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Lexique comparé de la langue de Molière et des écrivains du XVIIe siècle

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(IV. 3.)

AYE, ou AY, monosyllabe:

Dans cette joie...—Aye, ay! doucement, je vous prie.
(L’Ét. V. 15.)

Aïe, par l’introduction du d, aïde ou aide, selon la prononciation moderne, syncope d’adjutorium. Aye, aye! c’est-à-dire, à l’aide, à l’aide!

«Certes, nous ne vous faudrons mie:
«Tous jours serons en vostre aïe
(R. de Coucy. v. 766.)
«... Quant ele vit Arabis si cunfundre,
«A halte voix s’escrie: Aïez nous, mahum!»
(Roland. st. 266.)

BABYLONE; LA TOUR DE BABYLONE, comme qui dirait la tour du babil:

C’est véritablement la tour de Babylone,
Car chacun y babille, et tout du long de l’aune.
(Tart. I. 1.)

«Le Père Caussin, jésuite, dit, dans sa Cour sainte, que les hommes ont fondé la tour de Babel, et les femmes la tour de babil. Ce quolibet du jésuite n’aurait-il pas donné l’idée de celui que Molière met dans la bouche de madame Pernelle? et le père Caussin ne serait-il pas le docteur dont parle la vieille dévote?»

(M. Auger.)

BAIE:

C’est une baie
Qui sert sans doute aux feux dont l’ingrate le paie.
(Dép. am. I. 5.)

Cette expression, payer d’une baie, nous reporte à la farce de Pathelin, dont la première édition est de 1490. Le prodigieux succès de ce Pathelin fit passer en proverbe plusieurs mots de cette pièce; nous disons encore: revenir à ses moutons. Payer d’une baie est une allusion à cette autre scène excellente, où le berger, acquitté du meurtre des moutons, paye son avocat en lui disant Bée, comme il a fait au juge; et la fourberie retombe sur son auteur.

Messire JEHAN.
«Et comme quoi?
PATHELIN.
«Pour ce qu’en bée
«Il me paya subtilement.»
(Le Testament de Pathelin.)

BAIE (DONNER LA):

Le sort a bien donné la baie à mon espoir.
(L’Ét. II. 13.)

BAILLER, archaïsme, donner:

Un sergent baillera de faux exploits, sur quoi vous serez condamné sans que vous le sachiez.

(Scapin. II. 8.)

Bailler un exploit était le terme consacré en style d’huissier; Molière n’avait garde de changer le mot technique.

BAISSEMENT DE TÊTE:

Quelque baissement de tête, un soupir mortifié, deux roulements d’yeux, rajustent dans le monde tout ce qu’ils (les scélérats) peuvent faire.

(D. Juan. V. 2.)

BALANCER QUELQUE CHOSE:

Un homme qui..... et ne balance aucune chose.

(Mal. im. III. 3.)

Qui ne pèse rien.

BALLE, RIMEUR DE BALLE:

Allez, rimeur de balle, opprobre du métier.
(Fem. sav. III. 5.)

«Balle, en termes d’agriculture, est une petite paille, capsule ou gousse, qui sert d’enveloppe au grain dans l’épi.»

(Trévoux.)

Si balle est ici dans ce sens, rimeur de balle serait une métaphore prise d’un objet qui, devant être rembourré de plume ou de crin, ne l’est que de balle, et ainsi d’une valeur réelle très-inférieure à l’apparence; mais cela paraît forcé.

Trévoux explique rimeur de balle, par allusion à la balle des marchands forains: «On appelle rimeur de balle un poëte dont les vers sont si mauvais, qu’ils ne servent qu’à envelopper des marchandises.» C’est ainsi qu’on dit poëte des halles.

BARBARISMES DE BON GOUT, en matière de bon goût:

Des incongruités de bonne chère et des barbarismes de bon goût.

(B. gent. IV. 1.)

(Voyez Solécismes en conduite.)

BARGUIGNER:

A quoi bon tant barguigner et tant tourner autour du pot?

(Pourc. I. 7.)

Barguigner signifie marchander en vieux français; racine bargain, que les Anglais nous ont pris et conservent encore.

«Estagiers de Paris puent barguignier et achater bled, ou marchié de Paris.»

(Livre des mestiers. p. 17.)

Le sire de Coucy, déguisé en mercier ambulant, ouvre sa balle; toute la maison y accourt, et la châtelaine de Fayel elle-même:

«Iluec trouverent le mercier,
«E lor dame qui remuoit
«Les joiaus, et les bargignoit.
«Aulcuns aussy de la mesnie
«Ont mainte chose bargignie....
«Et quant rien plus ne bargigna,
«Sa marchandise appareilla,
«Et prist son fardel à trousser.....
(Roman de Coucy.)
«La dame dist à son valet:
«Faites demourer sans long plait
«Ce povre home, marchand estragne.
«Cilz respont, sans faire bargagne:
«Gentilz dame, Dieus le vous mire.»
(Ibid.)

Elle marchandait les joyaux;—et quand on ne marchanda plus rien...;—il répond sans marchander. Barguigner n’a plus aujourd’hui que le sens figuré de marchander.

BASTE, de l’italien basta, suffit:

Baste! songez à vous dans ce nouveau dessein.
(L’Ét. IV. 1.)

Baste! laissons là ce chapitre.

(Méd. m. lui. I. 1.)

BATIR SUR DES ATTRAITS....:

Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants.
(Éc. des fem. IV. 1.)

C’est l’abrégé d’une expression métaphorique: bâtir, fonder un espoir sur.....

BATTEUR:

Oui, je te ferai voir, batteur que Dieu confonde,
Que ce n’est pas pour rien qu’il faut rouer le monde.
(L’Ét. II. 9.)

BEAU, au sens métaphorique de pur:

SGANARELLE.

Vous vous taisez exprès, et me laissez parler par belle malice!

(D. Juan. III. 1.)

BEAUCOUP devant un adjectif ou un partic. passé:

Je vous suis beaucoup obligé.

(Pourc. III. 9.)
Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire!
(Fem. sav. IV. 3.)

BÉCARRE; DU BÉCARRE, terme technique, aujourd’hui inusité:

Ah! monsieur, c’est du beau bécarre!

(Le Sicilien. 2.)

Et là-dessus vient un berger, berger joyeux, avec un bécarre admirable, qui se moque de leur foiblesse.

(Ibid.)

Cela veut dire que la musique passe du mode mineur au majeur.

BÉCASSE BRIDÉE:

Ma foi, monsieur, la bécasse est bridée; et vous avez cru faire un jeu qui demeure une vérité.

(Am. méd. III. 9.)

«Cela se dit figurément, à cause d’une chasse que les paysans font aux bécasses avec des lacets et collets qu’ils tendent, où elles se brident elles-mêmes.»

(Trévoux.)

BEC CORNU, ou mieux BECQUE CORNU:

Et sans doute il faut bien qu’à ce becque cornu
Du trait qu’elle a joué quelque jour soit venu.
(Éc. des fem. IV. 6.)

Que maudit soit le bec cornu de notaire qui m’a fait signer ma ruine!

(Méd. m. lui. I. 2.)

Becque est formé de l’italien becco, un bouc, mot qui reçoit deux sens métaphoriques, injurieux l’un et l’autre. Becco est un lourdaud, ou un homme que déshonore l’inconduite de sa femme ou de sa sœur (Trésor des trois langues). L’épithète cornu s’explique d’elle-même.

BÉJAUNE, erreur grossière:

C’est fort bien fait d’apprendre à vivre aux gens, et de leur montrer leur béjaune.

(Am. méd. II. 3.)

Monsieur, souffrez que je lui montre son béjaune, et le tire d’erreur.

(Mal. im. III. 16.)

Les jeunes oiseaux ont le bec garni d’une sorte de frange jaune. Ainsi, par métaphore, avoir le bec jaune, c’est manquer d’expérience, être dupe. Molière a écrit aussi bec jaune; conformément à l’étymologie:

Oui, Mathurine, je veux que monsieur vous montre votre bec jaune.

(D. Juan. II. 5.)
«Ce sont six aulnes.... ne sont mie?
«Et non sont; que je suis bec jaulne
(Pathelin.)

Dans l’origine, les consonnes finales étant muettes lorsque suivait une consonne; on prononçait pour bec, mer, fer, , , .

(Des variations du langage français, p. 44.)

BESOIN, FAIRE BESOIN, être nécessaire:

Aussi bien nous fera-t-il ici besoin pour apprêter le souper.

(L’Av. III. 5.)

BIAIS, dissyllabe:

Nous n’aurions pas besoin maintenant de rêver
A chercher les biais que nous devons trouver.
(L’Ét. I. 2.)
Des biais qu’on doit prendre à terminer vos feux.
(Ibid. IV. 1.)
Il faut voir maintenant quel biais je prendrai.
(Ibid. IV. 8.)
Pour tâcher de trouver un biais salutaire.
(Ibid. V. 12.)
Et du biais qu’il faut vous prenez cette affaire.
(Sgan. 21.)
Le pousser est encor grande imprudence à vous,
Et vous deviez chercher quelque biais plus doux.
(Tart. V. I.)

—Monosyllabe:

J’ai donc cherché longtemps un biais de vous donner
La beauté que les ans ne peuvent moissonner.
(Fem. sav. III. 6.)

SAVOIR LE BIAIS DE FAIRE QUELQUE CHOSE:

Mais, encore une fois, madame, je ne sais point le biais de faire entrer ici des vérités si éclatantes.

(Ép. dédic. de la Critique de l’Éc. des fem.)

BICÊTRE, voyez BISSÊTRE.

