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L'Afrique centrale française : $b Récit du voyage de la mission

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Fig. 108. — Instruments agricoles des Saras.

Les indigènes se servent pour leurs labours d’un seul instrument, c’est une petite bêche de 0m,15 de largeur, arrondie aux angles supérieurs, la partie inférieure complètement arrondie, portant une douille droite pour recevoir le manche. Cette bêche est montée sur un long manche droit ou légèrement cintré pour le labour à plat. Pour le labour en ados elle est montée sur l’extrémité de la dent du milieu d’une sorte de trident en bois, et forme ainsi un instrument ressemblant assez à un long louchet évidé ; cet instrument est manœuvré à genoux. Enfin pour les piochages, sarclages et binages, elle est montée en houe sur un manche court fait avec une branche d’arbre coudée à angle droit.

Le labour en ados ressemble assez aux sillons de nos charrues, la graine est mise en terre sur les ados. Le labour à plat consiste en un sarclage ou un piochage léger de la surface du sol. Le cultivateur pratique l’assolement. Les cases sont disséminées dans les cultures.

Fabrication du Sam. — Le Sam est fabriqué méthodiquement. Le Sara emploie le gros mil pour cette fabrication et rarement le petit mil, on pourrait presque dire qu’il ne cultive du gros mil que pour la fabrication du Sam. Après avoir fait tremper le mil dans l’eau pendant le temps nécessaire pour que la germination se fasse dans de bonnes conditions, c’est-à-dire pendant 24 heures, on l’étend sur le sol à l’ombre, sous un arbre, sur une épaisseur de 5 à 10 centimètres et on recouvre le tout de feuillage. Quand la germination est terminée, le mil est séché, débarrassé des germes, et concassé dans des mortiers en bois avec un pilon également en bois. Après le concassage, vient la macération ou brassage dans la quantité d’eau nécessaire pour faire le Sam plus ou moins fort, et qui dure trois heures. Le tout, liquide et mil, est ensuite transvasé dans une ou plusieurs marmites et on procède à la cuisson qui dure 12 heures, c’est-à-dire du lever au coucher du soleil. La cuisson terminée on filtre dans de grands entonnoirs confectionnés à demeure avec des baguettes et garnis de paille à l’intérieur. Le liquide ainsi filtré est recueilli dans des calebasses où on le laisse fermenter.

Comparaison des surfaces cultivées par habitant et rendements.

Saras. — 40 à 45 ares. Culture dominante : Mil.
Arétous. — 30 à 35 ares.
Bandas. — 30 à 35 ares. Manioc, maïs, mil.
Mandjas. — 25 à 30 ares. Manioc, maïs, mil.
Rendements : Saras, mil, 1600 kg. à l’hectare
Arétous, 1200 kg.
Bandas, 1200 kg.

En introduisant dans la Colonie un élément d’échange intermédiaire qui serait l’argent français et éventuellement seulement le thaler, en attirant les gens du Ouadaï manquant de mil et possédant du bétail et les gens du Tchad, le pays des Saras deviendrait rapidement un centre important de production du mil et Fort-Archambault un marché pour le commerce intérieur. On pourrait, en procédant ainsi et à l’aide de l’élément métal, faire diriger sur cette région nos produits manufacturés venant par l’Oubangui.

H. Courtet.

LE BÉTAIL DANS LA RÉGION DU CHARI

La principale région d’élevage de nos possessions du Chari est située à l’E. de ce fleuve et s’étend dans une direction N.-O. du Dékakiré ou Djiguékaré au Dagana et Bahr-el-Ghazal, soit une longueur de 350 kilomètres à vol d’oiseau.

L’élevage est pratiqué dans cette région par les Peuls et les Arabes. Un fait particulier c’est que lors des razzias de Rabah, ce dernier enleva les troupeaux des Peuls et ménagea ceux des Arabes, et aujourd’hui dans le Dékakiré, les Peuls n’ayant pu reconstituer leurs troupeaux faute de reproducteurs font l’élevage pour le compte des Arabes.

En 1893, une épizootie sévit dans toute la région du Tchad et détruisit une grande partie des troupeaux[552]. Les bœufs sauvages et les antilopes ont été également atteints et se laissaient tuer à coups de lance par les indigènes.

En 1894, l’épizootie ravagea les troupeaux de moutons et de chèvres. Dans le Dékakiré, région montueuse et parsemée de mamelons et d’affleurements granitiques où l’herbe fait défaut, pendant la saison sèche, les troupeaux émigrent vers les plaines arrosées par les grands cours d’eau ou leurs ramifications.

Reproduction. — Pour la reproduction, les bouviers du pays admettent une période de 20 mois qui se décompose ainsi : gestation 10 mois, traite du lait 6 mois, repos 4 mois.

Théoriquement une vache donnerait donc dans un troupeau un veau tous les 20 mois, soit 6 veaux par an pour 10 vaches.

Quelques éleveurs ont fait produire par an 7 veaux pour 10 vaches, ce qui porte la période à 17 mois se décomposant ainsi : gestation 10 mois, traite du lait 6 mois, repos 1 mois.

Une vache qui s’appelait Daké a donné chez le peul Djébril, éleveur dont les troupeaux avaient été razziés par Rabah et bouvier du troupeau de Fort-Archambault en 1903, 14 veaux, elle était donc âgée de 23 à 26 ans quand elle est morte.

Les vaches vivent ordinairement de 13 à 15 ans. La mortalité par 100 têtes est de 5 à 7 têtes par an pour une mortalité ordinaire et 10 têtes par an pour une mortalité exceptionnelle.

La perte sur les élèves est de 10 0/0 par an environ.

Dans les troupeaux de reproduction les bouviers admettent en moyenne un taureau pour 30 vaches.

Les vaches sont rarement vendues, les bœufs seuls sont livrés soit pour la consommation, soit pour le portage.

Les éleveurs vivent presque exclusivement du lait des troupeaux ou des produits fabriqués avec le lait.

Races. — Dans le Dékakiré, il existe deux races type, qui sont le type Peul et le type Arabe et les métis de ces deux types.

Type Peul : Zébu à pelage souvent brun, souvent noir, quelquefois blanc, et présentant des dérivés du blanc avec le brun ou le noir. Cornes moyennes, fines, légèrement aplaties, courbées en arc. Œil rentré sous une grosse paupière plissée. Long et large fanon allant de la gorge jusque sous le sternum. Membres fins. Corps bien proportionné.

C’est le type des Peuls du Sénégal et du Soudan, que les Arabes fréquentant ces régions ont adopté et qu’on utilise comme porteur.

Type Arabe : Mêmes caractères que le précédent, sauf pour les cornes qui sont courtes, droites ou très peu arquées.

Ces deux types ont de grandes affinités et leurs qualités sont égales.

Fig. 109. — Taureau : Type peul.

Dans le Bas-Chari et plus rarement dans le Dékakiré on rencontre encore un troisième type qui mérite d’attirer l’attention. C’est un grand zébu dont la taille atteint celle de nos plus forts taureaux à cornes longues et très fortes, à long et large fanon allant de la gorge jusque sous le sternum. Ce type se rencontre également au Sénégal, dans le Baol, le Cayor, le Djoloff et le Saloum ; il existe également dans le Haut-Sénégal. Au dire des bouviers il est beaucoup moins rustique que les deux types précédents.

C’est ce grand zébu qu’emploie le sultan Senoussi pour le portage de son canon de montagne en bronze pesant 100 kilogrammes et de son affût.

