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Léon Bloy : Essai de critique équitable

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TROISIÈME PARTIE

Les Lettres à sa fiancée, publiées en 1922[8], fournissent un document des plus précieux pour la connaissance de cette âme mi-partie d’ombre et de lumière : Léon Bloy.

[8] Delamain, Boutelleau et Cie, éditeurs, Paris.

Tous les traits de caractère que nous avons notés au cours des études précédentes s’y retrouvent d’autant plus faciles à démêler qu’ils s’y dessinent sans surcharge ni apprêt littéraire. Ici Bloy s’abstient des attitudes romantiques que, trop souvent ailleurs, il aimait à se donner. Mû par un sentiment profond, il s’efforce de se montrer tel qu’il est à celle qu’il veut pour épouse. Point de fards et point de poses puériles. Un désir émouvant de sincérité l’oblige d’exposer au grand jour les parties les plus intimes de son être. Et il le fait d’une façon si ingénue qu’à le lire, on comprend mieux ses souffrances, l’origine de ses erreurs et la qualité si personnelle de son art.

Dans les lignes suivantes, on essaiera donc de délimiter l’homme qu’il fut par nature. On tentera ensuite d’expliquer pourquoi le combat permanent qui se livrait entre le Surnaturel divin et le Surnaturel démoniaque dans son âme — comme dans toutes les âmes — se développa plus âprement, plus tragiquement que chez quiconque. Puis on tâchera de mettre en évidence, pour tout lecteur impartial, les motifs d’apprécier à leur valeur les beaux côtés de Bloy et de le plaindre en ses écarts. Enfin, sans le diminuer, on se gardera de le surfaire.

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