BIEN; AVOIR LE BIEN DE... le plaisir, l’avantage de...:

... J’ai le bien d’être de vos voisins.
(Éc. des mar. I. 5.)
Il s’est dit grand chasseur, et nous a prié tous
Qu’il pût avoir le bien de courir avec nous.
(Fâcheux. II. 7.)

BIEN ET BEAU:

Cependant arrivé, vous sortez bien et beau,
Sans prendre de repos ni manger un morceau.
(Sgan. 7.)

Remarquez beau, employé comme adverbe. C’était originairement le privilége de tous les adjectifs. Il nous en reste encore de nombreux exemples: voir clair, frapper ferme, parler haut, partir soudain, parler net, etc., etc., pour clairement, fermement, hautement, soudainement, nettement.

«Le fermier vient, le prend, l’encage bien et beau,
«Le donne à ses enfants pour servir d’amusette.»
(La Fontaine. Le Corbeau voulant imiter l’Aigle.)

BIENSÉANCE; ÊTRE EN LA BIENSÉANCE DE QUELQU’UN, c’est-à-dire, à sa disposition:

Cette maison meublée est en ma bienséance;
Je puis en disposer avec grande licence.
(L’Ét. V. 2.)

BISSÊTRE; malheur résultant d’une fatalité. FAIRE UN BISSÊTRE:

Eh bien! ne voilà pas mon enragé de maître?
Il nous va faire encor quelque nouveau bissêtre.
(L’Ét. V. 7.)

L’orthographe est bissêtre, et non bicêtre; le mot primitif est bissexte. Du Cange, au mot Bissextus, l’explique infortunium, malum superveniens. La mauvaise influence de l’an et du jour bissextile était proverbiale au moyen âge:

«Cette année-là étoit bissextile, et le bissexte tomba de fait sur les traistres.»

(Orderic Vital. lib. XIII. p. 882.)

«Cette tumultueuse année fut bissextile.... et le bissexte tomba sur le roi et sur son peuple, tant en Angleterre qu’en Normandie.»

(Id. lib. XIII. p. 905.)

C’était une locution populaire: le bissexte est tombé sur telle affaire, pour dire qu’elle avait mal tourné. Nous voyons déjà paraître la forme corrompue bissextre dans Molinet:

«Pour ce que bissextre eschiet,
«L’an en sera tout desbauchiet.»
(Le Calendrier.)

L’x s’éteignait dans la prononciation, et laissait prévaloir le t, par la règle des consonnes consécutives. On prononçait donc bissête, et, par l’intercalation euphonique de l’r, bissêtre.

La superstition du jour bissextile remontait aux Romains. Voyez là-dessus le témoignage de Macrobe, au livre Ier, chapitre 13, des Saturnales.

Molière rappelle donc ici, par l’emploi du mot bicêtre, une expression et une superstition du moyen âge.

Le vice d’orthographe tendrait à confondre le bissêtre avec le château de Bicestre ou de Bicêtre. Celui-ci a une tout autre origine: la grange aux Gueux, qui appartenait, en 1290, à l’évêque de Paris, passa plus tard à Jean, évêque de Wincestre, dont le nom, transformé en Bicestre, est resté attaché à cette demeure.

Le peuple dit d’un enfant méchant et tapageur: C’est un bicêtre; ah! le petit bicêtre! Trévoux veut que ce soit par allusion à la prison de Bicêtre; mais ne serait-ce pas plutôt un vestige de la superstition du bissêtre? Ah! le maudit enfant! le petit malheureux! né le jour du bissêtre, sur qui est tombé le bissêtre!

On lit dans le Roman bourgeois, de Furetière:

«Si j’ai fait ici quelque bissêtre

Et dans la Noce de village, de Brécourt:

«Avant, je veux faire bissêtre

BLANCHIR, NE FAIRE QUE BLANCHIR; au sens métaphorique:

Les douceurs ne feront que blanchir contre moi.
(Dép. am. V. 9.)
Et nos enseignements ne font là que blanchir.
(Éc. des fem. III. 3.)

LE MARQUIS.—Voilà des raisons qui ne valent rien.

CLIMÈNE.—Tout cela ne fait que blanchir.

(Crit. de l’Éc. des fem. 7.)

Bien que cette expression se trouve dans la bouche de Climène, il ne s’ensuit pas que Molière ait prétendu la blâmer.

Voici comment Furetière expose l’origine de cette métaphore:

«Blanchir se dit aussi des coups de canon qui ne font qu’effleurer une muraille, et y laissent une marque blanche. En ce sens, on dit, au figuré, de ceux qui entreprennent d’attaquer ou de persuader quelqu’un, et dont tous les efforts sont inutiles, que tout ce qu’ils ont fait, tout ce qu’ils ont dit, n’a fait que blanchir devant cet homme ferme et opiniâtre.»

BOIRE LA CHOSE; métaphoriquement, se résigner:

Mon frère, doucement il faut boire la chose.
(Éc. des mar. III. 10.)

Molière a dit, par la même figure: Avaler l’usage des galants.

BOIRE SUR LE RESTE DE QUELQU’UN:

Vous buviez sur son reste, et montriez d’affecter
Le côté qu’à sa bouche elle avoit su porter.
(L’Ét. IV. 5.)

BON, BONNE, ironiquement:

Hé, la bonne effrontée!

(Sgan. 6.)

Parbleu! le voilà bon, avec son habit d’empereur romain!

(D. Juan. III. 6.)

D’où viens-tu, bon pendard?

(G. D. III. 11.)

Taisez-vous, bonne pièce!

(Ibid. I. 6.)

Oses-tu bien paroître devant mes yeux, après tes bons déportements?

(Scapin. I. 4.)

BON A FAIRE A....:

Refuser ce qu’on donne est bon à faire aux fous.
(Dép. am. I. 2.)

BON ARGENT (PRENDRE POUR DE), prendre au sérieux:

Quoi! tu prends pour de bon argent ce que je viens de dire?

(D. Juan. V. 2.)

Métaphore tirée de la fausse monnaie.

AVOIR LE CŒUR BON, c’est-à-dire, en style moderne, bien placé:

Sachez que j’ai le cœur trop bon pour me parer de quelque chose qui ne soit point à moi.

(L’Av. V. 5.)

LE BON DU CŒUR, substantivement:

Et du bon de mon cœur à cela je m’engage.
(Mis. III. 1.)

Du meilleur de mon cœur.

BONS JOURS, jours de fête, jours solennels:

Que d’une serge honnête elle ait son vêtement,
Et ne porte le noir qu’aux bons jours seulement.
(Éc. des mar. I. 2.)

BOUCHE. BOUCHE COUSUE, adverbialement, pour recommander la discrétion:

Adieu. Bouche cousue, au moins! Gardez bien le secret, que le mari ne le sache pas!

(G. D. I. 2.)

LAISSER SUR LA BONNE BOUCHE:

Vous n’en tâterez plus, et je vous laisse sur la bonne bouche.

(Ib. II. 7.)

DANS MA BOUCHE, DANS LEURS BOUCHES, c’est-à-dire d’après mes paroles, à les entendre:

Dans ma bouche, une nuit, cet amant trop aimable
Crut rencontrer Lucile à ses vœux favorable.
(Dép. am. II. 1.)

Il n’y a pas moyen d’approuver cette façon de parler.

Ascagne veut dire qu’elle se fit passer pour Lucile, parla comme si elle eût été Lucile. Cette expression étrange paraît tenir à l’inexpérience de Molière, quand il fit le Dépit; mais on est surpris de la retrouver, mieux construite, il est vrai, dans la préface du Tartufe. Il s’agit des hypocrites:

Le Tartufe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété.

Molière s’exprimerait-il autrement s’il voulait dire que les hypocrites, par leur manière de réciter Tartufe, d’en accentuer les vers, dénaturent la pensée de l’auteur, et font d’un ouvrage innocent un ouvrage impie?

(Voyez Métaphores vicieuses.)

BOUCHON ET BOUCHONNER:

Hai, hai, mon petit nez, pauvre petit bouchon!
(Éc. des m. II. 14.)
Je te bouchonnerai, baiserai, mangerai.
(Éc. des fem. V. 4.)

Bouchon est ici le diminutif de bouche. Il ne faut pas s’arrêter à ce que cette terminaison on, one, est en italien la marque d’un augmentatif; il est certain qu’en français elle a reçu un emploi opposé, comme de Pierre, Pierron ou Pierrot; de Charles, Charlon ou Charlot, de Gothe, Gothon; de Marie, Marion, etc. Et dans les noms communs, bestion (de beste), valeton (valet), luiton (lutin), tetton (tette), peton (pied), chaton (chat), poupon (poupe, poupée, etc.)

Voici l’article de Furetière: «Bouchon est aussi un nom de cajollerie qu’on donne aux petits enfants, aux jeunes filles de basse condition: Mon petit cœur, mon petit bouchon

BOUGER (SE), verbe réfléchi, pour bouger, neutre:

Et personne, monsieur, qui se veuille bouger
Pour retenir des gens qui se vont égorger!
(Dép. am. V. 7.)

BOURLE, de l’italien burla, moquerie, FAIRE UNE BOURLE:

Une certaine mascarade..... que je prétends faire entrer dans une bourle que je veux faire à notre ridicule.

(Bourg. gent. III. 14.)

C’est la leçon de l’édition de 1670, qui est la première. Les éditions modernes mettent bourde, qui est la forme corrompue, aujourd’hui adoptée. Bourle n’est dans aucun dictionnaire; ils donnent tous bourde.

