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La Légende des siècles tome III

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Je marchais au hasard, devant moi, n’importe où;
Et je ne sais pourquoi je songeais à Coustou
Dont la blanche bergère, au seuil des Tuileries,
Faite pour tant d’amour, a vu tant de furies.
Que de crimes commis dans ce palais! hélas!
Les sculpteurs font voler marbre et pierre en éclats
Et font sortir des blocs dieux et déesses nues
Qui peuplent des jardins les longues avenues,
O fantômes sacrés! ô spectres radieux!
Leur front serein contemple et la terre et les cieux;
Le temps n’altère pas leurs traits indélébiles;
Ils ont cet air profond des choses immobiles;
Ils ont la nudité, le calme et la beauté;
La nature en secret sent leur divinité;
Les pleurs mystérieux de l’aube les arrosent.
Et je ne comprends pas comment les hommes osent,
Eux dont l’esprit n’a rien que d’obscures lueurs,
Montrer leur cœur difforme à ces marbres rêveurs.

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