De Pontoise à Stamboul
VIII
Cette fête du Courbam-Beïram nous inspirait à tous une assez vive curiosité. Les Belges, nos amis, avaient obtenu, par l’entremise de leur légation, six places de tribune dans le splendide hall de Dolma-Bagtché, où le sultan devait recevoir les diplomates étrangers et les grands dignitaires de l’État. Les autres, moins ambitieux ou moins favorisés, se promettaient au moins de voir défiler le cortège impérial, dont la magnificence est légendaire. Mais rien n’est simple dans ce pays ; il faut intriguer pour savoir quel sera le jour de la fête, et d’habitude on ne le sait positivement que la veille. Il faut intriguer sur nouveaux frais pour connaître le nom de la mosquée qui recevra la visite du sultan. Les précautions dont on entoure sa personne sacrée réduisent ses promenades au strict nécessaire. Aujourd’hui, par exemple, il a quitté sa résidence de Yeldiz-Kiosk, traversé son parc en voiture, fait un petit bout de chemin dans la rue pour atteindre une mosquée des plus modestes et des moins connues, et, sa prière faite, il a gagné à cheval, en quelques minutes, le palais de Dolma-Bagtché. Le chemin qu’il a suivi était exclusivement bordé de soldats, et toutes les rues adjacentes barrées par la cavalerie. Ajoutez que les curieux n’ont pas ici, comme à Paris, la ressource de louer une fenêtre : tous les étages supérieurs des maisons sont hermétiquement clos par ordonnance de police. Nous nous sommes mis en route à six heures du matin, nous avons longé des casernes, des casernes et encore des casernes, jusqu’à la rue où tous les habitants de ces casernes étaient rangés le sabre au poing ou l’arme au pied. Nous sommes descendus de voiture entre deux haies de fantassins, tous esclaves de la consigne et fort peu disposés à nous ouvrir leurs rangs. Il a fallu que M. Weil fît des prodiges de souplesse et d’insinuation pour nous donner l’accès d’un petit café grec dont les fenêtres nous laissaient voir, entre les croupes des chevaux et les têtes de l’infanterie, fort peu de chose en vérité. L’attente fut assez longue, mais nous ne perdions pas notre temps. La rue était incessamment sillonnée par des voitures de gala, des généraux à cheval en grand uniforme, des musiques militaires. Une étroite ruelle qui s’ouvrait sur le côté de notre café était barrée par une demi-douzaine de Tcherkesses, bons cavaliers et soldats finis. A tout moment, des ordonnances, des cochers ou des valets de pied de grandes maisons forçaient leur ligne pour introduire et emmagasiner dans la ruelle, soit un cheval d’officier, soit une voiture, soit une paire de carrossiers dételés. Ils se prêtaient à tout sur l’ordre de leur chef avec une souplesse étonnante et se reformaient aussitôt. J’ai vu ce jour-là un bon lot de soldats turcs, et dans le nombre des gaillards vraiment pittoresques, comme les zouaves du Soudan. Tous ces hommes, sans exception, m’ont frappé par leur tenue, leur discipline, leur physionomie martiale. Je comprends que les Roumains et les Russes victorieux en parlent avec tant d’estime. Un des traits caractéristiques de cette armée est qu’elle compte beaucoup d’hommes faits, de vieux soldats, de sous-officiers émérites. Hélas ! faut-il venir si loin de France pour retrouver le grognard de trente ans, ce type éminemment français !
