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La Légende des siècles tome III
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XIII
PÉTRARQUE
Elle n’est plus ici; cependant je la vois
La nuit au fond des cieux, le jour au fond des bois!
Qu’est-ce que l’œil de chair auprès de l’œil de l’âme?
On est triste; on n’a pas près de soi cette femme,
On est dans l’ombre; eh bien, cette ombre aide à la voir,
Car l’étoile apparaît surtout dans le ciel noir.
Je vois ma mère morte, et je te vois absente,
O Laure! Où donc es-tu? Là-bas, éblouissante.
Je t’aime, je te vois. Sois là, ne sois pas là,
Je te vois. Tout n’est rien si tout n’est pas cela,
Aimer. Aimer suffit; pas d’autre stratagème
Pour être égal aux dieux que ce mot charmant: J’aime.
L’amour nous fait des dons au-dessus de nos sens,
Laure, et le plus divin, c’est de nous voir absents;
C’est de t’avoir, après que tu t’es exilée;
C’est de revoir partout ta lumière envolée!
Je demande: Es-tu là, doux être évanoui?
La prunelle dit: Non, mais l’âme répond: Oui.
La nuit au fond des cieux, le jour au fond des bois!
Qu’est-ce que l’œil de chair auprès de l’œil de l’âme?
On est triste; on n’a pas près de soi cette femme,
On est dans l’ombre; eh bien, cette ombre aide à la voir,
Car l’étoile apparaît surtout dans le ciel noir.
Je vois ma mère morte, et je te vois absente,
O Laure! Où donc es-tu? Là-bas, éblouissante.
Je t’aime, je te vois. Sois là, ne sois pas là,
Je te vois. Tout n’est rien si tout n’est pas cela,
Aimer. Aimer suffit; pas d’autre stratagème
Pour être égal aux dieux que ce mot charmant: J’aime.
L’amour nous fait des dons au-dessus de nos sens,
Laure, et le plus divin, c’est de nous voir absents;
C’est de t’avoir, après que tu t’es exilée;
C’est de revoir partout ta lumière envolée!
Je demande: Es-tu là, doux être évanoui?
La prunelle dit: Non, mais l’âme répond: Oui.
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