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La maison en ordre : $b comment un révolutionnaire devint royaliste

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CHAPITRE II
LA GUERRE DE 1870

Au mois de juillet 1870, la guerre éclata entre la France et l’Allemagne. Dès le commencement d’août, ma mère, qui habitait Paris avec mes deux sœurs, me réclama auprès d’elle et, prise de peur, nous emmena en Belgique. Elle s’installa, en une sorte de campement, à Liège où nous avions de la parenté.

Mon père, précepteur des fils du grand-duc Constantin, vivait à Saint-Pétersbourg depuis plusieurs années et ne venait nous voir que très rarement. C’est qu’hélas, la discorde régnait à notre foyer ; chacune de ses visites se marquait par des scènes pénibles où se froissaient deux caractères nullement faits l’un pour l’autre. Cette mésentente eut les conséquences les plus graves sur mon avenir. Je n’en parlerai cependant que le moins possible. Il y a là une cicatrice douloureuse que je préfère ne pas rouvrir. Paix aux morts…

Cependant, malgré ces dissensions, mon père estima qu’il était de son devoir de rejoindre les siens en détresse. Il obtint un congé, s’embarqua sur un vaisseau russe qui le conduisit à Anvers et fut à Liège environ une dizaine de jours avant le désastre de Sedan. J’avais quatre ans lorsque je l’avais vu pour la dernière fois. C’est dire que je ne gardais de lui qu’un souvenir fort confus ; mais, comme je n’en avais guère entendu parler qu’avec amertume, je redoutais son abord. Aussi fus-je agréablement surpris lorsque j’eus découvert que c’était un homme très franc, très expansif — sauf avec ma mère — et qui nous aimait beaucoup mes sœurs et moi. Je me sentais tout à fait en confiance auprès de lui. Lui-même ne pouvait pas se passer de moi. Ayant été nommé d’un comité de secours aux réfugiés besogneux, il me prenait toujours avec lui pour les courses et démarches que nécessitait sa mission charitable. Tout en cheminant, la main dans la main, nous causions et je constatai que mon culte pour Napoléon comme ma connaissance précoce de l’histoire du Premier Empire ne semblaient pas lui déplaire. C’est qu’il était très bonapartiste. Je me rappelle encore les invectives dont, après le 4 septembre, il chargea l’équipe d’avocassiers et de pamphlétaires républicains qui se jeta sur le pouvoir comme une bande de marcassins amaigris par de longs jeûnes sur un champ de pommes de terre connu pour son rapport fructueux. Ensuite, la dictature de Gambetta en province — nous ne savions presque rien de Paris assiégé — lui apparut ce qu’elle était réellement : le règne d’un braillard, aux relations fort suspectes, et qui, flanqué d’ambitieux subalternes et de bohèmes noceurs, ne réussit qu’à organiser l’écrasement final de la France par les Teutons. Cent fois, je l’ai entendu prédire que l’incapacité de ce gouvernement hasardeux, issu d’une émeute devant l’ennemi, amènerait fatalement notre défaite et la guerre civile. On voit qu’il ne manquait pas de perspicacité.

Assurément, j’étais encore trop jeune pour juger, au point de vue de la politique, les événements dont nous subissions le contre-coup. Néanmoins, je possédais déjà un certain don d’observation qui ne demandait qu’à s’exercer. C’est pourquoi quelques faits, très significatifs quant à l’état des esprits, me frappèrent d’une façon toute spéciale.

