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Contes Français

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femmes ordinaires, qui se dépense en oeillades, en minauderies

et en sourires, lui semblait une escarmouche puérile,

vaine, presque méprisable. Elle se sentait en possession

[5]
d'un trésor, et elle dédaignait de le hasarder au jeu pièce

à pièce: il lui fallait un adversaire digne d'elle; mais, trop

habituée à voir ses désirs prévenus, elle ne cherchait pas

cet adversaire; on peut même dire davantage, elle était

étonnée qu'il se fit attendre. Depuis quatre ou cinq ans

[10]
qu'elle allait dans le monde et qu'elle étalait consciencieusement

ses paniers, ses falbalas et ses belles épaules, il lui

paraissait inconcevable qu'elle n'eût point encore inspiré

une grande passion. Si elle eût dit le fond de sa pensée,

elle eût volontiers répondu à ceux qui lui faisaient des

[15]
compliments: «Eh bien! s'il est vrai que je sois si belle,

que ne vous brûlez-vous la cervelle pour moi?» Réponse

que, du reste, pourraient faire bien des jeunes filles, et que

plus d'une, qui ne dit rien, a au fond du coeur, quelquefois

sur le bord des lèvres.


[20]
Qu'y a-t-il, en effet, au monde, de plus impatientant

pour une femme que d'être jeune, belle, riche, de se regarder

dans son miroir, de se voir parée, digne en tout point

de plaire, toute disposée à se laisser aimer, et de se dire:

On m'admire, on me vante, tout le monde me trouve

[25]
charmante, et personne ne m'aime. Ma robe est de la

meilleure faiseuse, mes dentelles sont superbes, ma coiffure

est irréprochable, mon visage le plus beau de la terre, ma

taille fine, mon pied bien chaussé; et tout cela ne me sert

à rien qu'à aller bâiller dans le coin d'un salon! Si un

[30]
jeune homme me parle, il me traite en enfant; si on me

demande en mariage, c'est pour ma dot; si quelqu'un me

serre la main en dansant, c'est un fat de province; dès que


je parais quelque part, j'excite un murmure d'admiration,

mais personne ne me dit, à moi seule, un mot qui me fasse

battre le coeur. J'entends des impertinents qui me louent

tout haut, à deux pas de moi, et pas un regard modeste et

[5]
sincère ne cherche le mien. Je porte une âme ardente,

pleine de vie, et je ne suis, à tout prendre, qu'une jolie

poupée qu'on promène, qu'on fait sauter au bal, qu'une

gouvernante habille le matin et décoiffe le soir, pour

recommencer le lendemain.


[10]
Voilà ce que mademoiselle Godeau s'était dit bien des

fois à elle-même, et il y avait de certains jours où cette

pensée lui inspirait un si sombre ennui, qu'elle restait

muette et presque immobile une journée entière. Lorsque

Croisilles lui écrivit, elle était précisément dans un accès

[15]
d'humeur semblable. Elle venait de prendre son chocolat,

et elle rêvait profondément, étendue dans une bergère,

lorsque sa femme de chambre entra et lui remit la

lettre d'un air mystérieux. Elle regarda l'adresse, et,

ne reconnaissant pas l'écriture, elle retomba dans sa

[20]
distraction. La femme de chambre se vit alors forcée

d'expliquer de quoi il s'agissait, ce qu'elle fit d'un air

assez déconcerté, ne sachant trop comment la jeune fille

prendrait cette démarche. Mademoiselle Godeau écouta

sans bouger, ouvrit ensuite la lettre, et y jeta seulement

[25]
un coup d'oeil elle demanda aussitôt une feuille de papier,

et écrivit nonchalamment ce peu de mots:


«Eh, mon Dieu! non, monsieur, je ne suis pas fière. Si

vous aviez seulement cent mille écus, je vous épouserais

très-volontiers.»


[30]
Telle fut la réponse que la femme de chambre rapporta

sur-le-champ à Croisilles, qui lui donna encore un louis

pour sa peine.


V


Cent mille écus, comme dit le proverbe, ne se trouvent

pas dans le pas d'un âne; et si Croisilles eût été défiant, il

eût pu croire, en lisant la lettre de mademoiselle Godeau,

qu'elle était folle ou qu'elle se moquait de lui. Il ne pensa

[5]
pourtant ni l'un ni l'autre; il ne vit rien autre chose, sinon

que sa chère Julie l'aimait, qu'il lui fallait cent mille écus,

et il ne songea, dès ce moment, qu'à tâcher de se les

procurer.


Il possédait deux cents louis comptant, plus une maison

[10]
qui, comme je l'ai dit, pouvait valoir une trentaine de

mille francs. Que faire? Comment s'y prendre pour que

ces trente-quatre mille francs en devinssent tout à coup

trois cent mille? La première idée qui vint à l'esprit du

jeune homme fut de trouver une manière quelconque de

[15]
jouer à croix ou pile toute sa fortune; mais, pour cela, il

fallait vendre la maison. Croisilles commença donc par

coller sur sa porte un écriteau portant que sa maison était

à vendre; puis, tout en rêvant à ce qu'il ferait de l'argent

qu'il pourrait en tirer, il attendit un acheteur.


[20]
Une semaine s'écoula, puis une autre; pas un acheteur

ne se présenta. Croisilles passait ses journées à se désoler

avec Jean, et le désespoir s'emparait de lui, lorsqu'un

brocanteur juif sonna à sa porte.


--Cette maison est à vendre, monsieur. En êtes-vous

[25]
le propriétaire?


--Oui, monsieur.


--Et combien vaut-elle?


--Trente mille francs, à ce que je crois; du moins je

l'ai entendu dire à mon père.


[30]
Le juif visita toutes les chambres, monta au premier,


descendit à la cave, frappa sur les murailles, compta les

marches de l'escalier, fit tourner les portes sur leurs gonds

et les clefs dans les serrures, ouvrit et ferma les fenêtres;

puis enfin, après avoir tout bien examiné, sans dire un mot

[5]
et sans faire la moindre proposition, il salua Croisilles et

se retira.


Croisilles, qui, durant une heure, l'avait suivi le coeur

palpitant, ne fut pas, comme on pense, peu désappointé

de cette retraite silencieuse. Il supposa que le juif avait

[10]
voulu se donner le temps de réfléchir, et qu'il reviendrait

incessamment. Il l'attendit pendant huit jours, n'osant

sortir de peur de manquer sa visite, et regardant à la

fenêtre du matin au soir; mais ce fut en vain: le juif ne

reparut point. Jean, fidèle à son triste rôle de raisonneur,

[15]
faisait, comme on dit, de la morale à son maitre, pour le

dissuader de vendre sa maison d'une manière si précipitée

et dans un but si extravagant. Mourant d'impatience,

d'ennui et d'amour, Croisilles prit un matin ses deux cents

louis et sortit, résolu à tenter la fortune avec cette somme,

[20]
puisqu'il n'en pouvait avoir davantage.


Les tripots, dans ce temps-là, n'étaient pas publics, et

l'on n'avait pas encore inventé ce raffinement de civilisation

qui permet au premier venu de se ruiner à toute heure,

dès que l'envie lui en passe par la tête. A peine Croisilles

[25]
fut-il dans la rue qu'il s'arrêta, ne sachant où aller risquer

son argent. Il regardait les maisons du voisinage, et les

toisait les unes après les autres, tâchant de leur trouver

une apparence suspecte et de deviner ce qu'il cherchait.

