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L'Afrique centrale française : $b Récit du voyage de la mission

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Fig. 101. — Les gneiss de Fort-Crampel.

D’abord au pied, en plaine, le gneiss ordinaire (80, p. 681) constitue la forme générale et dans les couches apparaissent des couches accidentelles de gneiss à grands cristaux (82, p. 681) ayant souvent l’aspect d’un granite grossier sub-porphyroïde.

Ensuite apparaît accidentellement un gneiss pyroxénique et amphibolique (85, p. 684), passant parfois à la pyroxénite (84, p. 685). Viennent après des gneiss ordinaires contenant des lentilles ou lits de gneiss pyroxénique et amphibolique. Si on examine ensuite l’escarpement, on voit que les gneiss ordinaires (270, p. 681) alternent avec des leptynites (269, p. 683), ces deux roches contenant aussi des lentilles ou lits de gneiss pyroxéniques et amphiboliques (271, p. 685) et de gneiss à grands cristaux.

On a donc là, mais sur une échelle moindre, l’explication de ce que l’on rencontre dans la région de Fort-Sibut.

Les gneiss basiques ont souvent une structure granitoïde et dans certains cas il est difficile de se prononcer sur l’attribution d’un échantillon au gneiss ou au granite.

A l’O. du Kaga Bandéro (7 kilomètres environ) dans le lit du ruisseau Banga on rencontre une leptynite grenatifère très rubéfiée en contact avec un quartzite micacé dont la stratification est O. 25° N.

Enfin les gneiss affleurent encore à 22 et 30 kilomètres environ à l’O. de ce même Kaga, gneiss ordinaire et gneiss à pyroxène en lits ou lentilles dans le gneiss ordinaire (97, p. 685).

Le Kaga Tambago (Gourara), le Kaga M’Bra et les quartzites.

Avant le passage de la rivière Koddo (50 kilomètres environ à vol d’oiseau à l’O. de Fort-Crampel), on retrouve les quartzites. Ces quartzites forment là un affleurement assez important dont la stratification est O. 18° N, la pente vers le S. est de 25°.

Plus loin (11 kilomètres environ à vol d’oiseau avant le Kaga M’Bra) on rencontre, précédé d’une bande de roche ferrugineuse avec cailloux anguleux de quartz, un affleurement de quartzites et de schistes siliceux micacés dont la direction de la stratification est O. 18° N., la pente vers le N. est de 10°.

A l’O. du Kaga M’Bra (7 kilomètres environ à vol d’oiseau) le Kaga Tambago ou Gourara est constitué par des quartzites en grandes masses formant une sorte de longue falaise au pied de laquelle passe le sentier. La direction de la stratification est O. 40° S. et la pente vers le N. O. est de 30°. Au pied de la falaise, la roche ferrugineuse existe et englobe de gros fragments de ces quartzites.

Kaga M’bra. — Le Kaga M’Bra est formé par un amas de 20 à 30 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la base, de blocs gigantesques de quartzites. Dans ces blocs jetés comme au hasard, il est impossible de déterminer une direction certaine de stratification. Comme cas particuliers citons : Une ligne de pente a donné une direction E. O. avec une pente vers l’O. de 32°, la stratification serait donc N. S. Un bloc a une direction N. 7° O, avec une pente vers l’O. de 48°. Deux autres blocs ont une direction N. S., avec une pente presque verticale vers l’O. Tout le reste est confondu et l’ensemble a subi une violente dislocation. Les strates paraissent avoir glissé les unes sur les autres et beaucoup de surfaces de contact sont polies et striées. En général les blocs sont rubanés et ont subi une action métamorphique indiquée par la présence du disthène (104, 105, 107, p. 688).

On trouve çà et là des parties tendres se réduisant en sable sous le choc du marteau. L’eau a désagrégé ces parties en laissant de grands vides.

Fig. 102. — Un mamelon granitique des Kagas Djé.

Le Kaga M’Bra fait peu saillie sur l’ensemble de la région et si sa masse peut être aperçue du S. et du sentier passant au pied du Kaga Tambago, elle n’est plus visible dès qu’on s’éloigne de quelques kilomètres sur le chemin de Ndélé. D’un des mamelons des Kagas Djé (40 kilomètres environ, à vol d’oiseau au N.-E), le guide montre, se détachant imperceptiblement à l’horizon, deux petites saillies séparées par une petite échancrure, c’est le Kaga M’Bra.

Des sommets accessibles, la région présente l’aspect d’un immense plateau sur lequel s’échelonnent vaguement et à l’infini des ondulations de faible altitude. Vers le N.-E. on aperçoit quelque chose de vague paraissant comme une ondulation un peu plus accentuée, ce sont les Kagas Djé.

Il y a lieu de mentionner ici les quartzites des M’Brés qui, d’après les échantillons rapportés par M. Gaud à Fort-Crampel, sont analogues aux quartzites des Kagas M’Bra et Tambago. Les quartzites des M’Brés ont déjà été signalées par M. le capitaine Truffert comme vaguement susceptibles de recéler des dépôts houillers (Revue générale des sciences, no 2, 1902). M. Truffert donne une direction approximative N.-E. à la stratification, avec un plongement variant entre 40 et 80°.

Kagas Djé.

Les Kagas Djé constituent un important affleurement granitique apparaissant sous la forme mamelonnée. Les mamelons sont disséminés sur un espace mesurant environ 7 kilomètres de longueur et 4 kilomètres de largeur, et on en compte 16 bien caractérisés. Au N.-O., à 13 kilomètres environ à vol d’oiseau, il existe encore un autre mamelon nommé Kaga Baga.

L’altitude de ces mamelons au-dessus du niveau de la plaine ne dépasse pas 60 mètres. En réalité ils ne sont que les parties culminantes de l’affleurement qui s’étend vers l’est et qui sépare le bassin du Koukourou du bassin du Bamingui. Entre les mamelons le granit se montre sous forme d’ondulations ou de grands espaces plus ou moins aplanis.

Il paraît donc rationnel d’admettre que les mamelons proprement dits se sont formés par suite de l’inégale désagrégation du massif.

Le granite est à grain moyen comme forme générale, il passe parfois à un granite dont les éléments sont un peu plus gros et qui se rapproche très sensiblement du granite porphyroïde. On rencontre accidentellement des rognons zonés transformés en gneiss et des lentilles, lits ou inclusions dans lesquels le grain est fin et les éléments colorés dominent, également transformés en gneiss (109, 110, 111, p. 671).

Kagas Balidja et Batolo.

L’affleurement granitique qui commence au village de Balidja est beaucoup plus important que le précédent et les mamelons visibles s’étendent sur un espace ayant environ 24 kilomètres de longueur et 21 kilomètres de largeur, on peut compter 31 mamelons.

Le groupe le plus important est celui du village de Balidja.

Comme pour les Kagas Djé, il paraît rationnel d’admettre que tous ces mamelons se sont formés par suite de la désagrégation inégale du même massif. L’altitude au-dessus du niveau du sol environnant du plus haut mamelon de Balidja est d’environ 80 mètres, et l’altitude du Kaga Batolo (15 kilomètres N.-N.-E. de Balidja) est de 64 mètres. Tous ces mamelons sont dénudés et souvent ont éclaté en couches concentriques, parfois minces, parfois ayant une épaisseur de plusieurs mètres ; les blocs ont roulé ou glissé jusqu’en bas des pentes, mais on en rencontre beaucoup qui sont en place. Il existe sur ces mamelons des cuvettes de peu de surface mais profondes et contenant de l’eau presque toute l’année, cette eau sert à l’alimentation des indigènes.

Au Kaga Batolo une de ces citernes que les indigènes considèrent comme « fétiche » est sensiblement elliptique, a 5 mètres environ de grand axe, 2m50 de petit axe et plus de 4 mètres de profondeur ; elle a ses bords arrondis et s’élargit dans le roc en forme de vase, ce qui fait qu’un indigène tombant dans cette citerne ne peut en sortir. Les habitants en ont une grande crainte et n’utilisent pas son eau.

Le type de granite est le granite porphyroïde à grands cristaux de microcline, mais il passe parfois à un granite à grain uniforme, fait que l’on observe surtout dans un important mamelon de Balidja sillonné de filons d’aplite dans toutes les directions. Il passe aussi mais accidentellement à un granite à grain fin dans ce même mamelon.

Dans l’ensemble des mamelons de Balidja et Batolo, on rencontre des filons de granite à grain fin et d’aplite (116, 126, p. 671), à bords parallèles atteignant plus d’un mètre d’épaisseur, ces filons ont en général une direction N.O.-S.E. Les principales cavités du Kaga Batolo dont l’une est la citerne dont il vient d’être parlé, sont situées sur le trajet d’une fissure ayant également une direction N.O.-S.E. Le long de cette fissure, la roche est comme laminée et les grands cristaux sont orientés parallèlement à la fissure ; là, on rencontre aussi une pegmatite avec très grands cristaux de microcline (124, p. 672).

Cette fissure est l’indice d’une puissante action mécanique ayant modifié dans certains endroits la structure du granite.

On rencontre encore mais accidentellement dans le granite des Kagas de Balidja des enclaves de granite amphibolique (119, p. 671).

Région de Ndélé (Pays de Senoussi).

Djigangou. — Au voisinage de Ndélé, à Djigangou, on rencontre des mamelons et des collines constitués par des roches granitiques. Dans un mamelon formé par du gneiss glanduleux à grands cristaux (197, p. 681), on remarque un filon d’aplite de plusieurs mètres d’épaisseur dont la direction est N.O.-S.E. qui est celle des filons des Kagas de Balidja (127, p. 672). A la base du mamelon apparaissent des gneiss ordinaires.

Un peu plus loin on arrive aux grès horizontaux. Ces grès forment autour de la cuvette de Ndélé des falaises d’un aspect pittoresque et ruiniforme.

Ndélé. — On rencontre à Ndélé : Des roches granitiques, un dyke de norite, des quartzites et des grès horizontaux.

Groupe granitique. — Dans la cuvette de Ndélé, un des contre-forts s’allonge dans une direction N.O.-S.E. et à son extrémité forme trois mamelons. Sur le mamelon le plus N.O., qui est le plus petit et le moins élevé on a construit le poste français.

Au N.E. de la ligne formée par ces mamelons se trouve une échancrure de 600 à 700 mètres de largeur dans laquelle coule une petite rivière, la Mindja Engoulou ; le bord de cette échancrure est couronné par les grès horizontaux, et le fond est formé par des quartzites sur lesquels les grès horizontaux reposent.

Dans cet ensemble, le groupe granitique est représenté par les mamelons et par un petit affleurement situé au pied du bord N.O. de l’échancrure, en face les mamelons. Ce groupe est constitué par des roches riches en feldspath rouge, pauvres en mica ou dépourvues de mica, passant tantôt aux aplites et tantôt aux pegmatites. La roche des mamelons passe aux aplites (151, 192, p. 672) et celle du petit affleurement situé en face passe aux pegmatites.

Dans les mamelons on rencontre une sorte de stratification dont la direction varie de N. 15° O. à N.O. Les couches ont une pente de 70 à 80° vers le N.E. ou sont verticales. Les quartzites ont une direction variant de O. 40° N. à N. 15° O., avec une pente de 40 à 50° vers le S.O.

Un peu au S. des mamelons du poste affleure un gneiss à grands cristaux analogue à celui de Djigangou (197, p. 681) et sur ce gneiss reposent les grès horizontaux. Enfin au N.N.O. du poste, à 5 kilomètres environ, avant le village de Golo et au village même, on retrouve ces mêmes gneiss en collines isolées ou supportant les grès horizontaux (198, p. 682). Si on prend maintenant la direction de l’O., au village de Kaka (13 kilomètres du poste) on rencontre encore du gneiss et une pegmatite grenatifère.

Fig. 103. — Les grès turriformes de Ndélé.

Dyke de Norite. — Au pied du contrefort dont le prolongement forme les mamelons du poste et au S.O. paraît un dyke de norite (190, p. 679). Ce dyke est en contact avec les mamelons d’aplite, et avec les quartzites qui ont été traversés et métamorphisés. Il supporte les grès horizontaux.

Groupe des quartzites. — L’ensemble est constitué par des quartzites plus ou moins micacés. Au voisinage des aplites et des pegmatites, ces quartzites sont souvent riches en mica (muscovite) et passent parfois aux micaschistes.

Au contact des pegmatites on trouve des roches quartzeuses quelquefois pauvres en mica et passant au quartz, mais le plus souvent très riches et prenant un aspect pegmatoïde ou schisteux. Le fer oligiste apparaît dans certaines couches. Ces roches sont stratifiées.

Au contact de l’aplite on rencontre des affleurements de quartz stratifié.

Au contact de la norite on rencontre un affleurement de quartz.

Tous les faits remarqués dans les quartzites indiquent bien l’action métamorphique des roches éruptives.

Enfin il a été recueilli un échantillon de quartz haché portant l’empreinte de cristaux disparus.

Groupe des grès horizontaux. — Les grès horizontaux couronnent la cuvette et les échancrures, d’énormes blocs de ces grès ont souvent roulé jusqu’au bas des pentes. Leur plus grande épaisseur totale est de 60 mètres. Ils reposent sur les quartzites ou sur les gneiss à grands cristaux, ou sur la norite dans l’endroit où cette roche affleure.

L’épaisseur totale de 60 mètres se décompose ainsi en prenant pour plan de comparaison, 0,00 le fond du ruisseau coulant dans l’échancrure :

De 0 à 10 mètres. — Quartzites.
10 mètres. — Commencement des grès horizontaux.
10 à 22. — Inspection difficile par suite des éboulements.
22 à 22,15. — Couche argileuse.
22,15 à 23,25. — Grès.
23,25 à 23,50. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
23,50 à 24,00. — Grès.
24,00 à 26,00. — Poudingue ferrugineux à gros éléments. Dans les poudingues intercalés dans les grès, il existe des galets roulés atteignant jusqu’à 20 centimètres dans leur plus grande dimension.
26,00 à 35,75. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
35,75 à 36,00. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
36,00 à 38,80. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
38,80 à 39,00. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
39,00 à 41,50. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
41,50 à 41,70. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
41,70 à 42,50. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
42,50 à 42,70. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
42,70 à 43,70. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
43,70 à 43,90. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
43,90 à 48,00. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
48,00 à 59,00. — Grès plus grossier (conglomérat) de couleur claire, jaunâtre, dans lequel on rencontre des amas de grès à grain fin de même couleur contenant quelques menus galets roulés.
59,00 à 61,75. — Grès à grain fin de couleur claire, rougeâtre ou jaunâtre.
61,75 à 62,00. — Poudingue ferrugineux à gros éléments.
62,00 à 70,00. — Inspection difficile par suite des éboulis de roche ferrugineuse.
70,00. — Fin des grès horizontaux et commencement de la roche ferrugineuse.

Les galets roulés des poudingues ferrugineux proviennent de quartzites identiques à ceux qui supportent en stratification discordante les grès horizontaux. Ces grès auraient donc été formés aux dépens des quartzites. Les poudingues ferrugineux à gros éléments indiqueraient les périodes les plus violentes de la formation, et l’épaisseur des grès qui les séparent, les périodes plus calmes ainsi que la durée proportionnelle de ces périodes.

Circuit Ndélé, rivière Tété, ruisseau Boro. — Aux grès horizontaux succède la roche ferrugineuse, mais elle n’est plus la roche dominante car on rencontre sur tout le parcours les grès précédents et des quartzites. Sur la déclivité du Vou (affluent du Tété) la roche ferrugineuse a disparu et il n’en reste qu’une couche mince englobant des fragments des grès horizontaux.

Les grès horizontaux reposent là sur des quartzites plus ou moins micacés à stratification presque verticale, c’est-à-dire ayant une pente de 75° à l’O. avec une direction N.-S. Les vides de ces quartzites sont remplis par la roche ferrugineuse.

Sur le Vou apparaît un dyke de gabbro qui traverse les quartzites et s’arrête aux grès horizontaux qui recouvrent les deux roches quartzite et gabbro (170, p. 678). Au contact de ce dyke les quartzites sont riches en mica (muscovite) et passent parfois aux micaschistes.

On retrouve des quartzites sur la rive gauche du Tété avec une direction N. 22° O. et une pente vers l’E. de 80°.

Plus loin le Tété et le Boro coulent entre des grès horizontaux à la base desquels apparaissent les quartzites, et sur le plateau sous une couche peu épaisse de roche ferrugineuse, gisent toujours les grès horizontaux qui apparaissent dans les endroits où la roche ferrugineuse a disparu par la désagrégation.

Circuit Ndélé, Kaga Bongolo, Ara, M’Bélé, Kaga Toulou, Tété. — Jusqu’à la grande falaise verticale constituant le Kaga Bongolo, l’itinéraire longe le bord O. d’un grand plateau se terminant brusquement sur la plaine du Bangoran, tantôt suivant les parties culminantes, tantôt franchissant les échancrures du bord même de ce plateau.

Après avoir franchi l’échancrure dans laquelle coule le ruisseau Bongolo, la piste suit le pied d’une grande falaise verticale formée par les grès horizontaux et ayant environ 10 kilomètres de longueur, et remonte ensuite sur le plateau. Cette falaise a environ 85 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la plaine au Kaga Bongolo.

Le Kaga Firindi est un curieux groupe de roches isolées ou bizarrement découpées de grès horizontaux, n’atteignant au-dessus du sol environnant qu’une hauteur de 25 mètres.

