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Les Mémoires d'un Parapluie

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LES
MÉMOIRES D’UN PARAPLUIE

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I
MON ENFANCE ET MES DÉBUTS DANS LE MONDE

Je suis d’une naissance obscure; j’entends par là que je naquis dans l’arrière-boutique fort sombre d’un marchand de parapluies. Ne me demandez pas, jeunes lecteurs, des détails sur ma première enfance; d’ailleurs seriez-vous capables d’en donner sur la vôtre?

Mes souvenirs les plus anciens remontent à une grande armoire vitrée où je dormais dans ma gaine de cuir comme un enfant dans son maillot.

Je n’y étais pas seul: d’autres parapluies de divers genres et de dimensions variées m’entouraient, soigneusement alignés; d’autres, traités avec moins d’égards, formaient un faisceau compact dans un coin rentrant du placard, où le public ne pouvait les voir. Ils étaient vieux, et il n’y a rien de plus triste qu’un parapluie hors d’usage, avec ses baleines qui pointent comme les os d’une carcasse décharnée, sa soie fripée telle qu’un visage couvert de rides, sa canne usée, son manche dédoré ou écorné; tout cet ensemble a quelque chose de lamentable qui serre le cœur.

A défaut de beauté, ces vieux parapluies qui attendaient la réparation dans ce coin noir, avaient beaucoup d’expérience; ayant lutté avec persévérance contre le vent et la pluie, ils en savaient long sur la vie, et leur conversation était des plus instructives; ce furent les premiers éducateurs de ma jeunesse, et je leur dois de précieuses connaissances sur le monde où j’allais bientôt faire mon entrée.

Il y avait aussi dans la même armoire, mais occupant le coin opposé aux vieux parapluies, une petite ombrelle bleue, d’un caractère fort aimable, avec laquelle j’étais lié d’amitié. Ah! ces affections d’enfance, rien ne les remplace!

Les autres ombrelles habitaient des vitrines éloignées et je n’avais aucun rapport avec elles; je les voyais passer de loin, coquettes, un peu prétentieuses même, lorsqu’elles entraient ou sortaient du magasin, c’était tout.

Il me reste maintenant à expliquer comment ma chère petite ombrelle bleue, au lieu de prendre rang parmi ses compagnes, se trouvait égarée parmi nous les parapluies. C’est bien simple: elle n’était jamais mise à sa place, parce qu’elle appartenait à une jeune personne, fille unique de la maîtresse du magasin et extraordinairement gâtée; Mlle Antoinette Rossignol préférait laisser là son ombrelle, pour n’avoir pas besoin d’aller la chercher dans sa chambre, située au-dessus du magasin, quand elle devait faire une petite course pour le compte de sa maman. On le voit, elle savait économiser ses pas; il est vrai que c’était à peu près la seule chose qu’elle économisât, car elle était fort dépensière et ne trouvait rien d’assez beau pour sa toilette. Lorsque Mme Rossignol lui objectait le prix d’achat d’un objet, elle répliquait:

Mlle ANTOINETTE SERRAIT SON OMBRELLE.

«Bah! tu te rattraperas sur les clients; force un peu les chiffres de vente, au lieu de me contrarier.

—C’est que les clients se défendent, soupirait cette dame, et si je leur vends les choses plus cher qu’elles ne valent, ils sauront bien aller ailleurs.

—Ils n’ont pas tant d’esprit que cela, répliquait la demoiselle; et puis il y a les messieurs qui n’entendent rien à rien.»

Je crois que Mme Rossignol ne suivait que trop les mauvais conseils de sa fille, aussi son magasin n’était-il guère achalandé et je restai longtemps dans mon armoire vitrée sans qu’on eût besoin de moi.

Malgré les récits peu encourageants des vieux parapluies, j’avais hâte d’en sortir et de me déployer au grand air, tant le mouvement et la liberté ont d’attraits pour la jeunesse. En vain, ma chère ombrelle bleue, plus sage ou plus timide, essayait de calmer mon ardeur:

«Qu’as-tu besoin de quitter ce paisible asile, me disait-elle plaintivement, pour affronter les bourrasques et les orages dont tant de parapluies sont victimes!

