Contes Chrétiens
III
LA VIE
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime.
(Saint Jean, XV, 13.)
Thomas était ressuscité, mais il ignorait tout de la vie, comme un nouveau-né : ce fut sa femme qui lui apprit tout. Il ne pouvait la voir, d’ailleurs, la faible et timide enfant qu’elle était, sans qu’il lui semblât qu’elle le portait dans ses bras, avec autant de sollicitude que l’avait fait sa mère, avec une sollicitude encore plus chaude, plus tendre, et plus efficace. Il trouvait auprès d’elle cet asile, immuable et sûr, que la déesse de l’Acropole s’était toujours refusée à lui accorder. Et Eunice, de son côté, plus profondément encore que jadis la vieille femme de Naïm, vivait de lui. Dès l’heure bienheureuse où l’amour les avait unis, ils s’étaient donné toute leur âme, l’un à l’autre ; de manière que non seulement ils avaient tous deux la même âme, mais que chacun avait pour ainsi dire une âme double, deux fois plus apte à recevoir la joie et rejeter la souffrance. Aussi ne pensaient-ils plus à pleurer, ni à s’ennuyer. Sans cesse davantage les choses leur offraient une réalité, et un charme que jamais, jusque-là, ils ne leur avaient soupçonnés ; tout les attirait, tout les amusait, en leur fournissant l’occasion d’une pensée commune ; et pendant qu’Eunice, avec la curiosité confiante d’une petite fille, pressait son mari de questions où souvent il ne savait que répondre, lui, dans les grands yeux noirs de sa femme, mieux que dans tous les livres il apprenait la vie.
Il en apprenait, du moins, ce que sa nature et ses habitudes lui permettaient d’en comprendre. S’il avait eu le goût de l’argent, sa femme, aimée de lui, l’aurait aidé à faire fortune ; s’il avait eu le goût de la gloire, elle aurait découvert, d’instinct, et lui aurait enseigné les faciles artifices qui procurent la gloire : car l’amour prête au cœur de la femme une science universelle. Mais, le jeune homme se trouvait n’avoir de goût pour rien au monde que pour la beauté. Il avait pu renoncer à son art ; chaque jour il s’estimait plus sage d’y avoir renoncé, en songeant de quel trésor, trop longtemps, cet art l’avait privé ; mais il était fait de telle sorte que, ne s’intéressant ni à l’origine des choses, ni à leur substance, ni à leur utilité, leur beauté seule avait de quoi le toucher. C’est donc la beauté de la vie que sa femme eut pour mission de lui enseigner.
Un jour, peu de temps après sa résurrection, il la conduisit au temple de Minerve. Lorsqu’il y était venu d’abord, le soir de son arrivée à Athènes, il avait demandé aux figures de marbre de combler, ou en tout cas de lui faire oublier, le vide douloureux qu’il sentait au fond de soi. Plus tard, s’étant déjà familiarisé avec elles, il leur avait demandé de le renseigner sur la période la plus magnifique de l’art athénien. En quoi différaient-elles des œuvres qui les avaient précédées et suivies ? Et quelle part avait prise, dans leur exécution, le maître Phidias, quelle part les divers élèves qui avaient travaillé sous ses ordres ? Plus tard encore, devenu sculpteur à son tour, il leur avait demandé des règles, des procédés, le moyen de les contrefaire honorablement. Jamais il ne les avait revues sans réclamer d’elles un conseil, une leçon, ou quelque autre service : fâcheuse condition pour jouir de leur beauté. Mais maintenant, debout devant elles, il ne leur demandait rien que de plaire à deux yeux noirs qui lui étaient plus chers que ses propres yeux. C’est avec les jeunes yeux d’Eunice qu’il les considérait, s’efforçant, comme elle, de laisser simplement agir sur lui le mélange harmonieux de leurs formes et des plis de leurs robes. Il ne voyait plus en elles ni des déesses, ni des modèles, ni les amies qu’il s’était naguère imaginé qu’elles seraient pour lui : mais d’autant plus il était à l’aise pour sentir combien elles étaient belles, quelle grâce s’alliait à leur sérénité ! Sans compter qu’en échange des explications qu’il donnait à sa femme, celle-ci, toute tremblante d’un plaisir qui aussitôt se répandait en lui, ne cessait point de lui signaler mille nuances délicates, de ces nuances que seuls ses yeux de femme pouvaient apercevoir. Ainsi, par le miracle de leur amour, ils se révélaient l’un à l’autre la beauté artistique. Et Thomas songeait avec compassion aux malheureux qui, en s’acharnant à produire des œuvres nouvelles, non seulement renonçaient pour soi au bonheur de vivre, mais achevaient de pervertir le reste des hommes ; car la beauté était là, créée une fois pour toutes par le génie de Phidias ; et toutes les œuvres qu’on avait produites, depuis Phidias, n’avaient servi qu’à détourner les hommes de venir s’abreuver à cette source éternelle.