Une immense acclamation, accompagnée d’un déchaînement de musique, nous annonce l’arrivée du sultan. Tout ce que j’en ai distingué, c’est un carrosse magnifique conduit par un cocher rouge et or. Non loin de là, devant la mosquée, un obligeant voisin me montre des féredjés de soie et de jolis enfants dans des voitures dételées : c’est la famille du sultan. Je me suis fait traduire les acclamations qui tout à l’heure ont salué le passage d’Abd-ul-Medjid. Les soldats ont crié littéralement : « Qu’il vive beaucoup ! » Et une autre voix, la voix de l’esclave romain qui suivait le char de triomphe : « Ne t’enivre point de ta gloire et songe que Dieu est bien plus grand que toi ! » Mais le commandeur des croyants, l’héritier des khalifes, a fini sa prière ; il est sorti de la mosquée et il passe devant nous, grave, un peu triste, sur un magnifique cheval blanc. Il répond aux vivats de ses soldats par le salut militaire. Sa figure, plus allongée que je ne supposais et plus conforme au type persan qu’au type turc, est d’une régularité parfaite ; il a le geste noble et l’air majestueux. On me montre le grand vizir Saïd-Pacha, qui n’est pas beau de la même façon que son auguste maître, il s’en faut de tout ; mais l’intelligence, le travail et la volonté se lisent à livre ouvert sur cette physionomie d’honnête homme. Je ne suis pas bien sûr d’avoir vu l’illustre Osman-Ghazi-Pacha, et je le regrette sincèrement ; mais j’ai vu le cheikh-ul-islam, chef de la religion, ou plutôt cardinal-vicaire du sultan qui est pape dans son empire, et même hors de son empire, dans l’extrême Orient, en Afrique, partout où le Koran résume la foi et la loi. Les curieux remarquaient aussi un cavalier gros comme le poing et affublé d’un costume de général. C’est le bouffon du sultan et très probablement le dernier fou en titre d’office dont il sera fait mention dans l’Almanach de Gotha. Le cortège impérial est vraiment beau : je n’ai qu’un reproche à lui faire : c’est qu’il a passé devant nous comme un tourbillon, sans nous laisser le temps d’admirer. Quelques chercheurs de petite bête assurent que, même dans ces splendeurs, le laisser aller propre au Turc se trahit par certaines négligences de détail. Ils ont remarqué, par exemple, d’admirables chevaux du Nedj qui avaient la gourmette rouillée et des harnais dorés à l’or fin qui laissaient voir un peu de bourre ; mais, Dieu merci ! je n’ai pas d’assez bons yeux pour perdre toute illusion. Aussitôt que la route est un peu déblayée, nous sortons de notre cabaret et nous courons reprendre nos voitures. Le retour est fort gai : nous rencontrons à chaque instant, dans des coupés ou des landaus bien attelés, des femmes élégantes, fort jolies dans le peu qu’on en voit, et que le krach dont nous parlions hier n’a certainement pas atteintes ni même effleurées. Il paraît qu’un récent édit du sultan met aux abois ces gazelles aux grands yeux peints. Le maître a décidé qu’elles remplaceraient leur voile transparent par des voiles sérieux. Ce serait en vérité grand dommage, car le yachmak, tel qu’on le porte aujourd’hui, donne une satisfaction raisonnable au passé sans assombrir le présent ; il embellit même les jolies Circassiennes, et généralement toutes les Turques, en allongeant leur aimable visage, que la nature a fait un peu trop large et trop court. Un concert de protestations s’élèvent déjà de tous côtés contre la nouvelle loi somptuaire. Ce n’est pas seulement le beau sexe qui réclame ; on compte dans l’empire ottoman soixante-dix mille fabricants de yachmaks qui ne se laisseront pas ruiner sans crier, et Abd-ul-Hamid n’est pas sourd aux doléances de ses sujets.
L’infatigable organisateur de nos plaisirs, M. Weil, ne veut pas que nous quittions ce pays sans avoir goûté aux douceurs de la villégiature. Un déjeuner nous attend à Thérapia, sur la côte d’Europe, au milieu des palais et des villas du monde diplomatique et de la haute finance. Il est dit qu’en sortant de table nous irons fumer un cigare aux Eaux-Douces d’Asie. Les bateaux à vapeur du Bosphore vont partout et font constamment la navette entre les diverses échelles.
