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Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Volume 4/8)

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Blandulus, eximius, pulcher, dulcissimus infans,
Deliciæ matris, deliciæque patris,
Hîc situs est teneris raptus Valesius annis,
Ut rosa quæ subitis imbribus icta cadit.

327: On prétend que les Rostaing avoient offert aux pères Feuillants de faire reconstruire leur maître-autel, dont le dessin étoit très-pauvre, à condition qu'ils y placeroient leurs armoiries en soixante endroits. Cette vanité parut à ces bons pères si déplacée et si peu chrétienne qu'ils rejetèrent l'offre qu'on leur faisoit, quel qu'en fût d'ailleurs l'avantage.

328: Voyez tome 1er, page 991.

329: Ces trois statues avoient été déposées au Musée des Petits-Augustins.

330: Cette figure, d'une exécution médiocre, est cependant encore de la bonne école. La roideur qu'on y remarque ne doit être attribuée qu'à l'armure dont elle est couverte, car du reste l'attitude ne manque pas de naïveté. (Déposée aux Petits-Augustins.)

331: Presque tous les monuments dont nous venons de faire la description étoient ornés de longues épitaphes, dont la plupart avoient été composées par le père Carneau, célestin. Il eût été fastidieux de les rapporter; et généralement, dans ces sortes d'inscriptions, nous nous bornons à choisir celles qui offrent quelque chose de piquant ou de singulier.

332: Nous croyons qu'ils avoient été transportés au Musée des monuments françois.

333: L'église et les bâtiments des Célestins ont été depuis peu en partie abattus; ce qui reste de ces constructions forme une caserne de cavalerie. La vue que nous en donnons est curieuse, en ce qu'elle offre la perspective de l'ancien Mail qui régnoit le long de l'Arsenal. (Voyez pl. 107).

334: Voyez pl. 108.

335: Le tonnerre étant tombé sur la tour de Billy le 19 juillet 1538, mit le feu à une grande quantité de poudre qui y étoit renfermée, et détruisit entièrement cette tour, placée sur le bord de la Seine, derrière les Célestins.

336: Ce fut aussi ce prince qui créa, en 1600, la charge de grand-maître de l'artillerie de France, en faveur de Sully, son ministre et son ami, chez lequel il alloit souvent; et c'est en s'y rendant, le 14 mai 1610, qu'il fut assassiné. Cette place fut supprimée par édit du 8 décembre 1755, et ses fonctions réunies au ministère de la guerre. Quelques historiens attribuent l'érection du mail à Charles IX.

337: On appeloit alors les lits Couches quand ils avoient dix ou douze pieds de long sur autant de large, et Couchettes quand ils n'avoient que six pieds de long et six de large. Il a été long-temps d'usage en France de retenir à coucher ceux à qui l'on vouloit donner une marque d'affection.

338: En 1742 on voyoit encore dans les jardins de cette maison un monument assez singulier: c'étoit un petit tombeau de fort bon goût, que Paule-Françoise-Marguerite de Gondi, veuve d'Emmanuel de Créqui, duc de Lesdiguières, avoit fait ériger à une chatte qu'elle avoit beaucoup aimée. On y lisoit cette épitaphe, d'un tour naïf et délicat:

Cy gît une chatte jolie:
Sa maîtresse, qui n'aima rien,
L'aima jusques à la folie.
Pourquoi le dire? on le voit bien.

339: Trés. des Chart., f. 45.

340: Nous avons jugé à propos de donner une vue de ce bâtiment, qui, dans plusieurs parties, telles que les portes et les frontons, étoit chargé des ornements les plus délicats de l'architecture gothique. On retrouve sur notre gravure toutes ces sculptures, détruites pendant la révolution. (Voyez pl. 109.) L'hôtel de Sens est depuis long-temps une maison de roulage, et on le trouve déjà indiqué sous ce titre dans le plan de La Caille.

341: T. I, p. 115.

342: Mss. de S. Germ. des Prés, c. 1589.

343: Il y a dans cette rue deux culs-de-sac; le premier, qu'on nomme Putigno[343-A], n'est désigné sur aucuns plans antérieurs à celui de Roussel, publié en 1731; il existoit cependant dès la fin du treizième siècle. Guillot en fait mention sous le nom de rue des Poulies-Saint-Pou (Saint-Paul). Sauval en parle sous celui de Viez-Poulies (t. I, p. 170), comme d'une rue inconnue, quoiqu'il rapporte ensuite des titres où elle est clairement énoncée.

Le second, appelé Putigneux, a été confondu avec le premier dans la nomenclature des rues de Paris par Valleyre; Corrozet le nomme Putigneuse. Jaillot croit que c'est le cul-de-sac que Guillot a désigné sous le nom de Rue Ermeline-Boiliauë, laquelle sans doute se prolongeoit alors jusqu'à la rue des Barrés. Ces deux culs-de-sac servoient encore, en 1640, de passage et d'entrée à deux jeux de paume.

343-A: Ce cul-de-sac est maintenant occupé par un établissement de voitures publiques.

344: Trésor des chart.

345: Il y avoit dans cette rue deux culs-de-sac. Le premier s'appelle cul-de-sac Guépine: l'abbé Lebeuf a pris ce cul-de-sac pour la rue des Viez-Poulies de Guillot; cependant la rue à la Guépine étoit connue sous ce nom, et indiquée dans un acte du mois de mai 1266 (Cart. S. Maur., fol. 22), et dans le rôle de taxe de 1313.

Le second se nomme cul-de-sac de Fourci; il doit ce nom à l'hôtel auquel il est contigu. Le censier de Saint-Éloi de 1367 le nomme petite ruelle Sans-Chef, et ruelle qui fut jadis Hélie-Annot. Au commencement du dix-septième siècle on le nommoit rue de l'Aviron, nom qui lui venoit d'une enseigne. On voit cependant que dès 1633 il avoit été donné à M. de Fourci. (Chamb. des Compt. Mem. C. D., f. 260.)

346: Il y avoit dans cette rue un cul-de-sac appelé d'Aumont. La Caille et Valleyre l'ont confondu avec celui de Fourci, et n'en font qu'un des deux. On voit, par l'indication qu'ils en donnent comme aboutissant à la place aux Veaux, qu'ils l'ont identifié avec la rue du Paon-Blanc. Ce cul-de-sac a été bouché depuis quelques années.

Il y avoit aussi dans cette rue un autre cul-de-sac appelé de la Longue-Allée, qui conduisoit à un grand logis nommé la cour Gentien. Il est assez difficile d'en déterminer au juste la position: car dans le manuscrit du procès-verbal des commissaires, fait en 1637 et années suivantes, ce cul-de-sac est indiqué entre la rue Geoffroi-l'Asnier et celle des Nonaindières; et dans la déclaration de l'abbé de Tiron, du 12 avril 1676, la ruelle Gentien est dite aboutir sur le quai des Ormes et la rue des Nonaindières, entre cette rue et le chantier du Roi, près l'hôtel de Sens. Dans le même recueil qui contient ces actes, on trouve qu'il y avoit une ruelle sans bout nommée ruelle du Mûrier, dont l'entrée étoit rue de la Mortellerie, et dont rien n'a pu nous indiquer la position.

347: T. I, p. 157.

348: Gall. christ., t. VII, col. 607.

349: T. II, p. 270.

350: Reg. de la ville, f. 371.

351: Nous rapporterons ce fait et le miracle dont il fut accompagné, d'après le témoignage unanime de tous les historiens, qui eux-mêmes ne l'ont raconté qu'en s'appuyant sur des titres certains et sur une tradition constante qui remonte jusqu'aux contemporains. Ce juif se nommoit Jonathas: une pauvre femme lui ayant emprunté 30 sous parisis sur le meilleur de ses habits, et se trouvant hors d'état de retirer ce gage extrêmement précieux pour elle, le pria de vouloir bien le lui prêter seulement pour les fêtes de Pâques, afin qu'elle pût paroître décemment à cette solennité. Le juif n'y consentit que sous la condition qu'elle lui apporteroit l'hostie qu'elle recevroit à la communion. Cette malheureuse le lui promit, reçut la communion à Saint-Merri, mit l'hostie dans un mouchoir et alla la livrer au juif. Celui-ci, qui ne l'avoit demandée que pour exercer sur elle les outrages les plus insensés, prit un canif et l'en frappa à plusieurs reprises; il en jaillit aussitôt du sang, qui coula encore avec plus d'abondance lorsqu'il eut imaginé de la déchirer avec un clou, de la flageller, de la percer d'un coup de lance, imitant ainsi tous les supplices racontés dans la passion de Jésus-Christ. Enfin, n'ayant pu la détruire par tant d'outrages réitérés, il la jeta dans un grand feu, la plongea dans une chaudière d'eau bouillante, d'où l'hostie s'éleva, voltigeant dans la chambre, et échappant à tous les efforts qu'il faisoit pour la saisir, jusqu'à ce qu'une bonne femme du voisinage étant entrée dans sa maison pour demander du feu, l'hostie miraculeuse vint se reposer sur une jatte de bois qu'elle tenoit à la main. Elle la reçut avec respect, et la porta à Saint-Jean-en-Grève, où on la voyoit encore avant la révolution[351-A]. Telles sont les circonstances principales d'un récit sur lequel les incrédules peuvent former telles conjectures qu'il leur plaira d'imaginer, mais dont tant d'actes authentiques qui en constatent la vérité, qui constatent en même temps et les aveux du juif et son supplice, ne nous permettent pas de douter. Ce crime fut commis le 2 avril 1290.

351-A: Elle étoit enchâssée dans un petit soleil placé au-dessous du grand. On conservoit aux Carmes-Billettes le canif arec lequel le juif l'avoit percée, et le vase de bois sur lequel elle s'étoit reposée.

352: D. Félibien a cru, sans fondement, que ce lieu étoit dans le fief aux Flamands, et qu'on l'avoit ainsi appelé à cause de Reinier Flaming, fondateur de la chapelle. Il est vrai que ce territoire a depuis reçu ce nom; mais on le nommoit alors la Bretonnerie, et il étoit possédé par Jean Arrode, panetier de France, lequel le tenoit à foi et hommage de Jean de Sèvre (Jaillot.)

353: Les lettres-patentes par lesquelles Philippe-le-Bel donna cette maison aux frères de la Charité-de-Notre-Dame, se trouvoient en original dans les archives du couvent des Carmes-Billettes. Comme cette maison étoit alors dans la censive et seigneurie de la Bretonnerie, les frères de la Charité obtinrent de Jean Arrode, seigneur de ce fief, des lettres d'amortissement datées de 1302. Ce territoire prit ensuite, comme nous l'avons dit, le nom de fief aux Flamands. On y bâtit plusieurs hôtels et de grandes maisons, qui appartinrent par la suite aux Carmes-Billettes, et dont ils furent possesseurs jusqu'au moment de leur suppression.

354: Parmi les acquisitions que les religieux de la Charité firent pour s'agrandir, étoit une maison située vis-à-vis leur église. Charles V, par ses lettres du 6 juillet 1375, leur avoit permis de faire construire une arcade sur la rue, pour communiquer de leur couvent à cet édifice; mais il est probable qu'ils n'usèrent pas de cette permission, puisque Charles VI, par d'autres lettres du 29 juin 1382, leur permit de faire une voûte sous la rue, pour servir au même usage. Cette maison étant tombée en ruines fut entièrement démolie au commencement du seizième siècle. Il paroît que l'emplacement qu'elle occupoit forme aujourd'hui le petit cul-de-sac qui se trouve dans cette rue.