Un jeune homme de bonne mine, vêtu d'un habit magnifique,

[30]
vint à passer. A en juger par les dehors, ce ne

pouvait être qu'un fils de famille. Croisilles l'aborda

Poliment.


--Monsieur, lui dit-il, je vous demande pardon de la

liberté que je prends. J'ai deux cents louis dans ma poche

et je meurs d'envie de les perdre ou d'en avoir davantage.

Ne pourriez-vous pas m'indiquer quelque honnête endroit

[5]
où se font ces sortes de choses?


A ce discours assez étrange, le jeune homme partit d'un

éclat de rire.


--Ma foi! monsieur, répondit-il, si vous cherchez un

mauvais lieu, vous n'avez qu'à me suivre, car j'y vais.

[10]
Croisilles le suivit, et au bout de quelques pas ils

entrèrent tous deux dans une maison de la plus belle apparence,

où ils furent reçus le mieux du monde par un vieux gentilhomme

de fort bonne compagnie. Plusieurs jeunes gens

étaient déjà assis autour d'un tapis vert: Croisilles y prit

[15]
modestement une place, et en moins d'une heure ses deux

cents louis furent perdus.


Il sortit aussi triste que peut l'être un amoureux qui se

croit aimé. Il ne lui restait pas de quoi dîner, mais ce

n'était pas ce qui l'inquiétait.


[20]
--Comment ferai-je à présent, se demanda-t-il, pour

me procurer de l'argent? A qui m'adresser dans cette

ville? Qui voudra me prêter seulement cent louis sur

cette maison que je ne puis vendre?


Pendant qu'il était dans cet embarras, il rencontra son

[25]
brocanteur juif. Il n'hésita pas à s'adresser à lui, et, en

sa qualité d'étourdi, il ne manqua pas de lui dire dans

quelle situation il se trouvait. Le juif n'avait pas grande

envie d'acheter la maison; il n'était venu la voir que par

curiosité, ou, pour mieux dire, par acquit de conscience,

[30]
comme un chien entre en passant dans une cuisine dont

la porte est ouverte, pour voir s'il n'y a rien à voler; mais

il vit Croisilles si désespéré, si triste, si dénué de toute


ressource, qu'il ne put résister à la tentation de profiter de

sa misère, au risque de se gêner un peu pour payer la maison.

Il lui en offrit donc à peu près le quart de ce qu'elle:

valait. Croisilles lui sauta au cou, l'appela son ami et son

[5]
sauveur, signa aveuglément un marché à faire dresser les

cheveux sur la tête, et, dès le lendemain, possesseur de quatre

cents nouveaux louis, il se dirigea derechef vers le tripot

où il avait été si poliment et si lestement ruiné la veille.

En s'y rendant, il passa sur le port. Un vaisseau allait

[10]
en sortir; le vent était doux, l'Océan tranquille. De

toutes parts, des négociants, des matelots, des officiers de

marine en uniforme, allaient et venaient. Des crocheteurs

transportaient d'énormes ballots pleins de marchandises.

Les passagers faisaient leurs adieux; de légères

[15]
barques flottaient de tous côtés; sur tous les visages on

lisait la crainte, l'impatience ou l'espérance; et, au milieu

de l'agitation qui l'entourait, le majestueux navire se

balançait doucement, gonflant ses voiles orgueilleuses.


--Quelle admirable chose, pensa Croisilles, que de

[20]
risquer ainsi ce qu'on possède, et d'aller chercher au delà

des mers une périlleuse fortune! Quelle émotion de regarder

partir ce vaisseau chargé de tant de richesses, du

bien-être de tant de familles! Quelle joie de le voir revenir,

rapportant le double de ce qu'on lui a confié, rentrant

[25]
plus fier et plus riche qu'il n'était parti! Que ne

suis-je un de ces marchands! Que ne puis-je jouer ainsi

mes quatre cents louis! Quel tapis vert que cette mer

immense, pour y tenter hardiment le hasard! Pourquoi

n'achèterais-je pas quelques ballots de toiles ou de

[30]
soieries? qui m'en empêche, puisque j'ai de l'or? Pourquoi

ce capitaine refuserait-il de se charger de mes marchandises?

Et qui sait? au lieu d'aller perdre cette pauvre et


unique somme dans un tripot, je la doublerais, je la triplerais

peut-être par une honnête industrie. Si Julie m'aime

véritablement, elle attendra quelques années, et elle me

restera fidèle jusqu'à ce que je puisse l'épouser. Le commerce

[5]
procure quelquefois des bénéfices plus gros qu'on

ne pense; il ne manque pas d'exemples, en ce monde, de

fortunes rapides, surprenantes, gagnées ainsi sur ces flots

changeants; pourquoi la Providence ne bénirait-elle pas

une tentative faite dans un but si louable, si digne de sa

[10]
protection? Parmi ces marchands qui ont tant amassé

et qui envoient des navires aux deux bouts de la terre, plus

d'un a commencé par une moindre somme que celle que

j'ai là. Ils ont prospéré avec l'aide de Dieu; pourquoi ne

pourrais-je pas prospérer à mon tour? Il me semble qu'un

[15]
bon vent souffle dans ces voiles, et que ce vaisseau inspire

la confiance. Allons! le sort en est jeté, je vais m'adresser

à ce capitaine qui me parait aussi de bonne mine, j'écrirai

ensuite à Julie, et je veux devenir un habile négociant.


Le plus grand danger que courent les gens qui sont

[20]
habituellement un peu fous, c'est de le devenir tout à

fait par instants. Le pauvre garçon, sans réfléchir davantage,

mit son caprice à exécution. Trouver des marchandises

à acheter lorsqu'on a de l'argent et qu'on ne s'y

connaît pas, c'est la chose du monde la moins difficile.

[25]
Le capitaine, pour obliger Croisilles, le mena chez un

fabricant de ses amis qui lui vendit autant de toiles et de

soieries qu'il put en payer; le tout, mis dans une charrette,

fut promptement transporté à bord. Croisilles, ravi et

plein d'espérance, avait écrit lui-même en grosses lettres

[30]
son nom sur ses ballots. Il les regarda s'embarquer avec

une joie inexprimable; l'heure du départ arriva bientôt,

et le navire s'éloigna de la côte.


VI


Je n'ai pas besoin de dire que, dans cette affaire, Croisilles

n'avait rien gardé. D'un autre côté, sa maison était

vendue; il ne lui restait pour tout bien que les habits qu'il

avait sur le corps; point de gîte, et pas un denier. Avec

[5]
toute la bonne volonté possible, Jean ne pouvait supposer

que son maître fût réduit à un tel dénûment; Croisilles

était, non pas trop fier, mais trop insouciant pour le dire;

il prit le parti de coucher à la belle étoile, et, quant aux

repas, voici le calcul qu'il fit: il présumait que le vaisseau

[10]
qui portait sa fortune mettrait six mois à revenir au Havre;

il vendit, non sans regret, une montre d'or que son père

lui avait donnée, et qu'il avait heureusement gardée; il

en eut trente-six livres. C'était de quoi vivre à peu près

six mois avec quatre sous par jour. Il ne douta pas que

[15]
ce ne fût assez, et, rassuré par le présent, il écrivit à

mademoiselle Godeau pour l'informer de ce qu'il avait fait;

il se garda bien, dans sa lettre, de lui parler de sa détresse;

il lui annonça, au contraire, qu'il avait entrepris une opération

de commerce magnifique, dont les résultats étaient

[20]
prochains et infaillibles; il lui expliqua comme quoi la

Fleurette, vaisseau à fret de cent cinquante tonneaux, portait

dans la Baltique ses toiles et ses soieries; il la supplia

de lui rester fidèle pendant un an, se réservant de lui en

demander davantage ensuite, et, pour sa part, il lui jura

[25]
un éternel amour.