—Que veux-tu, chère amie, c’est la destinée des parapluies de braver les averses, et mieux vaut encore remplir sa tâche au milieu des épreuves que de végéter inutile!»

Elle soupira et je vis que je ne pourrais jamais la convaincre, tant nos vocations étaient différentes.

Mais, malgré la divergence de nos opinions, nous n’en étions pas moins bons amis. Malheureusement, l’ombrelle bleue ayant failli être vendue par mégarde à une dame, Mlle Antoinette, qui y tenait beaucoup, se décida à la serrer dans un endroit où elle serait à l’abri de pareilles méprises.

La séparation fut déchirante; j’éprouvai alors le premier chagrin de ma vie.

Un jour, comme Mme Rossignol était occupée dans son arrière-boutique, je vis entrer dans le magasin une dame et une petite fille d’une douzaine d’années, et, tandis que la sonnette retentissante de la porte prévenait la marchande, les deux étrangères échangeaient le dialogue suivant:

«Maman, disait l’enfant, je t’assure que j’aimerais beaucoup mieux une poupée.

—Y penses-tu, ma petite Marthe! mettre à une chose aussi inutile les vingt francs que te donne ta marraine pour tes étrennes?

«VOILA VOTRE AFFAIRE!»

—Mais, Maman, ce n’est pas inutile du tout, puisque ça m’amuse!

—Il n’est pas nécessaire d’avoir des joujoux, et surtout des joujoux de ce prix-là, tandis que tu aurais besoin de tant de choses que je ne puis te donner; ah! je regrette bien que ta marraine veuille te remettre elle-même ses étrennes, et que ce soit un objet qu’il faille montrer, sans cela je t’aurais acheté six chemises!

—Ça ne m’aurait pas fait beaucoup de plaisir; j’aime encore mieux un parapluie.

—Tu vois donc que j’avais raison de te le conseiller! Du reste, les parents ont toujours raison et les petites filles se trompent souvent.

—Je ne dis pas, Maman, mais, c’est égal, j’aurais bien préféré une poupée!»

Cette protestation suprême, faiblement articulée, fut couverte par la voix de Mme Rossignol qui demandait «ce que désirait Madame».

«Un bon parapluie pour ma fille; c’est un cadeau de Jour de l’An qu’on lui fait, mais elle doit le choisir elle-même.

—Alors, c’est un parapluie d’enfant?

—Pardon, interrompit la cliente, je veux un parapluie sérieux, un parapluie de grande personne, qui puisse aussi bien me servir à l’occasion.

—Un parapluie de famille?» modula assez dédaigneusement la marchande.

Mais l’étrangère, tout à l’intérêt de son acquisition, ne saisit pas l’impertinence, qui cependant fit rire toutes les ombrelles et chuchoter les cannes entre elles dans leur râtelier. Elle poursuivit imperturbablement:

«Je veux quelque chose de solide.

—Alors voilà votre affaire!»

Et Mme Rossignol saisit, tout à côté de moi, un gros parapluie fort lourdement monté, démodé quoique neuf, et qui était le doyen de notre vitrine.

«Ah! qu’il est laid! s’écria naïvement l’enfant.

—Cette soie marron ne me plaît pas, ajouta la mère; et puis ce manche n’est pas nouveau, c’est un parapluie que vous devez avoir depuis longtemps en magasin?

—Dame! murmura la marchande assez confuse, ce n’est pas la dernière nouveauté, mais aussi je vous aurais fait un rabais.»

Voyant que sa cliente savait parfaitement acheter, elle n’essaya pas davantage d’égarer son choix. Aussi, marchant tout droit vers moi:

«Voici ce que j’ai de mieux en fait de parapluie, dit-elle. Voyez plutôt: le manche est charmant, la monture bien finie et la soie croisée parfaitement souple; or, vous ne l’ignorez pas, Madame, ces soies souples ne se coupent pas, comme les autres.»

