Histoire de Jane Grey
DOCUMENTS FIGURÉS.
—Tableaux d'Holbein à Windsor, à Hampton-Court, partout en Angleterre. Notre Louvre ne possède que huit toiles parmi lesquelles: les portraits d'Anne de Clèves, de Thomas Morus, de Guillaume Warham et d'Érasme.
Hans Holbein est né à Ausbourg et non à Bâle, en 1498. Il est mort à Londres, en 1554, la même année que Jane Grey.
Il ne faut pas confondre ce grand artiste avec ses frères Sigismond et Ambros, ni avec son père, trois peintres médiocres.
Hans à lui seul est un musée. Il a reproduit tous les personnages principaux des quatre règnes auxquels j'ai touché. Il était le grand peintre de la cour, le peintre à la mode. Toute l'aristocratie venait à lui. Il ne refusait personne et traçait rapidement l'esquisse des figures au crayon rouge ou à l'huile. Ses élèves copiaient ces figures et les achevaient; d'autres aussi que ses élèves s'en mêlèrent, ajoutant les accessoires, le costume, les parures. Ce n'était plus Holbein et cependant ce l'était au fond.
Tels sont les modèles divers qu'a reproduits Bartolozzi. Ils remontent tous ou presque tous à Holbein. Bartolozzi était un graveur laborieux. Né à Venise en 1725, il s'établit près de Londres en 1764, et il mourut dans la grande capitale, en 1819, à quatre-vingt-quatorze ans. Je connais de lui soixante et quinze figures qui laissent beaucoup à désirer au point de vue de l'art,—mais au point de vue historique, elles sont d'un prix inestimable; car ce sont des figures vraies, des portraits authentiques.
De toutes les collections que j'ai consultées pour cette histoire, la plus précieuse est celle qui se compose des esquisses primitives d'Holbein au crayon de couleur. Ces esquisses qu'il avait gardées passèrent, longtemps après sa mort, à M. le marquis de Liancourt. Un collectionneur couronné, Charles Ier, eut le bonheur de les obtenir du marquis. Il les échangea avec lord Pembroke contre le saint Michel de Raphaël. Plus tard, le comte d'Arundel les acquit de lord Pembroke, et, à la mort du comte d'Arundel, ils furent définitivement achetés par le gouvernement.
George III les fit relier en deux beaux volumes de maroquin, les plus curieux peut-être de Windsor, où je les ai feuilletés, et que le prince Albert comptait avec orgueil parmi les chefs-d'œuvre du palais.
Ces deux volumes renferment quatre-vingt-sept portraits, entre autres ceux de Jeanne Seymour, d'Edouard VI, d'Anne Boleyn, de Catherine Howard, du duc et de la duchesse de Suffolk, de la marquise de Dorset, de Thomas Morus, de Thomas Wyatt, de lady Audley et de lady Butts.
—M. Fourniols, alors à Londres et maintenant à New York York, m'a introduit dans sa galerie où j'ai pu admirer les portraits de Henri VIII, de Jane Grey et de Catherine Parr. M. Gigoux et M. Alfred Dumesnil m'ont ouvert aussi leurs cartons avec une complaisance inépuisable. Je les prie de recevoir ici l'expression de ma reconnaissance.