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Mémoires touchant la vie et les écrits de Marie de Rabutin-Chantal, (2/6)

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NOTES
ET
ÉCLAIRCISSEMENTS.


PREMIÈRE PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.

Page 3, ligne 25: Le pain des pauvres.

Il faut remarquer que ce ne fut que longtemps après la mort de madame de Sévigné que Fremyot de Chantal fut déclarée sainte. Elle fut d'abord béatifiée par les filles entre les bras desquelles elle mourut. Cette béatification fut confirmée par le pape en 1751; mais sainte Chantal ne fut canonisée qu'en 1767, le 16 juillet.

Page 7, ligne 7: Ce fut le célèbre Cromwell.

Tout ce que nous savons du fameux Cromwell à l'époque du combat de l'île de Ré semble réfuter la supposition qu'il s'y soit trouvé. Le nom de Cromwell n'est pas rare en Angleterre; peut-être le guerrier qui blessa mortellement le baron de Chantal portait-il ce nom, et cela aura occasionné une méprise. Les Anglais furent ensuite repoussés de l'île de Ré par Toiras. Cotin a célébré ce succès dans un cantique. Voyez Poésies chrétiennes de l'abbé Cotin, 1668, in-12, pages 112 à 118.

CHAPITRE II.

Page 10, ligne 5: Le joli village de Sucy.

Ce nom est écrit Sussy sur la plupart des cartes, et on l'avait converti en Sully dans plusieurs éditions des lettres de madame de Sévigné, ce qui a causé beaucoup du méprises de la part des éditeurs.

Page 10, ligne 7: Emmanuel y était né.

Pour preuve du lieu de naissance de Coulanges, on peut conférer à l'endroit cité les vers qu'il adresse à un vieux lit de famille retrouvé à Sucy, et qui commencent ainsi:

Enfin je vous revois, vieux lit de damas vert;

Je vous revois, vieux lit si chéri de mes pères,

Où jadis toutes mes grand'mères,

Lorsque Dieu leur donnait d'heureux accouchements,

De leur fécondité recevaient compliments.

Coulanges était né en 1631.

Page 14, ligne 11-16.

Nous avons plusieurs portraits gravés de madame de Sévigné; un des moins ressemblants, ou plutôt un des plus certainement faux est celui qui est dans la meilleure édition de ses lettres, 1re et 2e édit. de M. Monmerqué, 1818 et 1820, in-8o. Un des meilleurs est celui qui est dans l'édition de Simart, 1734; il est gravé par Jacques Chereau, et pour un âge plus avancé que celui qui a été gravé par Edelinck, d'après un pastel de Nanteuil. Conférez la notice qui est à la fin de ce volume sur les différents portraits de madame de Sévigné.

CHAPITRE IV.

Page 31, ligne 27: Polie sans affectation.

Huet s'exprime sur madame de Rambouillet exactement comme Fléchier: Maxima erat hoc tempore Rambullietanæ domus celebritas, quam magnopere exornaverat Catharina Vivonnæa, marchione Rambullieto pridem viduata, primaria femina natalibus, ita animis et moribus vere Romana.—Huetii Commentarius de rebus ad eum pertinentibus, p. 212.

Page 35, ligne 14: Durant le temps de leur règne.

Balzac écrivait à Conrart: «Votre mauvaise santé vous permet-elle de fréquenter souvent le temple des Muses, de l'Honneur et de la Vertu? (C'est le nom que je donne d'ordinaire à l'hôtel Rambouillet.) La déesse qui y préside est-elle toujours favorable à vos vœux?» Lettre de Balzac à Conrart, p. 26. Et encore: «Je n'écris pas à madame la marquise de Rambouillet, mais je ne laisse pas d'être toujours un de ses dévots, et d'avoir la vénération que les hommes doivent aux choses divines.» Ibid., p. 215. La Mesnardière, dans son Hymne sur les plus belles connaissances de la nature, Poésies, Paris, 1656, in-folio, p. 89, compare la marquise de Rambouillet aux astres, et il la nomme l'arbitre du destin; il ne croit pas, après tant de louanges, lui en donner une plus grande que de lui dire qu'elle a enfanté Julie:

Sang des héros de France et des dieux d'Italie,
Et, pour comble d'honneur, la mère de Julie.

Voyez encore à ce sujet la dédicace du troisième acte de la traduction du Berger fidèle, 1665, in-12, et la troisième partie de ces Mémoires, p. 455.

CHAPITRE V.

Page 38, ligne 3 du texte: Les rideaux de soie bleue.

Sauval a décrit très en détail l'hôtel que madame de Rambouillet fit construire avec une si parfaite intelligence des distributions intérieures, avec tant de goût et d'élégance dans l'architecture, que cet hôtel devint un modèle pour les constructions de même nature. Sauval mourut en 1670. Son ouvrage n'a été imprimé que cinquante-quatre ans après, en 1724. L'emphase qu'il met dans quelques-uns de ses écrits lui attira un sarcasme de Boileau. Voyez satire VII, t. I, p. 175, édit. de Saint-Surin. Si ce défaut existait dans ses Recherches sur Paris, ses éditeurs l'ont fait disparaître. L'ouvrage de Sauval a aussi été lu et revu en manuscrit non-seulement par Colbert, mais aussi par Costar, Pellisson et le père Le Long.

C'est dans la chambre bleue de l'hôtel de Rambouillet que Voiture demandait, dans sa lettre à mademoiselle de Bourbon, qu'il lui fût dressé un pavillon de gaze, où il serait servi et traité magnifiquement par deux demoiselles, en réparation du tort qu'on lui avait fait.

Dans tout le cours de la description que donne Sauval de l'hôtel de Rambouillet, il se conforme à l'usage galant et respectueux de son temps: il n'a désigné madame de Rambouillet que par le nom d'Arthénice, anagramme de celui de Catherine, qui était le sien. Segrais, secrétaire de Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans, habitué au Luxembourg, où il logeait, s'étonnait de ne pouvoir parvenir auprès de madame de Rambouillet que par «une enfilade de pièces, d'antichambres, de chambres et de cabinets.» Voyez Segrais, Œuvres, 1755, t. I, p. 20.

La position précise de l'hôtel de Rambouillet dans la rue Saint-Thomas du Louvre n'a été indiquée par aucun des auteurs qui ont écrit sur Paris. Le plan de Berey dressé en 1654 nous jetterait à cet égard dans l'erreur, parce qu'il fait par son dessin une confusion de l'hôtel de Rambouillet et de celui de Chevreuse, et que le nom du premier hôtel est placé après celui de Chevreuse, et plus près de la rue du Doyenné. Mais ce plan est bien inférieur à celui de Gomboust, levé et dressé géométriquement, sous l'inspection de Petit, directeur des fortifications de Paris. Sur ce plan, l'on trouve que l'hôtel de Rambouillet touche à l'hôtel de Chevreuse, mais est plus rapproché de la place du Palais-Royal; cet hôtel touche aux Quinze-Vingts, hospice qui bordait la place du Palais-Royal. Le Jardin de Rambouillet avait pour mur mitoyen, sur le derrière, le petit enclos qui formait le cimetière des Quinze-Vingts. Sur le plan de Paris de Buillet, dressé en 1676, toute la partie de l'enclos des Quinze-Vingts sur la rue Saint-Thomas du Louvre est pointillé comme consistant en maisons jusqu'à l'hôtel de Longueville, le seul hôtel qui y soit marqué. L'hôtel de Rambouillet, qui alors portait le titre d'hôtel de Montausier, n'y est point marqué. On n'y trouve nommé que l'hôtel de Longueville, qui allait de la rue Saint-Thomas du Louvre à la rue Saint-Nicaise; mais c'est une omission qu'on a réparée dans une nouvelle édition de ce plan, corrigé par Jaillot en 1707. On trouve sur ce plan rectifié l'hôtel de Rambouillet parfaitement bien dessiné, à côté de l'hôtel Longueville, avec l'élévation des bâtiments, la cour, le parterre. Dans le plan en détail de Lacaille, 1714, in folio (quartier du Palais-Royal, pl. XI), on lit la description de l'hôtel de Rambouillet, imprimée derrière la planche. Sur le plan dit de Turgot, en perspective, et terminé en 1739, on voit cet hôtel dessiné; mais le jardin semble déjà occupé par d'autres constructions, et ce plan, comme celui de Lacaille, donne des constructions particulières, faites sur la rue, et dépendant de l'enclos des Quinze-Vingts. L'entrée de cet hospice se trouvait rue Saint-Honoré, vis-à-vis la rue de Richelieu, et les rues de Rohan et de Valois en occupent actuellement l'emplacement. Le plan de Turgot nous montre rue Saint-Nicaise, entre cette rue et la rue Matignon, près de l'hôtel de Créquy et plus près du quai, un assez grand hôtel, nommé l'hôtel de Crussol. L'éditeur de la dernière édition de Germain Brice, de 1752, t. I, p. 190, s'est trompé; il dit: «que l'hôtel Montausier, autrefois l'hôtel de Rambouillet, appartient à présent à Jean-Charles de Crussol d'Uzès, et qu'il se nomme hôtel d'Uzès.» Il est certain que l'hôtel de Rambouillet porte le nom d'hôtel d'Uzès sur le plan de Buillet, revu par Jaillot en 1707; sur celui de Regnard, revu par Jaillot en 1717, et sur un plan mauvais de de Fer, de 1692. En 1739, les ducs d'Uzès ont dû demeurer à l'hôtel Crussol. Depuis, ils ont encore changé de demeure, et ont fait construire, sur les dessins de Le Doux, ce magnifique hôtel rue Montmartre, où on avait placé l'administration des douanes.

Il y a eu à Paris au moins trois hôtels ou habitations dites de Rambouillet; ce qui a causé des confusions et des erreurs dont les historiens les plus exacts et les plus savants de la ville de Paris n'ont pas toujours su se garantir. On compte d'abord sous ce nom: 1o l'hôtel de Rambouillet qu'a occupé le marquis de Rambouillet et ses ancêtres, qui fut acheté en 1602 par le duc de Mercœur, pour agrandir le sien. C'est en partie sur l'emplacement de cet hôtel qu'a été construit le palais Cardinal, nommé depuis Palais-Royal; 2o le marquis de Rambouillet a occupé depuis l'hôtel de Pisani ou de son beau-père, qui ainsi que nous l'avons expliqué ailleurs, devint le fameux hôtel de Rambouillet; 3o Enfin, il y avait la maison des quatre pavillons, avec le vaste endos de Reuilly, dans le hameau de ce nom, englobé depuis dans le faubourg Saint-Antoine, qui, à cause du financier Rambouillet de la Sablière, fut quelquefois nommé aussi hôtel Rambouillet. Jaillot, trompé par un vice de rédaction qui se trouve dans cet endroit de l'ouvrage de Sauval, a confondu les deux premiers hôtels; d'autres auteurs ont confondu les deux derniers, et le marquis avec le financier. Dans la Description nouvelle de la ville de Paris, par M. B*** (Germain Brice), imprimée en 1685, l'hôtel de Rambouillet porte le nom d'hôtel de Montausier, parce qu'après la mort de la marquise de Rambouillet il appartenait au duc de Montausier, qui avait épousé Julie d'Angennes, unique héritière des biens de la maison de Rambouillet, ses deux frères étant morts, ainsi que sa sœur madame de Grignan, et les deux sœurs qui lui restaient s'étant faites religieuses.

L'ouvrage de Colletet, intitulé Ville de Paris, que j'ai cité, quoique portant sur le frontispice de mon exemplaire la date de 1689, doit être de l'année 1671, puisque le privilége est du mois de juillet 1671; et même il ne paraît être qu'un livre plus ancien, antérieur à 1665, plusieurs fois réimprimé. Ce qui semble prouver qu'on a seulement changé le titre, c'est que l'auteur, p. 108, s'exprime ainsi: «L'hostel de Rambouillet, rue Saint-Thomas du Louvre, où loge aussi Mgr le duc de Montausier, mon illustre maître et Mécène.» Ceci paraît écrit antérieurement à la mort de madame de Rambouillet, lorsque son gendre et sa fille demeurèrent avec elle. Quoi qu'il en soit, immédiatement après cet article, François Colletet ajoute: «Autre hôtel de Rambouillet, au bout du faubourg Saint-Antoine, qui est la maison des quatre pavillons.»

Selon Sauval, l'hôtel de Montausier ou de Rambouillet, avant de porter le nom de Pisani, avait porté les noms d'O et de Noirmoutier. Outre les erreurs commises par ceux qui ont étudié l'ancienne topographie de Paris, il y a celles de ceux qui ne la connaissent pas du tout, dont je ne parlerai pas. Je remarquerai seulement que M. Taschereau, écrivain consciencieux et exact, dans sa Vie de Molière (p. 350), introduit encore un nouveau sujet de confusion dont personne ne s'était avisé, en affirmant que le célèbre hôtel de Rambouillet était situé rue des Fossés-Montmartre, sur l'emplacement des maisons 1 et 3; et il cite pour garant la Gazette des Tribunaux, du 27 mai 1827. C'est assurément là une des erreurs les plus fortes et les plus manifestes que l'on ait commises sur cette matière. J'ignore ce qui l'a causée, n'ayant point la Gazette que l'on cite; mais je remarquerai qu'il a peut-être encore existé à Paris un quatrième hôtel de Rambouillet, indépendamment des trois que j'ai mentionnés; car Rambouillet de la Sablière et sa femme n'ont jamais habité la maison des quatre pavillons, qui était pour Rambouillet le père une maison de plaisance, et non de ville. Il se pourrait donc que la maison dont a parlé la Gazette des Tribunaux eût pris le nom d'hôtel de Rambouillet d'après Rambouillet de la Sablière, surtout dans les derniers temps du siècle de Louis XIV, et lorsque le fameux hôtel de Rambouillet avait pris le nom d'hôtel de Montausier. Alors ce nom de Rambouillet ne se trouva plus attaché dans Paris et dans ses faubourgs qu'à des propriétés appartenant à la famille du financier Rambouillet, qui n'avait rien de commun avec celle des d'Angennes ou du marquis de Rambouillet. L'emplacement de l'hôtel où demeurait madame de la Sablière serait d'autant plus intéressant à découvrir que La Fontaine y a passé vingt ans de sa vie.

On lit dans les Mémoires de Retz, de Motteville, de la Rochefoucauld et autres, que le prince de Condé, retiré à Saint-Maur, et le duc d'Orléans, qui se trouvait à Paris, se rendirent à Rambouillet pour conférer ensemble. Comme ce nom de Rambouillet sans autre explication doit s'entendre de la ville qui est à treize lieues de Paris, on cherche le motif qui a pu engager ces princes à se transporter si loin. Mais les Mémoires de Talon nous expliquent que ce Rambouillet était «la maison du jardin de Rambouillet, qui est dans Reuilly, hors de la porte Saint-Antoine.» Ce lieu se trouvait effectivement entre Saint-Maur et le palais du Luxembourg. (Talon, Mém., collection de Petitot, t. LXII, p. 227 et 235.) Dans le portefeuille XXV de la collection intitulée l'Histoire de France par estampes, Bibliothèque du Roi, il y a un plan du combat du faubourg Saint-Antoine, entre Condé et Turenne, le 2 juillet 1652, où l'on voit ce qu'était ce faubourg de Paris à cette époque; on y trouve Reuilly et le clos de Rambouillet, avec le plan du jardin. La gravure de ce plan est moderne; mais il a été probablement copié sur un plan ancien, dressé pour les campagnes de Condé ou de Turenne. Dans l'édition de Germain Brice que nous avons citée, il est dit qu'assez proche de l'hôtel d'Uzès on a établi depuis fort peu de temps une nouvelle manufacture de fer fondu, dont on fait des ouvrages de serrurerie d'une beauté qui n'avait point encore paru dans ce genre, sous la conduite de M. de Réaumur, de l'Académie des Sciences. Piganiol de la Force, Description historique de Paris, 1765, t. II, p. 350, dit aussi que l'hôtel de Rambouillet prit le nom d'hôtel Montausier, qu'il a porté jusqu'à la mort du duc de Montausier, arrivée en 1690, et qu'après il fut appelé hôtel d'Uzès, parce que Marie-Julie de Saint-Maur épousa Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès. Piganiol dit encore, p. 348, qu'en sortant du Palais-Royal, et en entrant dans la rue des Filles-Saint-Thomas, on voit l'hôtel d'Uzès. Mais Saint-Foix, dans ses Essais historiques sur Paris, t. I, p. 325, dit, en parlant de la rue Saint-Thomas du Louvre: «Vers le milieu de cette rue, cette maison bâtie de pierres et de briques, qui appartient aujourd'hui à M. Artaud, était, il y a cent ans, l'hôtel de Rambouillet, tant célébré par mademoiselle de Scudéry et les autres beaux esprits de ce temps-là.»

