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Le Banian, roman maritime (1/2)

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VII

Quand le chef se trouva amarré dans la hune, les matelots assis devant sur le guindeau, se mirent à causer avec une indifférence apparente, de tout autre chose que de l'événement qui seul aurait dû les occuper, comme ils font presque toujours lorsqu'ils sont mécontens de quelque chose et disposés à se mutiner pour ce qui ne les regarde pas.

(Page 124.)

Syllogisme du capitaine;—les vivres coupés;—mutinerie;—punition;—l'équipage pris par la famine.

«Eh bien! voisin, me dit le capitaine Lanclume, en me voyant monter sur le pont le lendemain matin à huit heures, eh bien; en voilà bien d'une autre maintenant!

—Et qu'avez-vous donc, capitaine, lui demandai-je, sans penser encore au coup de tête que m'avait annoncé, la veille, notre cuisinier littérateur?

—Ce que j'ai! reprit-il; mais j'ai que notre chef ne veut plus travailler, et qu'il vient de me donner sa démission… Concevez-vous celle-là?

—Bah! c'est un fou qu'on peut ramener à la raison avec quelques représentations décisives.

—Et, à ma place, que feriez-vous, mon ami?

—Ma foi! à votre place, je le ferais venir pour lui rappeler son devoir, et l'engager à reprendre tranquillement sa besogne, en lui parlant avec douceur et avec calme.

—C'est aussi ce que j'avais envie de faire, et je suis bien aise de me rencontrer avec vous dans une circonstance où je suis disposé à me montrer plutôt bon diable que juge inexorable. Vous allez voir comment je vais m'y prendre, et ensuite vous me direz franchement si vous êtes content de moi… Mousse, va-t'en m'appeler le chef, et dis-lui de venir me parler.»

Le mousse alla chercher le cuisinier rebelle et le conduisit devant le capitaine.

Celui-ci commença par donner d'abord ce qu'il appelait un poil, au chef récalcitrant qui l'écouta avec un air d'indifférence assez peu fait pour maintenir son supérieur dans les bornes de la modération qu'il s'était prescrite; puis après n'avoir obtenu aucune réponse satisfaisante de la part du coupable, il lui demanda: «Voulez-vous travailler décidément, ou aimez-vous mieux ne rien faire à bord?

—Capitaine, reprit le jeune homme, j'aime mieux ne rien faire.

—Comme il vous plaira, mais écoutez bien le raisonnement que je vais vous poser:

»Je vous ai embarqué à mon bord pour travailler, et moyennant cette condition, je me suis engagé à vous nourrir et à vous payer. C'est donc pour votre travail seul que je vous nourris et que je vous paie: or, dès l'instant où vous croyez ne me devoir plus aucun service, je ne vous dois plus ni rétribution ni vivres; car il serait aussi injuste que vous me forçassiez à vous nourrir pour ne rien faire, qu'il serait injuste que je vous contraignisse à travailler sans vous nourrir et sans vous payer. Ainsi donc, du moment où vous ne voulez plus travailler, je cesse de vous devoir des vivres, et en conséquence, dès aujourd'hui, vous cesserez de recevoir votre nourriture à bord, jusqu'au jour où il vous plaira de reprendre votre service de mauvais gargotier… Ce raisonnement est logique, n'est-ce pas? Cette logique vous va-t-elle?

—Parfaitement, capitaine; je ne nie pas le syllogisme, et je vais mourir logiquement de faim… O tyrannie maritime!

—Un moment, j'ai une autre chose à vous dire. Tous mes gens sont embarqués ici à la condition qu'ils seront nourris et payés, qu'ils travailleront et qu'ils ne feront jamais les insolens. Or, si tout en vous laissant mourir de faim, vous jasez un peu trop haut, je vous rappellerai, en vous frottant les oreilles un peu durement, qu'il ne vous suffira pas d'être dans votre droit, en ne mangeant pas, mais qu'il faut encore que vous restiez dans le mien, en respectant mon autorité… Ce raisonnement vous va-t-il encore?…

—Aussi bien que l'autre, capitaine… Je jeûnerai et je ne parlerai pas.