BRANLER LE MENTON, manger:

MASCARILLE.
Oh! tu seras ainsi tenu pour un poltron.
—Soit, pourvu que toujours je branle le menton.
(Dép. am. V. 1.)

BRAS, SE METTRE...... SUR LES BRAS:

Voudriez-vous, madame, vous opposer à une si sainte pensée, et que j’allasse, en vous retenant, me mettre le ciel sur les bras?

(D. Juan. I. 5.)

Qui en touche un (hypocrite), se les attire tous sur les bras.

(Ib. V. 2.)

SE JETER.... SUR LES BRAS, même sens;

Et je me jetterois cent choses sur les bras.
(Mis. V. 1.)

BRAVADE, FAIRE BRAVADE A QUELQU’UN:

Moi, je serois cocu?—Vous voilà bien malade!
Mille gens le sont bien, sans vous faire bravade,
Qui, de mine, de cœur, de biens et de maison,
Ne feroient avec vous nulle comparaison.
(Éc. des fem. IV. 8.)

Sans vous insulter.—Bravade d’un discours:

Je ne sais qui me tient qu’avec une gourmade
Ma main de ce discours ne venge la bravade.
(Éc. des fem. V. 4.)

BRAVE en ajustements:

Ta forte passion est d’être brave et leste.
(Éc. des fem. V. 4.)

Est-ce que tu es jalouse de quelqu’une de tes compagnes que tu voies plus brave que toi?

(Am. méd. I. 2.)

BRAVERIE, parure:

LA GRANGE.—Vite, qu’on les dépouille sur-le-champ.

JODELET.—Adieu, notre braverie!

(Préc. rid. 16.)

Pour moi, je tiens que la braverie, que l’ajustement est la chose qui réjouit le plus les filles.

(Am. méd. I. 1.)

BRIDER D’UN ZÈLE:

D’un zèle simulé j’ai bridé le bon sire.
(L’Ét. IV. 1.)

BRILLANTS; qualités brillantes:

Comme par son esprit et ses autres brillants
Il rompt l’ordre commun et devance le temps....
(Mélicerte. I. 4.)

LES BRILLANTS DES YEUX:

Mais, voyant de ses yeux tous les brillants baisser.
(Tart. I. 1.)
Et si je rends hommage aux brillants de leurs yeux,
De leur esprit aussi j’honore les lumières.
(Fem sav. III. 2.)

LES BRILLANTS D’UNE VICTOIRE:

Ne vous enflez donc point d’une si grande gloire,
Pour les petits brillants d’une faible victoire.
(Mis. III. 5.)

BROUILLER:

Que nous brouilles-tu ici de ma fille?

(L’Av. V. 3.)

DESTIN BROUILLÉ, embrouillé:

Fut-il jamais destin plus brouillé que le nôtre?
(L’Ét. IV. 9.)

BRUIRE. FAIRE BRUIRE SES FUSEAUX, métaphoriquement, faire tapage:

Le vin émétique fait bruire ses fuseaux.

(D. Juan. III. 1.)

BRUIT. Bruit répandu, ouï-dire:

J’ai rencontré un orfévre qui, sur le bruit que vous cherchiez quelque beau diamant en bague....

(Mar. for. 5.)

AVOIR UN BRUIT DE, avoir la réputation de:

Hé! là, là, madame la Nuit,
Un peu doucement, je vous prie;
Vous avez dans le monde un bruit
De n’être pas si renchérie.
(Amph. prol.)

«Elle eut le bruit, à la cour, de n’avoir pas sa pareille.»

(La Reine de Nav. Hept. nouv. 15.)

On disait de même, donner un bruit à quelqu’un.

Bonnivet, au témoignage de la reine de Navarre,

«Estoit des dames mieulx voulu que ne feut oncques François, tant par sa beauté, bonne grace et parole, que pour le bruit que chacun luy donnoit d’estre l’un des plus adroits et hardis aux armes qui feust de son tems.»

(Heptaméron. nouvelle 14e.)

«Elle connoissoit le contraire du faux bruit que l’on donnoit aux François, car ils estoient plus sages, etc.»

(Ibidem.)

(Voyez la note au mot Donner un crime.)

A PETIT BRUIT:

Je me divertirai à petit bruit.

(D. Juan. V. 2.)

BRULER SES LIVRES A QUELQUE CHOSE:

J’y brûlerai mes livres, ou je romprai ce mariage.

(Pourc. I. 3.)

Chicaneau dit pareillement:

CHICANEAU.
«Vous plaidez?
LA COMTESSE.
Plût à Dieu!
CHICANEAU.
J’y brûlerai mes livres!»
(Les Plaideurs. I. 7.)

BRUTALITÉ DE SENS COMMUN ET DE RAISON:

Un homme qui, avec une impétuosité de prévention, une roideur de confiance, une brutalité de sens commun et de raison, donne au travers des purgations et des saignées.

(Mal. im. III. 3.)

BUTER A QUELQUE CHOSE, prendre cette chose pour but:

Toutes mes volontés ne butent qu’à vous plaire.
(L’Ét. V. 3.)

BUTIN, au lieu de proie, dans le sens métaphorique:

D. ELVIRE.
On ne me verra point le butin de vos feux.
(D. Garcie. III. 3.)

Je ne crois pas qu’on trouve en français un second exemple de cette façon de parler bizarre. Dans une métaphore consacrée, on n’a pas le droit de substituer un synonyme au mot qui fait la figure; autrement cet Anglais aurait bien parlé, qui écrivait à Fénelon: «Monseigneur, vous avez pour moi des boyaux de père,» car entrailles et boyaux sont synonymes, comme proie et butin.

CABALE, pour signifier le parti des faux dévots:

Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale.

(D. Juan. V. 2.)

Pascal, dans les Provinciales, emploie ce mot dans le même sens.

CACHE, cachette:

On n’est pas peu embarrassé à inventer dans toute une maison une cache fidèle.

(L’Av. I. 4.)
«Et qui vous a cette cache montrée?»
(La Fontaine.)

CACHEMENT DE VISAGE:

Leurs détournements de tête et leurs cachements de visage firent dire cent sottises de leur conduite.

(Crit. de l’Éc. des fem. 3.)

CADEAU, dîner en partie de campagne, dont on régale quelqu’un. Molière l’explique lui-même dans ce passage:

Des promenades du temps,
Ou dîners qu’on donne aux champs,
Il ne faut point qu’elle essaye:
Selon les prudents cerveaux,
Le mari, dans ces cadeaux,
Est toujours celui qui paye.
(Éc. des fem. III. 2.)

Des maris benins qui:

De leurs femmes toujours vont citant les galants,
..................................................................
Témoignent avec eux d’étroites sympathies,
Sont de tous leurs cadeaux, de toutes leurs parties.
(Ib. IV. 8.)

J’aime le jeu, les visites, les assemblées, les cadeaux, et les promenades....

(Mar. forc. 4.)

Le diamant qu’elle a reçu de votre part, et le cadeau que vous lui préparez....

(Bourg. g. III. 6.)

Les déclarations ont entraîné les sérénades et les cadeaux, que les présents ont suivis.

(Ibid. III. 18.)

«Cadeau se dit aussi des repas qu’on donne hors de chez soi, et particulièrement à la campagne. Les femmes coquettes ruinent leurs galants à force de leur faire faire des cadeaux. En ce sens il vieillit.»

(Furetière.)

DONNER UN CADEAU:

Nous mènerions promener ces dames hors des portes, et leur donnerions un cadeau.

(Préc. rid. 10.)

Je l’ai fait consentir enfin au cadeau que vous lui voulez donner.

(B. gent. III. 6.)

CADEAU DE MUSIQUE, DE DANSE:

Elles y ont reçu des cadeaux merveilleux de musique et de danse.

(Am. magn. I. 1.)

CAJOLER, verbe neutre:

Tudieu! comme avec lui votre langue cajole!
(Éc. des fem. V. 4.)

CALOMNIER A QUELQU’UN, c’est-à-dire, DANS QUELQU’UN, sa vertu:

Vous osez sur Célie attacher vos morsures,
Et lui calomnier la plus rare vertu
Qui puisse faire éclat sous un sort abattu?
(L’Ét. III. 4.)

Et calomnier en elle. Cet exemple se rapporte au datif de perte ou de profit. (Voyez Datif.)

ÇAMON:

Çamon vraiment! il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles.

(B. gent. III. 3.)

Çamon, ma foi! j’en suis d’avis, après ce que je me suis fait.

(Mal. im. I. 2.)

On ne trouve indiqués nulle part le sens précis ni l’origine de cette expression, qui est évidemment une sorte d’exclamation affirmative.

Elle est formée de trois racines, ce a mon, que l’on trouve ainsi divisées dans les plus anciens textes. La reine de Navarre parlant d’un prêcheur:

«Si l’on disoit, en oyant un sermon,
«Il a bien dit; je répondrois: Ce a mon
(Le Miroir de l’âme péch.)

Il a ce, c’est-à-dire, bien dit. On sous-entend dans la réponse le verbe exprimé dans la demande.

Quand ce verbe dans la demande est accompagné d’une négation, la négation se glisse dans la formule de la réponse, ce qui achève d’en découvrir le sens.

«Or, n’i a fors que del huchier
«Nos voisins.—Certes, ce n’a mon
(De sire Hains et dame Anieuse. Barbaz. III. 45.)

Il n’y a que d’appeler nos voisins.—Certes, il n’y a que ce (à faire). Ce, c’est-à-dire, appeler nos voisins.

Reste à expliquer le mot mon.