Une autre petite race sans bosse, de taille inférieure à notre race bretonne, a été aussi remarquée dans les troupeaux des postes, elle paraît très rustique ; signalons enfin le bœuf des îles du Tchad, sans bosse, ayant de grosses cornes, dont la taille atteint celle du grand zébu, fortement charpenté, mauvais animal de boucherie, mais bon animal de transport.

Rendement en lait et beurre. — A Koussri dans le Bas-Chari on a obtenu en 1900 un rendement moyen de deux litres de lait par vache. A Ndellé, pays de Senoussi, une vache type arabe a donné pendant quatre mois (saison sèche) deux litres et demi de lait par jour. A Fort-Archambault, en août 1903, c’est-à-dire pendant la saison des pluies, époque où l’herbe est belle et tendre, sur 10 vaches, on a obtenu un rendement moyen de 2 litres 58 par jour. Le 11 août trois de ces vaches ont donné l’une 5 litres 17, la seconde 4 litres 65, et la troisième 4 litres 13.

Le rendement en beurre a été de 40 grammes de beurre par litre de lait.

Ennemis du bétail. — Un ennemi redoutable du bétail est la mouche nommée Boguéné, Bodjéné, Boadjani (Tsétsé) par les Arabes qui occasionne une mortalité considérable dans les troupeaux qui s’aventurent dans les endroits où elle existe. Cette mouche pique comme le taon. Elle est particulièrement abondante le long des rives boisées et toujours plus ou moins marécageuses des cours d’eau importants et dans les parties boisées confinant à ces cours d’eau. Dans les parties surélevées et découvertes elle n’existe pas, et il en est de même de beaucoup de régions plus ou moins boisées n’étant pas en contact avec les cours d’eau précités. Elle est plus abondante à la saison des pluies qu’à la saison sèche et ne circule pas la nuit.

Il existe aussi un moucheron nommé Douche par les Peuls possédant un appareil de succion comme la tsétsé (?) qui s’attaque aux paupières du bétail adulte et occasionne parfois la mort quand le nombre en est trop considérable. Il laisse sur la peau de l’homme une petite tache rouge comme celle que laisse la piqûre de la puce et qui persiste pendant 36 ou 48 heures ; pendant la succion si on chasse le douche, une gouttelette de sang vient perler sur l’épiderme.

Comme fauves, citons le lion particulièrement abondant entre Bongo en amont de Fort-Archambault et le poste des Lutos (Arètous), et la panthère.

Élevage dans les autres parties du territoire. — Dans la colonie l’élevage est possible ailleurs que dans les deux régions spéciales d’élevage citées ci-dessus, et s’il n’est pas pratiqué ce n’est pas parce que le terrain est défavorable, c’est parce que les indigènes qui l’occupent ne sont pas des pasteurs.

La région proprement dite de l’élevage a été envahie à une certaine époque par les Arabes et les Peuls, qui avec eux ont amené les troupeaux indispensables à leur existence toute pastorale, et les descendants ont fait ce que les ancêtres avaient fait. C’est donc par tradition que les Arabes et les Peuls actuels sont pasteurs, et c’est par tradition aussi sans doute que les nègres des régions limitrophes considérés avec dédain par les Arabes et les Peuls et qualifiés de Kirdis (sauvages) ne sont pas pasteurs.

L’élevage est possible ailleurs et il suffit pour cela de faire un choix judicieux et prudent des emplacements. On peut s’en rapporter pour cela aux bouviers qui, vivant continuellement avec leurs troupeaux, auront vite déterminé les endroits favorables.

Le sultan Senoussi possédait en 1903 un magnifique troupeau à Ndélé.

La même année le poste de Fort-Archambault possédait aussi un magnifique troupeau, une partie au poste même et l’autre partie à Balimba sur le Bahr-el-Azreg.

Le troupeau de Fort-Sibut était en bonne voie de prospérité en novembre 1903, quoique ayant reçu des sujets trop jeunes et de race défectueuse.

La mission catholique de Bessou (21 kilomètres en amont de Fort-de-Possel sur l’Oubangui) possédait un superbe troupeau, une partie provenant du Chari et l’autre partie de chez le sultan Senoussi.

Il est évident que la stabulation pour la nuit et pendant les mauvais temps s’impose dans beaucoup d’endroits.

Un troupeau de 33 bœufs et 8 vaches provenant du Bas-Chari a été expédié à Brazzaville où il est arrivé en juillet 1903.

Quoique les sujets aient été mal choisis au départ et trop jeunes pour un semblable voyage, la moitié des animaux était dans un état très satisfaisant, l’autre moitié était plus fatiguée. Les types représentés dans ce troupeau étaient les types peul et arabe décrits ci-dessus, la petite race, et la race à grosses cornes des îles du Tchad. En décembre 1904, il restait encore à Brazzaville un certain nombre de têtes provenant de ce troupeau et en particulier quelques beaux sujets du type peul et arabe et métis de ces deux types.

H. Courtet.

LES CHEVAUX DU MOYEN-LOGONE

La région comprise entre le Bamingui et à l’O. la frontière allemande, entre 7° 45 et 10° de latitude N. frontière allemande, est une région où l’on pratique l’élevage du Cheval.

On y rencontre deux types : le type du Moyen-Logone, de petite taille (1m,25 à 1m,30) robuste et très rustique ; et plus à l’O., dans la région de Palla, Léré et Binder, le type des plateaux de l’Adamaoua et du Mandara, plus grand, plus élancé, mais moins rustique. C’est ce dernier type qui est préféré par les Baguirmiens et les gens du Ouadaï, qui ne visent dans ce choix que la vitesse de la course, vitesse que sa taille plus grande lui permet.

L’occupation de Laï en 1903, et les reconnaissances faites ensuite ont permis de déterminer approximativement les limites de la région d’élevage, et de déclarer que cette région était à ce sujet d’une certaine richesse. Maistre avait d’ailleurs signalé, lors de sa célèbre exploration en 1892-1893, qu’il existait dans la région de Laï un grand nombre de Chevaux.

La région d’élevage des types du Moyen-Logone s’étend environ à 80 kilomètres à l’O. de Laï et 110 kilomètres à l’E. ; 40 kilomètres au N. de Laï et 110 kilomètres au S. En dehors de ces limites, jusqu’à 10° de latitude N. d’un côté, 7° 45 de l’autre, et jusqu’au voisinage du Bamingui on pratique encore l’élevage mais d’une façon moins intensive. En 1903, d’après les renseignements qui nous ont été fournis à Fort-Archambault, nous avons évalué la population chevaline adulte de cette région à 10.000 têtes environ. Les indigènes prétendent que leur petite race est peu susceptible aux atteintes de la mouche tsétsé, ce qui peut être vrai. Les Baguirmiens sont du même avis, et déclarent que la mouche tsétsé fait des ravages beaucoup plus sérieux dans le type des plateaux de l’Adamaoua et du Mandara, que dans le type du Moyen-Logone.

Les Chevaux de l’Adamaoua et du Moyen-Logone s’exportent par razzia ou par impôt en général, dans tout le Baguirmi et de là au Ouadaï. Par le Ouadaï, ils gagnent le Dar Rounga et le pays de Senoussi et ces deux dernières contrées envoient au Ouadaï des esclaves en échange.