Phidias lui-même, d’ailleurs, avec tout son génie, peut-être avait-il détourné les hommes d’une source de beauté plus divine encore ? C’est ce que se dit Thomas quand, au sortir du Parthénon, il vit se refléter dans les yeux d’Eunice l’admirable paysage qui les entourait. La ville était derrière eux : à peine si, par instants, ils entendaient un lointain écho de sa rumeur inutile. A droite, doucement, brillait la mer, une tache d’argent sous le ciel doré. Et devant eux, dans la paix recueillie d’un soir de printemps, s’étalait un grand amphithéâtre de collines, toutes plantées de citronniers, d’oliviers, de pins, jeunes et gaies comme les torrents qui coulaient à leurs pieds. Tout cela était infiniment pur, élégant, harmonieux, et avec un caractère d’éternité souriante et bonne qui manquait aux plus nobles figures des frontons de l’Acropole. Les montagnes même, au loin, se découpant en arêtes grises où l’ombre du soleil venait creuser de larges sillons bleus, ces masses énormes n’avaient rien de triste ni de malveillant. « Nous ne sommes ici que pour vous abriter du vent, semblaient-elles dire à Thomas et à Eunice, pour borner l’horizon de votre vie, pour vous rappeler que vous devez vous être, l’un à l’autre, un univers entier ! » Et Thomas, suivant leur conseil, se serrait plus étroitement contre sa jeune femme. Il apprenait d’elle à faire taire sa pensée, à subir sans résistance l’impression des choses. Après la beauté de l’art, la beauté de la nature se révélait à lui.
La beauté de la nature inanimée, et celle aussi de la nature vivante : car, s’étant mis à tout voir avec les yeux d’Eunice, il ne pouvait manquer de découvrir le charme profond du monde des bêtes, que la jeune femme avait senti et aimé depuis son enfance. Elle avait pour les bêtes une tendresse si sincère que toutes, aussitôt, le devinaient et lui en savaient gré. Les chiens, lorsqu’elle passait, levaient sur elle des regards d’amis ; les ânes tendaient le cou vers elle, comme s’ils désiraient qu’elle les caressât. Cela seul aurait suffi pour les rendre chers à Thomas ; et c’est cela, sans doute, qui avait attiré son attention sur eux. Mais alors il s’aperçut qu’il n’y avait pas un de ces animaux qui ne fût, à sa façon, une source infinie de joie pour les yeux. Les oiseaux que sa femme lui avait donnés, par exemple, ils apportaient à leurs moindres mouvements une grâce plus souple, plus légère, et plus raffinée, que les plus gracieuses figures des Lysippe et des Polyclès. Et de nouveau, tout en plaignant les successeurs de ces habiles artistes, Thomas s’étonnait du détestable pouvoir qu’ils avaient eu pour vicier, dans le cœur des hommes, le sens de la beauté.