Le Kaga Sibi est un curieux mamelon isolé aujourd’hui du plateau dont il devait autrefois faire partie.

Entre Ndélé et Ara, l’altitude du plateau se maintient entre 678 et 732, ce dernier point proche de la source du Bangoran. L’altitude du Bangoran est de 683 et celle du Bamingui 662. L’altitude de la plaine au pied du plateau oscille entre 560 et 578.

Entre Ara et M’Bélé l’altitude générale du plateau augmente insensiblement pour atteindre la cote 827, point culminant de la région. Des alentours de ce point partent la Gounda coulant vers le Chari, la Bata coulant vers la Kotto et la Bakaka coulant vers le Ouadi Kabassa (Dar Four).

Les kagas Fofo et Toulou, voisins l’un de l’autre, sont formés de quelques rochers de grès horizontaux émergeant de 10 à 12 mètres et ayant le premier une altitude de 614 et le second de 634 mètres. Dans le rocher E. du Kaga Toulou existe une grande grotte traversant ce rocher de part en part et possédant une large cheminée verticale.

A 11 kilomètres environ à vol d’oiseau du Kaga Toulou on rencontre le Kaga Diffili qui n’est qu’un îlot de rochers de grès horizontaux émergeant de 4 à 6 mètres, et d’une altitude de 591 mètres.

Sur tout le parcours les grès horizontaux dominent et la roche ferrugineuse n’existe réellement que sur les parties culminantes du plateau. Partout ailleurs on la rencontre en petites masses épargnées par le ravinement et en contact visible avec la roche sous-jacente. Son épaisseur reste faible et dès qu’on quitte les parties culminantes on rencontre les grès horizontaux.

De Ndélé au Kaga Bongolo les grès horizontaux reposent sur des gneiss et des granites (gneiss granitoïde, granite et gneiss à grands cristaux) qui apparaissent à Goumba dans l’échancrure des ruisseaux M’Bélégué et Yofo (174, 175, p. 682 et 673).

Fig. 104. — Le kaga Sibi.

Après le Kaga Bongolo, au pied de la grande falaise, de vagues indications permettent de supposer que la roche granitique n’est pas très éloignée, mais aucun fait positif n’a été remarqué à ce sujet. A Ndélé, les grès horizontaux reposent sur des roches dont il a été parlé plus haut.

Dans l’intervalle qui sépare le Kaga Diffili de la rivière Tété (7km,500 environ) on rencontre d’abord un affleurement quartzeux en couches minces verticales, de 1 à 5 centimètres d’épaisseur et ayant une direction E.-O. Plus loin on rencontre les quartzites ayant une direction N. 25° E. et une pente vers l’O. de 80°.

Le circuit se ferme au Tété sur le circuit précédent.

Ndélé-Mamoun. — Du village de Golo, après avoir gravi le flanc de la colline dont la base est granitique on circule sur les grès horizontaux jusqu’à l’échancrure de Mansaka. Aux approches de cette échancrure la couche des grès horizontaux s’amincit et laisse voir çà et là les quartzites qui apparaissent nettement au sommet de la colline O. de l’échancrure. Là, les couches ont une direction N. E. avec une pente au S.-E. de 40 à 45°.

On retrouve les mêmes quartzites : Dans les collines de Djalmada avec des directions E. 15° N. et E. 20° N. et des pentes vers le S. variant entre 50 et 70° ; à Ndélou, direction O. 35° E. avec pente vers le S. de 25°, S. 20° O. avec pente vers l’O. de 45° ; à Akoulousoulba direction N.-E. et pente au S.-E., direction E. 10° S. et pente vers le S. Ces quartzites ont reçu la roche ferrugineuse. Cette roche dans beaucoup d’endroits n’existe plus que dans les interstices et cavités des quartzites.

Dans la colline qui sépare les villages de Dankounga et Djalmada on rencontre quelques blocs isolés de gneiss amphibolique et accidentellement dans les quartzites du grès avec fer oligiste. On rencontre encore du gneiss en fragments isolés non en place à Ndélou et à Akoulousoulba.

A Akoulousoulba, la texture des quartzites devient grossière et ces roches présentent de grands espaces aplanis par la désagrégation, espaces desquels émergent des couches plus compactes.

Les derniers affleurements de ce genre ont été rencontrés entre le Tété et la Moussoubourta recouverts par la roche ferrugineuse.

Entre Golo et Mansaka l’altitude du plateau se maintient entre 719 et 767 mètres. Après Mansaka où disparaissent les grès horizontaux les altitudes diminuent insensiblement jusqu’au Tété où l’on entre dans une vaste plaine d’une altitude variant entre 471 et 498 mètres, dans laquelle circulent les rivières Tété, Moussoubourta, Boungoul, Diahap ou Mindja, Koumara, Mamoun et Bahap. Toutes ces rivières sont réunies entre elles par des bras marécageux que l’on peut supposer nombreux et dont quelques-uns ont été reconnus.

Cette disposition semble indiquer qu’une vaste dépression existait autrefois dans cet endroit, dépression aujourd’hui comblée par des dépôts alluvionnaires et dans laquelle venaient se jeter un certain nombre de cours d’eau dont quelques-uns, le Tété, la Moussoubourta, le Boungoul et le Diahap, ont été reconnus.

Les parties basses de la grande plaine actuelle sont inondées à la saison des pluies et deviennent impraticables. La largeur des dépressions proprement dites, c’est-à-dire des lits plus ou moins anciens dans lesquels circulent les cours d’eau, sont : Pour le Tété et la Moussoubourta de 1500 à 2000 mètres ; pour le Koumara-Bahap-Mamoun de 4,500 à 5,000 mètres à l’endroit où ces trois cours d’eau se réunissent.

Dans les parties basses, argileuses ou parfois argilo-sablonneuses, on rencontre çà et là à la surface du sol des concrétions calcaires.

Ndélé-Télé (région montueuse du Kouti).

A peu de distance de Ndélé on entre dans la région montueuse du Kouti et jusqu’à Télé, village situé à l’extrémité O. de cette région (80 kilomètres à vol d’oiseau O.-N.-O. de Ndélé), la piste franchit une série interminable de vallons et de collines rocheuses de faible altitude, à Télé on entre dans la plaine du Bangoran.

Fig. 105. — Les quartzites du Kouti.

A part quelques points culminants d’une altitude un peu supérieure, les collines restent à une altitude variant entre 570 et 685, la plaine au pied étant à 470 à Télé.

Tout le massif montueux traversé est constitué par des quartzites micacés ou non, dans lesquels on rencontre un peu de gneiss.

Ces quartzites sont en général inclinés avec pentes très fortes, souvent verticaux, et dans quelques endroits à stratification bouleversée. Leur structure varie du grossier au compact, mais les couches compactes dominent et constituent des affleurements saillants.

La roche ferrugineuse en forme continue est l’exception, elle n’existe ainsi qu’en de rares endroits du parcours. Partout ailleurs elle est disparue et on ne la rencontre que dans les cavités et les interstices des quartzites.

L’ordre successif des principales observations sur la stratification est le suivant :

Village de Koubou. — Direction N. 15° E., pente 60° vers l’E.

Ruisseau Kiokioro. — Dans le vallon, on rencontre un petit affleurement de gneiss amphibolique (208, p. 686), de chaque côté de cet affleurement existent des quartzites dont la stratification est verticale avec une direction E. 25° N.

Entre le ruisseau Pendé et le ruisseau Miadigui. — Stratification verticale et direction S.-O.

Entre le ruisseau Miadigui et le Kaga Batolo. — Direction O. 30° S., avec pente vers le N.-O. de 60°.

Kaga Batolo. — Direction E. 20° N. avec pente vers le N. de 60°.

Entre le ruisseau Yofo et le ruisseau Soukoumba. — Direction O. 20° N. avec pente vers le N. de 60°.

Ruisseau Mandza. — Direction N.-S., avec pente à l’E. de 40°.

Entre les villages Kourou et Télé.

Stratification bouleversée.

Direction S. 35° O., pente vers le N.-O. de 30°.

 —   —  stratification verticale.

 —   —  pente vers le S.-E. de 60°.

 —  O. 35° S., pente vers le S.-E. de 20°.

Village de Télé. — Direction S. 35° O., pente vers le N. de 25°.

Collines au N. de Télé. — Direction S.-O., pente au N.-E. de 40° (216, p. 689).

Collines au S. de Télé. — Direction S. 25° O., pente vers le N.-O., de 25°.

Nota. — Toutes les pentes sont perpendiculaires aux directions et l’indication, pente vers l’E. ou l’O., indique seulement le point cardinal vers lequel la pente est inclinée.

Résumé. — En résumé les formations géologiques de la région de Ndellé sont les suivantes :

1o Les roches granitiques représentées par un granite à grain fin et un gneiss granitoïde, par le gneiss à grands cristaux et le gneiss ordinaire, par des aplites et des pegmatites.

2o Les quartzites plus ou moins micacés ayant subi dans certains endroits l’influence de roches éruptives.

Des dykes de norite et de gabbro ayant traversé ces quartzites.

2o Les roches précédentes désagrégées et ravinées par les érosions ont reçu les grès horizontaux qui après avoir rempli les dépressions ont constitué sur ces roches une couche épaisse. Aucune découverte n’ayant permis de déterminer l’âge de ces grès on ne peut que les assimiler par analogie de gisement en couches horizontales à ceux du Karoo.

4o Les grès horizontaux désagrégés et leurs éléments entraînés, les roches sous-jacentes ont reparu dans beaucoup d’endroits. La roche ferrugineuse (latérite remaniée) fait alors son apparition, comblant les dépressions et recouvrant ensuite le tout.

5o La désagrégation attaquant la roche ferrugineuse à son tour, les ravinements ont fait reparaître les autres roches, et dans l’état actuel, elle est arrivée dans beaucoup d’endroits jusqu’au contact primitif de la roche ferrugineuse avec les quartzites et les grès horizontaux.

Boungoul, Bahr-Salamat et Lac Iro.

Le Boungoul se jette dans le Bamingui (Bahr-el-Abiod) à Fort-Archambault, un bras secondaire à 3 kilomètres en aval du poste, et le bras principal actuel à 11 kilomètres environ à vol d’oiseau.

Si on donne la dénomination de Chari au cours d’eau résultant de la réunion du Bamingui et du Bahr-Sara, le Bahr-Salamat se jette dans le Chari à 49 kilomètres environ à vol d’oiseau, en aval de Fort-Archambault.

Au voisinage du Chari, le Bahr-Salamat a rencontré des affleurements granitiques (granite porphyroïde) qui ont fait dévier le cours du Chari vers le N.-N.-E., et s’est frayé un passage dans ces roches en formant un delta assez étendu.

Le granite porphyroïde se présente dans le lit du Chari et dans celui du Bahr-Salamat en masses arrondies et plus ou moins décomposées ces masses sont sillonnées de filons d’aplite.

Auprès de la branche principale actuelle (juin 1903), du Bahr-Salamat et à un kilomètre environ du Chari, on rencontre un rocher qui n’est qu’un fragment des grès horizontaux de structure plus compacte et qui a résisté à l’érosion. Ce rocher mesure de 50 à 60 mètres de hauteur, de 15 à 20 mètres de largeur et 8 à 10 mètres de hauteur.

L’extrémité E. forme un chaos dans lequel on ne remarque aucune trace bien nette de stratification. A la partie inférieure de l’extrémité O., les galets roulés quartzeux que la roche contient sont en lits horizontaux. Si on monte sur le rocher, on remarque dans la masse une sorte d’alignement dont la direction est O. 10° N. Ce curieux rocher constitue un témoin de la continuité des grès horizontaux dans une direction O.-N.-O. de l’éperon de Ndélé, dont il est aujourd’hui séparé par une distance de 270 kilomètres à vol d’oiseau.

Entre le Boungoul et le Bahr-Salamat existe un plateau argilo-sablonneux de 30 à 60 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la plaine, et de 15 à 18 kilomètres de largeur, auquel on accède par une pente très douce. Ce plateau qui s’atténue sur la plaine marécageuse de la rive droite du Chari et à 25 kilomètres environ à vol d’oiseau du cours d’eau, se prolonge vers l’E.-N.-E. A 70 kilomètres environ, il est interrompu par la trouée de la Mindja M’Banga qui aboutit d’un côté au Boungoul et de l’autre au Bahr-Salamat.

A l’extrémité E. du plateau, avant la trouée de la Mindja M’Banga, la roche ferrugineuse apparaît en plusieurs endroits en couche continue à la surface du sol. Sur l’autre partie du plateau après la trouée, elle apparaît en blocs isolés.

On peut considérer ce plateau, dont la direction générale est sensiblement parallèle à celle du cours du Bahr-Salamat, comme ce qui reste de la surface de la plaine primitive, dans laquelle au moment du retrait des eaux le Bahr-Salamat a creusé son lit. La plaine actuelle dans laquelle circule cette rivière est limitée au S. par ce plateau et au N. par les premiers mamelons et les premières ondulations d’une région à affleurements granitiques qui s’étend jusqu’aux monts Guérés.

Les affleurements de granite apparaissent sur la rive droite, soit en mamelons rocheux comme Sakoura et Karou (252, p. 673), soit en rochers disséminés comme à Mali (250, p. 673). Le granite de Mali est sillonné de filons d’aplite et les rochers ont de 10 à 15 mètres de hauteur.

Entre le lac Iro et le Bahr-Salamat à peu de distance de cette rivière émergent les mamelons rocheux de Bagolo constitués aussi par du granite.

Confluent Bamingui-Gribingui et rivière Gribingui (Hautes-eaux)[544].

En aval du confluent on rencontre un affleurement quartzeux barrant la rivière et émergeant le long de la rive gauche, la direction de cet affleurement est O. 15° N.

En amont du confluent, le granite apparaît barrant le Gribingui sur un parcours d’environ 5 kilomètres à vol d’oiseau et occasionnant des rapides assez dangereux, rapides que l’on retrouve avec la même cause sur le Bamingui (261, p. 673).

Sur le Gribingui à l’extrémité S. de l’affleurement granitique apparaît une aplite en décomposition dont la partie ténue est du Kaolin.

A 54 kilomètres environ à vol d’oiseau en amont du confluent se dresse, sur la rive droite, une grande falaise rocheuse constituée par un agrégat sans cohésion composé de menus fragments quartzeux cimentés par un ciment argilo-ferrugineux. Il faut considérer cette roche comme une forme particulière de la roche ferrugineuse. Elle contient, irrégulièrement disséminées et en tout sens, de nombreuses gaines ferrugineuses sub-cylindriques, creuses, de 20 millimètres environ de diamètre intérieur et atteignant une certaine longueur.

Enfin à Finda, poste situé à 64 kilomètres environ à vol d’oiseau en aval de Fort-Crampel, on rencontre des fragments de diabase en décomposition.

Niellims

Les masses rocheuses des Niellims sont constituées par un granite porphyroïde à grands cristaux d’orthose, passant en plusieurs endroits à un granite ordinaire (231, p. 674). On y rencontre aussi des filons d’aplite.

Puits de Oulgou (30 kilomètres environ à vol d’oiseau O.S.O. des Niellims), profondeur de 10 à 11 mètres.

0m,50. — Petits nodules ferrugineux, formation actuelle, couche manquant souvent.
1m,50. — Terre végétale mêlée d’argile grise et de quelques petits galets.
4m,00. — Argile grisâtre mêlée d’agglomérats ferrugineux (ordinairement exploités), caverneux, de petits galets disséminés dans l’argile et d’oolithes ferrugineuses disséminées. Ces oolithes sont parfois réunies en petits agrégats ferrugineux exploités. Ce serait à la base de cette couche que le Dr Decorse aurait observé en un puits une couche compacte épaisse de 0m,30 de fer oolithique.
5m,00. — Argile gris-jaunâtre avec grains ténus de quartz et petits cailloux ferrugineux disséminés.
11m,00.

Groupe de Korbol.

Le granite de (346A, p. 673) Korbol est traversé par un filon de microgranite à microcline (285, 347, 349, 355, p. 677). Ce microgranite est à structure ordinaire ou à structure porphyrique. Dans le granite on rencontre aussi des filons d’aplite et des rognons de pegmatite.

Groupe Djember-Mandéré.

Au delà de Korbol, vers le N.-E. et le N., la région de Djember-Mandéré est caractérisée par du granite ordinaire, du gneiss et du granite porphyroïde.

Koli.

A Koli on rencontre un affleurement de granite de couleur rougeâtre (340, p. 673)

Groupe de l’ancien lac Baro dans le Dar-el-Hadjer (Pays des roches).

A l’E. du Tchad, à 200 kilomètres environ, on rencontre un groupe granitique important et cette région a été nommée par les indigènes Dar-el-Hadjer (Pays des roches). Les principaux affleurements sont groupés autour d’une dépression qui constituait autrefois le lac Baro, lac aujourd’hui asséché. Du S. au N. le groupe s’étend d’Ardèbe à la lagune de Rédéma, c’est-à-dire sur un parcours d’environ 125 kilomètres. Les granites de ce groupe sont fréquemment porphyroïdes. Ils contiennent aussi des filons d’aplite et des pegmatites (305, 342, 413, 114, p. 674).

Lac Fittri.

Le granite affleure à Yao au N. du lac Fittri (410, p. 674). A 24 kilomètres environ au sud de ce lac on rencontre un affleurement de porphyrite (p. 680).

