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La Légende des siècles tome III
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III
ARCHILOQUE
Le pilote connaît la figure secrète
Du fond de la mer sombre entre Zante et la Crète,
Le sage médecin connaît le mal qu’on a,
Le luthier, par la muse instruit, sait qu’Athana
A fait la flûte droite et Pan la flûte oblique;
Moi, je ne sais qu’aimer. Tout ce qu’un mage explique
En regardant un astre à travers des cyprès,
Dans les bois d’Éleusis la nuit, n’est rien auprès
De ce que je devine en regardant Stellyre.
Stellyre est belle. Ayez pitié de mon délire,
Dieux immortels! je suis en proie à sa beauté.
Sans elle je serais l’Archiloque irrité,
Mais elle m’attendrit. Muses, Stellyre est douce.
Pour que l’agneau la broute il faut que l’herbe pousse,
Et que l’adolescent croisse pour être aimé.
Par l’immense Vénus le monde est parfumé;
L’amour fait pardonner à l’Olympe la foudre;
L’Océan en créant Cypris voulut s’absoudre,
Et l’homme adore, au bord du gouffre horrible et vain,
La tempête achevée en sourire divin.
Stellyre a la gaîté du nid chantant dans l’arbre.
Moi qui suis de Paros, je me connais en marbre,
Elle est blanche, et pourtant femme comme Aglaura
Et Glycère; et, rêveur, je sais qu’elle mourra.
Tout finit par finir, hélas, même les roses!
Quoique Stellyre, ô dieux, ressemble aux fleurs écloses
A l’aurore, en avril, dans les joncs des étangs,
Faites, dieux immortels, qu’elle vive longtemps,
Car il sort de cette âme une clarté sereine;
Je la veux pour esclave, et je la veux pour reine;
Je suis un cœur dompté par elle, et qui consent;
Et ma haine est changée en amour. O passant,
Sache que la chanson que voici fut écrite
Quand Hipparque chassa d’Athène Onomacrite
Parce qu’il parlait bas à des dieux infernaux
Pour faire submerger l’archipel de Lemnos.
Du fond de la mer sombre entre Zante et la Crète,
Le sage médecin connaît le mal qu’on a,
Le luthier, par la muse instruit, sait qu’Athana
A fait la flûte droite et Pan la flûte oblique;
Moi, je ne sais qu’aimer. Tout ce qu’un mage explique
En regardant un astre à travers des cyprès,
Dans les bois d’Éleusis la nuit, n’est rien auprès
De ce que je devine en regardant Stellyre.
Stellyre est belle. Ayez pitié de mon délire,
Dieux immortels! je suis en proie à sa beauté.
Sans elle je serais l’Archiloque irrité,
Mais elle m’attendrit. Muses, Stellyre est douce.
Pour que l’agneau la broute il faut que l’herbe pousse,
Et que l’adolescent croisse pour être aimé.
Par l’immense Vénus le monde est parfumé;
L’amour fait pardonner à l’Olympe la foudre;
L’Océan en créant Cypris voulut s’absoudre,
Et l’homme adore, au bord du gouffre horrible et vain,
La tempête achevée en sourire divin.
Stellyre a la gaîté du nid chantant dans l’arbre.
Moi qui suis de Paros, je me connais en marbre,
Elle est blanche, et pourtant femme comme Aglaura
Et Glycère; et, rêveur, je sais qu’elle mourra.
Tout finit par finir, hélas, même les roses!
Quoique Stellyre, ô dieux, ressemble aux fleurs écloses
A l’aurore, en avril, dans les joncs des étangs,
Faites, dieux immortels, qu’elle vive longtemps,
Car il sort de cette âme une clarté sereine;
Je la veux pour esclave, et je la veux pour reine;
Je suis un cœur dompté par elle, et qui consent;
Et ma haine est changée en amour. O passant,
Sache que la chanson que voici fut écrite
Quand Hipparque chassa d’Athène Onomacrite
Parce qu’il parlait bas à des dieux infernaux
Pour faire submerger l’archipel de Lemnos.
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