Il se présente souvent séparé de la formule que j’analyse, et joint au verbe savoir, mis pour chose à savoir. Par exemple, dans Montaigne:

«Sçavoir mon si Ptolémée s’y est aussy trompé aultre foys.»

(Montaigne. Essais. II. 12.)

Mon paraît une transformation de num. Du grec μῶν, est-ce que, les Latins avaient fait num: pourquoi, par une disposition d’organe réciproque, du latin num les Français, à leur tour, n’auraient-ils pas refait mon? Cum, numerus, changent de même leur u en o: comme, nombre.

Mon garde la valeur de num et de μῶν, et répond à n’est-ce pas, pas vrai, qui s’emploient familièrement dans un sens moitié interrogatif, moitié affirmatif: savoir, n’est-ce pas, si Ptolémée jadis ne s’y est pas trompé?—Je répondrais: Il a bien prêché, pas vrai?

Par suite de l’usage, les trois racines se sont fondues en un seul mot, qui a pris pour acception la valeur affirmative de la dernière racine: Il y a tant à gagner avec votre noblesse, n’est-ce pas!—J’en suis d’avis, n’est-ce pas, ou en vérité, après ce que je me suis fait!

A l’appui de l’étymologie que je propose, je ne dois pas omettre de faire observer que um, en latin, au moyen âge, se prononçait on. Voyez ce point développé au mot Matrimonion.

CAMUS (RENDRE), métaphoriquement, casser le nez, rendre confus:

MATHURINE.

Oui, Charlotte; je veux que monsieur vous rende un peu camuse.

(D. Juan. II. 5.)

Vous remarquerez que l’on emploie à rendre la même pensée deux images contraires: être camus et avoir un pied de nez.

CAPRIOLER, cabrioler:

Parbleu! si grande joie à l’heure me transporte,
Que mes jambes sur l’heure en caprioleroient,
Si nous n’étions point vus de gens qui s’en riroient.
(Sgan. 18.)

CARACTÈRE, talisman:

Oui, c’est un enchanteur qui porte un caractère
Pour ressembler aux maîtres des maisons.
(Amph. III. 5.)

On dit qu’il a un caractère pour se faire aimer de toutes les femmes.

(Pourc. III. 8.)

Le Crispin des Folies amoureuses se dit grand chimiste, qui passait même pour un peu sorcier:

«On m’a même accusé d’avoir un caractère
(Fol. am. I. 5.)

«Caractère se dit aussi de certains billets que donnent des charlatans ou sorciers, et qui sont marqués de figures talismaniques ou de simples cachets.»

(Trévoux.)

CARÊME-PRENANT, mardi gras, qui touche au mercredi des cendres, jour où prend le carême:

On diroit qu’il est céans carême-prenant tous les jours.

(B. gent. III. 2.)

Un carême-prenant est un masque du mardi gras:

On dit que vous voulez donner votre fille en mariage à un carême-prenant?

(Ibid. V. 7.)

CARESSE, UN PEU DE CARESSE, au singulier:

Cela se passera avec un peu de caresse que vous lui ferez.

(G. D. II. 12.)

CARNE, angle d’une table, d’un volet, etc.:

Je me suis donné un grand coup à la tête contre la carne d’un volet.

(Mal. im. I. 2.)

Carne est le mot simple, dont on rencontre souvent au moyen âge le diminutif carenon (on écrivait carreignon ou quarreignon); la racine est carré, quarré, quarre, qui existe encore dans bécarre, c’est-à-dire B carré.

Dans les Vosges on dit: à la carre du bois; c’est à l’angle. L’équerre, instrument qui fait la carre.

Le quarreignon était une mesure d’une quarte; c’était aussi un coin, un cachet de lettre.

«Blanchandrin fist un brief escrire,
Puis mist le carregnon en cire.»
(Du Cange, in Ceraculum.)

CAROGNE, c’est-à-dire charogne; la grossièreté du mot étant un peu dissimulée par la différence de prononciation:

Voilà nos carognes de femmes!

(G. D. III. 5.)

Ce mot est fréquent dans Molière comme imprécation: ah, carogne!

Primitivement le ch sonnait dur, comme le k. De carnem on fit carn, karn ou charn, et dans la forme moderne chair. Carogne témoigne de l’ancienne prononciation.

J’observe que le CH est entré dans l’orthographe pour un service diamétralement opposé à celui qu’il y fait aujourd’hui. L’h, signe d’aspiration, empêchait le c de s’adoucir, de se briser sur la voyelle suivante, et le maintenait dur.

Car le c tout seul faisait devant chacune des cinq voyelles le rôle du ch moderne (qu’il conserve dans l’italien devant e et i). On lit dans les plus vieux textes, ceval, bouce, ceminée, fresce; cela faisait, comme aujourd’hui, cheval, bouche, cheminée, fraîche. Au contraire, la notation moderne eût représenté keval, bouke, keminée, fraîke.... ce qui est la prononciation picarde. Et pourquoi les Picards prononcent-ils ainsi? pourquoi semblent-ils avoir pris le contre-pied des autres en prononçant un kien, un kat, une mouke, un kemin, un pékeur; et au contraire par ch, chela, chel homme, chelle femme, merchi, chest boin, etc. Est-ce purement et simplement par esprit de contradiction?

Nullement. C’est par fidélité à la langue latine, dont le Belgium de César paraît avoir été plus fortement imprimé que les autres provinces de la conquête romaine.

En effet, les Picards maintiennent le son du k partout où les Latins sonnaient le c dur: vacca, vaque; bucca, bouque; caballus, keval; caro, karn et carogne; catus, carrus, piscator, kat, kar et karrette, péqueur; canis, kien; cacare, kier, etc. Vous voyez qu’ils se reportent toujours à l’étymologie pour maintenir le c dur, sans égard à la nature de la voyelle qui suit en français. Que cette voyelle soit devenue un i, comme dans chien, ou un e, comme dans cheval, n’importe; ils ne s’arrêtent point à la métamorphose; leur oreille se souvient de plus haut: c’était un a en latin, et le c y était dur; ils le garderont dur.

Mais dans ce, ci, merci, et autres pareils, qui ne viennent pas du latin, ou n’y avaient pas le c dur, ils lui laissent la valeur du ch moderne; ils disent merchi, comme les Italiens disent mercè.

Les autres provinces se sont réglées depuis sur la nature des voyelles françaises pour modifier la valeur du c; mais, dans l’origine, elles semblent lui avoir attribué partout, et sans distinction, l’effet du ch moderne. Comment expliquer autrement que de catus, carrus, on ait dit chat, char?

En italien, le ch conserve sa valeur primitive: chiamare, chiave, chiuso.

Aujourd’hui l’on se contente du simple c devant o et a: comminciare, decamerone; mais autrefois on y écrivait aussi le ch, comme cela se voit par un manuscrit du XVe siècle, dont voici le titre exact:

—«Inchomincia il libro chiamato dechameron, chognominato principe Ghaleotto[41], nel quale si chontengono cento novelle..... etc.»

(Cité dans P. Paris, mss. III. 327.)

Ce qui semble indiquer que, dans l’origine, les Italiens aussi prêtaient au c une action uniforme sur les cinq voyelles. Et en effet, il est plus naturel, quand on pose une règle, de la poser générale; les exceptions viennent ensuite, amenées par le temps, et avec elles les inconséquences. Le cahot de la voiture et le chaos de Démogorgon sonnent à l’oreille comme la dernière moitié de cacao. Concluez donc la prononciation d’après l’orthographe!

CAS, GRAND CAS, chose considérable:

Ce que de plus que vous on en pourroit avoir (d’âge)
N’est pas un si grand cas pour s’en tant prévaloir.
(Mis. III. 5.)
«Quoi payer?—La dîme aux bons pères.
«—Quelle dîme?—Savez-vous pas?
«—Moi, je le sais?—C’est un grand cas,
«Que toujours femme aux moines donne.»
(La Font. Les Cordeliers de Catalogne.)

CAUSER, parler au hasard:

Le monde, chère Agnès, est une étrange chose!
Voyez la médisance, et comme chacun cause!
(Éc. des fem. II. 6.)

Le sens primitif de causer est, en effet, blâmer, gronder, médire. C’était un verbe actif, causer quelqu’un:

«Sa femme l’ot, moult fort le cose

(Vie de J. C. dans Duc.)

Sa femme l’entend, et le gronde fort.

«Moult de sa gent parler n’en osent,
«Mais par derrière moult l’en chosent
(Barbaz. Fabliaux. I. p. 160.)

Voyez Du Cange, au mot Causare.

CAUTION BOURGEOISE, garantie suffisante:

Je m’en vais gagner au pied, ou je veux caution bourgeoise qu’ils ne me feront pas de mal. (Les yeux de Cathos et ceux de Madelon.)

(Préc. rid. 10.)

Allusion à l’ancienne coutume de livrer en otage au vainqueur un certain nombre des principaux bourgeois. Eustache de Saint-Pierre faisait partie de la caution bourgeoise fournie par la ville de Calais.

LE MARQUIS. Je la garantis détestable!

DORANTE. La caution n’est pas bourgeoise.

(Crit. de l’Éc. des fem. 6.)

«On appelle caution bourgeoise, dit Furetière, une caution valable et facile à discuter, comme serait celle d’un bourgeois bien connu dans sa ville.»

Au mot caution, Furetière met cet exemple: «On ne veut point prêter aux grands seigneurs sans caution bourgeoise

CE interrogatif, lié au verbe pouvoir:

Qui peut-ce être?

(L’Av. IV. 7.)

CE, suivi du verbe au pluriel:

Il faut que, dans l’obscurité, je tâche à découvrir quelles gens ce peuvent être.