Tout ce qui précède était fort exact et la dame ne put qu’acquiescer, tout en m’examinant avec le plus grand soin. Mon émotion était extrême, bien qu’il n’en parût rien, car les parapluies n’ont aucun moyen d’exprimer leurs sentiments. Comme l’examen se prolongeait, Mme Rossignol dit encore:

«Si ce vert foncé, vert myrte, comme nous l’appelons, ne vous plaisait pas, nous avons encore la couleur carmélite, qui est très bien portée, quoique moins nouvelle.»

Mais la petite demoiselle déclara qu’elle aimait mieux le vert et qu’elle me trouvait très joli. Le compliment me fit plaisir; c’était le premier que je recevais.

Restait à débattre la grosse question du prix.

«Vingt-quatre francs», dit Mme Rossignol.

La cliente se récria: C’était un cadeau de vingt francs qu’on faisait à sa fille, et elle entendait n’y rien ajouter de sa poche; d’ailleurs le parapluie ne valait pas davantage; on les vendait même à bien meilleur marché dans les grands magasins de Paris (j’habitais alors Bordeaux), et il n’était pas difficile de faire venir quelque chose du Louvre ou du Bon Marché.

En entendant ces noms exécrés de tous les petits marchands, Mme Rossignol commença à faiblir: «Elle y perdrait, mais pour contenter une nouvelle cliente, elle consentait à rabattre deux francs; Madame serait raisonnable et ferait de son côté une petite concession.»

Mais elle avait affaire à forte partie, et quand elle vit la mère de la petite Marthe battre en retraite vers la porte sans concéder un sou et prête à en passer le seuil, elle me céda pour vingt francs.

«Allons, Madame, prenez-le donc à votre prix; j’y mets du mien, c’est dans l’espoir que vous recommanderez la maison.»

Elle passa par-dessus ma gaine un étui de papier gris; j’eus à peine le temps de murmurer un dernier adieu à mes camarades les parapluies neufs, à nos vétérans les parapluies en réparation, de donner un souvenir à ma chère petite ombrelle bleue.... J’entendis un instant des voix, perceptibles pour moi seul, qui disaient: «Adieu! Au revoir! Bonne chance!» C’en était fait! je me trouvais dehors, au grand air, lancé dans le monde, le vaste monde, emporté dans les bras d’une petite fille qui ne savait trop comment me tenir, car j’étais presque aussi grand qu’elle.

LA PETITE FILLE M’EMPORTAIT.

Faut-il décrire mes impressions quand je me sentis à l’air libre? La première, la plus distincte, fut que j’entrais dans mon élément; en effet un parapluie a été créé, je veux dire fabriqué, pour un service tout extérieur, et la vie casanière du bibelot lui est absolument antipathique. J’étais charmé de me trouver dans la rue, de me mêler au mouvement, et j’appelais de tous mes vœux une petite averse qui me permît de m’épanouir dans tout l’éclat de ma beauté et de ma jeunesse. En cela, j’avais tort, car la pluie serait venue inutilement pour moi, l’heure où je devais entrer dans ma carrière n’étant pas encore tout à fait sonnée. Quand bien même, en effet, il serait tombé des torrents, la jeune Marthe n’eût pas osé se servir de sa nouvelle acquisition, qui devait au préalable passer par les mains de sa marraine; elle était censée ignorer mon existence, destinée à se révéler sous la forme d’une aimable surprise.

Je fus donc porté avec quelque mystère chez Mme veuve Trofé, et placé dans un grand placard, en attendant le jour de la délivrance, c’est-à-dire celui du 1er janvier.

Je m’ennuyai beaucoup chez cette vieille dame qui vivait entre son chat Mousquetaire, son chien Bichon et sa bonne Pétronille.

J’appelais de tous mes vœux l’heure des compliments et des étrennes qui devait mettre un terme à ma captivité, laquelle me semblait d’autant plus pénible que j’avais entrevu la liberté.