L’exportation doit être considérable, car en 1903 un chef baguirmien opérant pour le compte du sultan Gaourang a ramené 1.000 Chevaux d’une razzia, et il est fort probable que ce chef en a mis à part selon l’usage, un certain nombre pour son propre compte. Un seul village (Bangoul) payait comme impôt annuel au Baguirmi quinze Chevaux. Certains chefs pour éviter les razzias traitaient avec le Baguirmi pour un impôt annuel, et dans certains endroits, il y avait des représentants du sultan Gaourang.

Les petits Chevaux du Moyen-Logone se comportent admirablement en route, dans les sentiers étroits, tortueux, encombrés de troncs d’arbres, dans les futaies si difficiles de bambous, dans les terrains rocheux et escarpés. Au passage à gué des rivières, dans les rivières non guéables on les fait facilement passer à la nage, et ils ont le pied très sûr, qualité appréciable surtout dans les terrains rocheux et escarpés, et dans les grandes plaines sillonnées de profondes crevasses pendant la saison sèche. On peut leur demander des étapes de 30 kilomètres avec un jour de repos après quatre ou cinq jours de marche consécutive. M. Chevalier, chef de la mission scientifique Chari-Lac Tchad, a pu faire tous les itinéraires suivis par la mission avec une jument du Moyen-Logone qui lui avait été donnée par le sultan Senoussi, conduire cette jument de Fort-Crampel à Ndélé, faire les parcours du pays de Senoussi et du Mamoun, de Ndélé à Fort-Archambault, du lac Iro, du territoire de Korbol dans le Baguirmi, du Baguirmi au Kanem, du Kanem à Fort-Lamy, où M. Chevalier s’embarqua. De Fort-Lamy, la jument remonta le Chari, le Bamingui, le Gribingui jusqu’à Fort-Crampel. De Fort-Crampel elle fut ensuite dirigée sur Fort-de-Possel (Oubangui) et de là à la mission catholique de la Sainte-Famille à Bessou, où elle arriva sale par suite du manque de soins et fatiguée, mais encore en bon état.

Comme nourriture il est nécessaire d’ajouter à la ration d’herbe de ce Cheval 10 à 12 grammes de sel par jour, et au minimum deux à trois litres de gros mil[553] (Sorgho).

Sur la ligne d’étape entre Fort-Sibut et Fort-Crampel, on attribue à la tsétsé et à une foule d’autres causes inconnues, la mortalité considérable qui sévit sur les Chevaux servant au transport des Européens. Il est bien plus rationnel d’attribuer cette mortalité au manque de soins et au surmenage. Il était notoire au moment où nous avons circulé dans cette région, que, si l’Européen ne distribuait pas lui-même la ration de sel au cheval, que s’il ne lui faisait pas distribuer et manger le mil devant lui, le tout allait aux palefreniers et aux boys ; en outre l’Européen a trop souvent considéré que le Cheval que l’Administration lui confiait, était un animal fait pour caracoler, ou pour franchir le plus rapidement possible la distance qui sépare un gîte d’étape d’un autre ; dans de semblables conditions, la mortalité s’explique en partie sans autre intervention. Le cavalier ne doit considérer le Cheval que comme animal de transport, il doit le laisser aller librement son pas et ne forcer l’allure qu’en cas de nécessité absolue.

Les indigènes du Moyen-Logone ont grand soin de leurs chevaux, malheureusement leur mors trop rudimentaire leur abîme la bouche, et n’ayant comme selle qu’une peau, qui sert plutôt d’isolateur entre le cavalier et l’animal, il est très rare de voir un Cheval sans plaie ou sans cicatrice de plaie sur le dos.

H. Courtet.

LA MOUCHE TSÉTSÉ

La Tsétsé (Bodjené, Boadjani) est très vive et au moindre mouvement que l’on fait pour s’en emparer elle se déplace, et ce n’est que lorsqu’elle est alourdie par le sang ou pendant la succion que l’on peut la prendre avec la main ; elle frotte ses pattes de devant et celles de derrière et les passe sur sa tête ou ses ailes comme la mouche vulgaire. Sa pose est très légère et on sent instantanément une petite douleur vive qui devient irritante, douleur produite par la piqûre.

Son puissant appareil de succion lui permet de gonfler son abdomen dans un temps très court qui varie de 30 à 70 secondes après la piqûre. Entre les 5 et 10 premières secondes on voit par transparence le sang affluer dans l’abdomen (l’auteur a fait ces observations sur lui-même). Elle ne sort que pendant le jour, la nuit elle se blottit dans le feuillage. Dans les territoires du Chari et au pays de Senoussi, on la rencontre le long des rives boisées et toujours plus ou moins marécageuses des cours d’eau importants. On ne la rencontre pas le long des rives dénudées ; à une courte distance des rives boisées ou des endroits inondés où croît la même végétation on ne la rencontre plus. Sur les petits cours d’eau, où la végétation n’est plus celle des rives basses ou inondées on ne la rencontre pas. Elle est plus abondante pendant l’hivernage que pendant la saison sèche.

En remontant le Bamingui et le Gribingui en baleinière à la saison des hautes-eaux (septembre-octobre 1903), dès que la baleinière frôlait les arbres, elle était envahie par la Tsétsé à tel point que dans certains endroits les pagayeurs presque nus en étaient incommodés ; dès que la baleinière prenait le milieu de la rivière la mouche devenait rare ou disparaissait.

A la tombée du jour les Tsétsés surprises dans la baleinière ne regagnaient pas les arbres, mais se réfugiaient sous la bâche abritant les caisses de matériel ou dans les intervalles de ces caisses. Au cours du voyage entre Fort-Archambault et Fort-Crampel elle n’a été rencontrée qu’à partir de Bongo, endroit où les rives deviennent boisées. Elle a été particulièrement abondante du confluent du Bangoran au confluent de la Vassako des Ngamas, un peu moins abondante plus en amont et retrouvée abondante jusqu’à Fort-Crampel.

Les postes de l’Irina, des Arétous (Lutos), de Finda et de Tinguéré sont très dangereux pour les chevaux et il importe de ne pas les laisser séjourner même quelques minutes au voisinage immédiat de la rivière et surtout des parties boisées de la rive.

La Tsétsé existe encore en amont de Fort-Crampel et sur la Nana. Elle a également été rencontrée à Fort-Sibut sur la Tomi, affluent de l’Oubangui par la Kémo.

En résumé, la mouche Tsétsé existe en plus ou moins grande abondance le long de tous les cours d’eau importants rencontrés et en particulier le long des rives boisées de ces cours d’eau, sauf au voisinage immédiat des centres hydrographiques où ces cours d’eau ne sont que des ruisseaux.

Ces principaux cours d’eau sont : Kémo, Tomi, Basse-Nana, Gribingui, Koukourou, Bamingui, Bangoran, Tété, Moussoubourta, Boungoul (Aouk), Diahap ou Mindja, Koumara et Bahr Salamat.

H. Courtet.

LE COTON AU BORNOU, AU BAGUIRMI ET AU TCHAD

Deux espèces de coton sont cultivées au Bornou, au Baguirmi et au Tchad : Le Gossypium hirsutum (Niéré Barma) dans la proportion des deux tiers, et le Gossypium arboreum (Niéré Massara) dans la proportion d’un tiers.

Le Niéré Massara comme son nom l’indique est venu du Soudan égyptien[554]. Il a été primitivement l’espèce cultivée dans le continent africain.