N'oublions pas de rappeler que l'hôtel de Rambouillet porte le nom d'hôtel d'Uzès sur le beau plan de Paris de Buillet, architecte du roi et de la ville, en 12 feuilles, augmenté par Jaillot en 1707, et pareillement sur un autre plan de Bernard Jaillot, en 4 feuilles, dédié à Bignon, prévôt des marchands. Cependant, en 1714, Lacaille, dans sa description du plan du quartier du Palais-Royal, ne lui donne pas d'autre nom que celui d'hôtel de Rambouillet; ce qui prouve que les noms d'hôtel de Montausier, d'hôtel d'Uzès, qui avaient succédé, n'avaient pas fait dans l'usage disparaître l'ancien nom. Je remarquerai aussi qu'autrefois le côté occidental de la rue Saint-Thomas du Louvre s'avançait jusqu'à l'alignement de la rue Saint-Honoré, et resserrait, avec le côté oriental de la rue Froidmanteau, qui a gardé son prolongement, la place qui est devant le Palais-Royal: cela est encore ainsi dans le grand plan de 1739. L'hôtel Rambouillet, situé au no 15, où était l'hôtel de Belgique lorsque j'écrivis cette note il y a douze ans, occupait donc à peu près le milieu de la rue, comme le disent les descriptions, tandis que son emplacement actuel se trouve au commencement, parce qu'on a abattu les maisons qui de ce côté prolongeaient la rue jusqu'à l'alignement transversal de la rue Saint-Honoré. Le plan manuscrit qui fut fait pour l'agrandissement de la place du Palais-Royal, en 1719, par le régent, et qui contient toute la rue Saint-Thomas du Louvre, existe à la Bibliothèque du Roi, portefeuille III des Détails topographiques sur Paris. On y voit qu'entre le bout de la rue Saint-Thomas du Louvre, du côté de la rue Saint-Honoré et de l'hôtel de Montausier, il y avait six maisons, et que cet hôtel resserrait plus l'hôtel de Longueville de ce côté que du côté de la rue Saint-Nicaise, et faisait un angle droit enfoncé avec le terrain de l'hôtel de Longueville, qui était sur cette rue. Les plans anciens prouvent que l'hôtel de Longueville n'avait pas une aussi longue façade sur la rue Saint-Thomas du Louvre, et que dans les agrandissements qu'il a subis de ce côté il a englobé une partie de l'hôtel de Rambouillet.

Il existe un plan gravé de la paroisse royale de Saint-Germain l'Auxerrois, fait par les soins du curé de ladite paroisse, en 1698; l'hôtel d'Uzès et l'hôtel de Longueville s'y trouvent dessinés, mais leur cour intérieure et leur principale entrée sont tracées de sorte que ces deux hôtels semblent séparés par des maisons, quoique primitivement ils se touchassent. Il y a un autre plan de la même paroisse, plus beau et mieux gravé, intitulé Plan de la paroisse de Saint-Germain l'Auxerrois divisé en neuf quartiers, fait par l'ordre de M. Labrue, curé de ladite paroisse, en octobre 1730, levé géométriquement par M. Faure. Dans toute la rue des Filles-Saint-Thomas, on ne voit sur ce plan, qui est très-grand, qu'un seul hôtel: c'est celui de Longueville. Mais, comme sur le plan de Turgot, on voit l'hôtel Crussol, dans la rue Saint-Nicaise et sur le Carrousel, attenant à l'hôtel de Longueville, du côté du quai. Comme l'hôtel de Montausier est encore entier sur le plan manuscrit de 1719, c'est entre cette année et 1739 qu'est l'époque où l'hôtel de Rambouillet a disparu, et fut converti en maisons particulières; et que les Crussol, ducs d'Uzès, ont été occuper leur nouvel hôtel, rue Saint-Nicaise. C'est donc en copiant les anciennes éditions que les éditeurs de Germain Brice, en 1752, ont encore placé l'hôtel d'Uzès rue Saint-Thomas du Louvre: il n'y était plus. Il y a un plan gravé, de Lenoir, des bâtiments construits sur les terrains des Quinze-Vingts, qui éclaircit les changements faits dans ce quartier. Il existe aussi des vues de l'hôtel de Longueville, gravées par Jean Marot, qui nous le montrent tel qu'il était primitivement; mais je n'en connais pas de l'hôtel de Rambouillet.

38, ligne 13 et 14: A travers les colonnes dorées de cette alcôve.

Je ne trouve le mot alcôve dans aucun de nos dictionnaires antérieurs à celui de Richelet, en 1680. Il n'est point dans le Thresor de la Langue Françoise, par Jean Nicot (sic), 1606, in-folio, ni dans le Grand Dictionnaire François-Latin, recueilli de plusieurs hommes doctes, entre autres de M. Nicod (sic), 1625, in-4o; il n'est point dans le Dictionnaire François et Anglois de Cotgrave, en 1632. La Fontaine, dans son roman de Psyché, en 1669, fait mention des alcôves comme d'une nouveauté, et pour le mot et pour la chose. (Voyez Œuvres de La Fontaine, édition 1827, in-8o, t. V, p. 57.) Furetière avait employé le mot alcôve avant La Fontaine, dans son Roman comique, qui parut en 1666. Dans la nouvelle de l'Amour égaré on lit: «Elle avait certains jours destinés à recevoir le monde dans son alcôve.» (Roman comique, édit. 1724, Amsterdam, in-12, p. 208.) Le Lutrin, qui fut publié en 1674, contient, comme tout le monde sait, un vers où se trouve le mot alcôve, ch. I, vers 57. Ce sont là, selon ce que j'ai pu découvrir, les premiers auteurs où ce mot se voit employé; mais une preuve qu'il était nouveau, c'est qu'on ne savait de quel genre il devait être. Scarron, madame de Villedieu, un puriste nommé Milon, souvent cité comme autorité par les auteurs de ce temps, tenaient pour le masculin; d'Ablancourt, Boileau, Ménage, le voulaient féminin. Richelet en 1680, et l'Académie en 1694, dans leurs dictionnaires, ne se décidèrent pour aucun de ces deux genres, et laissèrent la chose indécise (voyez Alamand, Nouvelles Observations, ou guerre civile des François sur la Langue, 1688, in-12, p. 89 ). L'usage a fait prévaloir le féminin. Félibien des Avaux, dans le livre intitulé Plans et description des deux plus belles maisons de Pline le consul, ne traduit jamais le cubiculum dormitorium, ou le zoteca, par alcôve, quoique ce fût le mot propre. M. Mazois, au contraire, n'a pas hésité à rendre ces mots par celui d'alcôve; il a raison. (Voyez Palais de Scaurus, deuxième édition, 1622, in-8o, p. 96.) Le mot français alcôve vient de l'espagnol alcoba, qui signifie une chambre à coucher; et le mot espagnol vient du mot arabe al-cobba, qui signifie un dôme, une voûte.

Ces alcôves étaient très-vastes, et formaient une petite chambre renfermée dans une plus grande. Le lit était placé au milieu, sur une estrade, souvent entouré d'un balustre, et laissant de chaque côté une vaste ruelle. Aussi la conclusion de la requête de Ribercour, dans le Procès des Précieuses, de Somaize, est que, pour leur châtiment,

Le lit desdites femelles

Soit les deux côtés sans ruelles,

Et qu'il soit mesmement placé

Sans être du tout exaucé.

Cette conclusion hostile y est répétée trois fois.

On lit dans le Jeu poétique, à M. des Yvetaux, du père Le Moine:

On n'y voit point le sang des races dévorées,
En estrades d'ivoire, en alcôves dorées.

(Recueil des plus belles Pièces des Poëtes françois, 1692, in-12, t. III, p. 337.)

Cet exhaussement des lits était fort ancien; et Sauval, t. II, p. 280, remarquant que dès le règne de Charles V les lits étaient placés sur une estrade, ajoute: «Par là il se voit que sous Charles V les alcôves, dont les dames «de notre siècle s'attribuent l'invention, étaient en usage.» Non; car l'estrade seule ne constitue pas l'alcôve. Ainsi ce passage de Sauval, au lieu de contredire l'assertion de Tallemant, la confirme, puisqu'il nous apprend que l'usage des alcôves était récent, et qu'on en attribuait l'invention aux femmes. Scarron, dans ses œuvres, parle plusieurs fois des alcôves: «Il y avait des meubles, des alcôves, des estrades, et une provision de bonne senteur.» (Le Chastiment de l'Avarice, dans les Dernières Œuvres de Scarron; 1700, in-12, p. 112.)

Les tapis chinois sont foulés
Dans leurs alcôves bien meublés.

(Scarron, la Baronéide, dans les Dernières Œuvres, 1700, in-12, p. 175.)

L'usage des femmes de réunir le matin la société dans leurs alcôves fit que le mot ruelle s'employa pour celui de réduit, puis pour ceux d'assemblée, de cercle, d'académie. Cependant ces mots n'étaient pas tout à fait synonymes.

Boileau a dit:

Ne vous enivrez pas des éloges flatteurs

Qu'un amas quelquefois de vains admirateurs

Vous donne en ces réduits, prompts à crier merveille.

Et ailleurs:

Que de son nom, chanté par la bouche des belles,
Benserade en tous lieux amuse les ruelles.

Furetière, dans son Roman bourgeois, nous fournit les passages suivants, qui prouvent ce que nous avançons: «La qualité la plus nécessaire à un poëte pour se mettre en réputation, c'est de hanter la cour ou d'y avoir été nourri; car un poëte bourgeois, ou vivant bourgeoisement, y est peu considéré. Je voudrais qu'il eût accès dans toutes les ruelles, réduits et académies illustres.» (T. I, p. 162.) Tout ce passage est contre Benserade; et en général ce roman de Furetière est plein d'allusions à des personnages du temps, mais qui ne sont pas comprises, faute d'un commentaire, dont cet ouvrage ne serait pas indigne. Voici encore les autres passages qui prouvent que Furetière faisait une distinction entre les mots réduits et ruelles, liv. I; p. 147: «On permit aussi à Javotte de voir le beau monde, de faire des visites dans les beaux réduits, et de se mêler en des compagnies d'illustres et de précieuses.» Page 166: «J'avoue bien, Pancrace, que ceux qui sont déjà en réputation, et dont les ouvrages ont été loués dans les ruelles et par la cabale, l'ont pu conserver dans leurs recueils.» Page 171: «Car, comme dans les académies de jeu on pipe souvent avec de faux dés et de fausses cartes; de même, dans les réduits académiques, on pipe souvent l'impromptu.» Et, page 150: «Il s'amassait tous les jours bonne compagnie chez Angélique. Quelques fois on y traitait des questions curieuses; d'autres fois on y tenait des conversations galantes, et on tâchait d'imiter tout ce qui se pratique dans les belles ruelles par les précieuses du premier ordre.» Ainsi, le mot réduit s'employait de préférence pour les assemblées qui se tenaient dans d'autres chambres que celles où étaient des alcôves, et chez des hommes; quoique cependant Somaize mette parmi ceux qui tenaient ruelles Ménage et l'abbé Testu.

Somaize désigne comme les principaux introducteurs des ruelles de son temps l'abbé Bellebat et l'abbé du Buisson (voyez page 311). Dans la comédie intitulée les Véritables Précieuses, on lit ce dialogue, page 32:

LE BARON.

Avez-vous grande foule d'alcovistes chez vous? Qui préside? Qui est de quartier?

ISABELLE.

Nous en avons plusieurs de la vieille roche.

Dans le Grand Dictionnaire des Précieuses, ou la clef des ruelles, 1660 (ouvrage de Somaize différent de celui qui est intitulé aussi Grand Dictionnaire des Précieuses, historique, critique, 1661, 2 vol. in-12), p. 79, on lit que ces mots, qui préside? qui est de quartier chez vous? sont synonymes de Qui est-ce qui vient souvent vous voir?

Cet usage de recevoir dans les alcôves en produisit un autre, qui subsista longtemps: ce fut celui qu'avaient les jeunes mariées de recevoir, assises sur leur lit, en grande parure, les visites qui leur étaient faites le lendemain de leurs noces.

Saint-Simon (Mémoires complets et authentiques, t. I, p. 277), parlant de son mariage, dit:

«Nous couchâmes dans le grand appartement de l'hôtel de Lorges. Le lendemain, M. d'Anneuil, qui logeait vis-à-vis, nous donna un grand dîner, après lequel la mariée reçut sur son lit toute la France à l'hôtel de Lorges, où les devoirs de la vie civile et la curiosité attirèrent la foule....» «Le lendemain elle reçut toute la cour sur son lit, dans l'appartement de la duchesse d'Arpajon, comme plus commode, parce qu'il était de plain pied.» (Page 278.)

En parlant de sa belle-sœur, Saint-Simon dit: «Mademoiselle de Quentin ne tarda pas à avoir son tour. M. de Lausun la vit sur le lit de sa sœur, avec plusieurs autres filles à marier.» Quand de Lausun est marié avec mademoiselle de Quentin, il dit, en parlant du duc de Lausun: «Le lendemain, il fit trophée de ses prouesses. Sa femme vit le monde sur son lit.» (Page 280.) Puis, pour le jour d'après, il ajoute: «Elle vit toute la cour sur son lit, et tout s'y passa comme à mon mariage.»

Le même Saint-Simon (t. II, p. 125 et 126), en parlant du mariage de mademoiselle d'Aubigné, nièce de madame de Maintenon, avec le comte d'Ayen, dit: «La déclaration s'en fit le mardi 11 mars. Le lendemain madame de Maintenon se mit sur son lit, au sortir de table, et les portes furent ouvertes aux compliments de toute la cour.» Ceci se passait avant la messe de mariage; après cette messe, Saint-Simon ajoute encore: «L'après-dînée, madame de Maintenon, sur son lit, et la comtesse d'Ayen sur un autre, dans une autre pièce joignante, reçurent encore toute la cour.»

C'est sur cet usage que La Bruyère s'exprime en ces termes:

«Le bel et judicieux usage que celui qui, préférant une sorte d'effronterie aux bienséances et à la pudeur, expose une femme d'une seule nuit, sur un lit, comme sur un théâtre, pour y faire pendant quelques jours un ridicule personnage, et la livre en cet état à la curiosité de l'un ou de l'autre sexe, qui, connus ou inconnus, accourent de toute une ville à ce spectacle pendant qu'il dure! Que manque-t-il à une telle coutume pour être entièrement bizarre et incompréhensible, que d'être lue dans quelque relation de la Mingrélie?»

(La Bruyère, Caractères, ch. VII, De la Ville.)

Cet usage continua dans le dix-huitième siècle. Au sujet du mariage du duc de Berri, en 1710, on lit dans Saint-Simon:

«Au sortir de table, le roi alla dans l'aile neuve, à l'appartement des mariés. Toute la cour, hommes et femmes, l'attendait, en haie dans la galerie, et l'y suivit avec tout ce qui avait été du souper. Le cardinal Janson fit la bénédiction du lit. Le coucher ne fut pas long. Le roi donna la chemise à M. le duc de Berri.»

Le même Saint-Simon, en racontant le mariage du fils de Tallard avec une fille du prince de Rohan, qui eut lieu chez la duchesse de Ventadour, en 1713, dit, t. X, p. 455: «Le lendemain la mariée reçut sur le lit la duchesse de Ventadour, les visites de toute la cour, et celles que les duchesses ont accoutumé de recevoir des personnes royales.» Voy. la note, p. 697, de notre édition de La Bruyère.

38, ligne 4: N'y laissait pénétrer qu'un demi-jour azuré.

Dans la pièce de Somaize, Roguespine, un des personnages, dit (Procès des Précieuses, p. 47):

Je considérais fort la chambre

Dans laquelle à loisir je vis

Des précieuses de Paris

Une longue et nombreuse bande.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cette chambre était assez sombre;

Le grand jour n'y pouvait entrer,

A cause qu'elles font tirer,

Pour l'empêcher de trop paraître,

Des rideaux devant la fenêtre;

Sachant que la grande clarté

Efface un peu la beauté.

J'y remarque de plus ensuite,

Quoique la chambre fût petite,

Un paravent qui s'étendait

Jusque près de la cheminée.

Page 39, ligne 5: C'était mademoiselle Paulet.