Plus que tout, cependant, c’était la beauté de sa femme elle-même qui lui plaisait à voir. Une fleur vivante : telle, sans cesse, davantage, elle lui apparaissait. Ou plutôt elle ne lui apparaissait telle que depuis que leurs deux êtres s’étaient fondus l’un dans l’autre ; et le jeune homme rougissait de honte au souvenir de l’image grossière qu’autrefois il s’en était faite. Il n’en était plus, désormais, à ne désirer d’elle qu’une caresse d’un moment : il la voulait toute, pour l’enchantement de chacun de ses sens ; il voulait le sourire de ses yeux, la chanson de sa voix, le parfum de ses lèvres, et, plus ardemment encore peut-être, le parfum de son cœur. Le contact de sa chair ne lui représentait désormais qu’un plaisir entre des milliers de plaisirs ; et, quelque délicieux que lui fussent ses baisers, leur délice n’était rien en comparaison du bonheur qu’il trouvait à regarder, à écouter, à rêver avec elle. Par là son amour s’était élevé jusqu’en dehors du temps : il avait pris dans son âme des racines si larges que des siècles auraient pu passer sur lui sans l’ébranler. Et Thomas ne se contentait pas de jouir de cette précieuse beauté qui s’offrait à lui : il travaillait de toutes ses forces à la développer, s’occupant avec une égale ferveur des robes d’Eunice et de ses sentiments, afin de réaliser en elle, mieux qu’il n’avait su faire dans ses groupes de marbre, son simple et harmonieux idéal de perfection artistique.
Ainsi vivait ce jeune couple, enivré d’amour. Et je mentirais en n’ajoutant pas que, souvent, de légères querelles surgissaient entre eux. Elles naissaient à propos de tout et de rien, à propos d’une tunique qu’Eunice voulait mettre et que son mari jugeait trop voyante, à propos d’une amie d’enfance dont elle parlait, par hasard, avec un tel accent d’affection qu’aussitôt son mari s’imaginait qu’elle tenait à elle plus qu’à lui. Sur quoi l’on se boudait, et la jeune femme était prête à pleurer, et son mari avait le sentiment qu’un fossé allait, à jamais, le séparer de sa bien-aimée. Mais, dès l’instant suivant, c’était tantôt lui, tantôt elle, qui donnait le signal de la réconciliation. Et non seulement chacune de ces réconciliations était pour eux l’occasion d’une tendresse plus chaude ; mais tous deux s’avouaient encore que leur brouille même les avait rapprochés, comme s’ils n’eussent reculé d’un pas que pour mieux faire, ensuite, deux grands pas l’un vers l’autre.
Chacune de leurs journées s’écoulait rapide et pleine, active et reposante, plus belle dans sa réalité que les plus beaux rêves. Lorsque l’argent manquait, Thomas ébauchait une statuette, une amphore d’argile : ils l’achevaient ensemble, en se riant l’un à l’autre, après quoi ils allaient ensemble la vendre au marché. Et puis, à mesure qu’ils s’aimaient plus fort, ils s’apercevaient moins du manque d’argent.
Parfois seulement, à mesure qu’ils s’aimaient plus fort, une ombre de regret venait tout à coup traverser leur joie. Car ils songeaient au mage de Nazareth qui, en rappelant Thomas de la nuit de son tombeau, les avait tous deux éveillés à la vie ; et ils s’affligeaient de ne rien connaître de lui que ce cher miracle. Qui était-il ? Pour quelle œuvre les dieux charitables l’avaient-ils envoyé ? Ou bien lui-même était-il vraiment un dieu, comme Thomas se souvenait de le lui avoir entendu reprocher, en manière d’ironie, par un riche pharisien de Jérusalem ? Mage ou dieu, toute l’âme des deux jeunes gens aspirait vers lui. Ils auraient aimé à remettre pieusement sous sa garde cet amour et ce bonheur qu’il leur avait donnés. Et, sans vouloir se l’avouer, tous deux avaient l’idée que, faute de pouvoir le faire, leur bonheur, et leur amour même, resteraient toujours incomplets.