355: L'ancienne devint alors souterraine, et servit, jusque dans les derniers temps, de cimetière aux religieux et aux bienfaiteurs du couvent. Malgré ces changements et ceux qui les ont suivis, la chapelle des Miracles fut toujours conservée, et l'on voyoit près d'elle des restes de l'ancien cloître. Sur l'entrée de cette chapelle, dans laquelle on descendoit par un escalier entouré d'une balustrade, on lisoit encore, en 1685, une inscription conçue en ces termes:

«Ci-dessous le juif fit bouillir la sainte Hostie.»

Mais cette partie de la chapelle souterraine ayant été depuis couverte d'une espèce de tambour de bois, l'ancienne inscription avoit été remplacée par celle-ci:

«Cette chapelle est le lieu où un juif outragea la sainte Hostie.»

356: L'église des Billettes a été restaurée et accordée aux religionnaires professant le culte luthérien.

357: Cartul. Sorbon., fo 54, vo.—Dubreul, p. 618.

358: Ils en sortirent le 13 octobre 1641, par un ordre du roi, que les chanoines de Sainte-Croix eurent le crédit d'obtenir.

359: L'église et la maison n'existent plus; une moitié a été remplacée par des maisons particulières, l'autre partie forme un passage qui donne dans le cul-de-sac ouvert vis-à-vis les Billettes.

360: Les uns attribuent leur établissement à saint Louis, d'autres confondent ces religieuses avec les béguines de l'Ave-Maria, et la porte des Barrés avec celle du Temple. Quelques-uns, comme nous le dirons tout à l'heure, pensent que les béguines n'y furent pas établies d'abord, mais qu'on les y introduisit par la suite, etc.

361: Hist. eccles. Paris, t. II, p. 510.

362: T. I, p. 271.

363: Pag. 827.

364: Ce changement est le seul qu'ait subi cette maison, quoique dom Félibien, Piganiol et ceux qui les ont copiés, aient dit qu'on y introduisit des religieuses béguines. Cette erreur a pris sa source dans le mot béguines, que l'on n'a pas bien entendu, ou auquel on a donné trop d'extension. Les béguines étoient des filles ou femmes dévotes qui, sans s'astreindre à aucune règle, ni s'engager par des vœux, vivoient en commun, et consacroient à la prière et à d'autres exercices de piété le temps qu'elles n'employoient pas au travail des mains. Ainsi elles tenoient un milieu entre le genre de vie des laïques et celui des personnes qui avoient embrassé l'état religieux. Le peuple prit l'habitude de donner le nom de béguines à toutes les femmes qui vivoient en commun; et comme les bonnes femmes de Sainte-Avoie vivoient ainsi, on les appela béguines, sans que pour cela il y ait eu le moindre changement dans leur communauté.

365: En reconnoissance de ces droits, le couvent faisoit présenter chaque année à l'offrande, en l'église de Saint-Merri, et le jour de la fête de ce saint, un cierge d'une livre, auquel étoit attaché un écu d'or.

366: Ils reçurent l'habit de leur institut dans l'église cathédrale de Barcelone, des mains de Bérenger, qui en étoit évêque, en présence de Jacques Ier, roi d'Aragon, le 10 août 1223. Cet habit, tout blanc, consistoit en une tunique, une chape et un scapulaire sur lequel étoit l'écu d'Aragon, avec une croix en chef. Leurs constitutions particulières furent dressées par Raimond de Pegnafort, dominicain fameux, qui étoit le confesseur de Pierre Nolasque, fondateur de l'ordre.

367: En 1348, Arnould de Braque avoit fondé cette chapelle et un hôpital. On voit, par les registres de la chambre des comptes, que, le 7 juillet 1384, Charles VII donna à Nicolas de Braque, moyennant douze deniers de cens annuel, les anciens murs, avec les tours ou tourelles, et les places vagues entre la porte du Chaume et celle du Temple; Nicolas de Braque y fit bâtir un hôtel, et augmenta beaucoup la chapelle et l'hôpital. Ce dernier établissement étoit déjà détruit au commencement du dix-septième siècle; mais la chapelle, suffisamment rentée par la famille de Braque, étoit encore desservie par quatre chapelains.

368: Voyez pl. 113.

369: Les bustes de Nicolas de Braque et de Jeanne Bouteillers de Senlis son épouse étoient déposés au Musée des Petits-Augustins.

370: L'église et les bâtiments de ce monastère ont été démolis.

371: Sauval et Lemaire disent, mal à propos, que ce fut en 1252.

372: Hist. de Par., t. III, p. 243.

373: Le nom de Monastère des Blancs-Manteaux fut donné au couvent des serfs de la Vierge, parce que les religieux portoient des manteaux blancs. Les Guillelmites, qui les remplacèrent, conservoîent ce nom, quoique les leurs fussent noirs; et cette dénomination passa aux Bénédictins, qui succédèrent aux Guillelmites.

374: Ce concile avoit été tenu sous Innocent III, en 1215.

375: La communauté n'étoit plus composée que d'un prieur, six profès et deux novices.

376: Hist. de Par., t. I, p. 378, et t. III, p. 243 et 298.—Gall. Christ., t. VII, col. 141 et 142.

377: Voyez pl. 111.

378: Les bâtiments des Blancs-Manteaux ont été détruits, et sur leur emplacement on a percé une rue nouvelle. L'église vient d'être rendue au culte.

379: C'est aujourd'hui le siége de la municipalité du sixième arrondissement.

380: Ce seigneur mourut dans cet hôtel, le 12 novembre 1567, des blessures qu'il avoit reçues à la bataille de Saint-Denis; il étoit âgé de soixante-quatorze ans, avoit servi sous cinq rois, et s'étoit trouvé à près de deux cents combats et à huit batailles rangées.

381: C'est aujourd'hui la demeure de l'administrateur général des droits réunis.

382: Lorsque, selon Pasquier, ils se virent réduits, par son moyen, à venir crier miséricorde au roi dans la cour du palais; et en effet les M d'or couronnées qu'on a vues long-temps sur les murailles et sur les combles de cet hôtel y avoient été peintes pour rappeler le souvenir de la faute et du châtiment des Parisiens. Elles indiquent aussi la raison pour laquelle, sous Charles VI, et même après lui, on nommoit cet hôtel l'hôtel de la Miséricorde. La manière dont Froissard et les historiens nous parlent de l'assassinat d'Olivier de Clisson (Voyez 1re partie, p. 97), fait croire que ce connétable logeoit encore dans cette maison, et qu'il étoit en chemin pour s'y rendre lorsqu'il fut attaqué.

383: Voyez pl. 112. L'hôtel de Soubise est maintenant le dépôt des archives de France.

384: Depuis la révolution, l'imprimerie royale a été établie dans les bâtiments de cet hôtel.

385: Sauval, t. I, p. 113.

386: Voyez dans la nomenclature de ce quartier l'article de cette rue.

387: Les archives du Temple font mention d'une rue du Four-du-Temple qui donnoit dans celle-ci; elle étoit située entre la maison de la Barre et la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.

388: Voyez p. 1011.

389: On appeloit ces endroits, la barre, barra, septum curiæ, cancelli auditorium. De là vient cette façon de parler: «la barre des requêtes du palais, la barre du chapitre Notre-Dame, la barre de l'officialité, etc.»

390: Dans cette rue, et près celle de la Verrerie, il y en avoit une autre dont les archives du Temple font mention, en 1463, sous le nom de rue Dorée.

391: Dubreul, p. 970.

392: Billette, terme de blason, petite pièce carrée qu'on met dans l'écu pour signifier constance et fermeté. (Dict. de l'Acad.) On donnoit le même nom à de petits scapulaires qui avoient une forme toute semblable.

393: T. I, p. 115.

394: Entre cette rue et celle des Vieilles Haudriettes, étoit anciennement une rue ou ruelle appelée de la Traverse-Cadier.

395: Telle est l'opinion de Jaillot; Saint-Foix lui donne une autre origine: «Sous le règne de saint Louis, dit-il, il n'y avoit encore dans ce quartier que quelques maisons éparses et éloignées les unes des autres. Renaud de Brehan, vicomte de Podoure et de l'Isle, qui avoit épousé, en 1225, la fille de Leolyn, prince de Galles, étoit venu à Paris pour quelque négociation secrète contre l'Angleterre. La nuit du vendredi ou samedi saint 1228, cinq Anglais entrèrent dans son vergier, le défièrent et l'insultèrent. Il n'avoit avec lui qu'un chapelain et un domestique; ils le secondèrent si bien, que trois de ces Anglais furent tués, les deux autres s'enfuirent; le chapelain mourut le lendemain de ses blessures. Brehan, avant que de partir de Paris, acheta cette maison et le vergier, et les donna à son brave et fidèle domestique, appelé Galleran. Le nom de Champs-aux-Bretons qu'on donna au verger ou jardin à l'occasion de ce combat, devint le nom de toute la rue; on l'appeloit encore, à la fin du treizième siècle, la rue du Champ-aux-Bretons». (Essais hist. sur Paris.)

396: Quelques auteurs prétendent que la monnoie se frappoit anciennement dans l'endroit de cette rue où furent depuis établis les chanoines réguliers.

397: Sauv., t. III, p. 572.—Lebeuf, t. II, p. 594.

398: Cens. de S. Éloi.

399: T. I, p. 157.

400: Ibid., p. 162.

401: Il y avoit dans cette rue une ruelle que les titres du Temple nomment rue Étienne le Meunier.

402: Arch. de S. Merri.

403: C'est dans cette rue que demeuroit Jacquemin Gringonneur, peintre, qui fut l'inventeur des cartes à jouer, vers la fin du règne de Charles V; car il en est fait mention dans la Chronique de Petit-Jehan de Saintré, page de ce prince. On lit aussi dans un compte de Charles Poupart, surintendant des finances et argentier de Charles VI: Donné cinquante-six sols parisis à Jacquemin Gringonneur, peintre, pour trois jeux de cartes à or et diverses couleurs, de plusieurs devises, pour porter devers ledit seigneur roi, pour son ébattement (pendant les intervalles de sa funeste maladie).

404: Le plus remarquable fut l'établissement de la Tournelle perpétuelle, créée pour procéder continuellement à l'interrogation des prisonniers, à la confrontation des témoins et à l'instruction des procès criminels, partie de l'administration judiciaire jusque là très-mal ordonnée, et sujette aux plus grands abus.

405: La pragmatique rétablissoit la liberté entière des élections pour les archevêchés, les abbayes et les autres bénéfices électifs, sans que le pape pût s'en attribuer la nomination; elle abolissoit les annates, les réserves, les expectatives; enfin elle ordonnoit la convocation d'un concile général tous les dix ans, dernière clause non-seulement absurde, mais encore impraticable, qui toutefois supposoit l'autorité des papes au-dessous de celle des conciles, et mettoit en même temps l'esprit de révolte dans tous les cœurs.

406: Le concile de Latran.

407: M. l'abbé F. de la Mennais, tradit. de l'Église, etc., introd., p. XIV.

408: Dans le concordat, les réserves et les expectatives demeurèrent supprimées comme dans la pragmatique; le pape conserva seulement les annates, c'est-à-dire, le revenu d'une année des bénéfices, à chaque nomination nouvelle; et sauf quelques clauses de pure formalité, cette nomination fut accordée au roi. Il n'est pas besoin de dire qu'il n'y fut fait mention ni de l'obligation imposée au Saint père d'assembler un concile tous les dix ans, ni de la prétendue supériorité du concile sur le pape. Telles furent les bases principales de ce traité.

