Le poison de Goa : roman
L’Homme de Goa
Rachel, à peine entrée, perçut que la crainte était installée dans la maison. Elle eut cette perception par le regard oblique que la servante mulâtresse jeta vers le haut d’un escalier en spirale qui conduisait au premier étage, comme si de là pouvait surgir quelque redoutable possibilité. Elle vit cette crainte sur des visages de femmes maquillées à l’excès, qui se tenaient dans un salon rutilant de faux or, derrière une portière soulevée et discutaient avec passion. Rachel fut frappée par la face de plâtre de l’une d’elles, où le rouge des lèvres décomposé par la chaleur faisait un rictus atroce. Elle remarqua qu’une autre, insoucieuse de sa robe relevée au-dessus des genoux, était étendue sur un canapé et soufflait avec grâce et nonchalance la fumée d’une cigarette vers le plafond. Un orchestre hindou de quatre ou cinq musiciens vêtus de blanc se tenait dans une autre pièce. Ils venaient de terminer l’air qu’ils jouaient à l’entrée de Rachel et le natouva qui était debout trahissait son inquiétude par le va-et-vient de son turban énorme, fait d’un échafaudage de mousselines.
Rachel eut à peine le temps de jeter un coup d’œil autour d’elle pour constater le faste d’or sale de cette maison « sur le modèle de celles de Londres et de Paris ». Les murs du vestibule où elle se trouvait étaient recouverts de miroirs, comme si la reproduction de la forme humaine était le symbole du luxe d’Europe. Il y avait des miroirs dans le salon où étaient les femmes et dans celui des musiciens, de sorte que tous étaient multipliés et que la crainte rayonnait de tous côtés. Du vin avait été récemment répandu et son odeur se mêlait à celle du tabac et à cette odeur de musc que dégagent les vieilles maisons de bois de Bombay. Plusieurs bouteilles de champagne vides étaient alignées au pied de l’escalier à côté d’un tas de gazes de moustiquaires souillées.
L’arête du nez d’Antonia était plus inclinée que la veille. Le caractère ecclésiastique de sa figure était plus accusé, mais la fureur y triomphait de l’hypocrisie. Elle affectait un calme souriant et avait les mouvements rapides de quelqu’un qui va dominer par sa présence d’esprit une situation compliquée ; mais parfois, comme la mulâtresse, elle jetait un regard inquiet vers le haut de l’escalier.
Rachel lui vit faire signe aux musiciens de se taire, aux femmes d’attendre, à la mulâtresse de veiller à cause d’un danger inconnu et elle fut entraînée par elle derrière une troisième porte qu’elle n’avait pas remarquée.
Rachel entendit d’abord le mot providence prononcé plusieurs fois. Sa venue avait quelque chose de providentiel. Il lui fut dit même que c’était Dieu qui l’avait conduite. Mais cela, une voix intérieure le lui avait déjà appris.
Comme elle allait se laisser tomber sur un canapé de velours usé, Antonia la saisit brusquement par le poignet en disant sur un ton faussement plaisant.
— Non, pas là. Il en a trop vu, le malheureux canapé. Il est défoncé.
Mais Rachel comprit, à la lueur de l’œil de l’entremetteuse, qu’il fallait être debout courageusement pour être l’instrument de la providence et accomplir une action difficile.
Le temps devait sans doute passer, car après quelques phrases ambiguës et générales. Antonia trouva la formule qui convenait :
— Jouons carte sur table.
Et cette image d’une partie à jeu ouvert la remplit d’une si grande satisfaction qu’elle la répéta plusieurs fois.
