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Ma Fille Bernadette

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LA NATIVITÉ

Ton premier Noël est passé. Les constellations ont tremblé à minuit, cerfs-volants d’or obliques. Et le cœur de ta mère et le mien étaient parfumés d’encens. Et j’écoutais bruire dans l’ombre je ne sais quel rouet de sainte. « Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bonæ voluntatis… » Mais était-ce bien le rouet d’une sainte accompagnant de son ronron les frustes répons des bergers ?… Non, c’était ce doux vent que ta respiration produit durant ton sommeil, ô Bernadette ! Le ciel peu à peu devenait une pelouse et ton souffle y montait, tandis que descendait celui des anges. Et les brebis des hommes étaient assises, élevant leurs pattes fatiguées, deux pattes, en signe d’adoration. Et puis elles parlaient pour baiser au museau les brebis de Dieu. Et puis elles revenaient sur la terre et s’acheminaient vers la Crèche du Pauvre. Et le diadème du roi nègre brillait sous l’étoile. Et des milliers de pas marquaient la neige, le pas de ceux qui répétaient : « Laudamus te. Benedicimus te. Adoramus te. Glorificamus te… » et les pas des chameaux des Mages, et même des pas de petits oiseaux. Il y avait trois passereaux, le père, la mère et le fils qui allaient à Bethléem et qui parfois s’arrêtaient pour saluer le monde plus vaste que le désert.

Et puis j’ai vu, j’ai vu, ô Bernadette ! une empreinte chérie, celle de tes pieds, ô qui ne sais pas marcher ! l’empreinte envoyée par ton cœur, imprimée au seuil de l’Étable. Et tandis que ton Frère divin, quatre mois plus jeune que tu n’es, dormait entre la Vierge et le Charpentier, il m’a semblé que tu étais là, debout, chantant le chant de ton doux sommeil.

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