409: Voy. p. 598. Les docteurs d'alors étoient plus conséquents que ceux de nos jours, qui combattent de toutes leurs forces l'autorité des papes, et qui veulent que l'on considère comme inviolable celle des rois; qui prétendent que le peuple soit à la fois souverain et sujet. Ceux-là, meilleurs logiciens, le maintenoient envers et contre tous dans la souveraineté dont ils l'avoient gratifié. Si le concile est au-dessus du pape, le peuple est au-dessus du roi: la conséquence, nous le répétons, est de rigueur. «La raison en est, dit Gerson, que, lorsqu'il s'agit de remédier aux maux de l'Église ou d'un état quelconque, les sujets sont les maîtres et les juges des souverains, quand ceux-ci cherchent leur intérêt aux dépens de l'État;» d'où il conclut que, si un roi sévit injustement contre son peuple, ses sujets sont déliés du serment de fidélité. (Oper. Gerson, t. II, col. 190.)

Est-on étonné de ce passage? Nous allons donner d'autres sujets d'étonnement. Dans un sermon prêché par le même docteur, alors chancelier de l'université, devant Charles VI, il introduit la Sédition, qui veut que l'on use sans ménagement de cette maxime de Sénèque: «Il n'y a point de sacrifice plus agréable aux dieux qu'un tyran.» Alors se présente la Dissimulation qui défend de s'en prévaloir. Au milieu de leur dispute arrive la Discrétion, envoyée par la fille du roi, qui est l'Université, mère des sciences, à l'effet de mettre d'accord entre elles la Sédition et la Dissimulation. Elle leur apprend donc quand et comment l'on doit mettre en pratique la maxime de Sénèque; elle établit des règles, des principes, et conclut enfin que, «si le chef ou quelque membre de l'État vouloit sucer le venin de la tyrannie, chaque membre pourroit s'y opposer par les moyens convenables, et tels qu'il ne s'ensuivît pas un plus grand mal». (Oper. Gerson, t. IV, p. 600.) Or veut-on savoir quand un roi est réputé tyran? C'est lorsqu'il opprime ses sujets par des exactions, des impôts, des tributs, et qu'il empêche le progrès des lettres. «En tous ces cas, continue Gerson, chaque particulier a le droit de s'opposer de toutes ses forces au tyran.» Est-ce par la sédition? À Dieu ne plaise; mais, selon lui, il n'y a sédition que lorsqu'on se révolte sans cause. Comment donc connoître qu'il y a ou non cause légitime de se révolter. «Ceci demande une grande prudence,» ajoute-t-il; et, pour ne se point tromper, il est d'avis «que l'on consulte les philosophes, les jurisconsultes, les légistes, les théologiens, qui sont des gens de bien, d'une prudence consommée et d'une grande expérience, et qu'on s'en tienne à leur décision.» (Ibid.) Ainsi, dit à l'occasion de ce passage l'illustre archevêque de Cambrai, voilà le sort des rois dans les mains des suppôts de l'université! Par suite de ces principes, nous l'avons vu depuis dans des mains plus viles, et l'on sait ce qui en est arrivé.

Partant de ces mêmes principes, Jean Major en déduit les mêmes conséquences..... «Pourquoi les conciles sont-ils au-dessus des papes? c'est qu'il y a dans les peuples une puissance au-dessus des rois, et qui peut les réduire à la raison quand ils s'en écartent. Le roi, dit Major, tient son royaume du peuple» (Tract. de auct. conc. sup. pap., t. II, oper. Gerson. col. 1139): d'où il conclut que le peuple peut lui ôter son royaume pour une cause raisonnable; et par une analogie nécessaire, que les pontifes romains, ayant reçu comme les princes temporels leur puissance de la communauté, sont comme eux justiciables de la multitude, et peuvent être déposés par elle.

Jacques Almain nous fournira dans son Traité du pouvoir naturel, civil et ecclésiastique, le complément de toutes ces doctrines. Il y dit formellement «que le droit du glaive a été donné à l'État pour sa conservation; qu'un particulier, quel qu'il soit, n'est, à l'égard de la communauté, que comme une partie par rapport au tout, et qu'en conséquence, si quelqu'un est pernicieux à la communauté, c'est une action louable que de le mettre à mort.—Il ajoute que le droit de vie et de mort ayant été donné au prince par la communauté, il s'ensuit qu'elle possédoit ce droit auparavant, et qu'elle ne l'a reçu de personne, à moins que ce ne soit de Dieu:» puis, tirant de ce principe les conséquences fécondes qui en découlent, il les réduit aux quatre conclusions suivantes: «1o Que la puissance du glaive, quant à son institution, n'est point positive; mais qu'elle est positive, quant à la participation qu'en fait la communauté à une certaine personne, par exemple au roi ou à plusieurs, selon qu'il lui paroît plus convenable; 2o qu'aucune communauté parfaite ne peut renoncer à cette puissance; 3o que le prince n'use point du droit du glaive par sa propre autorité; que la communauté même ne peut lui donner ce pouvoir; et que c'est à cause de cela que Guillaume de Paris, dit (suivant Almain) que le pouvoir de juridiction des princes n'est que ministériel;» c'est-à-dire que les princes agissent comme ministres de la communauté et par l'autorité qu'elle leur délègue. 4o Enfin «que la communauté ne peut renoncer au pouvoir qu'elle a sur le prince établi par elle, et qu'elle peut s'en servir pour le déposer quand il gouverne mal; cela étant un droit naturel. D'où il s'ensuit en outre que naturellement il ne peut exister, en aucun cas, de monarchie purement royale.» (Jacob. Almain. Quæst. resump. de Dominio natur. civil. et eccles., t. II, oper. Gerson., p. 963 et 964.—Voyez aussi, tradit. de l'Égl. etc. introd., p. XCXVI et seqq.)

Tels étoient les principes de l'Université au quinzième siècle: ils se sont propagés jusqu'à nos jours par des traditions non interrompues et fidèlement conservées par Richer, Febronius et leurs disciples les Quesnellistes, les Jansénistes, etc.; et le protestant J.-J. Rousseau, citoyen de Genève et membre souverain de sa communauté, n'a fait que reproduire, dans le dix-huitième siècle, des doctrines qui ont eu leur dernière application avant la fin de ce siècle détestable. L'histoire de Paris ne sera presque plus maintenant qu'un long récit des ravages qu'ils firent et des malheurs qu'ils causèrent en France entre ces deux époques à jamais mémorables; et l'on en peut dire autant de l'histoire de l'Europe entière.

410: La reine Anne de Bretagne, qui jouissoit en propre des revenus de son duché, avoit donné le premier exemple de cette nouveauté, en appelant auprès d'elle un grand nombre de demoiselles de condition qu'elle élevoit, et qui l'accompagnoient partout. Cet établissement fut conservé après la mort de cette princesse, et fit naître à François Ier la pensée d'attirer aussi à la cour les dames les plus distinguées par leur beauté, leur esprit et leur naissance. C'étoit un moyen infaillible d'y faire venir tout ce qu'il y avoit en France d'hommes ambitieux et galants. Dès ce moment la vie de la cour devint une suite de bals, de fêtes, de voyages, qui se succédèrent sans interruption; le luxe y fit des progrès effrayants, et le trésor public en fut épuisé.

411: On continua de créer des rentes sous les règnes de Henri II, de François II, et jusqu'au commencement de celui de Charles IX, avec une telle profusion, que l'Hôtel-de-Ville, qui, en 1562, ne payoit que 633,000 liv. de rentes, se trouva chargé, en quatorze ans, de 1,938,000. Elles augmentèrent encore par la suite dans une proportion encore plus rapide; et le mal devint si grand sous Louis XIV, qu'il fallut songer sérieusement à détruire ce ver rongeur des finances, en remboursant le plus grand nombre des rentiers. C'est alors que furent créées les tontines, les rentes viagères, les rentes moitié viagères et moitié perpétuelles, etc. Toutefois l'Hôtel-de-Ville étoit encore chargé de beaucoup de rentes au moment de la révolution.

412: Nous osons exprimer ici une opinion entièrement opposée à celle de deux illustres écrivains de notre âge (MM. de Bonald et de Maistre), qui, tout en blâmant les motifs qui firent établir la vénalité des charges, ont pensé que cette mesure fiscale, bien qu'elle eût des inconvénients, valoit mieux cependant que le choix prétendu du mérite et du talent. En considérant la question sous cet aspect, il est évident qu'ils n'ont vu dans le parlement que ce qu'il devoit être en effet, la cour de justice du roi, et non ce qu'il avoit trouvé le moyen de se faire, et ce qu'il étoit déjà sous François Ier, une sorte d'assemblée politique, et, relativement à l'action du pouvoir monarchique, comme une chambre d'opposition permanente. Pour achever de se constituer ainsi, il ne lui manquoit que d'assurer à ses membres une existence entièrement indépendante du choix et de la volonté du monarque. Déjà sous Charles VIII, et par un concours de circonstances qu'il est inutile de rappeler ici, s'étoit introduit un usage qui mettoit une grande différence entre les conseillers que créoit le roi en vertu du pouvoir qu'il avoit toujours eu d'en faire, et les conseillers formant le parlement ou sa cour de justice: ce fut le privilége que s'arrogea cette cour et qu'on lui laissa prendre, de choisir elle-même ses membres et de les présenter au roi, qui confirmoit alors ou rejetoit ce choix selon son plaisir; d'où il arriva que tous les conseillers n'eurent plus comme autrefois le droit de siéger au parlement. Par la vénalité des charges, le monarque se priva lui-même de la faculté qu'il avoit du moins conservée jusqu'alors de punir par la destitution ceux de ces magistrats qui s'étoient mis dans le cas de lui déplaire; leur inamovibilité fut consacrée; le parlement prit dès lors le nouveau caractère que nous avons déjà signalé, et commença à jouer dans les affaires publiques un rôle d'une tout autre importance. La suite nous apprendra si ce changement fut avantageux ou funeste à l'État.

413: Les portes Saint-Antoine, Saint-Denis, Saint-Honoré, Saint-Jacques et Saint-Victor.

414: Tout fut réglé alors par un conseil, composé de quatre présidents à mortier du parlement, de quatre conseillers de la grand chambre et trois des enquêtes, de trois officiers de la chambre des comptes, et six du corps de ville, de l'évêque de Paris, accompagné d'un chanoine qui représentoit le chapitre, et d'un abbé avec deux docteurs représentant l'université.

415: Voyez p. 629.

416: Ces brigands, connus sous le nom de mauvais garçons, avoient des relations secrètes avec des archers de la ville, qui leur donnoient avis des moments où ils pouvoient y venir sans crainte. Ils étoient mieux armés, plus aguerris que les bourgeois, et ne craignoient pas même de les attaquer en plein jour. Il fallut employer contre eux des troupes de ligne, qui ensuite causèrent elles-mêmes des désordres, et qu'on fut forcé de réprimer à leur tour.

417: Duprat, qui étoit veuf et tonsuré, s'étoit fait conférer, par la voie du concordat, l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, laquelle prétendoit jouir du droit d'élire ses abbés, par un privilége particulier du saint Siége, que l'on soutenoit avoir été maintenu par la teneur même du concordat. Le parlement, à qui les moines portèrent leurs plaintes, ayant voulu s'opposer à la prise de possession, Duprat fit évoquer l'affaire au grand conseil. La régente prit parti pour lui; et tandis que ce ministre, fort d'un tel appui, faisoit casser toutes les procédures commencées par le parlement, et signifioit même des ajournements personnels à plusieurs de ses membres par-devant le grand conseil, cette compagnie nommoit de son côté des commissaires pour informer de toutes les violences, fraudes et contraventions aux lois, dont elle accusoit le chancelier, et chargeoit son avocat général de le dénoncer aux chambres assemblées.

