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La Légende des siècles tome III

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VIII
MOSCHUS

O nymphes, baignez-vous à la source des bois.
Le hallier, bien qu’il soit rempli de sombres voix,
Quoiqu’il ait des rochers où l’aigle fait son aire,
N’est jamais envahi par l’ombre qui s’accroît
Au point d’être sinistre et de n’avoir plus droit
A la nudité de Néère.
Néère est belle, douce et pure, et transparaît
Blanche, à travers l’horreur de la noire forêt;
Un essaim rôde et parle aux fleurs de la vallée,
Un écho dialogue avec l’écho voisin,
Qu’est-ce que dit l’écho? qu’est-ce que dit l’essaim?
Qu’étant nue, elle est étoilée!
Car l’éblouissement des astres est sur toi
Quand tu te baignes, chaste, avec ce vague effroi
Que toujours la beauté mêle à sa hardiesse,
Sous l’arbre où l’œil du faune ardent te cherchera.
Tu sais bien que montrer la femme, ô Néèra,
C’est aussi montrer la déesse.
Moi, quoique par les rois l’homme soit assombri,
Je construis au-dessus de ma tête un abri
Avec des branches d’orme et des branches d’yeuse;
J’aime les prés, les bois, le vent jamais captif,
Néère et Phyllodoce, et je suis attentif
A l’idylle mélodieuse.
Parce que, dans cette ombre où parfois nous dormons,
De lointains coups de foudre errent de monts en monts,
Parce que tout est plein d’éclairs visionnaires,
Parce que le ciel gronde, est-il donc en marchant
Défendu de rêver, et d’écouter le chant
D’une flûte entre deux tonnerres?
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