Enfin le 1er janvier arriva, et avec lui la petite Marthe, rouge et intimidée, toute raide dans une toilette neuve. Soufflée par sa mère qui l’encourageait à voix basse, elle récita, presque sans reprendre haleine, un compliment qui avait bien trois pages; on eût dit une lettre de Jour de l’An apprise par cœur; mais, sans doute, c’était fort beau, car tout le monde parut ravi et en particulier la mère de la jeune personne. Pétronille, qui écoutait, familièrement appuyée sur le dossier du fauteuil de sa maîtresse, vint alors me tirer du fond de mon armoire et m’apporta triomphalement à Mme Trofé, laquelle me remit à Marthe d’un air solennel. Je fus reçu avec les marques d’un vif plaisir, Marthe ayant enfin compris, grâce, sans doute, aux exhortations de sa mère, qu’une poupée ne convenait guère à une grande fille de douze ans, et qu’il valait beaucoup mieux pour elle recevoir un «cadeau utile».

Me voilà donc chez ces Duvignot! Il convient que je donne d’abord quelques détails sur l’intérieur où je fis mes débuts.

MARTHE RÉCITA SON COMPLIMENT.

La famille Duvignot se composait de quatre personnes: le père, modeste employé dans une administration du Gouvernement; la mère, qui se consacrait aux soins du ménage; un fils, appelé Adrien, alors âgé de dix-sept ans; et enfin la petite Marthe, qui allait en pension dans le voisinage. A cette dernière je m’attachai facilement, quoiqu’elle eût ses défauts. C’était une bonne petite fille, qui aimait ses parents et contentait ses maîtres. Mais son frère Adrien était un triste sujet: commis dans une boutique de mercerie, il était déjà prétentieux et plein de vanité. Il dépensait tous ses maigres appointements à sa toilette et tenta immédiatement de s’emparer de moi; heureusement que sa jeune sœur, ne l’entendant pas ainsi, me défendit contre lui avec la plus grande énergie.

Il y avait déjà un mois que j’étais chez les Duvignot lorsque je reçus ma première goutte de pluie.

C’était un dimanche, et la mère et l’enfant sortaient de l’église quand l’averse commença:

«Maman, dit la petite fille, si je mettais mon beau parapluie sous mon manteau? J’ai si peur de l’abîmer!»

Je frémis de honte; allait-elle me déshonorer et se couvrir de ridicule? Vous ne l’ignorez pas, mes chers lecteurs, on met un manteau à l’abri sous un parapluie, mais jamais on ne place un parapluie sous un manteau.

Heureusement que Mme Duvignot, en femme de bon sens, répondit:

«Au contraire, ma petite, il faut ouvrir ton parapluie qui nous empêchera toutes les deux d’être mouillées, et une ondée ne lui fera aucun mal, je t’en réponds.»

«IL FAUT OUVRIR TON PARAPLUIE.»

L’enfant obéit et je m’épanouis sous cette bienfaisante giboulée.

Avec quel plaisir je sentais tomber sur ma soie bien tendue ces gouttes d’eau qui semblaient de petits coups de doigts légers sur un tambour de basque! un bruit gai et sonore, quelque chose d’entraînant, et la preuve, c’est que ces dames pressaient instinctivement le pas. J’étais à la fois ému, enivré, un peu troublé.... Je m’imagine que le jeune et vaillant conscrit qui va pour la première fois au feu doit éprouver des impressions de ce genre; seulement, pour nous autres, c’est l’eau qui est notre élément de bataille, celui dans lequel nous devons vivre et mourir.

Telle fut mon inauguration officielle.

A quelques jours de là, comme le temps était fort menaçant, M. Duvignot dit à sa fille:

«Marthe, veux-tu me prêter ton parapluie pour aller au bureau? le mien est à raccommoder.»

En effet, mon pauvre camarade, depuis quelque temps déjà dangereusement malade, avait été envoyé chez son médecin, où il devait rester quelques jours en traitement.