(Sicilien. 5.)
Tous les discours sont des sottises,
Partant d’un homme sans éclat;
Ce seroient paroles exquises,
Si c’étoit un grand qui parlât.
(Amph. II. 1.)
Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons.
(Éc. des fem. III. 2.)

(Voyez CE QUE et CE SONT.)

CÉANS:

Qu’est-ce qu’on fait céans? comme est-ce qu’on s’y porte?
(Tart. I. 5.)
Dénichons de céans, et sans cérémonie.
(Ibid. IV. 7.)

Ce vieux mot est employé dans Tartufe avec une sorte de prédilection. Madame Pernelle, comme aussi madame Jourdain, affectionnent céans.

Et je parle d’un vieux Sosie
Qui fut jadis de mes parents,
Qu’avec très-grande barbarie
A l’heure du dîner l’on chassa de céans.
(Amph. III. 7.)

Céans, racines ci ens, ici dedans; comme léans est pour là ens, là dedans.

Fayel, surprenant le châtelain de Coucy chez sa femme, le chasse avec la suivante Isabelle:

«Or, chastelains, vous en irez,
«Isabelle o vous enmenrez;
«Car ci ens jamais ne girra.»
(R. de Coucy, V. 4744.)

Car elle ne couchera jamais plus céans.

«Un frère Jean, novice de léans
(La Fontaine, Féronde.)

Novice de là-dedans.

En prenait autrefois l’s finale euphonique. Cette s s’est conservée aussi dans cette autre forme dedans, où le second d est une euphonique intercalaire. (Des Var. du lang. fr., 93 et 339.)

CEPENDANT QUE...:

Cependant que chacun, après cette tempête,
Songe à cacher aux yeux la honte de sa tête...
(L’Ét. V. 14.)

Pendant cela (savoir), que chacune, etc., hoc pendente (seu durante) quod..... Cependant que, fréquent dans la prose de Froissart, est un archaïsme cher à la Fontaine.

CE QUE LE CIEL NOUS A FAIT NAÎTRE, notre origine:

Il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître.

(B. gent. III. 12.)

CE QUE C’EST QUE DE.... pour ce que c’est que le...:

Moi! voyez ce que c’est que du monde aujourd’hui!
(L’Ét. I. 9.)

Quid sit de mundo hodie. (Voyez DE, représentant que le.)

CE QUE... SONT:

Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons.
(Éc. des fem. III. 2.)

On m’a montré la pièce, et comme tout ce qu’il y a d’agréable sont effectivement les idées qui ont été prises de Molière, etc.

(Impr. 3.)
«Son droit? tout ce qu’il dit sont autant d’impostures.»
(Racine. Les Plaideurs. II. 9.)

L’idée réveillée ici par le singulier ce que, représente des détails, et non pas un ensemble. Le verbe au singulier y serait déplacé; qu’on l’essaye: Monsieur, tout ce qu’il dit est autant d’impostures. Tout ce qu’il y a d’agréable est effectivement les idées, etc.

Cela n’est pas acceptable. Avant de s’accorder entre eux, les mots sont tenus de s’accorder avec la pensée; et quand il y a conflit, c’est la pensée qui doit l’emporter. Aussi, quand une suite de substantifs, même au pluriel, ne réveillent qu’une idée simple, l’idée d’un ensemble, le verbe se met au singulier.

Quatre ou cinq mille écus est un denier considérable!

(Pour. III. 9.)

Voyez la contre-partie de cet article à C’EST.

CE QUI.... CE SONT:

Ce sont charmes pour moi que ce qui part de vous.
(Fem. sav. III. 1.)

Il est permis de supposer que, sans la nécessité de la mesure, Molière n’eût pas donné à l’usage la satisfaction de cette étrange alliance d’un singulier avec un verbe au pluriel. Ce qui part... ce sont charmes.

Je dois observer cependant que Montaigne a écrit:

«Cela, ce sont des effects particuliers.»

(II. ch. 12)

(Voyez des exemples du contraire à l’article C’EST.)

CERVELLE, figurément, la cause pour l’effet; impétuosité, extravagance: ESSUYER LA CERVELLE DE QUELQU’UN:

On n’a point à louer les vers de messieurs tels,
A donner de l’encens à madame une telle,
Et de nos francs marquis essuyer la cervelle.
(Mis. III. 7.)

CE SONT, SONT-CE:

C’est comme parle le plus souvent Molière, quand il suit un pluriel; et non pas c’est, est-ce, à la manière de Bossuet:

Comment, ces noms étranges ne sont-ce pas vos noms de baptême?

(Précieuses ridic. 5.)
Ce sont vingt mille francs qu’il m’en pourra coûter.
(Mis. V. 1.)

Il est probable qu’en prose Molière eût dit c’est vingt mille francs, comme dans la phrase de Pourceaugnac citée plus haut; car l’idée ne se porte pas à considérer les francs isolément, mais sur une somme de 20,000 francs.

Ce ne sont plus rien que des fantômes ou des façons de chevaux.

(L’Avare. III. 5.)

C’EST ou EST, en rapport avec un substantif au pluriel:

Et deux ans, dans son sexe, est une grande avance.
(Mélicerte. I. 4.)

Il est clair qu’il n’y a point là de faute, parce que la pensée porte non pas sur le nombre des années, mais sur l’unité de temps représentée par deux ans. Deux ans, c’est une grande avance.

Quatre ou cinq mille écus est un denier considérable!

(Pourc. III. 9.)

Tous les hommes sont semblables par les paroles, et ce n’est que les actions qui les découvrent différents.

(L’Av. I. 1.)

Il est certain que cette façon de parler paraît la plus conforme à la logique habituelle de la langue française, qui gouverne toujours la phrase, non sur les mots à venir, mais sur les mots déjà passés, en sorte qu’une inversion change la règle: J’ai vu maints chapitres; j’ai maints chapitres vus.

Ce est au singulier, représentant cela. Pourquoi mettre le verbe au pluriel? On ne dirait plus aujourd’hui, comme du temps de Montaigne, cela sont.

Mais ce peut être un mot collectif enfermant une idée de pluriel; et quand ce pluriel touche immédiatement au verbe qui le suit, il n’y a point d’inconvénient à mettre ce sont, au lieu de ce est. Nos pères paraissent en avoir jugé ainsi, car la forme ce sont se retrouve dans le berceau de la langue. Elle prédomine dans le livre des Rois:

«Ço sunt les deus ki flaelerent e tuerent ces d’Égypte el désert.»

(Rois. p. 15.)

Le tort des grammairiens est d’avoir rendu cette forme obligatoire; elle n’est que facultative, et il est toujours loisible d’employer c’est devant un nom pluriel. Les grammairiens, qui nous imposent rigoureusement ce sont eux, prescrivent aussi c’est nous, c’est vous, locutions absurdes! Puisqu’on gardait la tradition du moyen âge, il fallait du moins la garder tout entière, et dire, ce sommes nous, c’êtes vous. Mais on n’a obéi qu’à une routine aveugle et inconséquente.

Dans Pathelin, Guillemette recommande à M. Jousseaume de parler bas, par égard pour le pauvre malade; et elle-même s’oublie jusqu’à élever fort la voix. Le drapier ne manque pas d’en faire la remarque:

«Vous me disiez que je parlasse
«Si bas, saincte benoiste dame:
«Vous criez!
GUILLEMETTE.
C’estes vous, par mame!»

C’est vous, par mon âme!

A la fin, le drapier reconnaît son voleur dans l’avocat:

«Je puisse Dieu desadvouer
«Se ce n’estes vous, vous, sans faulte...»

Je renie Dieu si ce n’est vous!

Et dans la scène où Pathelin subtilise le drap: L’honnête homme que feu votre père!

«Vrayment, c’estes vous tout craché!»

C’est vous tout craché.

«On trouve douze rois choisis par le peuple, qui partagèrent entre eux le gouvernement du royaume. C’est eux qui ont bâti les douze palais qui composoient le labyrinthe.»

(Bossuet. Disc. sur l’hist. un. 3e p.)

«Ce n’est pas seulement des hommes à combattre, c’est des montagnes inaccessibles, c’est des ravines et des précipices d’un côté; c’est partout des forts élevés....»

(Or. fun. du pr. de Condé.)

On voit que Bossuet veut présenter une idée d’ensemble: les rois qui ont bâti le labyrinthe, et ce qu’il y a à combattre; et non pas attirer la pensée, la divertir sur les détails, sur les éléments qui forment cette unité. Il ne veut pas nous faire compter les rois égyptiens ni les sommets des montagnes, mais nous frapper par un tableau; il emploie le singulier.

Cependant, après avoir rapporté ce passage, l’auteur des Remarques sur la langue française et le style déclare avec dureté: «Il faut partout ce sont.» «Il est certain, ajoute-t-il par forme d’atténuation, que les Latins disaient poétiquement animalia currit.» Les Latins n’ont jamais parlé de la sorte, ni en vers ni en prose; l’auteur confond la grammaire latine avec la grecque. Au surplus, la locution ζῶα τρέχει n’a pas le moindre rapport à ce dont il s’agit. On aimerait mieux trouver dans ce livre moins d’érudition, et un peu plus d’égards pour les grandes gloires littéraires de la France. C’est à l’instant même où il vient d’inventer cet animalia currit, que l’auteur reproche à Bossuet des solécismes: «Bossuet a commis cette faute à outrance.... Le solécisme est commis avec une telle insistance, qu’il est permis de croire que Bossuet n’était pas bien fixé sur cette règle d’usage, qu’il rencontre néanmoins quelquefois.» (I. p. 445.) Non, Bossuet n’a pas fait ici de solécisme, et il parlait français autrement que par rencontre et par hasard.