Elle aurait pu essayer de duper Rachel, obtenir ce qu’elle attendait d’elle, à la faveur de quelque piège oral, mais à quoi bon ? Est-ce qu’elle n’avait pas vu, la veille, le misérable hôtel de Mazagon ? Est-ce qu’elle n’en connaissait pas le sordide propriétaire, son compatriote ? Est-ce qu’elle ne lisait pas dans les yeux de Rachel cette expression de bête traquée qu’elle avait vue dans les yeux d’autres femmes venant pour la première fois chez elle ? Si sa main experte palpait une épaule ferme, elle sentait en même temps l’usure d’une bien pauvre robe. Pas la moindre trace de bijoux ! Le châle enroulé au bras par contenance était d’une étoffe de Cachemire bon marché qui devait sortir d’un petit bazar. Elle ne voyait pas le trou du soulier désespérément appuyé sur le plancher, mais elle le devinait à travers le pied comme si cette clarté de misère n’était susceptible d’être voilée par aucune matière terrestre.
Antonia posa donc sur table les cartes de ce jeu où tout le monde gagnait.
Il y avait au premier étage de sa maison, un homme qu’elle connaissait depuis fort longtemps, un de ses vieux clients, dont elle pouvait répondre comme d’elle-même. C’était un Portugais de Goa, le descendant d’une très ancienne famille.
Ici, Antonia se mit à rire.
Elle savait bien ce que Rachel pouvait lui répondre. Tous les Portugais de Goa descendaient d’anciennes familles. Il n’y avait pas là-bas un portefaix sur le port qui ne s’appelât Albuquerque ou Castro. Mais celui-là était un authentique petit-fils des grands Castro de jadis. Un petit-fils un peu déchu. Tous les Portugais étaient déchus à présent. Mais quelle importance cela avait-il pour ce qu’on leur voulait quand ils étaient riches ? Il vaut mieux avoir affaire à des Portugais déchus qu’à des Anglais puritains qui sont tous avares et méprisent les femmes dont ils se servent. Ce Castro avait un peu bu en ce moment ? Eh bien, après ? Il vaut toujours mieux avoir affaire à des hommes ivres. On lui reprochait aussi d’être un homme très gros. La belle affaire ! Elle, Antonia, avait aimé autrefois un homme d’un embonpoint démesuré et n’y pensait pas sans émotion. Rachel avait peu d’expérience, mais elle devait savoir qu’il y a dans la grosseur une richesse de la nature qui va toujours avec des qualités de cœur, une espèce de bonté native. Le mot bonté n’était pas trop fort.
Ici, Antonia leva les deux mains comme pour arrêter des arguments que ne semblait pourtant pas près de formuler la silencieuse statue qu’était Rachel.
Une femme, Antonia en convenait, venait de quitter précipitamment la maison. Peut-être Rachel avait-elle entendu cette bouche ordurière proférer des injures et des menaces en s’en allant ? La fille avait eu peur, ou plutôt avait prétendu avoir peur. Ah ! comme on est puni de recevoir par pitié des filles à matelots et à métis du port. C’était par l’intermédiaire de cette traînée de White Chapel que la peur avait gagné les quatre ou cinq roulures qui étaient à côté. Elles faisaient les mijaurées, mais elles en avaient vu bien d’autres, pourtant !
Antonia allait laisser éclater sa fureur quand elle se souvint de ce qu’elle avait dit au sujet du caractère aristocratique de ses clientes féminines. Elle leva son diamant vers la clarté de la lampe comme pour s’assurer de la pureté de son eau et elle se pencha vers Rachel en baissant la voix :
— Il y a des peccadilles de jeunesse assurément. La traite des nègres et des Chinois sur la côte… Une vieille histoire de femme, que personne ne connaît, que chacun raconte à sa manière et qui est sans doute fausse. Des enfantillages, quoi ! Je connais Pedre depuis longtemps. Dès qu’il arrive à Bombay, il vient ici. Il fait du bruit quelquefois, mais c’est pour s’étourdir lui-même, parce qu’il est timide.
Antonia était si charmée d’avoir trouvé pour son hôte le qualificatif de timide, qu’elle le répéta à plusieurs reprises.
