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La roue

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XI

Tous deux étaient debout, enlacés et face à face, et Pierre berçait lentement Élisabeth sur son cœur.

— Je t’aime, disait-il. Demain, tu seras ma femme. Demain tu me défendras contre mes fantômes. Demain je te protégerai contre les heurts du dehors.

— Je t’aime, disait-elle. Tu es fort. Tu vas déposer dans mon cœur ta gloire. Tu as souffert pour tous les hommes. Tu as souffert pour moi. J’ai le droit de t’aimer, maintenant. Je t’aime.

— Je t’aime. Tu es belle. Je sens tout ton corps contre moi. J’oublierai dans tes bras l’horreur. J’oublierai la vie.

— Je t’aime. Je te révélerai la vie. Tu m’apprendras comment je te révélerai la vie.

— Je t’aime. Si je suis tué, je t’aurai eue.

— Tu ne seras pas tué. Celui que j’aime ne peut pas être tué. Je t’aime.

Ils se balbutiaient ces mots contre leurs lèvres, avec une tendre fureur. Dieu, comme au premier jour du drame, riait. Pourquoi tué ? Un jour plus tôt… Tous deux sécheraient lentement, comme tout le monde, et mourraient. Et pourtant, c’étaient eux qui avaient raison contre Dieu. L’amour absorbe Dieu quand c’est la guerre. Devant la frénésie de vivre où la présence de la mort précipite les humains, l’adultère, le viol, l’inceste, tout peut être sanctifié. Un être qui glisse à l’abîme arrache une fleur en se cramponnant à son bord. La fleur tourne encore sur le gouffre quand lui-même y a disparu.

— Je t’aime. Tu ne mourras pas. Nous avons payé d’avance. J’ai souffert. Et tu m’as vaincue.

— Je t’aime. Je ne veux pas t’avoir vaincue. Je ne veux pas. Je ne veux pas te voir ainsi trembler sous le poing d’un soudard. C’est à toi de te vaincre en venant à ma foi.

Ils se trompaient tous deux. La victorieuse était la femme. Elle avait une certitude, et lui pas. Elle était calme. Il s’irritait. Ils étaient là, l’un devant l’autre, comme à la veille de la guerre. Mais il avait fait la guerre. Et pour cela, elle était calme, parce qu’elle l’avait vaincu.

Repris par sa passion de comprendre et de convaincre, Pierre l’avait quittée, un peu brusquement, et marchait dans la pièce, à grands pas. Il avait pris une rose écarlate qui était seule dans un verre et la froissait entre ses doigts.

— Je ne veux pas que tu m’aimes parce que je me suis battu. Je suis un boucher. Je suis un de ceux qui ont aveuglé, mutilé ton frère. Ces deux pieds, ces deux mains que voilà ont trempé dans le sang humain.

— Tu risquais le tien.

— Mais rappelle-toi donc ton frère ! Rappelle-toi les lettres que tu m’envoyais là-bas. Rappelle-toi ton horreur de la guerre. Tu étais venue toute entière à la haine de l’horreur !

— Je suis femme. Tu m’as traînée par les poings dans ton sillage sanglant. Tu t’es battu en héros. En saint, puisque tu te battais contre toi-même. Je marcherai maintenant droit par la vie, au lieu d’y chercher les coins d’ombre où se retirent ceux qui ne veulent pas vivre en communion avec tous.

— Lise, Lise, écoute-moi.

Il s’était assis devant elle, il lui avait pris les deux mains.

— Écoute-moi. Je ne crois plus à rien, sinon à l’ignominie de la guerre, et qu’il faut que les hommes forts, les hommes cruels, tu m’entends, cruels pour eux, cruels pour tous, imposent aux hommes faibles, et par tous les moyens, la paix. La patrie ? Je n’y crois plus. La démocratie ? Je n’y crois plus. Je crois à la force. Mais la force s’organise pour vaincre et conquérir sans tuer. C’est sa dernière maladie. Les hommes vont haïr la guerre, parce qu’ils n’en ont plus besoin. Et la guerre en mourra.