418: Le comte de Braine et le seigneur d'Alègre. Le premier, plus actif que l'autre, avoit déjà purgé les environs de Paris des brigands qui les désoloient, lorsque l'autre arriva avec une troupe de cinquante lances qu'il voulut loger dans la ville, suivant une lettre de la régente dont il étoit porteur. De Braine, assuré de l'affection des Parisiens, s'y opposa, et le seigneur d'Alègre se vit forcé d'aller établir sa troupe à Brie-Comte-Robert. Telles étoient les scènes licencieuses qui se passoient journellement dans cette capitale.

419: 1,300,000 liv.

420: Dans ce temps-là, tous les loyers de Paris réunis ne produisoient qu'une somme de 318,000 liv.

421: Ainsi nommé parce qu'il fut conclu entre Marguerite d'Autriche et la régente. Dans ce traité François renonçoit à tous ses droits sur le comté d'Ast, sur les comtés de Flandre et d'Artois, ainsi que sur le Milanais; mais cette dernière renonciation n'étoit faite qu'en faveur de Sforce, et sa mort fit renaître les prétentions du roi et de nouvelles brouilleries.

422: On avoit effectivement fait quelques tentatives auprès du roi pour le déterminer à violer la parole qu'il avoit donnée: «Mon frère, dit-il à l'empereur, dans un de ces accès de gaieté et de franchise qu'il n'étoit pas le maître de réprimer, voyez-vous cette belle dame (il lui montroit la duchesse d'Étampes)? elle me conseille de ne point vous laisser partir d'ici que vous n'ayez révoqué le traité de Madrid.—Eh bien, répondit l'empereur un peu déconcerté, si l'avis est bon, il faut le suivre.» C'en fut un pour lui de mettre la duchesse dans ses intérêts. Cette dame n'étoit pas la seule qui eût conçu de semblables idées: le fou de la cour, nommé Triboulet, qui pouvoit, en raison du rôle qu'il jouoit, s'exprimer plus librement qu'un autre, avoit écrit sur ses tablettes que Charles-Quint étoit plus fou que lui de s'exposer à passer par la France. «Mais, lui dit François, si je le laisse passer sans lui rien faire, que diras-tu?—Cela est bien aisé, reprit Triboulet; j'effacerai son nom et je mettrai le vôtre.» On prétend que le dauphin, le roi de Navarre et le duc de Vendôme, désespérés de voir le roi laisser échapper une semblable occasion, avoient résolu d'arrêter l'empereur en leur propre nom dans le château de Chantilly, mais que le connétable fit avorter leur projet.

423: Il abandonna les conquêtes qu'il y faisoit, ayant sous lui Claude de Guise, pour venir partager la gloire de la prise de Perpignan, dont le siége fut levé.

424: La conduite que ce duc tint en cette circonstance fut, dit-on, la source de la vive affection que les Parisiens conçurent pour sa famille, affection dont elle fit par la suite un usage si funeste à la France.

425: Pour l'histoire des Capucins, voyez t. I, p. 992, 2e partie.

426: L'église de ce monastère existe encore, et a été rendue au culte. Elle n'offre rien de remarquable dans son architecture.

427: Nous parlerons de leur origine à Paris, à l'article de ce couvent.

428: Piganiol est le premier qui ait fait connoître la pieuse munificence de cette dame. Tous les historiens venus avant lui avoient présenté l'établissement des Filles du Saint-Sacrement dans l'hôtel de Turenne comme le résultat d'une vente qui leur en avoit été faite. (T. IV, p. 376.)

429: Cette église a été rendue au culte.

430: Arch. de Sainte-Opportune.

431: Ce monastère a été détruit, et sur son emplacement on a percé une rue nouvelle, qui, d'un côté, aboutit au boulevart, de l'autre à la rue Saint-Louis. (Voyez pl. 117.)

432: Hist. de Par., t. III, p. 614.

433: On sait que, dans l'Écriture, la Charité est figurée par le feu.

434: Hist. de Par., t. IV, p. 703.

435: Cette chapelle a été détruite, et sur son emplacement on a percé une rue nouvelle.

436: Jean d'Ipres, dans sa Chronique, dit que c'étoient des oblats du monastère de Jérusalem, appelé Sainte-Marie-des-Latins.

437: Hist. de Malte., t. I, p. 578. Il paroît qu'alors saint Jean-Baptiste étoit le patron des hospitaliers: car cette bulle est adressée à Gérard, prévôt de l'hôpital de Saint-Jean-Baptiste de Jérusalem.

438: Hist. de Malte, t. I, p. 72.

439: S. Bern. opusc. VI, cap. 4 et 5.

440: Lacaille la met en 1128, supposant apparemment qu'ils y eurent un lieu fixe immédiatement après le concile de Troyes. Le commissaire Delamare la place d'abord en 1148, ensuite dix ans plus tard; dom Félibien la fixe après le retour de Louis-le-Jeune de la Terre-Sainte; l'auteur des Tablettes parisiennes en marque l'établissement à l'année 1100, sans faire attention que cet ordre ne s'est formé que dix-huit ans après cette époque. Dubreul, les historiens de Paris et Piganiol ne rapportent point de titres plus anciens que l'année 1211; et Sauval dit «qu'il ne sait ni par qui ni quand il a été fondé, mais qu'il a lu des actes qui en font mention avant l'année 1210.»

On voit encore dans les registres du Châtelet que les Templiers eurent un différend avec les bouchers de Paris, au sujet d'une boucherie que ceux-ci avoient établie sur leur territoire, rue de Braque; et qu'en 1182 il fut décidé, par lettres de Philippe-Auguste, données au mois de juillet de cette année, que cette boucherie n'auroit que deux étaux de douze pieds de large chacun. (Hist. de Par., t. I, p. 203.)

Il est aussi fait mention de la maison du Temple en 1205, à l'occasion d'un legs de 10 sols fait en faveur de cette maison par Christophe Malcion, chambellan de Philippe-Auguste. Vingt ans auparavant ils sont nommés, dans un arrêt du parlement, præceptor et fratres militiæ Templi. Enfin, nous pourrions encore citer les lettres de Philippe-le-Bel de 1292, par lesquelles il confirme aux Templiers les priviléges qui leur avoient été accordés par Philippe-Auguste et par le roi Louis. Ludovicum atavum nostrum. (Louis VII.) Hist. eccles. Par., t. II, p. 295.

441: Monasticon anglic., t. II, p. 523.

442: Trés. des chart., p. 132.

443: Cette particularité étoit inscrite sur des tablettes de cire qui se voyoient autrefois à l'abbaye de Saint-Victor. On y lisoit, entre autres choses, qu'après un voyage fait dans le Gâtinois et dans la Brie durant l'hiver de l'année 1301, ce prince vint résider dans la maison des Templiers, depuis le 26 janvier jusqu'au 25 février, etc. etc.

444: Ceux qui connoissent la tragédie des Templiers n'ont point oublié sans doute l'hémistiche qui termine le récit de leur supplice:

«Les chants avoient cessé.»

445: Au moyen de la position de certains signes célestes, tels qu'ils étoient, disoit-on, gravés sur ce zodiaque, les savants du philosophisme démontroient évidemment qu'il avoit au moins vingt mille ans d'antiquité; et par cette démonstration ils renversoient toute la tradition, et détruisoient surtout l'autorité des livres saints, ce qui étoit le but essentiel et la grande affaire: car ces livres-là les embarrassent toujours un peu. Cette démonstration se faisoit sur des dessins de ce zodiaque, dont on attestoit la scrupuleuse exactitude. Désirant toutefois rendre son triomphe encore plus éclatant, la secte imagina, comme nous venons de le dire, de faire apporter le zodiaque lui-même d'Égypte à Paris. Le ciel a béni son entreprise, heureusement amenée à sa fin au milieu de beaucoup de dangers et de travaux. Le zodiaque est arrivé à sa destination; et à l'instant même il a été démontré que les positions des astres, si exactement copiées sur les dessins, étoient fausses; et un savant de bonne foi (M. Biot), conduisant ses confrères pour ainsi dire par la main, leur a démontré à son tour, et jusqu'à l'évidence mathématique, que cette pièce curieuse n'avoit pu être fabriquée plus de 700 ans avant Jésus-Christ. Depuis ce temps on garde le plus profond silence sur le zodiaque de Denderah[445-A]. Nous nous estimerions heureux si notre dissertation sur les Templiers produisoit de semblables résultats.

445-A: Ce monument, acheté par le roi, est maintenant exposé dans les salles du musée des antiques.

446: Cet ouvrage a pour titre original: Versuch über die Beschuldigungen, Welche gegen die Tempel herren Orden gemachtworden, und uberdessen geheimniss. (Berlin, 1782.)

447: Mémoires historiques sur les Templiers, etc., par Ph. G***. (Paris, 1805.)

448: Ce manuscrit venoit de la famille de Harlay; tout démontroit que c'étoit un exemplaire authentique que les commissaires du pape avoient fait transcrire par l'un des notaires leurs greffiers, et déposer aux archives de l'église de Notre-Dame.

M. Moldenhawer en publia la traduction à Hambourg en 1792, sous ce titre: Prozess gegen den orden der Tempel herren. Il est maintenant dans la bibliothéque du roi.

449: Ces statuts étoient écrits en langue provençale. M. Münter les copia d'abord littéralement, ensuite les traduisit en allemand, et les fit imprimer avec des notes explicatives. Depuis (en 1801), ce même professeur a publié un ouvrage sur le même sujet, ayant pour titre: Dissertation sur les principales accusations qui furent élevées contre les Templiers. Ces statuts, du reste, n'ajoutent et ne diminuent rien à la force des preuves qui résultent de la découverte des actes.

450: Pogiancourt, 38e témoin; Étienne de Nercat, 58e témoin, puis après lui le 59e; Bono de Boulaines, 116e témoin; Pierre Grumemil, prêtre, 130e témoin.

451: J. de Poilcourt, 37e témoin; Grand-Villard, 60e témoin; Pierre de Saint-Just, 63e témoin; Jean de Corneilles, 79e témoin; Raoul de Tavernay, 115e témoin; Varmond de Saconin, 119e témoin.

Cinquante-quatre chevaliers qui s'étoient rétractés et déclarés défenseurs de l'ordre devant la commission papale furent jugés par le concile provincial de Sens, assemblé à Paris, avant d'avoir été entendus sur cette défense, condamnés le 11 mai 1210, et brûlés le lendemain dans le faubourg Saint-Antoine qui étoit alors hors de la ville, l'abbaye de ce nom étant encore située au milieu des champs. On a fait grand bruit de cet incident dont les apologistes ont essayé de tirer parti. Nous allons l'examiner brièvement et le réduire à sa juste valeur.

Les Templiers étoient jugés par la commission papale et par les évêques réunis en conciles provinciaux. Les commissaires du pape procédoient contre l'ordre en général, les conciles contre les individus. Tous les actes de cette grande affaire attestent la douceur, l'équité, l'humanité avec lesquelles procédoient les délégués du saint Siége; et sur ce point les accusés eux-mêmes leur rendirent témoignage.

Dès que ces commissaires eurent eu connoissance de l'arrêt rendu par le concile de Sens et de l'exécution des cinquante-quatre Templiers, ils suspendirent l'audition des témoins, et firent demander très-vivement des explications sur un incident qui sembloit de nature à empêcher aucun défenseur de l'ordre d'oser désormais parler en sa faveur. Le concile députa aussitôt vers la commission pour lui déclarer qu'il n'avoit procédé contre ces accusés que par suite du procès d'inquisition spéciale déjà commencé contre eux, il y avoit deux ans, et par ordre du pape, procès que le concile appelé à Paris étoit chargé de finir, suivant les mêmes ordres du pape, et qu'il avoit été obligé de terminer dans cette session, d'autant que l'archevêque de Sens qui le présidoit ne pouvoit le réunir aussi souvent qu'il le voudroit. La commission trouva cette réponse satisfaisante, et continua ses opérations, ce qui prouve que le concile n'avoit péché ni par la forme ni par le fond.