Le Niéré Barma d’origine américaine (il est la souche du Upland) est arrivé en Afrique centrale par le Soudan occidental où il est répandu partout. Le nom de Barma qu’on lui donne semble indiquer que les Baguirmiens (Barmagués en langue soudanaise) ont eu quelque temps la spécialité de sa culture.

Le Gossypium barbadense, planté çà et là dans les villages de la côte d’Afrique et dans ceux de la forêt du Congo, est inconnu au Baguirmi, mais on en rencontre quelques touffes chez les Saras de l’Ouest.

Il faut joindre à cette énumération le Gossypium anomalum qui croît à l’état sauvage au sud du Kanem, chez les Krédas du Bahr el Ghazal et chez les Koukas du Dar el Hadjer, à l’E. du Tchad.

La culture du coton au Baguirmi.

Tandis que le cotonnier se sème toute l’année dans les Bahrs du Tchad, au Baguirmi on ne le sème qu’à la saison des pluies. L’époque la plus favorable est le mois de juin, c’est-à-dire le début de l’hivernage. Par négligence quelques cultivateurs sèment seulement en septembre, cette pratique défectueuse empêche la plante de fleurir la première année ; de plus la saison sèche arrive trop vite ensuite et cette plante est encore trop faible pour résister convenablement à la sécheresse et au vent d’E. Le coton dans ces conditions reste toujours rachitique.

Pour l’ensemencement le sol subit la même préparation que pour le mil ou le sorgho, écobuage et grattage ou léger labour. Les graines au nombre d’une vingtaine sont très légèrement enterrées avec le pied dans des trous espacés de 0m60 à 0m80. La germination se fait très vite. On a la fâcheuse habitude de laisser en place tous les jeunes plants qui sortent (soit une dizaine environ), il est vrai que les plus faibles finissent par disparaître, mais il en reste cependant encore de 3 à 5 qui ne forment qu’une seule touffe, qu’il s’agisse du Niéré Massara ou du Niéré Barma. Nous n’avons vu nulle part repiquer le cotonnier, la racine pivotante se prêtant mal à cette opération. Les deux espèces cultivées vivent de 4 à 5 ans. Les plants du Gossypium hirsutum atteignent en octobre 0m60 à 0m80 de hauteur, ils fleurissent à cette époque et donnent en moyenne de 4 à 8 capsules mûres en décembre. La floraison continue jusqu’à la fin de la saison sèche, mais il ne faut cependant compter que sur un rendement maximum de 20 capsules pour la première année. C’est la deuxième année que le Gossypium hirsutum atteint la taille adulte et donne son plus grand rendement. Les années suivantes une partie des branches se dessèchent, et les inflorescences, beaucoup plus grêles, ne se forment plus que sur certaines pousses latérales à entre-nœuds courts et très chétives.

Le Gossypium arboreum fleurit quelquefois la première année et alors donne très peu. C’est seulement la troisième année qu’il atteint son complet développement. Il peut atteindre alors 2m,50 de hauteur et ses rameaux grêles, retombants, couvrent parfois un espace de 1m,20 à 1m,50 de diamètre. L’écartement de 0m,70 donné par les indigènes à la plantation est donc trop faible. Les rameaux de cette espèce se renouvellent chaque année et dans les bons terrains un pied peut vivre 7 ou 8 ans (comme le Gossypium peruvianum de Piura au pied des Andes).

Le rendement est naturellement très variable selon la nature du sol. Je ne m’occuperai ici que du rendement des terrains moyens (terres à Sorgho) du S. du Baguirmi. Dans les meilleures conditions le Gossypium hirsutum peut donner annuellement dans ces terrains 20 capsules la première année, 50 capsules la deuxième, 30 capsules la troisième, 20 capsules la quatrième et presque rien la cinquième. Voyons ce que cela représente en coton.

Des capsules choisies, parfaitement mûres, ont donné à Mandjaffa :

POIDS TOTAL
GRAINES ET SOIE
NOMBRE DE GRAINES POIDS
DES GRAINES
POIDS
DE LA SOIE
RENDEMENT 0/0
1gr20 15, dont 4 mauvaises 0gr96 0gr24 20
1 24 16,  —  4  —  0 90 0 34 27
1 42 16, toutes bonnes 1 08 0 34 24
1 36 20, dont 3 mauvaises 1 04 0 32 23

En prenant une moyenne on obtient 1gr,30, poids du coton brut d’une capsule et un rapport de la soie au poids total de 23,5 0/0.

Comme il s’agit de capsules choisies, il ne faut prendre en réalité que 1gr,25 comme poids moyen et 22,5 0/0 pour le rapport de la soie au poids total. Dans un lot de coton non choisi, non égrené, apporté sur le marché, j’ai trouvé comme rendement 22 0/0 à un premier essai et 23 0/0 à un autre.

Pour le Gossypium arboreum et toujours avec des capsules choisies on a les chiffres suivants à Mandjaffa :

POIDS TOTAL
GRAINES ET SOIE
NOMBRE DE GRAINES POIDS
DES GRAINES
POIDS
DE LA SOIE
RENDEMENT 0/0
1gr70 17, toutes bonnes 1gr35 0gr35 20
1 18 12,  —  0 97 0 21 18
1 34 17,  —  1 07 0 27 20
0 68 6, dont 3 mauvaises 0 52 0 16 23

Soit un rendement de 20 0/0.

Dans les meilleures conditions les rendements par pied sont : première année, rien ; deuxième année, 40 capsules ; troisième année, 80 capsules ; quatrième année, 40 capsules dont beaucoup pèseront moins de 1 gramme.

Le défaut capital des cotons du Baguirmi est la brièveté et l’inégalité de longueur des soies. Dans un lot de capsules provenant du même champ on observe des différences très grandes. Cela tient à ce que l’ensemencement se fait sans soins, sans qu’aucune sélection n’intervienne dans le choix des graines. Le Gossypium arboreum a une graine arrondie de 7 millimètres de longueur, recouverte d’un duvet épais, adhérent et verdâtre ; la soie est blanche, longue de 16 à 20 millimètres, très laineuse, scabre et très adhérente. Le Gossypium hirsutum a une graine arrondie de 8 à 9 millimètres de longueur recouverte d’un duvet très court, blanchâtre et peu dense ; la soie est blanche, longue de 20 à 25 millimètres, molle et duveteuse, peu adhérente. Ce coton semble se rapprocher de celui du Texas dont les soies ont de 18 à 25 millimètres de longueur.

Tous les cotons de l’Afrique centrale ont la soie très blanche. Quelques capsules ont la soie tachée de jaune, ce qui les déprécie. Cette coloration est probablement due à une petite punaise qui enfonce son suçoir dans les capsules encore vertes qui se dessèchent. En même temps elle laisse ses excréments sur les touffes de soie, ce qui colore fortement en jaune les parties atteintes. Le coton taché ainsi est très commun au Niger.

Dans le système radiculaire des deux espèces de coton cultivées au Baguirmi, le pivot des pieds adultes s’enfonce verticalement à une profondeur qui varie de 0m,60 à 0m,80, j’en ai vu rarement aller à plus d’un mètre de profondeur. Les racines latérales plus ou moins nombreuses rampent assez près de la surface du sol, c’est-à-dire à une profondeur inférieure à 0m,30.

Les ennemis du coton que nous avons remarqués sont : Une chenille d’un blanc-verdâtre longue de 5 à 6 centimètres mange les fleurs et parfois les feuilles. Un petit coléoptère jaune roux terne fréquent sur toutes les malvacées attaque les feuilles qu’il transforme en véritable dentelle. Des araignées qui enroulent les feuilles autour de leurs cocons. Des punaises dont une espèce perce les jeunes capsules pour en sucer le suc. Enfin des poux et des pucerons.