Mademoiselle Paulet était la fille d'un Languedocien, Charles Paulet, secrétaire du roi, qui inventa le fameux impôt de la paulette. Si l'on en croit Tallemant des Réaux, mademoiselle Paulet fut galante dans sa jeunesse; mais l'amitié de madame de Clermont d'Entragues, femme d'une grande vertu, la remit en crédit. «Madame de Rambouillet, dit-il, la reçut pour son amie; et la grande vertu de cette dame purifia pour ainsi dire mademoiselle Paulet qui depuis fut chérie et estimée de tout le monde.» (Tallemant, Historiettes, p. 200.) Mademoiselle Paulet avait une très-belle voix. Lorsqu'elle vint pour la première fois à Rambouillet, madame de Rambouillet la fit recevoir à l'entrée du bourg par les plus jolies filles du lieu, couronnées de fleurs; une d'entre elles lui présenta les clefs du château, et on tira deux petites pièces d'artillerie. Mademoiselle Paulet mourut en 1651, chez madame de Clermont en Gascogne.

Page 40, ligne 2: Madame Duplessis.

La maison de madame Duplessis-Guénégaud était le rendez-vous de ce qu'il y avait de plus distingué à la cour et à la ville. Ce fut elle qui depuis contribua à former la société de Fouquet, et qui lui indiqua les gens de lettres et les hommes de mérite qu'il devait protéger.

Page 40, ligne 9: de la fameuse guirlande.

Dans le Hueliana, page 105, le don de cette guirlande est rapporté à l'année 1633 ou 1634, au lieu de 1640, qui est sa véritable date. Ce beau manuscrit a été vendu 14,510 fr. à la vente de La Vallière.

Page 40, ligne 15: Moitié assis, moitié couchés sur leurs manteaux.

Roguespine, dans la pièce de Somaize, continuant sa description, dit:

Pour ne pas perdre le moment

Que j'avais de lorgner ces belles

Dedans l'une de leurs ruelles.

Seize environ elles étaient;

De plus, toutes elles avaient,

Au moins il ne s'en fallait guère,

Assis sur leurs manteaux par terre,

Paraissant fort humiliés,

Un homme chacune à leurs pieds;

Sans ceux qui, très-fort à leur aise,

Étaient assis dans une chaise,

Et faisaient peu les courtisans.

Dans la Comtesse d'Escarbagnas, un homme ridicule qui cherche à singer les airs du grand monde s'assoit au pied de la comtesse pour écouter la comédie.—Dans le récit d'un bal de province, le comte de Bussy, en parlant du comte de Souvré, dit: «Il était au premier rang de ceux qui étaient assis sur leurs manteaux.»

Page 40, ligne 20.

Somaize parle dans son Dictionnaire de madame du Vigean, sous le nom de Valérie, page 36 de la clef; et t. II, page 195 du Dictionnaire, il lui donne le nom de mademoiselle.—Voiture et l'annotateur des chansons manuscrites lui donnent le titre de madame, et ce dernier nous apprend qu'elle était sœur de la duchesse de Richelieu.

Page 41, ligne 8: Toutes les dames tenaient une petite badine.

Roguespine dans Somaize, continuant sa narration, dit:

La plupart encore d'entre elles,

Soit des laides, ou soit des belles,

Tenaient avec un air badin

Chacune une canne à la main,

La faisant brandiller sans cesse.

Page 41, lignes 13: Les blancs et gros panaches de leurs petits chapeaux.

Roguespine dit encore:

Ils avaient, selon leurs coutumes,
Des chapeaux tout chargés de plumes.

L'auteur du Récit de la Farce des Précieuses; Anvers (1660, p. 19), dans le récit du costume de Mascarille, fait mention de son chapeau, si petit «qu'il était aisé de juger que le marquis le portait bien plus souvent dans la main que sur la tête.» Ce récit est de mademoiselle Desjardin; il a été composé après la première représentation des Précieuses, et avant que la pièce ne fût imprimée. Il est en forme de lettre adressée à une dame dont le nom, omis comme celui de l'auteur, était madame de Morangis. J'ai puisé ces détails dans les manuscrits de Conrart qui sont à la bibliothèque de l'Arsenal, no 902; on y trouve une copie du Récit, t. IX, p. 1017.

Page 41, ligne 20: Chapelain.

Le cardinal de Retz dit que Chapelain avait de l'esprit; et Retz était bon juge en cette matière. (Voyez Collection des Mémoires de Petitot, t. XLIV, p. 158.)

Page 41, ligne 22: L'abbé Bossuet, le petit abbé Godeau.

L'abbé Godeau était parent de Conrart, et ce fut lui qui le produisit à l'hôtel de Rambouillet.—Bossuet, né en 1627, n'avait que dix-sept ans en 1644; mais on sait qu'il fut très-précoce, et l'on connaît le mot de Voiture sur un sermon récité par lui à l'âge de seize ans à l'hôtel de Rambouillet.

Page 42, ligne 18: Voiture demeure dans cette rue.

Voiture mourut rue Saint-Thomas du Louvre, le 27 mai 1648.

Page 44, ligne 18: Afin de ne pas froisser ses canons.

A l'époque du mariage de madame de Sévigné, on portait de grands canons; on les portait moins longs lorsque Molière s'en moquait dans les Précieuses ridicules, en 1659; puis huit ans après, lorsque le Misanthrope fut représenté en 1667, les grands canons redevinrent à la mode.

Molière a dit dans l'École des Maris, acte I, scène 1:

Et de ces grands canons où, comme en des entraves,

On met tous les matins ses deux jambes esclaves,

Et par qui nous voyons ces messieurs les galants

Marcher écarquillés ainsi que des volants.

La pièce de Molière fut donnée en 1661. L'auteur des Lois de la Galanterie, que l'on trouve dans le Recueil des pièces choisies en prose, publié en 1658, s'exprime exactement de la même manière: «Si quelques-uns disaient encore autrefois qu'ils se formalisaient de ce rond de botte fait comme le chapiteau d'une torche, dont l'on avait tant de peine à conserver la circonférence, qu'il fallait marcher en écarquillant les jambes, comme si l'on eût quelque mal caché; et si depuis, ayant quitté l'usage des bottes, et porté de simples canons de la grandeur d'un vertugadin, on en a fait de pareilles plaintes, c'était ne pas considérer que ces gens qui observent ces modes vont à pied le moins qu'ils peuvent. D'ailleurs, quoiqu'il n'y ait guère que cela ait été critiqué, la mode est déjà changée. Les genouillières rondes et étalées n'ont été que pour les grosses bottes, les bottes mignonnes ayant été ravalées depuis jusqu'aux éperons, et n'ayant eu qu'un bec rehaussé devant et derrière. Quant aux canons de linge qu'on étalait au-dessus, nous les approuvions bien dans leur simplicité, quand ils étaient fort larges et de toile de batiste bien empesée, quoique l'on ait dit que cela ressemblait à une lanterne de papier, et qu'une lingère du Palais s'en servit un soir, mettant sa chandelle au milieu, pour la garder contre le vent. Afin de les orner davantage, nous voulions dès lors que d'ordinaire il y eût double et triple rang de toile, soit de batiste, soit de Hollande; et d'ailleurs cela était encore mieux s'il s'y pouvait avoir deux ou trois rangs de point de Gênes. Ce qui accompagnait le jabot devait être de même parure (p. 66 et 67).... Depuis que, l'usage des bottes étant aboli, si ce n'est pour aller à la guerre ou se promener aux champs, les grands canons ont été en crédit, soit de toile simple, ou ornés de belles dentelles; à quoi il fallut que les vrais galants se soient accoutumés, parce que c'était un équipage magnifique, et que d'ailleurs cela servait grandement à cacher la défectuosité de quelques jambes cagneuses ou trop menues. Mais s'il arrive que maintenant la mode de ces canons se passe, il faut que chacun porte des bas de soie..... L'on a aussi porté des canons d'étoffe au lieu de ceux de toile.....»

Scarron, continuant le portrait dont nous avons cité le commencement, dit:

Il avait deux canons, ou plutôt deux rotondes,

Dont le tour surpassait celui des tables rondes;

Il chantait en entrant je ne sais quel vieux air,

S'appuyait d'une canne, et marchait du bel air.

Après avoir fourni sa vaste révérence,

Se balançant le corps avecque violence,

Il me dit..... etc.

Dans la description que fait Loret de son noble de province, il dit, livre VII, p. 87, lettre 22, du 3 juin:

Il portait en son haut de chausse

Des galons jusqu'à seize cent.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce nobilis voyait avec ravissement

Ses rubans de couleur exquise,

Et ses canons d'étoffe grise,

Qui de rondeur, chacun à part,

Avaient deux aunes et mi-quart.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

De petits enfants à jaquette

Qui jouaient à cligne-musette:

Deux d'entre eux s'allèrent cacher

(Pour se faire longtemps chercher)

Sous les canons du gentil-homme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ils étaient spacieux assez

Qu'on ne leur voyait pieds ni tête, etc.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ma muse et moi nous maintenons

Que ces démesurés canons

Sont une extravagante mode,

Laide, embarrassante, incommode:

Cependant messieurs les coquets

Disent qu'outre leurs doux caquets,

Cet attirail est nécessaire

Pour ravir, pour charmer, pour plaire;

Que l'honneur, l'esprit, la vertu,

Sont estimés moins qu'un fétu

Dans l'empire des amourettes;

Et que pour dompter des coquettes,

Des Suzons, Fanchons et Nanons,

On ne le peut pas sans canons.

Page 48, ligne 6: La séparation.

Ce rondeau ne se trouve pas dans la première édition de Voiture, 1650, in-4o. C'est dans cette première édition qu'est le seul bon portrait de Voiture; il est gravé par Nanteuil, d'après Philippe de Champagne. Il y a eu une seconde édition de la même année, in-4o, corrigée et augmentée. Celle que je cite, in-12, est la meilleure, et le rondeau s'y trouve.

Page 49, ligne 12: Parce qu'il est votre grand madrigalier.

Conrart avait surnommé La Sablière le grand madrigalier français. Voy. Ancillon, Vie des Personnages célèbres.

Page 50, ligne 1: De toutes les façons, etc.

Dans les éditions de Montreuil, cette pièce y est intitulée Pour madame de Sévigny jouant à colin-maillard (on écrivait alors Sevigny au lieu de Sévigné; Scarron et Bussy-Rabutin n'écrivent pas autrement). Dans le recueil de Sercy, où cette pièce avait paru d'abord, le nom de madame de Sévigné ne se trouve pas. Les œuvres de Montreuil contiennent en outre deux lettres adressées par lui à madame de Sévigné, pag. 5, 107 de l'édit. 1666, et 4 et 72 de l'édit. de 1671. Il faut que les éditeurs de madame de Sévigné n'aient point connu ces lettres, puisqu'ils ne les ont pas, selon leur plan, réimprimées avec les siennes. La seconde édition du recueil de Montreuil ne paraît être qu'une réimpression de la première: elle est seulement moins belle. La meilleure pièce de Montreuil n'est point dans ce recueil: c'est son épître à Martin Pinchesne, qu'il a imprimée dans les œuvres de ce dernier après la mort de l'auteur. On a souvent confondu Mathieu Montreuil avec Jean Montreuil, son frère aîné, qui fut un des plus jolis hommes de France. (Retz, Mém., t. XLV, p. 181 et 191.) Ce dernier fut très-utile à la cause des princes, par son esprit et son adresse; il fut reçu de l'Académie Française, et mourut à trente-sept ans. Petitot, ou l'ancien éditeur des Mémoires de Joly, Collection des Mémoires, t. XLVII, p. 107, confond, dans une de ses notes, Mathieu avec Jean. (Voy. Pellisson, Hist. de l'Académie Française, 1729, in-4o, p. 261 à 265). Il paraîtrait, d'après un passage des Mém. de Conrart, t. XLVIII, p. 57, que Montreuil l'académicien a été secrétaire des commandements de Madame, femme de Gaston.

Page 51, lignes 9 et 10: Faisons encore jouer madame de Sévigné à colin-maillard.

Le jeu de colin-maillard, qui nous paraît si enfantin, était alors fort à la mode parmi les gens du grand monde. Le comte de Gramont, dans ses Mémoires, parle du goût de mademoiselle Stewart pour ce jeu. La mode le maintint longtemps en vogue. Loret, dans sa Muse historique, liv. III, p. 7, lettre 2, du 14 janvier 1652, en parlant des divertissements qui se donnent chez Mademoiselle, dit:

Enfin, en ce palais d'honneur

On a ce merveilleux bonheur

De s'y réjouir d'importance;

Et, mieux que pas un lieu en France,

Comédie, bal, en tout temps,

Y rendent les esprits contents.

Au chagrin on y fait la moue,

Et tous les soirs presque on y joue

A ce jeu plaisant et gaillard

Qu'on appelle colin-maillard.

Louis XIV aimait ce divertissement dans sa jeunesse. Un jour qu'il y jouait chez madame de Puisieux, il mit son cordon bleu autour de Puisieux pour mieux se déguiser; et cela plus tard fit nommer Puisieux chevalier des ordres. Saint-Simon, t. IV, p. 288 (chapitre 24).

Page 52, ligne 16: Des fauteuils, des chaises et des placets.

J'ai fait mention des placets, ci-dessus, page 41, ligne 17.

Boileau a dit dans sa satire:

Saint-Amand n'eut du ciel que sa veine en partage:
Un lit et deux placets composaient tout son bien.

Dans le Lutrin:

En achevant ces mots, cette amante enflammée
Sur un placet voisin tombe demi-pâmée.

Brienne dit, p. 203: «Cependant la reine me fit donner un placet.» Et p. 218: «Mon père....., comme il ne pouvait se tenir debout, s'asseyait sur un placet qui était au bout de la table.»

Page 53, lignes 9 et 10: Théodore vierge et martyre, tragédie chrétienne.

C'est de cette tragédie que Voltaire a dit qu'il n'y avait rien de si mauvais. Il a épuisé à son égard les expressions les plus dures que le mépris et le dégoût peuvent inspirer. Sa critique est outrée, et on aurait d'après elle une fausse idée de la pièce. On la lit sans ennui; Corneille s'y retrouve assez souvent. Elle eut du succès en province, mais n'en eut aucun à Paris. Elle a été bien appréciée par François de Neufchâteau.

Page 55, ligne 8: Tout le monde dirigea ses regards sur l'ecclésiastique adolescent.

Bossuet fut introduit à l'hôtel de Rambouillet par le marquis de Feuquières, et y prêcha un sermon à l'âge de seize ans. Il vint à Paris en 1642, et ce ne fut que postérieurement qu'il alla résider à Metz, pour y achever ses études ecclésiastiques.

CHAPITRE VI.

Page 59, ligne 6: Un honnête homme.

Voici comment s'exprime l'auteur des Lois de la Galanterie à l'endroit cité: «Il faut que chacun sache que le parfait courtisan que le comte Balthazar de Chastillon a voulu décrire en langage italien, et l'honnête homme que le sieur Faret a entrepris de dépeindre en français, ne sont autre chose qu'un vrai galant.» Le mot gentleman en anglais correspond à plusieurs de ces significations vagues, et à nuances diverses, du mot honnête homme dans le siècle de Louis XIV.

Page 60, ligne dernière: Boileau l'a cependant employée depuis.

Boileau a dit dans une de ses épîtres, longtemps après madame de La Fayette:

Les yeux, d'un tel discours faiblement éblouis,
Bientôt dans ce tableau reconnaîtraient Louis.

Le poëte Lebrun a fait sur ces vers la remarque suivante: «Des yeux éblouis d'un discours, c'est-il bien français? On n'est point ébloui de ce qu'on ne voit pas. M. Auger s'étonne avec raison d'une telle critique de la part d'un poëte, et répond que chaque jour on emprunte des mots à un ordre de sensations, pour les appliquer à un autre. Mais l'expression de madame de La Fayette, quoique en apparence semblable, est tout autre et bien plus hardie que celle de Boileau; car c'est réellement, et non pas au figuré, qu'elle affirme que madame de Sévigné, par sa conversation, éblouissait les yeux.

Page 63, ligne 19.

Ma plume, pour rimer, rencontrera Ménage.

Presque tous les commentateurs de Boileau ont commis une erreur, lorsqu'ils ont dit que ce vers et celui qui le précède n'avaient existé qu'en manuscrit. Cette satire adressée à Molière parut pour la première fois dans le Recueil de Vers choisis, imprimé en 1665, sans nom de ville ni d'imprimeur, avec une sphère sur le titre. Les vers sur Ménage s'y trouvent tels que nous les avons rapportés.

