← Retour

Observations sur l'orthographe ou ortografie française, suivies d'une histoire de la réforme orthographique depuis le XVe siècle jusqu'a nos jours

16px
100%

[126] Il suffira d’un simple coup d’œil sur les dernières éditions du nouveau Dictionnaire de médecine de Nysten, si savamment complété par MM. Littré et Ch. Robin, pour se rendre compte de la destruction imminente dont notre langue est menacée de ce côté. Le lexicographe enregistre, bien malgré lui, des mots inutiles ou mal formés. Les savants, en effet, forgent sur le type grec des mots français qu’ils croient appropriés à l’énoncé de leurs systèmes, sans trop s’inquiéter si dans notre langue n’existent pas déjà des expressions capables de rendre leur idée. D’autres, pour faire parade d’une érudition qui leur manque, nous apportent des barbarismes ou des solécismes, comme œnophile, bibliophile, lithontriptiques, orthopnée, apyre, hydroscope, etc. Voyez B. Jullien: Les principales étymologies de la langue française, Paris, Hachette, 1862, in-12.

Je crois donc rendre un véritable service à l’étude de notre idiome par l’esquisse de la réforme depuis son origine, esquisse qui pourra plus tard être étendue et transformée en une véritable histoire.

J’ai marqué d’un astérisque, au commencement des titres, les ouvrages que je n’ai pu voir et que j’ai seulement trouvés cités dans les auteurs.

AU SEIZIÈME SIÈCLE.

Geofroy Tory. Champ fleury, etc. Acheue dimprimer le xxviij Iour du mois Dapuril Lan mil cincq cens XXIX pour maistre Geofroy Tory de Bourges, autheur dudict liure. Paris, in-4.

Dans cet ouvrage, dont le privilége est du 5 septembre 1526, Tory réclame (fol. 52 recto, 56 verso) l’emploi des accents et de l’apostrophe. Dès qu’il fut imprimeur, il ne tarda pas à introduire dans ses éditions plusieurs de nos signes orthographiques. Dans l’Adolescence clementine de Clément Marot, imprimée le 7 juin 1533, Tory annonce ainsi cette réforme: «Auec certains accens notez, cest assauoir sur le é masculin different du feminin, sur les dictions ioinctes ensemble par sinalephes, et soubz le ç quand il tient de la prononciation de le s, ce qui par cy deuant par faulte daduis n’a este faict au langaige françoys, combien qu’il y fust et soyt tres necessaire.»

* Jean Salomon s’est, dans le cours de la même année 1533, servi du ç dans une dissertation intitulée: Briefue doctrine pour deuement escripre selon la propriete du langage francoys, reliée dans l’exemplaire de la Bibl. imp. du Miroir de l’ame pecheresse de Marguerite de Navarre, édition sans lieu, sans date et sans nom d’imprimeur. Voir Geofroy Tory, par M. Auguste Bernard, 2e édition, Paris, Tross, 1865, in-8o, p. 374.

* Tresvtile. Et. cõ | pendieulx Traicte de lart et science dorto | graphie Gallicane | dedans lequel sont com | prinses plusieurs choses necessaires | curieuses | nouvelles | et dignes de scauoir | non veues au | parauant. Auec une petite introdouction pour | congnoistre a lire le chiffre. (A la fin:) Imprime a Paris pour Jehã Saĩt denis | libraire demourãt a Paris, etc. (s. d.), pet. in-8, goth. de 18 ff. (Cet opuscule commence par une épître à Jacques Daoust, bailly d’Abbeuille, pièce datée de cette ville, le XXII de septembre. Mil cinq centz vingt neuf.)

Il m’a été impossible de me procurer ce livre introuvable, qui est le premier traité de l’orthographe, ou plutôt, comme dit logiquement l’auteur lui-même, de l’Ortographie française, écrit en français. Le seul exemplaire connu a figuré à la vente Veinant.

Gilles du Wès (ou Dewes, ou du Guez). An Introductorie for to lerne, to rede, to pronounce and to speke french trewly, compyled for the right high, exellent and most vertuous lady the lady Mary of Englande, doughter to our most gracious soverayn lorde kyng Henry the eight. (A la fin:) Printed at London by Thomas Godfray (vers 1527), in-4, goth.

Chargement de la publicité...