— Je t’aime. Je t’ai retrouvé par la guerre. Je ne puis donc haïr la guerre. D’ailleurs, on hait ce dont on a besoin. J’ai haï l’amour, mon Pierre, quand tu m’avais abandonnée. Ni lui, ni toi, ni moi n’en sommes morts.

— Elle en mourra, elle en mourra, te dis-je. Elle n’est qu’une caricature sinistre de l’amour. Il faut, pour qu’elle dure, qu’on ait pendant mille ans redit aux hommes qu’elle est sainte. Pour l’amour, c’est le contraire. On l’a maudit pendant mille ans. Par cela même, on l’a exaspéré. Il faut des prétextes à la guerre, la justice, après Dieu, la démocratie, après le roi, le droit, après l’honneur. Il n’en faut pas à l’amour.

— Si, dit Élisabeth. Les mêmes qui invoquent tous les prétextes que tu dis pour maintenir ou provoquer la guerre invoquent, pour justifier l’amour, l’enfant, la famille, la société. Il s’en moque, comme la guerre. Comme elle il dure, voilà tout.

Pierre l’avait reprise dans ses bras.

— Tais-toi. Tu vas me faire horreur. Vois ton frère. Ton frère ! Il n’a plus d’yeux, il n’a plus de bras.

Elle baisa la main qui s’était collée à sa bouche et dégagea sa tête ardente, qu’elle renversa.

— Pourquoi ne veux-tu pas que je te regarde, toi ? Si tu savais, si tu savais comme tu es plus beau qu’avant, quelle flamme, quel orgueil tu as dans les yeux ! Tu ne t’es battu ni pour le droit, ni pour la démocratie, ni pour la patrie. Tu t’es battu pour ton orgueil, et tu as comblé le mien. Je peux t’aimer sans en souffrir. Je t’aime.

Il s’irrita.

— Mais pourquoi as-tu haï la guerre ? Pourquoi ?

— Je ne pouvais me faire à voir Georges comme il était. Et quand tu y es entré, j’ai eu peur. Peur qu’on te tue. Peur qu’on fasse de toi ce qu’on avait fait de lui. Peur de tout. Mais tu as vaincu ma peur. Tu m’as vaincue. Je dois tout cela à la guerre.

— Elle n’est pas finie. Je puis mourir.

— Non, tu es plus fort que ma peur, plus fort que la guerre. Tu traînes dans ta force avec moi ce pauvre Georges lui-même. Tu es vivant. Plus que tu ne crois. Tu es vivant comme Richard. L’esprit de vie, dans cette guerre, t’a traversé comme les autres, et comme tu es plus noble que les autres, tu as fait plus que les autres, contre tes idées, contre tes goûts, contre ta foi. Je t’aime.

Précisément, l’infirme entrait, avec sa mère. Elle avait une main posée sur son épaule, pour le guider. Il marchait comme marchent les aveugles, le front levé, plongeant sur son pilon, à chaque pas, le buste roide, parce qu’il n’avait plus le balancier de ses deux bras. Il s’arrêta à trois pas d’eux, paraissant attendre qu’ils parlent. Ils s’étaient tus. Pierre le regardait avec une douleur furieuse, Élisabeth avec une tendresse exaltée, mais aucun d’eux n’osait parler. Il était le remords vivant et le témoignage mystique. Il dit :

— Pierre, Lise, vous êtes là ?

— Oui, mon Georges.

— Je suis content que vous vous mariiez demain. Vous savez que c’est un peu ma faute. Maman voulait attendre la fin de la guerre.

Il eut un sourire pâle, et attendit. Il semblait toujours attendre quelque chose qui ne viendrait plus. Cependant, aidé par sa mère, il s’assit, et Élisabeth se mit à genoux devant lui.

— Comment te sens-tu aujourd’hui, mon Georges.

— Très bien. Il fait moins froid. Mes moignons ne me font pas mal.

Il se pencha, baisa les cheveux de sa sœur.

