Ma Fille Bernadette
ANGOISSE DE MÈRE
Qu’a-t-elle ? Qu’a-t-elle ? Qu’a-t-elle ? Mais qu’a-t-elle ? Mais qu’a-t-elle ? Et voici que, penchée sur Bernadette qui pleure, pleure sa mère. Il suffit que le motif des sanglots de notre enfant nous soit caché pour que l’ombre noie nos cœurs. Je crois néanmoins que la cause est peu grave de ces larmes — quelque dent qui perce ?
Mais la mère est émue au plus haut point, et toute la passion et toute l’angoisse qui font se coucher une brebis devant son agnelle qu’on veut lui ravir sont renfermées dans ces mots :
— Je ne veux pas descendre pour dîner ! Je veux manger ma soupe auprès de ma petite.
O tristesse de la vie matérielle, quand l’âme est dans l’angoisse ! Soyez loué, mon Dieu, de ce que les pleurs cessent de part et d’autre. Ainsi la rivière se ride sous l’ondée et se déride au beau temps comme le visage de la mère en face d’une larme ou d’un sourire.