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Ma Fille Bernadette

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CLÉMENCE, SŒUR DE TON BISAIEUL JEAN-BAPTISTE

Elle était protestante comme sa mère et ses sœurs, maigre, avec des yeux verts et perçants dans une figure anguleuse. Mais sa sévérité se faisait douce pour moi. Le Seigneur était sa vie. Il semblait quand elle marchait sur le parquet ciré de la maison natale que la harpe du roi David accompagnât ses pas sur les eaux. On la disait colère, mais un peu je pense de la colère des prophètes en face de ceux qui n’observent pas assez rigoureusement la Loi. Pour ceux qu’elle voulait convertir, elle ne connaissait pas de trêve et sa voix chargée des orages de l’Ancien Testament retentissait jusque dans les agonies.

Je recopie dans sa Bible ce verset qu’elle a transcrit d’un Psaume :

« Certainement c’est dans l’apparence que l’homme se promène. Certainement c’est en vain qu’il s’agite. Il amasse des biens, et il ne sait qui doit les cueillir. »

Elle ne mentait jamais, pas même en plaisantant. Il y avait en face d’elle sur la table à manger un huilier dont les cornues croisaient leurs cols en forme d’x.

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