Par exemple, l’attitude des Belges à notre égard m’intriguait. Certes, ils traitaient ceux de nos soldats internés chez eux avec humanité et donnaient volontiers des soins aux malades. Pour nous autres réfugiés, ils nous accueillaient sans beaucoup d’empressement et nous témoignaient même de la froideur. Quand on apprenait les défaites réitérées de notre patrie, ils ne manifestaient point d’allégresse — du moins en notre présence — mais on sentait qu’elles ne leur étaient pas désagréables. A Liège, mes parents avaient loué le premier et le second étage d’une petite maison sise derrière le Jardin Botanique. Le propriétaire occupait le rez-de-chaussée. Souvent le soir, il montait les journaux à mon père. En les lui remettant, il lui servait invariablement cette phrase : « Eh bien monsieur, les Français sont de nouveau battus, savez-vous ?… » Puis il s’efforçait de prendre un air compatissant ; mais, à son intonation, il était facile de deviner que les victoires allemandes l’attristaient beaucoup moins qu’il n’eût voulu le faire croire. Mon père restant impassible, il attendait quelques secondes comme s’il avait désiré entamer une controverse. Voyant que rien ne venait, il se décidait à sortir de la chambre en murmurant : « C’est fâcheux !… »

Jamais il n’obtint un mot de réponse. Moi qui le guettais, il m’arriva de le suivre en tapinois sur le palier. Je voyais alors sa physionomie se transformer avec une rapidité surprenante. Elle exprimait toute autre chose que de la sympathie. Sans doute que le silence gardé par mon père le vexait passablement, car une fois, je l’entendis grommeler : «  — Ces Fransquillons, on les rosse et ils font encore les fiers !… Tout de même ils sont bien rossés !… » Et il descendit l’escalier en se frottant les mains et en affichant une mine de jubilation qui m’indigna.

— Il a donc deux visages ? me dis-je. Si nos revers lui causent tant de joie, pourquoi fait-il semblant de nous plaindre ?

A sept ans on ne connaît pas la comédie humaine ; j’ignorais donc que, comme l’a dit un philosophe désabusé, — peut-être Chamfort — « la parole a été donnée à l’homme pour dissimuler sa pensée ».

Blessé dans ma droiture, je rapportai à mon père ce que je venais de voir et d’entendre. Il haussa les épaules puis, étant fort lettré, il me cita ce distique d’Ovide :

Donec eris felix, multos numerabis amicos,
Tempora si fuerint nubila, solus eris.

— Sais-tu ce que cela veut dire ?

N’ayant pas commencé le latin, je secouai négativement la tête.

— Eh bien ! cela signifie : « Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d’amis. Si le temps se gâte, tu seras seul. »

Il était bien vrai que l’Europe qui, la veille, nous faisait fête, nous tourna le dos à l’exemple de la Fortune en 70. Nul ne sembla pressentir la menace pour toutes les nations qu’impliquaient les succès de l’Allemagne sous l’hégémonie prussienne. Mais, qu’on s’en souvienne, à cette époque, l’incorrigible rêveur, imbu d’humanitairerie et de romantisme sentimental que fut Napoléon III, dirigeait la politique étrangère de la France d’une façon si incohérente que tout le monde se méfiait de lui. Sa diplomatie, nébuleuse au possible, pleine de contradictions, tantôt hésitante, tantôt tracassière, dénuée de traditions et totalement inapte à saisir le Réel sous les apparences, nous avait aliéné les puissances comme les petits peuples. De là, notre isolement.

Que Bismarck avait vu clair lorsqu’il lança cette boutade : « Napoléon III ? Une grande incapacité méconnue ! »

