Ma Fille Bernadette
LE SOMMEIL DANS LA TEMPÊTE
Cette nuit, la tempête a pleuré sans discontinuer, les rafales se succédaient comme se suivent les lames de la mer. On entendait les bouffées de vent pluvieux s’écraser aux volets, des coups sourds, une souris.
Sans souci de ce désarroi de la nature, Bernadette, dans son berceau voilé, a sommeillé jusqu’au matin au calme de notre chambre. O divin mystère qui rapproche une créature du Créateur ! « Cependant Jésus, couché à la poupe, la tête sur un coussin, s’était endormi. »
O ma Bernadou ! Petite disciple ! Tu sais que tu es dans la main du Tout-Puissant et que, malgré cette furie de l’air et de l’eau, il ne peut t’arriver rien que le Ciel ne veuille. C’est pourquoi tu ne doutes pas que ton pauvre nid qu’un coup de vent suffirait à balayer ne continue à t’être un sûr abri. Toi seule, ô innocente ! si la crue venait lécher le seuil de la maison, ne t’inquiéterais pas. Car, mieux que nous ne le voyons de nos yeux grands-ouverts, tu vois, ô mon enfant ! à travers tes paupières closes, à l’avant de ton berceau, Dieu dormir.