Ces cinquante-quatre Templiers furent condamnés comme rétractants ou relaps. Les apologistes ont cru trouver de la contradiction dans ces deux termes: ils se sont trompés. L'instruction de leur procès (et cette instruction ayant duré deux années entières, on ne peut douter que toutes les formalités prescrites par la jurisprudence d'alors n'y eussent été scrupuleusement et complétement observées) avoit suffisamment éclairé la conscience de leurs juges, leur avoit apporté la conviction pleine et entière de leur culpabilité. On n'osera pas soutenir sans doute qu'il leur suffisoit de se rétracter pour être déclarés innocents, ni de se déclarer défenseurs de l'ordre pour arrêter le cours et l'action de la justice. Que prouvoit donc leur rétractation, lorsqu'ils étoient évidemment reconnus coupables, sinon leur endurcissement, leur orgueil, leur mauvaise foi, une véritable rechute, qui les rendoit indignes de la pitié de leurs juges, de l'indulgence offerte au seul repentir? Dans un tel cas, le devoir de ceux-ci n'étoit-il pas de se montrer inflexibles comme la loi, et de la faire exécuter dans toute sa rigueur[451-A]? Il nous semble que ceci est sans réplique, et qu'on n'y peut répondre, comme sur tout le reste, que par des déclamations.

451-A: Le grand-maître ayant osé porter une espèce de défi chevaleresque devant la commission, «l'Église n'en use pas ainsi, répondirent les commissaires: elle juge les hérétiques qu'on découvre, et remet les opiniâtres au bras séculier.» Telle fut en effet la marche qu'ils se tracèrent: il y eut indulgence et pardon pour tous ceux qui se montrèrent repentants. Ainsi la justice et la miséricorde présidoient à ces jugements, que des sophistes, dont les doctrines ont de nos jours créé des tribunaux d'assassins, et depuis trente ans ensanglantent le monde, osent appeler barbares!

452: Pierre de Masvalier, 109e témoin; Jean Fabry, 110e témoin; Hugues de la Hugonie, 111e témoin; Pierre Pufand, 215e témoin; Hugues de Jausat; 216e témoin.

453: Raymond de Vassiniac; 10e témoin; Baudouin de Saint-Just, 11e témoin; Gérard de Caus, chevalier de Rouergue, 40e témoin.

454: 35e témoin. Voyez à ce sujet un petit ouvrage de Cadet-Gassicourt, intitulé Sur les Templiers et les Francs-Maçons, 1821.

455: Cette clandestinité des réceptions étoit une des présomptions les plus fortes qui s'élevoient contre eux. Elles se faisoient le plus souvent la nuit, et c'étoit aussi au milieu de ses ténèbres que se tenoient les chapitres généraux. Les précautions les plus extraordinaires étoient prises pour rendre ces assemblées inaccessibles à tous les regards. Non-seulement le lieu en étoit soigneusement fermé, mais encore on en faisoit garder les avenues, et, par un surcroît de précautions, on établissoit des sentinelles jusque sur les toits. Pourquoi ce mystère sans exemple dans aucun autre ordre religieux, s'il ne se passoit rien que d'innocent dans de telles assemblées?

456: Guillaume de Liége, 124e témoin.

457: Gérard de Caus, déjà cité.

458: Il étoit le 221e témoin, et sa déposition sert à expliquer le peu d'uniformité de ces pratiques détestables dans les maisons de l'ordre qui en étoient déjà infectées, et comment plusieurs s'en trouvoient encore préservées. Ainsi s'expliquent en même temps les jugements différents et en apparence contradictoires rendus par les diverses commissions établies dans les autres parties de l'Europe. En Espagne, en Allemagne, plusieurs conciles déclarèrent innocents les Templiers qui comparurent devant eux. Ceux qui habitoient le Portugal, étant depuis long-temps sans communication directe avec l'ordre, et même jusqu'à un certain point hors de sa dépendance, furent reconnus entièrement étrangers à tous ces désordres. Partout ailleurs les Templiers furent convaincus et condamnés. Ainsi, pour établir l'innocence de ces moines, dont leurs apologistes les plus enthousiastes sont forcés d'avouer l'orgueil, l'insolence, la rapacité, les mœurs licencieuses, il faut supposer que presque tous les tribunaux ecclésiastiques de l'Europe, ayant à leur tête la plupart des évêques de la chrétienté, se sont tout à coup transformés, et simultanément, et par un concert unanime, en hordes de brigands et en conciliabules d'assassins.... Voilà les miracles que veulent nous faire croire les philosophes, qui cependant se moquent beaucoup des miracles.

459: 46e témoin.

460: Expressions des bulles du pape, répétées dans les articles de l'acte d'accusation.

461: Baluz. Vitæ Pap. Avenionens. Hugues de Narsac, prieur d'Epanes en Saintonge, déclara depuis, devant la commission, que le même Jacques Molay étoit connu pour avoir un commerce honteux avec son valet-de-chambre favori, nommé Georges, ajoutant que plusieurs autres grands de l'ordre étoient renommés pour cette infamie.

462: Ces aveux confirmés à Chinon importunent beaucoup l'auteur de la tragédie des Templiers, M. R.... qui, comme le dit assez plaisamment l'auteur des Mémoires historiques, s'étant identifié en prose et en vers avec ces innocentes victimes, a publié avec sa tragédie une espèce de factum pour démontrer leur innocence. Il a donc essayé de reporter la date des variations du grand-maître avant celle de ce fâcheux interrogatoire de Chinon; mais s'apercevant bientôt que toutes ces petites arguties venoient se briser contre la force des actes et des faits, il a pris alors un parti plus commode et plus expéditif: c'est de rejeter tous ces actes et tous ces faits comme supposés. Cette licence a paru un peu trop poétique, même à ceux de son parti qui n'ont pas encore fait une abnégation entière du sens-commun, et qui reconnoissent dans la critique historique et littéraire certaines règles qu'il n'est pas permis d'enfreindre sous peine d'absurdité et même de ridicule; et M. R.... en plaidant ainsi la cause des héros qu'il a rendus si dramatiques, a prouvé plus fortement que nous-mêmes ne pourrions le faire, combien cette cause étoit désespérée.

463: Mémoires historiques sur les Templiers, etc., p. 169.

464: Ibid., p. 228.

465: On conserve à Vienne des monuments métalliques, lapidaires et manuscrits qui ne laissent aucun doute sur les pratiques secrètes et les turpitudes infâmes de la secte des Templiers; et parmi ces monuments se trouve, dit-on, une de ces têtes que l'on adoroit dans les réceptions. Il existe à ce sujet des recherches savantes et curieuses dans un ouvrage allemand dont il a été fait des extraits, il y a environ deux ans, dans plusieurs journaux anglois, et en France dans le journal des Débats. Nous avons oublié le nom de son auteur.

466: Mémoires historiques sur les Templiers, p. 290.

467: Un christianisme rectifié en crachant sur la croix et en reniant Jésus-Christ!.... Ô philosophes! quelle langue parlez-vous donc? prétendez-vous la faire entendre aux autres; et vous-mêmes, l'entendez-vous?

468: Condorcet dit dans son Esquisse des progrès de l'esprit humain: «Cette époque (le quatorzième siècle) nous présente de paisibles contempteurs de toutes les superstitions, à côté des réformateurs enthousiastes de leurs abus les plus grossiers; et nous pourrons presque lier l'histoire de ces réclamations obscures, de ces protestations en faveur des droits de la raison, à celle des derniers philosophes de l'école d'Alexandrie.

»Nous examinerons si, dans un temps où le prosélytisme philosophique eût été si dangereux, il ne se forma point des sociétés secrètes destinées à perpétuer, à répandre sourdement et sans danger, parmi quelques adeptes, un petit nombre de vérités simples, comme de sûrs préservatifs contre les préjugés dominateurs.

»Nous chercherons si l'on ne doit pas placer au nombre de ces sociétés cet ordre célèbre, contre lequel les papes et les rois conspirèrent avec tant de bassesse, et qu'ils détruisirent avec tant de barbarie

Voilà donc encore un apologiste des Templiers qui, jugeant un siècle avec les idées d'un autre, se range aussi de notre côté, et les justifie comme nous les aurions accusés.

469: Mémoires historiques sur les Templiers, page 308.

470: Ce fait, auquel on ne peut rien opposer, suffiroit seul pour détruire de fond en comble tous ces soupçons odieux élevés contre Philippe-le-Bel par les apologistes, qui sont allés chercher dans l'avarice de ce prince les motifs atroces de la condamnation des Templiers. Nous l'avons déjà dit et nous le répétons: quand même le roi de France se seroit emparé de ce que possédoit cet ordre dans son royaume, il n'eût fait qu'user du droit de souverain, lequel adjugeoit au profit du seigneur la confiscation des biens des coupables; cependant il renonça à ce droit, et l'on ne peut assez s'étonner de l'aveuglement de ceux qui, pour l'insulter et le calomnier, ont justement choisi une circonstance dans laquelle, sortant en quelque sorte de son caractère, il donne la plus grande preuve de modération et de désintéressement. Quelques-uns de ces apologistes, moins absurdes que les autres, et que cet abandon des biens-fonds embarrassoit, ont essayé de soutenir l'accusation contre le roi en supputant curieusement la valeur des biens mobiliers, qu'ils ont fait monter à des sommes immenses, supérieures même à la valeur des autres biens, et cela au gré de leur imagination. Ce sont là sans doute de misérables subtilités, et nous ne perdrons point encore notre temps à les combattre. La vérité est que les Hospitaliers abandonnèrent à Philippe-le-Bel quelques sommes qui appartenoient aux Templiers, et qui lui furent payées en vertu d'une transaction passée en 1315 (Trésor des chartes;—Dupuy, p. 184); mais ce fut pour l'indemniser des frais considérables que ce procès avoit occasionnés, et qu'il n'étoit pas juste qu'on lui fît supporter.

471: Voyez pl. 116.

472: Il fut condamné à être brûlé, comme étant particulièrement accusé d'hérésie.

473: Voy. pl. 115. Elles seront fameuses jusque dans la dernière postérité, par la captivité de l'infortuné Louis XVI et de sa famille.

474: Tout le monde sait que l'abbé de Chaulieu alla demeurer au Temple, lorsque Philippe de Vendôme, avec qui il étoit lié d'amitié, en eut été nommé grand-prieur. Il y étoit visité par ses amis La Fare, Chapelle, etc., et par tous les beaux esprits du temps. Telle fut l'origine de ces réunions fameuses, connues sous le nom de soupers du Temple, auxquelles le prieur de Vendôme assistoit habituellement. Jean-Baptiste Rousseau s'y rendoit aussi très-souvent. On connoît son épitre à Chaulieu, dans laquelle il dit:

Par tes vertus, par ton exemple,
Ce que j'ai de vertu fut trop bien cimenté,
Cher abbé, dans la pureté
Des innocents banquets du Temple.

Lorsque Jean-Jacques Rousseau revint de Suisse en 1770, il demeura aussi quelque temps au Temple, sous la protection du prince de Conti. Beaucoup de princes en Europe protégeoient alors les rhéteurs et les prétendus philosophes qui machinoient leur ruine, et ces princes vivoient familièrement avec eux.

475: Les titres sur lesquels étoient fondés ces priviléges n'étoient peut-être pas d'une authenticité bien établie: cependant nos rois y avoient consenti tacitement, d'autant mieux que les grands-prieurs n'en abusèrent jamais, et que tout réfugié réclamé par un ordre du prince étoit livré sur-le-champ.

476: Voyez pl. 117.