Une maladie dont la cause m’a échappé se manifeste par l’apparition de taches d’un rouge pourpre sur les feuilles. Celles-ci ne tardent pas à rougir entièrement et à tomber.

On attribue aux rosées de novembre, décembre et janvier la chute de boutons, l’avortement d’un grand nombre de fleurs et la chute de jeunes capsules ; l’effet se fait beaucoup plus sentir dans les lieux ombragés.

L’immersion prolongée des plantations installées au bord des cours d’eau les fait périr.

Tous les huit jours les femmes passent dans les plantations pour faire la récolte. Elles cueillent non seulement le coton mûr, mais encore les capsules presque mûres souvent à peine entr’ouvertes. Ces dernières sont étalées sur une natte à l’ombre et s’ouvrent au bout de quelques jours. Ce procédé est défectueux, car les soies des capsules qui n’ont pas mûri sur pied sont moins résistantes et moins brillantes, de plus elles adhèrent fortement aux graines.

La récolte commence dès la fin d’octobre[555] et se poursuit presque sans interruption jusqu’à la fin d’avril. C’est pendant les deux mois où la température est la moins élevée, décembre et janvier, que la production est la plus forte.

Aug. Chevalier.

DIVERS

Courges. — Les Cucurbitacées de ce genre sont très abondamment cultivées en Afrique centrale et se rencontrent autour de tous les villages, spécialement sur les débris de cuisine à proximité des habitations. On les observe parfois sur l’emplacement des villages détruits, mais on ne les observe jamais à l’état spontané.

Les Courges d’Afrique n’atteignent jamais la taille prodigieuse des variétés cultivées en France. Cependant le rendement est toujours assez faible et comme cette plante exige un sol très riche, si on ne veut pas se contenter de ce produit il faut associer la culture de la Courge à d’autres cultures.

A Fort-Sibut nous avons remarqué que la Cucurbita maxima (Potiron) était fréquemment atteinte d’une maladie cryptogamique. Les feuilles se recouvrent d’efflorescences blanches et se dessèchent ensuite.

Le Pourpier. — Le Pourpier est abondamment répandu dans toute l’Afrique centrale. Partout où l’homme séjourne quelque temps et établit des cultures, le Pourpier se répand avec rapidité. On le rencontre surtout dans les terrains vagues entourant les villages, mais il s’observe aussi dans les terrains cultivés, le long des sentiers, sur les talus des rivières et des fleuves à proximité des lieux habités. La variété de l’Afrique centrale forme des touffes dressées et a la tige rougeâtre.

L’usage de cette plante est à peu près perdu et les indigènes l’utilisent à peine, même en temps de famine. Elle n’est cultivée nulle part.

Eleusine. — Cette plante est cultivée par les Bandas et les Mandjas. Le grain sert à faire une farine analogue à celle du Sorgho ou du Mil, et une espèce de boisson fermentée.

Fig. 110.— Phaseolus lunatus.

1. Feuille. — 2. Inflorescence. — 3. Face latérale d’une fleur. — 4. Face postérieure d’une fleur. — 5. Face antérieure d’une fleur. — 6. Etamine isolée. — 7. Grappe de fruits presque à maturité. — 8. Gousse ouverte. — 9. Embryon. — 10. Coupe transversale d’une gousse.

On la rencontre aussi dans le S. du Baguirmi où elle se récolte à la fin d’octobre.

Sésame. — Le Sésame est la plante la plus cultivée en Afrique centrale pour ses graines oléagineuses. En saison des pluies, on la trouve formant des petits carrés à proximité de tous les groupes de cases. Son rendement est pourtant faible, mais elle donne une huile très estimée des indigènes, et le tourteau est encore utilisé comme nourriture.

Haricot de Lima (Phaseolus lunatus). — Deux variétés de ce haricot existent dans le Haut-Oubangui et le Haut-Chari où elles sont très rustiques et très productives. Pour la variété dont la graine est la plus petite, un kilogramme pris dans des gousses bien sèches sur la plante contient environ 2.250 haricots. L’autre variété, déjà signalée par Maistre, paraît plus cultivée par les indigènes que la variété précédente à partir de Fort-Sibut. Beaucoup plus grosse, le kilogramme contient de 1.000 à 1.200 haricots.

Le Riz sauvage du Bas-Chari. — Les Kotokos en distinguent deux espèces :

Le Gadora ava (Kot.) riz rouge venant dans les parties inondées par le fleuve et le Gadora nkouabé.

Le premier se développe exclusivement dans les lieux baignés par le fleuve, et le second dans les Bouda ou dépressions sans arbres qui s’étendent jusqu’au Tchad et au Bahr el Ghazal, et dans tout le Baguirmi ; c’est ce dernier que nous avons surtout étudié.

Il croît dans les flaques d’eau ayant de 0m,20 à 0m,80 de profondeur en septembre et qui sont asséchées ou presque asséchées au 15 octobre. Les chaumes émergent de 0m,30 à 0m,50 au-dessus de l’eau. Il commence à mûrir dès que les mares s’assèchent. Les Kotokos nomment la paille de riz Ngouafan et les petites gerbes Yaban Gadora.

Aug. Chevalier et H. Courtet.

[552]Nachtigal signale une épizootie qui sévit un peu avant son passage chez les Dekenas (Dagana) en 1873.

[553]Le petit mil ne vaut rien pour les Chevaux, son grain est trop petit et ils ne peuvent le broyer, ils l’avalent donc en majeure partie sans être broyé.

[554]El Massar signifie en arabe, l’Egypte et plus particulièrement la ville du Caire.

[555]Au Tchad, la saison des pluies va ordinairement de juillet au 15 septembre, soit deux mois et demi, pendant lesquels il tombe une quinzaine d’averses. Au Baguirmi elle est un peu plus longue et va de juin à octobre, soit 4 mois, il tombe environ 50 centimètres d’eau. Dès octobre, la saison sèche se fait sentir et les capsules commencent à mûrir.


PRÉHISTOIRE & ETHNOGRAPHIE

PAR

Aug. CHEVALIER.