Lorsque mademoiselle Godeau reçut cette lettre, elle

était au coin de son feu, et elle tenait à la main, en guise

d'écran, un de ces bulletins qu'on imprime dans les ports,

qui marquent l'entrée et la sortie des navires, et en même

[30]
temps annoncent les désastres. Il ne lui était jamais.


arrivé, comme on peut penser, de prendre intérêt à ces

sortes de choses, et elle n'avait jamais jeté les yeux sur

une seule de ces feuilles. La lettre de Croisilles fut cause

qu'elle lut le bulletin qu'elle tenait; le premier mot qui

[5]
frappa ses yeux fut précisément le nom de la Fleurette; le

navire avait échoué sur les côtes de France dans la nuit

même qui avait suivi son départ. L'équipage s'était sauvé

à grand'peine, mais toutes les marchandises avaient été

perdues.


[10]
Mademoiselle Godeau, à cette nouvelle, ne se souvint

plus que Croisilles avait fait devant elle l'aveu de sa

pauvreté; elle en fut aussi désolée que s'il se fût agi d'un

million; en un instant, l'horreur d'une tempête, les vents

en furie, les cris des noyés, la ruine d'un homme qui

[15]
l'aimait, toute une scène de roman, se présentèrent à sa

pensée; le bulletin et la lettre lui tombèrent des mains;

elle se leva dans un trouble extrême, et, le sein palpitant,

les yeux prêts à pleurer, elle se promena à grands

pas, résolue à agir dans cette occasion, et se demandant

[20]
ce qu'elle devait faire.


Il y a une justice à rendre à l'amour, c'est que plus les

motifs qui le combattent sont forts, clairs, simples,

irrécusables, en un mot, moins il a le sens commun, plus la

passion s'irrite, et plus on aime; c'est une belle chose sous

[25]
le ciel que cette déraison du coeur; nous ne vaudrions pas

grand'chose sans elle. Après s'être promenée dans sa

chambre, sans oublier ni son cher éventail, ni le coup d'oeil

à la glace en passant, Julie se laissa retomber dans sa

bergère. Qui l'eût pu voir en ce moment eût joui d'un

[30]
beau spectacle: ses yeux étincelaient, ses joues étaient en

feu; elle poussa un long soupir et murmura avec une joie

et une douleur délicieuses:


--Pauvre garçon! il s'est ruiné pour moi!


Indépendamment de la fortune qu'elle devait attendre

de son père, mademoiselle Godeau avait, à elle appartenant,

le bien que sa mère lui avait laissé. Elle n'y avait

[5]
jamais songé; en ce moment, pour la première fois de sa

vie, elle se souvint qu'elle pouvait disposer de cinq cent

mille francs. Cette pensée la fit sourire; un projet bizarre,

hardi, tout féminin, presque aussi fou que Croisilles lui-même,

lui traversa l'esprit; elle berça quelque temps son

[10]
idée dans sa tête, puis se décida à l'exécuter.


Elle commença par s'enquérir si Croisilles n'avait pas

quelque parent ou quelque ami; la femme de chambre

fut mise en campagne. Tout bien examiné, on découvrit,

au quatrième étage d'une vieille maison, une tante à demi

[15]
percluse, qui ne bougeait jamais de son fauteuil, et qui

n'était pas sortie depuis quatre ou cinq ans. Cette pauvre

femme, fort âgée, semblait avoir été mise ou plutôt laissée

au monde comme un échantillon des misères humaines.

Aveugle, goutteuse, presque sourde, elle vivait seule dans

[20]
un grenier; mais une gaieté plus forte que le malheur et

la maladie la soutenait à quatre-vingts ans et lui faisait

encore aimer la vie; ses voisins ne passaient jamais devant

sa porte sans entrer chez elle, et les airs surannés qu'elle

fredonnait égayaient toutes les filles du quartier. Elle

[25]
possédait une petite rente viagère qui suffisait à

l'entretenir; tant que durait le jour, elle tricotait; pour le reste,

elle ne savait pas ce qui s'était passé depuis la mort de

Louis XIV.


Ce fut chez cette respectable personne que Julie se fit

[30]
conduire en secret. Elle se mit pour cela dans tous ses

atours; plumes, dentelles, rubans, diamants, rien ne fut

épargné: elle voulait séduire; mais sa vraie beauté en cette


circonstance fut le caprice qui l'entraînait. Elle monta

l'escalier raide et obscur qui menait chez la bonne dame,..

et, après le salut le plus gracieux, elle parla à peu près

ainsi:


[5]
--Vous avez, madame, un neveu nommé Croisilles, qui

m'aime et qui a demandé ma main; je l'aime aussi et

voudrais l'épouser; mais mon père, M. Godeau, fermier

général de cette ville, refuse de nous marier, parce que

votre neveu n'est pas riche. Je ne voudrais pour rien au

[10]
monde être l'occasion d'un scandale, ni causer de la peine

à personne; je ne saurais donc avoir la pensée de disposer

de moi sans le consentement de ma famille. Je viens vous

demander une grâce que je vous supplie de m'accorder; il

faudrait que vous vinssiez vous-même proposer ce mariage

[15]
à mon père. J'ai, grâce à Dieu, une petite fortune qui est

toute à votre service; vous prendrez, quand il vous plaira,

cinq cent mille francs chez mon notaire, vous direz que

cette somme appartient à votre neveu, et elle lui appartient

en effet; ce n'est point un présent que je veux lui faire,

[20]
c'est une dette que je lui paye, car je suis cause de la ruine

de Croisilles, et il est juste que je la répare. Mon père ne

cédera pas aisément; il faudra que vous insistiez et que

vous ayez un peu de courage; je n'en manquerai pas de

mon côté. Comme personne au monde, excepté moi, n'a

[25]
de droit sur la somme dont je vous parle, personne ne

saura jamais de quelle manière elle aura passé entre vos

mains. Vous n'êtes pas très riche non plus, je le sais, et

vous pouvez craindre qu'on ne s'étonne de vous voir doter

ainsi votre neveu; mais songez que mon père ne vous

[30]
connaît pas, que vous vous montrez fort peu par la ville,

et que par conséquent il vous sera facile de feindre que

vous arrivez de quelque voyage. Cette démarche vous


coûtera sans doute, il faudra quitter votre fauteuil et

prendre un peu de peine; mais vous ferez deux heureux,

madame, et, si vous avez jamais connu l'amour; j'espère

que vous ne me refuserez pas.


[5]
La bonne dame, pendant ce discours, avait été tour à

tour surprise, inquiète, attendrie et charmée. Le dernier

mot la persuada.


--Oui, mon enfant, répéta-t-elle plusieurs fois, je sais

ce que c'est, je sais ce que c'est!


