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Barnabé

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V

Les yeux de Juliette Combal, deux pervenches sur une tasse de lait.

Quand je m’éveillai, il faisait plein jour. Une chose m’étonna, me saisit: l’écrasant silence qui m’enveloppait. Aux branches des châtaigniers qui poussaient leurs jets verdoyants jusqu’à ma fenêtre, les oiseaux, dont le bruyant ramage m’avait été si doux les matins précédents, se taisaient. Je penchai la tête, anxieux, et ne vis pas voltiger une linotte dans la feuillée toute neuve. Qui sait? peut-être était-il bien tard. Je bondis à bas de mon lit. Alors seulement je m’aperçus que j’étais habillé, et le souvenir des scènes de la dernière nuit me traversa le cerveau.

«Qu’avait-on fait de Simonnet? Barnabé était-il revenu de Notre-Dame de Cavimont?»

Je courus à la cuisine. Personne. J’ouvris la porte de l’ermitage. Le plateau s’étendait désert devant moi. Je le parcourus dans tous les sens, espérant encore découvrir le Frère assis en quelque coin, parmi les plantes et les granits. Hélas! pas de Barnabé. Au milieu de la grande allée du verger, j’aperçus ma cage commencée et les brins d’osier traînant sur le sol.

Mon isolement m’effraya, et, tout frissonnant de malaise, je repris le chemin de la maison.

Ne sachant à quoi employer mon temps, en attendant l’ermite, je me mis à laver à l’eau de la cruche, ainsi que Braguibus l’avait fait la vieille, les verres laissés sales sur la table; je serrai même les bouteilles vides sur une étagère du placard; puis, saisissant un balai de genêt, je balayai la vaste pièce; puis, avec un torchon, j’enlevai la poussière qui blanchissait le modeste mobilier de Barnabé; puis...

Je me livrais à ces besognes peu coutumières, pénétré de je ne sais quelle joie enfantine et inquiète. Évidemment il y avait de la fièvre en mon état. Pourquoi? Je ne sais. Peut-être redoutais-je, quand tout à l’heure le Frère allait reparaître, d’apprendre quelque nouvelle funeste; car dans l’exaltation où je l’avais vu, il me paraissait impossible que Simonnet Garidel n’eût pas commis quelque mauvais coup. Peut-être avais-je peur seulement, et cherchais-je, par cette activité factice, à échapper au sentiment d’une solitude qui m’accablait.

Harassé de fatigue, je m’assis enfin...

Et Barnabé qui ne revenait pas..... A quel travail allais-je vaquer maintenant? Si, plantant là l’ermitage, je descendais vers les Aires? Quelques jours avant, n’avais-je pas tenté de m’enfuir? Chose incroyable! je n’osai pas mettre un pied hors du logis.

Ah! si je mangeais, les heures passeraient plus vite. J’ouvris la huche, et en retirai un pain entamé. Je pris un des verres que j’avais lavés, puis le remplis d’eau goutte à goutte. Mon regard s’amusa un long moment aux dessins bizarres que le vernis rouge étalait au ventre dodu de la cruche. C’était bien drôle, et je ris, encore que je n’en eusse pas envie.

Je tirai de ma poche le chocolat de mon oncle; j’en comptai les billes. Comme j’avais été gourmand! il ne m’en restait que deux. Décidément je les croquai.

Je terminais ce déjeuner délicieux, quand un bruit de pas retentit au fond de la cuisine, sous les arceaux. O bonheur! c’était Baptiste.

Un moment après, sans m’expliquer encore aujourd’hui où tout à coup j’avais puisé tant de courage, j’enfourchais l’âne de l’ermite et le guidais vers l’escalier de granit qui forme une déchirure au plateau.

