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Le paillasson: Mœurs de province
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XIV
BALLADE
EXÉCUTÉE EN RIMES PARNASSIENNES A LA LOUANGE DU DRAP BOSVIEL
Chœurs bondissants par l’oréas neigeuse,
Faunes velus, thyades aux bras blancs,
Vous qui menez la cordace orageuse,
Des antres sourds aux pics étincelants
Et qui, le soir, sous les rameaux tremblants
Mêlez vos voix au crotale sonore,
Je veux chanter, en un rythme de miel,
Le drap vainqueur, le drap essentiel,
Le drap cossu dont Bigorre s’honore :
Le meilleur drap est celui de Bosviel.
Bosviel n’a pas la mine avantageuse.
Son ventre gros bedonne et sort des plans,
Son poil est gris et sa face rageuse :
Même il a pour nos regards indolents
L’air abruti des messieurs icoglans.
Cependant la flamme interne le dore,
Mais, dédaignant tout chic matériel,
Il va tissant la laine, sous le ciel.
Et, sans qu’il soit besoin de Mandragore,
Le meilleur drap est celui de Bosviel.
Par les taillis ombrés de nuit songeuse
Le long des bois pleins de parfums troublants
Nul ne le vit contempler Beseigeuse
Cueillir des fleurs ou marcher à pas lents,
Nul moins que lui ne mange d’ortolans.
Il parle peu, sans nulle métaphore,
Il aime mieux Gothon qu’Alaciel
Et des bourgeois, sort providentiel,
De cornes d’or, son front plat se décore,
Le meilleur drap est celui de Bosviel,
Envoi
Prince, Carrère est beau comme Ariel,
Et l’oncle Uzac se teint avant l’aurore,
Turon fournit l’onguent mercuriel.
Mais, de Dunkerque aux montagnes d’Andorre,
Le meilleur drap est celui de Bosviel.
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