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Décadence et grandeur

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On lisait bien sur la façade : Hôtel du Berri, mais toutes les fenêtres étaient fermées, et la porte d’entrée paraissait close pour l’éternité. Planchet sonna une demi-douzaine de fois. Il comptait jusqu’à trente et resonnait à nouveau, décidé à sonner toute la nuit, faute d’occupations. Aussi, fait à cette idée, fut-il très surpris et presque déçu lorsque la porte remua, doucement entre-bâillée, et qu’il aperçut devant lui un somnambule grisonnant qui tenait un bougeoir à la main. Planchet, de Paris, avait fait téléphoner pour retenir une chambre. C’est ce qu’il expliqua au somnambule, qui semblait ignorer toutes les langues terrestres. Cependant, par une sorte de miracle, cet homme âgé le conduisit sans hésiter au deuxième étage, par un escalier assez vaste. M. Planchet eut le temps d’apercevoir un ascenseur qui dormait dans sa cage.

La chambre où le jeune homme pénétra, à la suite de son guide, était de fort belles dimensions. Le bougeoir du veilleur y remuait de grandes ombres. Une lampe électrique s’alluma au plafond, puis sauta à la tête du lit. L’homme de nuit avait disparu sans mot dire.

La plus stricte et la moins accueillante chambre d’hôtel ne cause aucune impression de détresse à un homme tout près de réaliser une fortune colossale. Planchet ne ressentait qu’une vive impatience d’être au lendemain. Il se disait que la nuit serait interminable et qu’il ne pourrait fermer l’œil. A peine au lit, il plongea dans un sommeil profond.

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