—C'est ce que vous aurez de mieux à faire; car il serait imprudent de vous exposer à me rappeler que je ne vous dois plus rigoureusement le logement, et qu'avec cette poigne-là et l'eau qui passe le long du bord, je puis économiser les frais du domicile que je vous accorde encore par pitié… Allez! j'aime les gens qui ont de la résolution, et je vous reconnais pour un bon bigre, si pendant quatre jours seulement vous observez le régime que vous m'avez forcé à vous prescrire…

—Eh bien, voisin, me dit Lanclume après avoir expédié l'insurgé sur l'avant avec sa logique diététique, êtes-vous satisfait de ma manière de raisonner et de la modération de ma conduite?

—Oui, assez, mon capitaine; mais qui fera maintenant notre cuisine?

—Et par cent dieux! les deux grosses négresses de notre passagère qui, hier, m'a paru s'apitoyer si sentimentalement sur la correction gastronomique que j'ai été obligé d'infliger à ce jeûneur. Convenez que je suis doué d'une fameuse prévoyance! Lui faire avaler toute une marmite de soupe, la veille du jour où il lui prend fantaisie de rester toute la traversée sans manger! Ce gaillard-là a au moins pour sept jours de vivres dans l'estomac.»

La démission de notre chef fut bien loin d'avoir sur notre table l'influence nuisible que je redoutais pour moi et les autres passagers. Dès que la cuisine se trouva privée des services de M. Gustave, et que toutes les mains purent en quelque sorte s'en mêler, notre ordinaire devint meilleur qu'il ne l'avait été depuis le départ. Toutes les provisions étaient excellentes, et la gaucherie du maladroit était parvenue à nous gâter toutes celles qui avaient eu le malheur de passer entre ses doigts. Les deux négresses de la comtesse s'employaient au déjeûner et au dîner, avec un zèle que soutenaient sans doute les ordres de leur maîtresse. Les matelots qui tous sont un peu fricoteurs et galans, ne demandaient pas mieux que d'offrir leur aide à nos noires cordons-bleus. Jamais nous n'avions mieux mangé enfin que depuis qu'il avait pris fantaisie à notre cuisinier en chef de jeûner pour son propre compte, après nous avoir fait faire abstinence si long-temps pour s'exercer la main.

Mais cette continence absolue, que le capitaine avait cru faire observer sévèrement au jeune entêté qu'il voulait réduire par la famine, ne tarda pas à lui paraître tout-à-fait illusoire. Bien que le chef n'eût plus de ration à la cambuse, il trouvait dans la commisération des matelots qui, jusque-là, s'étaient le plus moqués de lui, un moyen d'échapper à la rigueur du régime qu'il s'était fait imposer. La nuit surtout semblait verser sur lui la manne céleste dont, pendant le jour, il se voyait condamné à être privé; et plusieurs fois je m'étais aperçu que les deux négresses, interprétant ou devinant sans doute les intentions de leur maîtresse, avaient fait passer des vivres dans la place assiégée par le capitaine. Cette circonstance ne put long-temps échapper à la surveillance de Lanclume.

«Le cuisinier mange, s'écria-t-il un jour en s'adressant à son équipage, et si je connaissais les insubordonnés qui osent manquer à la discipline en lui faisant passer des munitions, ils auraient affaire à moi.»

Personne ne répondit. La comtesse, qui se trouvait sur le pont, rougit en se pinçant les lèvres et en jetant un regard de dépit sur le capitaine. Ce regard eut son effet. Il produisit une tempête.

«Mousse, dit Lanclume en appelant le petit bonhomme qui semblait déjà avoir deviné l'impression qu'avait dû faire sur son maître le regard dédaigneux de la comtesse, va me chercher en bas une bouteille vide et mon fusil à deux coups!»

