Le voyageur étonné
III
UN RÊVE
Tandis que le vent d’hiver renforçait sa plainte inapaisable autour de notre gîte, nos pensées continuaient à errer parmi les morts. Plus encore : nous nous sentions en famille avec eux. Aussi, le frère et moi, nous avons prêté une oreille attentive quand l’abbé Cerny nous dit tout à coup : — Je vous le répète, ce n’est pas la première fois que les âmes du Purgatoire m’investissent. Je vais vous rapporter un rêve que je fis il y aura bientôt trois mois et qui recèle, je crois, un grave enseignement. Certes, il serait puéril de considérer tous les rêves comme des phénomènes d’ordre surnaturel. La plupart proviennent d’un résidu d’impressions enregistrées, plus ou moins consciemment, au cours de notre existence journalière et flottant à l’aventure sur les ondes de notre sommeil. Ceux-là s’effacent dès le réveil et nous n’en gardons aucun souvenir. Mais il en est d’autres qui semblent nous être envoyés par Dieu. Les images qu’ils impriment en nous offrent une précision, une logique, un enchaînement et une force d’évidence très distincts du pêle-mêle de sensations incohérentes, absurdes ou même monstrueuses qu’engendrent les rêves ordinaires. Au surplus, l’Écriture Sainte nous fournit maints exemples de songes prémonitoires ou symboliques par lesquels Dieu a daigné avertir ou instruire des âmes. Nous n’avons donc pas de motif de tenir, a priori, pour un caprice de notre imagination tel rêve présentant les conditions que je viens d’énumérer et dont s’ensuit un grand bien pour notre vie intérieure. Celui que je désire vous narrer, il n’est peut-être pas téméraire de le classer dans cette catégorie.
L’abbé se recueillit quelques instants puis reprit en ces termes : — J’avais un frère jumeau dont la vocation pour l’état militaire s’est dessinée dès son enfance. A dix-huit ans, il s’engagea dans l’infanterie de ligne, devint rapidement sous-officier, passa par l’école de Saint-Maixent et, à sa sortie, fut nommé sous-lieutenant dans un bataillon de chasseurs à pied. Il possédait de grandes qualités mais, par contre, certains défauts inhérents à son tempérament sensuel et qu’il ne tarda pas à cultiver avec une déplorable complaisance au lieu de les combattre. Pourtant, nous avions reçu une éducation des plus chrétiennes. Mais, de bonne heure, il en négligea les principes et, sitôt qu’il lui fut loisible de satisfaire ses penchants, il délaissa la pratique religieuse pour s’adonner, sans mesure, à son goût des liaisons coupables.
Je n’ai pas besoin de vous décrire par le menu le chagrin que me causait sa conduite. Je fis bien des efforts pour le tirer de l’ornière boueuse où il s’enlisait de la sorte. Comme il tenait garnison assez loin de ma résidence, toutes les lettres que je lui écrivais contenaient ma désapprobation très nette de ses égarements et un rappel des saintes vérités que nos parents défunts nous inculquèrent. Je me gardais, d’ailleurs, d’y mettre de l’acrimonie. Au contraire, ne cessant de l’aimer beaucoup, je m’appliquais à le maintenir dans le sentiment que notre vive affection mutuelle me dictait mes reproches autant que mon devoir de prêtre. Ses réponses ne marquaient en rien que ces admonitions l’eussent importuné. Elles furent toujours chaudement fraternelles mais je n’y trouvai pas une ligne qui pût me faire espérer son amendement. Sur ce point, silence absolu. Je dus en conclure que, redoutant de m’infliger un surcroît de peine par l’aveu de sa persévérance dans la voie mauvaise, il préférait se taire plutôt que de feindre un repentir qu’il n’éprouvait pas.
Tels étaient nos rapports lorsque, trois mois avant la guerre, j’appris qu’il s’était attaché à une femme mariée d’un lien dont tout annonçait la durée. Jusqu’alors il se dispersait en des amours passagères où il ne recherchait que le plaisir des sens et où son cœur n’avait point de part. Mais, cette fois, il était conquis entièrement. Le plus triste, c’est que les circonstances favorisaient cette liaison : non seulement sa maîtresse lui rendait passion pour passion mais encore il n’y avait rien à craindre du mari, celui-ci se livrant à la débauche avec des souillons de carrefour et témoignant d’une totale indifférence quant à l’infidélité de son épouse. On m’a même affirmé qu’instruit qu’elle le trompait avec mon frère, il éclata de rire et déclara : — Elle a raison d’en prendre à son aise puisque je lui donne l’exemple !…
Combien je souffrais de voir mon frère courir de cette allure fougueuse à la perdition de son âme ! Que résoudre ?… Lui écrire plus fortement que je ne l’avais encore fait ? Je venais d’expérimenter que mes lettres ne l’avaient point persuadé au temps où il se contentait d’assouvir sa sensualité en des rencontres de hasard. Qu’obtiendrais-je maintenant que la possession d’une femme sans pudeur mais fort intelligente et fort belle, disait-on, semblait satisfaire en lui un idéal longuement poursuivi ?