— Très bien, je bénis Dieu de ce qu’il a fait pour moi. On ne m’a jamais tant aimé, maman, toi, Clotilde, Pierre… Richard est bon. Papa… Il ne faut pas vous inquiéter de moi. J’ai le cœur en paix.

— Mon pauvre petit, dit Pierre ! Si tu savais combien, à propos de toi, j’ai maudit la guerre, surtout quand je l’ai connue comme toi, d’aussi près que toi.

— Il ne faut pas maudire la guerre. Elle a fini de me révéler Dieu. Et la patrie, à qui je suis reconnaissant de m’avoir donné l’occasion de lui témoigner mon amour. Et toi. Et moi-même. Et les miens.

Pierre eût voulu se taire. Il ne put pas. Il haït l’infirme. Il le prit à partie, cruellement. Il se battit contre l’infirme.

— Mais tu as été, comme moi, dans la boue glacée jusqu’au ventre, des semaines, des mois entiers ! Nous avons traversé le feu. Nous avons vu tuer des hommes. Nous en avons tué. Nous avons vu des têtes écrasées, des membres arrachés. Nous avons vu des enfants porter leurs tripes. Nous avons marché dans la cervelle. Pourquoi, pourquoi cela ? Pourquoi n’as-tu plus de bras ? Pourquoi n’as-tu plus d’yeux ? Pourquoi ne peux-tu plus prendre les choses, voir la lumière, les fleurs, les femmes, plus rien, plus rien ?

Élisabeth, éperdue, lui faisait des signes. Mme Chambrun le regardait avec mépris.

— Pourquoi ? pour mieux comprendre, disait Georges. J’ai oublié ces souffrances que tu rappelles. Je marche environné d’amour. Mon ennui, c’est d’être obligé de demander tant de services, de ne pouvoir rien faire seul, ni manger, ni m’habiller. Mais j’ai maman, Élisabeth. Je sens le bien que je leur fais. Si je souffre parfois aux souvenirs dont tu parles, ou d’être fait comme je suis, c’est d’avoir maudit mes souffrances.

Et Mme Chambrun le regardait avec orgueil.

Pierre se tut, navré. Élisabeth parut gênée. Mais elle n’en voulait déjà plus à Pierre. Et elle le vit, grand, sombre et beau dans sa sévère tenue noire rehaussée d’argent. Le brusque orgueil de vivre à ses côtés monta de ses genoux tremblants.

— Mon Pierre, dit-elle à voix basse, regarde-le. Sans bras, sans yeux, il est aussi beau que toi. Là où vous êtes passés, vous avez ramassé l’esprit. Il a pris la résignation, toi la révolte. Mais peu importe vos idées. Vous êtes tous les deux plus forts qu’avant. Vous obéissez mieux qu’avant. Vous savez plus de vous-même.

— Sais-je donc plus, se dit Pierre ? » Il s’assit, la tête inclinée, les deux coudes aux genoux. Savoir, savoir. Un écho lointain, dans ce mot, chuchotait des choses tragiques. Il revit Bologne, la Sixtine, l’homme et la femme cachant leur giron des deux mains. Le spectre de Clotilde nue renversée entre ses bras lui apparut à ce moment avec une netteté telle qu’il faillit crier. Il se leva, marcha à grands pas dans la pièce, le cœur sanglant. Pour la première fois, une idée germait dans son crâne, claire, brutale, et si obsédante qu’il sut qu’elle deviendrait très vite intolérable, s’il ne s’en délivrait pas. Il ne pourrait pas posséder Élisabeth, s’il ne lui avouait qu’il avait possédé sa sœur. Ce fut si net, ce fut si fort qu’il vit d’abord l’aveu facile et n’aperçut pas les conséquences effroyables qu’il entraînerait certainement. Il serait libéré par là du remords et de la luxure. Et voilà tout. Il saisit sa fiancée au poing, pour lui ordonner de le suivre. Et comme ils franchissaient le seuil, ils aperçurent, dans le grand salon qui faisait suite, Clotilde et Richard qui passaient.