477: Il y avoit quatre confréries dans cette église: celle du Saint-Sacrement, celle de Notre-Dame-de-Lorette, la confrérie de Sainte-Anne, établie par les menuisiers en 1683, et celle de Saint-Claude, par les marchands de pain d'épice.

478: Le droit que l'église du Temple avoit d'inhumer tous les chevaliers de l'ordre de Saint-Jean qui mouroient dans l'étendue de sa juridiction, étoit fondé sur un usage fort ancien. En 1687, Charles Lefebvre d'Ormesson, chevalier, étant mort, et sa famille désirant qu'il fût enterré avec ses ancêtres à Saint-Nicolas-des-Champs, elle fut obligée de demander une permission au chapitre de l'église du Temple, qui l'accorda, Sans tirer à conséquence pour l'avenir; ce qui fut mentionné sur les registres.

479: Ces vitraux, qui doivent être mis au nombre des plus beaux qu'il y eût dans les églises de Paris, se voyoient, pendant la révolution, au Musée des Petits-Augustins.

480: Il étoit aussi déposé au Musée des Petits-Augustins: c'est un ouvrage médiocre.

481: Ce cénotaphe, que l'on avoit déposé dans le même musée, représente ce chevalier à genoux devant un prie-dieu; auprès de lui sont déposés son casque et ses brassards. L'exécution totale en est médiocre; mais il y a de la naïveté dans la pose de la figure.

482: La tour du Temple, l'église et une partie des bâtiments ont été détruites; l'hôtel du grand-prieur, qui subsiste encore, est occupé par les religieuses de l'Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, dont le couvent étoit établi, avant la révolution, rue Cassette. Elles ont pour supérieure madame Louise de Bourbon, fille de l'illustre et à jamais vénérable prince de Condé.

483: Hist. des ord. mon., t. VII, p. 287.

484: Hist. de Par., t. II p. 1253, et t. V, p. 50. Quoique ces religieuses fissent profession du Tiers-Ordre-de-Saint-François, on croit néanmoins qu'elles possédoient des biens-fonds dont elles recevoient les revenus, comme semblent le prouver les donations qu'elles acceptèrent, et les acquisitions qu'elles firent de plusieurs maisons aux environs de leur monastère.

485: Voyez pl. 117.

486: Ces rapports qu'ils avoient avec les Filles de Sainte-Élisabeth, ont fait dire à l'abbé Lebeuf et à plusieurs historiens que cet établissement fut fait en 1630. Il paroît certain néanmoins qu'il ne fut légalement autorisé que quelques années après, car ce n'est qu'en 1642 que leur fut accordé le consentement de l'archevêque de Paris pour l'établissement dudit couvent, et pour la demeure et les fonctions desdits religieux en icelui. (Reg. du secrétariat.)

Les contrats pour la fondation sont du 19 novembre 1645 et dernier décembre 1649, et les lettres-patentes confirmatives de la fondation, du mois de janvier 1650. Ces religieux obtinrent des lettres de surannation en 1656, en vertu desquelles les précédentes furent enregistrées le 8 février suivant.

487: Ce couvent a été transformé, depuis la révolution, en maisons particulières.

488: L'église, qui existe encore, a été changée en boutiques; les bâtiments sont occupés par des particuliers.

489: Ce théâtre s'est maintenu, pendant la révolution, sous le nom de Théâtre de la Gaieté.

490: Ce théâtre existe encore sous la même dénomination; et si l'on en excepte les enfants, auxquels on a substitué des acteurs ordinaires, le genre de son spectacle n'a point été changé.

491: Voyez t. I., 2e partie, p. 887; et t. II, 1re partie, p. 293.

492: Il a porté successivement les noms de Jardin de Paphos et de Jardin des Princes.

493: Elle a été supprimée pour les voitures.

494: Elle avoit pris, pendant la révolution, le nom du fameux cabaretier Ramponneau, dont la maison étoit à côté. (Supprimée et murée.)

495: Henri IV avoit conçu le projet de faire au Marais une place magnifique et de la plus vaste étendue, qui auroit été appelée place de France. Ce prince en fit tracer le plan en sa présence, l'an 1608. On devoit y entrer par huit rues, larges de dix toises, bordées de bâtiments uniformes, et chacune devoit porter le nom d'une de nos grandes provinces. La mort funeste du roi empêcha l'exécution de ce grand projet. Louis XIII ayant permis depuis de bâtir sur l'emplacement qui avoit été réservé à cet effet, on changea les alignements, et l'on donna aux rues qu'on y perça en 1626 et depuis, les noms de nos provinces et de leurs principales villes. Telle est l'origine des noms d'Anjou, de Bretagne, du Perche, de Limoges, de Périgueux, etc., sous lesquelles sont indiquées diverses rues de ce quartier.

496: Sauval parle d'une communauté de Barratines, sous le titre de saint François de Paule, établie dans cette rue. Nous n'avons pu rien découvrir de cette communauté, détruite sans doute depuis très-long-temps, si elle a jamais existé. La rue de Beaujolois a pris pendant la révolution le nom de rue des Alpes.

497: Jaillot conjecture qu'elle pourroit venir d'une barrière dormante qu'on avoit posée à l'une de ses extrémités. Il y a eu effectivement plusieurs de ces barrières nommées Blanches.

498: On la nomme aujourd'hui rue Lorillon. Robert indique une rue de la Haute-Borne: c'est la continuation du chemin de Mesnil-Montant, depuis la rue du Bas-Popincourt. Elle doit ce nom à un lieu dit la Haute-Borne, connu par quelques cabarets, dans l'un desquels le fameux Cartouche fut arrêté.

499: Claude Charlot étoit originairement un pauvre paysan du Languedoc qui devint un riche financier, adjudicataire des gabelles et de cinq grosses fermes, et propriétaire d'une terre érigée en duché.

500: Arch. de Saint-Opport. Il y a dans cette rue un cul-de-sac qui porte le même nom, et qui existoit également en 1644. Il y en avoit un second qui conduisoit au jardin du chancelier Boucherat, et qui forme aujourd'hui une partie de la rue de Harlai. (Voyez plus bas cette rue.)

501: Cette rue a pris le nom de celle de Saint-Maur, au bout de laquelle elle est située.

502: Arch. du Templ.—Sauval, t. I, p. 160.

503: On la nomme aujourd'hui rue Fontaine.

504: Trait. de la Pol., t. I, p. 81.

505: On voyoit encore en 1789, au coin de cette rue et de la rue du Temple, des fragments de cette échelle. Ces échelles, qui étoient des espèces de piloris, ou carcans, servoient de marque de haute-justice. Pendant la minorité de Louis XIV, de jeunes seigneurs, qu'on appeloit les petits maîtres, s'avisèrent de faire brûler l'échelle de la justice du Temple: elle fut rétablie sur-le-champ. L'archevêque de Paris en avoit deux, l'une dans le parvis Notre-Dame et l'autre au port Saint-Landri.

506: On l'a nommée, pendant la révolution, rue de Turenne.

507: On la nomme maintenant rue Lorillon.

508: Il y a dans cet endroit un marché nommé autrefois le Petit-Marché du Marais, et que Piganiol dit avoir été établi en 1615 (t. IV, p. 371). Il y a sans doute une erreur dans cette date: car dans les lettres de permission du roi pour l'établissement de ce marché, il est dit qu'il sera construit sur une place contenant deux cent soixante-trois toises ou environ, tenant à la maison de M. Claude Charlot, à la rue de Bretagne et à la grande rue de Berri. Le procès-verbal de 1636 le place dans la rue de Berri; or, cette rue ainsi que celles qui sont contiguës à ce marché n'ont été percées qu'en 1626. On le nomme maintenant le Marché-Rouge.

509: T. I, p. 155.

510: T. I, p. 155.

511: Ibid. p. 156.

512: T. IV, p. 374.

513: Il y a dans cette rue un cul-de-sac qui porte le même nom, lequel faisoit partie, ainsi que le retour de la petite rue Saint-Gilles, d'un chemin ou ruelle qui conduisoit au rempart.

514: Il y avoit aussi dans cet endroit une porte qui avoit reçu le nom de Porte de Saint-Louis, et sur laquelle on lisoit cette inscription:

Ludovicus Magnus avo divo Ludovico.

Anno R. S. M. DC LXXIV.

Cette inscription a fait croire à Piganiol que cette porte avoit été bâtie en 1674 (t. IV, p. 363). Jaillot prétend que cette date ne se rapporte qu'à sa reconstruction: car il dit avoir trouvé dans un registre des ensaisinements de Saint-Éloi, au 18 septembre 1642, porte commencée à bâtir au bout de la rue de Poitou; il ajoute toutefois qu'il est difficile de concilier cette date avec les provisions de la charge de concierge de la nouvelle porte du Marais du Temple, appelée la porte Saint-Louis, qui, suivant un mémorial de la chambre des comptes, furent accordées en 1637. Cette porte a été abattue en 1760.

515: T. I, p. 158.

516: La rue nouvelle percée sur l'emplacement de cet hôpital se nomme rue Molay.

517: T. V, p. 158.

518: Cette rue est nommée maintenant Mesnil-Montant, comme celle dont elle fait la continuation.

519: Ce fut dans cette rue que fut assassiné le duc d'Orléans, frère de Charles VI, vis-à-vis d'une maison qu'on appeloit alors l'image Notre-Dame, près le couvent des religieuses hospitalières de Saint-Gervais.

520: Sauval, t. I, p. 163.

521: Il y a dans la rue du Temple un cul-de-sac appelé de l'Échiquier, lequel a pris son nom de l'enseigne d'une maison qui en faisoit le coin. Sauval dit que ce cul-de-sac est un reste d'une rue nommée du Noyer; mais, selon Jaillot, cette rue du Noyer étoit placée entre celle de Braque et des Vieilles-Haudriettes. Il cite à l'appui de son opinion des lettres du garde de la prévôté de Paris, du 8 mai 1371, qui déterminent cette situation.

522: À l'extrémité de cette rue étoit une caserne des Gardes-Françoises.

523: Cens. de l'évêché, fol. 130.

524: Nous avons joint à la représentation que nous donnons ici de la porte de ville qui dépendoit de ce quartier, celle du quartier du Temple située, jusqu'au règne de Louis XIV, à l'extrémité de la rue du même nom. (Voyez pl. 131.)

525: T. I, p. 559.

526: Dubreul, p. 950.

527: Voyez p. 847.

528: Lemaire, t. III, p. 166.

529: Hist. de Paris, t. I, p. 199.—Piganiol, t. IV, p. 128.—Dubreul, p. 951.

530: Voyez t. I, p. 572, 2e partie.

531: Les bâtiments de cette communauté sont maintenant occupés par une manufacture.

532: Voy. t. I, p. 289, 1re partie.

533: Corrozet, Sauval et Lemaire le placent sous saint Louis, sans en apporter aucune preuve; l'abbé Lebeuf, vers 1360; Piganiol, en 1361; Dubreul et dom Félibien, en 1368.

534: Archiv. du Petit Saint-Antoine.

535: Drocon Guarrel et Jean de Vaux, qui s'étoient soustraits à son obéissance, et avoient embrassé le parti du roi de Navarre.

536: Les nouveaux établissements éprouvent toujours des difficultés, et celui-ci en eut plusieurs à vaincre: le curé de Saint-Paul, dans la paroisse duquel étoit situé le monastère du Petit Saint-Antoine, éleva quelques contestations qui furent terminées par une transaction passée le 26 février 1365, par laquelle Hugues d'Optère, commandeur, s'oblige, lui et ses successeurs, à payer tous les ans dix livres au curé de Saint-Paul, et à partager avec lui l'honoraire de ceux qui seroient inhumés dans la nouvelle église. Cette transaction fut confirmée par Estienne, évêque de Paris, et par Pierre de Lobet, général de l'ordre.