Page 63, ligne 23: Substitua l'abbé de Pure.

Si je veux d'un galant dépeindre la figure,
Ma plume, pour rimer, rencontrera de Pure.

Voyez Nouveau Recueil, etc., 1665, in-12, p. 24.

Page 68, ligne 3: L'interprétation que nous leur avons donnée.

M. Monmerqué (t. I, p. 39) fixe la date de la lettre que j'ai citée à l'année 1655: je la crois postérieure. Cette lettre se rattache à celle du no 29, p. 55, et à celle qui a été publiée dans les Mémoires de Coulanges, p. 323; ce qui doit faire croire qu'il y est question de Servien, et non de Fouquet. De même, la lettre du 12 janvier, t. I, p. 16, que nous avons citée en second, classée par M. Monmerqué sous l'année 1654, nous paraît devoir être placée sous l'année 1652, lorsque madame de Sévigné revint de Bretagne après son veuvage, Conférez Loret, Muse historique, t. I, p. 157, en date du 19 novembre 1651.

Page 70, note 2: Bussy, Histoire amoureuse des Gaules.

L'édition que j'ai citée dans cette note et dans plusieurs autres me paraît être l'édition originale du fameux ouvrage de Bussy. Elle est in-18, sans date, sans nom de libraire ni d'imprimeur, et ayant seulement une croix de Saint-André sur le frontispice. L'ouvrage commence au haut de la page, sans que le titre soit répété. La pagination se suit jusqu'à la page 190, puis elle recommence à l'histoire d'Ardelise jusqu'à la page 69, et ensuite il y a une clef. Le caractère est beau et semblable à celui des Elzevirs. Il y a du même ouvrage une autre édition pareillement indiquée comme étant imprimée à Liége, sans date ni nom d'imprimeur, mais avec un grand fleuron triangulaire sur le frontispice: ce volume, moins bien imprimé que le précédent, a 208 pages, sans la clef; la pagination se suit, et l'historiette de Ménage est à la page 189. Barbier a commis une faute grave, dans son Dictionnaire des Anonymes, en confondant, t. I, p. 46, l'Histoire amoureuse des Gaules de Bussy avec le recueil intitulé: les Amours des Dames de notre siècle, recueil de libelles composés par différentes mains, la plupart de Sandraz de Courtils. A la vérité, dans l'édition de 1754, en 4 volumes, on a compris toutes ces petites chroniques scandaleuses sous le titre général d'Amours des Gaules, et on a attribué le tout à Bussy; mais il n'y a de lui dans ces 4 volumes que le 1er; et cette édition de ses Amours des Gaules, quoique la plus connue, n'est pas bonne. Nous reviendrons sur ce recueil au sujet d'une autre édition, où les vrais noms sont mieux indiqués que dans l'édition de 1754, et que nous avons découverte depuis. Nous prouverons aussi que les Amours des Gaules de Bussy ont été composées en 1659 et 1660, mais n'ont été imprimées qu'en 1662. Les diverses pièces renfermées dans le recueil intitulé les Amours des Dames de notre siècle sont toutes postérieures à cette époque. (Voyez la IIIe partie de ces Mémoires, p. 445.)

Page 75, ligne 10: Telle était Montreuil.

On ne voit point mes vers, à l'envi de Montreuil,
Grossir impunément les feuillets d'un recueil.

Boileau, satire VII.

M. de Saint-Surin, dans son commentaire, a dit à tort que le Montreuil dont parle Boileau fut de l'Académie Française. Il le confond avec son frère, qui en fut, et mourut en 1650 sans avoir rien publié. Pellisson, dans son Histoire de l'Académie Française, et Saint-Marc, probablement d'après Pellisson, prétendent que le véritable nom est Montreul. Cela se peut; mais dans les deux éditions que Mathieu Montreuil a publiées lui-même de ses ouvrages, l'i s'y trouve; il y a Montreüil, et jamais Montreul. Voyez Œuvres de Montreuil, édit. 1666, p. 5, et édit. 1671, p. 4.

Page 75, ligne dernière: Ce chansonnier de la Fronde, gros, court.

Le poëte Saint-Amand, dans son poëme sur la Vigne, s'exprime ainsi sur Marigny, dont il était l'ami:

Marigny, rond en toute sorte,

Qui parmi les brocs te transporte,

Et dont l'humeur, que je chéris,

M'a pu faire quitter Paris.

La petite seigneurie de Marigny était située près de Nevers.

Page 76, ligne 11: Saint-Pavin, le petit bossu.

Le nom de Saint-Pavin était Denis Sanguin de Saint-Pavin. Titon du Tillet (Parnasse Français, 1722, in-folio, p. 298) nous apprend que de son temps la maison de Saint-Pavin appartenait au duc de Lorges. Je ne sais où M. Durozoir (Biographie universelle, t. XL, p. 36) a trouvé que Saint-Pavin le poëte avait été pourvu de l'abbaye de Livry, et qu'il avait précédé l'abbé de Coulanges à cette abbaye. Je crois qu'il a confondu avec le poëte Saint-Pavin Denis Sanguin de Saint-Pavin, évêque de Senlis, qui en effet fut pourvu de l'abbaye de Livry après, et non avant, l'abbé de Coulanges. L'abbé Le Bœuf dit avoir vu dans l'église Notre-Dame de Livry la tombe d'un M. Sanguin, seigneur de Livry, mort en 1650. C'était peut-être celle de Christophe Sanguin, seigneur de Livry. (Voyez Histoire du Diocèse de Paris, t. VI, p. 197.) M. Gault de Saint-Germain, dans une note sur les Lettres de madame de Sévigné, t. III, p. 275, a dit que Saint-Pavin était abbé de Livry; et c'est probablement dans cet auteur, si rempli d'inexactitudes, que M. Durozoir aura puisé ce fait.

Page 77, ligne 11: Amenant avec lui ses compagnons de plaisir.

Parmi les joyeux convives qui fréquentaient le plus la maison de Saint-Pavin et venaient avec lui chez l'abbé de Coulanges, madame de Sévigné nomme Saint-Germain.

Page 79, ligne 7: Sont faits égaux comme de cire.

Vers de Marot dans l'épigramme qui commence ainsi:

Monsieur l'abbé et monsieur son valet
Sont faits égaux tous deux comme de cire.

Page 79, avant-dernière ligne: Les éloges que dans la suite Boileau.

Que Segrais, dans l'églogue, en charme les forêts.

CHAPITRE VII

Page 85, ligne 4, note 1.

«Les quatre grands diseurs de bons mots de notre temps, dit Ménage, étaient Angevins: M. le prince de Guémenée, M. de Beautru, M. le comte de Lude, et M. le marquis de Jarzé.»

Page 88, ligne 14: Une ode de Racan adressée au père de Bussy.

Nous citerons ici une belle strophe de cette ode de Racan, dont Bussy, puisqu'il l'admirait tant, aurait dû profiter.

Que sert aux courtisans ce pompeux appareil,

Dont ils vont dans la lice éblouir le soleil,

Des trésors de Pactole?

La gloire qui les suit après tant de travaux

Se passe en moins de temps que la poudre qui vole

Du pied de leurs chevaux.

Bussy fut reçu à l'Académie Française en 1665, à l'âge de quarante-sept ans.

Page 91, ligne 9: Agé de près de vingt ans.

Bussy naquit à Épiry, en 1618; il eut quatre frères, et par leur mort il resta l'unique rejeton de la descendance mâle des Rabutins dans la branche cadette. Il entra dans la carrière militaire en 1634, et se distingua au siége de La Motte en Lorraine. Il fut fait mestre de camp d'infanterie en 1638, après trois campagnes. C'est en 1644 qu'il acheta 12,000 écus la lieutenance des chevau-légers. C'était la compagnie d'ordonnance de Henri de Bourbon, prince de Condé, gouverneur de Bourgogne, père du grand Condé. C'est aussi en 1644 que le père de Bussy mourut, et que, par la protection du prince de Condé, il devint lieutenant du roi en Nivernais; il fit le 18 février 1645 son entrée dans cette province.

Page 91, ligne 11: Qui comptait environ vingt-cinq ans.

Bussy dit dans ses Mémoires (t. I, p. 3, édit. in-12) qu'il est né à Épiry, le vendredi saint, troisième avril 1618. Selon Monmerqué, on devrait lire, d'après un manuscrit, le treizième d'avril: différence peu importante. Cette date est confirmée par le tableau généalogique des Rabutins, extrait de la bibliothèque de Dijon, publié dans les Lettres inédites (Paris, 1819, in-12), et aussi par son épitaphe, composée par la comtesse d'Alets, qui donne à son père soixante-quinze ans au moment de sa mort, arrivée le 9 avril 1693. Cependant Bussy, dans ses Mémoires, dit, sous la date de 1638, en marge (t. I, p. 38 de l'édit. in-12, et p. 47 de l'édit. in-4o): «Ma maîtresse avait vingt-cinq ans; je n'en avais guère plus de seize;» et en 1640, suivant toujours le même système, il ne se donne que dix-huit ans, et il dit (t. I, p. 54 de l'édit. in-12, ou t. I, p. 67 de l'édit. in-4o): «Avec tout cela, une femme de quinze ans n'en peut guère savoir plus qu'elle n'en savait; pour moi, qui en avais dix-huit, j'étais bien plus habile.» La marge porte en cet endroit 1640. Le premier éditeur des Mémoires de Bussy s'est aperçu de cette contradiction, et a cherché à y remédier dans l'errata. Il a corrigé pour la page 3, c'est-à-dire à la date de la naissance, 1622 au lieu de 1618; et à la page 6 il met dans le texte, en toutes lettres, «plus de vingt» au lieu de plus de dix-huit. Ces deux corrections se contredisent; il y en a une évidemment fausse. La première est pour faire concorder la date de seize ans que Bussy se donne à la page 47, et dont l'éditeur ne parle pas: et en effet, s'il était né en 1622, il n'aurait eu que seize ans en 1638. La seconde correction, au contraire, est pour faire concorder la date de la page 63 avec celle qui a été donnée à la page 3 pour la naissance; car, né en 1618, Bussy en 1640 avait vingt-deux ans, et non dix-huit, comme il le dit; mais s'il était né en 1622, il n'en avait plus que dix-huit. On doit se rappeler que les Mémoires de Bussy n'ont paru qu'en 1696, trois ans après sa mort. S'il les avait publiés lui-même, il aurait achevé de les rédiger, et il eût fait disparaître ces contradictions. C'est probablement d'après ces erreurs de l'éditeur (qui est, je crois, le père Bouhours) qu'Auger, dans son article Bussy (Biographie universelle, t. VI, p. 374), fait débuter Bussy dans la carrière militaire à l'âge de douze ans, ce qui est invraisemblable; il fit, au contraire, des études brillantes et complètes, qui ne furent terminées qu'à seize ans. Il ne commença sa carrière militaire, au siége de La Motte en Lorraine, qu'en 1624. Mais je m'aperçois qu'Auger a puisé cette erreur dans la notice de Grouvelle sur Bussy-Rabutin (Lettres de Sévigné, édition d'Herhan; 1811, in-12, t. I, p. 134.)

Page 91, ligne dernière: François de L'Hospital.—Et page 92, ligne 12:

Elle vécut avec Louis de Lorraine.

François de L'Hospital, comte de Rosny, seigneur du Hallier, fut abbé de Sainte-Geneviève et évêque de Meaux, sous Henri IV; il fut fait maréchal de France le 23 avril 1643, et mourut le 20 avril 1660, âgé de soixante-dix-sept ans; il était donc né en 1583, et avait cinquante-cinq ans lors de la visite que lui fit Bussy en 1638. Sa première femme, Charlotte des Essarts, était fille unique de François des Essarts, seigneur de Sautour, qui fut tué à Trèves, en 1590. Ce fut vers cette époque qu'elle vécut avec Henri IV. Elle en eut deux filles légitimées, qui eurent le titre de princesses. La première, Jeanne-Baptiste de Bourbon, mourut abbesse de Fontevrault, le 16 juillet 1680; la seconde, abbesse de Chilly, le 10 février 1680; elle se nommait Marie-Henriette de Bourbon. On a prétendu que Charlotte des Essarts avait été mariée clandestinement au cardinal de Guise, par contrat de mariage du 4 février 1611. Ce fait est probable. Il en eut cinq enfants: trois garçons et deux filles. La seconde, Louise de Lorraine, dame de Romorantin, dont il est question dans les Mémoires de Bussy, épousa, le 24 novembre 1639, Claude Pot, seigneur de Rhodes, grand maître des cérémonies de France. Elle mourut sans enfants, à Paris, le 15 juillet 1652. Il en sera souvent fait mention dans cet ouvrage. La Borde (t. II, p. 200 de son édition des Amours du grand Alcandre) inscrit deux fois, comme deux enfants différents, Louise de Lorraine, dame de Romorantin, et Louise de Lorraine, sans titre. C'est une erreur: il n'y en a qu'une. Le même confond les enfants de Henri IV avec ceux du cardinal de Guise. Charlotte des Essarts, ou la maréchale de L'Hospital, étant morte le 8 juillet 1651, le maréchal de L'Hospital se remaria à Claudine-Françoise Mignot, fille d'une herbière du Brachet, près de Grenoble, et alors veuve de Pierre de Portes, trésorier de la province du Dauphiné. Ce mariage se fit le 24 août 1653. Après la mort du maréchal de L'Hospital, Claudine Mignot se remaria une troisième fois, dans son hôtel, à Paris, rue des Fossés-Montmartre, le 4 novembre 1672, à Jean-Casimir, autrefois roi de Pologne, et alors abbé commendataire de Saint-Germain des Prés, de Saint-Saurin à Évreux, et d'autres abbayes, et qui mourut le 16 décembre suivant. Claudine Mignot vécut jusqu'au 30 novembre 1711.

Page 94, ligne 11: Plus jeune que lui.

Bussy dit cependant: «Mademoiselle Romorantin avait vingt ans, et je n'en avais pas dix-sept.» Mais il nous apprend que ce fut en 1639 qu'il passa l'hiver à Chalons. Né en 1618, il avait donc alors vingt et un ans. On comprend cette préoccupation de Bussy, qui le porte à se rajeunir toujours de trois ou quatre ans. Toutes les faiblesses qui tiennent à l'orgueil ou à la vanité, il les avait.

Page 98, ligne 4: Elle devint veuve en 1650.

Pendant les grandes intrigues de madame de Rhodes à Paris, Bussy en était absent, et suivait un autre parti. Fort liée avec mademoiselle de Chevreuse, dont elle favorisa les amours avec le cardinal de Retz, madame de Rhodes fut sur le point d'épouser, par l'entremise de mademoiselle de Chevreuse, le président de Bellièvre.

Page 101, ligne dernière: Bussy épousa peu de temps après mademoiselle de Toulongeon.

Bussy épousa Gabrielle de Toulongeon, fille d'Antoine de Toulongeon, gouverneur de Pignerol, et de Françoise de Rabutin, fille du baron de Chantal, à Alonne près d'Autun, le 28 mai 1643.

CHAPITRE VIII.

Page 116, note 1.

Je remarque que quoique les Mémoires de Bussy n'aient été imprimés qu'en 1696, c'est-à-dire deux ans après son Discours à ses Enfants, le nom de madame de Sévigné, qui était en toutes lettres dans le Discours, se trouve en blanc dans les Mémoires.

CHAPITRE IX.

Page 119, ligne 3 du texte: Il eut la douleur de perdre sa femme.

Dans la généalogie de Marie de Rabutin par le comte de Bussy, publiée dans les Lettres inédites de madame de Sévigné (1819, p. 18), qui a été reproduite par M. Gault de Saint-Germain dans son édition de Sévigné (t. I, p. 72), on place la mort de Gabrielle de Toulongeon en 1648. C'est évidemment une erreur, qui tient à ce que les Mémoires de Rabutin portent en marge dans cet endroit l'année 1648; mais l'auteur dit dans son texte que trois jours après il apprit aussi la mort du prince de Condé; et cette mort eut lieu le 28 décembre 1646.

M. Weiss, dans la Biographie universelle (t. IX, p. 391), indique une date un peu différente; mais cette différence ne provient que de celle qui existe entre l'ancien et le nouveau calendrier; il paraît, d'après cela, que Gabrielle Toulongeon mourut vers le 15 décembre 1646.

Page 120, ligne 24.