Quoique extrêmement pris par mon ministère, je formai le projet d’aller vers lui le plus tôt possible. Qui sait si, de vive voix, mes représentations n’auraient pas plus d’effet que mes lettres ? Je voulus m’en donner la certitude et je calculai qu’une semaine me suffirait pour le voyage et le séjour auprès de mon frère. Je me préparais au départ quand la guerre éclata. Quel contre temps ! Il n’était pas douteux que son bataillon serait envoyé au feu sans délai. Comment le joindre auparavant ? Je n’en voyais pas le moyen et je vivais des jours d’angoisse. Sur ces entrefaites, je reçus un télégramme par lequel il me donnait avis que, traversant Lyon, il y passerait vingt-quatre heures et il me demandait de venir l’embrasser. Ah ! que la lecture de ce petit papier bleu me soulagea ! Je ne perdis pas une minute pour me munir des autorisations indispensables. Vu la mobilisation générale, ce ne fut pas très facile, mais je me débrouillai si activement que, le soir même, je montais dans le train.
A Lyon, je descendis dans un hôtel près de la gare. On m’y procura un commissionnaire que j’envoyai tout de suite à mon frère avec un billet lui mandant que je me tenais à sa disposition, soit que je l’attendisse dans ma chambre, soit que j’allasse le trouver au fort de la Duchère où le bataillon complétait son effectif.
Mon message expédié, je m’exhortai au calme, et j’essayai de prier. Mais je ne parvenais à me recueillir tant je me sentais écartelé entre mon devoir qui me commandait d’éclairer mon frère sur le péril encouru par son âme et ma tendresse qui m’incitait à ne lui donner que des témoignages d’affection sans réserve. Si brève serait cette entrevue — peut-être la dernière que nous aurions en ce monde !…
Grâce à Dieu, je n’eus pas longtemps à me labourer de la sorte. Deux heures après avoir reçu ma lettre, mon frère ouvrait la porte et me tendait les bras. De quel cœur nous nous sommes accolés ! Je riais et je pleurais à la fois. Lui n’était pas moins ému. D’abord nous avons échangé des phrases décousues où débordaient nos sentiments réciproques. Mais, hélas, dès que nous en vînmes à des propos plus suivis, il me fallut reconnaître qu’un abîme s’élargissait entre mon état d’âme et le sien. Je ne me rappelle plus par quelle voie je fus amené à lui dire que je savais sa liaison. Ce dont je me souviens cruellement c’est de l’expression rigide que prit son regard et du mouvement hostile qui le fit s’écarter de moi quand je le suppliai de se rendre compte que cette passion désastreuse le mettait hors de la loi divine.
Il eut un geste coupant pour m’interdire de continuer : — Tais-toi, proféra-t-il d’une voix sèche, ne cherche pas à m’influencer, tu échouerais. Sache seulement que si je reviens de cette guerre, celle que j’aime divorcera et je l’épouserai.
— Charles, m’écriai-je, as-tu donc perdu toute croyance en Dieu ?
— Que j’aie conservé la foi ou non, cela me regarde. Mais retiens ceci : mon amour c’est ma vie. Y renoncer ce serait me suicider…
Il ajouta des paroles si acrimonieuses sur ce qu’il appelait « mes idées de prêtre » que j’aime mieux ne pas les répéter.
Étant l’un et l’autre de caractère impétueux, si je lui avais répliqué sur un ton analogue, une querelle d’une violence qui, à cette minute, aurait eu quelque chose de fratricide pouvait éclater. Dieu me donna la force de me maîtriser. Je saignais en-dedans mais je cachai ma blessure. D’ailleurs peu importait que je fusse blessé !… Comme m’adressant à moi-même, je me contentai de murmurer : — Est-ce donc pour nous heurter si douloureusement que nous nous sommes rencontrés ? Le temps s’écoule d’une façon irréparable et voilà que nous l’employons à nous faire du mal !… Charles, nous séparerons-nous ainsi ?
Il parut touché. Néanmoins, il se tenait sur la défensive car il répondit : — Cela dépend de toi. Promets-moi de ne plus faire aucune allusion au sujet qui nous divise et pendant le peu d’instants qui nous restent à passer ensemble, je me charge de te prouver que je t’aime toujours autant.
— Ton âme m’est trop chère pour que j’accepte cette condition, dis-je en sanglotant, j’aurais beau te promettre mon silence sur ce point, je sais que je manquerais à mon engagement. Songe, je t’en conjure, que si je t’obéissais, ce serait, devant Dieu, comme si je plantais un poteau indicateur, à ton intention, sur la route qui va en enfer.