Groupe de Hadjer-el-Hamis.

Les rochers de Hadjer-el-Hamis sont constitués par une rhyolite verdâtre dans la pâte de laquelle sont disséminés de nombreux cristaux de feldspath et de quartz.

Monts Guérés.

L’administration locale n’ayant pas cru devoir fournir à la mission les moyens de se rendre dans cette région, les deux échantillons recueillis proviennent de Djongoro et sont dus à l’obligeance de M. le capitaine Dujour alors lieutenant. Le premier est un granite porphyroïde et le second une syénite à pyroxène.

Les terrains du Kanem.

Dans l’ensemble de la partie du Kanem visitée par la mission, on remarque partout de l’argile calcaire ou non calcaire et du tuf calcaire (Ngouri, Mondo, Clitoua).

L’étude des échantillons de Mondo montre qu’ils contiennent un grand nombre de diatomées, 32 espèces ou variétés dans le tuf calcaire et 9 espèces dans l’argile. Ces diatomées ont été étudiées par M. Paul Petit. Ils contiennent en outre du quartz et du feldspath (dont du microcline en fragments déterminables).

A Clitoua, le tuf calcaire contient de nombreux fragments d’Arundo fragmites.

Au delà du Bahr-el-Ghazal, à la lagune de Rédéma, située à 120 kilomètres environ à vol d’oiseau à l’E.S.E. de Clitoua, on rencontre également de l’argile calcaire. Cette argile contient en abondance des coquilles fossiles de Mélanies. La mission a trouvé en outre au même endroit des débris fossilisés d’ossements de tortue.

Les sels de la région du Tchad[545].

On peut considérer le Tchad comme la limite méridionale d’une vaste région du centre africain dans laquelle abondent les sols alcalins. Cette région s’étend au nord jusqu’à Bilma (18° 30 de lat. et 11° de long.) à l’ouest jusqu’à Agadès (17° de lat. et 6° de long.), et à l’est jusqu’au Dar Ouara (18° de lat. et 20° de long.).

Les deux principaux gisements alcalins sont : 1o Le gisement de l’oasis de Bilma qui approvisionne l’Aïr (Agadès), une partie des contrées situées au nord de cette région, le Damergou et une partie du Bornou ;

2o Le gisement du Dar Ouara qui approvisionne le Borkou, le Thibesti, le Ouadaï et le Baguirmi.

Gisement de Bilma. — Le Kaouar dont fait partie l’oasis de Bilma fut visité en 1822 par Oudney, Denham et Clapperton ; en 1855 par Barth, en 1866, par G. Rohlfs, en 1870 par Nachtigal et 1892 par Monteil. Ce gisement était déjà connu au XIIe siècle car Edrisi parle du trafic de l’alun dans la vallée du Kaouar et ce qu’il a dit se rapporte vraisemblablement au commerce du sel. Selon Barth ce gisement fournit deux espècees de sel, le sel en pains ayant un goût amer, et un autre sel plus fin pouvant être utilisé par les Européens.

Des échantillons rapportés par M. Foureau et provenant de ce gisement, les uns sont constitués par du sulfate de soude ne renfermant que 12 0/0 de chlorure de sodium, et d’autres ne sont qu’un mélange (presque à parties égales) de carbonate (trona) et de sulfate de soude[546].

Gisement du Dar Ouara. — D’après les échantillons que la mission a pu se procurer, échantillons qui sont étudiés pour la première fois, ce gisement fournit trois espèces de sel : 1o Du sel gemme que l’on trouve dans un endroit appelé Toro ou Tourou (Tourkéchi), en couches stratifiées dans le lit du rahat (étang) Saraf, où il n’y a de l’eau qu’à la saison des pluies. En saison sèche on creuse le sol à 0m40 ou 0m50 de profondeur et l’on recueille la roche par petits blocs de 8 à 12 centimètres d’épaisseur, jamais en tables comme à Taodénit (grand gisement situé à 575 kilomètres environ à vol d’oiseau au N. de Tombouctou). C’est un sel à grands cristaux renfermant beaucoup de sulfate de magnésie (épsomite) qui s’effleurit à l’air sec.

2o Un sel gemme impur, en fragments de couleur rougeâtre, contenant près de 50 0/0 de matières terreuses ou siliceuses et même des menus galets roulés. On le trouve dans un endroit qui s’appelle Ouadi Démi ou Démé, endroit qui appartient aux arabes Mohamid du Dar Ouara et qui est situé à l’E. du Toro ou Tourou.

3o Le même endroit (Ouadi Démi) fournit aussi le minéral désigné vulgairement sous le nom de natron et qui est constitué par l’espèce minérale le trona (3 Na²O, 4CO², 5H²O).

Le trona du Dar Ouara constitue une véritable roche et offre la plus grande ressemblance avec celui des lacs Natron (Egypte). Il est débité par les indigènes en morceaux tabulaires de 6 à 8 centimètres d’épaisseur, de couleur gris-jaunâtre, à structure caverneuse. Leur cassure montre qu’ils sont constitués par des cristaux monocliniques allongés suivant ph¹ (001) (100) et possédant un clivage facile suivant p, à éclat vitreux très vif. Ces cristaux de longueur inégale atteignent 20 à 25 millimètres de longueur. Ils se groupent en agrégats fibro-bacillaires terminés par des pointements aigus, libres dans les cavités de la roche ou engagés dans de l’argile ; leurs faces sont trop arrondies pour pouvoir être mesurées exactement. Il existe parfois une seconde génération de cristaux plus petits, implantés sur les premiers, ou constituant des masses blanches à texture très lâche, qui remplissent leurs intervalles : on peut y constater l’aplatissement des cristaux suivant a¹ (101).

Le Borkou et le Dar Ouara dépendent actuellement du Ouadaï, le Tibesti appartient au Fezzan.

Gisement d’Agadès. — Agadès fut visitée par Barth en 1850 et d’après ce voyageur on recueille du natron un peu au N.E. de cette ville et les grès sont saturés de sel. Elle fut de nouveau visitée en 1899 par la mission Foureau-Lamy qui rapporta de ce point des échantillons de natron provenant de Bilma et du sel brun d’Imgal[547].

Pays des Krédas. — Le pays des Krédas, nommés aussi Gouranes, traversé par le Bahr-el-Ghazal, est situé à l’E. du Tchad (14° environ de latitude et 15° de longitude). D’après des renseignements recueillis par la mission, dans ce pays, une région nommée Sagarda renferme aussi du trona en grandes tables, mais, au dire des indigènes, il n’existe pas de sel gemme. Dans cette même région on rencontre le calcaire sous forme de roches affleurant à la surface du sol.

Lagune de Rédéma. — A 200 kilomètres environ à l’E. du Tchad, au sud du pays des Krédas, on rencontre la lagune de Rédéma qui est en relations avec le Bahr-el-Ghazal. L’eau de cette lagune est alcaline et après évaporation il reste sur le sol une croûte de 5 millimètres d’épaisseur que les indigènes appellent natron, renfermant surtout du chlorure de sodium avec du carbonate de chaux et un peu de carbonate et de sulfate de soude. C’est la terre qui laisse suinter le natron, disent les indigènes, plus on en recueille et plus il en pousse, ce sel est contenu dans la terre et rien ne saurait appauvrir celle-ci. Il faut creuser à une brasse pour obtenir de l’eau, et dès que la couche est atteinte, le liquide s’élève constamment presque jusqu’au niveau du sol.

L’eau est claire et fortement alcaline.

Lac Tchad. — Les environs immédiats de la partie E. et N.-E. du Tchad sont caractérisés par une série de bassins alcalins ou de lagunes alcalines communiquant plus ou moins avec le lac au moment de la crue (La crue de l’hivernage élève le niveau du Tchad de 0m,70 dans une année de pluie moyenne) et s’asséchant pendant la saison sèche en abandonnant à la surface du sol des croûtes alcalines. Les terres des talus des canaux ou lagunes sont aussi fortement alcalines.

Une des lagunes qui a été particulièrement étudiée est celle de Grand-Baissé située à 60 kilomètres environ du Tchad. Au moment de l’assèchement de cette lagune, les premières croûtes cristallines qui se forment sur les bords sont essentiellement constituées par du carbonate de soude (trona). Plus bas, il se forme une croûte constituée par un mélange de carbonate et de sulfate de soude (thénardite) avec des traces de chlorure de sodium. Des échantillons de cette croûte emballés dans un tonnelet étanche ont fourni par cristallisation secondaire, au cours du voyage de retour, des nodules de mirabilite qui s’efflorissaient rapidement à l’air sec et tombaient en poussière. Quand les eaux deviennent plus basses encore, la croûte qui se forme est surtout constituée par du sulfate de soude.

Un échantillon d’eau de la lagune de Grand-Baissé a été rapporté. L’analyse faite par M. A. Hébert[548] a montré que cette eau contenait 11,94 d’acide sulfurique, 10,30 de soude, 0,49 de chlore, 1,74 de potasse, avec traces de chaux et de magnésie.

Bédanga. — Comme dernier renseignement ajoutons que l’eau du puits du poste de Bédanga (345 kilomètres environ à vol d’oiseau au S.E. du Tchad) est alcaline.

Considérations générales. — En résumé le Tchad constitue une cuvette recevant les eaux d’un bassin particulier et où ces eaux viennent s’évaporer en abandonnant sur le pourtour du lac les principes alcalins qu’elles contiennent, soit pour les avoir dissous du sol alcalin de la plaine, soit provenant de très loin.

Les sols de Mandjaffa (190 kilomètres environ à vol d’oiseau du Tchad) et de Bousso (330 kilomètres environ à vol d’oiseau du Tchad), postes situés sur le Chari, sont sodiques, mais, ainsi qu’il résulte des analyses de M. A. Hébert, le sol de la galerie forestière du ruisseau Boro, au S.E. de Ndélé, c’est-à-dire à l’extrême limite du bassin (810 kilomètres du Tchad), contient une notable proportion de soude.

Il paraît difficile de rattacher les gisements alcalins de la région du Tchad, formant aujourd’hui un bassin spécial, aux autres gisements disséminés dans toute la partie de l’Afrique située au N. de la 20e parallèle. On ne peut que constater qu’il existe au Tchad du carbonate de soude, du sulfate de soude et du carbonate de chaux.

Dans d’autres régions le carbonate de soude se formant par la réaction du chlorure de sodium sur le carbonate de chaux, on peut supposer que le chlorure de sodium existe disséminé dans le sous-sol de la plaine.

En outre nous pensons qu’il y a lieu de tenir compte pour la formation des carbonates de soude au Tchad, de la soude dissoute des terrains du bassin et amenée par les eaux.

A l’O. du Tchad, entre le lac et Zinder, une région alcaline a été particulièrement étudiée par M. le commandant Moll et ses collaborateurs. Les principaux centres de cette région sont Ouacha (460 kilomètres environ du Tchad), Gourselick (300 kilomètres environ du Tchad) et Adeber (120 kilomètres environ du Tchad).

En outre M. Foureau a recueilli dans les dépressions du Tchad des croûtes salines constituées par du carbonate de soude.

LES PUITS DU DAR-EL-HADJER (RÉGION ARDÈBE-GOGO)

Puits d’Ardèbe. — Le puits d’Ardèbe a une profondeur totale de 47 mètres. On y remarque les couches suivantes :

40m 7 m. — Terre noire mélangée de nombreux grains de sable.
16m,50. — Sable fin blanc jaunâtre.
15 50. — Argile blanc verdâtre prenant parfois un aspect schistoïde.
2 35. — Marne blanche. Calcaire en morceaux de la grosseur d’une noix.
2 35. — Sable blanc très fin.
2 35. — Sable grossier formé de gravats siliceux, quartz, quartzite, roche ferrugineuse, de la grosseur d’une noisette.
47m,05

Le calcaire contient des diatomées (35 espèces ou variétés)[549]. Les Navicula et les Epithemia forment le fond de ces diatomées. En outre il contient du quartz, du feldspath (dont oligoclase en fragments parfois déterminables), de la biotite, du zircon et de la magnétite.

La marne très argileuse de la même couche ne contient que quelques rares diatomées. La partie lourde des résidus de lévigation contient du quartz, du feldspath (dont microcline en fragments déterminables, de la biotite, de l’apatite, de l’ilménite et de l’hématite).

Pour expliquer la présence de ces minéraux il faut rappeler qu’il existe à Ardèbe un affleurement de granite.

Puits de Lahmeur (El Amer). — Ce puits a une profondeur totale de 33m,70. On y remarque les couches suivantes :

2m,20. — Terre noire recouverte d’un lit superficiel de sable.
9 00. — Argile grise ou blanc-verdâtre avec petites concrétions gréseuses et petits grains de quartz.
9 00. — Sable blanc très fin avec petits morceaux de quartz à angles mal arrondis.
6 75. — Marne blanchâtre.
6 75. — Sable plus ou moins grossier avec gros gravier siliceux.
33m,70

Puits de Bolo, 36m,00 de profondeur.

11m,25. — Sable grisâtre mélangé d’une très petite quantité de terre.
11 25. — Sable très blanc avec particules nombreuses de quartz en grains anguleux.
13 50. — Sable ocracé, en petits grains, friable, mélangé d’une très petite quantité d’argile.
36m,00

Puits de Reddedioum, profondeur 26m,60.

7m,15. — Sable grisâtre.
6 75. — Sable de couleur ocre.
4 50. — Sable blanc avec petits galets quartzeux.
8 20.  —   — 
26m,60

Puits de Gogo, profondeur 25 mètres.

2m,25. — Sable grisâtre.
11 25. — Sable de couleur ocre.
2 25. — Siniaka béda.
9 25.  — 
25m,00

Puits de Moziout, profondeur 28m,40.

6m,75. — Sable grisâtre avec lits alternatifs de terre végétale.
9 00. — Sable jaune ocracé assez bien agglutiné.
4 50. — Sable blanc assez fin avec petits grains de quartz et quelques petits nodules de calcaire de la grosseur d’un haricot.
8 15.  —   — 
28m,40

Puits de Kanam, profondeur 43 mètres.

33m75 4m,50. — Sable grisâtre.
11 25. — Terrain sableux assez aggloméré, d’un jaune ocracé.
6 75. — Sable fin jaune ocracé avec petits cailloux de quartz.
11 25. — Sable blanc avec petits cailloux de quartz et petits morceaux de calcaire, le plus gros de la grosseur d’une noix comme à Ardèbe.
9 25.  —   — 
43m,00

On ne peut guère tirer de conclusions de l’examen de ces couches. Un vague rapprochement existe cependant entre le puits d’Ardèbe où le calcaire existe à 40 mètres de profondeur en morceaux de la grosseur d’une noix, et celui de Kanam où l’on rencontre aussi du calcaire sous la même forme à 33m,75 de profondeur.

Le nivellement du sol n’étant pas fait, il est difficile de considérer ce vague rapprochement comme pouvant constituer un repère permettant de supposer que le calcaire existe en couche continue à cette profondeur.

Les puits étudiés se trouvent dans une région formant une dépression limitée par les affleurements granitiques du Dar-el-Hadjer et recevant trois cours d’eau, le Batha ou Ba Laïri, le Ba Bourda et le Batha du Ouadaï. Cette dépression a évidemment été comblée par les apports de ces cours d’eau et il ne reste plus du lac primitif que le petit lac Fittri.

L’OUBANGUI ENTRE BANGUI ET FORT-DE-POSSEL

Les quelques renseignements que la Mission a pu recueillir malgré les difficultés de la navigation et la hauteur des eaux sont les suivants (Les distances sont comptées en partant de Bangui et le chiffre donné n’est qu’une indication. Les directions sont orientées au N. magnétique. Le chaland a constamment suivi la rive droite).

Bangui. — Le fleuve est barré par un affleurement de quartz en couches épaisses, dans lesquelles on rencontre la roche ferrugineuse remplissant les fissures et les cavités. La direction générale des couches est celle du barrage même, c’est-à-dire N. 7° E., avec pente de 58° environ vers l’E. Dans ce barrage on rencontre un autre filon transversal de quartz avec clivages verticaux ayant l’apparence de strates de 10 à 30 centimètres d’épaisseur ; la direction de ce filon est presque perpendiculaire à celle du barrage.

Mission catholique. — Conglomérat paraissant former une couche épaisse à la surface du sol, composé de cailloux quartzeux plus ou moins roulés de 1 à 7 centimètres environ, agglutinés par un ciment ferrugineux.

Fig. 106. — Barrage de diabase entre Bangui et Fort-de-Possel.

5 kilomètres. — Conglomérat de petits cailloux quartzeux agglutinés par un ciment ferrugineux. Roches quartzeuses, blocs de roche ferrugineuse. Alternance du conglomérat et de couches d’apparence quartzeuses.

8 kilomètres. — Conglomérat de petits cailloux quartzeux agglutinés par un ciment ferrugineux. La hauteur de ce conglomérat au-dessus du niveau de l’eau était de 2 mètres (21 août 1902). Au-dessus il existe une couche d’argile de 4 mètres.

10 kilomètres. — Village de Bongasso.

13 kilomètres. — Schistes micacés, stratification ondulée, direction E. 25° N., avec pente vers le N. de 20°.

23 kilomètres. — Village de Bafourou. Schistes micacés.

29 kilomètres. — Blocs de quartzites avec fissures remplies par un ciment ferrugineux.

32 kilomètres. — Roche quartzeuse dans les cavités de laquelle existe la roche ferrugineuse.

