pourtant pas assez connaître son frère: mais il suffit qu'elle en ait eu le modèle sous les yeux, et qu'elle en retînt des traits, pour donner l'idée de cette grandeur incomparable: un homme que la nature a créé pour son triomphe, et qui ne vit que pour triompher de la nature.
Enfin, ce Dieu qu'il faut conquérir, Pascal touche à sa conquête. Enfin Pascal est sur le lit de mort. Enfin, le voici comme un enfant: c'est qu'il meurt. Le temps en est venu: le plus haut effort de cet esprit l'a porté là, qu'il a le bonheur de l'innocence parfaite: qui est, pour l'homme, de n'être point.
Et pourtant, cette âme puissante, qui se croit toute à Dieu, est encore combattue. On dirait qu'elle ne veut pas de sa victoire. Elle livre un combat terrible à la chair. Tout un jour s'écoule dans l'agonie. A la fin, elle reçoit le prix. Avide comme elle est de toute fixité, sa grandeur se fixe: elle n'est plus.
Mai 1899.