Voyage du marchand arabe Sulaymân en Inde et en Chine rédigé en 851: Suivi de remarques par Abû Zayd Hasan (vers 916), traduit de l'arabe avec introduction, glossaire et index par Gabriel Ferrand
QUELQUES INFORMATIONS SUR L'INDE
Dans le royaume du Ballahrâ et dans d'autres royaumes de l'Inde, il y a des gens qui se brûlent volontairement sur un bûcher. Cette coutume provient de leur croyance à la métempsycose; cette croyance s'est implantée dans leur esprit de façon telle qu'elle ne laisse pas de prise au doute.
Lorsqu'ils montent sur le trône, certains rois de l'Inde (p. 116) font cuire du riz qu'on leur présente ensuite sur des feuilles de bananier. Le roi réunit [à cette occasion,] trois ou quatre cents amis [qui s'attachent à lui] de propos délibéré, librement, sans y être aucunement forcés. Après avoir mangé du riz lui-même, le roi en donne à ses amis, et chacun d'eux, à tour de rôle, s'approche, prend un peu de riz et le mange. Lorsque le roi meurt ou est tué, tous ceux qui ont mangé du riz [avec lui dans cette sorte de communion rituelle qui les a liés intimement], doivent se brûler volontairement sur un bûcher, jusqu'au dernier, le jour même où le roi a cessé de vivre. [Le roi mort, ses amis doivent disparaître] sans retard. [Cette obligation est tellement impérative] qu'il ne doit rien rester de ces amis, ni corps, ni trace d'eux-mêmes.
Lorsque quelqu'un a pris la résolution de se brûler volontairement sur un bûcher, il se rend chez le roi et lui demande l'autorisation [de procéder à sa propre crémation].
[Après avoir obtenu l'autorisation demandée], il circule dans les marchés. Pendant qu'il circule ainsi, [on allume] un bûcher (p. 117) avec beaucoup de bois que des gens sont occupés à faire brûler jusqu'à ce que feu et flammes soient devenus rouge foncé comme la cornaline. Alors, la victime volontaire se met à courir dans les marchés, précédée de cymbaliers et entourée de sa famille et de ses proches. L'un d'eux lui pose sur la tête une couronne de plantes odoriférantes qu'on a remplie de charbons ardents; on y verse de la sandaraque, qui, au contact du feu, [brûle] comme du naphte. La victime marche, et sa tête se met à brûler; l'odeur de chair de sa tête [qui brûle] se fait sentir; mais sa façon de marcher n'en est en rien changée et il ne manifeste aucune émotion. Il en est ainsi jusqu'à ce qu'il arrive au bûcher dans lequel il saute d'un bond et où il se transforme en cendres.
Quelqu'un qui fut témoin du fait, raconte qu'un Indien qui allait se brûler, lorsqu'il fut sur le point de se jeter dans le bûcher, prit un poignard, le plaça en haut de sa poitrine et se fendit le corps jusqu'au-dessous du bas-ventre, de sa propre main. Puis, introduisant sa main (p. 118) gauche [dans le ventre] et prenant son foie, il en arracha autant qu'il put; [pendant qu'il faisait cela], il parlait. Avec son poignard, il coupa un morceau de son foie qu'il donna à son frère [montrant ainsi] combien il méprisait la mort et supportait patiemment la souffrance. Puis il se jeta volontairement dans le feu, [s'élançant] vers la malédiction d'Allah (c'est-à-dire dans l'enfer).
Celui qui a rapporté cette histoire prétend qu'il existe dans les montagnes de ce pays, des Indiens dont les coutumes sont identiques à celles des Kanîfiyya et des Jalîdiyya arabes; les uns et les autres ont le même goût pour les choses vaines et insensées. Ces montagnards de l'Inde et les gens de la côte ont un point d'honneur de clan [qui les fait se lancer des défis les uns aux autres] et qui se manifeste ainsi: à chaque instant, un homme de la côte se rend dans la montagne et lance un défi [aux montagnards à l'effet de savoir lequel d'entre eux] supportera le mieux les mutilations volontaires. Les montagnards vont également défier les gens de la côte.