33 kilomètres. — Village de Kika. Quartzites mélangés de roche ferrugineuse.

42 kilomètres. — Rapide de Belli. Roches stratifiées, direction E.-O., avec pente vers le S. de 65°.

45 kilomètres. — Quartzites, direction E.-O., avec pente vers le S. de 73°. Fissures remplies par la roche ferrugineuse.

50 kilomètres. — Village d’Itongo.

52 kilomètres. — Quartzites, direction E.-O., avec pente vers le S. de 77°. Fissures remplies par la roche ferrugineuse.

56 kilomètres. — Rapide de l’En-Avant. Affleurement de diabase, direction E.-O., largeur approximative de la partie visible 50 mètres. La roche contient dans les cavités quelques fragments d’un conglomérat ferrugineux avec petits cailloux roulés quartzeux de 1 à 3 centimètres, et en outre de la roche ferrugineuse scoriacée.

57 kilomètres. — Roche ferrugineuse avec fragments d’autres roches englobés.

63 kilomètres. — Rapide de l’Eléphant ou de Mokouanghai. Affleurement de diabase, direction E.-O., largeur approximative de la partie visible 40 mètres. La roche contient dans ses cavités quelques fragments d’un conglomérat ferrugineux avec galets roulés de quartz de 1 à 7 centimètres environ, et des fragments de diabase même. A la partie N. de l’affleurement on remarque la roche ferrugineuse englobant des fragments de quartz et de quartzites plus ou moins volumineux et plus ou moins roulés.

65 kilomètres. — Roches ferrugineuses et quartzeuses mélangées.

67 kilomètres. — Roche stratifiée mélangée de roche ferrugineuse, direction E.-O., avec pente vers le N. de 45 à 50°.

72 kilomètres. — Quartzites, direction E.-O., avec pente vers le S. de 30°. Fissures et cavités remplies par la roche ferrugineuse.

83 kilomètres. — Village de Oudounjié. Grès grossier, caverneux, à éléments assez fins ; au-dessus, c’est-à-dire à la surface du sol, conglomérat ferrugineux avec petits cailloux roulés. Un peu au S. de ce point roche ferrugineuse.

90 kilomètres. — Village habité par des Ouaddas. Dans la berge, à un mètre au-dessous de la surface du sol on remarque une couche de 15 à 20 centimètres d’épaisseur, humifère, contenant des coquilles d’huîtres du fleuve.

94 kilomètres. — Confluent de la Ombella.

99 kilomètres. — Factorerie de Ouadda.

110 kilomètres. — Fort-de-Possel au confluent de la Kémo.

Après le village de Oudounjié la roche ferrugineuse devient abondante et surtout en amont de la factorerie de Ouadda.

Mission catholique de Bessou. — En amont de Fort-de-Possel, à 20 kilomètres environ, à la mission de Bessou, les schistes affleurent dans le fleuve, avec une direction E. 25° N. et une pente de 12° vers le N.-O. En aval de cet affleurement existe un conglomérat ferrugineux avec cailloux roulés.

Un puits creusé auprès des bâtiments de la mission fournit les renseignements suivants :

1m,50. — Argile rouge avec blocs de conglomérat ferrugineux.
1 50. — Conglomérat ferrugineux.
2 50. — Sable ferrugineux.
2 50. — Schistes semblables à ceux du fleuve.
8 00. — Profondeur du puits.

Zangha. — (57 kilomètres environ à vol d’oiseau en amont de Fort-de-Possel). Un échantillon de quartzite micacé provenant de Zangha, a été rapporté à la Mission.

Résumé. — Entre Fort-de-Possel et Bangui, l’Oubangui a rencontré une ligne de collines provoquées par un puissant affleurement de diabase dont la direction générale est E.-O., recouvert par la roche ferrugineuse, et s’est frayé un passage dans ces collines.

Il franchit cette ligne de collines dans une direction N.E.-S.O. et au rapide de Belli prend une direction E.-O. Il s’infléchit ensuite brusquement au contact des quartzites de Kika et coule N.-S. jusqu’au voisinage de Bangui. Au contact des collines de Bangui, il s’infléchit de nouveau brusquement pour couler E.-O. et former ensuite le coude de Bangui.

PÉTROGRAPHIE

ROCHES ÉRUPTIVES
GRANITES

DESCRIPTION DES ÉCHANTILLONS TAILLÉS EN PLAQUES MINCES

17. Granite à épidote, groupe de la Tomi (auprès du poste des M’Brous).

Roche de couleur grisâtre et à grain très fin. A l’œil nu on distingue cependant les petits cristaux de feldspath et les petites lamelles de biotite.

Quartz, orthose et oligoclase damouritisés et biotite, épidote comme autre produit d’altération. Quelques rares cristaux d’oligoclase sont déterminables. Le quartz présente des extinctions roulantes[550].

Apatite et zircon.

59. Granite à pyroxène, groupe Fort-Sibut à Fort-Crampel (entre le poste de M’Pokou et celui des Ungourras).

Roche à grain fin, quartz, orthose et oligoclase damouritisés et biotite.

On remarque une certaine quantité d’augite passant au diallage. Magnétite, apatite, zircon et sphène.

61. Granite à épidote, groupe Fort-Sibut à Fort-Crampel (Dekoua).

Roche à grain fin et de couleur assez claire.

Quartz, feldspath et biotite. Les feldspaths sont damouritisés et parsemés de lamelles de muscovite souvent allongées mais en général sans orientement précis, l’oligoclase domine.

L’épidote est abondante comme autre produit secondaire, elle se présente aussi en filonnets. Elle appartient à un type ferrifère car dans les lames minces son pléochroïsme est assez accentué en jaune citron.

Apatite et zircon.

62. Granité à épidote, groupe Fort-Sibut à Fort-Crampel (poste même de Dekoua).

Même roche que la précédente sauf qu’il faut ajouter une quantité notable de microcline très peu altéré et du rutile. Pas d’apatite.

109. Granite des Kagas Djé.

Granite ordinaire dans lequel les feldspaths sont un peu damouritisés.

Le quartz est parfois vermiculé. Les feldspaths sont le microcline, l’oligoclase et l’orthose. L’oligoclase englobe parfois le microcline. A la biotite il faut ajouter un peu de muscovite et un peu d’augite mais rare.

Magnétite, apatite et zircon.

110. Gneiss amphibolique et pyroxénique en enclave dans le granite précédent.

Dans ce gneiss l’élément dominant est la hornblende qui est pléochroïque en vert pâle brunâtre suivant Np et en vert sale suivant Ng. Comme feldspaths l’oligoclase avec un peu d’orthose. Le quartz est peu abondant. On remarque en outre un peu d’augite.

Apatite et magnétite.

111. Gneiss (rognon zoné dans le granite précédent).

Quartz, oligoclase et orthose, biotite abondante, un peu de muscovite.

Magnétite, zircon, apatite.

116. Aplite, filons dans les granites porphyroïdes des Kagas de Balidja.

Roche de couleur rosâtre. Le microcline domine, l’orthose et l’oligoclase sont damouritisés. Quartz, un peu de biotite et de muscovite.

Magnétite, apatite et zircon.

119. Granite amphibolique accidentel dans les granites des Kagas de Balidja.

Ce granite est à grain fin et à la biotite il faut ajouter une notable quantité de hornblende. Les feldspaths, orthose, oligoclase et microcline sont un peu damouritisés. Le quartz existe aussi à l’état vermiculé.

Apatite, zircon, ilménite, sphène, calcite.

126. Granite en filon sillonnant les mamelons après le Kaga Batolo.

Roche compacte de couleur rosâtre. Les feldspaths sont le microcline, l’oligoclase et l’orthose, ces deux derniers damouritisés. Le quartz est parfois vermiculé. A la biotite assez disséminée il faut ajouter de la muscovite.

Magnétite, apatite, zircon, calcite et chlorite.

124. Microcline du Kaga Batolo.

Les cristaux provenant des pegmatites du Kaga Batolo contiennent de nombreux filonnets d’albite un peu damouritisée et parsemée de vermicules de quartz.

127. Aplite en filon de Djigangou.

Le quartz est en grands cristaux contenant de longues et fines inclusions de rutile, en plages de cristaux plus petits et parfois sous la forme vermiculée. En outre des vermiculisations de quartz parsèment les feldspaths, les cristaux qui les constituent sont parfois allongés et orientés et le groupement passe alors à la micropegmatite.

Les feldspaths sont l’orthose, l’oligoclase et le microcline. La roche contient en outre un peu de biotite.

Minéraux accessoires, magnétite et zircon.

A l’œil nu le quartz tranche nettement sur la pâte feldspathique de la roche.

151. Aplite des mamelons du poste de Ndélé.

Roche de couleur rougeâtre et d’aspect gneissique. La coloration est due à l’abondance de feldspaths roses, ces feldspaths sont damouritisés.

Elle est composée d’oligoclase, d’orthose, de quartz et de rare muscovite.

Un peu de magnétite et de calcite.

192. Aplite (avec feldspaths altérés) des mêmes mamelons.

Roche compacte dans laquelle abondent les feldspaths de couleur rose très chargés en inclusions et damouritisés.

Le feldspath dominant est l’orthose avec association microperthitique d’anorthose. Un peu d’oligoclase.

Le quartz est assez abondant, il existe aussi à l’état secondaire en plages ou en filonnets traversant la roche.

On remarque un peu de muscovite et de magnétite.

La calcite est abondante et forme souvent des filonnets ; il faut ajouter un peu de chlorite.

175. Granite de Goumba (pays de Senoussi).

Roche à grain fin et de couleur blanchâtre.

Oligoclase et microcline un peu damouritisés, quartz et biotite. Un peu de muscovite et du zircon.

250. Granite de Mali (Lac Iro).

Roche à grain fin et de couleur rosâtre dans laquelle le biotite est de couleur vert foncé.

Les feldspaths sont le microcline avec association micropertithique d’albite et l’oligoclase, ce dernier damouritisé, l’altération étant souvent au centre des cristaux. Quartz ordinaire et vermiculisation de quartz dans le microcline.

La biotite est pléochroïque dans les teintes brunes ou vertes et on a suivant Ng, brun clair ou brun verdâtre et suivant Np, vert ou vert sale. La roche contient en outre un peu d’augite et de hornblende. Comme autres éléments : Ilménite, sphène, zircon et allanite. Epidote.

252. Granite des mamelons Karou (Lac Iro).

Roche de couleur blanche à grain fin. Quartz, orthose, oligoclase et biotite. Un peu de muscovite. Le quartz est assez abondant sous la forme vermiculée.

Un peu d’apatite.

261. Granite des rapides du Gribingui.

Quartz, microcline, oligoclase et biotite. Un peu de muscovite. Les feldspaths sont un peu damouritisés et on remarque un peu de quartz vermiculé.

Magnétite et zircon.

346A. Granite de Korbol.

Roche de couleur rosâtre. Quartz, microcline avec association microperthitique d’albite, oligoclase un peu damouritisé et biotite. On remarque en outre un peu d’augite.

Magnétite, zircon, apatite.

340. Granite à muscovite (granulite) de couleur rougeâtre.

Quartz, oligoclase, orthose et muscovite. Apatite, zircon et sphène.

La coloration rougeâtre de ce granite est due à l’hématite qui existe disséminée dans les cristaux et qui remplit les fissures et les interstices.

413. Granite à grain très fin en enclave dans le granite de Ngoura (Dar-el-Hadjer).

Quartz, microcline, biotite et un peu de muscovite. Allanite et zircon.

414. Granite de Ngoura (Dar-el-Hadjer).

Roche à grain fin et de couleur blanche. Quartz, microcline et oligoclase un peu damouritisés.

Biotite avec pléochroïsme suivant :

Ng, brun foncé ou vert sale ;

Np, brun très pâle ou vert brun pâle.

On remarque aussi un peu de muscovite.

Allanite, magnétite, zircon, sphène et un peu d’apatite.

305. Granite de Moïto (Dar-el-Hadjer).

Roche à grain fin et de couleur claire. Quartz, orthose et oligoclase damouritisés, un peu de microcline. Biotite et un peu de muscovite.

Magnétite, calcite et chlorite.

342. Granite à muscovite de Moïto (granulite) (Dar-el-Hadjer).

Roche rose dans laquelle les cristaux de quartz assez volumineux ont un aspect opalin. Microcline, oligoclase et orthose. La muscovite est assez abondante, très rare biotite.

Magnétite, zircon, apatite.

410. Granite de Yao (Lac Fittri).

Roche de couleur blanche. Quartz parfois vermiculé. Microcline, oligoclase et orthose. L’oligoclase et l’orthose sont damouritisés et contiennent parfois des vermiculisations de quartz. Biotite et un peu de muscovite.

Apatite, magnétite, sphène et zircon. Un peu d’épidote.

231. Granite des Niellims.

Quartz quelquefois vermiculé, oligoclase, orthose et microcline avec association microperthitique d’albite. Les feldspaths sont souvent damouritisés et contiennent parfois des vermiculisations de quartz.

L’orthose existe en phénocristaux et en plages, il englobe parfois l’oligoclase.

Le pléochroïsme est très intense dans la biotite, on a :

Np, brun verdâtre plus ou moins clair ;

Ng, noirâtre.

Allanite, magnétite, zircon, sphène et un peu de fluorine. Un peu de chlorite.

235. Granite à grain très fin en rognon dans le granite des Niellims.

Quartz, oligoclase et orthose damouritisés et biotite. La biotite est abondante et possède un pléochroïsme très intense dans les cristaux bien conservés. Un peu de muscovite.

Magnétite, zircon, quelques microlites allongés d’apatite, allanite.

Nota. Les grands cristaux d’orthose du granite porphyroïde des Niellims sont sillonnés de filonnets d’albite.

RÉSUMÉ

Au point de vue pétrographique. Les granites rencontrés appartiennent au type normal, à orthose (avec ou sans microcline) et oligoclase, parfois l’orthose est entièrement remplacé par le microcline. La biotite est le mica dominant, elle est parfois associée à fort peu de muscovite. Il y a lieu de signaler aussi la présence du quartz vermiculé dans les feldspaths de certains échantillons.

On observe en outre d’une façon presque constante les minéraux accessoires habituels, magnétite, apatite, zircon.

Le quartz présente presque constamment des extinctions roulantes plus ou moins bien caractérisées, résultat d’actions mécaniques subies par la roche postérieurement à sa consolidation.

Il y a lieu en outre de signaler quelques particularités intéressantes propres à certains échantillons : La présence de l’allanite primaire[551], et la grande abondance de l’épidote dans certaines régions, qui, elle, est nettement secondaire.

Comme variétés pétrographiques peu répandues je signale le granite à muscovite (granulite), et le granite à pyroxène.

Enfin certains de nos granites renferment des enclaves amphiboliques et pyroxéniques ou seulement amphiboliques, à structure grenue.

Tous nos granites ne sont pas à grain moyen et on rencontre assez fréquemment le granite porphyroïde, soit à microcline, soit à orthose. Toutes ces variétés sont traversées par des filons d’aplite remarquablement simples de composition, ou par des granites à biotite à grain fin. La pegmatite est beaucoup plus rare.

Au point de vue géologique. — Il y a lieu de distinguer deux groupes de gisements d’une importance très inégale.

Le plus important est représenté par tous les échantillons recueillis dans le pays de Senoussi entre le Koukourou et le Bangoran, ceux des rapides du Gribingui, du lac Iro, du confluent du Bahr-Salamat, des Niellims, de Korbol, de Koli, de l’ancien lac Baro (Dar-el-Hadjer) et du lac Fittri, on n’y rencontre pas d’autre roche que des granites et des granites normaux, les types basiques ne sont représentés que sous forme d’enclaves de petite étendue.

Dans le second groupe, les gisements de granites s’observent au milieu des gneiss de la région s’étendant de la Haute-Ombella à Fort-Crampel ; aussi est-il assez difficile de se décider sur l’attribution de tel ou tel échantillon soit au granite soit au gneiss, les schistes cristallins ayant selon toute vraisemblance subi l’influence propre du granite, comme dans tant d’autres régions de constitution similaire. La question est encore compliquée par l’écrasement qu’ont subi les roches de cette région, écrasement qui dans certains cas peut être considéré comme la cause du rubanement offert par certains gisements tels que celui des granites à épidote de Dekoua.

Un autre petit groupe que l’on rencontre au village de Goumba (20 kilomètres à vol d’oiseau au S. de Ndélé) offre la même particularité de rubanement que le granite à épidote de Dekoua. Les affleurements sont recouverts par les grès horizontaux et n’apparaissent que dans l’échancrure de Goumba et du ruisseau Yofo.

MICROGRANITES

DESCRIPTION DES ÉCHANTILLONS TAILLÉS EN PLAQUES MINCES

285. — Microgranite à microcline de Korbol.

Roche à cassure esquilleuse et de couleur assez sombre sur laquelle tranchent de petits cristaux porphyriques de quartz et de feldspath.

Dans une pâte microgrenue de microcline et de quartz avec un peu de biotite, sont distribués des plages plutôt que des cristaux isolés de quartz, de microcline avec association microperthitique d’albite, du grenat ainsi que des lamelles de biotite et de microcline. On remarque en outre du zircon, un peu de magnétite et de sphène.

Le microcline englobe parfois des éléments de la pâte. Certains cristaux ont continué de s’accroître après leur formation, le feldspath de la pâte a été absorbé et il est resté, dans la forme la mieux caractérisée au bord de ces cristaux, une bande de grains de quartz avec quelques lamelles de biotite disséminées.

