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En Turquie d'Asie : $b notes de voyage en Anatolie

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CHAPITRE IX
LES PRINCIPALES PRODUCTIONS. — LES MINES. — LES INDUSTRIES DIVERSES

I
L’OPIUM. — LES OLIVES. — LE COTON

Parmi les principales productions du vilayet (en dehors des vins, des soies, des tapis, dont nous avons parlé séparément dans les chapitres précédents), il faut citer le tabac, l’opium, le haschich, la scammonée, les olives, etc…


L’opium rend annuellement dans le vilayet de Hudavendighiar environ 145,000 ocques qui se répartissent ainsi : Kara-Hissar 75,000, Balikessir 30,000, Kutahia 30,000, Brousse 10,000.

Le pavot qui donne l’opium se sème au mois d’octobre ; à la fin de novembre, la plante ayant déjà un demi-pied de hauteur supporte aisément les froids de l’hiver ; le soleil du printemps la fait pousser rapidement, et elle arrive à sa pleine maturité au mois de juillet.

Après la floraison, on pratique une incision à la tête du pavot et on la laisse suinter pendant trente-six heures. La liqueur laiteuse qui en découle, recueillie sur une large feuille de la plante, se coagule puis se façonne en petits pains : c’est la forme sous laquelle elle paraît sur les marchés.

Le pavot croît à l’état sauvage, mais il est soumis également à une culture réglée ; cette culture est très coûteuse. On prétend que la plante est très épuisante et qu’elle appauvrit le sol.

Quand les têtes du pavot sont sèches on les brise pour recueillir la graine ; une partie est réservée pour semence, une autre partie sert à la fabrication d’une huile consommée dans le pays ; le surplus s’expédie à l’étranger.

L’opium est acheté surtout sur la place de Smyrne. La première qualité formant les trois quarts de la récolte est fournie par les cazas de Smyrne et d’Ouchak ; la deuxième qualité par les cazas de Kutahia, Kara-Hissar et Brousse.


La demande extraordinaire d’opium, pour la Chine, survenue il y a une vingtaine d’années, à la suite de la révolte des Indes, a encouragé la culture du pavot et elle a constamment progressé depuis. Le prix moyen de l’opium est de 45 à 50 francs le kilogramme.

L’opium de Smyrne est en pains. Il est très apprécié par le commerce, parce qu’il contient de 10 à 12 pour 100 de morphine.

L’exportation de l’opium de Smyrne se fait surtout pour l’Angleterre et la Hollande. Les demandes des États-Unis, qui autrefois étaient très considérables, après avoir presque entièrement cessé à la suite de la guerre de Sécession, commencent à reprendre dans une certaine proportion.

La France ne consomme presque que de l’opium de Smyrne.


Sur tout le littoral on trouve des jardins d’oliviers. Le produit annuel des olives est évalué en moyenne à huit millions d’ocques dans le district de Brousse et à quatre millions dans celui de Balikessir. La majeure partie de ce produit et des huiles qui en sont extraites sur les lieux mêmes est exportée en Russie, dans les provinces danubiennes et à Constantinople. Le prix moyen de ces huiles est de huit piastres l’ocque, et celui des olives salées de deux piastres et demie.


Le cotonnier est également cultivé avec succès dans le vilayet. Pendant la guerre de Sécession aux États-Unis, le gouvernement turc prit des mesures pour développer, ou plus justement faire renaître, en Turquie d’Asie, la culture du cotonnier. Des avantages spéciaux furent consentis à ceux qui voulaient se livrer à cette culture, des terres furent concédées, des graines distribuées. C’est ainsi qu’à Brousse et à Kara-Hissar furent distribuées des graines de provenance égyptienne. Dans les premières années, la production paraissait devoir répondre aux efforts tentés. Depuis, elle a considérablement baissé par suite des impôts, des tracasseries administratives, de la misère. Actuellement la production du vilayet est d’environ cent trente à cent quarante mille ocques au plus par année.