Le lambel dont madame de Sévigné parle dans cette lettre est une barre crénelée qu'on met dans les armoiries, pour indiquer une branche cadette ou collatérale. Ainsi la maison d'Orléans avait les mêmes armes que le roi de France, les trois fleurs de lis, mais surmontées d'un lambel.

CHAPITRE X.

Page 125, ligne 16: D'un vieux bourgeois nommé le Boccage, propriétaire d'un domaine.

D'après le nom du personnage, il est évident que ce domaine était celui de Lagrange au Bocage, à quatre lieues et demie de Sens et à quatre lieues au nord-est de la commanderie de Launay, nommée Lanny, par erreur du graveur, sur la carte de Cassini. Il y a un court article sur cette commanderie dans le grand Dictionnaire de la France d'Expilly.

Page 125, ligne 27: Et, de plus, millionnaire.

Bussy dit qu'elle avait quatre cent mille écus de bien, c'est-à-dire deux millions quatre cent mille livres, monnaie de cette époque. C'est près de cinq millions de notre monnaie actuelle.

Page 127, ligne 26: Qu'ils restaient toujours impunis.

Le père du comte de Chavagnac, despote altier, voulait, comme ancien chef huguenot, forcer son fils à épouser la veuve d'un M. de Montbrun, fille de Courval, et très-riche héritière. Il la fit enlever, au nom de son fils, par quinze gentils-hommes de ses amis ou vassaux. Elle était vieille et laide, et sans esprit; elle voulut réclamer, intenter un procès, et protester contre un mariage fruit de la force: celui qu'on voulait lui faire épouser ne désirait pas plus qu'elle-même ce mariage. Chavagnac parvint à contraindre son fils, aussi bien que la veuve, en menaçant de se porter contre tous deux à de plus grandes violences; et le mariage fut maintenu.

Page 129, note 1: L'abbé de Choisy, Vie de Madame de Miramion.

L'édition in-12 de la Vie de madame de Miramion (1707) n'est que la réimpression de l'in-4o, accompagnée d'un beau portrait de cette dame, par Edelinck, qui a été réduit par le même graveur dans l'édition in-12.

Page 132, ligne 26: Grand-père du mari qu'elle avait perdu.

Ce M. de Choisy, conseiller d'État, était un des frères du père de l'abbé de Choisy, l'auteur des Mémoires, puisqu'il est dit page 19 de la Vie de madame de Miramion, que lui, abbé de Choisy, était cousin germain de madame de Miramion, c'est-à-dire de son mari.

Page 133, ligne 23: Sur la route qui conduit de Saint-Cloud au mont Valérien.

Bussy désigne très-exactement l'emplacement où se trouvait posée sa petite troupe. C'était «au-dessus du jardin de madame du Tillet, que Philippe de France acheta pour agrandir le sien.» Ainsi, cet emplacement doit être actuellement renfermé dans le parc de Saint-Cloud.

Page 134, ligne 9: Avant d'entrer dans le bois de Boulogne.

C'est ainsi que s'exprime Bussy; ce qui prouve que dès lors la route directe de Saint-Cloud à Issy, qui oblige de passer deux fois la rivière, était déjà pratiquée, et qu'il y avait un bac vis-à-vis le Point du Jour.

Page 138, ligne 3: Un chevalier de Malte.

Il est probable que ce chevalier était Guy de Rabutin, le dernier des frères suivants de Bussy, qui mourut au Temple, un an après cet enlèvement de madame de Miramion.

CHAPITRE XI.

Page 150, ligne 8 du texte: Au nord de Montargis.

L'abbaye de Ferrières se trouve à peu de distance de la jonction du Loing avec une petite rivière nommée Cléry. Il est dit dans la Gallia Christiana, t. XII, p. 160: «Ferrariæ a ferri venis, e quibus elicitum olim metallum, nomen videntur invenisse; Ferrariæ positus est locus in Wastiniensi pago (le Gâtinais), ad Clarisam amnem, in Lupum (le Loing) influentem; tribus admodum leucis ab urbe Montis Argivi

Page 151, ligne 1: Dont il fut fait évêque.

Jacques de Nuchèze naquit en 1591, le 26 octobre, de Jacques Nuchèze, baron de Bussy-les-Francs, et de Marguerite Fremyot, sœur de sainte Chantal. Il fut nommé évêque comte de Châlons en 1624, et mourut en mai 1652, âgé de soixante-six ans et six mois, après avoir occupé trente-trois ans le siége de Châlons-sur-Saône, dont il fut le soixante-dix-neuvième évêque.

Page 154, ligne 13: La belle terre de Savigny-sur-Orges.

Conférez Le Bœuf, Histoire de Diocèse de Paris, t. XII, p. 70, et Monmerqué, Sévigné, t. II, p. 180. Cette terre de Savigny, qui avait appartenu au comte de Montrevel, devint la propriété du marquis de Vins, qui la possédait en 1708. Le comte du Luc, héritier de la marquise de Vins, a depuis eu cette terre, et y est décédé, en juillet 1740.

CHAPITRE XII.

Page 166, ligne 15: La reine est si bonne.

Ce mot est de La Feuillade, le père de celui qui fut à la cour de Louis XIV, et auquel nous devons la place des Victoires.

Page 180, ligne 28: Et le marquis de Sévigné.

Conrart dit: «Le marquis de Sévigné était étrangement frondeur, comme parent du coadjuteur.» Mais dans la phrase suivante Conrart a commis une erreur, que son savant éditeur, M. Monmerqué, a relevée.

Page 161, ligne 17.

Ce fut le 13 septembre que la reine se retira à Ruel. Ce château était celui que le cardinal de Richelieu avait laissé à sa nièce, la duchesse d'Aiguillon.

Page 181, ligne 19: Ramena la reine à Paris.

«La reine, dit madame de Motteville, partit de Saint-Germain pour revenir à Paris la veille de la Toussaint.»

CHAPITRE XIII.

Page 184, ligne 28: Au premier jour de l'an mil sept cent quarante-neuf.

Il faut corriger le second vers de cette petite pièce, et changer les mots de mil sept cent soixante-neuf en ceux de mil sept cent quarante-neuf, faute qui se trouve dans les œuvres de Marigny et dans le Recueil des plus belles Pièces des Poëtes français, chez de Sercy. Cela est démontré par le recueil de Sercy, où cette pièce a été imprimée pour la première fois, en 1653. On voit par là combien une seule faute d'impression peut jeter de confusion dans les recherches historiques, combien il est essentiel de toujours recourir aux éditions originales, et de se défier des réimpressions. Le mot franchise signifiait liberté à cette époque. Il y en a des exemples sans nombre.

Page 190, ligne 5: Le lendemain du jour qui suivit le départ de cette lettre.

L'attaque de Charenton eut lieu le 8 février. Le départ de Bussy de Saint-Denis eut lieu le 6 et non pas le 10, comme on a mis par faute d'impression dans les Mémoires de Bussy. Comme la lettre qu'il adressa à madame de Sévigné est antérieure d'un jour à ce départ, elle doit porter la date du 5 février, au lieu du 15. Ni le P. d'Avrigny, dans son ouvrage sur le règne de Louis XIV, ni aucun des éditeurs des lettres de madame de Sévigné, ne se sont aperçus de cette contradiction; tous ont reproduit les erreurs de chiffres que l'imprimeur ou les copistes ont introduites dans les Mémoires de Bussy.

Page 191, ligne 4: La lettre suivante pour madame de Sévigné.

Je rectifie encore ici les dates des lettres de Bussy, que les éditeurs de ses Mémoires et, par suite, ceux des Lettres de madame de Sévigné, ont altérées. En effet, au lieu des 25 et 26 mars pour ces deux lettres, il faut 5 et 6 mars. Nous savons, par les Mémoires de Monglat, t. L, p. 159, et d'Omer Talon, t. LXI, p. 424, que la ville de Brie-Comte-Robert fut pillée le 27 février, et que son château se rendit le 28. Bussy dit que cette expédition ne dura que huit jours, et qu'il écrivit à sa cousine, au sujet de ses chevaux, aussitôt après son retour; ce qui nous porte juste au 5 mars, le mois de février n'ayant que 28 jours. D'ailleurs, il parle, dans sa lettre, de la paix comme entravée par les négociations et n'étant pas encore conclue. S'il avait écrit le 26 mars, il n'aurait pas ignoré que cette paix était signée depuis quinze jours. Aucun des éditeurs de Madame de Sévigné n'a soupçonné cette erreur, et la correction doit être faite dans toutes les éditions.

Page 195, ligne 20: Les projets de mariage...

Pendant son voyage à Dijon, Bussy voulut épouser la fille du président B***; mais il prétend que L*** (probablement Lenet) fit manquer l'affaire.

CHAPITRE XIV.

Page 108, ligne 21: Telle était son intention; mais le soir même...

Bussy dit que cette conversation qu'il eut avec le prince de Condé eut lieu le mardi, et que l'arrestation des princes se fit le même jour; mais tous les Mémoires du temps placent au 18 cette arrestation. Il y a donc erreur de date dans Bussy. Ses Mémoires en renferment de plus fortes, et nous en avons signalé quelques-unes.

Page 203, ligne dernière: Son mariage projeté avec Louise de Rouville.

Louise de Rouville, que Bussy-Rabutin épousa en secondes noces, était fille du second lit de Jacques de Rouville (chevalier d'honneur de madame la duchesse de Montpensier) et d'Isabelle de Longueval.

CHAPITRE XV.

Page 214, ligne 21: Le poëte Marlet.

Guy-Patin le nomme Morlet. Sa satire était intitulée: la Custode du Lit de la Reine.

Page 220, note 1: Le Secret, ou les véritables causes, etc.

Cet écrit, peu connu, qui parut presque aussitôt après la sortie des princes, dévoile toutes les intrigues de la cour aussi complétement que l'ont fait les Mémoires que l'on a publiés depuis. On y trouve, page 45, la phrase latine que le coadjuteur improvisa dans une séance du parlement, comme étant une citation de Cicéron.

Page 221, ligne dernière: Sévigné, de race frondeuse.

Loret écrit Cevigny, et ailleurs Sevigny; c'est de cette dernière manière qu'on écrivait alors habituellement ce nom.

Page 221, lignes 20 et 21: Sa protectrice mademoiselle de Longueville.

Elle était fille du duc de Longueville et de Louise de Bourbon-Soissons, sa première femme. Formée à l'hôtel de Rambouillet, elle partagea sa vie entre la culture des lettres et l'administration de ses grands biens. Elle occupait à Paris, de moitié avec la princesse de Carignan, sa tante, ce magnifique hôtel de Soissons qui a été abattu, et que la halle aux blés a remplacé. Loret, liv. I, p. 9, nous apprend que la duchesse de Nemours était blonde. Le château de Trie, près de Coulommiers, lui appartenait. Elle mourut en 1707, à quatre-vingt-six ans. Saint-Simon raconte différemment des autres auteurs l'anecdote piquante du confesseur.

CHAPITRE XVI.

Page 225, note 3: Costar, Lettres.

Le premier recueil des Lettres de Costar, publié par Costar lui-même, est dédié à Fouquet. Dans sa préface, il parle «des faveurs continuelles dont il a eu la bonté de le prévenir.» Le vrai nom de Costar était Coustart. Voyez à ce sujet le Ménagiana et la lettre que Costar adressa à son cousin de Coustart, part. II, p. 773, lettre 23; et la Vie de Costar, t. VI, p. 233 des Historiettes de Tallemant des Réaux, édit. in-8o.

Page 225, ligne 18: Leur château de Champiré près Segré; et p. 226, ligne 1: Renaud de Sévigné.

Costar écrit Sévigny, comme tous ceux de son temps. Il reproche galamment à mademoiselle de Lavergue d'avoir la bouche trop petite.—Aucun livre n'est inutile: après avoir cherché Champiré dans le dictionnaire de la poste aux lettres et dans tous les dictionnaires de géographie de la France les plus amples, j'ai trouvé dans le Journal de la Mode, ou Revue du Monde élégant, quatrième année, douzième livraison, à la p. 32, dans la liste des souscripteurs pour ces deux filles héroïques, Marie Bossy et Charlotte Moreau, «le comte de Narcé, au château de Champiré, près Segré.» Nul doute que ce château ne soit celui qui a appartenu à Renaud de Sévigné.

Page 226, ligne 14: Qu'à la sérieuse et savante comtesse de La Fayette.

Auger et M. de Saint-Surin font naître madame de La Fayette en 1632; mais Grouvelle, dans son édition des Lettres de madame de Sévigné, l'auteur de la notice sur madame de La Fayette dans la Galerie Française, et celui de la Collection des meilleurs romans (Dauthereau, 1827, in-18), la font naître en 1633.

Page 228, ligne 26: Une satire intitulée la Mazarinade.

Le passage de Guy-Joly prouve que la Mazarinade fut écrite en 1649.

Page 229, ligne dernière: Mais à la mode du Marais.

Cette sœur de Scarron, qui fut maîtresse du marquis de Tresme, était fort belle. Scarron avait une autre sœur. Une des deux aimait le vin.

Page 230, ligne 3: Qui mourut dans le cours de l'année 1650.

Denon, conteur aimable, espiègle et spirituel, a fait à M. de Saint-Aulaire un récit sur Marion de Lorme, que l'historien de la Fronde a pris au sérieux, et qu'il a de bonne foi inséré dans son histoire, t. I, p. 58, et t. III, p. 51, parmi les pièces justificatives. Je parle de la première édition de cet ouvrage. On en a fait depuis une seconde: j'ignore si cette anecdote y a été reproduite.

Page 230, ligne 5: Afin de ne voir son mari ni dans ce monde ni dans l'autre.

Tallemant attribue ce mot à la comtesse de la Suze, et le Ménagiana à mademoiselle de Montausier.

Page 231, ligne 8: Un sujet bachique.

Le sujet de l'autre tableau était le ravissement de saint Paul.

CHAPITRE XVII.

Page 236, ligne 17: Anne de Lenclos a vécu près de quatre-vingt-dix ans.

Voltaire, qui était fils du notaire de mademoiselle de Lenclos, nous a conservé sur elle quelques anecdotes précieuses, mais plutôt d'après les souvenirs de l'abbé de Châteauneuf que d'après les siens propre; il a écrit avec légèreté, et n'a pas pris la peine, dans ce qu'il a dit de cette femme célèbre, de se mettre d'accord avec lui-même. Il ne lui fut présenté que peu de temps avant qu'elle mourût. Elle avait alors quatre-vingt-neuf ans, et lui onze et demi, et non treize, comme il le dit. Il donne, dans ses Mélanges, t. XLIII, édit. Renouard, p. 470, soixante-dix ans à Ninon lors de son aventure avec Châteauneuf; et dans le Dictionnaire philosophique, t. XXXV, p. 224, il ne lui en donne plus que soixante à cette même époque; il dit aussi, p. 125, qu'il a vu Ninon décrépite à l'âge de quatre-vingts ans; et il oublie que lorsque Ninon avait quatre-vingts ans, lui, Voltaire, n'avait que deux ans. A quatre-vingt-neuf ans elle sut apprécier dans le jeune Arouet le génie précoce d'un enfant de onze ans, puisqu'elle lui légua une assez forte somme pour acheter des livres. Bret a recueilli, sans choix et sans critique, tous les contes qu'il a trouvés épars dans les recueils d'ana. Douxmesnil a écrit avec plus de discernement, d'après les récits et les souvenirs de Fontenelle et de la comtesse de Sandwich, de l'abbé Fraguier et de l'abbé Gedoyn, qui tous cependant n'avaient connu Ninon que dans sa vieillesse. Tous ces ouvrages doivent être employés avec précaution. On trouve de meilleurs et de plus sûrs matériaux dans les Mémoires du temps écrits par les contemporains de Ninon, surtout dans les Mémoires de Tallemant des Réaux, qui étaient manuscrits lorsque nous en avons fait usage; ainsi que dans les œuvres de Saint-Évremond, dans les lettres de madame de Sévigné, de madame de Maintenon, et dans les Mémoires de Saint-Simon.

Page 239, ligne 1: Et qui n'engage à aucune reconnaissance.

Il est probable que l'abbé de Châteauneuf, qui tenait la doctrine de Ninon de sa propre bouche, l'a rendue dans les mêmes mots. Aussi nous n'y avons rien changé.

Page 239, ligne 2: Abandonnée à elle-même dès l'âge de quinze ans.

Elle perdit sa mère à quatorze ans, en 1630, et son père à quinze, en 1631.

Page 240, ligne 10.