Thérapia ne perd pas trop à être admiré de tout près ; la cuisine de l’hôtel d’Angleterre et son vin plat de Roumélie sont supportables. Les petits stationnaires des ambassades, dont un seul, le nôtre, a le droit d’avoir sa planche à terre, animent et égayent le paysage. Le palais de France a grand air entre le quai et un vaste jardin plein de vieux arbres et de fiers rochers. Le marquis de Noailles ne doit pas regretter trop amèrement ici l’admirable château de ses pères et les beautés classiques du parc de Maintenon. Malheureusement l’homme, ou du moins le Français, ne sait jouir de rien sous la pluie ; cette infirmité de notre race donne aux citoyens d’Angleterre un notable avantage sur nous. Arrivés à Thérapia par un temps assez morne, nous avons été légèrement mouillés avant de nous asseoir à table ; puis le ciel a paru se remettre, et nous sommes partis à pied pour l’échelle de Buyukdere, où nous espérions prendre le bateau qui touche à Béicos en Asie. Mais nous n’étions pas encore à cinq cents mètres de l’ambassade d’Angleterre qu’un vrai déluge s’est abattu sur nous. Le ciel fondait en eau ; la pluie criblait la mer, aussi calme que le lac d’Enghien en juillet. Bon gré mal gré, il fallut revenir sur nos pas, rentrer à l’hôtel et retourner piteusement à Constantinople par le vapeur qui nous avait amenés ; mais le climat est si capricieux dans ce pays que nous trouvons le ciel bleu et la mer houleuse en rentrant à Constantinople. L’averse a été pour nous seuls ; il n’a pas plu en ville de la journée.
Grande fête le soir à notre hôtel. Le patron, M. Flament, a profité de notre passage pour faire baptiser son dernier enfant, qui est une fillette de six mois ; elle s’appellera Léopoldine, en l’honneur du roi des Belges, qui s’intéresse à la Compagnie des wagons-lits, encourage toutes les œuvres de progrès et jette noblement les millions de sa cassette particulière dans l’entreprise internationale du Congo. Le parrain est M. Mathieu-Delloye et la marraine Mme Von Scala. On boit force vin de Champagne à la santé de l’enfant, qui s’excuse par interprète de ne pas rendre toast pour toast, les gobelets dont elle a coutume de se servir ne figurant pas sur la table.
Nous devions couronner la fête par une représentation de Karagheuz et par un ballet de tziganes. Les tziganes ont fait défaut, soit que la police turque ait été une fois par hasard en veine de puritanisme, soit plutôt, je le crains, parce que les intermédiaires auront fait des conditions inacceptables. Mais Karagheuz nous a donné la comédie dans un cabaret de Péra frété ad hoc. Ce personnage est un guignol excessivement libre, une impudente ombre chinoise qui de tout temps a eu le privilège d’égayer non seulement les hommes, mais les femmes, les gamins et les petites filles, durant les nuits du Rhamadan. Mais nous ne sommes pas en Rhamadan, et la grosse gaieté de Karagheuz se réserve pour des temps meilleurs. Peut-être aussi n’a-t-on pu nous offrir qu’un Karagheuz de pacotille ; le fait est qu’il nous a médiocrement amusés.
Le samedi 13 octobre était pour le gros de notre caravane le jour du départ, et déjà, pour quelques-uns d’entre nous, le jour des adieux. M. de Blowitz ne voulait pas quitter Constantinople sans avoir obtenu une audience du sultan. Il s’était bouté en tête d’interwiewer Abd-ul-Hamid, peut-être même de le décorer ; et, pour mener à bonne fin ce projet qui n’allait pas tout seul, il avait mis sur pied l’ambassade de France, l’ambassade d’Angleterre, l’ambassade d’Italie, une bonne moitié du corps diplomatique. Nous allions donc le laisser là, et, avec lui, son secrétaire, le fils d’Ernest Daudet, qui nous avait tous charmés. Le jeune Tréfeu, du Gaulois, avait reçu de son journal une mission en Bulgarie ; on l’envoyait à Sofia chez le prince de Battenberg, qui n’était pas sans avoir besoin de l’appui des journaux monarchiques. Cet aimable garçon se disposait à chevaucher trois ou quatre jours dans la boue ; mais, comme il est aussi bon cavalier que mauvais marin, il était homme à entreprendre le voyage de Kéraban le Têtu plutôt que de passer à nouveau la mer Noire.
