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Nymphes dansant avec des satyres

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II

Il se trouva que dans le même temps l'Empereur de Rome avait un fils nommé Vespasien, qui était atteint de la lèpre. Ce malheureux prince vivait à l'écart, et dans un endroit sans fenêtre et sans escalier, où on lui passait sa nourriture par une étroite lucarne.

Une vieille femme, appelée Verrine, qui avait chez elle le portrait de Notre-Seigneur, alla trouver l'Empereur et lui dit qu'elle guérirait le prince Vespasien par le moyen de son image.

L'Empereur voulut bien tenter l'aventure et il se rendit avec toute sa cour au pied de la maison du lépreux. Verrine s'y trouva également, tenant serrée contre son cœur une guimpe qui était pliée avec soin. Tout le monde étant là, elle déplia la guimpe, et il n'y eut ni petit ni grand qui ne fût contraint de s'agenouiller, quand on vit le portrait de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Quand Verrine vit le grand effet que produisait son image, elle dit :

— Écoutez comment je la reçus. Je portais ce morceau de fine toile entre les mains, quand je fis la rencontre du prophète que les Juifs menaient au supplice. Il avait les mains liées d'une courroie derrière le dos, et suait sang et eau de toutes parts. Un homme juste, nommé Joseph d'Arimathie, qui le suivait et qui avait pitié de lui, me conseilla de lui essuyer le visage. Je m'approchai et je passai mon linge sur son front. Rentrée à la maison, je regardai mon drap et j'y vis l'image du saint prophète. Joseph la vit comme moi, et nous fûmes très émerveillés. Si cet homme vivait encore, il vous confirmerait mes paroles ; mais ils l'ont fait périr parce qu'il avait enseveli le corps de Jésus.

L'Empereur et ses gens admirèrent beaucoup ce que racontait cette femme, et ils étaient impatients de ce qui allait se produire pour le cas du prince Vespasien.

Mais Verrine n'eut pas plus tôt présenté la sainte image à la lucarne, que Vespasien cria qu'il était revenu à la parfaite santé. En effet, il sortit de lui-même hors de la maison et chacun vit qu'il était sain, ce qui causa un grand étonnement et une grande joie. Et de plus, comme il était de belles formes et que son visage était gracieux, on l'approcha, le toucha et l'embrassa en l'honneur du miracle, surtout les dames et les demoiselles.

Pour le jeune Vespasien, son premier vœu fut de témoigner de sa reconnaissance en vengeant le prophète auquel il devait sa guérison, ainsi que l'homme juste Joseph qui avait souffert à cause de lui. Et il s'employa aussitôt à équiper une armée pour aller en Judée.

*
*  *

L'armée de Vespasien fit un fort tapage lorsqu'elle débarqua en Judée. Elle était composée d'un bon nombre de fantassins et de cavaliers produisant un grand cliquetis d'armes sur les routes ; et les trompettes portaient la peur très avant dans le pays.

Les Juifs, qui voyaient de loin tout cet appareil descendre du haut des collines, se demandaient ce qu'ils pourraient bien répondre dans le cas où tous ces gens d'armes viendraient leur réclamer le prophète Jésus. Et Moïse se souvint de Joseph, l'ami du prophète. Il eut un grand remords d'avoir agi contre lui pour épouser sa sœur Enigée et s'emparer de son bien. Aussi tremblaient-ils les uns comme les autres, de tous leurs membres.

Vespasien, aussitôt entré dans la ville, y forma une cour de justice avec ses meilleurs barons. Il y siégea en personne et fit premièrement comparaître Pilate qui était bailli, du temps que l'on fit souffrir des avanies à Notre-Seigneur. On lui demanda ce qu'il avait fait de Jésus. Il répondit qu'il l'avait abandonné à la justice de la foule. Vespasien lui fit observer d'abord qu'il employait des termes dont le sens obscur passait son entendement, la justice étant, à son avis, chose si subtile et ténue que le fil en échappe souvent aux plus grands clercs du royaume et que c'est une présomption que de s'imaginer qu'on la rend, n'était-il pas plaisant de penser que l'exercice en pût être confié au populaire, lequel est inégal et agit par le mobile de la passion? Pilate ajouta qu'il s'était lavé les mains de ce qui pourrait arriver par la suite. Vespasien lui dit qu'il n'eût point pu agir plus sottement.