Dans la pièce gracieuse, mais beaucoup trop longue, de la Mesnardière, que nous citons; intitulée: Galanterie à mademoiselle de Lenclos, le poëte lui dit:

Prenez soin de corriger

Votre enfant Amour, qui m'outrage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pardonnez-moi si je le chasse:

Mais que voulez-vous que j'en fasse?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais, pour dormir en patience

Et conserver quelque embonpoint,

Ninon, que ne ferait-on point?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J'observe.............

Qu'il m'aime fort auprès de vous;

Et pour moi, j'y voudrais bien être.

Mais aussi je voudrais connaître

Que sa maman n'aimât que moi;

Et je doute fort que le roi

Puisse avoir ce crédit en France.

Page 241, ligne 6: Un attrait inexprimable.

Au-devant des Mémoires de Bret sur Ninon est une réduction de son portrait peint par Ferdinand, et qui peut nous donner quelque idée de ses traits; mais son portrait de profil, que M. Renouard a inséré dans son édition de Voltaire, est tout à fait faux et imaginaire.

Page 244, ligne 5: Le gentil et spirituel Charleval.

Charleval mourut en 1693.

Page 244, ligne 10: Le marquis de Soyecourt, si fameux dans les annales de la galanterie.

C'est de Soyecourt (on prononçait Saucourt) que Benserade a dit, au sujet d'un ballet où il représentait un diable:

Contre ce fier démon voyez-vous aujourd'hui

Femme qui tienne?

Et toutes cependant sont contentes de lui,

Jusqu'à la sienne.

Page 248, ligne 14: D'une manière peu honorable.

Tallemant dit que Lenclos se conduisit indignement dans le duel avec Chaban, et que son action pouvait passer pour un assassinat. Chaban avait un pied dans la portière de sa voiture lorsque Lenclos le perça de son épée.

Page 248, ligne 15: Lenclos jouait fort bien du luth.

C'est ce qui a fait dire que Ninon était fille d'un joueur de luth; mais Douxmesnil réfute cette erreur, mieux instruit à cet égard que Voltaire, qui la reproduit.

Page 249, lignes 3 et 5: Saint-Étienne fut le premier amant de Ninon.

Chocquart de Saint-Étienne, originaire d'Amiens, servit pendant vingt-cinq campagnes avec une valeur extraordinaire: d'abord comme chevau-léger, puis en qualité de maréchal des logis, d'aide-major, de cornette, de lieutenant et de capitaine dans les régiments de cavalerie de Bussy de Vère, Mérinville-Pardaillan et Plessis-Praslin. Louis XIV lui accorda des lettres de noblesse pour lui et ses descendants, le 19 septembre 1660.

Page 249, lignes dernières: Elle comptait au nombre de ses amis plusieurs créatures du cardinal.

Bois-Robert était très-lié avec Ninon, et on sait quelles étaient les mœurs de cet abbé. Tallemant raconte qu'un jour on faisait la guerre à Bois-Robert sur le vice honteux qu'on lui connaissait; il ne se défendit que faiblement, en disant: On ne doit pas parler de cela en présence de mademoiselle de Lenclos. (Voyez le Ménagiana, t. I, p. 45.)

Page 250, ligne 7: Ce fut Marion de Lorme, selon Chavagnac.

Dans les Mémoires de Chavagnac, les personnages ne sont pas nommés, et Marion de Lorme n'est désignée que par des astérisques. La troisième édition de ces Mémoires, 1721, in-12, n'est qu'une réimpression de la première, et a de même les noms en blanc. Dulaure, qui rapporte ce passage dans son Histoire de Paris, a mis les noms en toutes lettres, mais sans en prévenir ses lecteurs. Richelieu naquit le 5 septembre 1585. C'est dans les Mémoires de Chavagnac que Bret semble avoir puisé le fait que Richelieu fit de vaines tentatives auprès de Ninon.

Page 250, ligne 24: Raré, cet aimable garçon.

Saint-Simon fait mention d'une madame de Langle qui était fille de M. de Raré.

Page 251, ligne 8: Une circonstance peu importante.

Tallemant dit que la jeune Ninon, sévèrement surveillée par sa mère, ayant un jour aperçu Raré dans la rue, descendit en toute hâte de chez elle pour lui parler. Un mendiant vint troubler leur conversation. N'ayant point d'argent à lui donner, elle se hâta de lui remettre un mouchoir bordé d'une belle dentelle, en lui disant: «Va-t'en;» et elle se débarrassa ainsi de ce témoin importun.

Page 251, ligne 15: Elle alla se jeter dans un couvent, et annonça l'intention d'y rester.

Scarron confirme ceci, et, dans son épître à Sarrasin, dit:

Puis j'aurais su...

Ce que l'on dit du bel et saint exemple

Que la Ninon donne à tous les mondains,

En se logeant avecques les nonains;

Combien de pleurs la pauvre jouvencelle

A répandus quand sa mère, sans elle,

Cierges brûlant, et portant écussons,

Prêtres chantant leurs funèbres chansons,

Voulut aller, de linge enveloppée,

Servir aux vers d'une franche lippée.

La fin de cette épître prouve qu'elle a été écrite trois jours après la mort de la mère de Ninon:

Fait à Paris, dessous ma cheminée,

Par moi Scarron, carcasse décharnée,

Trois jours après que les yeux furent clos

Pour tout jamais à la mère Lenclos.

Page 252, ligne 11: De Bois-Dauphin (Souvré).

Madeleine de Souvré, femme de Philippe-Emmanuel de Laval, marquis de Sablé, seigneur de Bois-Dauphin, mourut en 1678.

Page 252, ligne 21: Coligny, marquis d'Andelot, depuis duc de Châtillon.

Gaspard, duc de Châtillon, marquis d'Andelot, mourut lieutenant général, le 9 février 1649, à l'attaque de Charenton. Il eut en 1641 le régiment de Piémont. Il paraît, en comparant les Mémoires de Chavagnac avec les autres récits, que Chavagnac a mal compris son frère, ou que ses souvenirs, en écrivant, l'ont trompé. Le frère de Chavagnac était l'ami intime de d'Andelot, et il paraît avoir aimé Marion de Lorme à la même époque où d'Andelot se passionna pour Ninon. C'est dans les Mémoires de Chavagnac qu'on trouve le récit le mieux circonstancié de la mort de Châtillon; Chavagnac se trouvait près de lui au moment fatal.

Page 254, ligne 3: A Châtillon succéda Miossens, depuis maréchal d'Albret.

Miossens ou Miossans est une des douze grandes baronnies du Béarn. Le nom de Miossens était Charles Amanien d'Albret. Il mourut en 1678; en lui s'éteignit la postérité masculine des Miossens.

Page 254, lignes 13 et 15: D'Elbène était connu par l'originalité de son esprit.

Guy d'Elbène fut marié à Charlotte Refuge, qui, dit-on, lui apporta en dot quatre-vingts procès. Elle mourut le 3 septembre 1680. En 1649 d'Elbène fut envoyé à Rome. (Voyez Retz, Mém., t. XLV, p. 56.) Guy d'Elbène mourut à l'hôpital. (Voyez la lettre de Ninon à Saint-Évremond, dans Douxmesnil, p. 194.) Un Alphonse d'Elbène, peut-être le frère de celui-ci, fut évêque d'Orléans en 1646, et mourut le 2 mai 1665. Il en est parlé dans le Voyage de Chapelle et Bachaumont, 1755, in-12.

Page 255, lignes 26 à 27: Ses liaisons avec le chevalier de Méré datent de cette époque.

George Brossin, chevalier et marquis de Méré, descendait d'une ancienne famille du Poitou. Il était cadet, et avait fait quelques campagnes sur mer. Il se retira dans une terre qu'il avait en Poitou. «La société de madame la marquise de Pont, sa belle-sœur, n'a pas peu contribué à le détacher du monde et de la cour. Il lui laissa tout son bien.»

Page 256, ligne 3: Le cardinal archevêque de Lyon lui rendit de fréquentes visites.

Le caractère sévère de du Plessis de Richelieu, son âge et sa piété bien connue, le mettent à l'abri de tout soupçon dans ses relations avec Ninon; voilà pourquoi j'ai dû interpréter favorablement ce passage assez singulier des Mémoires de Tallemant: «Elle se mit dans un couvent: le cardinal de Lyon devint amoureux de sa belle humeur, et fit quelques folies pour elle». Dans un autre endroit de ses Mémoires, Tallemant parle d'un abbé de Richelieu qui entretenait Claudine Colletet. Cet abbé était probablement neveu du cardinal et du ministre. Conférez Œuvres de La Fontaine, édit. 1828, t. VI, p. 270.

Page 259, lignes 1 et 2: Cette réponse à la reine, qui, selon Saint-Simon et Chavagnac.....

Douxmesnil (p. 154) a tort de vouloir faire considérer ce fait comme invraisemblable. Il est attesté par les meilleures autorités, par les hommes les mieux instruits sur ce qui concerne Ninon: Chavagnac, Tallemant des Réaux, Saint-Simon et Voltaire. Il se peut que sous Louis XV, en 1751, lorsque Douxmesnil écrivait, on s'inquiétât peu des liaisons amoureuses et de la conduite scandaleuse ou non des femmes nobles ou non nobles; mais il n'en était pas ainsi sous la régence d'Anne d'Autriche, ni même sous le règne de Louis XIV, qui plus tard, et lorsqu'il avait tant de motifs pour être indulgent sur cet article, obligea cependant mademoiselle de La Force à mettre un terme à son genre de vie peu réglé et à se retirer dans un couvent. Conférez l'Histoire de la Vie et des Ouvrages de La Fontaine, troisième édition, page 513.

Page 259, ligne 3: Qu'elle laissa Ninon en repos.

Chavagnac dit que la reine, en apprenant cette réponse, dit en riant: «Fi! la vilaine! qu'elle s'en aille où elle voudra. «Ceci est plus dans le caractère d'Anne d'Autriche que ce que dit Saint-Simon.

Page 259, ligne 20.

Voltaire attribue ce mot à Ninon même; mais le Ménagiana est une autorité antérieure et préférable. Le mot est meilleur dans la bouche d'un autre que dans celle de Ninon.

Pages 260, lignes 2 et 3: Émery vivait depuis longtemps avec la femme de Coulon.

Un de ces couplets, dans mon recueil manuscrit, se termine ainsi:

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ne t'étonne pas si Coulon

Aime bien la fille Ninon,

Car il a droit de représailles.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Daye d'Andaye.

Dans mon exemplaire il y a cette note marginale. «Ninon est celle qu'on appelle aujourd'hui mademoiselle de Lenclos.» Cette note a été évidemment écrite dans la dernière époque de la vie de Ninon, et prouve ce que nous avons dit sur la manière de la désigner. Il a été fait de ces recueils manuscrits de chansons et de vaudevilles satiriques un grand nombre de copies. Il y en a dans diverses bibliothèques particulières, à la Bibliothèque du Roi, à la Bibliothèque Mazarine, et ailleurs. Il y a dans les Mémoires de Tallemant le récit d'une dispute entre Coulon et sa femme, en présence de madame de Tallemant, au sujet d'Émery, mais qui est trop ignoble pour pouvoir être rapportée.

Page 261, lignes 4 et 5: Il (d'Aubijoux) mourut le 9 novembre 1656.

François-Jacques d'Aubijoux était baron de Castelnau, de Bonnefons, de Sauveterre et de Casaubon. Sa famille descendait d'un frère du cardinal d'Amboise. Les vers du Voyage de Chapelle et Bachaumont dont nous parlons sont ceux qui commencent ainsi:

Sous ce berceau, qu'Amour exprès, etc.

La mort du comte d'Aubijoux, qui arriva en 1656, nous fait penser que ce voyage eut lieu en 1655. L'édition faite sur le meilleur manuscrit est celle de La Haye, 1732, chez Pierre Gosse. Saint-Marc, le seul qui ait exécuté sur cet auteur un travail d'éditeur, en fait l'aveu; mais il dit qu'il a connu trop tard cette édition pour pouvoir en faire usage. Toutes les éditions postérieures à celle de Saint-Marc ne sont que des réimpressions de la sienne. La plus mauvaise et la plus belle est celle de Lille, 1826, in-8o.

Page 263, ligne 11: D'un oculiste nommé Thévenin.

Tallemant nous apprend que madame Thévenin, la femme de l'oculiste, était la tante de M. Paget. (Tallemant, Historiettes, t. II, p. 232.)

CHAPITRE XVIII.

Page 265, note 2, et page 269, note 1: Bussy, Hist. am. des Gaules.

J'ai cité quatre éditions primitives de l'ouvrage de Bussy: la première ayant pour titre: Histoire amoureuse des Gaules; Liége, sans nom d'imprimeur, sans date, de 208 pages, petit in-12. Le morceau sur madame de Sévigné est pages 170-171. Le titre du livre porte des arabesques en triangle. Le titre de l'autre édition est pareil, porte aussi le nom de Liége, mais a une croix de Saint-André noire et pleine. Cette édition est faite avec des caractères elzéviriens, et sur plus beau papier que la précédente. Elle a deux paginations. Le morceau sur madame de Sévigné commence à la page 23, et se termine à la page 46 de la seconde pagination. Dans ces deux éditions les noms sont déguisés, et il y a une clef à la fin. Le cantique inséré page 236 de l'édition de 1754, qui commence ainsi,

Que Deodatus est heureux, etc.,

ne se trouve dans aucune des deux éditions primitives. Deux autres éditions portent la date de 1666; l'une, intitulée: Édit. nouvelle, a une clef; l'autre porte le nom de Bussy, et est, je crois, la première avec les noms réels insérés dans le texte. Une autre édition du même ouvrage, intitulée Histoire amoureuse de France, chez Adrian Moetjens, 1710, 2 vol. in-12, minces, a aussi les noms réels. Elle n'a point été connue de l'éditeur de 1754, qui a rétabli ces noms uniquement d'après la clef; mais cette clef ne les donne pas tous, de sorte que l'éditeur a laissé dans certains endroits des noms feints, dont les véritables étaient donnés par l'édition de 1710. Il y a dans cette édition de 1710 un frontispice gravé, qui paraît être de l'invention de Bussy, car il y a au bas: Bus. inv.Rabut. excud. C'est peut-être la réduction d'un dessin du manuscrit original. Il représente une Renommée, à la trompette de laquelle est attaché un drapeau portant l'Histoire amoureuse des Gaules. Cette renommée s'envole au-dessus du globe de la terre, sur lequel on lit ces mots: la Gaule; un Amour dirige des flèches sur l'endroit où ce mot est écrit, et un groupe de petits Zéphyrs se précipite sur le même lieu. Dans cette édition de 1710 on trouve le cantique, mais à la fin, et avec d'autres vers de Bussy. Le volume est terminé par la lettre de Bussy au duc de Saint-Aignan, qui est placée en tête dans l'édition de 1754. Le morceau sur madame de Sévigné est aux pages 281-308. Cette édition de 1710 est presque entièrement conforme au manuscrit de l'Histoire amoureuse de France qui est dans la bibliothèque de l'Institut, no 220, in-4o, quoiqu'elle n'ait point été faite sur ce manuscrit, comme le prouvent des variantes importantes. Ce manuscrit commence par la relation des amours de la cour de Savoie, et ne contient ensuite que l'Histoire amoureuse de France.

CHAPITRE XIX.

Page 273, ligne 12: Il (Scarron) se décida à s'embarquer.

Une femme, nommée Céleste Palaiseau, devait accompagner Scarron dans ce voyage. C'était une fille bien née, qu'il avait séduite dans sa jeunesse. Elle s'était faite ensuite religieuse. Son couvent ayant été supprimé en raison des dettes qu'il avait contractées, Scarron l'avait reprise avec lui par commisération. (Conférez la note suivante.)

Page 274, ligue 12: Cependant la première embarcation pour la nouvelle colonie eut lieu.

La Martinière, dans la Vie de Scarron, t. I, p. 47, et madame Guizot, dans la Vie des Poëtes Français, t. I, p. 485, ont confondu les dates relatives à la formation de cette compagnie et au mariage de Scarron. Cette compagnie se forma en l'année 1651, et le mariage de Scarron ne se fit que l'année suivante. Nous mettrons ici les extraits des lettres de Scarron et de Loret relatifs à cette curieuse affaire.

«Je jurerais bien qu'arrivant à l'Amérique, où mon chien de destin me mène....» Lettre à la comtesse de Fiesque, dans les Œuvres de Scarron, t. I, p. 34.

