Écrits spirituels de Charles de Foucauld : $b ermite au Sahara, apôtre des Touregs
ÉCRITS SPIRITUELS
DE
Charles de FOUCAULD
PREMIÈRE PARTIE
Le Trappiste
Trois ans après sa conversion, le 16 janvier 1890, le vicomte Charles de Foucauld entrait à la Trappe de Notre-Dame des Neiges, en Ardèche. Il avait demandé qu’après six mois de noviciat, on l’envoyât dans le plus pauvre et lointain monastère d’Asie Mineure, et partit pour la trappe d’Akbès, en Syrie, le 17 juin 1890. Il y demeura jusqu’en février 1897.
Les lettres qui vont suivre sont empruntées à la correspondance de Charles de Foucauld, devenu Frère Marie Albéric. Elles sont datées de l’une ou l’autre Trappe.
Trappe de N.-D. du Sacré-Cœur (Syrie), 18 août 1891.
A un Trappiste.
« Peut-on plaindre celui qui fait la volonté de Notre-Seigneur ? Y a-t-il quelque chose de plus doux au monde que de faire la volonté de Celui qu’on aime ? Et si, dans l’exécution, on trouve quelque peine, alors la douceur est double !… »
7 février 1891.
A un Trappiste.
« Notre repos, c’est de nous réjouir du bonheur infini de Dieu et, en regardant un peu plus bas, de nous réjouir de nos croix et d’en désirer toujours davantage, car, par là, nous avons le bonheur de L’imiter et de Lui prouver notre amour, choses si chères à un cœur qui aime ! Ni le bonheur, ni Dieu, ni les croix, ne nous manqueront jamais… »
15 août 1891.
A un ami (à propos de l’anniversaire de sa naissance).
« Toutes les dates semblent dire au revoir et parler de l’éternel retour, toutes semblent crier que Notre-Seigneur Jésus ne sera pas éternellement caché à ses pauvres enfants, et celle-là parle du ciel avec plus de force que les autres. Il est si bon de se dire, quand on est, comme je le suis si souvent, si horriblement froid, tiède et distrait devant le Tabernacle, que le jour viendra enfin où ce Seigneur que nous voudrions tant aimer nous apparaîtra dans sa Beauté, et que nous L’aimerons enfin… Il fait bon sentir passer les jours ! Qui sait ce qui nous reste à vivre ? Que ce soit peu ou beaucoup, puisse Notre-Seigneur agir Lui-même en nous, afin que ce reste de vie soit tout à Lui, tout pour Lui, tout pour la consolation de Son Cœur !… »
29 novembre 1896.
« Quand on aime, on voudrait parler sans cesse à l’être qu’on aime, ou au moins le regarder sans cesse ; la prière n’est pas autre chose : l’entretien familier avec notre Bien-Aimé. On Le regarde, on Lui dit qu’on L’aime, on jouit d’être à Ses pieds, on Lui dit qu’on veut y vivre et y mourir… »