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Écrits spirituels de Charles de Foucauld : $b ermite au Sahara, apôtre des Touregs

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II
FOI

St Mathieu, 8, 26. « Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi. »

C’est une des choses que nous devons absolument à Notre-Seigneur de n’avoir jamais peur… Avoir peur, c’est Lui faire une double injure ; c’est, 1o L’oublier, oublier qu’Il est avec nous, qu’Il nous aime, et qu’Il est tout-puissant ; 2o c’est ne pas nous conformer à Sa volonté : si nous conformons notre volonté à la Sienne, tout ce qui arrive étant voulu ou permis par Lui, nous serons joyeux de tout ce qui arrivera et nous n’aurons jamais ni inquiétude, ni peur… Ayons donc cette foi qui bannit toute peur ; nous avons à côté de nous, contre nous, dans nous, Notre-Seigneur Jésus, notre Dieu qui nous aime infiniment, qui est tout-puissant, qui sait ce qui nous est bon, qui nous a dit de chercher le royaume du Ciel et que le reste nous serait donné par surcroît. Marchons droit, en cette bénie et toute-puissante compagnie, dans le chemin du plus parfait et soyons sûrs qu’il ne nous arrivera rien dont nous ne devions tirer le plus grand bien pour Sa gloire, notre sanctification et celle des autres, que tout ce qui arrive est voulu ou permis de Lui et que, par conséquent, loin d’avoir l’ombre de crainte, nous n’avons qu’à dire « Dieu soit béni, quoi qu’il arrive », et à Le prier d’arranger toutes choses non selon nos idées, mais pour Sa plus grande gloire… N’oublions jamais ces deux principes : « Jésus est ici avec moi… Tout ce qui arrive, arrive par la volonté de Dieu. »

St Mathieu, 9, 22. « Aie confiance, ma fille, ta foi t’a guérie. »

La vertu que Notre-Seigneur récompense, la vertu qu’Il loue, c’est presque toujours la foi. Quelquefois, Il loue l’amour, comme dans Magdeleine : quelquefois l’humilité, mais ces exemples sont rares, c’est presque toujours la foi qui reçoit de Lui récompense et louanges… Pourquoi ?… Sans doute parce que la foi est la vertu, sinon la plus haute (la charité passe avant), du moins la plus importante, car elle est le fondement de toutes les autres, y compris la charité, et aussi parce qu’elle est la plus rare… Avoir vraiment la foi, la foi qui inspire toutes les actions, cette foi au surnaturel qui dépouille le monde de son masque et montre Dieu en toutes choses ; qui fait disparaître toute impossibilité ; qui fait que ces mots d’inquiétude, de péril, de crainte, n’ont plus de sens ; qui fait marcher dans la vie avec un calme, une paix, une joie profonde, comme un enfant à la main de sa mère ; qui établit l’âme dans un détachement si absolu de toutes les choses sensibles dont elle voit clairement le néant et la puérilité ; qui donne une telle confiance dans la prière, la confiance de l’enfant demandant une chose juste à son père ; cette foi qui nous montre que, « hors faire ce qui est agréable à Dieu, tout est mensonge » ; cette foi qui fait voir tout sous un autre jour ; — les hommes comme des images de Dieu, qu’il faut aimer et vénérer comme les portraits de notre Bien-Aimé et à qui il faut faire tout le bien possible ; les autres créatures comme des choses qui doivent, sans exception, nous aider à gagner le Ciel, en louant Dieu à leur sujet, en nous en servant ou en nous en privant —  ; cette foi qui, faisant entrevoir la grandeur de Dieu, nous fait voir notre petitesse ; qui fait entreprendre sans hésiter, sans rougir, sans craindre, sans reculer jamais, tout ce qui est agréable à Dieu : oh ! que cette foi est rare !… Mon Dieu, donnez-la-moi ! Mon Dieu, je crois, mais augmentez ma foi ! Mon Dieu, faites que je croie et que j’aime, je Vous le demande au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Amen.

St Mathieu, 14, 31. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Combien est grande la foi que Notre-Seigneur demande de nous, et avec justice… quelle foi ne Lui devons-nous pas ?… Après la parole de Notre-Seigneur : « Viens », Pierre ne devait plus rien craindre et marcher avec confiance sur les eaux… ainsi quand Jésus nous a certainement appelés à un état, donné une vocation, nous ne devons rien craindre mais aborder sans hésiter les plus insurmontables obstacles. Jésus a dit : « Viens », nous avons grâce pour marcher sur les flots. Cela nous paraît impossible, mais Jésus est le Maître de l’impossible… Il faut donc trois choses : d’abord, faire comme Pierre, supplier Notre-Seigneur de nous appeler à Lui bien distinctement, puis, après avoir entendu distinctement le « viens » sans lequel nous n’avons pas le droit de nous jeter à l’eau (ce serait présomption, imprudence, risquer gravement sa vie, ce serait péché et souvent péché grave par conséquent, car risquer la vie de l’âme est encore plus criminel que d’aventurer la vie du corps), après l’avoir distinctement entendu (jusque-là notre devoir est de prier et d’attendre), se jeter à l’eau sans hésiter, comme S. Pierre. Enfin, il faut, confiant dans le « viens » sorti de la bouche de Dieu, marcher jusqu’à la fin sur les flots, sans l’ombre de doute, sans l’ombre d’incertitude, sans l’ombre d’inquiétude, certains que si nous marchons avec foi et fidélité, tout nous sera facile dans la voie où Jésus nous appelle et cela par la vertu de cette parole : « Viens ». Marchons donc dans la voie où Il nous appelle avec une foi absolue, car le ciel et la terre passeront, mais Sa parole ne passera pas !