— Vous ne m'entendez pas, dit encore Pilate qui était fin et retors pour avoir vieilli dans les prétoires ; je veux dire que si je n'ai pas agi convenablement, en me désintéressant de ce prophète, vis-à-vis de vous autres qui le pleurez, j'ai agi cependant selon les desseins de Dieu, puisque vous savez que ce prophète devait périr… Or, il s'est produit plusieurs cas, dans le cours de ma carrière, où me trouvant en face d'un embarras analogue, soit entre la cité et le particulier, soit entre la cité et l'État romain, je demandai le bassin et l'aiguière, par quoi se trouvait admirablement marquée, à mon sens, la limite de l'humain pouvoir.

Néanmoins, Vespasien ordonna qu'on lui liât les mains et le fît souffrir. Il agit de même envers un grand nombre de Juifs auxquels on demandait vainement ce qu'ils avaient fait de Jésus ainsi que d'un certain Joseph d'Arimathie qui avait pris soin de son corps.

Alors, comme quelques-uns louchaient du côté de Moïse qui s'était fait pardonner son crime par sa richesse, mais que l'on avait bien envie de dénoncer dans ce moment périlleux, celui-ci eut peur pour sa vie, et, ayant réfléchi, il vint se jeter aux pieds de Vespasien, et lui dit :

— Sire, m'accorderez-vous la vie sauve, si je vous indique le lieu où l'on a mis Joseph?

— Soit! fit le prince. Va donc devant et montre-nous le chemin.

Arrivé à l'endroit où se trouvait la tour ruinée et à demi ensevelie sous les ronces et les fleurs printanières, Vespasien se mit à rire, malgré tout le chagrin qu'il avait de la perte sans doute irrévocable de Joseph, et il demanda à Moïse s'il se moquait de lui, pour s'être flatté de lui montrer la retraite de Joseph, et s'arrêter à cet amas de pierres humides et moussues où aucune créature ne saurait trouver abri.

Moïse courba l'échine et dit :

— Sire, j'ai dit que je montrerais où fut mis Joseph, il y a plus de quarante années ; mais je n'ai pas promis de vous le faire voir en bon état!…

Le fils de l'Empereur, qui n'était chrétien que depuis peu de temps, jura par le nom d'une divinité païenne et diabolique, ce qui ne fut pas toutefois désagréable à Dieu, en raison de la pureté du sentiment.

Cependant Moïse ayant déplacé plusieurs pierres épaisses et fort lourdes, avait mis à jour l'entrée d'un escalier par où Vespasien et sa suite s'engagèrent.

Tous étaient très émus à la pensée de ce qu'ils allaient découvrir dans ce réduit. Mais l'escalier était si long, et en outre glissant et malpropre, que plusieurs s'en trouvèrent incommodés ; et le fils de l'Empereur, parvenu environ à la soixante et dixième marche, dit à Moïse que, bien qu'il lui eût promis la vie sauve du chef de l'affaire de Joseph, il se pourrait trouver quelque autre juste motif de le faire pendre, ne fût-ce par exemple que pour amener son auguste personne dans des endroits si incivils.

Sur ce, quelqu'un des seigneurs qui allaient de l'avant, fit observer que l'odeur devenait en effet méphitique et comparable à celle qu'exhalent les corps pestiférés.

Mais Vespasien s'étant radouci :

— Dieu, dit-il, permet que l'enveloppe mortelle de l'âme la plus proche des fleurs par la grâce et par le parfum, soit souillée et répugnante à nos sens ; et il se peut très bien que le prud'homme Joseph, qui fut un saint et toucha Notre Seigneur Jésus-Christ, nous envoie ces émanations qui, à la vérité, sont grossières et indécentes. Nous continuerons donc d'aller plus avant dans le vilain tombeau où nous conduit ce Moïse que nous ferons pendre aussitôt remontés, à supposer que notre peine ait été inutile.