Une fois, un montagnard se rendit chez les gens de la côte pour un défi de ce genre. Ces derniers se rassemblèrent autour de lui (p. 119), les uns en simples spectateurs, les autres pour accepter [éventuellement] le défi. Le montagnard défia ces derniers de faire tout ce qu'il ferait lui-même; s'il leur était impossible de l'imiter, ils se reconnaîtraient vaincus. Il s'assit ensuite sur le bord d'un endroit où poussaient des roseaux et leur ordonna d'arracher l'un d'eux.
Ces roseaux sont aussi flexibles que les nôtres; leur tige ressemble à celle du dann, mais elle est un peu plus forte. Lorsqu'on pose à terre ces roseaux de l'Inde, sur le haut de la tige, ils plient jusqu'à [former un demi-cercle], leur sommet venant près de la terre; mais dès qu'on les lâche, ils reprennent leur première position verticale. Le montagnard [pria quelqu'un] de faire plier un gros roseau en le prenant par le sommet, jusqu'à ce qu'il fût près de sa propre tête; puis il y attacha solidement les nattes de sa chevelure, en serrant fortement. Il prit ensuite son poignard qui [tue] avec la même rapidité que le feu, et dit aux gens de la côte: «Je vais me trancher la tête avec ce poignard; lorsqu'elle sera séparée du tronc, lâchez immédiatement le roseau. Je rirai bien quand celui-ci reprendra sa position verticale avec ma tête au bout et vous entendrez un léger rire.» (p. 120.) Les gens de la côte ne se sentirent pas capables d'en faire autant.
Ce fait nous a été rapporté par une personne qui ne peut pas être soupçonnée [d'inexactitude]; il est du reste actuellement bien connu, d'autant plus que la ville de l'Inde qui en a été le théâtre est voisine du pays des Arabes et que des nouvelles de cette région [parviennent] continuellement, à chaque instant, en pays arabe.
Voici un autre trait de mœurs de l'Inde. Lorsque quelqu'un, homme ou femme, prend de l'âge et est atteint de débilité sensorielle, la personne arrivée à cet état de décrépitude prie un des membres de sa famille de la jeter dans le feu ou de la noyer dans l'eau. [Ils agissent ainsi parce que] ils croient fermement qu'ils renaîtront. Dans l'Inde, on a coutume de brûler les morts.
Dans l'île de Sirandîb (Ceylan), on trouve une montagne de pierres précieuses; [sur ses côtes,] des pêcheries (litt. des plongeries) de perles et d'autres choses encore. Autrefois, [il arrivait qu'on vît] un Indien se rendre au marché armé d'un kris—c'est une sorte de poignard particulier au pays—admirablement trempé (p. 121) et aiguisé. Cet homme mettait la main sur le marchand le plus riche qu'il pouvait trouver, le prenait au collet, dégainait son poignard, l'en menaçait, et faisait sortir le marchand de la ville, en présence de tout le monde, sans qu'il fût possible à qui que ce soit d'empêcher cet enlèvement. Si on avait voulu s'y opposer, le marchand aurait été tué par le bandit qui se serait tué ensuite. Lorsque celui-ci avait fait sortir le marchand de la ville, il réclamait à ce dernier le payement d'une rançon; quelqu'un suivait le marchand tout prêt à racheter sa liberté en payant une grosse somme d'argent comme rançon. Ces attentats se reproduisaient depuis un certain temps [sans être réprimés], lorsqu'un nouveau roi donna l'ordre d'arrêter, coûte que coûte, tout Indien qui enlèverait un marchand dans le but de le rançonner, et il fut fait ainsi. [Sur le point d'être arrêté,] le bandit indien tua le marchand et se tua ensuite; dans plusieurs autres circonstances, le dénouement fut le même, et des [bandits] indiens et des [marchands] arabes perdirent ainsi la vie; mais ces attentats prirent fin et les marchands retrouvèrent la sécurité pour (p. 122) leurs personnes.