Et comme elle s’était révélée, cette incapacité, avant et après Sadowa ! Qu’on veuille bien se remémorer les faits. L’Autriche par terre, la Prusse triomphante, maîtresse de la Confédération germanique, Napoléon III avait laissé entendre qu’il nous fallait quelque compensation pour l’unité allemande réalisée. Naïvement, il fit valoir son inertie pendant la campagne de Bohême. Bismarck, prodige d’astuce, équivoqua tant que la déconfiture de l’Autriche ne fut pas certaine. Dès qu’il tint la victoire, il se montra irréductible. Napoléon III demandait Mayence. Il lui déclara nettement que cette cession était impossible parce que l’Allemagne unifiée n’admettrait pas qu’on lui enlevât la plus petite parcelle de son territoire — fût-ce à l’amiable. L’empereur n’insista pas. Mais, talonné par l’opinion, il suggéra qu’il se contenterait de Luxembourg. Le roi de Hollande consentait à l’annexion et il semble que les Luxembourgeois ne s’y montraient pas très opposés. Bismarck, alors, déchaîna sa presse qui poussa les hauts cris, dénonçant à l’Europe les convoitises françaises et déclarant que Luxembourg qui, en ces temps-là, faisait partie de la Confédération, ne pouvait en être détaché sous aucun prétexte. Les rapports entre la France et l’Allemagne s’aigrirent de plus en plus et un conflit faillit éclater dès 1867. Grâce à l’intervention de l’Angleterre, les choses s’étaient arrangées tant bien que mal.

Or, au cours des négociations, Bismarck avait insinué, d’un ton négligent, à notre ambassadeur à Berlin que l’Allemagne ne trouverait sans doute pas excessif que nous cherchions un dédommagement en Belgique. « Ce sera votre pourboire », dit-il avec cynisme. L’ambassadeur, assez nigaud de son naturel, ne distingua pas le piège inclus dans cette avance. Il se laissa persuader de rédiger un vague projet de note sur ce thème. Napoléon, consulté, ne dit ni oui ni non. Mais, pour comble de maladresse, l’ambassadeur oublia le papier chez Bismarck qui le mit soigneusement de côté. Dès la déclaration de guerre, il s’empressa de le publier à grand fracas. Le résultat qu’il cherchait fut obtenu : l’opinion européenne se tourna contre nous. De plus, la Belgique, fort jalouse de son indépendance, craignit de nous être annexée, si nous l’emportions dans la lutte avec l’Allemagne. Elle avait cent fois raison de se montrer ombrageuse à cet égard. Rien ne permet d’affirmer que Napoléon ait eu quelque velléité de donner suite aux ambitions soufflées par le chancelier machiavélique. Mais l’effet voulu par celui-ci n’en était pas moins produit. Cela expliquait la satisfaction mal dissimulée des Belges lorsqu’ils apprenaient nos défaites et aussi, jusqu’à un certain point, leur réserve glaciale vis-à-vis des réfugiés de France.

Mon père m’expliqua sommairement les raisons de cet état d’esprit. Je le compris fort bien. Cependant je ne pus m’empêcher de lui dire qu’il me paraissait injuste que les Belges nous rendissent responsables des fautes de notre gouvernement.

— Que veux-tu, reprit-il, c’est comme cela dans la vie, et il ajouta, citant cette fois La Fontaine :

… De tout temps,
Les petits ont payé les sottises des grands.

En aucune autre occasion je ne l’entendis critiquer le régime napoléonien. Fervent approbateur du coup d’État de 51, il avait le goût de l’autorité, allât-elle jusqu’à la compression gouvernementale. Ce n’était pas à la cour de Russie qu’il pouvait le perdre. En outre, je pense qu’il estimait peu digne de vilipender devant des étrangers l’empereur malheureux. La plupart de nos compatriotes résidant à Liège ne l’imitaient pas. On les entendait multiplier les récriminations ; certains même chantaient une chanson idiote dont je ne me rappelle que ces vers :

C’est le sire de Fich-Ton-Kan
Qui s’en va-t-en guerre…

Avec ce refrain :

A deux sous tout l’paquet,
L’Père et la Mère Badingue
Et le petit Badinguet…

Mon père rougissait de ce manque de tenue qui, à coup sûr, ne nous relevait pas aux yeux des Belges. Mais il continua de se taire, ne voulant pas donner à nos hôtes goguenards et malveillants le spectacle d’une querelle entre Français. Je suis à peu près assuré que je fus le seul à connaître ses opinions. Et puisque je suis sur ce sujet, je noterai, en passant, qu’il considérait comme périmée la royauté légitime et qu’il se montrait violemment hostile à l’Église. C’est, du reste, le point unique sur lequel il sympathisât avec mon grand-père maternel. Il l’approuvait entièrement de m’avoir élevé dans l’ignorance religieuse.