[10]
En parlant ainsi, elle fit un effort pour se lever; ses

jambes affaiblies la soutenaient à peine; Julie s'avança

rapidement, et lui tendit la main pour l'aider; par un

mouvement presque involontaire, elles se trouvèrent en

un instant dans les bras l'une de l'autre. Le traité fut

[15]
aussitôt conclu; un cordial baiser le scella d'avance, et

toutes les confidences nécessaires s'ensuivirent sans peine.


Toutes les explications étant faites, la bonne dame tira

de son armoire une vénérable robe de taffetas qui avait

été sa robe de noce. Ce meuble antique n'avait pas moins

[20]
de cinquante ans, mais pas une tache, pas un grain de

poussière ne l'avait défloré; Julie en fut dans l'admiration.

On envoya chercher un carrosse de louage, le plus beau qui

fût dans toute la ville. La bonne dame prépara le discours

qu'elle devait tenir à M. Godeau; Julie lui apprit de quelle

[25]
façon il fallait toucher le coeur de son père, et n'hésita pas

à avouer que la vanité était son côté vulnérable.


--Si vous pouviez imaginer, dit-elle, un moyen de

flatter ce penchant, nous aurions partie gagnée.


La bonne dame réfléchit profondément, acheva sa

[30]
toilette sans mot dire, serra la main de sa future nièce,

et monta en voiture. Elle arriva bientôt à l'hôtel Godeau;

là, elle se redressa si bien en entrant, qu'elle semblait


rajeunie de dix ans. Elle traversa majestueusement le

salon où était tombé le bouquet de Julie, et, quand la

porte du boudoir s'ouvrit, elle dit d'une voix ferme au

laquais qui la précédait:


[5]
--Annoncez la baronne douairière de Croisilles.

Ce mot décida du bonheur des deux amants; M. Godeau

en fut ébloui. Bien que les cinq cent mille francs lui

semblassent peu de chose, il consentit à tout pour faire de sa

fille une baronne, et elle le fut; qui eût osé lui en contester

le titre? A mon avis, elle l'avait bien gagné.


FIN





NOTES


The full-face figures refer to the pages; the ordinary figures refer to the lines.

PROSPER MÉRIMÉE

Paris, 1803-Cannes, 1870

Mérimée was at first identified with the Romantic movement, but his hatred of exaggeration and his cynicism caused him to turn to a simpler manner. His clear, concise narrative style and his objective manner of treatment, combined with a grasp of human character, pathos, delicate analysis, satire and an ability to portray local color and to omit non-essentials may be said to be his chief characteristics. His test work is seen in the short stories and in the nouvelles.

Important works (the dates refer to the year of publication): Théâtre de Clara Gazul (1825), La Jacquerie (1828), Chronique du Règne de Charles IX (1829), Nouvelles (including: Tamango, Colomba, Vénus d'Ille, and other shorter stories; from 1830 to 1841), Carmen (1847), Lokis (1869), Dernières Nouvelles (1873); besides works on travel, history, archeology, literature and translations (especially from the Russian). L'Enlèvement de la Redoute was written in 1829 (for La Revue Française) and Le Coup de Pistolet in 1856 (for Le Moniteur).

Edition: Calmann Lévy.

Criticism: Advanced students should consult Lanson, Histoire de la littérature française (Hachette, Paris); others may consult Wright's History of French Literature (Oxford Press). Bibliographies may be found in both of these works, further details can be found in the special bibliographies published by Lanson and by Thieme.

L'ENLÈVEMENT DE LA REDOUTE

1.--1. un militaire de mes amis. Compare un de mes amis, a friend of mine; un mien ami also occurs in popular style. Mérimée refers to Henri Beyle (Stendhal), French novelist and soldier under Napoleon, by whom this story was related to him (1783-1843).

8. après avoir lu. Note the use of the perfect infinitive, not the present, after après.

9. général B * * *. General Berthier, Major-General of Napoleon's army which invaded Russia; he became Prince and Marshal of France (1753-1815).--il changea de manières. De is used after changer when the object is changed for another of the same kind (if the object is preceded by a modifier, such as a possessive pronoun, changer alone is used).

15. sa croix. The cross of the Legion of Honor; the cross is not usually worn, but in its stead a small bow of ribbon.

21. école de Fontainebleau. The reference is not to the present military school (artillery and engineers) at Fontainebleau, which was founded in 1871, but to the school which was moved from there to Saint-Cyr in 1806, and which corresponds to the school at West Point in the United States.

2.--5. Cheverino. «Le 5 septembre un combat se livra pour la possession d'une redoute russe sur le tertre de Chévardino, et fit perdre aux Français 4 ou 5000 hommes, aux Russes 7 ou 8000. Il annonçait du moins que les Russes avaient pris position et se disposaient, pour sauver leur capitale, à livrer bataille.» Lavisse et Rambaud, Histoire générale du IVe siècle à nos jours, vol. IX, p. 787. The battle of Borodino, known also as the battle of the Moscova, was fought two days later, September 7, 1812, and Napoleon arrived at Moscow on September 14. On account of the other references in the text to Napoleon the following note may be found convenient.--Born in Corsica in 1769, he first distinguished himself by driving the English from Toulon (1793). He became General-in-Chief of the Army of Italy, and won the celebrated battles of Arcola (1796), Rivoli (1797), etc.; became First Consul in 1799 and Emperor in 1804; victor in the battles of Austerlitz (1805), Iéna (1806), Eylau (1807), Friedland (1807), Wagram (1809), he became the ruler of western Europe. He led the Grande-Armée into Russia in 1812-1813, and never recovered from this disastrous campaign. Europe rose against him; he was deposed in 1814 and sent to the Island of Elba, whence he escaped to France in 1815 and ruled, during the Hundred Days, until he was finally defeated at Waterloo, June 18, 1815. Banished to Saint Helena, he died there in 1821.

12. auprès duquel. Auprès de expresses a relation nearer than that expressed by près de.

14. il en coûtera bon. En is often added to coûter when the latter is used impersonally.

3.--5. la fatigue l'avait emporté. In this idiom the pronoun refers to an unexpressed noun (prix, choix, etc.).

25. aussitôt que l'ordre...eut été donné. The past anterior is a literary tense; it is used to express completed action after certain temporal conjunctions and à peine...que, also with encore, plus tôt, sitôt, when they are negative and followed by que and when the period of time is mentioned (il eut bientôt fait son devoir); in all these cases the pluperfect is used if the action is repeated. The past anterior is not used in conversation.

30. éprouvasse. The imperfect subjunctive is a literary tense and is to be avoided in conversation; it may be so avoided by using the present subjunctive and thus violating the rule for the sequence of tenses or by using a circumlocution (particularly obnoxious to a Frenchman's ear are all the forms of this tense in the first conjugation, except the third person singular).

4.--4. madame de B * * *. Possibly Mérimée was thinking cf his friend Madame la comtesse de Beaulaincourt, with whom he corresponded. The Revue des Deux Mondes (August 15, 1879) published a collection of eleven letters written to her by Mérimée (see also Filon, Mérimée et ses Amis, 2e éd., Paris, 1909). More probably he refers to Madame de Boigne, who lived in the street mentioned; he used to read his stories in her Salon.