Mais Jésus veillait sur eux, ainsi qu’il avait daigné le promettre à la veuve de Naïm sur son lit de mort. Un jour que leur promenade les avait menés à l’Aréopage, ils virent un petit homme, chauve et barbu, qui, monté sur la tribune, haranguait la foule des badauds athéniens. Il leur disait qu’il était Juif, qu’il s’appelait Paul, et qu’il venait leur annoncer un dieu inconnu. Ce dieu n’était point, comme les leurs, une idole de bois ou de pierre : c’était l’esprit universel, l’unique origine des choses et leur unique fin ; et « tous les hommes, — ajoutait-il avec une éloquence dont Thomas ne put s’empêcher de frémir, — tous les hommes ne sont, ne vivent, ne se meuvent qu’en lui ». Puis il affirmait que ce Dieu, pour sauver les hommes, avait revêtu un corps d’homme et était descendu sur la terre. Il avait fourni aux Juifs les preuves les plus éclatantes de sa divinité, guérissant les malades, ressuscitant les morts… Mais, à ces mots, un grand éclat de rire avait interrompu l’étranger. « C’est bon, lui avait crié l’assistance, tu nous raconteras une autre fois la suite de ton histoire ! » Seuls, ou à peu près, le ressuscité de Naïm et sa jeune femme ne songeaient pas à rire. Et cependant leurs cœurs tremblaient joyeusement, car tout de suite ils avaient reconnu qui était ce Dieu vivant dont parlait Saint Paul.
Ils reçurent le baptême quelques jours après, et une nouvelle source de délice s’ouvrit devant eux. Non seulement, en effet, ils avaient appris à connaître leur bienfaiteur divin, non seulement ils avaient acquis désormais, grâce à lui, toute la somme de vérité que l’homme doit et qu’il peut posséder, mais voici que, dans la doctrine de Jésus, une beauté leur apparaissait, plus haute, plus parfaite, que tout ce que le monde ou leurs rêves leur avaient fait concevoir ! Nourrir ceux qui ont faim et consoler ceux qui souffrent, demander pardon des offenses qu’on a subies, renoncer à soi pour vivre dans les autres : tout cela n’était pas seulement le sûr moyen d’atteindre au bonheur, tout cela était beau, prodigieusement beau, si beau qu’ils sentaient bien que, jusqu’à la fin des siècles, les hommes ne se fatigueraient pas d’en subir l’attrait. Sans compter le précepte que Thomas se rappelait, avec orgueil, avoir un jour entendu des lèvres mêmes du Sauveur : « Aimez-vous, donnez votre vie pour ceux que vous aimez. » Le jeune homme comprenait, maintenant, pourquoi l’humble image de sa mère l’avait toujours ému autant, sinon davantage, que les nobles déesses du fronton de l’Acropole. Et sa femme, l’adorable créature dont les yeux noirs illuminaient sa vie, n’était-ce point surtout le parfum de son cœur qu’il aimait en elle ?
Leur conversion faillit pourtant mêler un peu de tristesse à toute la joie qu’elle leur apportait. Ils rentraient chez eux, un soir d’automne, après avoir passé la journée dans un village de la montagne où il y avait une pauvre femme malade qu’ils nourrissaient et soignaient. Comme les jours précédents, Eunice avait tenu compagnie à la malade, pendant que Thomas jouait avec las deux enfants : ou, du moins, c’était ainsi qu’ils croyaient avoir fait, tandis qu’en réalité Thomas, comme les jours précédents, s’était borné à écouter, avec les deux petits, les chansons et les contes de sa jeune femme ; car pour toute la pratique de la vie, décidément, lui-même, n’était près d’elle qu’un petit garçon. Puis une voisine les avait remplacés, et ils s’étaient mis en route pour retourner chez eux. Mais ils marchaient d’un pas lourd et lent, sans se sourire, presque sans se parler. Et quand ils arrivèrent au haut du sentier où, chaque soir, ils avaient coutume de s’arrêter un moment pour assister aux derniers jeux du soleil avec les bois et la mer, Thomas, les bras tendus vers sa femme, vit qu’elle hésitait à venir dans ses bras. Il devina que, cette fois, comme toujours, alors qu’il s’efforçait de cacher au fond de son âme la pensée qui le préoccupait, Eunice, au fond de l’âme, avait déjà la même pensée.