Cet empereur si décrié, je l’ai vu au comble de l’abaissement. — Tout à fait par hasard, mon père et moi nous nous trouvions à la gare des Guillemins lorsque, prisonnier de l’Allemagne après Sedan, il traversa Liège pour se rendre au lieu de sa captivité : le château de Wilhemshœhe en Hanovre. Le train qui l’y transportait, avec son état-major, stationnait le long du second quai d’embarquement. Comme nous arrivions, nous vîmes d’abord deux généraux français qui se promenaient côte à côte, et sans rien dire, sur l’asphalte. La portière du wagon d’où ils étaient descendus restait ouverte. J’aperçus alors, assis dans le coin de gauche, un homme, de taille un peu au-dessous de la moyenne, dont le visage terreux me frappa. Une longue moustache aux pointes fortement cirées, une barbiche qu’il tordait d’une main machinale, deux plis amers aux joues, des yeux d’un bleu trouble. Il y avait une immense fatigue et une infinie tristesse dans le regard. Le corps se tassait, comme écrasé sur la banquette.

Mon père eut un mouvement de surprise. Il me serra le bras à me faire crier et dit presque tout bas : « C’est l’empereur !… »

Puis il traversa la voie pour s’approcher du wagon. Je le suivis, dévoré de curiosité. Quand il fut bien en face de la portière, il ôta son chapeau et salua très bas. Napoléon III tressaillit d’abord légèrement. On eût dit que cet hommage à César tombé le surprenait. Ensuite, comme mon père demeurait immobile et tête nue, il porta deux doigts à son képi, et l’ombre d’un sourire mélancolique passa sur ses lèvres. Je me sentis le cœur fondre de pitié.

A ce moment, un policier belge accourut qui d’une voix furibonde nous ordonna de circuler.

En nous en allant, mon père me dit très simplement : — Il y aura eu ici un Français pour saluer l’infortune. Tu ne l’oublieras pas…

Je ne l’ai pas oublié.

Quoique les circonstances où se prolongeait notre exil fussent pénibles, je dois mentionner que j’en ressentis les effets avec moins d’intensité qu’on ne pourrait le croire. Certes, quand j’entendais déplorer autour de moi les efforts sans cesse déçus de la France pour repousser l’invasion, je ne restais pas indifférent. Nos déboires me chagrinaient et je détestais farouchement les Prussiens. Mais il y avait en moi une telle puissance de rêve que, d’instinct, pour échapper à tant d’obsessions lugubres, je me réfugiais, davantage encore, dans ma chère histoire du Premier Empire. Je vivais avec la Grande Armée, je m’évoquais amoureusement l’image de l’Empereur — le vrai, le seul, celui au regard duquel le vaincu de Sedan ne m’était qu’un fantôme plaintif. Je tirais un rideau entre nos défaites présentes et nos victoires de jadis. On parlait de la supériorité en effectifs et en artillerie de nos adversaires. Moi, je me disais : — Ah que Napoléon ressuscite donc ! Il aura bien vite balayé toute cette racaille puante et raflé leurs canons !…

Nourri de ces pensées, l’âme enveloppée d’une brume de gloire, je ne concevais plus les maux dont souffrait notre patrie que dans un lointain diffus. Cette prédominance de l’imagination me fut certainement salutaire, car, impressionnable comme je l’étais, si j’avais éprouvé dans toute leur âpreté les angoisses de l’heure, je serais tombé malade de honte et de rage.

Il y eut pourtant une occasion où je pris conscience de la réalité au point de commettre un acte violent.