St Mathieu, 15, 28. « O femme, ta foi est grande ! qu’il te soit fait comme tu veux. »

Notre-Seigneur loue la Chananéenne d’avoir continué à Le prier malgré Ses refus et d’avoir eu foi en Lui, en Sa puissance, en Sa bonté ; et, à cause de cette foi et de cette insistance, Il lui accorde sa demande… C’est ainsi que nous serons exaucés chaque fois que nous Le prierons avec foi et insistance…

Notre-Seigneur n’a pas changé depuis le temps qu’Il parcourait les confins de Tyr ; l’homme change, mais Dieu ne change pas. Il est exactement le même qu’alors : même divinité, même puissance ; même bonté, même compassion pour les hommes, même volonté d’exaucer la prière et la foi : demandons donc…

St Mathieu, 16, 8. « Pourquoi pensez-vous, gens de peu de foi, que vous n’avez pas de pains ? »

Notre-Seigneur ne permet donc pas à Ses serviteurs de douter qu’ils auront toujours le pain quotidien dans la mesure où cela est bon pour leurs âmes… Et c’est bien juste qu’Il leur défende tout doute, toute inquiétude, tout souci à cet égard ; c’est très juste pour deux raisons : d’abord, parce qu’Il leur a dit : « Cherchez mon Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît. »

Par ces paroles, Notre-Seigneur s’est engagé à donner à tous ceux qui se feraient Ses disciples, qui embrasseraient la pauvreté, la vie religieuse, pour Le suivre, à leur donner le nécessaire (dans la mesure où cela leur est bon), pourvu qu’ils cherchent à Le bien servir ; douter, après cela, si on aura le nécessaire, avoir des soucis pour des choses temporelles, c’est, pour des religieux, ne pas croire à la parole de Jésus, c’est Lui faire la plus mortelle injure…

Secondement, quand on aime, on ne songe qu’à une chose : à l’être aimé ; on ne s’inquiète que d’une chose : du bien de l’être aimé, de sa possession ; pour les autres choses, on est absolument incapable d’y attacher le moindre prix, la moindre importance… Quand on aime, une seule chose existe : l’être aimé ; le reste du monde est comme un néant, il n’existe pas… Si un cœur aime Dieu, peut-il s’y trouver place pour des inquiétudes, des soucis matériels ?

St Marc, 11, 22, 23, 24. « Ayez foi en Dieu… Tout ce que vous demanderez dans la prière, croyez que vous le recevrez et cela vous sera donné… »

Combien de fois Vous nous répétez ces paroles, mon Dieu, dans tous les Évangiles et dans les mêmes termes !… Combien il faut qu’elles soient importantes pour que Vous nous les inculquiez avec tant d’insistance ! Faites-moi donc la grâce, ô mon Dieu, de bien m’en pénétrer… Tout ce que je Vous demande, pourvu que je Vous le demande avec foi, avec confiance que je le recevrai de Vous, Vous me l’accorderez ; pourvu, toutefois, que je ne Vous demande pas une chose qui me soit nuisible, ou un bien médiocre qui paraît grand à mes yeux, et à la place duquel Vous voulez me donner un bien vraiment grand… Vous êtes un Père, et un Père tout-puissant et infiniment sage, comme infiniment bon et tendre. Vous dites à Votre petit enfant, tout petit, bégayant à peine et ne marchant qu’à l’aide de Votre main, Vous lui dites : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, pourvu que tu le demandes avec confiance… » Et Vous le lui donnez, avec quelle facilité, cela va sans dire, avec quel empressement, quand ses demandes sont raisonnables, surtout quand elles répondent à Vos désirs, aux sentiments que Vous voulez voir en lui, quand elles sont conformes à ce que Vous désirez Vous-mêmes plus ardemment que lui ! S’il Vous demande des jouets coupants, tranchants, dangereux, Vous les lui refusez, par bonté pour lui, mais Vous l’en consolez en lui donnant à la place d’autres douceurs sans danger ; s’il Vous demande avec grande insistance d’aller dans un lieu où Vous voyez qu’il ne retirera pas grand bien, Vous ne lui donnez pas le faux bien qu’il demande, mais Vous lui accordez le vrai bien qu’il demanderait s’il voyait clair, et Vous le prenez par la main pour le conduire, non où il avait envie d’aller, mais où il est, pour lui, le meilleur qu’il aille…

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