← Retour
La Légende des siècles tome III
16px
100%
XXXVIII
Un homme aux yeux profonds passait; un patriarche
Lui demanda:—Combien as-tu de jours de marche,
O voyageur qui viens du côté du levant?
L’homme dit:—Je ne sais. Le vieux reprit:—Le vent,
O voyageur qui viens du côté de l’aurore,
T’a-t-il bien poursuivi? L’homme dit:—Je l’ignore.
Le vieillard dit:—Tu dois avoir près d’Engaddi
Trouvé la caravane allant vers le midi?
Combien de voyageurs et de bêtes de somme?
—Je n’ai rien rencontré ni rien compté, dit l’homme.
—Les hérons gris ont-ils passé dans le brouillard?
Dit le vieux. L’homme dit:—Je n’ai rien vu, vieillard.
Et le vieillard reprit:—Homme au sombre visage,
Aujourd’hui, dans ta route, as-tu, selon l’usage,
Auprès de la citerne entre Edom et Gaza,
Crié trois fois le nom du saint qui la creusa?
Et l’homme répondit:—Quel saint? que veux-tu dire?
Le vieillard repartit:—Homme, est-ce de la myrrhe
Ou du baume qu’on doit en tribut envoyer
Au tétrarque Antipas pour laver son foyer
Et parfumer son lit?—Je ne sais pas, dit l’homme.
—Quoi! tu ne connais point le roi que je te nomme?
—Non.—Le vieillard reprit:—Tu ne distingues pas
Entre le lit de pourpre où se couche Antipas
Et la paille qui sert aux bêtes de litière?
—Non, dit l’homme.
Lui demanda:—Combien as-tu de jours de marche,
O voyageur qui viens du côté du levant?
L’homme dit:—Je ne sais. Le vieux reprit:—Le vent,
O voyageur qui viens du côté de l’aurore,
T’a-t-il bien poursuivi? L’homme dit:—Je l’ignore.
Le vieillard dit:—Tu dois avoir près d’Engaddi
Trouvé la caravane allant vers le midi?
Combien de voyageurs et de bêtes de somme?
—Je n’ai rien rencontré ni rien compté, dit l’homme.
—Les hérons gris ont-ils passé dans le brouillard?
Dit le vieux. L’homme dit:—Je n’ai rien vu, vieillard.
Et le vieillard reprit:—Homme au sombre visage,
Aujourd’hui, dans ta route, as-tu, selon l’usage,
Auprès de la citerne entre Edom et Gaza,
Crié trois fois le nom du saint qui la creusa?
Et l’homme répondit:—Quel saint? que veux-tu dire?
Le vieillard repartit:—Homme, est-ce de la myrrhe
Ou du baume qu’on doit en tribut envoyer
Au tétrarque Antipas pour laver son foyer
Et parfumer son lit?—Je ne sais pas, dit l’homme.
—Quoi! tu ne connais point le roi que je te nomme?
—Non.—Le vieillard reprit:—Tu ne distingues pas
Entre le lit de pourpre où se couche Antipas
Et la paille qui sert aux bêtes de litière?
—Non, dit l’homme.
Ils parlaient auprès d’un cimetière.
L’œil du vieillard tomba sur les fosses; il dit:
—Tous ces êtres, hélas! sur qui l’herbe grandit,
Étaient jadis vivants, bruyants, joyeux, utiles;
Maintenant les voilà tombés chez les reptiles,
Mangés des vers, mêlés à la terre, mêlés
A la cendre, et gisants.—Non, dit l’homme. Envolés.
Arriver au tombeau, c’est atteindre le faîte.—
L’œil du vieillard tomba sur les fosses; il dit:
—Tous ces êtres, hélas! sur qui l’herbe grandit,
Étaient jadis vivants, bruyants, joyeux, utiles;
Maintenant les voilà tombés chez les reptiles,
Mangés des vers, mêlés à la terre, mêlés
A la cendre, et gisants.—Non, dit l’homme. Envolés.
Arriver au tombeau, c’est atteindre le faîte.—
Le patriarche alors reconnut un prophète,
Et murmura pensif, à voix basse, pendant
Que ce passant, doré par le rouge occident,
Disparaissait au loin dans le désert sublime:
—O savant seulement des choses de l’abîme!
Et murmura pensif, à voix basse, pendant
Que ce passant, doré par le rouge occident,
Disparaissait au loin dans le désert sublime:
—O savant seulement des choses de l’abîme!
Chargement de la publicité...