Il y a je ne sais quel charme indéfinissable, au mois d’avril, quand le soleil de l’année nouvelle est encore jeune, à s’égarer, soit à pied, soit hissé sur une monture, à travers nos immenses châtaigneraies cévenoles. Les grands arbres qui, hier encore, levaient vers le ciel leurs mille bras de spectres maigres et noirs, montrent des troncs où la mousse desséchée reverdit et des branches au bout desquelles, se dégageant doucement de leurs bourgeons abreuvés de séve, pointent de frêles rameaux. Des panaches gommeux, collés fraternellement les uns aux autres, se séparent et se déplient avec lenteur sous les baisers du dieu reconquis. A cette heure mystérieuse où la vie renaît aux entrailles émues de la nature, où la création perpétuelle, un moment entravée par l’hiver, recommence pour ainsi dire, vous surprenez la feuille du châtaignier, cette feuille robuste, cartilagineuse, aux filaments presque indestructibles, qui bientôt défiera les ardeurs torrides de juillet, aussi tendre, aussi délicate que l’herbe menue des prairies. Au lieu de cette nuance de vert sombre qui sied aux fortes essences, les seules chez lesquelles éclatent les richesses des couches profondes du sol, maintenant, c’est un vert indécis, transparent, quelque chose de blanchâtre et de laiteux. Le lait de la grande nourrice monte, en effet, aux lèvres de tous les êtres, et les inonde à plaisir.

Quand, juché sur Baptiste, lequel reniflait bruyamment, je pénétrai dans la châtaigneraie qui enceint l’ermitage de Saint-Michel d’une splendide ceinture de troncs centenaires, le silence y était imposant, presque religieux. Pas un chant, pas un cri, pas un bruit d’ailes. Il était deux heures environ, et les oiseaux, après avoir folâtré le matin dans les branchages assouplis par la première feuillaison printanière, autour de la fontaine d’eau pure de la chapelle, parmi les herbes en fleurs des rigoles, demeuraient sans voix et ne bougeaient plus. Où étaient-ils? Je pensai aux pauvres familles dont nous avions détruit la couvée, et je me demandai si les pères et les mères n’avaient pas quitté le pays à jamais...

Je descendais donc mélancoliquement le sentier, laissant errer ma bête à l’aventure, les yeux attachés aux branches entrelacées pour y découvrir une linotte, un bruant, un chardonneret, quand, du bouquet d’yeuses sous lequel j’avais rencontré l’ermite le jour de mon arrivée à Saint-Michel, un piaulement timide s’échappa. J’arrêtai Baptiste. C’était un loriot! Oh! quelle voix fraîche, sonore, retentissante, et comme elle se prolongeait sous les hautes arcades à perte de vue des châtaigniers! Pauvre loriot! je l’écoutai jusqu’à la fin; mais sa chansonnette, si vive, si joyeuse d’ordinaire, me semblait déborder de notes plaintives. Qui sait si cette adorable bestiole ne pleurait pas, elle aussi, quelqu’un de ses enfants?

Baptiste, dont mon talon frôla le poil sensible, poursuivit sa marche vagabonde. Il allait hors des voies frayées, tantôt faisant une halte et me tirant la bride de son col tendu pour saisir les surgeons tendres des églantiers, tantôt trottinant en haut, en bas, à droite, à gauche, à sa fantaisie.

Moi, maintenant, bien que ravi et de ma bête et de ma promenade, je réfléchissais à ma situation et me demandais sérieusement si je retournerais à Saint-Michel. Il était bien évident que ni mon oncle ni Marianne ne connaissaient à fond Barnabé Lavérune, car ils se fussent bien gardés de me confier à lui. L’on disait que Barthélemy Pigassou, ermite de Saint-Raphaël, buvait à se griser comme un tourde qui a pris son saoul dans les vignes; et lui donc, Barnabé? et lui? Quel exemple il venait de me donner! Quand mon oncle reviendrait et qu’il apprendrait de ma bouche en quel état nous étions, le jour du noël en vingt-cinq couplets!... Mais oserais-je lui raconter cela? La réputation du Frère de Saint-Michel était des meilleures dans le pays. Du reste, depuis qu’il avait donné quelques soins à mon oncle, tout le monde, à la cure, se montrait si faible pour Barnabé!