PRÉHISTOIRE ET ETHNOGRAPHIE

SUR L’ANTIQUITÉ DE L’HOMME EN AFRIQUE CENTRALE

Les documents tirés de la préhistoire qui pourraient nous éclairer sur l’ancienneté de l’homme en Afrique centrale sont aussi pauvres que ceux que Barth et Nachtigal ont exhumés de l’histoire ou de la tradition. C’est à désespérer de lever jamais le voile qui recouvre le passé de ces contrées. D’où sont venus les Peuls ? Quels rapports ont existés entre les Barmas et les Bambaras dans les langues desquels on retrouve un certain nombre de mots communs, et notamment le nom du mil (Nion), base de l’alimentation au Soudan ? Mystère. Les documents de l’âge de la pierre sont rares ; j’ai visité une cinquantaine de cavernes au Dar Banda, chez les troglodites Noubas et Bouas, et partout les parois sont enfumées, mais le fond ne contient que des débris de poteries semblables à celles qu’on fabrique actuellement. Nulle part nous n’avons rencontré de monuments mégalitiques bien que les gros blocs de granit éboulés des massifs se prêtent fort bien à ce genre d’architecture. Je n’ai point rencontré de traces de la période paléolitique. La période néolithique n’a laissé que des témoins fort rares dans les régions que j’ai parcourues. On a vu entre les mains des Ngaos de Ndélé, originaires du Gribingui, des objets en pierre dont ils se servaient comme affutoirs. A Moïto on m’a donné une petite hachette longue de 4 centimètres sur 3cm,5 de large. Il paraît qu’elle aurait été trouvée à Aouni. On n’acquiert que fort rarement de ces instruments, car les indigènes leur attachent de nombreuses vertus parce qu’ils les croient tombés du ciel. On en rencontre parfois çà et là à travers le Baguirmi et le pays Kotoko ; mais c’est surtout dans les Empires du Nord, Ouadaï et Bornou, qu’on les trouve en grande quantité. Les caravanes en font même un petit commerce et les vendent comme pierres à fusil[556]. Un Ouadaïen qui vint me voir à Aouni, Bayouri, me dit que les objets en pierre polie abondent à trois jours de marche au N. d’Aouni ; qu’on pourrait, sur certains points du pays des Krédas, en ramasser plusieurs charges de chameau à la même place[557] ; qu’on en trouve aussi en quantité aux environs d’Abeschr, capitale du Ouadaï. D’après Bayouri, ces objets sont de diverses formes et de toutes tailles, depuis 4 centimètres de long jusqu’à 40 centimètres.

La tradition n’a point conservé la nomenclature des peuplades qui se sont succédées dans ces contrées. Tout porte à croire qu’elles étaient autrefois infiniment plus nombreuses et plus riches qu’aujourd’hui. Partout où l’on creuse le sol, au pays Sara, sur les bords du Chari, aux environs du lac Iro, sur les plateaux de Ndéllé, à la base des rochers de Moïto, on retire de terre, jusqu’à 1 mètre et même 2 mètres de profondeur, des morceaux de charbon et des débris de poteries tout à fait semblables aux amphores qui se fabriquent encore de nos jours. Les scories de fer de Kome chez les Ndamms indiquent une très longue exploitation ; de même que les carrières de latérite sur les bords du lac Iro où l’on prélève simplement la terre employée pour l’aire des cases. Tous les pics au N. du 10e parallèle ont été habités par des peuplades qui y ont laissé des traces innombrables. Çà et là comme près des Niellims, et de Korbol, il y avait des ateliers pour fabriquer les pilons grossiers à moudre le grain ; de nombreux éclats de granit provenant de cette industrie gisent au pied de ces rochers ; ailleurs ce sont de petits murs ou des tas de pierres dont les uns comme aux Niellims, indiquent l’emplacement d’une sépulture, dont les autres ont été simplement entassés pour débarrasser les terrains cultivés.

C’est certainement entre le Niger et le Tchad qu’a pris naissance la civilisation soudanienne. Si elle était venue d’Égypte elle aurait laissé des traces sur sa route. Les pays Haoussas, le Bornou et les pays Somraï ont été les centres où cette civilisation a vu son essor. Elle était arrivée à un développement assez élevé : travail du cuivre et de l’or, préparation des cuirs, tissage du coton et teinture des cuirs et des étoffes, culture du riz et du froment, construction en briques sèches du style de Djenné. Du Bornou et de la boucle du Niger cette civilisation rayonnait vers les pays limitrophes, à l’O. sur l’empire de Mali, à l’E. sur le Baguirmi et le Ouadaï, mais en s’atténuant à mesure qu’elle s’éloignait de son foyer. Au Ouadaï on connaît à peine la construction en terre et l’on ignore l’art de la teinture.

Il est vraisemblable que cette civilisation était florissante avant l’introduction de l’Islam et que cette religion n’a fait que provoquer le plein épanouissement des germes latents. C’est sur l’Islam que se sont édifiés les empires qui ont prospéré durant le Moyen Age et les temps modernes. Puis la décadence de ces empires a commencé dès le début du siècle dernier. La pénétration des armes à feu en a été la cause. Avec les engins de destruction plus meurtriers que leur fournissait l’Europe, les sultans ont voulu se mesurer, terminer les vieilles rivalités, agrandir leurs Etats. L’esprit de conquête s’est réveillé plus fort que jamais. De là ces ruines accumulées par les guerres d’Empire à Empire, par l’ambition du moindre trafiquant qui, possesseur de quelques fusils, peut espérer fonder un État et qui, comme Senoussi, y réussit quelquefois. Une autre cause a précipité la décadence de la civilisation soudanaise et la dépopulation des régions voisines : c’est l’esclavage. Avec les guerres entre Empires, il prend de l’extension. On a besoin de recrues pour faire des soldats : on va les chercher chez les païens. On a besoin de captifs pour récompenser les services des chefs militaires ou acheter des fusils, on va les chercher chez les fétichistes. Les femmes esclaves deviennent les épouses avouées ou non des conquérants. Le génie de la population supérieure disparaît peu à peu dans les croisements. En outre le vainqueur ne travaille plus. C’est une honte pour un prétendu Arabe de toucher un outil de culture.

Les fétichistes, razziés chaque année, abandonnent leurs villages et leurs champs, parfois aussi bien soignés que ceux de nos paysans. Les survivants se sauvent dans la brousse. Les populations agricoles, Bandas, Saras, disparaissaient. Au moment où l’Europe a pris possession du centre de l’Afrique, le Soudan allait devenir un désert. L’intervention de la France, de l’Angleterre, leurs luttes contre des bandits comme Samory et Rabah, a pu sembler et a été parfois la défense de la civilisation, la protection de la vie humaine.

PIERRES POLIES ANCIENNES

Les pierres polies que la mission a recueillies dans la région du Fittri et du Tchad forment deux groupes sortant certainement d’ateliers différents.

Le premier groupe est constitué par des instruments recueillis au S. du lac Fittri (pl. VI). Ils sont tous en porphyrite, roche dure qui affleure à 24 kilomètres environ au S. du lac où la plupart ont été trouvés à Korbou et Boullong. Un d’entre eux a été trouvé à El Amer, localité beaucoup plus éloignée et située à 84 kilomètres environ au S.-O. du lac. Ils possèdent tous une forme d’ensemble plus ou moins allongée qui va jusqu’au poinçon (no 8 de la planche), forme qui, conjointement avec la nature de la roche, indique une commune origine. Beaucoup semblent être des percuteurs.

Le second groupe (pl. VII, nos 13 à 27) est constitué par des instruments recueillis pour la plupart dans le Dar el Hadjer (pays des roches), c’est-à-dire dans la région de l’ancien lac Baro entre le lac Fittri et le Tchad. Quelques-uns proviennent de la plaine de Massakori et même du poste de Bol situé sur la rive N. du Tchad. Ils sont en porphyrite, en rhyolite, ou en roche quartzeuse provenant vraisemblablement de cailloux roulés. La forme d’ensemble diffère de la précédente, les instruments sont moins allongés, mieux finis, plus tranchants, et on peut admettre qu’ils servaient à la préparation des peaux. Certains de ces objets en rhyolite ont une surface non attaquée par les agents atmosphériques, ce qui indique qu’ils ont été soustraits à l’action de ces agents, soit qu’ils aient été enterrés dès leur origine, soit de toute autre manière.

Le no 28 de la pl. VII est un grattoir en quartzite bien aiguisé.