7. en voir de grises. For the use of a feminine adjective referring to no expressed noun compare: j'ai échappé belle, I had a narrow escape; il se remit à courir de plus belle, he began to run harder than ever, etc. The feminine adjective in such phrases cannot always be explained by saying that manière, occasion, chose, etc., have been omitted. Similar phrases occur in Italian, Spanish, Old French and Romanian. Meyer-Lübke, Grammaire des langues romanes, vol. III, § 88, suggests res, causa, or a similar substantive as omitted in the primitive Latin construction. In certain French phrases the reference seems to be to balle, an expression borrowed from play--donner la balle belle, then la donner (or bailler) belle à quelqu'un, to impose on anyone.

30. ajouta-t-il. The letter t which occurs in such interrogative forms is not introduced for the sake of euphony, nor is it a survival of the Latin t of the third person. It arose by analogy with such forms as est-il, sont-ils, donnent-ils, where the letter forms a part of the verb.

6.--7. au travers de. Au travers should always be followed by de, à travers should never be followed by de; the meaning is the same in each case.

18. que je l'entendis prononcer. Although the second verb has an object, the object of entendre need not be in the indirect form; with faire in this construction the object of faire must be Indirect.

7.--1. je n'ai presque plus. Notice that presque is placed between plus (pas, rien, etc.) and the verb.

26. le général C * * * va vous faire soutenir. Vous is the object of soutenir, but in this construction the pronoun object of the second verb is regularly placed in front of faire. General Compans was in command of two regiments at the assault of the Redoubt, he was one of Napoleon's distinguished generals; he was made a prisoner at Waterloo and afterwards became a peer when the Bourbons were restored (1767-1845).



LE COUP DE PISTOLET


8.--19. je ne sais quel. Note the omission of pas in this phrase which stands for quelque; note also the omission of pas after savait in the next sentence (see also note to p. 201, 1. 13).

9.--18. personne... n'eût fait. The imperfect and the pluperfect subjunctive sometimes occur in conditional sentences contrary to fact, but only in literary style.

22. lui demandait-on s'il s'était battu, il répondait... que oui. Si is avoided in the first clause by means of inversion, otherwise two successive clauses introduced by si would occur; que is used before oui because oui substitutes a clause (il s'était battu); notice that no elision occurs before oui.

31. tous. When tous is used without a following noun, s is Pronounced.

12.--14. celui-là. The meaning here is "still another" or "a third."

25. précipitamment. This is not an exception to the rule that -ment is added to the feminine form of the adjective to form the adverb; adjectives having only two terminations in Latin, that is, those that had the same form for the masculine and feminine (grandis, etc.) had the same form for both the masculine and feminine in Old French; précipitant is both masculine and feminine in Old French and becomes with the addition of -ment précipitamment by assimilation (see also note to p.87, l. 17).

13.--4. il la fit partager à toute la compagnie. Compagnie is the direct object of fit.

14.--1. R... Mérimée uses both this form of abbreviation and the form which occurs on p. 1, l .9 (cf. also p. 17, l. 26). 16.--7. de n'avoir pas. Pas is usually placed before the infinitive.

18.--12. dépit... des pires. Mérimée tries to reproduce a Russian pun by means of a play on these words. He gives the following note: «Il y a, dans le russe un jeu de mots impossible à traduire: sdelatsa pianitseiou s'goria, t. c. samym gorkim pia nitseiou.»

20.--24. il y a bien quatre ans que je n'ai touché. Note that while pas is omitted in this phrase it is used below (p. 21, l. 27) in voilà cinq ans que je n'en ai pas eu; compare also: il y a cinq ans que je me mariai (p. 22, l. 18), where there is no negative idea.

21.--10. prendre son verre d'eau-de-vie avant la soupe. Mérimée gives the following note: «C'est l'usage en Russie de prendre de l'eau-de-vie un peu avant le diner.»

22.--6. serait-ce vous. The conditional here expresses uncertainty; it should be rendered in English by "could" not by "would."

24.--14. reviens-nous. Note the use of the indirect object (instead of à nous) with a verb of motion.



GUY DE MAUPASSANT

Miromesnil (Seine-Supérieure), 1850-Paris, 1893

De Maupassant was a godson and disciple of Flaubert, thus his name is closely connected with the Naturalistic School, which goes back to Madame Bovary, Flaubert's masterpiece. The leading writers of this school are: Flaubert, the de Goncourt brothers, Daudet (only in portions of his work), Zola and Maupassant. Maupassant is known as a writer of short stories and as a novelist. His work is at times pessimistic and morbid, in this respect he represents the worst side of the Naturalists; he had, however, a remarkable power of observation and the "saving gift of irony," and was a master of style, the chief characteristics of which are strength and simplicity. In the artistic composition of the short story he is probably unsurpassed. Important works: Des Vers (1880), Une Vie (1883), Bel Ami (1885), Mont Oriol (1881), Pierre et Jean (1888), Fort comme la Mort (1889), and especially several collections of Contes.

Edition: Havard, 9 vols.; Ollendorff, 8 vols.

LA MAIN

27.--20. qu'entourent partout de hautes montagnes. Note the inversion in the relative clause.

28. ce terrible préjugé corse. Compare Mérimée's Colomba.

28.--10. on prétendit que c'était. Prétendre, "to maintain," has the construction of a verb of saying, prétendre, "to require" or "to insist on," takes the subjunctive.

29.--6. qui fumait. Note the relative clause where in English the participle would be used.

11. cette pays, cette rivage. Illustrations of the frequent mistakes in gender made by the English.

17. j'avé ...bôcoup. Illustrations of the errors made by the English in pronouncing French vowels; avais is pronounced avè and eau in beaucoup should not be drawled; this latter remark applies generally to French vowels. (l. 24) represents the failure to nasalize; c'été (for c'était, l. 24) illustrates the error mentioned in regard to avais; une drap japonaise (p. 30, l. 2), wrong gender; ma (p. 30, l. 17) for mon; c'été, vené, avé (11. 17, 18), illustrate mistakes already mentioned; arraché la peau, that is, la peau avait été arrachée; une caillou coupante, wrong gender; aoh, represents the English tendency to diphthongize simple vowels; très bonne pour moi, cette = c'est une très bonne chose pour moi; je été (l. 30) for j'étais or j'ai été.


UNE VENDETTA

37.--13. revenir, retourner. These words are not synonymous.

39.--5. pour la lui entrer dedans. Entrer is here transitive; it is used intransitively in the preceding paragraph.

26. dès qu'elle apercevait. The imperfect is used to express the repetition of the action; this and the following paragraphs offer good material for a study of the use of tenses.


L'AVENTURE DE WALTER SCHNAFFS

41.--1. l'année d'invasion. The reference is to the Franco-Prussian War of 1870-1871. This war was largely brought on through The instrumentality of Bismarck, who went so far as to falsify French telegrams; it resulted in the defeat of France and the loss of the Alsace-Lorraine territory. The French Emperor, Napoleon III, was overthrown and the present Republic was established.

9. il aimait se lever tard. Aimer, except in poetry or unless used colloquially as in this instance, is usually followed by the infinitive with à; sometimes it is followed by the simple infinitive,. in this case it is usually in the conditional or it is accompanied by certain adverbs (mieux, autant, bien, assez, etc.); it may even be followed by the infinitive with de when the infinitive gives the cause (je vous aime d'avoir fait cela).

46.--21. des petites bêtes. In familiar style, or when the words form really only one idea, partition is expressed by de and the article even when an adjective precedes the noun.