La traversée fut pourtant des plus douces pour les passagers assez rares de l’Espero. Le bon bateau du Lloyd se mit en route à deux heures de l’après-midi sans se presser, comme s’il eût compati à nos regrets et pris à cœur de nous montrer une dernière fois les merveilles du Bosphore. Le Pont-Euxin justifiait le nom que les anciens lui donnaient par antiphrase : il était clément à ses hôtes. La lune brillait au ciel ; hommes et femmes passèrent une partie de la nuit sur le pont à écouter de jolis vers que M. Georges Boyer, lauréat de l’Institut pour le dernier prix Rossini, disait fort bien et même à l’occasion ne chantait pas mal. J’avais à peine fait un premier somme sur la tête de M. Regray lorsque le navire s’arrêta, et que le capitaine nous invita à débarquer sans perdre un moment. On crut d’abord qu’il se moquait, car il était à peine trois heures, et le train ne partait qu’à cinq. Mais il nous expliqua, sans se fâcher, qu’on ne débarquait pas toujours à Varna comme on voulait ; que pour l’instant la mer était tranquille, mais qu’elle le serait peut-être moins dans une heure, et que nous avions tout intérêt à gagner le plancher des vaches. Puisqu’il le fallait, nous le fîmes, mais de mauvaise grâce, car la chose n’allait pas sans quelques difficultés. Descendre à tâtons le long du bord, sans lumière ou à la lueur d’un mauvais fanal, s’entasser avec les bagages dans de méchantes barques qui roulent et que le flot heurte les unes contre les autres et arriver enfin tout transis sur une berge fangeuse en plein champ, c’est exactement le contraire d’une partie de plaisir. Mais il avait raison, le capitaine, car le vent se leva bientôt, et il devint si violent qu’à Roustschouk notre petit vapeur dansait sur le Danube comme sur une mer en furie. Nous avons retrouvé M. de Gisors fidèle au poste dans la gare de Varna ; il nous y avait préparé, d’accord avec M. Wiener, un vrai banquet auquel j’eusse fait grand honneur, si j’avais eu l’appétit ouvert avant les yeux, comme le personnage de la chanson. Mais tous les estomacs ne sont pas vétilleux comme les nôtres, témoin cet excellent Bulgare qui, croyant être pour son argent à la table d’hôte du buffet, dévora devant nous un plat de viande froide et de gibier servi pour plus de vingt personnes.
La principauté d’Alexandre de Battenberg nous parut tout aussi maussade au retour qu’à l’aller, et ce fut avec une véritable joie que nous revîmes notre beau train tout battant neuf en gare de Giurgewo. On avait réparé le wagon que nous avions laissé à Munich. Il roula sans s’échauffer jusqu’à Paris, et, si je n’ajoute pas que nous y fîmes bonne chère, c’est pour éviter les redites.
Beaucoup d’amis nous attendaient à Bucarest. J’eus la joie d’y trouver le prince Georges Bibesco, qui était revenu de la campagne exprès pour me serrer la main. Le général Falcoïano et l’ingénieur en chef, M. Olanesco, montèrent en voiture avec nous ; M. Frédéric Damé en fit autant sans savoir ni à quelle station il s’arrêterait, ni quel train il pouvait reprendre, ni s’il serait rentré chez lui le lendemain matin. Ah ! que j’aurais voulu m’arrêter quelques jours dans cette riche et pittoresque Roumanie ! J’avais promis, je n’ai pas pu tenir, trop d’affaires me rappelaient ici. Ce sera pour une autre fois : le voyage est devenu si facile ! Le général Falcoïano n’a pas voulu dîner avec nous sans apporter son plat, ou du moins son dessert. Figurez-vous deux larges corbeilles d’osier blanc du poids de cinquante à soixante kilos chacune, remplies l’une de pêches et l’autre de raisins. Les pêches de ce pays ne valent pas celles de Montreuil ; elles ont la chair un peu dure et presque toujours adhérente au noyau. Mais elles ont bon goût et elles sont vraiment belles. Quant au raisin, au muscat surtout, il est exquis.