Les pierres précieuses rouges (rubis), vertes (émeraudes), et jaunes (topazes) sont extraites de la montagne de Sirandîb—Sirandîb est une île. La plus grande partie de ces pierres apparaît au moment du flot; l'eau [de la mer] les fait rouler hors des grottes, cavernes, lits de cours d'eau où les pluies (ou les torrents) les ont apportées. Ils ont des inspecteurs chargés de surveiller ces mines au nom du roi. Parfois, on creuse également un puits dans la terre, comme on fait dans les mines, et on en extrait des pierres précieuses auxquelles adhère une gangue qu'il faut enlever.
Dans le royaume de Sirandîb (Ceylan), on pratique une loi religieuse; il y a des maîtres qui se réunissent en conseil, comme se réunissent, en pays arabe, ceux qui enseignent les traditions du Prophète. Les Indiens viennent de tous côtés auprès de ces maîtres et écrivent, sous leur dictée, la vie de leurs prophètes et les préceptes de leurs lois religieuses.
Il y a, à Sirandîb, une grande idole en or pur, à laquelle les marins attribuent un poids extraordinaire. Il y a également des temples pour [la construction] desquels on a dépensé des sommes considérables.
Cette île renferme des juifs (p. 123) en grand nombre et des sectateurs d'autres religions. Il s'y trouve également des manichéens. Le roi permet à chaque secte de pratiquer sa propre religion.
En face de cette île, il y a d'immenses ghubb—ghubb désigne un grand estuaire qui se développe à perte de vue en longueur et en largeur et qui débouche dans la mer. Les marins mettent deux mois et même davantage, pour doubler ce ghubb qui est appelé ghubb de Sirandîb; la route suivie passe au milieu de marais où poussent des arbres et de prés couverts d'eau; c'est un pays tempéré. C'est à l'entrée [orientale] de ce ghubb que se trouve la mer appelée mer de Harkand (golfe du Bengale). Cette région [située dans le golfe de Manaar et le détroit de Palk,] est agréable et saine; une brebis y coûte un demi dirham (environ cinquante centimes). On y a pour le même prix et en quantité suffisante pour une troupe d'hommes, une boisson cuite composée de miel d'abeille, de grains de dâdî frais [c'est une graine non identifiée qui ressemble à l'orge, est plus longue et plus mince, d'une couleur noirâtre et d'une saveur amère], et d'autres ingrédients.
Les principales occupations des habitants [de Ceylan] sont de parier sur [les combats de] coqs (p. 124) et de jouer au nard, une sorte de jeu de trictrac. Les coqs de ce pays sont grands et ont de forts ergots. On attache aux ergots de petits poignards affilés; puis, on lance [les coqs l'un contre l'autre]. Les joueurs parient de l'or, de l'argent, des terres, des plantations et d'autres choses encore. Un coq qui est vainqueur [dans les combats], parvient [à valoir ou à gagner] une somme énorme d'or. Il en est de même du nard auquel on joue continuellement des sommes très élevées. [L'engouement pour ce jeu] est tel que les faibles d'esprit, ceux qui n'ont pas d'argent, mais qui veulent faire montre de gloriole et de magnificence, jouent parfois les doigts de leurs mains. Pendant qu'ils jouent [au trictrac], on met à côté d'eux un vase contenant de l'huile de noix [de coco] ou de sésame—il n'y a pas d'huile d'olive dans ce pays—qui est mis sur le feu pour que l'huile soit chaude. Entre les deux joueurs, se trouve une petite hache bien aiguisée. Lorsque l'un des deux joueurs a battu (p. 125) l'autre, il prend la main du perdant, la pose sur une pierre et lui donne un coup de hache qui ampute la main d'un doigt; l'amputé trempe sa main dans l'huile qui est alors très chaude et cautérise la plaie. Mais cette amputation n'empêche pas le perdant de continuer le jeu, et parfois, quand les deux joueurs se séparent, ils ont perdu tous leurs doigts. Il y a même des joueurs qui prennent une mèche, la trempent dans l'huile; puis, la posent sur une des parties du corps et l'allument. La mèche brûle et on sent l'odeur de la chair [grillée]. [Pendant ce temps,] l'homme dont la chair grille, joue au nard et ne manifeste aucune émotion.