J’ai dit que des parents à nous habitaient Liège. Ils avaient des enfants dont, sur leur invitation, je partageais volontiers les repas et les jeux. Leur père, directeur d’un journal, avait épousé l’une de mes tantes. Un jour, dans la salle où nous étions en train de goûter, il entra, flanqué d’un collègue berlinois venu en Belgique je ne sais pour quel motif. Tous deux s’assirent près de nous et leur entretien se porta tout de suite sur la guerre.

Mon oncle aimait la France ; sa feuille, la Meuse, était une des rares qui nous témoignaient de la sympathie. Il commença par blâmer les actes du gouvernement de soi-disant défense nationale. Plusieurs de ses membres lui étaient connus et il ne paraissait pas en faire grand cas. Mais il marqua de l’estime pour notre pays, si mal dirigé qu’il fût, et vanta le courage de nos troupes. Son interlocuteur mit d’abord quelques réserves dans ses propos. Mais l’Allemand souffre s’il lui faut s’astreindre au tact d’une façon un peu prolongée. Celui-ci ne tarda donc pas à se donner carrière. Avec une lourde emphase il célébra d’abord le sérieux du génie germanique en l’opposant à ce qu’il appelait la légèreté et la frivolité françaises.

Mon oncle lui fit observer que ces prétendus défauts c’était de l’atticisme. — J’avoue, continua-t-il, sur une intonation doucement teintée d’ironie, que vos compatriotes sont trop gens de poids pour s’enlever ainsi sur les ailes de l’esprit. Leur gravité en souffrirait et c’est ce que vous ne sauriez admettre.

L’Allemand flaira peut-être qu’il y avait là quelque persiflage. En tout cas, le malotru qu’implique toute âme teutonne surgit aussitôt : — La France, déclara-t-il, ne se relèvera jamais. Rien qu’en la laissant se mettre en république, nous la livrerons aux dissensions intestines ; elle oubliera de penser à la revanche ; et alors elle remplira sa destinée qui est de nous fournir des cuisiniers, des histrions et des garçons coiffeurs. Que voulez-vous qu’elle fasse de plus ?

Et il éclata d’un rire épais.

Jusqu’à ces derniers mots je n’avais prêté au dialogue qu’une attention distraite ; mais lorsque le barbare se mit à rabaisser de la sorte ma patrie en deuil, une vague de colère me monta au cerveau. Je devins pourpre ; je me levai impétueusement ; je saisis le bol de chocolat qui fumait devant moi et le lui lançai à la tête en criant : — Cochon de Prussien, la France aura bientôt des soldats qui rosseront les vôtres comme à Iéna !…

Je m’arrêtai, suffoquant, les yeux pleins de larmes. Je cherchais comment l’insulter encore. Je trouvai ceci : — Vive Napoléon Ier !… Vous lui avez léché les bottes à Berlin !…

Ahuri et furieux, inondé de liquide bouillant, le gilet étoilé de taches brunâtres, l’Allemand s’épongeait le visage en grommelant de massives injures. Mes cousins, pétrifiés, bouche béante, me regardaient sans souffler une syllabe. Mon oncle, réprimant avec peine une forte envie de rire, offrait des excuses. Moi je toisais fièrement l’Ennemi, tout prêt à empoigner un couteau et à le lui plonger dans le ventre s’il faisait mine de m’attaquer. Il en avait, je crois, très envie. Mais mon oncle reprit : — C’est un petit Français. Que voulez-vous ? Il défend son pays comme il peut.

L’Allemand feignit de tourner la chose en plaisanterie. Mais au regard qu’il me décocha, tandis que mon oncle l’emmenait dans le cabinet de toilette, je compris que, s’il pouvait me rattraper et me tenir, seul à seul, dans un coin, il ne m’épargnerait pas la schlague due à mon crime de lèse-Germanie…

Ce Boche, puni par moi de son insolence, c’est l’unique souvenir agréable que j’aie conservé de cette guerre.

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