C’est à cet instant que commença à retentir le bruit d’une sonnette fêlée. Cette sonnette devait être tirée avec force et irrégulièrement, car elle avait des éclats désespérés, suivis de notes grêles et de courts silences. Elle traduisait l’impatience et la colère de celui qui la mettait en mouvement.
L’idée d’un homme timide s’impatientant dans sa maison fut insupportable à Antonia. Elle donna précipitamment plusieurs coups de poing contre la cloison et, à ce signal, l’orchestre hindou fit retentir dans la pièce voisine une mélopée sur les khinnaras à trois cordes accompagnés de tambourins.
Les dernières cartes du jeu ouvert furent dévoilées.
Il fallait se hâter car l’homme de Goa, malgré sa timidité, avait cette seule défectuosité de caractère : il n’aimait pas attendre. Or, il attendait une femme, là-haut, dans un salon, devant un dîner servi. Pour des raisons bonnes ou mauvaises, aucune des habituées du cinq à sept d’Antonia n’avait consenti à être la compagne de soirée demandée. Antonia comptait sur Rachel, envoyée du reste par la providence, dans ce seul but.
L’envoyée de la providence sentait dans son cerveau les vibrations de la sonnette et celles de l’orchestre. Elle entendait au dehors le vent qui faisait rage en s’engouffrant dans les rues étroites et la pluie qui crépitait comme une armée innombrable de soldats nains. Et elle revoyait l’ancienne gravure avec le marin éperdu descendant dans le gouffre du maelstrom sans possibilité de salut.
— Il a demandé une belle fille, eh bien ! il va en avoir une, dit Antonia en jetant sur Rachel un regard admiratif où il y avait toutefois une réserve à cause de la modestie de la robe.
— Hein ? Vous ne serez pas fâchée, je parie, d’avoir un diamant dans le genre de celui-ci ?
Et elle s’efforça de rire en faisant miroiter sa pierre.
— Oui, vous êtes vraiment une belle fille.
Et comme prise d’un scrupule sur la qualité de la marchandise qu’elle allait offrir, elle prit Rachel par les deux épaules puis palpa la chair de ses bras pour s’assurer de leur fermeté.
La belle fille regardait au loin, sans répondre. Son âme était dans un tel désarroi, son ignorance des usages du lieu où elle se trouvait était si grande, qu’elle ne se serait pas étonnée si on lui avait demandé de montrer la ligne de ses jambes, si on lui avait soulevé les lèvres pour examiner ses dents comme elle l’avait vu faire autrefois par des maquignons, à de jeunes chevaux.
La sonnette, malgré le bruit de l’orchestre et celui de la tempête, retentissait par intervalles.
D’un geste rapide, Antonia fit tomber le chapeau qui retenait prisonnière la chevelure de Rachel. L’auréole de cette chevelure d’un noir si profond qu’elle paraissait bleue s’écroula sur le marbre veiné du front, rendit plus claire par ses ténèbres l’irréelle lueur verte qui brillait dans les yeux de la jeune fille.
Antonia fut impressionnée par cette beauté qu’augmentait la palpitation des lèvres, la pâleur laiteuse de la peau, le désespoir secret. Sa capacité de pitié se traduisit par une remarque générale :
— Les femmes sont bien dommages pour les hommes !
Mais elle se hâta d’ajouter, pour corriger ce regret :
— Je le connais. Quand il est ivre, on peut en tirer tout ce qu’on veut.
Rachel revit, comme en rêve, dans une pièce, les musiciens hindous et, dans l’autre, le groupe des femmes qui regardaient. Elle remarqua une créature à cou mince qui se balançait avec un je ne sais quoi de vexé et de prétentieux qui la faisait ressembler à un pélican et elle constata que derrière, sur le canapé, la jeune femme nonchalante, aux jambes découvertes, continuait à lancer avec lenteur des volutes de fumée vers le plafond.
