En Turquie d'Asie : $b notes de voyage en Anatolie
CHAPITRE X
LA SAGESSE TURQUE EN ASIE ; PROVERBES
Femmes et chevaux se prennent au petit bonheur.
L’ours qui a faim ne danse pas.
Ne comptez pas sur l’homme ; ne vous appuyez pas à l’arbre : le premier meurt, le second sèche.
Soignez votre cheval en ami ; montez-le en ennemi.
On ne risque rien en promettant. Qu’Allah préserve de tenir !
Le véhicule brisé, à qui montrera le bon chemin.
La douleur se combat par la douleur et le mal de ventre par l’eau.
Le chien affamé percerait un four à pain.
L’homme parcourrait-il l’univers qu’il ne trouverait jamais son égal.
C’est l’ours qui mange les meilleurs fruits du monde ! (S’applique aux Turcs les plus laids qui possèdent d’ordinaire les plus jolies femmes.)
L’aubergine amère ne craint pas la gelée.
L’union de deux affamés engendre un mendiant.
La bête s’attache par le licol, l’homme par la parole.
Il raserait un œuf ! (Se dit d’un avare.)
Quand le renard habite la fosse qu’un lion a abandonnée, il donne à sa queue le même mouvement que ce dernier.
Les petites gouttes font les grands ruisseaux.
L’un mange, l’autre regarde. Voilà la source de bien des bouleversements.
Regarder quelqu’un comme le chameau regarde le maréchal-ferrant. (Regard de mépris.)
Avec de la patience la feuille du mûrier devient du satin et le raisin aigre de la confiture.
Avant de voler un minaret il faut préparer le fourreau qui doit le recevoir.
On n’apprend pas un métier rien qu’en regardant ; sans cela tous les chiens deviendraient des bouchers[7].
[7] Dans les villes de Turquie, les boucheries sont toujours entourées d’une foule de chiens qui suivent avec attention tous les mouvements du boucher.
Le coq affamé rêve au grenier.
Le chien mal nourri est à l’abri de la rage.
Entre chevaux qui se battent, c’est toujours l’âne qui souffre.
Il faut baiser respectueusement la main que l’on ne peut mordre.
Observez la gueule du renard, et espérez de tirer du lait de lui ! — (S’applique aux sournois et égoïstes.)
La poule du voisin apparaît comme une oie aux yeux de la voisine.
Une cruche meurt toujours sur le chemin qui mène à l’eau.
Chaque fois que l’âne mange une herbe nouvelle pour lui il a mal à la tête.
Deux pastèques n’entrent pas sous un bras ! — (Synonyme de « on ne chasse pas deux lièvres à la fois ».)
Le chameau par l’oreille et la puce par l’œil ! — (Se dit d’un chasseur adroit.)
L’homme ne naît pas mauvais de nature, à moins qu’il ne possède pas un para.
De l’orge aux chevaux, du pilaf aux braves !
Courir à l’incendie avec une torche.
Il y a dix sortes de bravoure : les neuf premières consistent à jouer des jambes ; la dixième est plus simple : il ne faut pas se faire voir du tout.
La femme, le cheval et l’arme ne se prêtent jamais.
Un berger qui conduit un troupeau de deux chèvres, mais dont le sifflet retentit jusqu’au bout du monde ! — (Se dit d’un turc qui fait beaucoup d’embarras pour rien.)
Le lièvre manqué est toujours le plus gros de son espèce.
Celui qui manipule du miel se lèche les doigts ! — (S’applique au fonctionnaire qui vole son gouvernement.)
Le sang qui doit sortir ne reste pas dans les veines.
Elle a des fourmis aux talons ! — (Se dit d’une femme dont les mœurs sont légères.)
Quiconque se lève avec colère est assuré de se rasseoir avec perte.
Le vinaigre bien fait ne cause de ravages qu’à l’outre qui le contient.
Le mal de dents ne se guérit qu’avec l’extrait de tenaille.
Les mouches se prennent avec du miel.
Que la mosquée soit aussi grande que l’on voudra, n’importe ! l’imam ne chante que ce qu’il sait.
Là où il y a beaucoup de coqs, le jour paraît plus tard.
Indiquez à un paresseux quelque chose à faire, il se mettra à vous donner des conseils de père.
On doit pendre chaque mouton par sa propre patte. — (Indique la liberté de conscience, et explique la liberté religieuse accordée aux chrétiens.)
C’est celui qui garde le téké qui mange la soupe.
Celui qui tombe à la mer se cramponnerait à un serpent.
A vendu la bobine de sa mère ! — (Se dit d’un fils prodigue.)
Crachez à la figure d’un éhonté, il dira qu’il pleut.
L’outil travaille, la main se vante.
Faire sauter un œil en voulant arranger les sourcils. — (Se dit d’une grande maladresse.)
Cheveux longs, esprit court. — (Pour la femme.)
Une seule main ne fait pas de bruit.
C’est l’oiseau femelle qui bâtit le nid.
L’homme qui n’a pas de culottes rêve toujours qu’il hérite de quarante pics de percale.
Celui qui ne parle pas le turc, n’a pas en lui la crainte de Dieu ! — Turkdjé bilmèz, allahdan korkmaz ! — (Un des proverbes les plus populaires.)
Le rossignol mis dans une cage en or a chanté : Patrie, où es-tu ?
Si tu veux mon âme, apporte un panier ! — (Langage d’un mauvais débiteur.)
Les nuits sont grosses !
L’âne même brait avec mesure.
En attendant que le riche et le grand se soient décidés, le fakir rend l’âme.
La fin de la patience, c’est le salut.
Ce n’est pas avec sa corde que l’on peut descendre dans le puits.
O destinée ! tu fais manger du melon mûr aux uns et du melon vert aux autres !
Mangez le raisin sans vous préoccuper de la vigne.
Notre chien vous a-t-il apporté une hache ? — (S’applique aux intrus.)
Ou la main dans le gousset, ou sur la poitrine ! — (S’applique à un mauvais débiteur qui se montre arrogant.)
Être l’ami du diable jusqu’à ce que le pont soit traversé ! — (Le musulman mort coupable doit traverser un pont en poils de chameau, opération assez périlleuse, on en conviendra ; c’est le purgatoire turc.)
On a coupé la patte à une cigogne. Elle s’est envolée. On lui a crié : Va ! tu sentiras le coup quand tu voudras te poser !
L’esprit du ghiaour lui revient toujours après coup.
Si tu veux te pendre, pends-toi avec de la ficelle franque. — (C’est-à-dire si tu veux être assuré de ne point manquer ton suicide… Hommage rendu aux produits manufacturés d’Europe.)
La mouche n’est rien, mais elle donne mal au cœur.
Je n’ai pas blanchi ma barbe au moulin.
Si tu as des ongles gratte-toi la tête ! — (Indique qu’il ne faut compter que sur soi.)
Qu’Allah ne fasse jamais descendre quelqu’un de cheval pour le faire monter à âne !
Têtu comme un Russe.
L’ongle se sépare-t-il de la chair ?
Le bénéfice est le compagnon de la perte.
Le voleur de race fait pendre son maître.
Où peut finir un renard si ce n’est chez le marchand de fourrures ?
La sagesse est donnée aux Francs, le luxe aux fils d’Osman.
Mieux vaut perdre un œil qu’acquérir une mauvaise réputation.