«Ce n’est plus ces promptes saillies qu’il savoit si vite et si agréablement réparer.»

(Or. f. du pr. de Condé.)

Substituez ce ne sont, vous déchirez l’oreille: ce ne sont plus ces....

Voltaire dit pareillement:

«Les saints ont eu des foiblesses; ce n’est pas leurs foiblesses qu’on révère.»

(Canonis. de s. Cucufin.)

L’idée porte sur ce qu’on révère, et non sur les faiblesses des saints.

Et Racine:

«Ce n’est pas les Troyens, c’est Hector qu’on poursuit.»
(Androm.)

L’idée porte de même ici non pas sur les Troyens, mais sur ce qu’on poursuit.

Et comme après un nom collectif au singulier on peut mettre le verbe au pluriel, par rapport à la pensée que ce singulier réveille, de même on peut mettre le verbe au singulier à côté d’un substantif au pluriel, quand il y a unité dans l’idée.

Ainsi, dans Pourceaugnac, Molière a pu dire, et devait dire en effet:

Quatre ou cinq mille écus EST un denier considérable.

(III. 9.)

Sont un denier eût été impropre.

Par la même raison, M. de Chateaubriand a dû écrire:

«Qui racontera ces détails, si je ne les révèle? Ce n’est pas les journaux.»

(De la censure.)

Concluons qu’il y a un art, une délicatesse de style à choisir l’une ou l’autre forme, selon le besoin de la pensée ou de l’harmonie; et c’est à l’usage qu’il fait de cette liberté qu’on reconnaît le bon écrivain.

C’EST A.... A (un infinitif), et non pas de:

C’est aux gens mal tournés, aux mérites vulgaires,
A brûler constamment pour des beautés sévères.
(Mis. III. 1.)

C’EST POUR (un infinitif), cela mérite que....:

Certes c’est pour en rire, et tu peux me le rendre.
(Mélic. I. 2.)

C’EST POUR (un infinitif) QUE....:

Et c’est pour essuyer de très-fâcheux moments,
Que les soudains retours de son âme inégale.
(Psyché. I. 2.)

Cela est fait pour.... Cela, savoir que....

C’EST (un infinitif) DE (un infinitif); et non que de:

C’est m’honorer beaucoup de vouloir que je sois témoin d’une entrevue si agréable.

(Mal. im. II. 5.)

C’EST QUE, par syllepse, sans relation grammaticale avec ce qui précède:

Et afin, madame Jourdain, que vous puissiez avoir l’esprit tout à fait content, et que vous perdiez aujourd’hui toute la jalousie que vous pourriez avoir conçue de monsieur votre mari, c’est que nous nous servirons du même notaire pour nous marier, madame et moi.

(B. gent. V. 7.)

Je vais vous dire une chose, c’est que nous nous servirons, etc.

C’EST TOUT DIT, adverbe; c’est tout dire, tout est dit quand on a dit cela:

Il est fort enfoncé dans la cour, c’est tout dit:
La cour, comme l’on sait, ne tient pas pour l’esprit.
(Fem. sav. IV. 3.)

CE QUI EST DE BON, pour ce qu’il y a de bon:

Le mari ne se doute point de la manigance, voilà ce qui est de bon.

(G. D. I. 2.)

CE VOUS EST, CE NOUS EST:

En un mot, ce vous est une attente assez belle
Que la sévérité du tuteur d’Isabelle.
(Éc. des mar. I. 6.)

Ce nous est une douce rente que ce M. Jourdain.

(Bourg. gent. I. 1.)

C’est ici le datif de profit: c’est à vous, à nous....

CHAGRIN DÉLICAT, délicatesse chagrine:

S’il faut que cela soit, ce sera seulement pour venger le public du chagrin délicat de certaines gens.

(Préf. de la Crit. de l’Éc. des fem.)

CHAISE pour chaire:

Les savants ne sont bons que pour prêcher en chaise.
(Fem. sav. V. 3.)

«Chaise n’est point une erreur de Martine. Autrefois, on appelait ainsi ce que nous nommons aujourd’hui chaire; on disait: une chaise de prédicateur, de régent. Vaugelas préférait en ce sens le mot chaise, mais il n’excluait pas le mot chaire. Ce dernier ne se dit plus que des siéges ordinaires.»

(M. Auger.)

La note de M. Auger est fort juste; mais il y faut ajouter quelques développements, car ce point touche à l’une des circonstances les plus singulières de l’ancienne langue; c’est l’habitude de grasseyer et de zézayer. Jacques Dubois (Sylvius) et Charles Bouille en font le caractère du parler parisien au XVIe siècle; mais je suis persuadé que la chose est beaucoup plus ancienne et plus générale, au moins en ce qui touche le grasseyement. En effet, les preuves de l’r supprimée, ou transformée en l, se rencontrent partout dans les manuscrits du moyen âge. L’amure pour l’armure, dans la chanson de Roland; quatier, mabre, paller, bone, pour quartier, marbre, parler, borne, dans le Roman de la Rose; asi pour arsi (brûlé), dans les Rois; coupe pour coulpe, dans le Roman du châtelain de Coucy; mellan, huller, supellatif, etc., etc., dans des auteurs de toutes provinces et des plus anciennes époques.

«Item, un estuy à corporaulx, tout ouvré de pelles

(Invent. de la Ste.-Chapelle, de 1363.)

«Les entrechamps de grosses pelles fines.»

(Texte de 1336.)

(Voyez Du Cange, au mot Chaste.)

Bouille et Dubois se trompent donc en prenant un abus contemporain pour un abus moderne. C’est une erreur, du reste, assez commune.

Cette précaution prise, voici leur témoignage:

«Je ne veux point oublier ici un autre vice de la prononciation parisienne: c’est la confusion des lettres R et S. Les exemples en sont innombrables, tant en latin qu’en vulgaire. Ils disent Jeru Masia, pour Jesu Maria; misesese, pour miserere; cosona, pour corona. Ma mèse, mon frèse, pour mère, frère; et au rebours, courin, pour cousin; de l’oreille, pour de l’oseille. Et ils ne se contentent pas de pécher de la sorte en parlant, mais c’est qu’ils écrivent comme ils prononcent; et les doctes même ont toutes les peines du monde à se préserver de cette mauvaise habitude, dont les enseignes des rues de Paris rendent témoignage à tous les passants, car on y lit: Au gril cousonné; à l’estelle (l’étoile) cousonnée, au bœuf cousonné.» (De vitiis vulg. ling., p. 36.)

J. Dubois est aussi explicite; il ajoute seulement cette remarque, que les Latins pratiquaient la même confusion, disant indifféremment: Fusius, Valesius, ou Furius, Valerius; arbos, labos, ou arbor, labor; comme les Grecs, θαῤῥέιν et θαρσέιν. (Isagoge in ling. gall., p. 52.)

De cathedram, la première forme française a été chayère ou kayère, d’où par resserrement chaire. Les Picards d’aujourd’hui disent encore une kayelle.

Et chaire, par le zézayement, est devenu chaise, comme hure était devenu huse.

«En la mesme feuille ont mis aussi la figure de la divine infante, couronnée en royne de France, comme vous, vous regardants huze à huze l’un l’autre[42]

(Sat. Ménippée, p. 104, éd. Charp.)

Nous avons repris la forme hure, mais nous avons gardé la forme chaise, créée par un abus, tout en retenant aussi la forme primitive et légitime chaire; mais comme il est convenu qu’il ne peut y avoir dans une langue deux mots synonymes, on s’est empressé d’attacher à chacune de ces formes une nuance de valeur différente.

Combien de mots subsistent honorablement au cœur de notre langue, qui ne sont, comme le mot chaise, que des parvenus sans titres? Par exemple, fauxbourg, chambellan, qui devraient être forsbourg, chamberlan; et bien d’autres!

(Voyez SUS.)

CHALEUR DE, empressement à:

Et que, par la chaleur de montrer ses ouvrages,
On s’expose à jouer de mauvais personnages.
(Mis. I. 2.)

CHALEUR POUR QUELQUE CHOSE:

La chaleur qu’ils ont pour les intérêts du ciel.

(Préf. de Tartufe.)

CHAMAILLER et SE CHAMAILLER:

Nous irons bien armés; et si quelqu’un nous gronde,
Nous nous chamaillerons. . . . . . . . . .
Moi, chamailler! bon Dieu, suis-je un Roland, mon maître?
(Dép. am. V. 1.)

Sur les verbes réfléchis qui prennent ou laissent le pronom, Voyez ARRÊTER et PRONOM RÉFLÉCHI.

CHAMP, par métaphore pour occasion:

Et l’aigreur de la dame, à ces sortes d’outrages
Dont la plaint doucement le complaisant témoin,
Est un champ à pousser les choses assez loin.
(Éc. des mar. I. 6.)

Le ressentiment fournit l’occasion de pousser les choses assez loin; l’idée est claire, mais la métaphore est incohérente: une aigreur ne peut être un champ.

ALLER AUX CHAMPS, aller à la campagne:

Votre maître de musique est allé aux champs, et voilà une personne qu’il envoie à sa place pour vous montrer.

(Mal. im. II. 4.)

CHAMPIONNES, féminin de champion:

Tous viennent sur mes pas, hors les deux championnes.
(L’Ét. V. 15.)

CHANGE; DONNER POUR CHANGE A, c’est-à-dire, en échange de:

C’est ce qu’on peut donner pour change
Au songe dont vous me parlez.
(Amph. II. 2.)