Le mousse saute dans la chambre, et, au bout d'une minute, revient sur le pont avec la bouteille vide, le fusil à deux coups et une poire à poudre. Il attend le nouvel ordre qui doit lui être donné.

«Prends un bout de fil carret, et va m'amarrer cette bouteille sur le bout de la vergue de misaine au vent.»

Le mousse s'élance comme un écureuil sur les enfléchures de l'avant, grimpe dans la hune, court le long de la vergue, et amarre la bouteille à l'extrémité du boute-hors de bonnette basse de misaine.

Pendant ce temps, le capitaine a chargé son fusil à deux coups, en laissant tomber une petite balle au fond de chacun des canons.

Nous nous demandons tous, avec une certaine anxiété, ce qu'il va faire, et ce que nous allons voir.

La comtesse, à l'aspect d'une arme à feu, redoutant autant peut-être la détonation du fusil que l'aspect de la figure que faisait en ce moment le capitaine, était descendue se cacher dans sa chambre. Lanclume, en la voyant disparaître, se mit à sourire de pitié, et d'un air qui semblait dire: Encore une nouvelle bégueulerie!…

M. Gustave Létameur se promenait sur l'avant, en se mêlant, pour faire la conversation, au groupe ambulant que formaient les matelots en allant et venant du milieu du navire au mât de misaine, et du mât de misaine au milieu du navire. Le drôle, même en ce moment, me paraissait haranguer l'équipage avec assez d'insolence et de bravacherie.

Le capitaine, que je n'avais pas perdu un seul instant de vue depuis l'arrivée de son artillerie et de sa munition de guerre sur le pont, ajuste, tire la bouteille, en fait sauter le gouleau, et nous dit après cette petite expérience: «La poudre est bonne, et le coup-d'œil n'est pas encore trop mauvais.»

Il restait un autre coup à tirer; c'était ce coup-là qui m'inquiétait. Notre tireur en avait trouvé l'emploi…

Le fusil se couche de nouveau sur sa main gauche, le bout du canon se dirige sur le groupe des matelots de l'avant, et dans cette position, sans quitter l'œil de dessus le point de mire, le chasseur s'écrie:

«Cuisinier, attention, c'est vous que je vise; si vous faites un pas pour aller ailleurs qu'ici, je tire… Ici, à moi, coquin; ici, ou je te casse aussi le gouleau!»

Tous les matelots, qui, une seconde auparavant, composaient l'auditoire du jeune harangueur, s'éloignent à l'instant de lui pour échapper au danger des éclaboussures du coup qui le menace. Le malheureux cuisinier, redoutant, s'il fait un mouvement, le sort de la bouteille qu'il a vu voler en éclats, tremble, grelotte de peur; c'est tout ce qu'il ose faire, pendant que son ajusteur lui crie toujours: «Ici, ici, avance à l'ordre, ou je ne réponds plus de ta carcasse…»

Vous avez entendu parler sans doute de la couleuvre qui, la gueule béante, fixant ses yeux étincelans sur le crapaud qu'elle va dévorer, voit, sans faire un seul mouvement, le reptile qu'elle convoite se roidir, se contorsionner en cédant à la puissance magnétique qui l'entraîne sous la dent mortelle de son ennemie. Eh bien, la couleuvre c'était le fusil du capitaine, et le crapaud magnétisé l'infortuné cuisinier… Il avançait par peur, s'arrêtait un instant après en baissant la tête et en balbutiant, et puis faisait un demi-pas vers le redoutable canon, s'arrêtait encore et recommençait ses contorsions… enfin il n'est plus qu'à deux ou trois pas de son redoutable magnétiseur.

«Mon Dieu, que voulez-vous donc faire de moi? capitaine, s'écrie-t-il alors de ce ton piteux que donne la frayeur.

—Montez dans la grand' hune, lui répond Lanclume, dans un instant j'y serai avec vous…»

Le patient grimpe sans se faire prier, et grimpe même cette fois avec l'agilité d'un gabier. Il s'éloignait du terrible fusil qui venait de lui faire faire si vite le si pénible trajet de l'avant à l'arrière du navire.