Elle franchit, presque poussée par Antonia, les bouteilles de champagne vides, elle monta l’escalier en spirale, elle fit deux ou trois pas dans un couloir où l’écœurante odeur de musc se mêlait à un relent de cuisine et une porte s’ouvrit toute grande devant elle.
— Voilà la belle petite amie, dit Antonia à un homme qui avait le dos tourné, qui se soutenait d’une main contre la cheminée et tirait de l’autre un cordon de sonnette en même temps qu’il regardait de tout près ses dents dans la glace, comme s’il y avait découvert un point gâté, avec cette fixité que donne aux ivrognes leur propre contemplation.
Sur une table à jeu, recouverte d’une nappe rose tendre, deux couverts étaient mis, presque invisibles sous la masse miroitante de deux énormes seaux à champagne resplendissants. Un lit bas était à droite, large, obscène, hallucinant avec une large déchirure dans sa moustiquaire et recouvert d’une soie indéfinissable que maculaient, par place, de larges taches. La lumière venait d’une lampe suspendue au plafond et était triste et brutale comme une lumière de salle d’attente.
La main qui tirait la sonnette tomba soudain comme si le ressort qui l’animait s’était brisé. L’homme ne se retourna pas, mais son regard, au lieu de fixer le point gâté de la dent, se fixa sur l’image des deux femmes qu’il voyait dans le miroir.
Sans doute, Antonia craignait-elle des reproches, une manifestation violente de l’impatience de son hôte. Elle balbutia deux ou trois phrases où il était question du dîner qui serait servi à la première demande et d’amoureux qui avaient besoin de roucouler tranquillement.
Rachel sentit qu’elle disparaissait derrière elle dans le couloir et le frisson de la portière qui retombait, le petit bruit de la porte, prirent pour elle une signification singulièrement terrible.
Dans cette seconde, elle songea qu’il était encore temps de s’enfuir. L’atroce souffle de la peur emplit la chambre, donna aux choses l’immobilité qu’elles ont dans les cauchemars. Cette peur effaça de l’air le bruit de la pluie ruisselant sur les toits, la musique des tambourins hindous, un chœur de grenouilles chantant dans un jardin proche. Elle établit un silence parfait comme ceux qu’on imagine régner dans les espaces illimités de l’au-delà.
Avec une clairvoyance décuplée, Rachel pensa qu’il lui suffisait de se retourner, de rouvrir la porte, de descendre l’escalier et de traverser le vestibule pour être dans la rue bénie sous la descente des eaux qui lavent. Elle pensa que son chapeau était resté quelque part dans le salon où elle avait d’abord pénétré. Elle l’abandonnerait volontiers pour éviter des explications, être libre plus vite, oublier cette scène misérable. D’un seul élan, en quelques bonds, elle pouvait gagner la rue. Mais il y a certaines qualités de terreur qui développent la curiosité. Maintenant, ce qui pouvait arriver l’attirait par son inconnaissable. Elle ne voyait que le dos formidable de l’homme. Elle regarda dans la glace pour distinguer les traits de son visage et ce qu’elle aperçut la cloua sur place, béante d’étonnement.
L’homme la fixait, immobilisé, magnétisé. Il avait un crâne en pain de sucre, avec des cheveux drus et humides. Sa figure était large, jaune, et baignée à la base par un double menton flottant. Ses lèvres étaient grasses et très rouges. Mais ce qui frappa Rachel, ce fut une expression de vive intelligence brusquement bouleversée par la terreur. Les yeux, petits et noirs et d’un éclat fulgurant, étaient démesurément ouverts et ils projetaient les sourcils presque jusqu’aux cheveux. Ils reflétaient l’épouvante la plus abjecte.
Rachel vit que la main gauche de l’homme, qui était posée sur la cheminée, se mettait à trembler et elle distingua le petit bruit que faisait le métal d’une bague contre le marbre.
Et, soudain, l’homme fit demi-tour pour se trouver en face de Rachel et la mieux voir. Mais il le fit avec cette rapidité que l’on met, quand on perd de l’œil un adversaire redoutable et qu’on craint d’être frappé par lui durant la seconde où on ne l’immobilise plus avec le regard.