CHANGÉ DE:

Vous me voyez bien changé de ce que j’étois ce matin.

(D. Juan. IV. 9.)

Quantum mutatus ab illo.

CHANGER DE NOTE:

Je te ferai changer de note, chien de philosophe enragé!

(Mar. for. 8.)

Changer de langage, changer de ton. La Fontaine a dit changer de note pour changer de tactique:

«Leur ennemi changea de note,
«Sur la robe du dieu fit tomber une crotte:
«Le dieu, la secouant, jeta les œufs à bas.»
(L’Aigle et l’Escarbot.)

CHANGER UNE CHOSE A UNE AUTRE:

Et, des rois les plus grands m’offrît-on le pouvoir,
Je n’y changerois pas le bien de vous avoir.
(Mélicerte. II. 3.)
«Cependant l’humble toit devient temple, et ses murs
«Changent leur frêle enduit aux marbres les plus durs.»
(La Font. Philémon et Baucis.)
«Peut-être avant la nuit l’heureuse Bérénice
«Change le nom de reine au nom d’impératrice.»
(Racine. Bér. I. 3.)

CHANSONS, REPAÎTRE QUELQU’UN DE CHANSONS:

Il faut être, je le confesse,
D’un esprit bien posé, bien tranquille, bien doux,
Pour souffrir qu’un valet de chansons me repaisse.
(Amph. II. 1.)

CHANTER DES PROPOS:

Au nom de Jupiter, laissez-nous en repos,
Et ne nous chantez plus d’impertinents propos.
(L’Ét. I. 8.)

CHANTER MERVEILLE, promettre monts et merveilles:

Nous en tenons, madame; et puis prêtons l’oreille
Aux bons chiens de pendards qui nous chantent merveille!
(Dép. am. II. 4.)

CHARGER; CHARGER UN COURROUX, y donner de nouveaux motifs:

Mon courroux n’a déjà que trop de violence,
Sans le charger encor d’une nouvelle offense.
(Sgan. 6.)

CHARGER, métaphoriquement, en bonne part:

L’honneur de cet acte héroïque
Dont mon nom est chargé par la rumeur publique.
(D. Garcie. V. 5.)

La figure en ce sens ne paraît pas heureuse. On dit cependant le poids d’un grand nom; et Regnard a dit aussi, ironiquement, il est vrai:

«C’est un pesant fardeau qu’avoir un gros mérite.»
(Le Joueur. II. 8.)

CHARGER LE DOS à quelqu’un, le battre:

Vous n’avez pas chargé son dos avec outrance?
(L’Ét. III. 4.)

CHARGER QUELQU’UN, courir sur lui pour le battre:

ALAIN.
... Si quelque affamé venoit pour en manger,
Tu serois en colère et voudrois le charger.
(Éc. des fem. II. 3.)
Je veux.....
. . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . . .
Que tous deux à l’envi vous me chargiez ce traître.
(Ibid. IV. 9.)

CHARGER SUR QUELQU’UN:

D’abord il a si bien chargé sur les recors...
(L’Ét. V. 1.)

Molière s’en est servi pareillement au sens figuré:

Sur mon inquiétude ils viennent tous charger.
(Amph. III. 1.)

CHARITÉS, par antiphrase, imputations médisantes ou calomnieuses; PRÊTER DES CHARITÉS A QUELQU’UN:

Une de ces personnes qui prêtent doucement des charités à tout le monde, de ces femmes qui donnent toujours le petit coup de langue en passant.

(Impromptu. I.)

CHARITÉ SOPHISTIQUÉE:

Ces faux monnoyeurs en dévotion, qui veulent attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophistiquée.

(1er Placet au roi.)

CHAT, ACHETER CHAT EN POCHE:

Vous êtes-vous mis en tête que Léonard de Pourceaugnac soit homme à acheter chat en poche....?

(Pourc. II. 7.)

Acheter un chat dans la poche du marchand, acquérir un objet sans l’examiner.

«Elles (les filles qui se marient) acheptent chat en sac

(Mont. III. 5.)

CHATOUILLANT (adj. verbal), au sens figuré:

... Par de chatouillantes approbations vous régaler de votre travail.

(B. gent. I. 1.)

CHATOUILLER UNE AME:

J’aime à te voir presser cet aveu de ma flamme:
Combattant mes raisons, tu chatouilles mon âme.
(Pr. d’Él. I. 1.)

Racine a dit dans le style noble chatouiller un cœur:

«Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce
«Chatouilloient de mon cœur l’orgueilleuse foiblesse.»
(Iphigénie. I. 1.)

La Fontaine emploie chatouiller sans complément:

«Sa sœur se croyant déjà entre les bras de l’amour, chatouillée de ce témoignage de son mérite....»

(Psyché, livre II.)

CHAUDE, L’AVOIR CHAUDE, avec l’ellipse du mot alerte ou alarme:

Mon front l’a, sur mon âme, eu bien chaude pourtant.
(Sgan. 22.)

CHAUSSÉ D’UNE OPINION (ÊTRE):

Chose étrange de voir comme avec passion
Un chacun est chaussé de son opinion.
(Éc. des fem. I. 1.)

CHER, précieux:

Et la plus glorieuse (estime) a des régals peu chers.
(Mis. I. 1.)
Otez-moi votre amour, et portez à quelque autre
Les hommages d’un cœur aussi cher que le vôtre.
(Fem. sav. V. 1.)

Ce n’est pas à dire un cœur si chéri, mais de si haut prix.

Comme on chérit ce qui est précieux, il est clair que, dans bien des cas, les deux nuances se confondent; mais il en est d’autres aussi où elles sont bien distinctes. Par exemple: des régals peu chers, un cœur aussi cher que le vôtre. Cher ici ne signifie que précieux; car Henriette ne chérit pas le cœur de Trissotin, non plus que Phèdre ne chérit la tête de Thésée.

Tenir cher, dans la vieille langue, apprécier, estimer à haut prix. Les gens de Nevers, quand leur duc Gérard les a quittés, ne tiendront plus rien cher, ni le son de la musique, ni le ramage des oiseaux:

«Son de note, ne cri d’oisiel,
«N’ierent mais chaiens chier tenu
(La Violette. p. 71.)

L’italien emploie de même caro: questo m’è caro! quanto m’è caro!

CHERCHER DE (un infinitif), chercher à:

Vous ne trouverez pas étrange que nous cherchions d’en prendre vengeance.

(D. Juan. III. 4.)

Molière, conformément au génie de la vieille langue, évite l’hiatus avec un soin extrême; c’est pourquoi il remplace souvent à par de: commencer de pour commencer à; chercher de, obliger de, etc.... A en prendre révolterait l’oreille.

(Voyez DE, remplaçant à entre deux verbes.)

CHÈRE, FAIRE BONNE CHÈRE, dans le sens d’un traiteur qui fait une bonne cuisine, chez qui l’on fait bonne chère:

Comment appelez-vous ce traiteur de Limoges qui fait si bonne chère?

(Pourc. I. 6.)

Chère est l’italien ciera, visage. Il s’est pris par extension pour une nourriture abondante et recherchée, parce qu’une telle nourriture procure un bon visage. C’est dans ce sens que le traiteur de Limoges faisait une bonne chère à ses habitués; mais il est important de retenir l’étymologie du mot chère, pour comprendre l’ancienne acception figurée qui se trouve dans la Fontaine: faire bonne chère à quelqu’un, lui faire bon accueil, bonne mine. Chère d’homme fait vertu, dit un vieux proverbe; c’est face d’homme.

CHEVILLES:

Je ne vous parle point, pour devoir en distraire,
Du don de tout son bien, qu’il venoit de vous faire.
(Tart. V. 7.)

Pour devoir en distraire, signifie probablement pour avoir dû vous détourner d’une telle action. Il serait difficile d’être plus obscur. Ce passage, et bien d’autres, font voir que Molière suivait en versifiant la méthode de Boileau, de commencer par le second vers, et d’y renfermer toute l’énergie de la pensée dans les termes les plus propres. Le premier se faisait ensuite du mieux qu’on pouvait, ajusté sur le second. Molière a dû, comme Virgile, laisser souvent des hémistiches vides, qu’il remplissait à la hâte au dernier moment.

Quoi! vous ne pouvez pas, voyant comme on vous nomme,
Vous résoudre une fois à vouloir être un homme?
(Fem. sav. II. 8.)

Le second vers, ferme, compacte, énergique, était certainement fait avant le premier. Voyant comme on vous nomme n’est que la paraphrase affaiblie et peu claire du mot être un homme.

Pour moi, je ne tiens pas. . . . . . . . . . .
Que la science soit pour gâter quelque chose.
(Ibid. IV. 3.)

Voilà la pensée complète, comme elle s’est présentée à Molière. Mais il a fallu remplir l’hémistiche:

Pour moi, je ne tiens pas, quelque effet qu’on suppose, etc.

Plus loin:

Et c’est mon sentiment que. . . . . . . . . .
La science est sujette à faire de grands sots!

Quelle petite phrase incidente remplira le premier hémistiche en faits comme en propos?

Et c’est mon sentiment qu’en faits comme en propos,
La science est sujette à faire de grands sots.
(Ibid. IV. 3.)

CHEVIR DE....:

M. Dimanche.—Nous ne saurions en chevir.

(D. Juan. IV. 3.)

La racine de ce vieux mot est chef, que l’on prononçait ché, comme clef se prononce encore clé[43]; ainsi chevir de..., c’est être chef ou maître de....

La même racine est celle du vieux mot chevestre, licou, capistrum; d’où il nous reste enchevêtré, qui a le chef pris.

