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Voyage d'un faux musulman à travers l'Afrique: Tombouctou, le Niger, Jenné et le Désert

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TANGER.

« Comme j’entrais à pied, la sentinelle ne me dit rien, ce qui m’évite une explication avec le gouverneur.

« Je déposai mon sac à l’écurie, et dès le même soir, je courus dans la ville pour découvrir le consulat de France. Je vis plusieurs mâts de pavillon : l’obscurité m’empêcha de reconnaître le nôtre. Je n’osais m’adresser aux musulmans. Je passai à l’écurie une nuit bien agitée…

« Rendu, le lendemain, dans la rue où j’avais vu les mâts de pavillon, j’aperçus une porte ouverte. Un chrétien était auprès ; après avoir regardé autour de moi, je lui demandai, en anglais, la résidence du consul britannique : « Vous y êtes, » répondit-il ; je voulus entrer ; mais cet homme s’y opposa en me repoussant avec horreur, tant j’étais sale et défiguré. Je lui demandai la demeure de notre consul : il me répondit brusquement : Il est mort. Mais un Juif qu’il appela m’enseigna la porte du vice-consul, et d’un air curieux me demanda qui j’étais et ce que je voulais à un chrétien. Sans lui répondre je m’éloignai un peu… Je retournai, quelques minutes après, à la porte du vice-consul, et, comme elle était entr’ouverte, j’y entrai : une femme juive appela M. Delaporte qui me reçut avec empressement, et me fit monter dans un appartement où je ne pouvais être aperçu de personne… Dans son transport, il alla jusqu’à m’embrasser et à me serrer dans ses bras, sans répugnance pour ma personne ni pour les sales lambeaux dont j’étais couvert. Enfin, je ne saurais trop parler de la réception que me fit cet homme généreux. »

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