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La Légende des siècles tome I
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IV
LE ROI INGRAT
Je vous préviens qu’on me fâche
Moi qui n’ai rien que ma foi,
Lorsqu’étant homme, on est lâche,
Et qu’on est traître, étant roi.
Moi qui n’ai rien que ma foi,
Lorsqu’étant homme, on est lâche,
Et qu’on est traître, étant roi.
Je sens vos ruses sans nombre;
Oui, je sens tes trahisons.
Moi pour le bien, toi pour l’ombre,
Dans la nuit nous nous croisons.
Oui, je sens tes trahisons.
Moi pour le bien, toi pour l’ombre,
Dans la nuit nous nous croisons.
Je te sers, et je m’en vante;
Tu me hais et tu me crains;
Et mon cheval t’épouvante
Quand il jette au vent ses crins.
Tu me hais et tu me crains;
Et mon cheval t’épouvante
Quand il jette au vent ses crins.
Tu te fais, tristes refuges,
Adorer soir et matin
En castillan par tes juges,
Par tes prêtres en latin.
Adorer soir et matin
En castillan par tes juges,
Par tes prêtres en latin.
Roi, si deux et deux font quatre,
Un fourbe est un mécréant.
Quant à moi, je veux rabattre
Plus d’un propos malséant.
Un fourbe est un mécréant.
Quant à moi, je veux rabattre
Plus d’un propos malséant.
Quand don Sanche est dans sa ville,
Il me parle avec hauteur;
Je suis un bien vieux pupille
Pour un si jeune tuteur.
Il me parle avec hauteur;
Je suis un bien vieux pupille
Pour un si jeune tuteur.
Je ne veux pas qu’on me manque.
Quand tu me fais défier
Par ton clerc à Salamanque,
A Jaen par ton greffier;
Quand tu me fais défier
Par ton clerc à Salamanque,
A Jaen par ton greffier;
Quand, derrière tes murailles
Où tu chasses aux moineaux,
Roi, je t’entends qui me railles,
Moi, l’arracheur de créneaux,
Où tu chasses aux moineaux,
Roi, je t’entends qui me railles,
Moi, l’arracheur de créneaux,
Je pourrais y mettre un terme;
Je t’enverrais, roi des goths,
D’une chiquenaude à Lerme
Ou d’un soufflet à Burgos.
Je t’enverrais, roi des goths,
D’une chiquenaude à Lerme
Ou d’un soufflet à Burgos.
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