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Du rôle des coups de bâton dans les relations sociales et, en particulier, dans l'histoire littéraire

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DU ROLE
DES
COUPS DE BATON
DANS LES RELATIONS SOCIALES
ET, EN PARTICULIER,
DANS L’HISTOIRE LITTÉRAIRE

Le sujet que nous nous proposons de traiter ici pourrait fournir aisément la matière d’un gros livre ; mais nous préférons, par égard pour les gens de lettres du temps passé, et par ménagement pour le lecteur, le renfermer dans des proportions plus restreintes. Même en élaguant tout ce qui dépasserait les bornes d’un modeste in-32, il nous restera assez de faits encore (trop peut-être) pour justifier amplement notre titre.

Et qu’on ne croie pas que ce soit là un simple thème d’érudition, un prétexte à recherches plus ou moins amusantes, sans utilité et sans enseignement : ce n’est point ainsi que nous l’avons compris. A nos yeux, il y a, dans la réponse à la question que nous nous sommes posée, un des chapitres les plus instructifs de l’histoire littéraire, ainsi l’un des plus glorieux, en somme, pour les écrivains d’aujourd’hui, puisque, en les faisant rougir du passé, il leur permet de s’enorgueillir du présent.

Ce petit livre eût pu s’intituler aussi bien, n’eût été la peur de l’emphase : Histoire de la condition sociale des gens de lettres, de leur abaissement, et de leur émancipation progressive. En même temps qu’il montrera de quel point ils sont partis, il permettra de mesurer nettement la route parcourue par eux ; il rappellera, à ceux qui les oublient trop, les progrès de la littérature elle-même, en rappelant ceux des littérateurs, — c’est-à-dire, à défaut de chefs-d’œuvre comparables à ceux du passé, l’élévation générale du niveau des intelligences, et le respect croissant des choses de l’esprit, se traduisant par le respect de leurs interprètes.

Sans autre introduction, qu’on nous permette d’entrer tout de suite en matière.

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