— Alors, reprit Charles en se dirigeant vers la la sortie, nous n’avons plus rien à nous dire… Adieu !
Sur le seuil, il s’arrêta. J’espérais un revirement providentiel. Mais, avec une inflexion de voix d’une étrange douceur, il dit simplement : — Prie pour moi, mon ami…!
— Ah ! tu n’avais pas besoin de me le demander !
Et je m’élançai vers lui. Mais déjà, il était de l’autre côté de la porte et je l’entendis descendre précipitamment l’escalier.
Une heure plus tard, le cœur brisé, l’esprit en désarroi, je quittai Lyon.
Les jours suivants, ma pensée revenait sans cesse à Charles. Récapitulant les péripéties de notre brève entrevue, je m’empoisonnais du sentiment amer de mon impuissance à le sauver. A quelle profondeur sa passion le possédait ! J’ai beaucoup confessé ; j’ai donc eu souvent affaire à des infortunés que rongeait cette démence qui prend son origine dans une soumission servile à l’instinct : le culte idolâtrique de la femme. Mais l’exemple que me fournissait mon pauvre frère surpassait tous les autres. A force de ressasser cette idée, mon jugement se faussait ; je me sentais tout faible, prêt, par instants, à lui faire savoir que, selon son désir, je ne lui parlerais plus jamais de sa conduite. Mais alors il me semblait entendre le sinistre éclat de rire du Malin désormais assuré que nul ne libérerait cette âme du filet aux mailles de feu où il la tenait captive. Et je m’écriais : — Si je renonce, que répondrai-je à Dieu quand il me demandera : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Ce réveil de conscience finit par l’emporter d’une façon décisive. Je rejetai avec horreur toute velléité de m’avouer vaincu. Et, aussitôt, l’inspiration me vint d’aller au front pour y mériter le salut de Charles. Cette grâce me fut octroyée. Depuis, en assistant ceux qui s’offrent au danger perpétuel d’une mort subite, je tâche de compenser devant Dieu les égarements de mon frère bien-aimé…
Maintenant, voici mon rêve.
Ce soir-là, comme, couché sur la paille de l’écurie où cantonnait notre ambulance, je commençais à m’assoupir, la dernière phrase que Charles m’avait dite me revint fortement à l’esprit : Prie pour moi, mon ami ! Elle signifiait, à coup sûr, qu’il n’était pas perdu sans rémission puisque, malgré notre mésentente, il gardait assez de foi pour admettre que mes prières plaideraient sa cause au tribunal de Dieu. Cette pensée me fut un réconfort. J’en avais besoin car, n’ayant aucune nouvelle de lui, depuis plusieurs semaines, sachant seulement que son bataillon avait pris part à la victoire de la Marne et combattait récemment sur l’Yser, je vivais dans une anxiété continuelle à son sujet. Je m’endormis en formulant le désir d’apprendre bientôt ce qui lui était advenu.
Alors, il me sembla que j’étais transporté ailleurs… dans une plaine immense où il n’y avait ni routes, ni sentiers, ni fleuves ni ruisseaux, ni arbres, ni végétations quelconques, ni le moindre vestige d’un travail accompli par la main de l’homme. C’était une effrayante solitude où régnait la chaleur d’une fournaise inextinguible et sur laquelle s’étendait une morne lueur crépusculaire dont la teinte rougeâtre donnait l’impression d’une nappe de sang diffusée dans un océan de brouillard.
D’abord, une tristesse écrasante me ploya l’âme. Je me croyais à jamais abandonné dans ce désert. Mais lorsque je regardai autour de moi, je m’aperçus que je n’étais pas seul. Des apparences diaphanes m’environnaient — pas tout à fait des ombres, car une sorte de rayonnement très faible émanait d’elles, comparable au reflet, mi-voilé par un nuage, d’un astre infiniment lointain. Toutes étaient tournées ou plutôt tendues vers un segment de l’horizon comme si, là-bas, allait naître la pleine lumière. Quelques-unes paraissaient déjà l’entrevoir mais moi, mes regards se heurtaient à des ténèbres qui bornaient les confins de la terre et du ciel. Renonçant à les percer, j’examinai attentivement les ombres qui m’étaient le plus voisines. J’avais le sentiment d’une corrélation avec elles et pourtant je n’en reconnus aucune. Leurs visages étaient si vagues ! On eût dit, à l’avers de très anciennes médailles, des effigies rendues presque indistinctes par l’usure.
Je demandai : — Où suis-je donc ? Nulle parmi les ombres ne manifesta qu’elle m’avait entendu. Mais une voix intérieure me répondit : — Tu es en Purgatoire.