347. — Même roche que la précédente, la biotite, au lieu de se présenter en lamelles isolées, constitue en général des nids de petites lamelles diversement orientées.

349. — Microgranite à microcline à structure porphyrique de Korbol.

Dans une pâte microgrenue de quartz, de microcline, d’oligoclase avec un peu de muscovite, sont disséminés des cristaux de quartz englobant parfois un peu de muscovite, de microcline avec association microperthitique d’albite, d’oligoclase damouritisé, de la biotite et du grenat. On remarque, en outre, de la magnétite, du sphène, du zircon, de l’allanite et de la chlorite.

355. — Même roche que la précédente, l’allanite est plus abondante, le sphène manque et on voit un peu de calcite.

RÉSUMÉ

Ce qui caractérise les microgranites de Korbol que l’on rencontre en filon dans le granite, c’est la présence du microcline qui existe en abondance dans la roche, alors que dans les autres gisements connus, le microcline n’existe qu’à l’état exceptionnel.

Les phénocristaux de quartz ne se montrent pas nettement corrodés. Leurs contours sont parfois linéaires, ou plus ou moins irréguliers, c’est-à-dire plus ou moins entamés par la pâte.

Dans le type non porphyrique le grenat est relativement abondant et très corrodé, il n’existe généralement qu’à l’état de squelette dans la pâte. Dans le type porphyrique le grenat est plus rare et ne présente pas des caractères de corrosion aussi accentués, il y a lieu en outre de signaler la présence de l’allanite dans ce type.

RHYOLITE DE HADJER-EL-HAMIS

Cette roche ayant été étudiée et décrite par M. Gentil (Documents scientifiques de la Mission Saharienne), avec les échantillons rapportés par M. Lacoin, elle ne figure ici que pour indiquer que la Mission Chari-Tchad en a rapporté de nombreux échantillons.

GABBROS ET NORITES

170. Gabbro du Vou. — Type de gabbro banal à tendance ophitique.

Fig. 107. — Schéma de l’ouralitisation du diallage du gabbro du Vou.

Plagioclases (Labrador-Bytownite) maclés suivant la loi de l’albite, de Carlsbad, et de la péricline. Diallage souvent maclé suivant h¹, avec inclusion ferrugineuse fine, titanomagnétite.

Un certain nombre de cristaux de feldspath sont déformés longitudinalement par une légère courbure.

Cette roche est intéressante à cause des modifications minéralogiques de l’ordre de celles qui se montrent dans les régions dynamo-métamorphisées, mais sans déformations structurales.

Ces modifications sont :

1o Ouralitisation (transformation du diallage en hornblende verte) par trois modes. a. — Facules irrégulières s’orientant quelquefois, ou gros grains quelquefois dentelliformes. b. — Par petits cristaux isolés distribués dans les clivages m et les plans de séparation p du diallage. c. — Par un cristal unique de hornblende, transformation toujours incomplète, gagnant de la périphérie au centre, et toujours réduite à un cadre extérieur.

Tous ces modes peuvent être réalisés ensemble et donnent alors une apparence des plus complexes.

2o Formation de grenat (grossulaire) avec formes géométriques dans les feldspaths, soit en cristaux isolés, soit plus ordinairement en bordure cristallitique quelquefois constituée entre le feldspath et le diallage ou la titanomagnétite. Cette particularité rappelle quelques cas de saussuritisation des gabbros des Alpes et aussi de la norite d’Arvieu décrite par M. Lacroix B.S. min. XIX, 1896, p. 70.

3o Formation de lamelles de biotite autour de la titanomagnétite ou dans les feldspaths, et enfin un peu de quartz secondaire.

190. Norite quartzifère de Ndélé. — Roche leucocrate à structure grenue.

Apatite, titanomagnétite, hypersthène (diallage), biotite, fort peu de hornblende verte secondaire, plagioclases ne dépassant pas l’andésine, et quartz quelquefois en vermiculisations dans la hornblende et la biotite. Les métasilicates sont presque incolores en lames minces, le pyroxène rhombique (hypersthène) se transforme en talc et en xylotile pléochroïque en jaune brun suivant ng et en jaunâtre suivant np. Feldspaths granulitiques moulés par du quartz qui par place est granitique (xénomorphe). Les minéraux colorés au moins en partie sont antérieurs aux feldspaths.

Cette roche ne saurait être confondue avec les gneiss à pyroxène et hypersthène du Kaga Bandéro. Ces derniers sont plus basiques, les métasilicates sont plus abondants et plus riches en fer (plus colorés), la hornblende est plus abondante.

En outre, les gneiss du Kaga Bandéro sont parfois vaguement rubanés.

DIABASES

Rapides de l’Oubangui, entre Bangui et Fort-de-Possel.

Rapide de l’En-Avant. — Roche à structure ophitique ouralitisée, à feldspath plagioclase et à augite en cristaux très déchiquetés ; un peu de quartz, ce minéral existe aussi en association micropegmatitique. Amphibole d’ouralitisation rare et peu pléochroïque, on a :

np verdâtre pâle un peu jaunâtre, ng verdâtre.

Un peu de biotite assez pléochroïque, on a : np brun très clair, ng brun grisâtre.

Ilménite assez abondante généralement transformée en sphène et quelquefois complètement disparue des plages de sphène.

Rapide de l’Éléphant. — Même roche que ci-dessus, il faut ajouter une notable quantité d’épidote et un peu de chlorite. L’ilménite se présente sous forme de longs bâtonnets croisés dans les plages de sphène, et a quelquefois complètement disparu de ces plages.

Porphyrite du sud du Lac Fittri.

Roche formée par une pâte microlitique d’augite et de feldspath, quartz rare, mais ce minéral existe en outre en plages micro-cristallines, irrégulières ou allongées et en filonnets.

Dans la pâte sont disséminés des phénocristaux d’augite parfois maclés suivant h′ (100).

La pyrite est abondante et on remarque encore une notable quantité d’épidote.

SCHISTES CRISTALLINS
GNEISS ET LEPTYNITES

DESCRIPTION DES ÉCHANTILLONS TAILLÉS EN PLAQUES MINCES

Gneiss ordinaires.

39. Gneiss de Koussougou (Haute-Ombella).

Dans ce gneiss le quartz est souvent vermiculé et présente des extinctions roulantes. Le feldspath dominant est le microcline, mais on trouve aussi un peu d’oligoclase. Le mica est le biotite.

Magnétite, apatite, sphène et zircon.

26. Gneiss du Kaga Bongbo (Fort-Sibut).

Oligoclase, un peu d’orthose, quartz, biotite abondante et un peu de muscovite. Grenat abondant et englobant parfois de la biotite, du zircon et du quartz.

Magnétite, un peu de sphène et d’apatite.

71. Gneiss du nouveau poste de la Nana (groupe Fort-Sibut à Fort-Crampel).

Roche à grain très fin. Quartz, oligoclase, un peu de microcline et biotite.

On remarque encore un peu de hornblende et un peu d’augite.

Apatite, magnétite, sphène et zircon.

80. Gneiss du Kaga Bandéro (Fort-Crampel).

Dans ce gneiss le quartz est très abondant et présente des extinctions roulantes, on l’observe aussi sous la forme vermiculée. Orthose, oligoclase et biotite.

Magnétite, apatite, zircon.

82. Gneiss à grands cristaux accidentel dans les gneiss du Kaga Bandéro.

Le quartz présente parfois des extinctions roulantes. Les feldspaths sont un peu damouritisés. L’oligoclase est le plus abondant et dans les grands cristaux les lamelles sont courbées. L’orthose est parsemé de quartz en association micropegmatitique. Le mica est la biotite.

Magnétite, apatite et zircon. Un peu de calcite secondaire.

270. Gneiss du Kaga Bandéro (Fort-Crampel).

Dans cette roche le quartz est très abondant et présente des extinctions roulantes. Les feldspaths sont l’oligoclase, l’orthose et du très rare microcline.

Biotite abondante.

Apatite, magnétite et zircon.

197. Gneiss glanduleux à grands cristaux de Ndélé.

Le quartz ordinaire est peu abondant et présente des extinctions roulantes. Les feldspaths orthose et oligoclase sont damouritisés, les grands cristaux ont la partie intérieure intacte et présentent une zone extérieure grenue, de couleur rougeâtre, indice de leur écrasement. L’orthose domine, il est parsemé de quartz en association micropegmatitique. Le mica est la biotite parfois parsemée aussi de quartz en association micropegmatitique. La roche contient en outre une certaine quantité de hornblende.

Magnétite, apatite et zircon. Un peu de calcite et de chlorite.

198. Gneiss à grands cristaux de Golo (Ndélé).

Roche de couleur rougeâtre, coloration due à l’abondance des feldspaths rouges.

Le quartz présente des extinctions roulantes bien caractérisées, on l’observe aussi sous la forme vermiculée et sous la forme microgrenue. Orthose, microcline et oligoclase plus ou moins damouritisés.

On a pour le pléochroïsme de la biotite Np, brun très clair, Ng, brun noirâtre
Np, brun très clair, Ng, vert

Magnétite, sphène, zircon et un peu d’allanite. Un peu de chlorite.

174. Gneiss granitoïde de Goumba.

Orthose et oligoclase un peu damouritisés, quartz présentant des extinctions roulantes, biotite et un peu de muscovite. On a pour le pléochroïsme de la biotite : Np, brun clair, Ng brun.

Zircon abondant et un peu de magnétite.

Leptynites.

6. Leptynite de la Basse-Tomi.

Dans cette leptynite le quartz domine, le feldspath le plus abondant est le microcline, on remarque aussi un peu d’oligoclase.

Le mica (biotite) est assez rare. La magnétite est abondante en petits grains visibles à l’œil nu. Un peu de zircon.

28 bis. Leptynite à microcline de Fort-Sibut.

Dans cette roche le microcline est très abondant à l’état grenu.

Le quartz englobant parfois du zircon présente des extinctions roulantes.

Biotite, un peu de muscovite. Grenat et zircon.

55. Leptynite pyroxénique (groupe de Fort-Sibut à Fort-Crampel, entre la Tomi et M’Pokou).

Roche compacte dont les principaux éléments sont le quartz, l’oligoclase, un peu de microcline et le pyroxène. Le quartz est très abondant et présente généralement des extinctions roulantes. L’augite est assez abondante, un peu d’hypersthène.

Magnétite, apatite et zircon.

269. Leptynite du Kaga Bandéro (Fort-Crampel).

Orthose, oligoclase et microcline un peu damouritisés. Quartz abondant et présentant des extinctions roulantes. Biotite et un peu de muscovite.

Magnétite, apatite, sphène et zircon. Un peu de calcite.

Types basiques.

276. Gneiss granitoïde amphibolique et pyroxénique de la rivière Kouli (affluent de la Tomi).

Dans ce gneiss la hornblende ne se présente jamais en cristaux ayant conservé des formes géométriques, elle est en général peu pléochroïque et épigénise souvent des cristaux d’augite mieux caractérisés. Le feldspath dominant est l’oligoclase, on remarque aussi un peu d’orthose.

Le mica est la biotite. Le quartz se présente parfois sous la forme vermiculée.

Magnétite, apatite, allanite et zircon.

31. Gneiss amphibolique du Kaga Do (Haute-Ombella).

Cet échantillon d’aspect granitoïde est essentiellement composé d’oligoclase, de hornblende et de quartz. Le mica manque, cependant il existe dans les clivages des blocs. On remarque de la magnétite assez abondante et de l’apatite souvent enclavée dans la hornblende. Les cristaux de hornblende n’ont jamais de contours géométriques mais ils présentent les clivages nets des sections h¹ (100) et g¹ (010) et des sections perpendiculaires à l’arête h¹g¹ (100) (010). Quelques rares cristaux plus petits présentent des contours géométriques.

33. Gneiss amphibolique en rognon dans le précédent.

Cette roche est beaucoup plus complexe que la précédente dont elle n’est d’ailleurs qu’un accident.

Le feldspath est toujours l’oligoclase, et à la hornblende il faut ajouter de l’augite et de la biotite. Le grenat est abondant.

Apatite, zircon et magnétite. Un peu de calcite.

Les cristaux d’amphibole sont très déchiquetés, ou très petits et disséminés dans une structure grenue.

20. Gneiss à pyroxène (Fort Sibut).

Le quartz présente souvent des extinctions roulantes. Le feldspath dominant est l’oligoclase, il est accompagné d’un peu de microcline. Augite, biotite et un peu de hornblende.

Magnétite assez abondante, apatite, sphène et zircon.

22. Gneiss à pyroxène à grands cristaux (Fort-Sibut).

Cette roche a l’aspect d’un granite grossier sub-porphyroïde.

L’oligoclase domine, mais on remarque aussi du microcline sous la forme grenue et en grands cristaux disséminés. Le quartz présente des extinctions roulantes et se montre parfois en grands cristaux, ces cristaux contiennent alors de longues et assez larges bandes d’inclusions liquides.

L’hypersthène est assez abondant et il faut ajouter une certaine quantité d’augite, un peu de hornblende et comme mica la biotite.

Magnétite abondante, apatite et zircon. Un peu de chlorite.

23. Gneiss pyroxénique (Fort-Sibut).

Roche compacte à cassure esquilleuse. Le quartz présente des extinctions roulantes. Le feldspath dominant est le microcline à l’état grenu, il est accompagné d’oligoclase. L’hypersthène est assez abondant avec pléochroïsme assez accentué en vert suivant Ng et en rose-brunâtre suivant Np. Le mica manque. L’apatite est abondante et quand les cristaux se présentent suivant leur allongement, ils ont très fréquemment des lignes transversales d’inclusions.

Magnétite, sphène et zircon.

85. Gneiss pyroxénique et amphibolique du Kaga Bandéro (Fort-Crampel).

Ce gneiss se présente en lentilles ou lits dans les autres gneiss.

Le quartz est comparativement peu abondant. Le feldspath est l’oligoclase qui se présente rarement sous des formes nettes, les lamelles sont souvent courbées, déformées et l’ensemble des cristaux présente des extinctions roulantes. L’augite domine et englobe parfois de l’apatite. Il faut ajouter une notable quantité d’hypersthène, de hornblende, et un peu de biotite.

Magnétite assez abondante patite.

Le pléochroïsme de l’augite est à peine sensible et on a :

Ng, vert pâle.

Nm, vert.

Np, vert.

Ng C¹ = 42° environ.

Le pléochroïsme de l’hypersthène est assez accentué et on a :

Ng, vert pâle.

Nm, jaune un peu brunâtre-clair.

Np, rose saumon.

Ng C¹ = 0.

2 E est relativement petit, ce qui indique un hypersthène très ferrifère.

84. Pyroxénite associée au gneiss précédent.

Le gneiss précédent passe dans certains endroits de la base du Kaga Bandéro à la pyroxénite.

Dans cette roche, les éléments essentiels sont l’augite, la hornblende et la biotite. L’augite domine, après vient le hornblende. Elle contient en outre un peu de quartz et un peu d’anorthite.

Zircon et apatite.

271. Gneiss pyroxénique et amphibolique du Kaga Bandéro (Fort-Crampel).

Ce gneiss se présente en lentilles ou lits dans les gneiss et leptynites.

A part quelques cristaux plus volumineux, cette roche a une structure microgrenue. Quartz, oligoclase, orthose, biotite. L’augite est assez abondante. La roche contient en outre une certaine quantité d’hypersthène et de hornblende.

Magnétite abondante, apatite et zircon.

97. Gneiss à pyroxène de l’O. du Kaga Bandéro (Fort Crampel).

Ce gneiss se présente en lits ou lentilles dans les autres gneiss.

Quartz, oligoclase, biotite et augite. L’élément le plus abondant est le feldspath, après viennent la biotite et l’augite en quantités sensiblement égales. Le quartz est relativement peu abondant.

Magnétite abondante, apatite abondante en cristaux et en microlites allongés, et zircon.

199. Gneiss amphibolique de Djalmada (Itinéraire Ndélé-Mamoun).

Quartz présentant des extinctions roulantes, oligoclase et hornblende.

La hornblende est abondante et présente souvent les clivages des sections h¹ (100) et g¹ (010) et les sections perpendiculaires à l’arête h¹g¹ (100) (010). Sphène très abondant, apatite, magnétite et un peu de zircon.

208. Gneiss amphibolique de la région montueuse du Kouti.

Quartz présentant des extinctions roulantes. L’élément principal est la hornblende. Un peu de diallage. Comme feldspath de l’oligoclase. Sphène abondant, hématite, apatite et zircon.

RÉSUMÉ

Au point de vue pétrographique. — Il y a lieu de distinguer, dans cette première partie des schistes cristallins, les gneiss normaux, les leptynites et les gneiss basiques. Toutes ces roches présentent des traces d’actions mécaniques qui se traduisent par des extinctions roulantes assez fréquentes dans le quartz et par l’altération plus rare des autres éléments et en particulier des feldspaths.

Gneiss normaux. — Roches rubanées et à grain variable mais ne devenant jamais schisteuses, à orthose (avec ou sans microcline) et oligoclase, parfois l’orthose est entièrement remplacé par le microcline. La biotite est le mica dominant, elle est très rarement accompagnée de muscovite. On observe en outre d’une façon presque constante les minéraux accessoires habituels, magnétite, apatite, zircon, et d’autres minéraux, l’un assez fréquent le sphène, le grenat et l’allanite très rares.