«Mais mon chien de destin m'emmène dans un mois aux Indes occidentales; ou plutôt j'y suis poussé par une sorte de gens fâcheux qui se sont depuis peu élevés dans Paris, et qui se font appeler pousseurs de beaux sentiments. On ne demande plus parmi eux si on est honnête homme; on demande si on pousse de beaux sentiments. Voilà, notre cher ami, le plus spirituel de l'Europe, ce qui me fait fuir en Amérique. Je me suis donc mis pour mille écus dans la nouvelle compagnie des Indes, qui va faire une colonie à trois degrés de la ligne, sur les bords de l'Orillane et de l'Orénoque. Adieu, France; adieu, Paris; adieu, tigresses déguisées en anges; adieu, Ménage, Sarrazin, Marigny: je renonce aux vers burlesques, aux romans comiques et aux comédies, pour aller dans un pays où il n'y aura ni faux béats, ni filoux de dévotion, ni inquisition, ni hiver qui m'assassine, ni fluxion qui m'estropie, ni guerre qui me fasse mourir de faim.» Scarron, Œuvres, 1737, t. I, p. 41.

Madame Guizot regrettait de ne pas connaître la date de cette lettre de Scarron; on voit, par la gazette de Loret, liv. II, p. 14, lettre 4, en date du 22 janvier 1652, qu'elle a dû être écrite en décembre 1651:

Une prudente maréchale

Dans l'Amérique occidentale

Va, dit-on, planter le piquet:

Non pas pour jouer au piquet,

Ni planter des choux ni des raves,

Mais pour, en trafiquant d'esclaves,

Gagner bravement tous les ans

Des cent cinquante mille francs;

Ninon, la belle courtisane,

Et le sieur d'Aubigny, dit-on,

Parent du défunt roi breton.

Et liv. II, p. 179 (lettre en date du 31 décembre), Loret dit encore:

Monsieur Scarron, dit-on, se pique

De transporter dans l'Amérique

Son corps maigret, faible et menu,

Quand le printemps sera venu;

Et que l'aimable sœur Céleste,

Qui pour l'esprit en a de reste,

Doit être aussi, sans manquement,

Comprise en cet embarquement.

Cet embarquement eut lieu un peu au-dessous de Paris, le 13 mai 1652, ainsi que nous l'apprend la gazette de Loret:

Hier samedi, chose certaine,

Sur le beau fleuve de la Seine,

S'embarquèrent dessous Paris,

Tant veufs que garçons, que maris,

Non point pour aller en Afrique

Mais en un coin de l'Amérique,

Des hommes jusques à sept cents,

Sans y comprendre les absents;

De plus, sept douzaines de filles,

Pour établir là des familles,

Et multiplier audit lieu,

Selon l'ordonnance de Dieu.

Loret, III, 57e lettre, du 10 mai 1652, p. 68.

Un abbé de Mariveau, qui était le chef principal de l'entreprise, se noya dans la Seine, près du Cours, en voulant sauter dans le bateau. (Cf. Raynal, Hist. des Établissements européens dans les deux Mondes, édit 1820, in-8o, t. VII, p. 44, et Ternaux-Compans, Notice hist. sur la Guyane française, 1843, in-8o, p. 50 à 59.)

Page 276, ligne 6: Ménage, qui n'aimait pas le marquis.

Tallemant rapporte que Ménage disait sans cesse à madame de Sévigné que son plus grand malheur était d'avoir épousé le marquis de Sévigné, et qu'il n'était personne qui, les connaissant tous deux, ne dit aussitôt: «Quel homme pour une telle femme!»

CHAPITRE XX.

Page 279, ligne 21: Un des fils Galland, avocat célèbre.

Il paraît que l'avocat Gondran est le même qui fut greffier du grand conseil, et dont Loret, dans l'endroit cité, fait un grand éloge comme royaliste, et comme homme charitable. Galland son père était peut-être celui auquel on doit un Traité sur le Franc-Alleu, cité par de Marca dans son Histoire de Béarn, p. 850, à l'errata.

Page 280, ligne 6: Avec La Roche-Giffard, gentil-homme breton.

Ce La Roche-Giffard prit le parti de la Fronde, et fut tué à l'attaque de la porte Saint-Antoine.

Page 281, ligne 5: Le jeune abbé d'Aumale.

L'abbé d'Aumale fut sacré archevêque de Reims sous le nom de Henri IV, en 1651. Il épousa Marie d'Orléans, fille unique du duc de Longueville, en 1657, et mourut le 5 janvier 1659.

CHAPITRE XXI.

Page 286, ligne dernière, et 287, ligne première: Il (le marquis de Sévigné) ne fut.

Conrart dit de Sévigné: «Quoiqu'il eût quelque esprit et qu'il fût bien fait de sa personne, on ne s'accommodait point de lui, et il passait presque partout pour un fâcheux.» Ceci a été écrit avant la comédie de Molière, et démontre que cette expression était en usage avant notre grand comique.

Page 289, ligne 24: Portaient ainsi un remède à la sédition.

Le prévôt des marchands et toute la cour, intimidés de la hardiesse et de l'insolence des séditieux, voulaient qu'Anne d'Autriche allât loger avec le roi à l'hôtel de ville; mais elle eut plus de courage et de tête que tout ce qui l'entourait, et comprit toute l'importance d'une telle démarche.

Page 292, ligne 11: Ce parti, proposé par de vils et ambitieux courtisans.

M. de Saint-Aulaire ne parle qu'obscurément de ce projet, et semble l'attribuer à la reine. Anne d'Autriche gardait bien ses secrets; on voit que même avec le maréchal Duplessis, qui lui était tout dévoué, elle dissimulait, et qu'elle ne laissa pas percer vis-à-vis de lui le projet qu'elle avait de faire arrêter M. le Prince: alors elle voulut envoyer Duplessis en province. (Voyez Duplessis, Mémoires, t. LVII, p. 363-368.)

Page 292, ligne 21: Les députés de la noblesse et des provinces.

Les députés de la noblesse s'étaient d'abord réunis chez le duc de Nemours; depuis, ils tinrent leurs assemblées aux Cordeliers.

Page 294, ligne 11: Que des personnes qui détestaient ce ministre.

Villeroy, Roquelaure, Joyeuse, qui occupaient les premières charges de la cour, étaient du parti de Monsieur, ou du duc d'Orléans. «Je n'ai, disait Anne d'Autriche dans un moment de découragement, que des traîtres et des poltrons à l'entour de moi.»

Page 294, ligne 15: Secondée par la duchesse de Navailles.

C'est à Mazarin que Navailles devait son titre de duc.

Page 299, ligne 12: Les théâtres, aussi encombrés de spectateurs.

La foule se portait surtout au théâtre de la rue Guénégaud, où les allusions à ce qui se passait en Angleterre, et l'impopularité du grand Condé, firent accueillir froidement la pièce nouvelle du grand Corneille, Don Sanche d'Aragon, tandis que son frère (qui se faisait appeler Corneille Delisle) s'attirait des applaudissements pour sa comédie intitulée l'Amour à la Mode; il y donnait dans Oronte le type de tous les petits maîtres qui ont été depuis mis au théâtre. Don Sanche fut imprimé en 1650, mais ne fut joué qu'en 1651; le prince de Condé a donc pu y assister. Ceci rectifie ce qu'a dit M. Taschereau, Vie de Corneille, 1829, in-8o, p. 159.

Pages 299, deux dernières lignes: Dont elle gratifiait deux fois la semaine toute la haute société.

Le mariage du duc de Mercœur avec une fille de Mancini, nièce du cardinal, fut une occasion de fêtes; il en était de même pour le mariage projeté de mademoiselle de Chevreuse et du prince de Conti. Les occasions qu'on cherchait à faire naître pour déterminer Mademoiselle et sa sœur la duchesse d'Alençon, ainsi que mademoiselle de Longueville et d'autres riches partis, étaient aussi des motifs puissants pour toutes ces réjouissances. Les ambassadeurs étrangers, qui étaient invités à toutes ces réunions, voulurent faire honneur à leur nation, et rendirent des fêtes non moins splendides. L'ambassadeur de Venise en donna une magnifique, dans les premiers jours de novembre 1651. Elle commença par une collation, puis après il y eut comédie, ensuite bal, puis le dîner, après feu d'artifice, et enfin concert. Ces fêtes duraient presque toujours toute la journée. Dans les fêtes que donnait Mademoiselle, elle faisait venir aussi des acteurs; après la comédie, on dansait, on jouait au colin-maillard. Toute la famille royale d'Angleterre se trouvait à ces réunions, et ce fut alors que le duc d'York fut sur le point d'épouser mademoiselle de Longueville. (Montpensier, Mémoires, t. XLI, p. 156.)

CHAPITRE XXII.

Page 307, ligne 21: Du grand prieur de Malte.

Le grand prieur de Malte, Hugues Rabutin, mourut en 1656; il était né en 1588.

Page 308, ligne 15: A la place, celle de mon veuvage.

J'ai suppléé dans ce passage ces mots: et le commencement d'une existence, qui ne se trouvent point dans le texte; ce texte est incomplet sans cela. Si le texte original est conforme à l'impression, c'est madame de Sévigné elle-même qui aura fait cette omission, ce qui arrive fréquemment lorsqu'on écrit rapidement une lettre, et sans la relire. Cela est évident; le qui et tout ce qu'il régit ne peuvent se rapporter à l'année de son veuvage, mais à sa vie entière; le sens et les adjectifs féminins le font assez connaître. Ce passage et une grande portion de cette lettre ont été donnés au public pour la première fois dans l'édition de M. Monmerqué; mais aucun éditeur n'a remarqué que la phrase était incomplète.

Page 315, ligne 17: Le seul parmi les parlements du royaume qui se fût déclaré pour lui.

Le parlement de Bordeaux ne se sépara des autres parlements qu'en haine du duc d'Épernon, que la reine s'obstina à vouloir maintenir comme gouverneur de Guyenne.

Page 317, ligne 12: A l'exclusion de Mazarin, qu'ils détestaient.

La Rochefoucauld, la duchesse de Nemours et plusieurs autres crurent que Châteauneuf était parvenu à gagner les bonnes grâces de la reine, et que Mazarin n'était plus désiré que par les partisans qu'il avait à la cour, qui s'agitaient pour le faire revenir, en haine des ministres et de Châteauneuf; mais une élude approfondie de tous les documents de cette époque démontre qu'il n'en était pas ainsi, et que tous ceux qui l'ont cru ont été trompés par la profonde dissimulation d'Anne d'Autriche. Conférez surtout les Mémoires de Duplessis-Praslin, t. LVII, p. 336.

Page 318, ligne 17: Par un arrêt il confirma celui de Mazarin.

Les précédents arrêts de la même cour, des 7 et 8 février, 11 mars, 2 et 8 août, rendus pour le même objet et dans la même année, se trouvent, avec l'arrêt cité, dans un recueil que nous possédons. L'arrêt cité fut rendu le 29 décembre; il est signé Du Tillet. Il fut publié à son de trompe, dans tous les carrefours de Paris, le vendredi 30 décembre 1651, ville et faubourgs, par Canto, juré-crieur ordinaire du roi, accompagné de trois trompettes de S. M.

Pages 318 et 319, lignes dernière et première: Qu'on s'interdisait même contre les pirates.

Heureusement que cette atrocité n'eut d'autre suite que celle d'occasionner les plaisanteries de Marigny, qui dressa un état de répartition des 150,000 livres accordées pour la tête de Mazarin, et mettait tant pour le nez, tant pour les oreilles, tant pour la langue de M. le cardinal, tant pour les membres, etc.

CHAPITRE XXIII.

Page 323, ligne 23: La cour même et la plus grande partie des royalistes.

Loret emploie dans cet endroit le mot royaliste, que nous avons conservé.

Page 327, note 1re: Chavagnac.

Ces Mémoires de Chavagnac sont fort curieux, et ils auraient dû, ainsi que ceux de Bussy et de Navailles, être insérés par Petitot dans sa collection, plutôt que les Mémoires anonymes relatifs au dix-septième siècle, qui sont supposés; compilation médiocre, qui n'apprend rien qu'on ne trouve ailleurs.

Page 327, ligne 14: A lever un régiment pour ce prince.

Il y avait encore à cette époque un reste de ligue parmi les seigneurs huguenots, puisqu'ils faisaient une pension de huit mille livres au père du comte de Chavagnac. (Chavagnac, Mémoires, t. I, p. 141.)

Pages 328, lignes 13 et 14: C'est pourquoi il s'attachait à se rendre maître de l'esprit du duc d'Orléans.

Il est difficile de deviner ce qui a pu porter Lemontey à faire du cardinal de Retz un factieux dans la première partie de sa vie, un héros dans la seconde, si ce n'est la manie d'établir des contrastes piquants, et d'entasser des phrases ingénieuses aux dépens de la vérité. Cependant la lecture seule des Mémoires du cardinal de Retz, faite avec discernement, suffit pour démentir l'idée que Lemontey veut en donner. Cet auteur ne paraît avoir étudié l'histoire de la Fronde que dans les Mémoires de Retz; et il était difficile de choisir un guide plus infidèle et plus partial.

Page 329, lignes 23 et 24: Et voulait brûler la maison où elles s'étaient réfugiées.

Cette maison appartenait à un nommé Vaurouy.

Page 331, ligne 6: Cependant Innocent.

C'est par une distraction bien singulière qu'Anquetil a écrit (dans l'Intrigue du Cabinet, t. IV, p. 145) Léon X, au lieu d'Innocent X. Cette faute n'est point corrigée dans l'errata.

Page 333, ligne 8: La duchesse d'Aiguillon et Fabert.

Fabert était tout dévoué à Mazarin, qui lui avait confié l'importante place de Sedan, et lui avait donné ses nièces à garder.

Page 334, ligne 7: Une autorité au moins nominale.

Condé adjoignit à son frère, pour commander sous son nom, le comte de Marsin, un des généraux les plus expérimentés.

Page 334, lignes 9 et 10: A des libelles outrageants pour tous deux.

Conrart, à l'endroit cité, a le passage suivant: «On assure qu'ils (Jarzé et Sarrazin) ajoutaient qu'étant survenu quelque chose de pressé, où il fallait avoir les ordres du prince de Conti, on les avait été chercher dans la chambre de madame de Longueville, où on les trouva tous deux au même lit. Ces placards se sont vus imprimés.»

Page 334, ligne dernière: Négligeait par trop le soin de sa personne.

Cette malpropreté était de famille; car le grand Condé, selon Mademoiselle, était remarquable sous ce rapport. (Montpensier, Mém., t. XLI, p. 314; t. XLII, p. 220.)

Page 336, ligne 8: A la muse spirituelle de Benserade.

Cette chanson de Benserade commençait ainsi:

Châtillon, gardez vos appas

Pour une autre conquête:

Si vous êtes prête,

Le roi ne l'est pas.

Bussy, dans son Histoire amoureuse des Gaules, rapporte le premier vers de cette chanson, et nomme l'auteur, Prospère. Ce qui prouve encore que les éditeurs de l'édition de 1754 ont mis les noms d'après la clef de la première édition, c'est que cette clef ne contenait pas l'explication du nom de Prospère, et qu'ils ont laissé ce nom sans explication. Loménie de Brienne nomme Benserade au lieu de Prospère, et dans l'édition de l'Histoire amoureuse de France de 1710 le nom de Benserade est substitué à celui de Prospère. Les éditions récentes de l'Histoire amoureuse des Gaules, sous format in-8o, ne sont que des réimpressions de l'édition de 1754, avec de nouvelles fautes d'impression.

Page 336, ligne 20: Cambiac se retira lorsqu'il sut que Condé était son rival.

Lenet dit: «La princesse (de Condé la mère) tint un conseil composé de Roquette, de la duchesse (de Châtillon), de madame de Bourgneuf, de Cambiac, et de moi.» Ce passage prouve que Cambiac était du conseil intime de la princesse douairière, et confirme tout ce que Bussy en dit, page 181. On doit remarquer que Mademoiselle et Lenet confirment ce que Bussy dit sur Cambiac; ce qui vient à l'appui de l'assertion de Bussy dans sa lettre au comte du Saint-Aignan, où il affirme que dans l'Histoire amoureuse des Gaules il n'a fourni que la broderie, mais que pour les faits, il n'a écrit que ce qui était connu à la cour. Il y a ici de notables différences entre les diverses éditons de ce livre. Celle de 1710, intitulée Histoire amoureuse de France, donne sans déguisement le nom de Cambiac.

Page 338, ligne 15: Publiaient l'un contre l'autre des libelles anonymes.

Gondi répondit à tous les écrits de Chavigny par un petit écrit intitulé les Contre-temps du sieur de Chavigny; pamphlet plein de sel et de gaieté, qui fit, dit-on, pleurer de rage celui contre lequel il était dirigé.