Comme s’il eût deviné les intimes obsessions de mon esprit, Baptiste, ayant gravi la montée raide de Margal, la dégringola tout à coup et s’échappa comme affolé vers les Aires.

Certainement, sans que je l’eusse prévenu de mes intentions, l’âne,—quel dommage que l’ermite possédât une bête pareille, elle aurait dû appartenir à un curé!—l’âne me déposerait à la porte de M. Anselme Benoît.

Baptiste ne modifiait pas son allure et descendait le sentier gazonné qui serpente le long du ruisseau tapageur de Lavernière. Déjà les oseraies, les saulées, ressources d’un hameau où chacun se livre au commerce de la vannerie, devenaient plus rares, et les maisonnettes des Aires apparaissaient derrière les ramures cotonneuses des bouleaux.

«Si Baptiste frappe à la porte de M. Anselme Benoît, me dis-je, heureux de laisser à l’âne, si intelligent, la responsabilité et l’audace d’une décision, s’il frappe à la porte de M. Anselme Benoît, j’entre et je reste.»

Cependant, nous touchions à l’endroit où le ruisseau offre un gué praticable à toutes les époques de l’année. Mais, à ma grande surprise, Baptiste s’arrêta court.

—Allons donc, lui dis-je, allons donc!

Il ne bougea pas.

Au même instant, un clapotage bruyant eut lieu dans le ruisseau de Lavernière. Je regardai. Une mule à pompons rouges traversait le courant au galop. Malgré l’eau qu’elle soulevait autour d’elle comme un tourbillon, je la reconnus: c’était la mule de M. Anselme Benoît. Elle portait son maître solidement établi sur les étriers, puis, en croupe, une dame, que je trouvai fort belle, ma foi, et habillée tout à fait à la façon des dames de Bédarieux. Robe de soie, bottines de cuir vernis, gants, chapeau à fleurs et à rubans couleur de feu. Je ne pus m’empêcher de penser à Venceslas Labinowski se promenant, à Béziers, devant la statue de Paul Riquet, avec Catherine, et d’autant plus que M. Anselme Benoît fit une grimace et ne parut pas enchanté de me voir.

—Où vas-tu donc, petit? me demanda-t-il d’un air rude.

—Je ne vais nulle part, je me promène avec Baptiste.

—Es-tu sage, au moins?

—Oh! oui, monsieur Anselme Benoît.

—Tu diras à Barnabé que je m’absente pour quelques jours. Si des malades me réclament, qu’il retienne leurs noms: je les visiterai à mon retour.

Il serra le flanc de sa monture, qui partit oreilles dressées vers la grande route du Poujol.

J’étais consterné.

Baptiste, lequel avait son idée sans doute, n’en persista pas moins à pousser vers le village; il posa avec précaution ses pieds dans l’eau, et toucha l’autre côté de la rive.

—Où iras-tu maintenant, imbécile? lui demandai-je.

Blessé dans son amour-propre, il voulut imiter la mule fringante de M. Anselme Benoît, et, incontinent, fit feu des quatre fers.

Baptiste, suant, le mors blanc d’écume, s’arrêta au perron des Combal. Justement Juliette nous regardait venir en riant.

Je descendis.

—Au lieu de te moquer de nous, toi, tu ferais bien mieux d’ouvrir l’écurie, lui dis-je, irrité.

Juliette dégringola les marches du perron. Elle poussa une porte à claire-voie.

—Tu ne vois donc pas dans quel état se trouve ce pauvre Baptiste! continuai-je d’une voix grossie par la colère.

Je débridai mon bourriquet.

—Le râtelier est plein d’esparcette, se contenta de me répondre la jeune fille.

Elle me planta là sans ajouter un mot de plus et remonta vivement l’escalier.

Le râtelier, en effet, était bourré jusque par-dessus la haute traverse. Ah! chez M. le maire, les bêtes n’avaient pas l’habitude de crever de famine, de lire la gazette, comme on dit chez nous. Il fallait voir quels magnifiques mulets, à la croupe ronde, grasse, luisante, aux sabots toujours minutieusement nettoyés! M. Combal les conduisait avec orgueil à ses labours de la montagne et de la plaine.—«Ce sont des montures sans pareilles!» répétait chacun, quand elles défilaient matin et soir à travers le village, allant à leur besogne ou en revenant.