Lanclume se disposait à tenir parole à Gustave; mais avant de le rejoindre là-haut, comme il le lui avait promis, il avait jugé à propos de se munir de deux ou de trois brasses d'une forte ligne de lock. Il grimpe à son tour dans la hune; le condamné y était déjà rendu, tout résigné à subir le sort qu'on lui préparait et qu'il ignorait encore. Le capitaine, maître de son homme sur un théâtre qui lui était aussi familier qu'il était nouveau pour le patient, s'empare du jeune mutin qui se tient à peine sur ses jambes ébranlées par le roulis, et il vous l'amarre dans les haubans du grand perroquet, le nez au vent et le dos tourné du côté du mât de hune.

«Maintenant, dit le capitaine en descendant, ceux qui voudront lui donner à manger et à boire, auront la complaisance de s'adresser auparavant à moi ou à l'officier de quart.»

L'équipage, pendant toute cette scène, avait gardé l'attitude la plus passive, ne riant pas, ne jasant pas, ayant l'air enfin de n'approuver ni de blâmer ce qui venait de se passer sous ses yeux. Quand le chef se trouva garrotté dans la hune, les matelots assis devant sur le guindeau, se mirent à causer entre eux, avec une indifférence apparente, de tout autre chose que de l'événement qui seul aurait dû les occuper, comme ils font presque toujours lorsqu'ils sont mécontens de quelque chose, et disposés à se mutiner pour ce qui ne les regarde pas.

Quelque peu habitué que je fusse encore à lire sur la physionomie de ces hommes si nouveaux pour moi, je ne pus m'empêcher de voir dans leur contenance et leurs manières, certain indice de mécontentement et de taquinerie qui m'inquiéta un peu, avec la connaissance que je commençais à avoir du caractère de notre capitaine. Tous les marins, qui jusque-là s'étaient si impitoyablement moqués du maladroit et imprudent cuisinier, se mirent à le plaindre et à prendre son parti contre la première autorité du bord, du moment où ils virent la victime du capitaine, dans ce même cuisinier qu'ils avaient sacrifié si long-temps et si souvent à leurs grossières plaisanteries et à leurs mauvais traitemens; c'était enfin par eux, par eux seuls qu'ils auraient voulu que le malheureux souffrît; mais dès l'instant où le capitaine se mettait en tête de punir l'individu dont il leur avait plu de se faire un jouet et un souffre-douleur, ils croyaient probablement leur honneur engagé à prendre la défense de l'opprimé et de leur bouffon. C'était un de leurs droits exclusifs que le capitaine avait usurpé; c'était sur un de leurs passe-temps enfin qu'il avait osé porter la main.

Lanclume, malgré le tact si sûr qu'il croyait toujours posséder, même après son aventure avec Gustave, en fait de divination physiognomonique, ne sut pas démêler sur la figure de ses gens, les mauvaises intentions qu'ils se disposaient à faire éclater à la première occasion… Ce fut le second du bâtiment qui fut obligé de lui révéler la résistance inattendue qu'il avait rencontrée dans l'équipage, vers la fin du soir, à propos d'une manœuvre qu'il avait ordonnée.

«Capitaine, lui rapporta cet officier, je dois vous prévenir que l'équipage montre la plus mauvaise volonté pour le travail du bord.

—Et comment savez-vous cela?

—Tout-à-l'heure, ayant commandé de brasser tribord devant, les gens de quart m'ont répondu qu'ils n'obéiraient pas tant que cet animal-là, le cuisinier, serait amarré dans la grand' hune.

—Et le maître, qu'a-t-il dit?

—Pas le mot: il est d'accord avec les cabaleurs.