Aux approches de la frontière, nous nous sommes croisés avec un autre Éclair qui venait de Paris et dont les voyageurs nous ont pris pour ainsi dire à l’abordage. L’un d’eux était M. Phérékyde, l’aimable ministre du roi Charles auprès du gouvernement français. Croyez bien que je ne lui ai pas dit de mal de son pays.
La dispersion des passagers de l’Espero commence à Pest ; elle prend des proportions sérieuses à Vienne, où nous perdons non seulement M. Von Scala et ses gracieuses compagnes, mais plusieurs Français attirés par l’aimant de l’Exposition. Nous espérions rentrer en possession de M. Georges Cochery, l’alter ego du ministre des postes, et des deux hommes éminents que nous avions laissés avec lui ; mais ils nous ont faussé compagnie à notre grand regret.
Je ne vous dirai rien de l’Allemagne, et je vous demande la permission de garder pour moi seul, ou pour mes fils et moi, les sentiments que j’ai éprouvés devant les nouveaux forts de Strasbourg. Le mardi matin, vers dix heures, nous avons passé par Saverne, et dans un pli des Vosges, derrière un rideau de grands arbres que j’ai plantés, j’ai aperçu une maison qui m’est chère et douloureuse entre toutes. J’y ai vécu douze ans dans le bonheur et dans la paix ; j’y ai écrit la moitié de mes livres ; j’y ai vu naître les quatre aînés de mes enfants. Depuis l’année terrible, cette propriété, payée de mon travail, est indivise entre M. de Bismarck et moi. J’en suis le maître, car j’ai toujours refusé de la vendre, mais le grand chancelier m’interdit d’y remettre les pieds, en vertu de la loi du plus fort. J’y suis entré pour la dernière fois dans l’automne de 1872. Les gendarmes prussiens sont venus m’y chercher ; ils m’ont mis en prison pour m’apprendre que c’est un crime d’être Français en Alsace. La maison rit là-bas sous son manteau de vigne vierge et de glycine, et moi je pleurerais peut-être un peu si j’étais seul. Mais nous voici dans les défilés de la montagne ; nous passons sous les six tunnels dont chacun pouvait arrêter l’ennemi pendant un mois et que nos généraux n’ont pas fait sauter par oubli. Jamais nos rochers de grès rouge ne m’ont paru si fiers ; jamais nos forêts de hêtres et de sapins n’ont été si belles. La couleur sombre des résineux fait çà et là une tache superbe sur les feuillages uniformément dorés par l’automne. Quel beau et bon pays nous avons perdu là ! Y pensez-vous de temps en temps, vous qui portez le nom de Français ? Moi, j’en ai l’âme empoisonnée.
Avricourt, Nancy, Bar-le-Duc, Châlons, Paris, le reste du voyage n’est plus qu’une jolie promenade dans la banlieue. Nous brûlons tant soit peu les rails, car nous avions un retard de deux heures, et l’on a tout regagné depuis Vienne, si bien que notre odyssée se termine à six heures du soir, montre en main. Nombre d’amis et de curieux nous accueillent sur le quai de Paris. Je remarque au premier rang la très sympathique figure de M. Moreau-Chalon, vice-président de la Compagnie, qui s’excuse de n’avoir point partagé tous nos plaisirs avec nous. Mais c’est M. Nagelmackers qui a dit le mot de la fin. M. Grimprel lui demandait comment nous pourrions reconnaître une telle hospitalité ?
« Mais c’est bien simple, répondit-il ; en venant dîner chez moi. »
N’est-ce pas là la grandeur et la bonhomie belges peintes par elles-mêmes et d’un seul trait ?