Je ne m’étonnai ni ne m’alarmai. Ainsi qu’il arrive dans les rêves, je trouvais ce Surnaturel — tout naturel. Cependant un incident ne tarda pas à se produire qui me remua jusqu’au plus intime de mon être. Les ombres, sans paraître toutefois avoir soupçonné ma présence, s’écartèrent de moi. Elles se mirent en marche vers ce point mystérieux qui les attirait d’une façon irrésistible et elles se fondirent dans l’atmosphère torride où nous étions immergés. Je me disposais à les suivre lorsque j’en fus empêché par la survenue d’une âme qui me barra le passage. Celle-ci me voyait. Elle s’arrêta net pour me fixer. Deux flammes, jaillies de ses prunelles, lui éclairèrent le visage d’une façon si intense que, sans erreur possible, je reconnus mon frère Charles !…
Cloué sur place, la gorge serrée, le cœur tressautant, je m’efforçai de crier son nom. D’un geste, il m’imposa silence. Alors, non par l’ouïe mais au-dedans de moi, je l’entendis murmurer : — Je suis mort cette nuit… Prie pour moi !
Simultanément, je fus averti que, jumeaux sur terre, en Purgatoire nous n’avions qu’une âme. C’est pourquoi, bien que Charles n’articulât plus une seule syllabe, j’éprouvais ses souffrances comme lui-même les éprouvait. Elles étaient doubles. D’une part, un feu, d’une ardeur toujours croissante le consumait, rongeait, comme un vitriol implacable, les taches laissées par ses péchés. D’autre part, l’amour de Dieu, le désir de le posséder dans l’Absolu le calcinait au point qu’il n’est pas de soif d’ici-bas qui puisse lui être comparée. Ensuite, je sentis la réalité de ce que j’avais naguère appris par la foi — ceci : comme toutes les âmes du Purgatoire, Charles ne pouvait rien pour abréger la durée de sa pénitence. C’était uniquement par les prières des fidèles en état de grâce et appartenant à l’Église militante qu’une telle faveur lui serait consentie. Et l’attente éplorée de cette intercession constituait une troisième torture…
Dès que je fus tout imprégné de son supplice, Charles leva la main et me désigna l’horizon et, aussitôt, là où je n’avais perçu qu’une muraille de nuit opaque, je vis se dresser une cathédrale tout en or radieux. Elle brillait comme dut briller l’étoile qui conduisit les Mages à la crèche de Bethléem. Il n’est pas de chiffre capable d’évaluer l’effrayante distance qui nous en séparait. A ce moment, notre fusion l’un dans l’autre prit fin. Charles eut un sourire de gratitude mélancolique car il lisait en moi que, jusqu’à mon dernier souffle, toutes mes énergies se voueraient à solliciter pour lui la Miséricorde divine et à l’assister de mes oraisons durant son long, si long voyage vers la Béatitude éternelle. Puis un rideau de brume embrasée se déroula entre nous… Tout disparut et je me réveillai, ruisselant de larmes.
Pendant toute cette journée et celle du lendemain, je restai sous l’influence de mon rêve. Sans arrêt, je me posais des questions douloureuses : ce songe figure-t-il un avertissement venu d’En-Haut ? N’est-ce qu’un cauchemar où se condensèrent mes préoccupations depuis des semaines ? Par-dessus tout, je me demandais si mon frère était encore de ce monde.
Le matin du troisième jour, je reçus une lettre signée de l’aumônier volontaire qui accompagnait son bataillon. Elle m’apprenait la mort de Charles ! Menant ses hommes à l’attaque d’une tranchée allemande, il avait été transpercé d’un coup de baïonnette et il n’avait survécu que peu de temps à sa blessure. Et cela s’était passé dans la nuit et à l’heure où lui-même m’annonçait son entrée en Purgatoire…
La missive de l’aumônier se terminait par ces lignes qui se gravèrent en moi de telle sorte que je puis les répéter sans crainte d’en déformer le sens : « Je me suis tenu près de votre frère jusqu’au dénouement. Tant que se prolongea son agonie, je lui ai prodigué toutes les consolations religieuses dont je suis capable. Il avait sa connaissance ; il m’entendait mais, le sang l’étouffant, il ne pouvait me répondre. Pourtant, au moment suprême, il se souleva de terre ; une expression d’humilité adorante lui éclaira la figure ; il se frappa la poitrine et réussit à émettre ce seul mot : Confiteor ! Puis il retomba et tout fut fini… Je crois ne pas me tromper en affirmant que Dieu lui a octroyé l’entière contrition de ses fautes… »
L’abbé Cerny inclina le front et entra dans une méditation profonde que, pleins de sympathie et de respect, nous nous gardâmes de troubler. Enfin, relevant la tête, il s’écria : — Louanges à Dieu ! Charles expie mais il est sauvé. Il dépend de moi d’obtenir pour son âme une réduction de peine, Maintenant, accourez souffrances et occasions de sacrifices — je suis prêt !…