II
LES MINES

Les communes de Djebel-Atik et Atranas renferment des mines de chrome. Quelques-unes exploitées par concession fournissent le chrome brut exporté en Europe, principalement en Angleterre.

Le caza d’Erdek produit le marbre. Diverses carrières sont en exploitation ; le marbre que l’on en retire est transporté à Constantinople.

Le même caza d’Erdek et celui de Panderma possèdent des carrières de marbre rouge et de plusieurs autres couleurs ; ce marbre est transporté à Brousse et à Constantinople.

La commune d’Eschiklar, dépendant du caza de Bohaditz, possède des carrières de pierre blanche que l’on emploie pour les constructions de luxe, telles que palais, mosquées, etc.

La commune de Tirhilé, dépendant du caza de Somma, renferme des mines de houille dont le produit est consommé dans les fabriques de coton établies dans les cazas de Kirk-Agatche, Bourhou et Somma.

Le sandjak de Kutahia possède également des mines de houille et de cristaux, mais peu ou point exploitées.

Dans ces dix dernières années, 250 permis de recherches ont été délivrés pour des mines d’or, d’argent, de chrome, de plomb, de houille, etc. etc., se trouvant dans le vilayet de Hudavendighiar.

En dehors de ce vilayet, les richesses minières des diverses provinces de la Turquie d’Asie sont nombreuses et les explorations en révèlent chaque jour encore de nouvelles.

Si les provinces de la Turquie d’Europe sont riches en gîtes métallifères, celles d’Asie ne le sont pas moins. Dix de ces mines sont exploitées par le gouvernement. M. Tchihatcheff constate que parmi ces mines, celles d’argent pourraient rendre annuellement 569,000 ocques, celles de plomb 175,000 ocques, celles de cuivre 965,520 ocques.

Tous ces éléments de richesse restent malheureusement abandonnés. Les mines ne seront l’objet de travaux importants que lorsque la Turquie donnera aux concessionnaires et à leurs capitaux la sécurité et les facilités qui leur font encore défaut dans ces contrées.

III
LES INDUSTRIES DIVERSES

Les industries secondaires à Brousse sont la fabrication des étoffes en soie pour robes, mouchoirs, tentures, coussins.

Vient ensuite la fabrication des tissus de coton pour peignoirs, essuie-mains, fabrication imitée maintenant en Angleterre, qui expédie à Constantinople des serviettes dites de Brousse à meilleur compte que les produits indigènes, mais en revanche moins bien travaillés et moins solides.

On compte aussi quelques tanneries, mais de peu d’importance.

Quant aux divers corps de métiers, les ouvrages qu’ils produisent ne présentent absolument rien de remarquable. Tous sont d’une exécution sommaire et médiocre et seulement appropriés à l’usage de la population indigène.

Dans l’intérieur du vilayet quelques industries d’importance secondaire existent également.

Biledjik confectionne des étoffes semi-velours et soie, aux brillants reflets, qui sont principalement utilisées dans le pays pour tentures, coussins, rideaux.

Les feutres de Kara-Hissar sont des plus renommés.

Les cotonnades de Ghedis sont des tissus d’une grande solidité, mais ne pouvant être convenablement utilisés que par les indigènes de l’intérieur.

Kutahia était jadis renommée pour ses faïences et ses poteries. Cette industrie est aujourd’hui bien tombée. Cependant pour les usages locaux on utilise encore ces poteries. Sans être d’un fini irréprochable elles ont en effet le mérite d’une réelle solidité. Ce sont pour la plupart des objets très matériels, d’une simplicité de forme très rustique.

Les tissus en soie, dits sirmali, mélangés de fils d’or et d’argent, sont une spécialité de quelques cazas. Ces produits très appréciés sont peu connus au dehors.

Les tanneries d’Ouchak et de Kutahia fournissent d’assez beaux produits en peaux de chèvres et de moutons, aux couleurs variées. Cette marchandise ne sort guère du vilayet et est employée presque exclusivement à la fabrication des chaussures indigènes.

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