Le fils de l'Empereur et sa suite descendirent toujours plus profondément et ils ne découvraient rien. Vespasien fut tenté de rebrousser chemin ; mais Moïse, qui ne cessait d'être habile homme jusque dans les moments les plus ingrats, dit au fils de l'Empereur :

— Sire, celui qui vous a guéri de la lèpre ne peut-il faire que l'homme que vous cherchez soit là tout à coup? Et ne peut-il faire encore que Joseph soit vivant au fond de ce tombeau infect quoique, dans le cas contraire qui est plus naturel, sa relique vaille de la peine et puisse atteindre un grand prix, à cause des vertus qu'il professa?

Vespasien fut touché par ce discours, et une secrète indulgence lui vint pour ce coquin de Moïse. En même temps et dans l'instant précis où la foi pénétrait à nouveau dans son âme, on aperçut dans le lointain une petite lueur.

*
*  *

L'endroit d'où partait cette lumière était d'apparence misérable et sordide. Le jour bas, ainsi que celui que répand une maigre lampe, venait d'un point de la muraille et ne laissait rien distinguer convenablement.

Moïse, ayant cependant reconnu le cachot où il avait enfermé Joseph, se précipita vers l'objet qu'il croyait être en effet une lampe. Il s'imaginait bien qu'il allait découvrir à l'aide de cette lumière le pauvre Joseph dans le dernier état ; mais il espérait quant à lui avoir la vie sauve.

Moïse n'avait pas encore mis la main sur l'objet qu'il prenait pour une lampe, lorsqu'il fut touché rudement à l'épaule par quelqu'un de plus grand et de plus fort que le fils de l'Empereur lui-même et tous ses chevaliers. Il se retourna et reconnut Joseph.

Alors il poussa un cri et fut saisi de peur. Vespasien et ses chevaliers s'écartèrent jusque vers les murailles, car ils tremblaient dans leurs membres et dans leur esprit, à cause de la puissance de Dieu.

Joseph dit :

— Ceci est le vaisseau qui contient le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ… Qui es-tu donc, toi qui portes la main sur le Fils de Dieu?

Moïse n'osa pas dire qu'il était celui qui avait posé Joseph dans ce mauvais endroit, mais il dit :

— Voici le prince Vespasien, le fils de l'Empereur de Rome, qui vient te tirer de prison!…

— Qui parle de prison? dit Joseph, je ne suis pas en prison…

Moïse qui était le seul à lui adresser la parole, tellement les autres étaient pris de révérence, demanda :

— Où donc te crois-tu? Tu n'es pourtant pas libre?

— Je suis libre, dit Joseph.

Le saint homme faisait des efforts pour se souvenir. La mémoire lui étant revenue :

— Oui, oui, dit-il, je me souviens que je fus jeté jadis en prison par une petite troupe de gens dont j'ai oublié la figure et les noms. Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ m'a tiré de prison!

— Ha! ha! ha! ricana Moïse, il est fou! Et, pardieu, on le deviendrait à moins. Mon ami, lui dit-il familièrement, ces hauts seigneurs et moi venons de descendre trois cent trente-trois marches puantes pour parvenir au cul-de-basse fosse où tu gis ; et tu prétends que Jésus t'a tiré de prison!…

Joseph se tourna du côté de la petite lampe qui était en réalité sans mèche, sans huile et sans flamme et répandait une lueur par quelque moyen mystérieux.

— Monseigneur Jésus! dit-il, soyez enclin à l'indulgence envers ceux qui ne vous ont pas connu et qui ne sont pas éclairés par le divin rayon de votre foi. La grossièreté de leurs sens égale l'erreur de leur esprit ; et ils prennent pour une prison le lieu du monde le plus décent et le plus fertile en délices.

A ces mots, les seigneurs ne purent non plus se tenir de rire ; car l'endroit où ils se trouvaient avec Joseph était nauséabond. Mais Vespasien leur dit :

— Il se peut que cet homme voie ce que nous ne voyons pas, à cause de sa grande vertu.