Il règne en cet endroit une dépravation sans frein, aussi bien parmi les femmes que parmi les hommes. C'est au point que, parfois, un marchand étranger demande [ses faveurs] à une des femmes du pays [et même] à la fille du roi. Celle-ci [consent et] va retrouver le marchand dans un endroit boisé, au su de son père. Les hommes âgés de Sîrâf (p. 126) interdisent d'envoyer des navires dans cette région, surtout [lorsqu'il se trouve, à bord], des jeunes gens.
Le régime de bašâra dans l'Inde—bašâra [est la forme arabisée du sanskrit vatsara] signifiant «pluie»—[est le suivant:] L'été, la saison des pluies dure pendant trois mois sans interruption, nuit et jour, pendant lesquels la pluie ne cesse de tomber. Avant la saison des pluies, les Indiens préparent des provisions de vivres. Lorsque le bašâra commence, ils s'installent dans leurs maisons qui sont construites en bois; les toits en sont épais et recouverts de chaume. [Pendant la saison des pluies] personne ne se montre hors de chez soi, sauf en cas d'affaire importante. C'est pendant cette période de réclusion forcée que les artisans et ouvriers se livrent aux travaux de leur métier. A cette époque, [l'humidité est telle] qu'elle fait parfois pourrir la plante des pieds. Le bašâra fait vivre les gens du pays [car la pluie le rend fertile]; car, s'il ne pleuvait pas, ils mourraient [de faim]. En effet, ils plantent du riz; ils ne connaissent pas d'autre culture et n'ont pas d'autre aliment que le riz (p. 127). Pendant la saison des pluies, le riz se trouve dans les ḥarâmât—mot indien qui signifie «champs de riz»—; il est renversé par terre et il n'est nécessaire ni de l'arroser ni de s'en occuper. Lorsque le ciel se découvre [et n'est plus caché par les nuages de pluie], le riz a atteint son maximum de croissance en hauteur et en quantité. Pendant l'hiver, il ne pleut pas.
Dans l'Inde, il y a des gens pieux et savants qu'on appelle brahmanes; des poètes qui flattent les rois, des astrologues, des philosophes, des devins, des gens qui tirent des augures du vol des corbeaux et d'autres spécialistes encore. Il y a également des magiciens et une sorte de gens qui font des tours [de prestidigitation] et inventent des choses extraordinaires. C'est surtout à Ḳanawj (Canoge) que ces indications s'appliquent; c'est une grande ville du royaume du [roi] Gujra.
Il y a, dans l'Inde, un groupe de gens qu'on appelle baykarjî. Ils vont nus; leurs cheveux [sont si longs] qu'ils leur recouvrent le corps et les parties sexuelles; leurs ongles sont longs comme des fers de lance et ils ne les coupent que lorsqu'ils se cassent (p. 128). Ils vivent [d'aumônes] comme les pèlerins; chacun d'eux porte, attaché au cou par une cordelette, un crâne humain. [Ils mangent rarement;] lorsqu'ils sont affamés, ils s'arrêtent devant la porte d'un Indien quelconque et on leur apporte immédiatement du riz cuit, car les habitants de la maison [considèrent leur présence comme] une nouvelle de bon augure. [Ces ascètes nomades] mangent le riz qu'on leur donne, dans le crâne qu'ils portent suspendu autour du cou. Quand ils sont rassasiés, ils s'éloignent et ne redemandent de la nourriture que lorsqu'ils en ont un [urgent] besoin.
