Histoire du Bas-Empire. Tome 04
[227] Ammien Marcellin indique, l. 31, c. 3, d'une manière précise, le lieu de la retraite d'Athanaric; A superciliis, dit-il, Gerasi fluminis adusque Danubium Taifalorum terras præstringens, muros altius erigebat. On sait par Eutrope, l. 7, que ces Taïfales, que je regarde comme le reste des anciens Daces, occupaient alors avec les Victophales et les Thervinges, c'est-à-dire les Visigoths, la plus grande partie du pays situé au nord du Danube, qui forme actuellement les deux principautés de Moldavie et de Valachie, avec la Transylvanie. Provincia trans Danubium facta, dit Eutrope, en parlant des conquêtes de Trajan, in his agris, quos nunc Thaïphali tenent, et Victophali et Thervingi habent. Malgré ces renseignements, ce n'en est pas assez pour pouvoir fixer, avec quelque précision, la position du lieu où Athanaric et les siens se retirèrent pour se défendre contre les Huns.—S.-M.
XLIX.
Les Goths s'assemblent sur les bords du Danube.
Amm. l. 31, c. 3.
Isidor. chron. Goth.
Theoph. p. 55.
Socr. l. 4, c. 33.
Eunap. excerpt. leg. p. 19.
La terreur s'était répandue dans toute la nation des Goths. L'extérieur affreux des Huns n'imprimait pas moins de frayeur que la cruauté de leurs ravages. On publiait au loin que des monstres sortis des lacs et des déserts de la Scythie, venaient dévorer les peuples de l'Europe, et qu'ils désolaient tout sur leur passage[228]. Une discorde civile tenait alors les Visigoths divisés. Une partie de la nation s'était séparée d'Athanaric, et avait choisi pour chefs Alavivus et Fritigerne. Il s'était livré des combats, dans lesquels ces deux capitaines, aidés de quelques secours des Romains, avaient remporté l'avantage[229]. La disette où se trouvait Athanaric resserré entre deux fleuves, détacha encore de lui un grand nombre de ses sujets. Quantité d'autres, que la crainte rassemblait de toutes parts, se joignirent à eux; et tous s'étant réunis, ils convinrent ensemble de se soustraire à la barbarie de leurs nouveaux ennemis[230]. La Thrace semblait leur offrir une retraite sûre et commode. C'était un pays fertile, que le Danube, bordé de places fortes, défendait contre les incursions étrangères. Ils se rendirent au bord de ce fleuve, sous la conduite d'Alavivus et de Fritigerne, au nombre de près de deux cent mille hommes, propres à la guerre, résolus d'abandonner les demeures où ils étaient établis depuis cent cinquante ans[231].
[228] Fama tamen latè serpente per Gothorum reliquas gentes, quod inusitatum antehac hominum genuis modo ruens ut turbo montibus celsis, ex abdito sinu coortum apposita quæque convellit et corrumpit. Amm. Marc. l. 31, c. 3.—S.-M.
[229] Ces détails se trouvent dans Socrate, l. 4, c. 33. Selon lui, le parti d'Athanaric prévalut sur celui de Fritigerne, qui, obligé de se réfugier chez les Romains, en obtint des secours, avec lesquels il repassa le Danube et triompha d'Athanaric. Les choses en étaient là quand les Huns survinrent. Sozomène, qui parle aussi, l. 6, c. 37, de ces divisions, les met contre toute vraisemblance après le passage du Danube par les Goths; ce qui est impossible. Du reste les détails qu'il donne sont les mêmes que ceux de Socrate.—S.-M.
[230] Populi pars major, quæ Athenaricum attenuata necessariorum penuria deseruerat, quæritabat domicilium remotum ab omni notitia Barbarorum. Amm. l. 31, c. 3.—S.-M.
[231] Les Goths étaient depuis long-temps fixés dans ces régions. Voyez à ce sujet la note que j'ai placée, t. 3, p. 324, n. 1, liv. XVII, § 29.—S.-M.