Il y a lieu en outre de signaler la présence du quartz en association micropegmatitique dans les feldspaths de quelques échantillons.

Leptynites. — Roches rubanées de couleur rose à grain très fin dans lesquelles le mica est plus ou moins abondant en couches minces. Les éléments sont les mêmes que dans les gneiss normaux, sauf que la muscovite est un peu plus fréquente et que le sphène est plus rare.

Types basiques. — Ces roches sont rarement rubanées, et quand le rubanement existe, il est généralement vague. Les feldspaths sont les mêmes que dans les roches précédentes, mais avec prédominance de l’oligoclase. Les éléments essentiels sont l’augite, la hornblende, la biotite et parfois l’hypersthène. Ces divers minéraux sont quelquefois réunis dans la même roche mais dans certains types la biotite manque. Dans d’autres types on ne rencontre que l’augite ou la hornblende. La proportion des minéraux colorés est variable, mais parfois elle devient considérable et il arrive même que les feldspaths viennent à disparaître complètement, la roche est alors une pyroxénite.

On remarque en outre les mêmes minéraux accessoires que dans les gneiss normaux, mais le sphène est parfois plus abondant.

Au point de vue géologique. — Les gneiss forment deux groupes. Le plus important comprend tous les échantillons recueillis dans la région s’étendant de la Haute-Ombella à Fort-Crampel. A ces gneiss sont associées des leptynites, des gneiss amphiboliques, pyroxéniques, ou amphiboliques et pyroxéniques, et en outre les granites dont il a été parlé plus haut.

Les types basiques paraissent accidentels et intercalés en lits ou lentilles dans les gneiss normaux et les leptynites, mais ce fait n’est réellement démontré qu’au Kaga Bandéro (Fort-Crampel).

Signalons enfin la présence accidentelle dans les gneiss et leptynites ci-dessus de gneiss à grands cristaux ayant souvent l’apparence d’un granite sub-porphyroïde.

Les particularités qui viennent d’être citées ne constituent rien d’anormal et se reproduisent dans des régions gneissiques françaises.

Le second groupe comprend les gneiss glanduleux à grands cristaux de Ndélé, gneiss qui ont parfois l’aspect du granite porphyroïde, et les rares gneiss ordinaires de la même région.

Les gneiss à grands cristaux sont traversés à Djigangou par un filon d’aplite.

On peut être tenté de rattacher ces gneiss au granite et de les considérer comme un granite écrasé. Mais si l’écrasement particulier des grands cristaux de feldspath autorise jusqu’à un certain point cette hypothèse, d’autres faits permettent aussi de légitimer la place de ces roches dans les gneiss. En particulier le filon d’aplite qui les traverse n’a pas subi de modifications structurelles.

Signalons enfin un autre petit groupe composé de deux échantillons de gneiss amphibolique recueillis dans les quartzites du Kouti. Le premier à Djalmada où ce gneiss n’apparaît qu’en deux points d’une étendue très restreinte, le second provenant d’un affleurement assez important interstratifié dans des quartzites dont les couches sont verticales au ruisseau Kiokioro (village de Koubou).

Quoique recueillis à 30 kilomètres environ l’un de l’autre, dans une direction respective N.E.-S.O., qui correspond sensiblement à la direction générale de la stratification des quartzites, on peut admettre qu’ils appartiennent à un même affleurement dont ils ne sont que des points isolés, car ils ont la même composition minéralogique.

QUARTZITES

DESCRIPTION DES ÉCHANTILLONS TAILLÉS EN PLAQUES MINCES

76. Quartzite micacé des chutes de la Nana.

Roche dans laquelle sont disséminées des lamelles de muscovite. On remarque aussi du zircon et un peu de magnétite.

104. Quartzite micacé à disthène et dumortiérite du Kaga M’Bra.

Roche avec muscovite assez abondante. Disthène assez abondant, très peu de dumortiérite. Magnétite, ilménite, zircon et un peu de rutile.

Le disthène constitue des cristaux très aplatis, allongés suivant l’axe vertical, mesurant souvent deux et parfois trois millimètres sur leur plus grande dimension. Ils présentent très rarement des macles microscopiques, leur couleur est le bleu verdâtre un peu pâle.

La dumortiérite est constituée par de petites baguettes faciles à reconnaître à leur pléochroïsme intense :

On a : Ng, incolore,
Nm, incolore,
Np, bleu azur,

avec maximum suivant l’axe vertical. L’allongement est de signe négatif.

105. Même roche que ci-dessus mais sans dumortiérite. Magnétite, sphène et zircon.

107. Quartzite micacé à disthène et klaprothite du Kaga M’Bra.

Roche avec muscovite assez abondante. Disthène abondant avec un peu de klaprothite. Apatite, rutile, tourmaline.

Bien que les grains de klaprothite soient très petits, leur attribution à ce minéral n’est pas douteuse. Ils possèdent une haute biréfringence et un pléochroïsme très intense :

Ng, bleu azur,

Nm, bleu azur,

Np, incolore.

La bissectrice aiguë est négative et l’angle 2 V assez grand. On n’y observe ni clivage ni macles. De petits fragments ont pu être isolés de la roche pulvérisée par un traitement à l’iodure de méthylène, puis par un triage à l’aiguille sous la loupe. Des essais microchimiques ont mis en évidence la présence de l’acide phosphorique, de l’alumine et de la magnésie.

La klaprothite est toujours en contact avec le disthène, elle est même parfois englobée par ce minéral.

216. — Quartzite micacé de Télé (Kouti).

Roche avec muscovite assez abondante, du zircon, un peu d’hématite et de tourmaline.

RÉSUMÉ

Au point de vue minéralogique. — Ces quartzites constituent les types les plus intéressants que nous ayons rencontrés. La présence de la dumortiérite et de la klaprothite est particulièrement à signaler. A l’exception du gisement de Tvedestrand en Norwège dans lequel MM. Michel Lévy et Lacroix ont trouvé la dumortiérite en inclusion dans la cordiérite, ce minéral se rencontre dans des roches granitiques. Il y a peut-être lieu cependant de faire une réserve pour la dumortiérite de Clip dans l’Arizona qui paraît se trouver comme la nôtre dans un quartzite ; mais elle est très abondante au lieu de n’y constituer qu’un élément microscopique.

Quant à la klaprothite, son gisement habituel est bien des quartzites ; mais il est rare de la trouver dans une roche uniquement à l’état de minéral microscopique.

Au point de vue géologique. — Appartenant à des régions très éloignées l’une de l’autre, les quartzites de la Nana et ceux de Télé (Kouti), présentant les mêmes caractères de gisement présentent aussi les mêmes caractères pétrographiques.

L’échantillon de la Nana provient de couches ayant une pente de 12°, et celui de Télé d’une couche ayant une pente de 40°.

Les échantillons du Kaga M’Bra quoique faisant partie de la même formation proviennent d’un endroit bouleversé dans lequel les couches comme gisement ne sont plus comparables à celles de la Nana ni de Télé. Aussi remarque-t-on dans les quartzites du Kaga M’Bra des minéraux spéciaux tels que le disthène et accessoirement de la klaprothite, et aussi, mais très rare, de la dumortiérite.

Etude faite au laboratoire de M. Lacroix, professeur de minéralogie au Muséum d’Histoire naturelle.

La collection complète des échantillons est déposée au laboratoire de géologie du Muséum d’Histoire naturelle.

[540]On a découvert des objets polis en rhyolite un peu au sud du lac Fittri, mais beaucoup plus rares que ceux confectionnés avec d’autres roches et surtout des porphyrites qui affleurent dans cette région.

[541]G. Bruel, La Région civile du Haut-Chari (La Géographie, t. V, 1902).

L. Lacoin, Observations sur la géologie du pays de l’Oubangui au Tchad (Bulletin de la Société géologique de France, 4e série, t. III, 1905).

Documents scientifiques de la Mission Saharienne, 1905.

[542]Par suite de la hauteur des eaux il est évident que certaines roches ont dû échapper aux investigations.

[543]Se reporter à la partie pétrographique, le premier chiffre indique le numéro de l’échantillon, le second la page.

[544]Par suite de la hauteur des eaux il est évident que certaines roches ont dû échapper aux investigations.

[545]Voir Comptes rendus de l’Académie des sciences, 30 janvier 1905, t. CXL.

[546]Résultats minéralogiques et géologiques de récentes explorations dans l’Afrique occidentale française et dans la région du Tchad, par A. Lacroix, membre de l’Institut, professeur au Museum, 1905, Revue Coloniale.

[547]Documents scientifiques de la Mission saharienne, 1905.

[548]Bulletin de la Société chimique de Paris, 3e série, t. XXXIII, p. 310 ; 1905.

[549]Il est vraisemblable que tous les terrains de la plaine du Tchad contiennent des diatomées.

[550]Ce caractère étant général ne sera pas reproduit dans les descriptions suivantes.

[551]Ce minéral était autrefois considéré comme très rare, mais l’étude en plaques minces au microscope a démontré qu’il était assez commun dans certains granites. M. Gentil l’a également signalé dans les granites de l’Anahef, dont la mission Foureau a rapporté des échantillons.


DIATOMÉES

Récoltées par la mission CHEVALIER, au Chari-Tchad,

DÉTERMINÉES PAR

Paul PETIT

DIATOMÉES


Quatre échantillons ont été soumis à mon examen, au point de vue de la recherche des Diatomées :

1o Trois fragments d’un calcaire provenant du puits d’Ardèbe ;

2o Deux fragments d’une marne du puits d’Ardèbe ;

3o Trois fragments d’un tuf calcaire de Mondo, no 402 ;

4o Deux fragments d’un dépôt ou Tripoli de Mondo, no 408.

Après lavages avec les acides et décantages selon les procédés employés ordinairement, les nos 1, 3 et 4 m’ont fourni des diatomées qui appartiennent toutes aux Eaux douces et plus spécialement aux Eaux courantes. Ce sont, à part quelques espèces, des Diatomées vulgaires qui se rencontrent dans les cours d’eau douce du monde entier. Les espèces rares sont les suivantes : Cymbella americana ; Navicula obtusa, var. : lata ; un autre Navicula figuré sans nom dans l’Atlas d’Ad. Schmidt ; le Surirella arcta, figuré dans le même atlas, sans diagnose ; et enfin le Stephanodiscus Astræa.

L’abondance de certaines espèces contraste avec la rareté d’autres. C’est ainsi que le Surirella arcta A. S. forme le fond des diatomées du Tuf calcaire de Mondo et que le Navicula oblonga avec les Epithemia forment le fond des diatomées du no 2 du puits d’Ardèbe.

Le Calcaire du Puits d’Ardèbe a présenté un fait assez curieux. Ayant lavé un des trois fragments, dans lequel je n’avais rencontré qu’une très petite quantité de valves de diatomées, brisées pour la plupart, comme cela arrive souvent dans les dépôts fossiles ; je fis le lavage d’un deuxième fragment. J’obtins une assez grande quantité de diatomées renfermant des espèces qui n’existaient pas dans le premier, et manquant, d’autres qui se trouvaient dans le premier. Il est évident que les fragments provenaient de roches appartenant à des couches distinctes, comme le démontre la liste que j’ai établie.

Quant à la marne du puits d’Ardèbe, elle ne renferme qu’un Cyclotella Kützingiana et ce n’est qu’après de longues recherches qu’on peut arriver à en découvrir une valve. On m’a fait observer, avec une préparation de matériaux, non lavés à l’acide, mise à l’appui, qu’il y avait des diatomées dans cette marne. Dans la dite préparation, examinée méthodiquement sans laisser un point inexploré, je n’ai trouvé qu’une seule valve de Cyclotella et un article de Gallionella. J’ai donc lavé toute la marne que je possédais, espérant avoir un résultat. La masse s’effrite complètement dans l’acide nitrique et laisse un dépôt de sable brun très abondant, qui fut lavé à l’acide sulfurique et chlorate de potasse. Le dépôt a été bien lavé et les eaux de lavage décantées avec précaution et réunies. Monté au baume et à sec le dépôt ne m’a fourni que quelques valves très rares des Diatomées indiquées ci-dessus. Il est certain que ces diatomées ont dû être apportées par le vent, en même temps que le sable et qu’elles ne forment pas un dépôt fossile.

I. — CALCAIRE PROVENANT DU PUITS D’ARDÈBE
ÉCHANTILLONS No
1 ET No 2

No 1 No 2
Gomphonema intricatum K. CC. + +
 —  subclavatum Grun. A. S. atlas, t. CCXXXVII, f. 36. CCC. + +
Les Gomphonema sont très abondants.
Amphora libyca Ehr. R. + +
Cocconema cymbiforme Ehr. C. + +
 —  lanceolatum Ehr. C. + +
Cymbella Cucumis (A. S., t. IX, fig. 21-22) Clève Nav. Diat., I, p. 165 + »
Encyonema gracile Rabenh. + »
 —  prostratum K. » +
 —  ventricosum (Ag.) Grun. + +
Epithemia ocellata K. C. + »
 —  turgida K. C. + +
 —  gibberula K. AR. + +
 —  Zebra K. R. + »
 —  Sorex K. R. » +
Rhopalodia gibba (K.) O. Müll. CC. + +
 —   —  var. : parallela Grun. AR. + +
 —   —  var. : tumida Schaar. R. » +
Navicula oblonga K. Très abondant CCC. » +
 —  limosa K. AR. + +
 —  viridis (Ehr.) K. var. : A. S. atlas, t. XLII, f. 22. RR. » +
 —  radiosa K. C. » +
 —  obtusa Ehr. var. : lata Rattr. (North Tolsta, p. 422, pl. XXIX, f. 1, 2) RR. + +
 —  æquatorialis (A. S. atlas, t. L, f. 48, sans nom et sans diagnose). Valves linéaires-elliptiques à extrémités cunéiformes arrondies ; long. 76 μ, largeur 24 μ ; area longitudinale étroite, légèrement dilatée au centre ; stries très fines, non ponctuées, 11 dans 10 μ, perpendiculaires à l’axe vers le centre et faiblement rayonnantes aux extrémités.
Je n’ai vu qu’une seule valve de cette espèce, qui n’a encore été trouvée que dans l’Orégon. » +
Mastogloïa Grevillei W. Sm. AR. + +
Surirella bifrons Ehr. + +
Cymatopleura Solea W. Sm. R. » +
Synedra Ulna (Nitzs) Ehr. C. + +
Odontidium Tabellaria W. Sm. AR. + +
Eunotia gibbosa V. H. Syn., pl. XXXV, f. 13. Long. 48 μ. R. + »
Stephanodiscus Astræa Ehr. var. : minutulus Grun. R. + +
Cyclotella Meneghiniana K. C. + +
 —  Kützingiana Thw. + +
Gallionella granulata Ehr. CC. + +
 —  distans Ehr. CC. + +
 —  crenulata Ehr. R. » +

II. — TUF CALCAIRE DE MONDO, No 402

Gomphonema intricatum Kg. CC.
Cocconema cymbiforme (Kg.) Ehr. C.
 —  lanceolatum Ehr. C.
 —  parvum W. Sm. AR.
Cymbella heteropleura Ehr. (A. S. atlas, t. IX, f. 51) R.
 —  Cucumis A. S. (ut suprà) long. 91 μ, larg. 24 AR.
 —  americana A. S. atlas, t. IX, f. 15 et 20, var. : acuta. Diagnose dans Clève Nav. Diat., I, p. 164.
 —  delecta A. S. atlas, t. IX, f. 17 et t. LXXI, f. 80. Diagnose dans Clève, l.c.
Epithemia Argus (Ehr.) K. AR.
 —  Sorex K. R.
 —  ocellata Ehr. AR.
Rhopalodia gibba (K.) O. Müll. C.
Encyonema turgidum Grun. C.
 —  prostratum (Berk) Ralfs. C.
 —  gracile Raben R.
Amphora libyca Ehr. R.
Navicula sphærophora K. R.
 —  rynchocephala K. var. : amphiceros (K.) Grun. R.
 —  viridis Nitzs. var. : commutata Grun. AC.
 —  rupestris Hantz. AR.
Stauroneis anceps Ehr. R.
Mastogloia Grevillei W. Sm. R.
Surirella arcta A. S. atlas, t. XXIII, f. 23 (sans diagnose). Valves longuement linéaires à extrémités cunéiformes et à partie centrale fortement contractée ; longueur 160 à 204 μ, plus grande largeur 35 μ 20 à 36 μ 80 ; axe longitudinal formé par une ligne ; côtes robustes, 1 1/4 dans 10 μ, atteignant l’axe longitudinal, perpendiculaires vers le centre et rayonnées vers les extrémités CCC.
Cette espèce, qui malheureusement est sous forme de fragments dans le tuf de Mondo, ne se rencontre entière que rarement dans les préparations, dont elle forme le fond. Elle est très abondante. Jusqu’ici cette espèce n’a été rencontrée que dans Demerara river et figurée par le Révérend Ad. Schmidt dans son Atlas der Diatomaceenkunde.
Cymatopleura elliptica W. Sm. et ses variétés C.
 —  Solea W. Sm. AC.
Nitzschia amphioxys W. Sm. variété : vivax AR.
 —  stagnorum Raben R.
Synedra Ulna (Nitzs.) Ehr. CC.
Stephanodiscus Astræa Ehr. var. : minutulus. Grun. R.
Cyclotella Kützingiana Thw. R.
Gallionella granulata Ehr. AC.
 —  distans Ehr. AC.