Les Indiens se livrent à des pratiques religieuses par lesquelles ils croient se mettre en rapport avec leur Créateur—Allah qui est Puissant et Grand, est au-dessus de ce que disent les méchants (Ḳorân, surate XVII, verset 45)—qui est à une grande distance au-dessus d'eux. Ainsi, quelqu'un fait bâtir sur la route une hôtellerie pour les voyageurs dans laquelle il installe un marchand qui vend aux passants ce dont ils ont besoin; il y installe également une courtisane indienne pour qu'elle se donne gracieusement aux passants. C'est par ces moyens (p. 129) que les Indiens croient s'acquérir des mérites.
Il y a, dans l'Inde, des prostituées qu'on appelle «les courtisanes du buddha». Voici quelle est l'origine de ces courtisanes. Lorsqu'une femme a fait un vœu et qu'ensuite elle met au monde une jolie fille, elle l'amène au buddha—le buddha est l'idole qu'on adore—et lui voue sa fille. Puis, cette femme fait choix pour sa fille, d'une maison dans le marché, suspend une tenture [devant la façade] et fait asseoir sa fille dans un fauteuil de façon à ce que les passants, indiens et étrangers, sectateurs de religions qui le tolèrent, [puissent bien la voir et en user]. [Tout homme] devient maître de la personne de cette femme pour une somme déterminée. Chaque fois que [la courtisane] a réuni une certaine somme, elle la remet aux gardiens du temple de l'idole [à laquelle elle a été vouée], pour être employée aux frais d'entretien du temple. Remercions Allah, le Puissant et le Grand, de ce Ḳorân qu'il a choisi pour nous et par qui il nous a préservé des péchés des infidèles!
L'idole appelée [l'idole du] Mûltân est près de [la ville de] Manṣûra; on y vient [en pèlerinage] (p. 130) de plusieurs mois de marche de distance. [Des pèlerins] y apportent [en présent] de l'aloès indien [de la sorte appelée] ḳâmarûpî ou aloès du Ḳâmarûpa—le Ḳâmarûpa est le nom du pays d'où il provient—c'est la meilleure sorte d'aloès. C'est pour cela qu'on l'apporte [en présent] à cette idole pour le remettre aux gardiens du temple où il est employé [aux fumigations rituelles] de l'idole. Le prix de cet aloès est quelquefois de 200 dînâr le mann. Parfois, on appose un cachet sur cet aloès et l'empreinte du cachet s'imprime dans le bois, tant il est tendre. Les marchands [se procurent cet aloès] en l'achetant aux gardiens du temple.
Il y a dans l'Inde, des gens pieux qui, sous l'influence de leur religion, se rendent dans des îles qui ont surgi dans la mer et y plantent des cocotiers. Ils creusent des puits dans ces îles et [en tirent] l'eau moyennant salaire; quand des navires passent par là, ils leur procurent de l'eau.
De l'ʿOmân, viennent des gens dans ces îles où poussent des cocotiers, apportant avec eux des outils de charpentier et d'autres encore. Ils coupent [la quantité] de (p. 131) bois de cocotier qu'ils désirent et, lorsque ce bois est sec, ils le débitent en planches. Ils filent les fibres du cocotier et [avec le fil obtenu], ils cousent ensemble ces planches de cocotier. Ces planches sont employées à construire un navire. Avec ce bois de cocotier, on façonne également des mâts et vergues; avec ses feuilles, on tresse des voiles et avec ses fibres, des ḫarâbât, c'est-à-dire, en arabe, des câbles. Lorsque le navire est entièrement terminé, on le charge de cocos et on part pour l'ʿOmân où on les vend. [Les affaires ainsi faites] donnent de grands bénéfices, car tout ce qu'on a rassemblé [navire construit par le chargeur avec ses agrès et ses voiles, cargaison de cocos] en le choisissant, on a pu le faire soi-même sans avoir besoin de personne.