47.--16. on aperçut l'ennemi. Apercevoir refers especially to the sense of sight, s'apercevoir de to a mental process (il s'aperçut de son erreur).

48.--4. cessèrent. Note the plural verb though the singular subjects are not connected by et.

17. mangeaille, -aille is a derogatory suffix; the force of the various French suffixes, to which little or no attention is paid in the ordinary French grammars, may be seen in the Dictionnaire général, vol. l, pp. 43 ff. and pp. 48 ff.; also in Ayer, Grammaire comparée de la langue française (4th edition), pp. 300 ff.

49.--25. mon colonel. The possessive pronoun is used by French soldiers in addressing superior officers.


TOMBOUCTOU

63.--12. bonjou. The letter r is as difficult for Tombouctou as it is for the negroes in the Southern States. Tombouctou's language is like the Pidgin-English used in the Orient, he pays no attention to syntax, but puts his verbs in the first conjugation and in the> infinitive, that is, he knows only one form of the verb (aimé, cherché; reconné, etc.); the mistakes will be easily seen (Bézi, p. 53, l. 18, is for Bézières; Empéeu, p. 54, l. 7, is for Empereur; gives and capules, p. 57, l. 11, are for grives and crapules; povisions, p. 58, l. 3, for provisions, etc.); gadé, pésonne = garder, personne (p. 60, l. 5); pati, p. 60, l. 21, is for parti, one verb which he does not put in the first conjugation; moi fait mangé colonel, that is, he was the colonel's cook; Algéie, for Algérie.


EN MER

64.--13. faut couper. Popular omission of the subject pronoun.

19. coupe pas. An example of the popular omission of ne.--je vas, for je vais; the first person is formed on analogy with the second and third (vas, va).

66.--13. iau. Dialectic for eau.

19. drait. Dialectic (Norman) for droit; this peculiarity may be seen in Canadian French, which is partly Norman in origin; the Latin i and ë became in Old French ei, this sound developed in Modern French into oi, but the Norman dialect retained the Old French sound (represented here by ai).

23. aiguë. Note the diaeresis, which indicates that u is pronounced in this word.

67.--3. à c't'-heure. For à cette heure, a popular phrase for maintenant; this also illustrates the popular tendency to slur over syllables and to omit completely the pronunciation of mute e.

11. j'pourrions t'y point. For ne pourrais-je point? The uneducated often use the first person plural with je; t'y (sometimes written ti and il) represents the interrogative particle also used by the uneducated, it arose by analogy with the sound of the final syllable in such phrases as est-il?, sont-ils?

68.--17. il était regardant à son bien. Compare the English construction: "he was looking after his property"; this use of the French present participle is incorrect.


LES PRISONNIERS

70.--21. tous, boulangers, épiciers, etc. The French are fond of ridiculing these classes of tradespeople, particularly the épiciers, the notaires and the pharmaciens; such soldiers would be far from the martial type.

72.--5. sept~huit. For sept ou huit; v'là, for voilà, illustrates the popular tendency to slur over syllables.

13. oufrez. For ouvrez; the Germans in speaking a foreign language confuse voiced and unvoiced consonants, that is, b, d, g, j, v, become p, t, c, ch, f, and vice versa; these errors will be easily detected (ché = j'ai; manché = mangé, etc.).

73.--6. Un brave homme. Compare un homme brave; adjectives having secondary meanings precede their nouns when they have the figurative meaning and follow when the literal meaning occurs.

7. fous nous ferez à mancher. That is, vous nous ferez manger or vous nous donnerez à manger.

74.--6. c'est les loups. Popular for ce sont les loups. 12. ché. For je.

77.--11. entre eux. Note that there is no elision with entre except in compound verbs (entr'ouvrir, etc.).

32. qué qui font. For qu'est-ce qu'ils font (il and ils are often pronounced i even by the well educated).

78.--14. pi is for puis, t'as, for tu as; the other errors have already been noted.

80.--25. Potdevin. Note de Maupassant's choice of names (cf. Maloison, etc.).

83.--21. médaille militaire. See note to p. 195, l. 24.


LE BAPTÊME

85.--3. les femmes, c'est jamais prêt. A further example of the popular omission of ne and of the use of a singular verb instead of the agreement of the verb with the real subject.

5. qui avait appelé le premier. Le premier is in apposition to qui.

7. all' viendront point. All' represents the vulgar pronunciation of elles with the tendency to omit completely the mute e; the omission of ne has already been noted.

27. sage-femme. Compare femme sage, and notice the importance of the correct position of the adjective.

86.--29. le sel symbolique. Used in the Catholic christening ceremony.

87.--10. m'sieu. A further example of the slurring over of syllables by the uneducated (qu' for que, m' for me, vot' for votre, Etc.).

12. dans les estomacs. That is, dans l'estomac, the plural may be by analogy with les entrailles.

17. grand'mères. Etymologically the apostrophe is an error. The adjective grand had no distinct feminine form in Latin (grandem) nor in Old French (grant), consequently no e has been omitted; the feminine form of Modern French (grande) is due to analogy with feminine adjectives where e represents a Latin a (bonne, from bona, etc.), the form grand' is merely a preservation of the Old French form; cf. grand'rue, main street, grand merci, I thank you kindly (where the apostrophe is not written), also such adverbs as prudemment, précipitamment, etc. (see also note to p. 12, l. 25).


TOINE

90.--2. Toine-ma-Fine. A further illustration of de Maupassant's choice of proper names. 24. bé, pé. is for boire, for Père, illustrating the dialectic omission of r and the Norman pronunciation of oi (see note to p. 66, l. 19).

91.--7. arrondissement. See note to p. 176, l. 15. 32. qu'al'est. For parce qu'elle est (see note to p. 85, l. 7).

92.--1. i for il (see note to p. 77, l. 32).

29. c'qu'arrivera. For ce qui arrivera, notice the incorrect use of que as subject (no elision would occur with qui).

93.--4. la mé. The article may be used in familiar or disrespectful address (for la mère).

94.--23. . For toi (see note to p. 66, l. 19); compare also mé for moi (l. 25); c'est-il, incorrect for est-ce que (see also note top. 67, l. 11).

95.--1. pu. For plus.

6. guètez. For guettez; in the same sentence both y and i represent il (see note to p. 77, l. 32).

96.--16. li. For lui.

23. a. For elle (see note to p. 85, l. 7).

28. pourqué. For pourquoi; pisque (l. 29) for puisque.

97.--6. qué que tu veux. For qu'est-ce que tu veux.

32. quasiment t'une lourdeur. t' here shows that a liaison has been made. The question of liaison is difficult for a foreigner, some book on pronunciation (such as Geddes, French Pronunciation, Oxford Press) should be consulted.

98.--1. on entendit entrer. Notice that the indefinite subject of the infinitive is omitted.

18. un lapin qui bat du tambour. An allusion to the drumming of rabbits.

23. il dut couver, il dut renoncer. The past definite of certain verbs expresses accomplishment, "he had to do it and he did it"; devait would not express the accomplishment of the action.

100.--31. qué. For quel.

101.--3. combien qu'i en a. For combien qu'il y en a, that is, combien y a-t-il?

5. cette famille nouvelle. When nouveau is placed after the noun, it means "recently appeared," not "other"; nouveau should also be distinguished from neuf, which means "unused" and follows its noun.