III. — TRIPOLI DE MONDO, No 408

Amphora libyca Ehr. AR.
Encyonema turgidum (Greg) AC.
Rhopalodia gibba (K.) O. Müll, variété : tumida Schaar. R.
Navicula anglica Ralfs. RR.
Odontidium Harrissonii W. Sm. R. variété minus Roper.
Cyclotella Meneghiniana K. CCC.
 —  operculata Hantz. AC. Abondants, formant le fond de la préparation.
 —  Kützingiana Thw. CC.
Gallionella distans Ehr. CC.
 —  granulata Ehr. CC.

IV. — VASE DU LAC TCHAD RÉCOLTÉE A KOUKIA

La vase du Lac offre l’aspect de la tourbe desséchée, elle ne fait pas effervescence sous l’action des acides forts, elle ne contient donc pas de carbonates calcaires. Après lavages par les procédés ordinaires, on obtient un dépôt renfermant une grande quantité de sable brun, qu’il faut éliminer pour avoir les diatomées, ce qui nécessite des lavages et des décantages longs et délicats.

Par suite d’une cause inexplicable et rare même dans les dépôts fossiles, la plus grande quantité des valves se trouve réduite à l’état de fragments, ce qui nécessite un grand nombre de préparations pour pouvoir trouver un échantillon complet et encore, sur 15 préparations, il n’a pas été possible de rencontrer une Surirella robusta entière.

Le dépôt est assez riche en Surirellées et en Naviculées ; il renferme deux espèces très rares : Navicula americana Ehr. et Navicula Perrotetii Grun. ; cette dernière a été découverte au Sénégal, et en outre une variété nouvelle très abondante de la Surirella Kittonii A. S.

Espèces rencontrées dans la vase.

  • Cocconeis Pediculus Ehr.
  • Gomphonema acuminatum Ehr. variété Turris.
  •  —  capitatum Ehr.
  •  —  gracile Ehr. variété minor Grun.
  •  —  Turris Ehr.
  • Cymbella bengalensis Grun.
  • Cocconema cymbiforme Rabh.
  • Amphora ovalis Kg.
  • Epithemia Sorex Kg.
  • Rhopalodia gibba O. Müll.
  •  —  parallela O. Müll.
  • Navicula americana Ehr. (Très rare).
  •  —  Cardinalis Ehr.
  •  —  cuspidata Kg.
  •  —  elegans W. Sm.
  •  —  elliptica Kg.
  •  —  macilenta Ehr.
  •  —  major Kg.
  •  —  Perrotetii Grun.
  •  —  viridis (Nitz.) Kg.
  • Stauroneis acuta W. Sm.
  •  —  Phœnicenteron (Nitz.) Ehr.
  • Surirella arcta A. S.
  •  —  bifrons Ehr. variété : tumida O. Müll.
  •  —  Kittoni A. S. var. nov. elliptica.
  •  —  robusta Ehr.
  •  —  tenera Greg.
  •  —   —  variété nervosa A. S.
  • Cymatopleura elliptica (de Bréb) W. Sm.
  •  —  Solea (de Bréb) W. Sm.
  • Eunotia Arcus Ehr.
  •  —  gibbosa V. Hk.
  • Himantidium pectinale Kg.
  • Stephanodiscus Astræa (Ehr) Kg.
  • Cyclotella Meneghiniana Kg.
  •  —  operculata (Ag.) Kg.
  • Gallionella crenulata Ehr.
  •  —  distans Ehr.
  •  —  granulata Ehr.
  •  —  lyrata Ehr. Variété tenuior. Grun.
  •  —  varians Ehr.

NOTE
SUR LES
COLLECTIONS D’INSECTES

rapportées par la Mission CHARI-TCHAD


ARACHNIDES, MYRIAPODES ET CRUSTACÉS

PAR

M. BOUVIER
Professeur au Muséum d’Histoire naturelle.

ARACHNIDES ET MYRIAPODES

Très nombreux sont les matériaux recueillis dans ces deux groupes, mais aucun spécialiste n’a pu encore les étudier. D’un examen sommaire de ces matériaux, on peut conclure toutefois que certaines espèces à très large distribution se trouvent constamment représentées jusqu’au centre de l’Afrique. Dans la classe des Arachnides, c’est le cas des grands Scorpions noirs, Pandinus imperator C. L. Koch et Pandinus dictator Pocock ; dans le groupe des Myriapodes de la Scolopendre géante, Scolopendra subspinipes Leach et d’une espèce plus petite, la S. morsitans L. qui remonte jusqu’en Algérie.

CRUSTACÉS

Tous les Crustacés recueillis par la mission appartiennent naturellement à la faune des eaux douces. Ils ne sont pas très nombreux en espèces, mais présentent presque tous un fort grand intérêt.

Parmi les Crevettes d’eau douce, il convient de citer deux espèces : d’abord un Palémon d’une grande taille, le Palemon macrobrachion Heiklots qui paraît identique à une espèce américaine, le P. acanthurus Wiegm., qu’on avait signalé en divers points de l’Afrique occidentale et qui fut capturé par M. Decorse à Brazzaville. En second lieu une petite espèce de la tribu des Stynier, la Caridina togoensis var. Decorsei Bouvier. Cette forme nouvelle a été découverte au cours de la mission et paraît très commune dans l’Afrique centrale et occidentale, où elle représente, peut-être à elle seule, le genre Caridina. M. Decorse l’a prise à Krebédjé, à Fort-Archambault, au Bangoran, mais on la trouve bien en dehors de ces régions centrales ; M. Chevalier vient d’en recevoir des exemplaires recueillis au Fouta-Djalon, et le Muséum du capitaine Cotte de la mission Sud-Kameroun.

Les Crabes d’eau douce ne manquent pas dans les régions tropicales, où ils sont d’ordinaire assez étroitement localisés. Parmi ceux capturés au cours de la mission, il convient de citer le Potamonautes Aubryi Edw. trouvé à Bessou, mais déjà connu dans l’Afrique occidentale. Un jeune voisin du P. Sidneyi Rathbun connu seulement dans l’Inde, et trois beaux spécimens qui tiennent à la fois du P. Johnstoni Miers et du P. perlatus Edw. Il est bon d’observer que ces exemplaires proviennent du Chari, tandis que le P. Johnstoni se trouve au Kilimandjaro et le P. perlatus dans l’Afrique méridionale.


COLÉOPTÈRES

PAR

M. Pierre LESNE
Assistant au Muséum d’Histoire naturelle.

Les collections de Coléoptères recueillies au cours de la mission Chari-Tchad sont fort riches et permettront d’entreprendre une étude approfondie de la faune des vastes régions explorées par MM. A. Chevalier et le Dr J. Decorse. La détermination de ces importants matériaux est seulement commencée, mais on peut noter dès maintenant quelques remarques qui se dégagent de leur examen sommaire.

Le caractère le plus frappant de la faune du Chari moyen et inférieur et de la région du Tchad réside dans sa grande analogie avec celle du Sénégal et du Soudan occidental. Il est assurément remarquable de retrouver communément aux environs de Fort-Archambault les espèces qui comptent aussi parmi les plus fréquentes à Saint-Louis-du-Sénégal. Tels sont les :

  • Tetragonoderus quadrum Ol. (Carabides).
  • Sternocera interrupta Ol. (Bupestides).
  • Sinoxylon senegalense Karsch (Bostrychides).
  • Thalpophila abbreviata Fabr. (Ténébrionides).
  • Entomoscelis cincta Ol. (Chrysomélides).
  • Hoplostomus fuliginosus Ol. (Cétonines).
  • Etc.

Les espèces suivantes, qui ont été recueillies en divers points du bassin moyen et inférieur du Chari, sont également sénégalaises :

  • Cicindela Dumolini Dej. (Cicindélides).
  • Luperca Goryi Guér. (Carabides).
  • Harpalus ephippium Dej. (Carabides).
  • Bradybænus scalaris Ol. (Carabides).
  • Sternocera castanea Ol. (Buprestides).
  • Bostrychopsis Reichei Mars. (Bostrychides).
  • Epicanta flavicornis Dej. (Méloïdes).
  • Rhyxiphlæa corticina Ol. (Cétonines).
  • Etc.

D’une façon générale, les affinités avec la faune du Sénégal sont particulièrement marquées dans la région même du Tchad. Plus au sud, sur le Chari inférieur et moyen apparaissent des formes paraissant propres à l’Afrique centrale, tels le Sternocera Colmanti Kerremans (Bupestides) déjà connu du Bahr-el-Ghazal, le Thalpophila reticulata Fairmaire (Ténébrionide) primitivement décrit du pays de Nyams-Nyams, un Onitis géant, apparenté à l’On. Castelnani Harold, de l’Afrique australe, etc. C’est ce mélange de formes centre-africaines avec des espèces sénégalaises en nombre prédominant qui imprime un cachet spécial à la faune des régions riveraines du Chari. Mais si l’on s’écarte du fleuve, pour pénétrer dans les pays Saras qui s’étendent à l’O. de Fort-Archambault on constate la présence dans ces contrées de types tout particuliers révélant la proximité d’un centre faunistique distinct. De remarquables espèces qui paraissent être inédites et qui appartiennent aux genres Myrmecoptera parmi les cicindélides, Anthia, Graphipterus, Pheropsophus parmi les Carabiques caractérisent notamment cette faune dar-sarienne dont on doit la découverte à M. le Dr J. Decorse.

Parmi les captures intéressantes faites par le même naturaliste il faut citer celle d’un petit carabique, le Somotrichus elevatus Fabr. dont le pays d’origine était resté jusqu’ici inconnu. L’insecte se rencontre de temps à autre dans les ports de commerce et paraît vivre à demeure dans les cales de certains navires. Sa découverte aux environs de Fort-Archambault permet d’affirmer qu’il est d’origine africaine.

Les récoltes faites sur le cours de la rivière Gribingui ont été moins fructueuses que celles effectuées dans les régions dont nous venons de parler ; mais plus au sud, au-delà de la ligne de partage des eaux entre le Chari et le Congo, sur la Kémo et ses affluents, la mission a rencontré en abondance les Cétoines du genre Gnathocera et une foule d’autres formes à affinités guinéennes prononcées, faisant pressentir la proximité de la faune gabonaise proprement dite. Il est à noter d’ailleurs que dans toute l’étendue des régions explorées dans le bassin du Chari ont été rencontrées les formes à aire de dispersion très étendues en Afrique comme les Opilo gigas Cost., Tenebrio guineensis Hid., Xystrocera nigrita Serv., etc.

En résumé, les points que met en évidence un examen rapide de l’ensemble des Coléoptères de la mission Chari-Tchad sont :

1o L’existence d’une ligne de démarcation importante au point de vue faunistique dans la région de la rivière Gribingui. Au nord de cette région les espèces sont en grande majorité soudanaises ; au sud, elles se rattachent à la faune congolaise ou à la faune guinéenne.

2o La présence, dans le bassin du Chari, de formes qui paraissent être propres à l’Afrique centrale.

3o L’existence d’une faune très spéciale, à affinités soudanaises, dans les pays Saras s’étendant à l’Ouest de Fort-Archambault.


HYMÉNOPTÈRES, ORTHOPTÈRES ET NÉVROPTÈRES

PAR

M. R. DU BUYSSON

HYMÉNOPTÈRES

Les Hyménoptères récoltés par M. A. Chevalier pendant ses voyages dans l’Afrique centrale et occidentale sont peu nombreux, mais leur diversité permet de déduire quelques renseignements sur la faune des pays où ils ont été trouvés.

Comme on le sait, les Hyménoptères vivent en général de matières sucrées provenant des nectaires des fleurs ou des miellées produites soit par les Pucerons et les Coccides, soit par les stigmates des feuilles des plantes sous l’influence de certaines conditions climatériques. Une des plus grandes familles, celle des Mellifères, a la spécialité de recueillir le miel et le pollen. Aussi les insectes appartenant à cette famille peuvent être comptés parmi les principaux facteurs de la fécondation des plantes. Leur présence est donc d’un intérêt capital pour le colon. Une région riche en fleurs nourrit toujours beaucoup d’Hyménoptères mellifères et inversement : l’abondance des unes permet de calculer le nombre des autres. Parmi les Mellifères, on peut signaler l’Abeille mellifique qui se rencontre, à l’heure actuelle, dans toutes les parties du monde, soit comme patrie normale, soit qu’elle ait été importée par l’homme. En Casamance, comme dans la région parcourue par la mission Chari-Tchad, M. A. Chevalier a rencontré la variété fasciata Latr. de l’Abeille domestique. C’est un nouveau point à enregistrer dans la dispersion de ce précieux animal sur le continent africain. En effet l’Apis mellifica L. var. fasciata Latr. habite l’Égypte : Le Caire, Ramlé, Suez, les environs de Kartoum, Obock. On l’a rapportée de Dakar, de la Guinée : Bissao, de Libéria : Monrovia, de la Sierra-Leone, du Haut-Niger et du Bénoué, du Congo, de la Cafrerie, du pays des Basoutos et E. Foa l’a retrouvée dans la vallée du Haut-Zambèze. Dans bien des endroits, cette abeille est plus ou moins cultivée par l’indigène, mais elle vit à l’état sauvage dans beaucoup d’autres. C’est une ressource qui attend qu’elle soit mise en valeur, modeste sans doute mais qui n’en existe pas moins.

D’autres Hyménoptères sont chasseurs de grillons, de criquets, de chenilles, de papillons et d’autres insectes nuisibles à l’agriculture. D’un coup d’aiguillon, ils paralysent leur proie et l’emmagasinent pour nourrir leur progéniture. A cette catégorie appartiennent les Eumenes tinctor Christ et caffra Olivier qui approvisionnent leurs nids de terre gâchée avec des chenilles. M. Chevalier a reconnu leur présence dans plusieurs localités du Baol oriental, de Thiès à N’djourbel. Ils ont comme ennemi un autre Hyménoptère, aux couleurs étincelantes, la Chrysis stilboides Spin. qui dépose ses œufs dans leurs cellules. La larve de la Chrysis dévore celles des Eumènes. Cette Chrysis se rencontre partout où vivent les gros Eumènes. Elle est signalée d’Égypte, d’Abyssinie, de Saint-Louis du Sénégal, de la Casamance, de la Sénégambie, du Congo français, des environs du Tanganyika, du Zambèze et du Zanzibar. Les récoltes de M. A. Chevalier viennent ajouter de nouvelles localités d’habitat à celles déjà connues et nous prouver une fois de plus que certaines espèces d’insectes ont une aire de dispersion bien plus étendue qu’on ne le suppose. M. Chevalier a rapporté vingt-huit espèces de Fourmis qui, si elles sont de peu d’intérêt pour le colon, nous serviront de jalons pour la géographie zoologique.

Je dois indiquer aussi quelques Guêpes : Belonogaster junceus Oliv. et Polistes marginalis F. Elles peuvent être considérées comme des animaux utiles. En effet, elles vivent en sociétés parfois nombreuses et elles nourrissent leurs larves avec de petits lépidoptères, de petites chenilles et autres menus insectes nuisibles aux plantes et aux fruits.

Enfin pour terminer l’étude des Hyménoptères recueillis par M. A. Chevalier, je parlerai d’un Ichneumon, fort beau par son coloris, le Cryptus vittatus Tosq., mais qui malheureusement a des mœurs fort préjudiciables pour les chenilles dont on a cherché à utiliser la soie dans l’Afrique occidentale, la Faidherbia Bauhiniæ Guérin et les Anaphe qui vivent des feuilles du Tamarinier.

ORTHOPTÈRES

Il y a peu de chose à signaler dans ce groupe, d’abord parce qu’ils sont en trop petit nombre, ensuite parce qu’on ne connaît pas assez leurs habitudes. Nous devons dix-neuf Acridiens à M. Chevalier, appartenant tous aux petites espèces non migratrices, qui vivent sédentaires dans les herbages et dont les dégâts n’ont pas encore été signalés, sans doute parce qu’ils sont insignifiants. En effet, les Acridiens se nourrissent de plantes et ils ne deviennent nuisibles que par leur nombre. Il en est de même des deux Gryllides rapportés par M. Chevalier. Ces animaux peuvent être malfaisants dans les habitations, mais on ne connaît pas leur manière de vivre. D’autres Orthoptères, les Mantides, sont carnassiers ; ils se nourrissent de proies vivantes qu’ils saisissent avec habileté et maintiennent avec les pattes antérieures puissamment armées à cet effet. M. A. Chevalier en a recueilli quatre espèces, des Harpax, dont l’aire de dispersion est encore fort mal connue.

Il n’en est pas de même des Blattides ; car, en outre des petites Phyllodromies sans beaucoup d’intérêt au point de vue agricole, M. Chevalier a rencontré, dans plusieurs localités du Soudan et du Baol oriental, de Thiès à N’djourbel, la grande Blatte qui porte le nom de Rhyparobia maderæ F. Ce gros insecte est connu de Madère, de Ténériffe, des Comores, du Sénégal, de la Guinée, du Congo, de Madagascar et même de la Guadeloupe. Partout où il a été signalé, on a reconnu ses méfaits. Sa voracité et sa fécondité le font redouter des colons et des voyageurs.