Peu de temps après il s'éleva un autre différend entre Hugues de Châteauneuf, successeur de Hugues d'Optère, et le prieur de Saint-Éloi, à l'occasion du manoir de la Saussaie, qui relevoit de son prieuré. Cette contestation fut encore terminée moyennant une rente annuelle de quarante livres, que le commandeur s'obligea de payer, lui et ses successeurs.

537: Hist. de Par., t. III, p. 484.

538: Publiées sous le nom de Duchesne, chap. VII, p. 59, de l'édit. de 1614.—Dubreul, p. 997.

539: Voyez 1re partie de ce vol., p. 444.

540: T. IV, p. 476.

541: Dans cette église étoit établie, depuis plusieurs siècles, une confrérie de Saint-Claude, autrefois si célèbre que le roi Charles VI ne dédaigna point de s'y faire recevoir, exemple qui fut suivi par les principaux seigneurs de sa cour.

542: Les bâtiments du Petit Saint-Antoine sont remplacés par des maisons particulières, et l'on y a percé un passage qui donne vis-à-vis la rue des Juifs.

543: Voyez, à la fin de ce quartier, l'article Hôtels.

544: Voyez t. Ier, 2e partie, p. 521.

545: Delamare, Trait. de la Pol., t. I, p. 114.

546: Voyez t. Ier, p. 738, 2e partie.

547: Delamare, Traité de la Pol., t. Ier, p. 114.

548: Delamare, Traité de la Pol., t. I, p. 117.

549: Delamare, Traité de la Pol., t. I, p. 118.

550: Ibid., p. 119.

551: Ibid., p. 120.

552: L'hôtel de la Force, ainsi que la Petite-Force dont nous allons parler, sont encore aujourd'hui des prisons publiques.

553: Voy. pl. 133. La destination de cette prison est toujours la même.

554: Hélyot, Hist. des ord. relig., t. IV, p. 297.

555: Gall. Christ., t. VII, col. 173.—Sauval, t. III, p. 150.

556: T. I, p. 656.

557: Les bâtiments de cette communauté ont été changés en maisons particulières.

558: François-Xavier, Pierre Lefèvre, Jacques Lainez, Alphonse Salmeron, Nicolas-Alphonse Bobadilla, Simon Rodriguez.

559: D'Alembert.

560: Lainez porta la lumière dans plusieurs articles des constitutions, et, confident de saint Ignace pendant sa vie, fut son interprète après sa mort. On doit à Aquaviva une suite d'instructions faites pour prévenir les abus, et un choix d'industries propres à y remédier. C'est encore sous sa direction que de savantes mains dressèrent le plan d'études connu sous le nom de Ratio studiorum.

561: Ad majorem Dei gloriam.

562: Ps. XVIII, 2.

563: Constit., pars 10, §. 5, p. 446.—Ibid, pars 3, cap. I, §. 7, p. 371.—Ibid, pars 6, cap. II, §. 15, p. 410.—Ibid, §. 16.—Etc.

564:

Privatus illis census erat brevis,
Commune magnum.

Horat., lib. II, Od. 15.

565: Constit., pars 3, cap. I, §. 4.—Regul. comm., reg. 34, p. 77, 2e vol.—Constit., pars 3, cap. I, §. 6, p. 74.—Ibid, §. 3.—Regul. sacerd., reg. 18, p. 139, 2e vol.—Instit., p. 94, 299, 398, etc., etc.

566: Instit., p. 298, 2e vol. Ibid, 299.

567: Quel procès à la fois plus injuste et plus célèbre que celui qui fut intenté au P. Girard? et cependant, malgré le nombre et la puissance des ennemis de la société, qui triomphoient contre elle de ce qui n'eût été, dans tous les cas, que la faute d'un de ses membres, la calomnie fut confondue cette fois et réduite à la honte et au silence.

568: On aura peine à le croire, mais il n'en est pas moins vrai que les ennemis des jésuites, ne pouvant attaquer la pureté de leurs mœurs, en vinrent, par une contradiction monstrueuse, à soutenir que la chasteté n'est point une vertu; que si c'est une vertu, c'est une vertu inutile: que c'est du moins une vertu barbare, etc. (Voyez Apol. des Jés., cap. IX.) Voilà jusqu'où l'impiété peut faire descendre la raison humaine.

569: Constit., pars 6, cap. I, §. 1, p. 407, Ier vol.—Ibid., pars 3, cap. I, §. 23, Ier vol.—Epist. B. Ignat. de obedientiâ, etc., etc.

570: Au-delà des justes représentations commence en effet la révolte; et c'est une bien pitoyable objection que celle qu'ont si souvent répétée les philosophes de nos jours: «Mais si celui qui a l'autorité absolue commande de mauvaises actions, des bassesses, des crimes, etc.» Nous ne connoissons pas, dans l'exercice de l'autorité spirituelle, un seul exemple éclatant qui puisse légitimer ces craintes si scrupuleuses, ces alarmes de conscience si édifiantes de nos honnêtes philosophes; mais si, par impossible, un tel cas se présentoit jamais, qui doute qu'un chrétien et à plus forte raison un religieux, appelant aussitôt à son secours une autorité infiniment supérieure, et tout le corps des fidèles faisant en même temps cause commune avec lui, celui qui auroit fait de tels commandements ne fut déclaré fou, et à l'instant même séquestré de la société, sans que pour cela il y eût la moindre violation du pouvoir et de son caractère sacré, sans que ceux qui lui doivent obéissance eussent la moindre pensée de l'envahir? Ce cas s'est présenté quelquefois pour la puissance temporelle. Sans attaquer le pouvoir monarchique, on a imposé des tuteurs à des rois qui avoient donné des preuves évidentes d'aliénation d'esprit; et il faut avoir soi-même perdu le sens, pour être sérieusement arrêté par de semblables difficultés.

571: Constit., pars 3, cap. II, §. 5, p. 377, vol. I.

572: Constit., pars 10, cap. unic., p. 446, vol. I.

573: En Europe jusqu'au fond de la Laponie; en Asie chez les Tartares, et parmi toutes ses peuplades les plus grossières; en Afrique, dans ses sables les plus brûlants; en Amérique, au milieu de ses forêts les plus inaccessibles. Vous attesterez à jamais leur courage et leurs travaux dans ces contrées affreuses, missions du Paraguay, en même temps que vous rendrez exécrable à la dernière postérité le nom de l'homme puissant dont la politique atroce et insensée épuisa à la fois toutes ses fureurs sur des religieux soumis et désarmés à qui elle arracha leur innocente conquête, et sur de pauvres sauvages qu'elle replongea dans leur misère et dans leur premier abrutissement.

574: Dans tous les grands royaumes de l'Inde, et particulièrement à la Chine et au Japon.

575: Non-seulement le commerce étoit défendu aux jésuites, mais même on leur défendoit jusqu'à l'apparence du commerce. (Cong. 2, decr. 61, p. 499, vol. I.) Rien ne le prouve plus que le bruit que l'on fit, dans l'Europe entière, de l'affaire du P. Lavalette, affaire qui même encore à présent n'est point suffisamment éclaircie, et qui ne démontra qu'une seule chose; c'est que, dans l'espace de deux siècles qui avoient produit plus d'un million de jésuites, UN SEUL, sur ce point capital, avoit désobéi à la règle de l'institut; encore ne le fit-il que par un zèle mal entendu pour le bien de la maison particulière à laquelle il appartenoit.

576: Avant les jésuites, il n'y avoit guère d'autres livres de dévotion à l'usage des fidèles que l'Imitation et quelques Vies des saints, écrites avec plus de simplicité que d'exactitude et de discernement. Saint Ignace mit la composition et la publication de livres de piété au nombre des travaux de la société. (Constit., pars 7, cap. IV, §. 11, p. 422, vol. I.)

577: Reg. provinc. 100, p. 86, vol. II.—Decret. 16, Cong. 13, §. 3, p. 666, vol. I.—Ibid., 62, Cong. 2, p. 499, vol. I.—Constit., pars 4, cap. VIII, D., p. 319, vol. I.—Instruct. 3, §. 1, p. 308, vol. II.—Reg. sacerd. 10, p. 138, vol. II.—Ibid., 8 et 13, p. 138, vol. II.—Instruct. pro confess., p. 310 et 331, §. 9, 11, 12, vol. II.—Reg. sacerd. 15, 16, 17, 19, 20, 23, 25, p. 139, vol. II, etc. etc.

578: En France, la plus haute société ne prenoit guère ses confesseurs que parmi les jésuites. On sait que Henri IV, Louis XIII et Louis XIV n'eurent point d'autres confesseurs.

579: Constit., pars 7, cap. II, E, p. 419, vol. II.—Decret., 62, Cong. 2, p. 499, vol. I.—Instruct. pro concion. 19, §. 1, p. 306, vol. II.—Ibid, 10, p. 308.—Reg. concion., 19, p. 140, 141, vol. II.—Instruct. pro concion., §. 7, p. 307, vol. II.—Constit., pars 4, cap. VIII, B, p. 390, 391, vol. I.—Ibid, C, p. 391.—Ibid, pars 10, cap. unic., p. 446, vol. I, etc. etc. etc.

580: Les congrégations avoient pour objet le culte de la Mère de Dieu. Les statuts prescrits et les usages observés dans ces associations étoient «de s'assembler à des heures convenables, de réciter l'office divin, d'écouter la parole de Dieu, de participer aux sacrements, de vivre dans une grande union, de s'aimer les uns les autres, de contribuer selon son pouvoir au culte et à la gloire de Marie, de faire plusieurs œuvres de charité, comme de secourir les malades, de pourvoir aux besoins de pauvres, et de visiter les prisons, de prier pour la prospérité de l'Église, de l'État et du roi.» (Bull., p. 92, vol. I.)

581: Act. IV, 32.

582: Instruct. pro Mission. 2, 3, 4, 5, p. 322, 323, vol. II.—Reg. Mission. 1, 2, 7, 8, 12, 16, 18, 19, 25, 26, p. 141 et seqq., vol. II.—Ordinat. general., cap. I, §. 18, p. 242, vol. II, etc. etc.

583: Voyez, dans le livre des Constitutions, les instructions dressées sous le titre de Ratio studiorum.

584: «J'ai observé, dit Henri IV lui-même en parlant au parlement (et ces paroles sont à jamais mémorables), quand j'ai commencé à parler de rétablir les jésuites, que deux sortes de personnes s'y opposoient, particulièrement ceux de la religion prétendue réformée, et les ecclésiastiques mal vivants; et c'est ce qui me fait estimer davantage les jésuites. Si la Sorbonne les a condamnés, ç'a été sans les connoître. L'université a occasion de les regretter, puisque, par leur absence, elle a été comme déserte; et les écoliers, nonobstant tous vos arrêts, ont été chercher les jésuites au-dedans et au-dehors de mon royaume.».

L'historien même de l'université est obligé de leur rendre le même témoignage: «On se rend en foule dans leurs écoles, dit-il, et on déserte celles de l'université; ce que perd par là l'université, la religion catholique le gagne, de l'aveu même des plus grands ennemis de cette société.» (Du Boulay, Hist. de l'univ., I, VI, p. 916.)

585: La liste en seroit trop longue à donner ici. Leurs noms se trouvent à toutes les pages des Annales de la science et de la littérature, dans tous les pays et dans toutes les langues savantes de l'Europe.

586: En France particulièrement par Henri IV, Louis XIII et Louis XIV.

587: Saint Charles Borromée, saint François de Sales, saint Vincent-de-Paul, saint Philippe de Néri, sainte Thérèse.