—Ah oui! Eh bien, nous verrons un peu quel parti prendre… On pourrait bien provisoirement faire sauter une ou deux cervelles pour mettre le reste à la raison… Mais ce serait là un moyen un peu violent, et aujourd'hui je ne me sens pas d'humeur à faire le crâne. Si c'étaient cependant de vaillans matelots comme j'en ai connus, je ne dis pas… on pourrait bien peut-être s'escrimer contre eux; mais en vérité les canaillons que nous avons là, à commencer par leur failli-gars de maître d'équipage, n'en valent pas la peine… Oh! non, plus je les regarde et plus je cherche parmi eux, il n'y en a pas un, dans toute cette canaillasse-là, qui vaille décidément le coup de fusil…

—Ce n'est pas l'embarras, capitaine, si vous le désiriez, vous, moi et le lieutenant, à grands coups de trique, nous leur donnerions de la bonne volonté que de reste… Et si je n'en ai pas déjà rossé deux ou trois, quand ils m'ont refusé la manœuvre, c'est que je craignais d'interrompre la société d'arrière: vous étiez alors à causer avec les passagers.

—Des coups de trique! non pas, il nous faut quelque chose de plus risible, un châtiment plus grotesque pour des révoltés de cette espèce… Attendez, ils mangent beaucoup, n'est-ce pas?

—Comme des ogres, et paresseux comme des filles de joie! une heure et demie tous les jours à avaler leur soupe et une livre de biscuit.

—En ce cas: oui, c'est cela! Avertissez-les que dès aujourd'hui ils ne mangeront plus.

—Ça suffit, capitaine.»

Le second se mit à crier aussitôt, en s'adressant à l'équipage:

«Vous venez d'entendre le capitaine: l'ordre porte que personne ne mangera plus à bord, et qu'il faudra, par conséquent, se brosser le ventre. La boisson est aussi comprise dans l'ordre que j'ai l'honneur de vous donner.»

L'équipage reçut cet avis sans bouger, sans prononcer un seul mot. On aurait pu penser, à son air de résignation, qu'il s'attendait depuis long-temps à être mis à ce régime sévère que déjà, au surplus, il avait vu imposer au cuisinier.

«Pour cette fois-ci, dit alors Lanclume, il n'y aura pas moyen de frauder la marchandise et de me mettre dedans, en faisant passer des vivres aux assiégés: je tiens la clef de la cambuse dans mes mains, et s'ils veulent manger sans travailler, les gueux, il faudra qu'ils me passent préalablement sur le corps, et je leur donnerai assez d'ouvrage à faire pour y parvenir… Attendons tranquillement la fin de tout ceci… Je ne suis pas fâché, au reste, pendant qu'il fait beau temps et que le navire se manœuvre et se gouverne tout seul, de savoir jusqu'où peut aller leur résolution, et combien de temps des carognes d'hommes de cette espèce pourront vivre sans manger… C'est une expérience que je suis bien aise de faire sur ces lurons-là particulièrement… Mais ils sont bien heureux de m'avoir pris dans un de mes bons momens… Sans cela, il y aurait eu déjà plus d'une vilaine figure de cassée à bord, et plus d'une laide grimace de faite… Vous, second, prenez la barre; le lieutenant vous remplacera à la roue du gouvernail quand vous serez fatigué, et moi je succéderai au lieutenant… Les deux officiers qui ne seront pas de barre d'après ce nouveau règlement de service, manœuvreront le navire quand il faudra… Trois hommes d'équipage pour un bâtiment de trois cents tonneaux, ce n'est pas beaucoup, j'espère: c'est un homme pour cent tonneaux…»

Lanclume était, en effet, dans un de ses bons momens, comme il le disait: il continuait à chantonner, à causer, à plaisanter avec nous, comme à l'ordinaire, laissant bouder et jeûner son équipage, sans paraître attacher la moindre importance à la mutinerie de tout ce monde… La soirée était assez belle; la brise qui nous poussait, vent arrière, était douce et régulière, et la nuit que nos trois officiers se disposaient à passer sur le pont, s'annonçait enfin sous de favorables auspices… C'est le dénouement de cette affaire que je redoutais le plus; et il ne devait pas, selon toute apparence, se faire attendre long-temps.

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