NÉVROPTÈRES CORRODANTS

Parmi les Névroptères, on classe dans un sous-ordre les Termites, qui pratiquent la vie en société. Leur existence n’est pas encore connue dans le détail, mais tous les voyageurs savent que beaucoup construisent avec de la terre et des débris végétaux des dômes de forme variable suivant les espèces. Leurs téguments délicats les forcent à ne sortir que la nuit, car les ardeurs du soleil les feraient mourir promptement et leurs ennemis, les oiseaux en particulier, les auraient vite détruits. Les uns s’établissent sous le sol, les autres dans les bois morts et même dans le tronc des arbres. Ils se façonnent des galeries couvertes pour pouvoir impunément monter sur les arbres à la recherche de leur nourriture. Dans les branchages, ils construisent des nids de refuge où ils peuvent s’abriter le jour et attendre ainsi la complète exploitation du feuillage dont ils font usage.

La Mission Chari-Tchad a récolté un certain nombre d’espèces parmi lesquelles se trouvent les Termes natalensis Hav., bellicosus Smeath, et l’Eutermes fungifaber Sjœstedt.


DIPTÈRES

PAR

M. SURCOUF

Parmi les diptères piqueurs qui ont été recueillis par MM. le Dr Decorse et Chevalier dans la mission Chari-Tchad, il y a lieu de mentionner les espèces suivantes :

1o Un Tabanus latifer Macquart.

Ce taon est étroitement allié au T. africanus Gray du S. et du S.-E. de l’Afrique, qui n’en diffère que par une fascie noirâtre à l’extrémité des ailes hyalines. Son aire comprend la boucle du Niger et les bords du Bénoué, affluent de droite.

2o Tabanus Chevalieri nov. sp. Surcouf, provenant du Fouta Djalon.

Cette espèce appartient au même groupe que T. gratus et T. rujens de Cep. Ces trois espèces sont de petite taille et rares dans les collections.

3o Un grand nombre de Tabanus ditæniatus Moquart répartis sur toute la région comprise entre l’archipel Kouri et le Fort Lamy. On le rencontre d’autre part depuis Gilgil (Afrique orientale anglaise) et l’île Maurice jusqu’à Tombouctou au N. et la Guinée française à l’O. Le Dr Chapuis avait déjà mentionné que sa piqûre faisait périr les chameaux.

4o Tabanus tæniola Pal-Beauv.

Espèce répandue dans toute l’Afrique intertropicale.

5o Tabanus sufis Jænnicke.

Espèce rare dans les collections et dont les quelques exemplaires possédés manifestent une extension considérable : Egypte, Nubie, Congo, Sénégal.

Outre ces Tabanides, la mission a rapporté de nombreux Simulium damnosum Theobald.

Cette simulie appelée : mouche de Jifa dans l’Afrique orientale anglaise, pullule sur la rive droite du Nil et vers le Tanganyika elle s’étend dans l’Uganda et existe beaucoup plus à l’O. sous le nom indigène de fourou.

Elle a été retrouvée au Congo par M. le Dr Brumpt. Sa présence au Fouta-Djalon où elle a été prise par M. Chevalier démontre que le Simulium damnosum est une espèce équatoriale dont l’aire d’habitat comprend toute la largeur de l’Afrique.

La description de Tabanus Chevalieri paraîtra avec plusieurs autres dans le Bulletin du Muséum.


QUESTIONS AGRICOLES & DIVERSES

PAR

Aug. CHEVALIER et H. COURTET

QUESTIONS AGRICOLES ET DIVERSES

Indépendamment de ce qui a été dit dans divers chapitres de la première partie de ce livre au sujet de l’agriculture et des plantes cultivées, nous avons cru devoir réunir ici un certain nombre de questions éparses qui intéressent également l’agriculture des régions parcourues.

LISTE DES PLANTES CULTIVÉES PAR LES PEUPLADES ANTHROPOPHAGES DE L’OUBANGUI

Espèces dont on mange les fruits.

  • Musa paradisiaca (Banane).
  •  —  sapientum (Banane).
  •  —  sinensis (Banane).
  • Carica papaya (Papaye).
  • Ananas sativa (Ananas).
  • Solanum Pierreanum.
  •  —  melongena (Aubergine)
  • Lycopersicum cerasiformis (Tomate cerise).
  • Tomate amère (employée comme condiment).
  • Capsicum frutescens (Piment).
  •  —  anthropophagorum (Piment).
  • Cucurbita maxima (Potiron).
  •  —  moschata (Giraumon).
  • Cucumis citrullus (Pastèque).
  •  —  species (Courge).
  • Hibiscus esculentus (Gombo).
  • Canarium Nsafu (Nsafu).

Espèces dont on mange les graines.

  • Zea maïs (Maïs).
  • Andropogon Sorghum (Sorgho ou gros mil).
  • Penicillaria spicata (Petit mil).
  • Eleusine coracana (Eleusine).
  • Sésamum indicum (Sésame).
  • Hyptis spicigera (Labiée à graine oléagineuse).
  • Vigna Catjang (Haricot).
  • Phaseolus lunatus (Haricot de Lima, petite et grosse variété).
  • Voandzeia subterranea (Pois de terre).
  • Arachis hypogea (Arachide).

Espèces dont on mange les tubercules.

  • Manihot utilissima (Manioc amer).
  •  —  var. dulcis (Manioc doux).
  • Dioscorea anthropophagorum (Igname à tubercules aériens).
  •  —  alata (Igname).
  •  —  sativa (Igname).
  • Ipomœa batatas (Patate douce, plusieurs variétés).
  • Coleus rotundifolius (Ousonifing ou Pomme de terre de Madagascar).
  •  —  dazo (Dazo).
  •  —  langouassiensis (Dazo).
  • Colocasia antiquorum (Colocase).

Espèces dont on mange les feuilles.

  • Hibiscus sabdariffa (Oseille de Guinée).
  • Corchorus olitorius (Jute).
  • Rumex (Oseille).
  • Solanum guineensis.

Pour fumer ou Plantes à parfums.

  • Nicotiana tabacum (Tabac).
  •  —  rustica (Tabac).
  • Canabis sativa (Chanvre).
  • Ocymum viride (Basilic).
  •  —  basilicum (Basilic).

Plantes textiles.

  • Gossypium barbadense (Coton).
  •  —  herbaceum (Coton).

Espèces donnant des matières grasses.

  • Ricinus communis (Ricin).
  • Jatropha curcas (Pignon d’Inde ou Pourguère).

BANANIERS

La banane constitue le fond de la nourriture des peuples de la forêt congolaise. Avant l’introduction du manioc venu en Afrique à la suite de la découverte de l’Amérique, elle devait jouer un rôle plus grand encore.

On cultive plus particulièrement le Musa paradisiaca. Le nombre des variétés est très grand. Chez certaines, les fruits atteignent jusqu’à 30 centimètres de long.

Entre le 4e et le 5e degré de lat. N., chez les Bondjos, les bananiers sont encore très abondants. On les cultive exclusivement autour des villages car ils exigent un sol très riche. Le grand bananier ne donne des fruits que 18 mois après que le rejet a été mis en terre. Dans les bananeraies indigènes on ne trouve des fruits en abondance que dans la saison humide. On les cueille ordinairement bien avant leur complète maturité. En temps de famine les Bondjos vivent aussi des racines de leurs bananiers qui sont ainsi sacrifiés.

D’après les missionnaires que nous avons interrogés, le nombre des variétés qui existent dans les villages de la forêt est presque illimité. Les Bondjos ne savent pas les cultiver séparément, de sorte que dans une seule plantation elles sont ordinairement mélangées.

Entre Bangui et La Kémo prédominent les deux variétés suivantes :

1o Zimbala (mot à mot la dent de l’éléphant, c’est-à-dire la pointe d’ivoire en banda). Tronc s’élevant jusqu’à 3 mètres et 4 mètres. La gaine des feuilles et par suite le tronc sont complètement noirs. Se nomme Benza en balari.

On a vu à Bessou des régimes de cette variété pesant jusqu’à 40 kilogrammes.

2o Ndon. Pieds de 3 à 4 mètres de haut. Tronc d’un vert glauque, pétiole vert profondément canaliculé avec un étroit liseré rose. Limbe des feuilles ordinairement très déchiré. Bananes serrées arquées d’une longueur moyenne de 15 à 20 centimètres. Régimes longs de 1 mètre, très chargés de fruits pesant jusqu’à 30 ou 40 kilogrammes.

Il existe enfin dans divers villages de la forêt (de Brazzaville à Bangui) un Bananier à feuilles et tronc rouges donnant en petite quantité des bananes longues et sucrées.

On cultive aussi à Brazzaville une variété ornementale à feuilles pourpres qui ne produit jamais de fruits.

Les fruits du Musa paradisiaca, nommés encore Bananes cochon, se mangent ordinairement rôtis sur la cendre ou bien les indigènes les préparent en farine. A maturité très avancée la peau de ces bananes noircit, les fruits deviennent blets à la surface et beaucoup d’Européens les préfèrent en cet état comme fruits de dessert aux bananes sucrées.

Ces dernières, qui n’excèdent pas ordinairement 15 centimètres de long, sont produites par le Musa sapientum également cultivé par les indigènes dans tout le Congo, mais en beaucoup moins grande quantité. Les bananes sucrées (les seules connues en Europe) sont surtout recherchées des enfants et consommées sans être cuites.

Cette espèce porte le nom de Toto dans la plupart des langues du Congo, les Banziris l’appellent Benza.

Le bananier nain Musa sinensis (M. Cavendishii) commence à se répandre au Congo même chez les indigènes.

Il paraît qu’il fut introduit en 1878 à Landana au Congo portugais de pied venant du Muséum. L’introducteur était le P. Duparquet. Depuis il a été transporté par les missions dans toutes les directions. La mission de Liranga l’a propagé chez les indigènes du moyen Congo, aussi les peuples du Haut-Oubangui l’appellent le Bananier des Mangala, peuplade chez laquelle il est aujourd’hui abondant.

Il réussit très bien dans les terres fertiles. A la mission de Bessou on a vu des régimes de cette espèce d’un poids considérable. Cependant les missionnaires n’en étendent pas la culture plus que celle des autres variétés. Ils trouvent que les bananiers occupent beaucoup de place et mettent longtemps à produire. Aussi donnent-ils la préférence comme grandes cultures au manioc, au maïs, aux patates et au dazo.

Dans chaque village banda et mandja on trouve encore quelques pieds de Musa paradisiaca et de M. sapientum cultivés, mais leurs fruits tiennent très peu de place dans l’alimentation des indigènes.

Le Musa sinensis n’existait pas encore dans le pays ; la mission a apporté les premiers pieds au Jardin de Fort-Sibut. Dans le pays de Senoussi on ne trouve plus que le Musa paradisiaca et en très petite quantité.

C’est à Damtar vers le 10e parallèle que nous avons vu les derniers beaux bananiers dans un jardin européen. Plus au N. ils ont beaucoup de peine à vivre en Afrique centrale à moins de soins très spéciaux (abris contre le vent et le soleil, fréquents arrosages).

Aug. Chevalier

CAFÉIER DES BORDS DE L’OUBANGUI (Coffea congensis).

Ce caféier croît en abondance dans les parties boisées des rives de l’Oubangui. On le suit sans interruption de Bangui à Zangha et d’après les renseignements fournis, bien au-delà de Mobaye.

Ses endroits préférés sont les terrains plats ou en pente douce inondés à la saison des hautes eaux et couverts de grands arbres dont l’ombre lui est favorable. Dès que les grands arbres s’espacent ou que le feuillage s’éclaircit, le caféier disparaît. On le rencontre dans les mêmes conditions au pied de quelques berges élevées, comme à Fort-de-Possel, par exemple, entre le poste et la factorerie, au sommet de ces berges il ne végète plus. Certains pieds à la saison des hautes eaux sont dans l’eau sur plus de 1m50 de hauteur. Un peu en aval de Bangui sous les grands arbres des bords du fleuve, on rencontre de véritables petits taillis de caféiers.

Aux environs de Fort-de-Possel la hauteur de certains arbustes atteint environ 4 mètres, ils sont rarement verticaux, très flexible ce caféier se courbe. Les pieds sont souvent ramifiés à quelque distance du sol.

Parmi les arbustes de 2 à 4 mètres de développement un pied sur 5 peut seul être considéré comme fructifié, les autres n’ont qu’un nombre insignifiant de fruits, quelquefois nul.

La moyenne des pieds que l’on peut considérer comme fructifiés donne 221 fruits par pied. Les fruits ont généralement deux graines, mais quand les conditions de végétation ne sont pas normales, il y a un certain nombre de fruits qui n’ont qu’une graine et les autres fruits sont plus petits.

Cent grammes de grains décortiqués et secs contiennent 820 grains. Si on rapproche ce chiffre de la moyenne donnée plus haut, un caféier produirait normalement 442 grains soit 53 grammes de café par an.

Ces chiffres ne se rapportent évidemment qu’à l’année où l’étude a été faite et à la région de Fort-de-Possel.

Dans les parties boisées de la plaine de Fort-de-Possel, parties situées en général dans les terrains bas et marécageux on ne trouve plus ce caféier.

Les indigènes de la région n’utilisant pas le café, se soucient très peu de la conservation des pieds et les coupent sans scrupules pour les utiliser aux mêmes usages que les autres bois flexibles.

Plus en amont, les Européens ont appris aux indigènes à récolter ce café qui est alors utilisé.

Quoique ce caféier n’ait jamais été cultivé ni à Fort-de-Possel ni à Fort-Sibut, en 1902, l’administrateur commandant le cercle n’a pas hésité, en réponse à une dépêche ministérielle du 29 octobre 1901, dans une notice no 977 datée du 28 août, à s’exprimer ainsi : « En isolant les pieds et en les cultivant on arrive à des résultats appréciables. Cet essai a été tenté avec succès à Fort-de-Possel. Il a donné de moins bons résultats à Fort-Sibut (Krébedjé), à 100 kilomètres environ de l’embouchure de la Kémo dans l’Oubangui. » Ceux qui s’intéressent à cette question se trouvent donc indignement induits en erreur par cette notice.

Dans le cimetière de Bangui ce caféier a été planté et a donné d’assez beaux pieds ramifiés, mais en 1903 la production de ces pieds a été nulle, et il doit être de même pour les autres années, car il ne se trouve pas, quoique assez ombragé, dans ses conditions normales de végétation, aucun renseignement n’a été trouvé à ce sujet dans les archives du poste.

H. Courtet.

L’AGRICULTURE CHEZ LES SARAS

Le Sara est cultivateur et cultiverait au delà de ses besoins si les produits qu’il récolte avaient un débouché commercial, mais ce débouché n’existe pas. Cependant chez les Saras Mbanga et les Saras Ngaké il se fait quelques transactions, c’est-à-dire que des habitants du pays Salamat, et des Ouled Rachid (arabes) viennent s’approvisionner de mil chez eux, apportant en échange des lances, des perles, des vêtements confectionnés avec des bandes d’étoffe de leur pays et quelques autres objets. Le Sara se contente donc en général de cultiver la surface nécessaire pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille et pour boire copieusement le Sam (bière de mil) qu’il apprécie beaucoup. Aussi dans chaque village, chaque jour de l’année ou à peu près, quand la récolte a été bonne, il y a toujours quelque part grande beuverie de Sam, souvent avec accompagnement de danses et de chants. Chaque famille possède pour la fabrication du Sam de grandes marmites en terre cuite et certaines cases sont de véritables brasseries.

Culture chez les Tounias (tribu Sara)

Une famille composée de 5 personnes cultive en mil une surface de 1 hectare 90 ares, et un petit champ de 20 ares environ de haricots, pois de terre, ou arachides, soit une superficie totale de 2 hectares 10 ares, ce qui donne par tête une superficie de 42 ares.

La surface cultivée en mil lui rapporte 38 hectolitres environ de mil, soit 20 hectolitres par hectare qui au poids moyen de 80 kilos l’hectolitre donne un rapport de 1600 kilos à l’hectare.

Aux champs l’homme, c’est-à-dire le chef de famille, travaille avec les femmes et les enfants, la durée du travail est en moyenne de 6 heures par jour et la culture exige un travail de 5 mois par an, soit 1357 heures de travail par hectare. (Ce chiffre ne comprend que le travail de 3 personnes, les enfants pouvant être en bas âge et ne faire aucun travail.) Il reste donc aux indigènes 7 mois de liberté pour les travaux accessoires consistant dans la réparation ou la réfection des cases leur prenant environ un mois par an, pour la chasse, et pour fabriquer et boire le Sam.

Tout le mil récolté est donc consommé sauf une petite quantité servant à faire quelques menus échanges avec les pêcheurs, les gens du poste de Fort-Archambault et à payer l’impôt, quantité évaluée à 300 kilos. La récolte totale étant de 3.000 kilos, il reste à la famille pour sa consommation directe 2.700 kilos, soit 1kgr,525 par tête et par jour. En admettant une consommation moyenne de 0kgr,800 par jour pour la nourriture, il reste 0kgr,725 de mil disponible. (La ration de nos tirailleurs est fixée à 1 kilo.)

Tout le mil disponible et en particulier le gros mil est consommé en bière de mil, ce qui explique pourquoi les indigènes ont toujours une grande quantité de cette bière en consommation.

La culture se fait soit à labour plat soit à labour en ados ; quand il y a des vides trop considérables dans les champs, ces vides sont comblés en y repiquant des jeunes plants enlevés aux endroits où les champs sont trop touffus. L’indigène dissémine en outre dans les champs de mil, des haricots, des courges, la petite courge à huile et la pastèque dont la graine lui sert également à faire de l’huile.

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