11. son enveloppe. The use of son before a feminine noun beginning with a vowel arose by analogy with bon: bon ami, bonne amie, therefore son ami, son amie.


LE PÈRE MILON

103.--4. la guerre de 1870. See note to p. 41, l. 1.

105.--14. tretous. A dialectic survival of an Old French form (in Old French trestot, trestout, etc., are at times used for tout, etc.; the word is derived from très and tout).

28. qu'il était. The uneducated are fond of introducing que in phrases where it is unnecessary. Other dialectic peculiarities in this paragraph which have not been noted are: pu de chinquante for plus de cinquante, the Picard dialect resembles the Italian in the pronunciation of the soft c, on the other hand the French ch is pronounced in the Picard dialect as hard c (k), vache becoming vaque; itou is another instance of a dialectic survival of an Old French word (in Old French itel, "such, similarly, also," occurred, formed on analogy with icel=celui; itel and tel, icel and cel were used without difference of meaning, i is a relic of the Latin ecce originally added to the word for the sake of emphasis); li is for lui. The following errors in syntax occur in this passage: The first sentence should read, Je revenais un soir, alors qu'il était peut-être dix heures, le lendemain après que vous étiez venus (or arrivés) ici. After the phrase, Je me dis, read, Autant de fois qu'ils me prendront vingt écus, autant de fois je leur revaudrai ça. De sorte or a similar phrase should be supplied before qu'il n'entendit, also before qu'il n'a pas seulement dit.

109.--2. pu, pus. Both stand for plus, the spelling of the latter form represents the frequent pronunciation of s in plus when it stands before a pause.

8. l'Empereur premier. For Napoléon Premier.

16. où que. Que is superfluous; after chez mé (l. 17), insert de sorte or de telle façon.

27. le vieux. See note to p. 93, l. 4.

32. toute coupée. In this construction tout does not take the feminine form if the following adjective begins with a vowel (tout ancienne, etc.).


ALPHONSE DAUDET


Nîmes, 1840--Paris, 1897

Daudet has given the impressions and the experiences of his early life in the two volumes with which he established his reputation: Le Petit Chose and Lettres de Mon Moulin; in the former he describes the struggles of his boyhood, and in the latter the customs and legends of his native Provence. The books which he published later are of a different character, marked by the influence of the Naturalistic School, but unlike the other members of this school, he was endowed with a spontaneous, sympathetic nature, which enabled him to feel what he described. Thus while de Maupassant describes with the greatest art what he observes, Daudet sympathetically describes what he observes and feels. He had too much originality ever to come completely under the influence of the Naturalists. His short stories usually deal with some incident of the Franco-Prussian War (Le Siège de Berlin, La Dernière Classe, La Vision du Juge de Colmar, etc.) or with life in the Midi (Lettres de Mon Moulin). Le Curé de Cucugnan and Le Sous-Préfet aux Champs are taken from Lettres de Mon Moulin (1869), the remaining three stories of the collection are taken from Contes du Lundi (1873). His best novels are given in the following list; in these he has often been compared with Dickens and Thackeray.

Important works (besides the collections of short stories mentioned): Les Amoureuses (verse, 1858), Le Petit Chose (1868), Aventures Prodigieuses de Tartarin de Tarascon (1872), L'Arlésienne (drama, 1872), Fromont Jeune et Risler Aîné (1874), Jack (1876), Le Nabab (1877), Les Rois en Exil (1879), Numa Roumestan (1881), L'Évangéliste (1883), Sapho (1884), Tartarin sur les Alpes (1885), La Défense de Tarascon (1887), L'Immortel (1888), Port Tarascon (1890).

Edition: Flammarion, 13 vols. (illustrated); Charpentier, Dentu, Hetzel and Lemerre have each published portions of his work.


LE CURÉ DE CUCUGNAN

This story is an almost literal translation of Lou Curat de Cucugnan, a Provençal story by Roumanille, published by him under the pseudonym of Lou Cascarelet in the Armana prouvençau (Provençal Almanac) in 1867 (Daudet was in Provence during this year). This Almanac was first published in the year 1855, a little after the foundation of the Félibrige (May 21, 1854). The Félibrige was a brotherhood of modern Provençal poets, its purpose was to revive Provençal as a literary language; the word Félibrige is of unknown origin, it comes from an obscure word found by Mistral in a Provençal text; the members of the brotherhood, which later became a great literary society, were called félibres; the brotherhood was originated by Roumanille, who was followed by a more celebrated poet, Mistral, and five other poets, Aubanel, Brunet, Camille Raybaud, Mathieu and Félix Gras. In regard to the Armana prouvençau, the following quotation from an article by Mistral in Les Annales politiques et littéraires, May 13, 1906, will give an idea of the type of this Almanac: «Et sans parler ici des innombrables poésies qui s'y sont publiées, sans parler de ses Chroniques, où est continue, peut-on dire, l'histoire du Félibrige, la quantité de contes, de légendes, de sornettes, de facéties et de gaudrioles, tous recueillis dans le terroir, qui s'y sont ramassés, font de cette entreprise une collection unique. Toute la tradition, toute la raillerie, tout l'esprit de notre race se trouvent serrés là-dedans.» The dialects of France fall into two great classes: the Langue d'oïl, in the north, and the Langue d'oc, in the south (oïl is the old> northern form for oui, oc the southern form). The difference really dates from Roman colonization, which occurred on the Mediterranean some seventy-five years before Caesar conquered northern Gaul (59--5l B.C.). Provençal is one of the principal dialects of the southern group; during the eleventh, twelfth and thirteenth centuries (prior to the Albigensian crusade) it was, at least in lyric poetry, the most important literary language of France. Because of political and literary superiority, the language of Paris, or of the Île-de-France, became the general literary language of France. The dialects, however, still live on, and Provençal has, as described above, been somewhat revived as a literary language by the efforts of Mistral and the other poets of the Félibrige. Many scholars regard the characteristics of the territory embraced by the modern departments of Loire, Rhône, Isère, Ain, Savoie, the old province of Franche-Comté and a part of Switzerland as sufficient to form a third group of dialects known as Franco-Provençal. The dividing line between the Langue d'oc and the Langue d'oïl passes approximately from the mouth of the Gironde to the Alps by way of Limoges, Clermont-Ferrand and Grenoble.

111.--1. à la Chandeleur. The article in such constructions is usually explained as equal to la fête de; it should be noticed, however, that in Old French a substantive frequently occurred in the oblique without a preceding de, the construction being equal to the Latin genitive, no preposition having been used (the phrase is thus literally: "on that of Candlemas").

2. en Avignon. En is not now used with cities except in ironical imitation of Provençal style (see Brunot, Précis de grammaire historique de la langue française, sec. 496, 2) or as a poetic and archaic survival of the usage of the seventeenth century, un joyeux petit livre. The Armana prouvençau.

112.--3. quel bon vent. The verb is to be supplied (quel bon vent vous amène?).

4. le grand livre et la clef. Cf. Matthew xvi, 19 and Revelation xx, 12.

11. disons-nous. Here = vous dites.

27. faites que je puisse. Faire in the imperative is followed by the subjunctive, elsewhere by the indicative (c'est ce qui fait que cela va mal), but notice that faites attention takes the indicative (faites attention qu'il est là).

114.--19. je n'ai pas entendu chanter le coq. See Matthew xvi, 34 ff.