PIERRES UTILISÉES DE NOS JOURS

Percuteurs. — La mission a recueilli dans la région du lac Iro quelques percuteurs sphériques en granite. Ces percuteurs sont utilisés par les Goullas pour briser les noyaux durs de certains fruits à amandes comestibles. Ils sont plus ou moins bruts ou polis selon la durée de leur usage. Le no 1 de la figure 111 représente un de ces percuteurs recueilli à Moufa.

Fig. 111. — Pierres utilisées de nos jours.

Un percuteur analogue en granite a été également recueilli entre le pays des Goulfés et Korbol.

Un autre sub-sphérique, galet roulé quartzeux, a été recueilli dans le Dar el Hadjer.

Enfin au début de la mission, sur l’Oubangui, au village de Bafourou, entre Bangui et Fort-de-Possel, nous avons recueilli un percuteur sphérique, de forme vraisemblablement naturelle, qui servait à briser les noyaux des fruits de l’Irvingia, dont l’amande est comestible.

Broyeurs. — La mission a recueilli dans le Dékakiré une plaque de gneiss poli provenant de Djember. Cette plaque servait à écraser les grains de mil et d’autres graminées.

Dans le pays de Senoussi, à Ndellé, il a été recueilli un grand fragment de galet roulé (quartzite) séparé suivant deux plans parallèles de stratification. Les bords polis de cet instrument servaient à réduire le tabac en poudre.

Polissoirs. — Dans la région du lac Iro, les Goullas polissent l’aire en argile battue de leurs cases avec des fragments de granite. Ces fragments prennent par l’usage des formes particulières. Le no 4 de la figure 111 représente un de ces polissoirs en granite de Mali, recueilli au village de Ro qui venait d’être détruit par Senoussi.

Pierres à aiguiser. — Les numéros 2 et 3 de la figure 111 montrent deux pierres à aiguiser les couteaux recueillies dans la région du Tchad. Ces pierres ont été percées pour être suspendues.

Les Djellabahs emportent avec eux des fragments de roches quartzeuses qui servent pour affuter les couteaux, l’usage leur donne certaines formes.

[556]Elles se nomment Razzo (arabe), Tott hell (Baguirmien), Masson en ouadaïen.

[557]Il me cita notamment les localités suivantes, à 3 ou 4 jours au N.-E. d’Aouni : Ouali, Iméi, Gounfout, Am Goutouna (Goudouna), Bay. Toutefois les Krédas que j’interrogeai à Massakori n’ont connaissance de rien d’analogue.


LA GALERIE FORESTIÈRE

PAR

Aug. CHEVALIER

LA GALERIE FORESTIÈRE

Si la végétation soudanaise était réduite aux savanes boisées présentant l’aspect parc et brousse, elle serait d’une pauvreté très grande, d’une monotonie désespérante. Dans toute cette zone, heureusement, le bord des moindres ruisseaux est jalonné de hautes futaies formant d’étroites bandes verdoyantes remplissant complètement le ravin, large au plus d’une centaine de mètres et souvent de 20 mètres seulement. Au fond du ravin coule un clair filet d’eau qui va se perdre dans une rivière moins encaissée qui à son tour ne présente plus sur sa rive qu’un très étroit ruban d’arbres et d’arbustes analogue à la bordure des berges de toutes les rivières de France. Cette superbe et grandiose futaie qui environne tous les petits cours d’eau du Soudan méridional, est généralement connue aujourd’hui des géographes sous le nom de galerie forestière, depuis que G. Schweinfurth et Junker en ont publié des descriptions et des dessins pris sur le vif : La galerie forestière est non seulement le décor verdoyant des plaines et des collines du pays de Senoussi, elle en est aussi la richesse. C’est sur ses bords que croissent les plus grandes lianes à caoutchouc (Landolphia owariensis) ; c’est dans son épais fouillis qu’on trouve les grands caféiers de l’Afrique centrale (Coffea Dybowskii et Coffea excelsa), les lianes à poivre (Piper guineensis), le poivre d’Ethiopie (Xylopia æthiopica), le palmier raphia du Haut-Bahr el Ghazal (Raphia monbuttorum) et parfois des palmiers à huile (Elæis guineensis). C’est aussi au milieu de ces hautes futaies, véritables tentacules prolongeant la grande sylve équatoriale jusqu’au cœur du Soudan qu’on rencontre les bois les plus précieux pour cette région, notamment l’acajou de l’Oubangui (Khaya grandifoliolata C. de Candolle), le tilleul d’Afrique (Nauclea stipulacea), le grand colatier voisin du Ntaba du Sénégal (Cola gigantea A. Chev.), le bois rouge inattaquable aux termites dont l’écorce en d’autres pays sert de poison d’épreuve (Erythrophlæum guineense), le bois jaune (sarcocephalus xanthoxylon A. Chev.), des fromagers, etc.

C’est dans les branchages de ces grands arbres que vivent les Colobes Guéréza et parfois au dire de Senoussi le chimpanzé.

Pour celui qui ne l’a jamais vue il est difficile de se faire une idée de l’aspect et de la galerie forestière et de sa composition. Par la figure 112 demi-schématique qui représente la moitié de la galerie du Boro large de 50 à 80 mètres, le lecteur verra combien cette composition est variée. Nous avons supposé une ligne idéale coupant transversalement le cours du ruisseau et montrant les divers escaliers qu’il faut descendre pour arriver à la nappe liquide.

De 1 à 6 on remarque la limite de la savane-parc, avec les principaux végétaux caractéristiques : en 1 les grandes herbes-roseaux hautes de 2 à 3 mètres appartenant surtout au genre Andropogon, en 2 un des arbres les plus abondants de la savane, le Lophira alata, en 3 un gros monticule de terre, large de 5 à 10 mètres et haut de 1 à 3 mètres au dessus du niveau du sol. Ces gros monticules, arrondis, très abondants dans toute la savane à proximité des ruisseaux, paraissent être d’anciennes termitières ayant eu une durée séculaire et parfois abandonnées depuis longtemps. Ces monticules sont occupés par une végétation spéciale qui empêche l’eau des pluies de les niveler. Sur les flancs de la butte existent presque constamment des Sanseviera et au sommet une touffe plus ou moins forte de Tamarinier (Tamarindus indica). En 4 de grosses touffes du bambou d’Abyssinie aux rhizomes vivaces, mais dont les grands chaumes hauts de 8 à 12 mètres sont bisannuels ; en 5 une touffe de l’Encephalartos septentrionalis Schweinf., cette cycadée si curieuse que l’on ne rencontre que dans le Haut-Nil et le Haut-Chari. 6 marque la première berge du ravin bordé d’une rangée d’arbres de moyenne grandeur parmi lesquels domine le Vitex cuneata. Dans la galerie forestière il n’existe ordinairement pas de lianes à caoutchouc ; celles-ci vivent à travers la savane ou bien s’appuient sur le bord extérieur des arbres de la galerie : elles s’élèvent à une quinzaine de mètres au maximum.

En 7 existe une de ces lianes allant s’appuyer sur le Vitex et envoyant un long sarment sur le gros arbre du fond de la galerie dont les premières branches viennent affleurer au niveau du terrain de la savane. De 6 à 9 on descend par une pente raide dans une dépression profonde de 5 à 15 mètres ; au fond est la galerie proprement dite. Sur cette pente on trouve des arbustes ou de petits arbres et notamment le Coffea excelsa représenté en 8.

Fig. 112. — Schéma d’une galerie forestière.