Aussitôt, le fils de l'Empereur ayant proclamé sa foi par ces paroles, il lui fut donné ainsi qu'à tous, de voir par les yeux de Joseph.

Or rien n'était plus éloigné de l'apparence d'une prison. Une lumière plus belle que le jour venait d'un vase appuyé sur un autel fort bien orné où Joseph se tenait à genoux très pieusement. Cette lumière comblait de son rayonnement une salle vaste et comparable par la magnificence aux plus superbes basiliques. L'air y était léger et imprégné de parfums, et son seul mouvement faisait une sorte de musique que l'on pouvait attribuer tout aussi bien à des instruments séraphiques qu'au murmure discret de toutes les petites bêtes du Seigneur que l'on entend bourdonner aux heures heureuses de l'été. Maintenant, il est bien probable aussi que des anges étaient là et chantaient, sans qu'on les vît, et peut-être même se montraient-ils parfois quand Joseph était dans la solitude.

Joseph se prosterna très bas et dit :

— Je vous adore, Monseigneur Jésus!

Sur quoi, tous ceux qui étaient là, étant touchés dans leurs sens, crurent fermement en la présence de Notre-Seigneur Jésus-Christ — sauf Moïse qui avait l'esprit du mal.

— Voici, dit Vespasien, un miracle plus grand que de m'avoir guéri de la lèpre, car, mes écailles étant tombées, je fus tiré de l'opprobre, en réalité, ce qui est un cas merveilleux et qui ne s'appliquera sans doute pas à beaucoup. Mais cet homme-ci a été jeté pour mort dans un cachot infect, il y a plus de quarante années, et il y est encore, comme nous l'avons pu voir, — ce qui est déjà remarquable ; — mais voici que grâce au vaisseau de Notre-Seigneur, cet homme se trouve être en même temps dans l'endroit le plus magnifique et le mieux garni de volupté. Or ceci aura un plus grand retentissement dans le monde que la guérison de tous les lépreux, et ce sera un bien précieux dans les États.

Mais Joseph qui se souvenait de la recommandation que lui avait faite Jésus, en lui remettant le saint vaisseau, dénombrait déjà les personnages qui étaient là, et en ayant trouvé douze, y compris Moïse, il leur dit :

— Notre-Seigneur m'a commandé de célébrer la Cène en présence de douze personnes honnêtes et ayant le cœur pur. Il n'y a pas de doute que vous ne soyez tels, étant de bonne compagnie. Si vous voulez, nous nous assoirons à la table et ferons le sacrement?

*
*  *

Avant de s'asseoir à la table, Moïse, qui était hypocrite et fourbe, eut encore peur qu'il ne lui arrivât malheur. Il réfléchit ; puis il tira Joseph à part et lui dit :

— Écoute, je suis celui qui te bâillonna jadis et qui te jeta en prison. J'espère que tu ne me feras pas de mal, à cause du temps écoulé et de mon repentir…

Joseph le regarda avec attendrissement et loua Dieu de ce que cet homme, après avoir péché, fût ramené au bien.

— Ce n'est pas tout, dit Moïse, tu avais plusieurs fiefs et je m'en suis emparé…

— Tout mon fief, dit Joseph, est en Notre-Seigneur.

Mais Moïse, ne pouvant croire à tant de désintéressement, résolut de le toucher avec adresse :

— Eh donc! dit-il, de Notre-Seigneur relevaient les pêcheries et les établissements qui florissaient au bord du Lac de Tibériade?…

— Arrête! Arrête! s'écria Joseph. Et il se prit le front dans la main. Le nom du Lac de Tibériade lui rappelait la douceur de vivre.

— En effet! dit-il, c'étaient de beaux établissements, et bien situés aux bas des pentes où mûrissaient les raisins, les figues et les olives ; et comme il était agréable de voir les barques chargées regagner le rivage à la tombée de la nuit!

Une larme vint au bord de sa paupière.

— Dire que j'avais eu tout cela pour rien! fit-il, quinze cents deniers! Cela valait le double!