Baptiste connaissait ces nobles bêtes, fortes et fières comme des étalons. Aussi, lorsqu’il pénétra dans l’écurie, les mulets de M. Combal s’empressèrent-ils de lui faire accueil. Baptiste les regarda en hochant la tête, et moi qui prêtais à l’âne de Barnabé tous les sentiments dont l’homme est capable, je crus discerner la gratitude dans l’expression de ses yeux. A leur tour, les mulets daignèrent abaisser vers lui un regard où l’amitié certainement tempéra ce qui, en toute autre circonstance, eût paru trop farouche ou trop altier. L’âne du Frère, sans plus ample politesse, passa ses dents à travers les barreaux du râtelier et amena une touffe d’esparcette. Je le laissai aux impérieux besoins de son estomac.

—Eh bien! qu’est devenu ton monde? demandai-je à Juliette, l’avisant seule dans la maison.

—On travaille à la rivière aujourd’hui, répondit-elle sans discontinuer de retourner, en des faisselles de grosse faïence jaune, les fromages de chèvre, les fromageons, qui s’y égouttaient.

—A la rivière! Pourquoi donc?

—On lave et on sèche la lessive chez nous.

—Alors, on goûtera au bord de l’eau?

—Je prépare le goûter pour tous: un fromageon à chacun, puis de la fougasse fraîche.

—J’aime tant la fougasse, quand elle sort du four, moi!

—Cela veut dire que j’en mette un morceau de plus dans la corbeille?

—Et un fromageon aussi..... Oh! les jours de lessive, c’était des jours de fête chez ma mère, à Bédarieux! On déjeunait, on dînait, on soupait même quelquefois le long de l’Orb, au milieu des serviettes et des nappes étendues sur les galets. Quelle gaieté, ces lessiveuses! Il y en avait une, Marthon, qui chantait toujours..... Pour moi, j’aimais beaucoup à faire des ricochets dans l’eau, avec de petites pierres plates et rondes comme des sous. Que de bergeronnettes j’ai dérangées! Un jour, je craignis d’en avoir touché une... Quel amusement!

J’avais débité cette tirade, pleine de souvenirs qui me faisaient battre le cœur, avec une volubilité singulière. Les grands yeux de Juliette Combal, ses yeux bleus,—deux feuilles de pervenche sur une tasse de lait, comme a dit Henri Heine,—me regardaient tout ébahis.

—Ton oncle ne se fâchera-t-il pas, si je t’emmène? me dit-elle.

—Mon oncle!... mon oncle!...

La voix m’expira dans le gosier. Je pris une chaise pour m’asseoir.

—Tu ne sais donc pas, Liette, dis-je, les yeux humides et appelant la jeune fille par l’abréviatif plus affectueux de son nom, tu ne sais donc pas que mon oncle est parti?

—Ah! il est parti!... Si tu courais demander la permission à Marianne?

—Marianne!... Hélas! elle est partie également pour sa montagne.

Et des larmes tachèrent mon gilet.

—Quoi! tu pleures? s’écria-t-elle.

Elle rejeta la longue cuiller de buis avec laquelle elle s’appliquait à presser les fromages dans les faisselles, et, s’élançant vers moi par un bond où éclataient ensemble et la grâce et la tendresse, elle me prit dans ses bras, me serra contre sa jeune poitrine, plus chaude des sentiments naïfs de l’enfant que de ceux moins désintéressés de la femme, puis me baisa de toutes ses lèvres et de tout son cœur.

—Allons, allons, me dit-elle avec une série de douces caresses qui me rendaient le courage, je ne veux pas que tu sois triste..... Je finis d’arranger le goûter, et nous partons. Il y a des bergeronnettes encore qui se mouillent la queue sur les pierres de la rivière d’Orb.

Elle retourna à son caillé.