CHÈVRE; PRENDRE LA CHÈVRE, pour s’alarmer; se fâcher:

D’un mari sur ce point j’approuve le souci;
Mais c’est prendre la chèvre un peu bien vite aussi.
(Sgan. 12.)

Nicole. Notre accueil de ce matin l’a fait prendre la chèvre.

(B. gent. III. 10.)

On dit, par une figure analogue, prendre la mouche.

(Voyez MOUCHE.)

CHOISIR DE... (un infinitif):

Choisis d’épouser, dans quatre jours, ou monsieur ou un couvent.

(Mal. im. II. 8.)

CHOIX (LE) DE..., le choix entre:

Le choix d’elle et de nous est assez inégal.
(Mélicerte. I. 5.)

Le choix entre elle et nous.

CHOQUER, v. act., avec un nom de chose, contrarier, contredire:

Vous prétendez choquer ce que j’ai résolu?
(Sgan. I.)

Ce dessein, don Juan, ne choque point ce que je dis.

(Don Juan. V. 3.)

CHOSE ÉTRANGE DE (un infinitif):

Chose étrange de voir comme avec passion
Un chacun est chaussé de son opinion!
(Éc. des fem. I. 1.)

De est pour que de: Chose étrange que de voir.....

Chose étrange d’aimer!...
(Ibid. V. 4.)

CHRÉTIEN, PARLER CHRÉTIEN:

Il faut parler chrétien, si vous voulez que je vous entende.

(Préc. rid. 7.)

Parler chrétien, c’est parler le chrétien, comme parler turc, parler français, c’est parler le français, le turc. Parler chrétiennement, c’est tout autre chose: on peut parler chrétien, c’est-à-dire la langue des chrétiens; sans parler chrétiennement, en chrétien, avec des sentiments chrétiens.

CHROMATIQUE, substantif féminin:

Il y a de la chromatique là-dedans.

(Préc. rid. 10.)

Il paraît très-raisonnable de dire la chromatique, comme on dit la rhétorique au féminin. On disait autrefois la mathématique, et les Italiens le disent encore: la matematica. Ce sont autant d’adjectifs devant lesquels on sous-entend, comme en grec, d’où ils sont tirés, le mot science, τέχνη.

CLARTÉ, flambeau:

Monsieur le commissaire,
Votre présence en robe est ici nécessaire:
Suivez-moi, s’il vous plaît, avec votre clarté.
(Éc. des mar. III. 5.)

RECEVOIR LA CLARTÉ, naître:

Mais où vous a-t-il dit qu’il reçut la clarté?
(L’Ét. IV. 3.)

CLARTÉS, renseignements, éclaircissements:

Et j’ai vécu depuis, sans que de ma maison
J’eusse d’autres clartés que d’en savoir le nom.
(Ibid. V. 14.)
Et je prétends me faire à tous si bien connoître,
Qu’aux pressantes clartés de ce que je puis être
Lui-même soit d’accord du sang qui m’a fait naître.
(Amph. III. 5.)
Le voici,
Pour donner devant tous les clartés qu’on désire.
(Ibid. III. 9.)
Don Louis du secret a toutes les clartés.
(D. Garcie. V. 5.)
Mais ces douces clartés d’un secret favorable
Vers l’objet adoré me découvrent coupable.
(Ibid. V. 6.)

CLARTÉS, lumières, au sens moral:

Aspirez aux clartés qui sont dans la famille.
(Fem. sav. I. 1.)
Je consens qu’une femme ait des clartés de tout.
(Ibid. I. 3.)
On en attend beaucoup de vos vives clartés,
Et pour vous la nature a peu d’obscurités.
(Ibid. III. 2.)

CŒUR BON, AVOIR LE CŒUR BON. Voy. BON.

COIFFER (SE) LE CERVEAU, s’enivrer:

Quel est le cabaret honnête
tu t’es coiffé le cerveau?
(Amph. III. 2.)

COIFFER (SE) DE, au sens figuré, s’entêter de:

Faut-il de ses appas m’être si fort coiffé!
(Éc. des fem. III. 5.)

COIN, TENIR SON COIN PARMI....:

Il peut tenir son coin parmi les beaux esprits.
(Fem. sav. III. 5.)

COLLET-MONTÉ, antique, suranné comme la mode des collets montés:

Il est vrai que le mot est bien collet-monté.
(Fem. sav. II. 7.)

Molière souligne cette façon de parler, pour en faire sentir l’affectation ridicule.

COLORÉ, EXCUSES COLORÉES:

Vous nous payez ici d’excuses colorées.
(Tart. IV. 1.)

(Voyez COULEUR, métaphoriquement.)

COMBLÉ; UN CARROSSE COMBLÉ DE LAQUAIS:

Quand un carrosse, fait de superbe manière,
Et comblé de laquais et devant et derrière...
(Fâcheux. I. 1.)

COMÉDIE, dans le sens général de représentation dramatique:

Et j’ai maudit cent fois cette innocente envie
Qui m’a pris, à dîner, de voir la comédie.
(Fâcheux. I. 1.)

Le père Bouhours fait une remarque pour établir le sens général de ce mot, et qu’on doit dire aller à la comédie, les comédies de M. Corneille, les comédies de M. Racine; après quoi il introduit cette exception assez singulière: «Il n’y a qu’une occasion où l’on doit se servir du mot tragédie, c’est quand on parle des pièces de théâtre qui se représentent dans les colléges. Ce seroit mal dit: J’ai esté à la comédie du collége de Clermont; il faut dire à la tragédie

(Remarques nouvelles, p. 93.)

Le collége de Clermont était dirigé par les jésuites; c’est probablement l’unique motif de l’exception du père Bouhours, jésuite.

COMME, lié à un adjectif, en qualité de; COMME CURIEUX:

... Ce gentilhomme françois qui, comme curieux d’obliger les honnêtes gens, a bien voulu, etc...

(Sicilien. II.)

Latinisme: Utpote curiosus.

COMME SAGE:

Comme sage,
J’ai pesé mûrement toutes choses.
(Tart. II. 2.)

Comme un homme sage, en homme sage que je suis.

COMME, pour comment:

Les auteurs de traités des synonymes, s’engageant à découvrir partout des différences ou des nuances de valeur, n’ont pas manqué d’en signaler entre comme et comment: «L’un est objectif ou relatif à l’effet; l’autre est subjectif ou relatif à l’action.... Dans les Provinciales, Pascal, ayant rapporté en propres termes certaines opinions de Jansénius, ajoute: «Voilà comme il parle sur tous ces chefs,» c’est-à-dire, voilà de quelle sorte sont ses paroles. Et, quelques lignes plus loin, il écrit: «Voilà comment agissent ceux qui n’en veulent qu’aux erreurs.» Comment et non pas comme, parce qu’il s’agit ici d’un fait, et non d’une chose[44].» Je ne comprends rien, je l’avoue, à cette distinction subtile. Ce qui paraît beaucoup plus clair, c’est que ni Molière, ni Pascal, ne mettaient aucune différence entre comme et comment[45]. Sans davantage m’arrêter à discuter la théorie de M. Lafaye, je vais rapporter les exemples de Molière, laissant à d’autres le soin d’y reconnaître le subjectif ou l’objectif:

Qui sait comme en ses mains ce portrait est venu?
(Sgan. 6.)
Non, mais vous a-t-on dit comme on le nomme?—Enrique.
(Éc. des fem. I. 6.)
Comme est-ce que chez moi s’est introduit cet homme?
(Ibid. II. 2.)

Je ne comprends point comme, après tant d’amour et tant d’impatience témoignée, il auroit le cœur de pouvoir manquer à sa parole.

(D. Juan. I. 1.)

Cela se peut-il souffrir à un homme comme vous, qui savez comme il faut vivre?

(Ibid. IV. 7.)
DUBOIS.
... Attendez!... comme est-ce qu’il s’appelle?
(Mis. IV. 4.)
J’ai peine à concevoir, tant ma surprise est forte,
Comme un tel fils est né d’un père de la sorte.
(Mélicerte. I. 2.)
Qu’est-ce qu’on fait céans? comme est-ce qu’on s’y porte?
(Tart. I. 5.)

Oui, il faut qu’une fille obéisse à son père; il ne faut point qu’elle regarde comme un mari est fait.

(L’Av. I. 9.)

Je suis bien aise d’apprendre comme on parle de moi.

(L’Av. III. 5.)

Voilà, mon gendre, comme il faut pousser les choses.

(G. D. I. 8.)

J’ai en main de quoi vous faire voir comme elle m’accommode.

(Ibid. II. 9.)

Voilà un de mes étonnements, comme il est possible qu’il y ait des fourbes comme cela dans le monde.

(Pourc. II. 4.)

Qu’importe comme ils parlent, pourvu qu’ils me disent ce que je veux savoir?

(Ibid. II. 12.)

Là, voyons un peu comme vous ferez.

(Ibid. III. 2.)

Jamais il n’a été en ma puissance de concevoir comme on trouve écrit dans le ciel jusqu’aux plus petites particularités de la fortune du moindre des hommes.

(Am. mag. III. 1.)

ÊTRE EN PEINE COMME IL FAUT FAIRE, en peine de savoir comment il faut faire:

On n’est pas en peine sans doute comme il faut faire pour vous louer.

(Ép. dédic. de l’École des fem.)

(Voyez COMMENT.)

COMME, combien:

Vous ne sauriez croire comme elle est affolée de ce Léandre!

(Méd. m. lui. III. 7.)

COMME.... ET QUE...:

Comme vous êtes un fort galant homme, et que vous savez comme il faut vivre.....

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