116.--9. en l'air. En is never used before les; it is rarely used before the singular definite article, when it is so used the article is usually elided. In those cases where en is not used, dans takes its place; en was more frequently used in former times, it is now largely limited to fixed phrases. The following distinctions should also be observed: je ferai cet ouvrage en deux jours (two days will be required), je ferai cet ouvrage dans deux jours (after two days have elapsed).

117.--7. rang par rang... quand on danse. As in the dance called the farandole, where a number of people join bands and dance in a long line.

16. le meunier. The French have always ridiculed the millers; cf. the proverb: il n'y a rien de plus hardi que la chemise d'un meunier, parce qu'elle prend, tous les matins, un fripon au collier; also, il s'est fait d'évêque meunier, said when one bas fallen from a good position to a poorer one.

118.--4. le. This pronoun does not refer to histoire, but to all that has been told. This paragraph has not been added by Daudet, but occurs in the Provençal version.


LE SOUS-PRÉFET AUX CHAMPS


121.--26. de plus belle. See note to p. 4, l. 7.



LE PAPE EST MORT


123.--1. une grande ville de province. Daudet was born at Nîmes, his father was a wealthy manufacturer of silk handkerchiefs, the father lost his money and moved to Lyons when Alphonse was nine years old, it was here that the boy went to school and it is this city that is described in the story.

2. très-encombrée. The hyphen is now omitted after très.

125.--32. j'avais beau revenir. Littré explains this idiom as follows: «Avoir beau, c'est toujours avoir beau champ, beau temps, belle occasion; avoir beau faire, c'est proprement avoir tout favorable pour faire. Voilà le sens ancien et naturel. Par une ironie facile à comprendre, avoir beau a pris le sens d'avoir le champ libre, de pouvoir faire ce qu'on voudra, et, par suite, de se perdre en vains efforts.»

127.--13. Pie VII. Pius VII was imprisoned by Napoleon (l'empereur, l. 16) at Fontainebleau from 1812 to 1814; the words comediante... tragediante were used by Napoleon to the Pope and by the Pope to Napoleon.


UN RÉVEILLON DANS LE MARAIS


130.--23. vieux, vieux. The .repetition of an adjective for emphasis is much more common in Italian than in French.

132.>--3. une Diane... avec un croissant au front. A conventional manner of representing the goddess.

4. triolets. In versification this name (triolet) is given to a poem of eight lines, of which the first is repeated after the third, and both the first and second after the sixth, it is a development of the Old French rondeau; in music, as it is here used, the name is given to a group of three notes which, in a measure of 3/4 time, produces the effect of 6/8 time.


LA VISION DU JUGE DE COLMAR


134.--1. l'empereur Guillaume. William I, King of Prussia in 1861 and Emperor of Germany from 1871 to 1888; it was during his reign that the Franco-Prussian War occurred.

17. restez assis. In France the judges hold office for life (magistrature assise), while prosecuting attorneys, etc., may be removed from office by the Minister of Justice (magistrature debout); there is thus a double meaning in restez assis "remain seated" or "remain a judge (for life)"; on condition, of course, that Dollinger renounce his allegiance to France and take the oath of allegiance to Germany.

26. le même grand christ. Used in administering oaths, the person who took the oath raised his right hand toward the crucifix.

136.--4. aussi n'avancent-ils. Notice that aussi here means "therefore" and that it causes inversion (this occurs also with à peine, encore, peut-être, ici, là, etc.).

137.--5. des robes noires, des robes rouges. The former are worn by the judges in the lower courts, the latter by the judges in the courts of appeal.

6. président. The French Department of Justice is now constituted as follows. The Department has at its head a Cabinet Minister (Ministre de la Justice) and it comprises a civil and a criminal jurisdiction. In each canton is a justice of the peace, in each department a civil court, and in sixteen important cities a court of appeal. Criminals are tried in each department in a court of assize, before a jury of citizens and judges of whom the presiding judge is termed the président and the assistant judges conseillers assesseurs. Above all courts is the Court of Appeal (Cour de Cassation, in the Palais de Justice at Paris); this court is charged with looking after the strict observance of the Laws.

138.--24. monsieur le comte. Bismarck was given the higher title of Prince in 1871.



ERCKMANN-CHATRIAN


Émile Erckmann, Phalsbourg, 1822--Lunéville, 1899.
Alexandre Chatrian, Soldatenthal, 1826--Villemombles, 1890

Most of the literary work of these two men was done jointly, hence their hyphenated signature. Erckmann did most of the writing, Chatrian most of the editing and adapting for the stage. Their work consisted of short stories, novels and plays, particularly with scenes laid along the Franco-German (Alsatian) frontier, where they were both born. Their stories usually deal with incidents of the French Revolution, the Empire of Napoleon l and the Franco-Prussian War; they attacked war, and their stories are generally of a fantastic or idyllic type.

Important works: Madame Thérèse (1863), Histoire d'un Conscrit de 1813 (1864), L'Ami Fritz (1864, their best known novel), Le Juif Polonais (1869, their best known play, known in English as The Bells), Les Rantzau (1882, a play), and several collections of Contes. The Montre du Doyen is from the Contes Fantastiques (1860).

Edition: Most of their work has been published by Hetzel.



LA MONTRE DU DOYEN


141.--2. bourgmestre. This title is not applied to French mayors, but to those of Belgium, Holland, Switzerland, Germany, etc.

142.--13. plus d'une demi-lieue. The use of de instead of que, "than," occurs before numerals and is a survival of the Old French construction, which employed de (than) generally after a comparative (cf. the more general use of di in this sense in Italian).

27. grand concerto. Incorrect in Italian, where grande is usually written gran before a word beginning with a consonant (except s followed by another consonant); before a vowel grand' is used (grand'impero, great empire).

29. théologiens... philosophes. A playful reference to the students of Heidelberg University.

145.--10. jusque passé minuit. Note that jusque and not jusqu'à is here used; besides a following preposition (jusque sur, etc.), certain following adverbs may have the same construction (jusqu'ici, jusque-là, jusqu'aujourd'hui, etc.).

20. ce disant. A survival of the Old French construction where ce could be used as object without a noun. In modern French ce is usually either an adjective pronoun or it is the impersonal subject of a verb or it is the antecedent of a relative; the other uses have been taken over by ceci and cela. Another similar construction is sur ce, used by sovereigns in closing letters.

148.--8. que. To avoid repetition of comme.

149.--14. soit. The tendency, although usage varies, is to pronounce the t in this exclamation.

23. comme tu voudras. Note the tense, a polite future, where in English the present would be used; notice also, the tense on p. 148, l. 18.

153.--15. et toute la salle de rire. An example of the historical infinitive, which expresses the sudden result of a preceding action and is accompanied by a new subject.

28. plus qu'un. Notice the difference between this phrase and plus d'une (p. 142, l. 13).

161.--29. pas un d'entre eux. Note the insertion of entre; when spoken, un d'eux would not be clear; note also that entre suffers no elision (see note to p. 77, l. 11).

164.--14. après boire. An example of the present infinitive used after après (cf. il est parti après avoir bu un verre d'eau).

167.--6. à peine eus-je allumé. Note that à peine causes inversion and that it is used with the past anterior (see notes to p. 136, l. 4 and p. 3, l. 25).

168.--29. et que mon histoire vous ait intéressé. When que is used to avoid the repetition of si, the subjunctive is employed.

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