Naturellement ma petite maîtresse acquiesça avec empressement à la demande de son père, et courut me chercher sous ma serge verte. Mais, en dépit des gros nuages noirs qui encombraient le ciel, le temps se maintint jusque vers quatre heures, c’est-à-dire que la pluie commença à tomber juste à la sortie des bureaux.

Comme M. Duvignot venait de m’ouvrir, il aperçut son chef, M. Reis, qui s’arrêtait indécis sur le seuil de la porte cochère en marmottant entre ses dents:

«Quelle distraction d’avoir oublié mon parapluie! Aussi ma femme aurait dû m’y faire penser; et justement j’ai mon pardessus neuf!»

M. Duvignot ne fit qu’un bond jusqu’à son supérieur hiérarchique.

«Monsieur Reis, faites-moi l’honneur d’accepter mon parapluie, pour aller jusque chez vous.

—Mais non, mon cher Duvignot, je me reprocherais de vous faire mouiller.»

En somme, il se défendait assez mollement; l’employé insista:

«N’y songez pas un instant, je demeure tout près d’ici, et encore j’ai un bout de chemin à couvert par les galeries; prenez mon parapluie ou je croirai que vous ne le trouvez pas digne de vous.

—Mais il est fort joli, au contraire (mon maître et moi, nous fûmes, très sensibles au compliment), seulement je ne veux pas vous en priver.

—Vous me désobligeriez en le refusant.

—S’il en est ainsi, je l’accepte.»

Et je passai dans les mains de M. Reis, qui décidément se laissait faire une douce violence.

Je crois que mon maître, qui demandait de l’avancement, était enchanté de cette occasion de rendre un petit service à son chef direct; mais, comme il arrive souvent, ce dernier attacha beaucoup moins d’importance à ce léger incident que ledit subordonné, si bien qu’en arrivant chez lui, il me déposa dans un porte-parapluie qui se trouvait dans son antichambre, et ne songea plus à moi. Il ne pensa pas même à me renvoyer à mon légitime propriétaire, à qui je devais fort manquer, mais qui ne me manquait pas du tout, ce changement de résidence faisant une agréable diversion dans ma vie.

Le porte-parapluie dans lequel m’avait déposé M. Reis contenait une charmante réunion au milieu de laquelle je fus heureux de me trouver.

Nous étions là deux cannes, un gros parapluie cossu, mais peu élégant, et moi: un vrai salon et, qui plus est, un salon distingué. Je vous assure que la société dont je faisais alors partie était très agréable. Je commençais à me féliciter de l’aventure à la suite de laquelle j’étais entré chez M. Reis, et je faisais des vœux pour ne plus retourner chez les Duvignot.

Aussi est-ce presque avec regret que j’entendis tout à coup Mme Reis s’écrier en m’apercevant:

«Ah! vois donc, Jules; à quoi as-tu songé? Depuis deux jours tu gardes ici le parapluie de M. Duvignot, et il n’a pas cessé de pleuvoir!

—Ma foi! ce parapluie m’est sorti de la tête; tu aurais dû m’en faire souvenir.

—J’ai bien d’autres choses à penser!

—Et moi donc! crois-tu qu’avec toutes mes préoccupations j’aie le temps de m’occuper du parapluie de M. Duvignot!

—Tu ne pourras pas te dispenser, après avoir fait mouiller jusqu’aux os ce pauvre garçon, d’appuyer sa demande d’avancement.

—Il a peut-être d’autres parapluies, répondit le mari.

—On n’a jamais assez de parapluies dans une famille», fit observer doctoralement Mme Reis, et cette remarque me parut à la fois flatteuse et pleine de profondeur.

En conclusion, on me rapporta chez les Duvignot, et Marthe me fit un accueil charmant, sans doute parce qu’elle avait craint de me perdre; j’en fus touché et je me serais retrouvé avec plaisir dans ses mains, n’eût été ce mauvais sujet d’Adrien dont la présence me gâtait ce modeste mais honnête intérieur.

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