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Ma Fille Bernadette

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LA VIE

La vie est comme une petite maison bâtie sur le bord d’un sentier, ô ma Bernadette,
une maison toute simple aux gros murs honnêtes
dans le jardin de laquelle on cueille du chasselas et des noisettes.
Puis l’on s’en va.

Vois la petite maison
avec son perron.
Elle est là comme nous sommes là et la saison avance à grands pas.

Qu’est-ce qui demeure,
de tout cela quand a sonné la dernière heure, celle où comme un filet d’eau une ombre à genoux pleure ?
Dieu.

Il reste Dieu, c’est-à-dire la maison
d’où jamais nous ne sortirons,
la maison où l’ange en prière sur le perron
ferme les yeux.

Mais apprends bien, ô Bernadette, pendant que tu es dans la vie
comment elle est, cette vie ; sache-la comme une leçon qu’on a suivie
du bout du doigt et qui t’aura ravie
jusqu’à la fin.

Et quand ton front si doux et bosselé
se relèvera du grand livre où tu auras épelé
le pain qui naît du blé
et le vin du raisin,

tu comprendras combien la petite maison est chère,
la maison sur le sentier, dans laquelle il n’y a rien d’extraordinaire,
mais où vivent quatre cœurs : ton père, ta mère, ta grand’mère et toi.

Et voici que le ciel
doré comme le miel
après notre réveil
s’élève sur le toit.

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