Juliette Combal, ou mieux Liette tout court, était une jeune fille de dix-huit ans; mais soit que, par quelque rachitisme de nature, l’enfance se fût prolongée chez elle au delà du terme ordinaire, soit que son air vif, espiègle, donnât le change sur son extrait de naissance, elle n’en paraissait pas plus de quinze. Elle était plutôt petite que grande, mince et délicate comme une jeune tige de saule blanc, droite et flexible comme un roseau de Lavernière. Sa figure un peu courte—c’est le caractère distinctif du type cévenol—affichait au coin des lèvres, aussi rouges que les pétales d’un coquelicot, deux fossettes gracieuses où voltigeait, toujours épanoui, le plus aimable des sourires. Cette jovialité enfantine, qui était en quelque sorte le privilége, le charme particulier et savoureux de cette menue paysanne, faisait dire à ceux qui la connaissaient:—«Oh! Liette, elle est venue au monde en riant.» Une chevelure d’un blond très clair et frisant naturellement, lançait ses boucles d’or à droite, à gauche, et ne contribuait pas peu à accroître, chez Juliette Combal, ces airs de gamin ébouriffé bien faits pour tromper sur son âge, son caractère et la portée de ses actions. Certes, la pauvre enfant, qui, peut-être en regardant Simonnet Garidel le dimanche à l’église, avait senti la séve d’une vie nouvelle lui envahir jusqu’aux replis les plus profonds du cœur, prise de coquetterie, avait bien tâché de ramener cette crinière indomptable à des formes plus nettes, moins désordonnées. Mais les pommades des coiffeurs de Bédarieux, leurs cosmétiques poisseux, étaient demeurés impuissants, et les cheveux, un moment contenus, avaient soulevé de nouveau leurs ondes et submergé les tempes et le front. Ajoutez à cette tête, ravissante dans son expression un peu sauvage, un nez fin brusquement coupé, dont l’impertinence provocatrice se trouvait tempérée par des yeux éminemment doux, un peu farouches, où la lumière se reposait sans éclat criard comme sur l’eau dormante d’un lac, et vous aurez l’ensemble de cette physionomie toute pétrie de grâce agreste, de vivacité printanière et d’esprit.

En ce moment, Liette portait un corsage de droguet clair qui dessinait admirablement sa taille souple et ronde comme le tronc d’un jeune bouleau.

—Sais-tu que tu es bien jolie! lui dis-je, et que Simonnet Garidel n’avait pas les yeux dans sa poche quand il t’a choisie!

—Choisie? murmura-t-elle.

—Pardi! fais la mystérieuse. Je sais de tes nouvelles, va!

—Tu crois alors que Simonnet?...

Ses joues, déjà colorées, s’étaient subitement nuancées d’un rouge plus vif. Son regard s’alluma. Je craignis de lui avoir fait de la peine.

—Ma foi, lui dis-je, si tu ne veux pas que je te parle de Simonnet, tu as peut-être raison, car ce garçon ne me revient guère.

—Vite, vite, partons. Il est déjà tard.

Elle saisit une corbeille abandonnée sous une table et y empila précipitamment les faisselles pleines. Ayant roulé une serviette en guise de coussinet, elle se planta la corbeille sur la tête. Ses mouvements avaient quelque chose de brusque, presque de fiévreux. Il est bien certain qu’en l’entretenant de Simonnet Garidel je lui avais déplu.

Nous sortîmes de la maison et enfilâmes silencieux le sentier vers la rivière.

—A propos, et la fougasse? lui dis-je après une centaine de pas.

—Mon Dieu! c’est vrai, nous l’avons oubliée.

Elle déposa la corbeille sur le gazon et repartit en courant.

Peut-être, me tenant rancune, Liette ne me rapporterait-elle pas ma part de fougasse. Je m’élançai après elle, lui criant:

—Pense à mon morceau, Liette, penses-y!..... Puis, sois tranquille, je ne te tourmenterai plus avec ce Simonnet.

Nous pillâmes la huche et redescendîmes le perron.


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