— La valeur a centuplé! dit Moïse.

— Centuplé! s'écria Joseph. Et son œil se mouilla tout à fait. Il penchait la tête et il considérait, dans sa pensée, cette grande prospérité, là-bas, couchée au soleil le long du rivage de sable fin.

— Je te restituerai tout cela! dit Moïse.

— Non pas! non pas! fit Joseph touché dans sa bonté.

— Si fait! Si fait! C'est une chose accomplie. Tiens! prends tout de suite cette bourse qui ne contient pas seulement le produit d'une année et qui est assez arrondie, comme tu vois…

— Au moins, dit Joseph, prélèveras-tu une forte part pour ta bonne gestion?

Moïse, comprenant qu'il l'avait gagné par le goût des biens terrestres qui est très fort contre Dieu, ne put contenir sa bonne humeur :

— Maintenant, ajouta-t-il, sur un ton plaisant, je me souviens d'avoir employé la violence pour épouser ta sœur Enigée qui héritait de ton bien. Si tu ne veux pas de moi pour beau-frère, je la répudierai, car la voici un peu flétrie à l'heure qu'il est et j'épouserai une certaine Corinne qui est venue avec les Romains et qui a de l'agrément.

Joseph se mit à rire de tout son cœur en bon homme qu'il était. Il embrassa Moïse pour lui prouver son amitié, et lui dit de s'asseoir à la table, ce dont Vespasien et ses seigneurs ne furent pas trop flattés.

*
*  *

Joseph fit le serment d'employer sa richesse à la gloire de Dieu.

Ensuite, il rompit le pain, en mémoire de ce qu'avait fait Notre-Seigneur, et il le distribua en parties aux personnes qui étaient assises à la table :

à Vespasien d'abord,

aux chevaliers ensuite.

Quand vint le tour de Moïse, tout le monde, sauf Joseph dont la bonté était extrême, craignait que Dieu ne fût offensé.

Or, comme Moïse allait porter le pain à sa bouche, voilà qu'il se fait un grand fracas, et que Moïse disparaît, ainsi que son siège, aussi complètement que s'ils n'avaient jamais été.

Tous en furent extrêmement émus, et n'eût été la grande piété avec quoi ils accomplissaient le service divin, ils l'eussent certainement interrompu. Mais aussitôt que le service fut achevé, Vespasien dit à Joseph :

— Jamais nous n'avons eu tant de frayeur : dites-nous, je vous en prie, ce que Moïse est devenu!

— Quant à moi, je n'en sais rien, dit Joseph, mais nous pourrons le savoir de Celui par qui toutes choses arrivent.

Et il interrogea le Saint vaisseau.

Alors on entendit une voix qui sortait du vaisseau, et qui dit :

«Ne vous inquiétez pas de Moïse qui fut, à la vérité, fourbe, menteur, assassin et sacrilège, mais qui, cependant, contribua à la gloire de Dieu, puisque par lui Joseph fut amené à connaître le vrai bien, dans cette prison, et puisque par lui fut fondée cette fortune moyennant quoi vous établirez la part matérielle de mon œuvre, qui s'adresse plus clairement aux hommes. Car je vous en avertis, beaucoup vous paraissent méprisables, qui tiennent un rôle dont le sens vous échappe ; vous ne voyez que l'architecte qui construit une maison, et j'ai souci également du maçon et de l'ouvrier plus médiocre encore qui mélange la terre avec l'eau. C'est pourquoi je vous conseille de vous occuper le moins possible de la justice : vous n'y entendez rien ; elle est aux mains de mon Père, et je frapperai en son nom. J'ai enlevé ainsi Moïse qui était mauvais au milieu de vous, mais qui peut valoir en des emplois où vous ne vaudriez rien. Vous le retrouverez dans la vie.

»Vous autres, aimez-vous les uns les autres, et aimez-moi dans le fond de votre cœur, afin que le monde, qui est semblable à la prison de Joseph, vous soit transformé en un lieu agréable, comme cela est arrivé pour lui.»

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