← Retour
La Légende des siècles tome I
16px
100%
V
LE ROI DÉFIANT
Quand je songe en ma tanière,
Mordant ma barbe et rêvant,
Regardant dans ma bannière
Les déchirures du vent,
Mordant ma barbe et rêvant,
Regardant dans ma bannière
Les déchirures du vent,
Ton effroi sur moi se penche.
Tremblant, par tes alguazils
Tu te fais garder, roi Sanche,
Contre mes sombres exils.
Tremblant, par tes alguazils
Tu te fais garder, roi Sanche,
Contre mes sombres exils.
Moi, je m’en ris. Peu m’importe,
O roi, quand un vil gardien
Couche en travers de ta porte,
Qu’il soit homme ou qu’il soit chien!
O roi, quand un vil gardien
Couche en travers de ta porte,
Qu’il soit homme ou qu’il soit chien!
Tu dis à ton économe,
A tes pages blancs ou verts:
—«A quoi pense ce bonhomme
Qui regarde de travers?
A tes pages blancs ou verts:
—«A quoi pense ce bonhomme
Qui regarde de travers?
«A quoi donc est-ce qu’il songe?
Va-t-il rompre son lien?
J’ai peur. Quel est l’os qu’il ronge?
Est-ce son nom ou le mien?
Va-t-il rompre son lien?
J’ai peur. Quel est l’os qu’il ronge?
Est-ce son nom ou le mien?
«Qu’est-ce donc qu’il prémédite?
S’il n’est traître, il en a l’air.
Dans sa montagne maudite
Ce baron-là n’est pas clair.
S’il n’est traître, il en a l’air.
Dans sa montagne maudite
Ce baron-là n’est pas clair.
«A quoi pense ce convive
Des loups et des bûcherons?
J’ai peur. Est-ce qu’il ravive
La fraîcheur des vieux affronts?
Des loups et des bûcherons?
J’ai peur. Est-ce qu’il ravive
La fraîcheur des vieux affronts?
«Le laisser libre est peu sage;
Le Cid est mal muselé.»—
Roi, c’est moi qui suis ma cage
Et c’est moi qui suis ma clé.
Le Cid est mal muselé.»—
Roi, c’est moi qui suis ma cage
Et c’est moi qui suis ma clé.
C’est moi qui ferme mon antre,
Mes rocs sont mes seuls trésors;
Et c’est moi qui me dis: rentre!
Et c’est moi qui me dis: sors!
Mes rocs sont mes seuls trésors;
Et c’est moi qui me dis: rentre!
Et c’est moi qui me dis: sors!
Soit que je vienne ou que j’aille,
Je tire seul mon verrou.
Ah! tu trouves que je bâille
Trop librement dans mon trou!
Je tire seul mon verrou.
Ah! tu trouves que je bâille
Trop librement dans mon trou!
Tu voudrais dans ma vieillesse,
Comme un dogue dans ta cour,
M’avoir, moi, le Cid, en laisse,
Et me tenir dans ma tour,
Comme un dogue dans ta cour,
M’avoir, moi, le Cid, en laisse,
Et me tenir dans ma tour,
Et me tenir dans mes lierres,
Gardé comme les brigands...—
Va mettre des muselières
Aux gueules des ouragans!
Gardé comme les brigands...—
Va mettre des muselières
Aux gueules des ouragans!
Chargement de la publicité...