Page 339, lignes 12 et 13: En empêchant les troupes du roi de pénétrer dans Orléans.

On fit alors une estampe satirique qui représentait Mademoiselle en amazone, armée d'un grand balai, et balayant, comme une ordure, Mazarin hors des portes d'Orléans.

Page 341, ligne 19 et 20: Qu'il protégeait contre tous les maux de la guerre-civile.

Brienne dit: «On eût bien pu trouver des endroits convenables, en Normandie, au séjour de la cour; mais on craignait de donner de la jalousie et du soupçon à M. de Longueville, qui faisait en sorte que le roi y jouissait d'une partie de ses revenus, qui empêchait qu'on s'y soulevât, et qu'on y causât le moindre préjudice au service de S. M.; mais il donnait assez à entendre qu'il ne fallait pas en demander davantage de lui.»

Page 342, lignes 4 et 5: Et une hideuse famine.

Balzac écrivait à Conrart, le 20 novembre 1651: «Quand la paix se ferait demain, cette courte guerre y laissera une longue mémoire des maux qu'elle a faits. Si on réforme et si on règle ainsi les États, bien heureux sont les États qu'on laisse dans le désordre et la corruption.»

CHAPITRE XXIV.

Page 346, ligne 5: Une actrice.

Cette actrice se nommait Baron.

Page 347, ligne 4: La duchesse d'Orléans.

La duchesse d'Orléans mit aussi à profit la fureur du jeu, et joua ses meubles contre des sommes qui surpassaient leur valeur, mais dont la destination était marquée d'avance. Cet exemple fut imité.

Page 348, ligne 15: Leurs ouvrages et leurs exemples avaient donné un caractère plus grave à ces réunions d'hommes de lettres.

Un maître des requêtes, membre de l'Académie Française, Habert de Montmor, était à cette époque le Mécène des gens de lettres. Il cultivait également les sciences et la littérature, et faisait facilement des vers latins. Il avait table ouverte pour les savants et les beaux esprits. Il en logeait plusieurs dans son hôtel. Gassendi, l'homme le plus universel de son temps, ce digne rival de Galilée et de Kepler, ce précurseur de Newton et de Leibnitz, logea chez lui, et y mourut. Les réunions dont il était l'oracle et le patriarche ne discontinuèrent pas même pendant les crises orageuses de l'année suivante. On y lisait fréquemment des lettres de la reine Christine, alors en correspondance avec Gassendi et avec plusieurs autres savants de Paris, qu'elle cherchait à attirer en Suède, donnant ainsi l'exemple rare, parmi les souverains, de sa prédilection pour un genre de gloire préférable à celui des conquêtes.

Page 355, ligne 7: Saint-Évremond.

Saint-Évremond a fait le portrait de la comtesse d'Olonne dans le temps où il en était lui-même amoureux. Sa mère se nommait Marie de Raynier. La comtesse d'Olonne mourut le 13 juin 1714.

Page 359, avant-dernière ligne: Fit échouer les projets du cardinal.

La sœur cadette de la comtesse d'Olonne épousa le maréchal de la Ferté. Les deux sœurs se ressemblaient par les mœurs, et demeurèrent ensemble vers la fin de leur vie. Elles étaient d'une branche cadette de la maison d'Angennes. Elles moururent toutes deux en 1714. Saint-Simon rapporte sur elles une anecdote curieuse à l'endroit cité.

CHAPITRE XXV.

Page 362, ligne 6: Quand on veut jaser et qu'on n'ose.

Loret donne une épithète à chacune de ses lettres, pour en caractériser par un seul mot le contenu, et il a surnommé tremblante celle du 18 août. A la page 40 du livre III, il nous apprend que sur le Pont-Neuf les crieurs faisaient retentir la place des nouvelles victoires remportées contre les mazarinistes, tandis que chez le maréchal de L'Hospital on faisait ceux-ci victorieux.

Page 362, lignes 17 et 18: On s'empressait aux sermons du père Le Boux.... du père George.....

Le père Berthod indique encore un autre prédicateur qui, comme le père George, prêchait contre Mazarin; mais il n'en donne pas le nom. Nous apprenons par Loret que c'était à l'église de Saint-Severin que prêchait le père Le Boux; le père George prêchait aux Jacobins de la rue Saint-Honoré.

Page 365, ligne 23: Le déguisement qu'il avait emprunté.

On commanda à Condé de brider un cheval, et il ne sut comment s'y prendre. Une autre fois, on lui donna la queue de la poêle à tenir pour faire cuire une omelette, et, en voulant la retourner, il la jeta dans le feu. M. de Saint-Aulaire, dans son Histoire de la Fronde, t. III, p. 120, se trompe lorsqu'en parlant de cette marche il dit de Condé, «qu'il s'acquittait mieux qu'aucun de ses compagnons des différents rôles que lui imposait la nécessité». Il est à présumer qu'il n'a lu ni la relation de Chavagnac ni celle de Gourville, qui sont les deux véritables autorités pour ce point d'histoire. Nemours, qui avait fait une traversée semblable avec Chavagnac, pour aller en Flandre chercher les troupes espagnoles, s'était montré encore plus inexpérimenté. Malgré son courage, il ne pouvait supporter la fatigue et les privations; et il subissait tous les inconvénients d'une éducation molle et efféminée.

Page 365, ligne 23: Contre un gentil-homme royaliste.

La Rochefoucauld nomme ce gentil-homme La Bassinière; Chavagnac le nomme Bassiniac. Chavagnac raconte, à la page 151, un singulier acte de brutalité de Condé envers Guitaut.

Page 367, lignes 13 et 14: Le Languedoc ne lui eût point été contraire.

Du Languedoc il faut excepter la ville de Toulouse, que le parlement eût maintenue dans le parti du roi.

Page 367, ligne 23: Condé se rendit à Paris.

Loret nous apprend que ce fut un jeudi que Condé entra dans Paris. Le bas peuple cria vive Condé! et des femmes du peuple allèrent à sa rencontre avec des lauriers.

CHAPITRE XXVI.

Page 373, ligne 3: Il chemina lentement.

Le roi alla loger au Louvre, qui était alors entouré de fossés, et non aux Tuileries.

Page 373, note 2: Loménie de Brienne.

On dira peut-être, au sujet de cette citation de Loménie de Brienne, qu'elle prouve peu, parce que dans ce passage c'est le fils du maréchal de Villeroi qui dément les bruits injurieux répandus sur son père relativement à l'éducation de Louis XIV, dont le maréchal était gouverneur; mais ce témoignage vaut bien celui des ennemis de Mazarin, qui avaient plus d'intérêt à noircir ce ministre, que Villeroi fils à le disculper longtemps après sa mort.

Page 377, ligne 12: La dispersion du papier par ceux de la paille.

L'affaire du papier, quoique réprimée, produisit cependant son effet; elle amena la concession des passe-ports qu'on avait refusés aux bourgeois députés par le roi, et la démission de Broussel de sa place de prévôt des marchands.

Page 377, ligne 16: Les partisans du roi dans Paris.

Sève, annonçant au roi qu'il était suivi par un grand nombre de ses concitoyens, dit: «Sire, laissez-vous vaincre à leurs prières, rendez-vous à leurs larmes, etc.»

Page 378, note 2: Berthod.

La publication récente des Mémoires du P. Berthod a jeté un jour tout nouveau sur cette partie importante de l'histoire de la Fronde. Quand les masses sont préparées à une révolution, l'influence individuelle a une grande puissance; quand, au contraire, elles sont opposées à tout changement, cette influence est nulle.

Page 380, ligne 19: Jaloux de la faveur dont il jouissait.

Loret lui-même, quoique bon royaliste, n'aimait pas Mazarin, et dit qu'il est haï des provinces.

Page 382, ligne 12: Mazarin reparut.

Tandis que Condé pillait les convois de grains qui entraient dans la capitale, Mazarin les faisait protéger par les troupes royales. Quand il fallut conférer pour l'entrée du roi, ce ne fut pas aux chefs des partis, ou au prévôt des marchands, ou au gouverneur, que l'on voulut avoir affaire, mais avec les six corps des marchands et avec les trois cents bourgeois qui commandaient la garde urbaine. Voilà de l'habileté. Mademoiselle s'enfuit, masquée et déguisée, et sous un faux nom, dans le carrosse de madame de Montmort. Gaston, en partant, ne voulut point la voir; il lui reprochait de l'avoir poussé contre la cour. Les caractères faibles se font justice: ils sentent qu'ils ne peuvent rien par eux-mêmes, et attribuent toujours aux autres les fautes qu'ils commettent. Tous les membres du parlement, quelles que fussent leurs opinions, quelle qu'eût été leur conduite, furent convoqués au Louvre, à la réserve d'un très-petit nombre des plus factieux; savoir, Broussel, Vial, de Thou, Portail, Bertaut, Croissy, Fouquet, Machault-Fleury. Vincennes et la Bastille furent rendus par Louvière et madame de Chavigny, sur un simple ordre du roi. Gaston et le parti des princes voulurent faire croire à la cour que Paris était encore trop près de la révolte; ils demandaient du temps pour disposer la population à recevoir le roi; mais on était trop bien instruit de l'état des choses pour se laisser tromper, et la cour continua sa marche. La même situation se retrouva pour Louis XVIII. Fouché persuada au conseil du roi que les jacobins étaient encore redoutables dans Paris, et il arrêta le monarque à Saint-Ouen; par là on crut cet homme nécessaire ainsi que les siens, et il souilla la royauté de son ministère. On apprit ainsi aux peuples que le sceptre résidait entre les mains de la peur. Tous les malheurs qui suivirent viennent de cette première faute. Lorsque Louis XVIII crut devoir s'arrêter à Saint-Ouen, les jacobins avaient encore moins d'influence dans Paris que les frondeurs lors du retour de Louis XIV. On ne sut pas séparer le parti conventionnel ou jacobin du parti militaire ou bonapartiste; ces deux partis étaient bien distincts, et opposés. Ils se réunirent quand ils se virent enveloppés par la royauté dans une même défiance. Alors le roi et la monarchie restèrent dépouillés de leurs plus fermes appuis, et eurent pour ennemis les bonapartistes, qui alors, ayant répudié leur chef, avaient intérêt à tout conserver, à tout affermir, et au besoin à tout reconquérir.

Page 383, lignes 4, 5 et 6: Cette marche habile lui acquit l'estime de tous les cabinets étrangers.

De même que Richelieu, Mazarin ne sépara jamais ses intérêts de ceux du royaume, ni le royaume de la personne du roi. Lorsque Condé voulait dominer le roi, Mazarin conseillait à la reine de s'unir au coadjuteur, qui pourtant était son plus grand ennemi; et plus tard il préférait mettre le roi sous le joug de Condé, et par conséquent sous celui de ses sujets révoltés, plutôt que sous la domination des Espagnols.

Page 386, ligne 21: Au lieu d'armer et de se fortifier.

Le roi d'Angleterre (le prétendant) prêta au cardinal de Retz jusqu'à cent vingt hommes pour se fortifier.

Page 387, lignes 5 et 6: Où il étala tant de luxe et de magnificence.

Pendant la durée de cette ambassade, sa dépense se montait à huit cents écus par jour.

CHAPITRE XXVII.

Page 392, lignes 21, 23, 24: Condé... vient siéger sur les fleurs de lis.

Monglat dit que ce fut le 10 août que Condé vint siéger au parlement.

Page 393, note 1: De Villefore, la véritable vie d'Anne-Geneviève de Bourbon, duchesse de Longueville, etc.

L'édition qui porte pour titre: Vie de madame de Longueville, et qui est sans nom de lieu, est faite à Paris. L'auteur n'est point nommé, tandis qu'il l'est deux fois dans l'édition d'Amsterdam, dans un avis du libraire et dans un avertissement d'éditeur. L'avis du libraire, qui indique les retranchements qu'a subis l'édition de Paris, est à la fin du volume.

Page 399, ligne 2: C'est dans le château de celui-ci que se fit le mariage.

Ce mariage se fit en 1646, vers la fin de l'hiver. Mademoiselle de Rohan avait vingt-sept à vingt-huit ans, et était d'une vertu sévère.

Page 400, ligne 9: Sa mort termina ce romanesque procès.

Tancrède mourut le 1er février 1649, âgé de dix-neuf ans. Conférez l'Histoire de Tancrède de Rohan (par le père Griffet); Liége, 1767, in-12, p. 55 et 91. Ce volume, par les pièces justificatives qui le terminent, contient quelques documents curieux pour l'histoire.

CHAPITRE XXVIII.

Page 404, ligne 21: La duchesse n'y paraissait point.

Mademoiselle de Montpensier décrit, dans ses Mémoires, une fête qui eut lieu chez la comtesse de Choisy, où il y eut comédie et collation. Puis elle ajoute: «Tout ce qu'il y avait d'hommes et de femmes à Paris y vinrent.» Ce qui veut dire, dans son langage, qu'il n'y avait pas un seul homme ni une seule femme de la classe bourgeoise.

Page 404, les deux dernières lignes: C'est que c'était aux Tuileries, où elle demeurait alors.

Mademoiselle de Montpensier fut délogée des Tuileries au retour du roi. Il faut lire dans l'endroit cité les regrets qu'elle exprime d'être forcée de quitter ces magnifiques appartements, où elle avait toujours habité.

Page 408, ligne 12: Adonnée à l'astrologie et à la divination.

Il faut lire dans Segrais la curieuse histoire de l'abbé Brigalier.

Page 409, lignes 27 et 28: La présidente de Pommereuil pour le cardinal de Retz.

Le cardinal de Retz donna au roi et à la reine d'Angleterre un repas si magnifique, qu'il fut pendant quelques jours, dans Paris, l'objet principal des entretiens des cercles et des ruelles.

Page 410, ligne 3: Chez la marquise de Bonnelle.

C'était, à ce qu'il paraît, d'après Loret, chez la marquise de Bonnelle que l'on jouait alors. Le jeu à la mode était celui de quinola ou le reversis. Il venait d'Espagne.

Page 410, lignes 6 et 7: Mademoiselle faisait presque toujours venir les vingt-quatre violons.

Les vingt-quatre violons firent partie de la maison du roi, mais ils ne formaient pas les seuls musiciens de la chambre; il y avait encore les joueurs de violons ordinaires, les joueurs de hautbois, de saqueboutes et cornets, les joueurs de phiphres, tabourins et muzettes. Tous avaient des gages, et les sommes qu'ils recevaient se lisent p. 143, 144, 168 et 169 de l'ouvrage du sieur de la Marinière, intitulé Estat général des officiers, domestiques et commençaux de la Maison du Roy; Paris, 1660, in-8o. Ce livre est curieux et peu connu, et il ne faut pas le confondre avec l'État de la France, dont on publiait une nouvelle édition presque tous les ans, et auquel a succédé l'Almanach royal.

Page 411, ligne 2: Joints aux négociations.

La duchesse d'Aiguillon négociait à Saint-Germain pour le prince de Condé. Voyez Chavagnac, t. I, p. 167. Il y a dans cet endroit une erreur de pagination.

Page 411, ligne 16: La gaieté régnait au milieu des dangers.

Remarquons cependant que dans le midi la guerre se faisait avec acharnement, et donnait lieu à d'atroces forfaits: témoin l'affaire du chevalier de Canolle, pendu quoique prisonnier de guerre, et celle du père de Chavagnac, livré par ses propres troupes et assassiné par son maître d'hôtel.

Page 412, lignes 14 et 15: Ces divers spectacles attiraient hors de Paris.

Ces divertissements et ces communications eurent surtout lieu lorsque Turenne s'était retranché derrière le bois qui est sur les hauteurs de Villeneuve-Saint-Georges; alors les princes se trouvaient campés proche de Boissy-Saint-Léger, dans la plaine qui est entre ce village et le bois de Villeneuve-Saint-Georges (le bois du château de La Grange); le bois séparait les deux camps, et formait l'intervalle qu'aucune des deux armées n'osait franchir.

CHAPITRE XXIX.

Page 413, ligne 2 du texte: Fut encore augmenté par l'arrivée du duc de Lorraine à Paris.

Ce fut le 5 septembre que le duc de Lorraine vint à Paris, accompagné du duc de Wurtemberg. Le duc de Lorraine était né en 1604.

Page 414, lignes 10, 11 et 12: Faisait profession de ne tenir à sa parole qu'autant que son intérêt l'y obligeait.

Pavillon, dans son Testament de Charles IV, a très-bien dit de lui:

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