588: Voyez l'Hist. du concile de Trente par Pallavicin.

589: Voyez pl. 121.

590: Voyez pl. 122.

591: Ces monuments n'avoient point été déposés au Musée des Petits-Augustins; ils auront sans doute été détruits pendant le règne de la terreur; et le métal dont ils étoient formés étoit une proie bien faite pour tenter la cupidité des brigands révolutionnaires.

592: Ce monument, qui avoit été transporté au musée des Petits-Augustins, est composé de quatre statues de bronze de grandeur naturelle, représentant des Vertus assises sur des piédestaux de marbre noir, et environnées des symboles qui les caractérisent. Plusieurs des bas-reliefs offrent des allégories qui rappellent les principales actions du prince; et deux anges, placés un peu plus bas que les Vertus, soutiennent, l'un son épée, l'autre une table sur laquelle est gravée une inscription.

Tous les historiens de Paris ont parlé de ce monument avec la plus vive admiration; il a encore été vanté dernièrement avec une sorte d'enthousiasme par un auteur[592-A] qui devoit s'entendre aux arts; et l'on prétend que Le Bernin le regardoit comme un des chefs-d'œuvre les plus excellents de la sculpture françoise. Nous avouons que de tels jugements nous confondent: si l'on en excepte les bas-reliefs et l'ange qui soutient l'écusson, dans lesquels on retrouve le style de Sarrazin, les autres figures nous semblent d'une conception si médiocre, d'un dessin si faux, si mesquin, si maniéré, que nous serions tenté de croire qu'il y a ici quelque grande erreur, et que c'est faussement qu'on les a attribuées à cet habile sculpteur. On ne faisoit pas plus mal dans l'école dégénérée du dix-huitième siècle.

592-A: M. Legrand, architecte.

593: L'église a été rendue au culte.

594: L'histoire les nomme Guillaume dit l'Anglois, Richard de Narcey, Évrard et Manassès.

595: Gall. Christ., t. IV, instr. col., 199.

596: Ibid., col. 202.

597: Descript. de la France, 1re part., p. 38. La Chronique d'Albéric ne place aussi l'origine de ce couvent qu'en 1212, et sans doute par la même erreur. L'historien de la ville de Paris, qui en fixe l'époque en 1201, ne parle cependant de cet établissement que comme s'il n'eût été formé qu'en 1207, par la donation que leur fit en ce temps Guillaume de Joinville. Ces deux dates sont fausses: la donation ne fut faite, ainsi que nous l'avons dit, qu'en 1212, ce qui est parfaitement prouvé par la chronique d'Albéric, qui dit que Joinville procura cet établissement aux écoliers du Val, la troisième année de son épiscopat; or, Joinville n'étoit pas évêque en 1207.

598: Ils se trouvoient, dans la vallée, exposés à la chute des pierres qui se détachoient des rochers dont la maison étoit environnée, aux pluies, à des neiges abondantes, dont la fonte occasionnoit des inondations qui leur faisoient craindre d'être submergés.

599: La fondation de cette église étoit gravée sur deux pierres du portail: l'une représentoit saint Louis, gravé en creux entre deux archers de sa garde; l'autre les effigies d'un chanoine régulier du Val-des-Écoliers, revêtu de sa chape, et ayant aussi à ses côtés deux archers armés de pied en cap. Sur la première de ces pierres on lisoit cette inscription:

À la prière des sergents d'armes, monsieur saint Louis fonda cette église, et y mit la première pierre; et fut pour la joye de la victoire qui fut au pont de Bouvines, l'an 1214.

Sur l'autre pierre on lisoit:

Les sergents d'armes pour le temps gardoient ledit pont, et vouèrent que si Dieu leur donnoit victoire, ils fonderoient une église de Sainte-Catherine, et ainsi soit-il.

600: Jaillot apporte une foule de preuves qui confirment cette opinion. «Il n'est guère possible de douter, dit-il, que ces chanoines n'eussent commencé leur église avant cette époque, puisque le nécrologe de cette maison assure que ce bâtiment fut achevé en 1229. Ecclesia.... fundata et perfecta fuit in opere suo anno Domini 1229. Germain Brice dit qu'elle ne fut bâtie qu'en 1234: son opinion seroit-elle fondée sur les doutes des nouveaux auteurs du Gallia Christiana, qui ne croient pas que ce bâtiment ait été sitôt achevé: 1o parce que dans le nombre de ceux qui ont contribué aux frais de la construction est nommé Geoffroi, évêque du Mans, qui ne fut pourvu de cet évêché qu'en 1234; 2o parce que le Nécrologe déjà cité porte que saint Louis mit la première pierre à cette église, après le consentement de l'évêque, donné au mois d'octobre 1229, et que l'espace de temps qui restoit à écouler de cette année n'étoit pas assez long pour cette construction?»

Jaillot répond à ces objections que, lorsque l'on dit que saint Louis mit la première pierre au mois d'octobre 1229, cela ne doit pas s'entendre strictement de la première pose dans les fondements: le bâtiment pouvoit être dès lors élevé à une certaine hauteur lorsque ce prince fit cette cérémonie. On en peut citer un exemple dans l'église de Sainte-Geneviève, commencée le 1er août 1758, et dont le roi ne posa la première pierre que le 6 septembre 1764.

«En second lieu, dit encore Jaillot, quoique Geoffroi n'ait été élevé à l'épiscopat qu'en 1234, je ne crois pas qu'on en puisse tirer une conséquence juste qui détruise le fait avancé dans le Nécrologe: ce registre n'a été fait que long-temps après; on y a donné à Geoffroi le titre d'évêque, qu'il avoit à son décès; mais cela ne prouve ni ne suppose qu'il fût décoré de cette dignité lorsqu'il donna 600 livres pour la construction de l'église. Ainsi nos historiens disent que Childebert fit bâtir l'église et le monastère de Saint-Vincent (depuis Saint-Germain-des-Prés) à la sollicitation de saint Germain, évêque de Paris, quoique ce saint n'ait été placé sur le trône épiscopal que plus de dix ans après qu'on eut commencé les bâtiments et l'église de l'abbaye. Je crois donc devoir préférer le témoignage du Nécrologe aux opinions contraires, et ne regarder celles-ci que comme des conjectures incapables de détruire un fait constaté par un monument aussi authentique que la lettre de Guillaume d'Auvergne.»

601: On voyoit encore, du temps de Henri III, plusieurs de leurs tombeaux; mais le cloître ayant été rebâti, il ne resta plus aucun vestige de ces monuments.

602: C'étoit un religieux de cette congrégation, nommé Decreil. L'intérieur du cloître que nous donnons ici, relevé sur d'anciens plans, n'a jamais été gravé en perspective. (Voyez pl. 123.)

603: Voyez pl. 133.

604: Cette sculpture, qui a toute la roideur et toute la barbarie du style gothique, représente ce chancelier à genoux et les mains jointes. Il est revêtu de l'habit militaire, lequel est orné, suivant l'usage de ce temps-là, de ses armoiries brodées dans la partie inférieure de la soubreveste. Une particularité remarquable de ce monument, c'est que la figure et le vêtement sont peints de couleurs imitant le naturel. Nous ignorons à quelle époque ces couleurs y ont été appliquées; mais elles paroissent très-anciennes. Il étoit déposé au musée des Petits-Augustins.

605: Ce chef-d'œuvre de la sculpture françoise avoit été déposé dans le même musée. Le chancelier de Birague y est représenté, en bronze, à genoux devant un prie-dieu, et revêtu des marques de sa dignité. Derrière lui, un génie éploré semble éteindre un flambeau. Il est impossible de rien imaginer de plus noble et de plus vrai que la tête de cette figure. La draperie, si difficile à agencer à cause de son énorme volume, est rendue avec un art admirable; et telle est la vérité qui règne dans son exécution, que l'on y sent tout le mouvement, que l'on y retrouve en quelque sorte toutes les formes du corps, bien qu'il soit entièrement enseveli sous cette vaste simarre. Le génie n'est pas exécuté avec moins de sentiment et de délicatesse; tout enfin, dans ce monument, rappelle le bel âge de la sculpture moderne, et porte l'empreinte d'un talent du premier ordre.

606: Cette dame y est représentée à demi couchée sur son sarcophage, appuyée sur un coussin, et tenant un livre de la main droite. La forme de sa robe, composée d'une étoffe brochée et à grands ramages, ainsi que celle de sa coiffure, offrent une image exacte et naïve des modes de cette époque; auprès d'elle est un chien, symbole de la fidélité, et à ses pieds, de même que dans l'autre monument, un génie en pleurs éteint un flambeau. Dans cette sculpture, non moins excellente que la première, éclatent toute la grâce, tout le sentiment, toute la finesse qui caractérisent les productions de Germain Pilon; et, pour la délicatesse du ciseau, peut-être est-elle préférable même à la statue du chancelier. Le marbre nous y semble travaillé avec une facilité égale à celle que l'on admire dans les plus beaux monuments antiques. Cette facilité si attrayante, lorsqu'elle est réunie à la science et au sentiment, est surtout remarquable dans un bas-relief placé sur la partie inférieure du sarcophage, dans lequel est représenté le cadavre de madame de Birague, consumé par la maladie et déjà défiguré par la mort. Nous croyons qu'il n'y a rien dans la sculpture françoise que l'on puisse mettre au-dessus de ce morceau. Il avoit été déposé dans le même musée.

607: Liv. III, p. 1050.

608: Sauval, qui ne connoissoit pas ce contrat, dit que cette vente se fit en 1398; D. Félibien s'est conformé à cette date. Dans un autre endroit Sauval avance que ce fut en 1404, et que ce prince l'échangea, en 1422, avec le duc d'Orléans. Cet historien ne s'étoit pas aperçu que ces dates étoient doublement inadmissibles, le duc d'Orléans ayant été assassiné en 1407, et le duc de Berri étant mort en 1416.

609: Cap. VIII, p. 177.

610: Archiv. de S. Cather.

611: À l'exception de Louis XI, car on voit dans les registres de la chambre des comptes qu'en 1467 «ce prince donna à Jacques Coitier (alias l'Hoste), astrologien, la conciergerie des jardins de l'hôtel des Tournelles, et les profits, sa vie durante.» L'année suivante il appartenoit à la comtesse d'Angoulême.

612: Le 5 avril de cette même année, Marie de Médicis y donna le spectacle d'un magnifique carrousel, qu'elle avoit ordonné à l'occasion de la double alliance contractée entre la France et l'Espagne.

613: Celles des rues Royale et des Minimes.

614: Voy. pl. 124.

615: Voyez pl. 131. Cette statue a été abattue le 10 août 1792.

616: Sur la face qui étoit du côté de la rue Saint-Antoine, on lisoit:

«Pour la glorieuse et immortelle mémoire du très-grand et très-invincible Louis-le-Juste, XIIIe du nom, roi de France et de Navarre, Armand, cardinal et duc de Richelieu, son principal ministre dans tous ses illustres et généreux desseins, comblé d'honneurs et de bienfaits par un si bon maître et un si généreux monarque, lui a fait élever cette statue, pour une marque éternelle de son zèle, de sa fidélité et de sa reconnoissance. 1639.»

Sur la face du côté des Minimes:

Ludovico XIII, christianissimo Galliæ et Navarræ regi, justo, pio, felici, victori, triomphatori, semper augusto, Armandus cardinalis, dux Richelius, præcipuorum regni onerum adjutor et administer, domino optimè merito, principique munificentissimo, fidei suæ, devotionis, et ob innumera beneficia immensosque honores sibi collatos, porenne grati animi monimentum, hanc statuam equestrem ponendam curavit, anno Domin. 1639.

Sur la face à droite:

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