La police secrète prussienne
Ce livre a pour but de montrer dans son fonctionnement caché un des principaux instruments de la puissance prussienne : la police secrète.
Si le lecteur, obéissant aux sentiments de son honnête nature, est tenté de mettre en doute la vérité et l’authenticité des révélations que nous avons pu faire, grâce à des documents mis à notre disposition, qu’il veuille bien se reporter à ce passage du discours prononcé le 9 mai 1884, c’est-à-dire il y a quelques jours seulement, au Reichstag allemand, par M. de Puttkammer, ministre de l’intérieur, chef hiérarchique et responsable de la police prussienne :
« L’État, — a dit M. de Puttkammer, après s’être moqué de la naïveté des libéraux qui avaient attaqué certains procédés de la police[1], — l’État a le droit et le devoir d’user de moyens extraordinaires et à part (aussergewöhnliche), quand il ne lui est pas possible de découvrir ou de réprimer autrement les délits… Les faits cités par M. Richter (chef de l’opposition libérale) ne lui donnent pas le droit de blâmer la manière d’agir du gouvernement.
[1] M. Richter avait démontré qu’à Francfort la police avait employé des gens tarés comme agents provocateurs.
« Que ressort-il de ces faits ? Que la police se sert d’individus d’une moralité équivoque. C’est son devoir ; et si le conseiller de police Rumpf[2], cet honnête et estimable fonctionnaire, à usé de tels moyens, je lui exprime ici publiquement ma satisfaction et mes remerciements. »
[2] Chef de la police secrète à Francfort.
La théorie ouvertement professée en plein Reichstag par Son Excellence le Ministre de l’intérieur de Sa Majesté prussienne nous dispense d’en dire davantage.
Nous n’ajouterons qu’un mot :
Notre livre est une œuvre d’histoire contemporaine et non un roman inventé à plaisir. De tous les faits que nous citons, il n’en est pas un seul qui n’ait ses pièces à l’appui.
V. T.