Ils venaient au-devant d’eux. Mais ils ne les avaient pas vus. Ils passèrent, les laissant entre la porte et la fenêtre, dans le crépuscule du soir. Ils allaient côte à côte. Ils ne se donnaient pas la main, mais les regards de l’un étaient dans les regards de l’autre. Pierre n’avait pas revu Clotilde depuis Rome. C’était encore une nouvelle femme, le miracle multiplié. Elle illuminait la pénombre. Richard allait, de son pas de conquête, calme et sûr. Clotilde, en avançant de sa grande démarche, avait des torsions lentes et des redressements soudains du buste qui proclamaient la certitude et la tranquille attente d’un inépuisable bonheur. Ils avaient un sourire grave, le même. Ils se regardaient, chacun accueillait de tout l’autre les promesses et les souvenirs. Profondément, sans voir ailleurs. Regard commun, qui réunissait leur chair spirituelle commune sur le chemin au-devant d’eux. La gloire marchait sur leurs pas. Et la liberté. Et la justice. Et la bonté envers les créatures. Et l’obéissance glorieuse à la force du créateur.

Et voici : Si Pierre avait rencontré Clotilde seule, tout peut-être eût été changé de son destin et du destin d’Élisabeth. Mais l’esprit qui passait remit leur vie sur sa vraie route. Tout d’abord, il ne comprit pas. Il ne comprit pas pourquoi cette paix soudaine en son cœur, cette vive aurore éclairant tout à coup les ombres louches de son être, les ombres où se distille le poison du doute et du chagrin. Il comprit si peu qu’il trouva de vertueux prétextes à la décision qu’il prit tout d’un coup, dix secondes à peine après avoir pris la contraire. « Je ne dirai rien. Pourquoi tuer en ma fiancée une illusion de plus, la plus ardente, la seule même en ce moment ? Pourquoi risquer d’éclabousser de soupçon et de tristesse ces deux êtres admirables ? Il faut résister à la conscience, quand la somme de tragédie qu’on a vécue est déjà assez lourde pour satisfaire à son avidité. C’est être courageux que de cacher aux autres, à certaines heures, des vérités qui peuvent diminuer la confiance humaine qu’ils ont. Je ne dirai rien, même si je souffre. On peut jouir de tordre sa conscience, si les autres en sont heureux. »

Comme il ne souffrait pas, comme sa conscience était calme, il se donnait la comédie. L’homme est plus simple qu’il ne croit. Il se dit grand. Il joue de son héroïsme verbal avec un orgueil enfantin. Mais son esprit de sacrifice et de devoir est une soumission à une force où il cherche une volupté. La vie venait de passer devant celui-là, sous sa forme la plus grandiose. Et elle emportait la morale et le remords, et la loi. Et comme il aimait une femme, comme le souvenir d’une autre femme n’était entre la femme qu’il aimait et lui qu’un obstacle fantomatique, une image qui grandissait et devenait plus obsédante à mesure que la réalité même s’éloignait, tout fut balayé à l’instant, parce qu’il avait vu cette autre femme entraînée par une puissance devant laquelle sa conscience n’était rien. Il fut sûr que, dans son souvenir à elle, il ne l’avait jamais eue. Devant un train lancé, l’homme s’efface et ne souffre pas de s’effacer. Il s’effaça. Tout d’un coup, il ne souffrit plus. Il sut qu’il ne souffrirait plus. Et sa « conscience » s’éteignit.

Il n’avait pas quitté le poing d’Élisabeth, debout à ses côtés et comme lui saisie par la force mystérieuse qui était passée devant eux. Il la regarda.

— Que me voulais-tu, mon Pierre ?

— Rien, je t’aime.