Assis en face l’un de l’autre, aux deux côtés du sentier, ils s’avouèrent en rougissant leur commune pensée. Sous l’influence de leur foi nouvelle un scrupule, peu à peu, les avait envahis : ils se demandaient si Jésus n’allait pas s’offenser de l’excès de leur amour. Non que saint Paul les en eût blâmés, dans les fréquents entretiens qu’il avait eus avec eux, avant son départ d’Athènes : mais il y avait dans les paroles de l’apôtre, comme dans tous ses actes, quelque chose d’austère qui les inquiétait. Ne lui avaient-ils pas entendu dire, au sujet du mariage, que la femme chrétienne devait « craindre » son mari ? Le craindre ! Eunice songeait avec angoisse que, quoi qu’elle fît, jamais elle ne saurait se forcer à craindre Thomas. Était-ce donc un péché de s’être abandonnée à lui tout entière, au point de ne plus faire avec lui qu’un seul être, au point de ne pouvoir plus vivre qu’en se serrant contre lui ? Et Thomas se disait que Jésus, sans doute, lui avait enseigné l’amour, mais un amour plus haut et plus vaste, un amour qui, s’étendant à tous les hommes, exigeait pour tous une tendresse égale. Oui, ils auraient désormais à changer leur vie, s’ils voulaient la consacrer pleinement au service de Dieu ! Ils auraient à séparer leur chair et leurs cœurs, à rompre le lien trop étroit dont ils s’étaient liés ! ils le sentaient, et ils s’y résignaient : car il n’y avait point de sacrifice où ils ne fussent prêts pour se rendre dignes de leur bienfaiteur. Mais ils restaient assis au bord du sentier, en silence et la tête baissée, chacun d’eux s’alarmant que l’autre ne découvrît, sur son visage, la trace du chagrin qui les accablait.
C’est à peine s’ils eurent la force, ce soir-là, d’aller rejoindre la petite troupe de leurs frères chrétiens, dans la maison où ils avaient coutume de se réunir tous les soirs. Lorsqu’ils y entrèrent, la maison était déjà remplie et l’office avait commencé. Debout sous la lampe, le vieux potier qui faisait fonction de prêtre s’occupait à lire, suivant l’usage, quelques-uns des discours de Jésus, tels que les avait recueillis l’apôtre Matthieu. Et, tandis que les deux jeunes gens palpitaient d’émotion, ressaisis jusqu’au fond de leurs cœurs par la pénétrante beauté de la parole divine, le prêtre ouvrit le livre à un autre endroit, où il lut ce qui suit : Des Pharisiens vinrent à Jésus, et, pour le tenter, lui dirent : « Est-il permis à l’homme marié de se séparer de sa femme pour quelque cause que ce soit ? » Et Jésus leur répondit : « N’avez-vous pas lu que Dieu a, dès l’origine, créé l’homme avec la femme ? N’avez-vous pas lu qu’il a ordonné à l’homme de quitter son père et sa mère pour s’unir à sa femme, de façon que ceux qui sont deux ne forment qu’une seule chair ? Voilà ce qui est écrit : et, par conséquent, le mari et la femme ne sont plus deux chairs, mais une seule et même chair. Que l’homme n’ose donc point séparer ce que Dieu a joint ! »
Thomas sentit tout à coup la petite main d’Eunice qui, dans l’ombre, cherchait sa main. Ils se regardèrent, les yeux gonflés de larmes ; et un grand flot de bonheur les inonda tous les deux.