Face à face avec Rachel, seulement séparé d’elle par la table à jeu, il la considéra avidement. Et celle-ci, lucide, constata qu’il était en bras de chemise et sans col, que le tissu de cette chemise était dans une soie très fine et débordait de son pantalon tendu par son gros ventre soulevé. Elle nota que ses mains étaient chargées de bijoux et que sa poitrine était affreusement velue.
Mais la terreur de l’homme ne faisait qu’augmenter par la contemplation de la jeune fille. Son visage exprima qu’il avait la confirmation d’une chose redoutée quand il regardait dans le miroir, d’une chose redoutée peut-être depuis longtemps et entrevue dans le miroir des méditations. Il quitta à nouveau les yeux de Rachel pour regarder à sa droite une porte près de la cheminée et il fut visible qu’il pensait à quitter précipitamment la chambre. Mais il se rappela que cette porte était celle d’un cabinet de toilette qui n’avait pas d’autre issue et d’un geste rapide, en laissant échapper un bruit rauque de sa gorge, il saisit par le goulot une des bouteilles de champagne qui étaient sur la table et il l’arracha de son seau.
Il avait maintenant une arme. Mais le danger qu’il courait et contre lequel il voulait se défendre, était si inconcevable, d’une si inéluctable nature, qu’il se jugeait tout de même bien faible, bien chétif. Collé à la cheminée, sa main gauche en avant et battant l’air pour se protéger, il était plus pitoyable que terrible, il apparaissait si peu redoutable que Rachel ne songea pas à se protéger contre la bouteille de champagne et que même elle sentit s’évanouir en elle toute velléité de départ.
Le souffle qui sortait de la poitrine de l’homme épouvanté devint moins précipité, ses yeux s’écarquillèrent moins, il reposa lentement la bouteille sur la table. La réflexion intérieure pacifia ses traits, consolida ses membres, lui rendit l’usage, un instant annihilé, de sa pensée. Il considéra tour à tour les meubles, les deux couverts sur la table et ses yeux s’arrêtèrent sur la soie maculée du lit comme sur un reposoir bienveillant. Il remua avec lenteur la tête de haut en bas et Rachel comprit qu’il évoquait des souvenirs, faisait des rapprochements, pesait le poids de quelque coïncidence inconnue d’elle où sa ressemblance avec une autre femme devait jouer un rôle.
L’homme esquissa vers Rachel un geste mal assuré, prudent, comme s’il avait voulu la toucher du doigt, afin de s’assurer de la réalité de sa forme. Il n’acheva pas, sentant le ridicule d’un tel geste. Il ouvrit la bouche pour émettre une phrase explicative, mais il se rendit compte de son impossibilité à s’exprimer. Il balbutia tout de même :
— Je vous demande pardon.
Le son de sa propre voix le troubla, remua ses nerfs. Il se laissa tout à coup tomber sur une chaise. Ses traits se revêtirent de cette expression puérile, faite de laideur et de rajeunissement que donnent les larmes aux hommes vieillissants.
A ce moment, aux carreaux de la fenêtre cachée par des rideaux, claqua une large rafale de pluie et le chant des grenouilles monta, plus distinct, comme un hymne désespéré.
L’homme se releva avec une certaine peine. Il passa la main sur son front ; il prit son col sur la cheminée, noua sa cravate, remit son veston. Il en sortit d’une poche intérieure un long chapelet à gros grains de bois qu’il lança autour de son cou, puis il tourna vers Rachel une face baignée de sueur, mais redevenue calme.
Il ne fallait pas qu’elle ait peur. Elle allait s’asseoir tranquillement en face de lui. La table était mise. Ils allaient dîner. Il chercherait à lui expliquer la cause d’une folie dont il était honteux.
Et c’est alors seulement que Rachel le reconnut.