Histoire du Bas-Empire. Tome 03
L.
Fables inventées au sujet de la mort de Julien.
Liban. or. 10. t. 2, p. 303 et 323.
Greg. Naz. or. 4, t. 1, p. 117.
Passio Sti Theodoriti apud Acta mart. sinc.
Socr. l. 3, c. 21.
Theod. l. 3, c. 21 et 25.
Soz. l. 6, c. 1, et 2.
Philost. l. 7, c. 15.
Chron. Alex. vel Pasch. p. 298.
Niceph. Call. l. 10, c. 34.
Zon. l. 13, t. 2, p. 27.
Cedr. t. 1, p. 307.
Dans le récit de sa mort j'ai suivi Ammien Marcellin, auteur impartial, et qui servait alors dans l'armée de Julien. Sans parler des révélations miraculeuses, qui ne prouvent avec certitude que l'horreur qu'on avait conçue de Julien, je me contenterai de rendre compte de quelques circonstances, rapportées par divers auteurs. Quelques-uns le font périr de la main d'un transfuge; d'autres, de celle d'un bouffon qu'il menait avec lui pour le divertir, ce qui n'est nullement conforme au caractère de Julien. On raconte encore que ce prince étant monté sur une éminence pour considérer son armée, et voyant qu'il lui restait beaucoup plus de troupes qu'il ne pensait, s'écria: Quel dommage de ramener tant de Romains sur les terres de l'empire! et qu'un soldat indigné de cette réflexion inhumaine, lui passa son épée au travers du corps. Sapor lui-même, pour avoir sujet d'insulter les Romains, leur reprocha d'avoir été les meurtriers de leur empereur. Libanius, ennemi juré des chrétiens, en rejette sur eux le soupçon. Ce qui a fait naître toutes ces opinions, les unes bizarres, les autres destituées de fondement, c'est que, Sapor ayant promis une récompense à celui qui avait blessé Julien, personne ne se présenta pour la recevoir: ce qui n'a rien d'étonnant, s'il est vrai, comme un auteur le rapporte, que le cavalier perse ou sarrasin qui lui porta le coup mortel, fut aussitôt tué par l'écuyer du prince. C'est encore une tradition fort commune, que lorsque Julien se sentit blessé, il recueillit dans sa main le sang qui jaillissait de sa plaie; que le jetant en l'air, il s'écria: Rassasie-toi, Galiléen[298]: tu m'as vaincu, mais je te renonce encore; et qu'après avoir ainsi blasphémé contre Jésus-Christ, il vomit aussi mille imprécations contre ses dieux, dont il se voyait abandonné. Ce fait n'est soutenu d'aucun témoignage suffisant. Sans s'écarter du respect que mérite saint Grégoire de Nazianze, on peut douter d'une autre circonstance, qu'il rapporte sur la foi d'un bruit populaire. On disait que Julien après sa blessure, étant couché sur le bord d'une rivière, avait voulu s'y précipiter, pour être mis au rang de ces prétendus immortels, Enée, Romulus et quelques autres dont le corps avait disparu; et que sa vanité allait se satisfaire, si un de ses eunuques ne s'y fût opposé. Mais outre que Julien n'avait point d'eunuques à son service, ce récit ne peut s'accorder avec celui d'Ammien Marcellin, témoin oculaire.
[298] Νενίκηκας Γαλιλαῖε. Theod. Hist. eccles. l. 3, c. 25.—S.-M.
LI.
Faits véritables.
Liban. or. 10, t. 2, p. 323 et 324.
Hier. in Habacuc. c. 3, t. 6, p. 659 et 660.
Optat. schism.
Donat. l. 2, p. 36 et 37.
Theod. l. 3, c. 23.
Soz. l. 6, c. 2.
Voici des faits plus vraisemblables et mieux assurés. Saint Jérôme, qui était âgé de vingt-deux ans quand Julien mourut, raconte qu'au milieu des gémissements que la mort de ce prince arrachait à l'idolâtrie, il entendit ces paroles de la bouche d'un païen: Comment les chrétiens peuvent-ils vanter la patience de leur Dieu! Rien n'est si prompt que sa colère. Il n'a pu suspendre pour un peu de temps son indignation. Julien était sur le point d'envoyer en Afrique un édit de persécution: on ne sait même si cet édit n'était pas déja expédié. Les païens en triomphaient: ils attendaient avec impatience le retour de l'empereur, pour voir couler le sang des chrétiens. A la nouvelle des premiers succès qu'il avait dans la Perse, Libanius rencontrant à Antioche un chrétien qu'il connaissait: Eh! bien, lui dit-il pour insulter à Jésus-Christ, que fait maintenant le Fils du charpentier? Il fait, lui repartit le chrétien, un cercueil pour votre héros. Sapor regarda la mort de ce redoutable ennemi comme une éclatante victoire. Il consacra aux dieux Sauveurs les présents qu'il avait destinés à Julien. Depuis le commencement de la guerre, Sapor consterné mangeait sur la terre; il ne prenait aucun soin de ses cheveux: alors il quitta ces marques de tristesse, et se livra à toute la joie d'un triomphe. Les Perses témoignèrent long-temps par des symboles énergiques l'effroi dont les victoires de Julien les avaient frappés. Pour désigner ce rapide conquérant, ils avaient coutume de peindre un foudre, ou un lion qui vomissait des flammes, et d'y ajouter le nom de Julien.