De 9 à 16 s’étend la demi-galerie comprise entre la savane et l’un des côtés du ruisseau. Le sol est noir et couvert d’humus (voir les analyses de M. Hébert) ; la lumière filtre à peine à travers le feuillage des arbres qui forment ordinairement deux étages superposés. La composition de cette galerie est entièrement analogue à celle de la forêt vierge équatoriale.

En 9 existe une liane légumineuse (Dalbergia) qui grimpe au haut des plus grands arbres, s’étale sur leur cime en vaste draperie enveloppante, descend, remonte, saute d’un arbre à l’autre en décrivant les courbes les plus fantastiques ; son tronc grêle atteint parfois plus de 100 mètres de développement.

En 10 existe le Costus afer, plante herbacée haute de 2 mètres, employée par de nombreuses races de la forêt congolaise pour coaguler le latex des lianes à caoutchouc.

En 11 un de ces hauts arbres (Erytrophlæum) qui s’élève jusqu’à 35 à 40 mètres de haut et dont le tronc est dépourvu d’épiphytes, tandis que les branches étalées horizontalement supportent souvent de grosses touffes d’orchidées ou des fougères du genre Platycerium. En 12 est une touffe de ce palmier grimpant du genre Calamus dont la tige est garnie d’aiguillons très piquants et dont les feuilles se terminent par de longs flagellums de plusieurs mètres de long et dont la piqûre est très redoutable pour le voyageur.

En 12 le dessin représente encore un très grand arbre, mais son port diffère complètement du précédent. C’est un Ficus qui a germé dans la fourche d’un arbre ; les racines adventives ont descendu le long du tronc formant un réseau puissant d’anastomoses, réseau qui a enserré si fortement le tronc de l’arbre support qu’il l’a tué pour se substituer à lui.

En 8 bis existe encore un caféier sauvage ; en 14 nous avons représenté un grand arbre (Afzelia) qui au lieu d’avoir le tronc nu comme le no 11 présente au contraire toute une gaine de végétation épiphyte (Aroidées grimpantes et poivrier de Guinée). En 15 on voit encore un caféier.

En 16 existe un second escarpement qui limite de ce côté le lit actuel du ruisseau au moment des crues. Son bord escarpé est couvert de petits buissons vivant dans le sous-bois et penchés sur le ruisseau. Nous avons noté surtout l’abondance d’une guttifère à latex jaune du genre Garcinia dans ce genre de station. De là on descend d’un mètre à peine pour tomber dans le lit du ruisseau qui ne forme plus qu’un étroit filet d’eau serpentant entre des bandes de sable à demi vaseux sur lequel poussent en 17 des Cypéracées. Sur l’autre rive du ruisseau inclinée en pente douce on observe un véritable fouillis de hautes scitaminées des genres Costus et Aframomum qui sont les genres les plus caractéristiques des sous-bois dans la forêt vierge. De l’autre côté du lit du ruisseau on trouve de hauts arbres dont les branches rejoignent les rameaux de la rive opposée, formant ainsi un immense dôme de verdure, sur les flancs duquel les fûts des troncs d’arbres, tantôt nus, tantôt garnis d’épiphytes, s’élèvent comme les colonnes d’une cathédrale.

La zone des galeries forestières, dans le Soudan central ne monte pas au delà du 8e degré de lat. N., tandis que dans le Soudan nigérien elle ne s’arrête qu’au 12e paralèlle.


TABLES & INDEX

L’AFRIQUE CENTRALE FRANÇAISE

Par M. Aug. CHEVALIER


TABLE DES MATIÈRES

Pages
Introduction V
Chap. I. — La route de l’Afrique centrale.
I. — De Bordeaux à Brazzaville 1
II. — Etudes botaniques autour de Brazzaville. — Le caoutchouc des herbes 8
III. — De Brazzaville à Bangui 12
Chap. II. — Le Haut-Oubangui.
I. — De Bangui à Fort-Sibut 28
II. — De Fort-Sibut à la Haute-Kémo et à la Haute-Ombella 66
Chap. III. — De Fort-Sibut à Ndellé 80
Chap. IV. — Les populations de la forêt et des hauts plateaux.
I. — Les Sylvatiques et les Fertits 88
II. — Les Bandas 96
III. — Les Mandjias 107
Chap. V. — Généralités sur le Haut-Chari 116
Chap. VI. — Le Sultan Senoussi.
I. — Origines de Senoussi et de son état 129
II. — Sa personnalité. — Sa vie à Ndellé 141
III. — Sa puissance militaire 145
IV. — Comment le Sultan exploite le pays 152
Chap. VII. — Excursion autour de Ndellé.
I. — Vers la Tété 165
II. — Voyage au Bangoran 182
III. — Voyage au Mamoun 183
IV. — De Ndellé à Ngara et au Bamingui 200
Chap. VIII. — Généralités sur le pays de Senoussi.
I. — Aperçu général 209
II. — Aperçu sur la météorologie de Ndellé 214
III. — Végétation et agriculture 216
Chap. IX. — Le Dar Banda.
I. — Histoire du Dar Banda 225
II. — Les Roungas 228
III. — Renseignements divers recueillis à Ndellé 230
IV. — Notes sur les peuplades du Haut-Oubangui et notes diverses 232
Chap. X. — Le moyen-Chari.
I. — Hydrographie, généralités 235
II. — Le Bahr el Abiod (Bamingui) et le Chari 239
III. — Excursions à l’O. du Chari 244
Chap. XI. — Le Lac Iro.
I. — Généralités 260
II. — En route pour le lac 262
III. — Pays des Goulfés ou Koulfés 278
IV. — Autour du Lac 292
V. — Chez les Saras de l’E. et retour chez les Koulfés 300
Chap. XII. — Le Sud du Baguirmi.
I. — Le pays des Noubas ou Faguias 307
II. — Le Dekakiré 315
III. — La région du Bahr el Erguig 321
IV. — Le climat de Tcheckna 330
V. — Les cours d’eau 331
VI. — Les marais entre Massénia et le Ba Laïri 336
Chap. XIII. — Le nord du Baguirmi.
I. — Dans les steppes du Baguirmi 339
II. — Région de Moïto 349
Chap. XIV. — Le Baguirmi.
I. — L’esclavage au Baguirmi 355
II. — Le commerce du Baguirmi 360
III. — Histoire 364
IV. — Histoire de Rabi, racontée par Si Sliman, Iman du Sultan Gaourang 370
V. — Notes du Dr Decorse 377
Chap. XV. — Le Bahr el Ghazal.
I. — Généralités sur le Bahr el Ghazal 379
II. — Le Bahr el Ghazal à Massakori 382
III. — La région du Haut-Bahr el Ghazal 384
IV. — Les populations du Bahr el Ghazal 386
Chap. XVI. — Le Kanem.
I. — Aspect général 396
II. — Climat 397
III. — Flore 397
IV. — Culture et élevage du bétail 398
V. — Elevage des chameaux 400
VI. — Commerce et industrie 402
VII. — Aperçu géologique 402
Chap. XVII. — Le Lac Tchad.
I. — Généralités 404
II. — Les Kouris du Tchad 405
III. — Hadjer el Hamis 410
Chap. XVIII. — Dernières notes.
I. — Le Chari entre Fort-Lamy et Mandjaffa 417
II. — Le Chari à Mandjaffa 418
III. — Le Chari entre Mandjaffa et les Niellims 419
IV. — Les Routos 424
Conclusion 427

APPENDICE


INDEX DIVERS


INDEX DES NOMS DE VÉGÉTAUX


INDEX DES NOMS D’ANIMAUX


LES POISSONS

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