Il la serra violemment contre lui, prit ses lèvres, les quitta pour ses yeux fermés. Elle défaillait. Non. Il n’avait pas eu Clotilde. Il prit sa fiancée à la taille, rentra dans le petit salon. Et comme Clotilde venait au-devant d’eux avec une exclamation de plaisir, il l’embrassa sur les deux joues, avec une joie simple qu’elle partagea visiblement. Sans gêne, elle lui parlait de sa conduite à la guerre, du mariage du lendemain, de leurs souvenirs d’Italie, en le regardant dans les yeux, en sœur, comme s’il n’y avait rien eu. Il n’y avait rien eu. Il rit en dedans de la vanité des mobiles qu’il invoquait tout à l’heure pour conserver son secret. Ce secret n’existait plus, ni en lui, ni en Clotilde. Richard les délivrait tous deux.

Ainsi, la guerre avait passé sur ceux qui étaient dans cette pièce, la guerre, qui n’est qu’un paroxysme de la vie. Et tous ceux qui étaient dans cette pièce se retrouvaient ce qu’ils étaient avant que la guerre apparût. Deux époux amoureux, deux fiancés avides, une mère chrétienne, un jeune homme mystique et doux. Tous avaient exploré des contrées inconnues où poussaient des fruits et des ronces. La tragédie les avait atteints tous, labourant leurs chairs, avivant leurs nerfs, tordant leurs cœurs. Mais ils revenaient tous à leur point de départ. Aucune orientation nouvelle, rien qu’un drame intérieur de plus, mais commun, et laissant sur eux une énorme alluvion que n’apercevait personne. Ils avaient multiplié leur être. Mais dans le sens même de leur être. Qui le saurait, même parmi eux ? Il y avait bien un crucifié, rançon visible que la famille plus puissante dans ses mouvements secrets allait porter dans sa procession par la vie, comme pour payer sa joie accrue, sa force accrue, sa faculté de lutter et de souffrir accrue et aussi les turpitudes qui se cachent sous tout cela. Chambrun, à son tour, venait d’entrer. Et il était plus lui qu’avant, comme les autres, dans son propre sens à lui :

— Mes enfants, je viens de gagner deux cent mille francs en dix minutes. Et il y a des gens qui se plaignent de la guerre !

Alors ?

Alors ? Ils avaient touché le feu, et comme le feu calcine, ils rétractaient leur chair pour la soustraire à sa brûlure mais portaient au-dedans d’eux-mêmes cette brûlure comme un vin. Ils se réfugiaient passionnément dans leur nécessaire égoïsme, ceux qui jouissaient, ceux qui agissaient, ceux qui doutaient, ceux qui souffraient, tous face à face avec l’idole spirituelle qui leur marquait leur destin.

— Deux cent mille francs en dix minutes ! répétait M. Chambrun.

Georges avait un rire très simple :

— Papa, nous sommes assez riches. Moi du moins. Pour ce que je ferai de cet argent !

Et Mme Chambrun :

— J’espère bien, Adolphe, que tu vas m’en donner une grosse part pour mes œuvres.

Pierre murmurait ardemment :

— Tu penseras ce que je pense, sur les lèvres d’Élisabeth.

Clotilde, appesantie, s’appuyait au bras de son mâle et le regardait gravement. Richard riait :

— Beau-père, vous êtes épatant ! Nous nous associons après la guerre. Je commence à en avoir assez. Et mon vieux métier m’attend.

Chacun suivait sa propre pente. L’un ne songeait qu’à s’enrichir. Cet autre, ayant la paix du cœur, eût bien voulu prendre seul son mouchoir de poche. Cette autre conduire, pour son salut, derrière son enfant mutilé, toute sa famille à Dieu. Ce conquérant du ciel pensait à conquérir de la mélasse. Ceux-ci souhaitaient approfondir un peu plus leur mystère. Ceux-là le déchirer.

L’homme n’est pas cruel. Ce qui l’est, c’est la force qui le traverse. Pour grandir et se maintenir, elle prend ce qu’elle peut, l’alcool et l’eau, le sang, le sel, le fer, la viande, les larmes, les intelligences, les cœurs. Et ça n’est pas sa faute si tout cela est en chacun de nous, ni notre faute si nous nourrissons tous ainsi, sans le savoir, la forme qu’elle précipite sur les routes de l’avenir.

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