Le Pays de l'Instar
VIII. — Pour faire un voyage d’agrément
— Le Français ne sait pas voyager.
— Il est certain qu’à ce point de vue nos voisins d’outre-Manche nous sont joliment supérieurs.
— Qu’est-ce que vous voulez ? Nous nous trouvons trop bien chez nous.
— Oui, mais ce sont les étrangers qui connaissent le mieux notre pays.
— Sans aller plus loin, voyez ce qui s’est passé en 70.
— Tous les ans, nous nous absentons pendant les vacances.
— On ne peut pas non plus rester toujours chez soi.
— On a quelquefois à sa porte des merveilles que l’on ne soupçonne même pas.
— Il y a de ces petits coins de France qui sont ravissants.
— On se demande vraiment ce que l’on va chercher en Suisse.
— Qu’est-ce qu’il y a de plus joli que toute cette région du plateau Central ?
— Les stations d’eaux sont agréables surtout quand on n’est pas malade.
— Moi, ce que j’aime dans les villes d’eaux, c’est cette société cosmopolite…
— Cette nourriture des hôtels est si fatigante !
— Ce n’est pas tant le chemin de fer qui coûte cher…
— Quand on sait s’organiser avec les billets circulaires…
— Malgré tout, pour peu qu’on ait de la famille, ça chiffre encore vite !
— Naturellement, vous emportez vos bicyclettes ?
— On n’a pas besoin de faire des tours de force comme les professionnels.
— Ce qu’il y a d’agréable surtout avec la bicyclette, c’est de pouvoir se dire : Je veux partir, je pars…
— Un jour viendra où tout le monde aura son automobile.
— La photographie, c’est autre chose.
— Même, si on ne réussit pas très bien, cela fixe des souvenirs.
— L’année prochaine, nous avons l’intention d’aller au bord de la mer.
— Ah ! la mer… c’est encore le spectacle dont on se lasse le moins !
— Moi, je resterais des heures au bord de la mer, sans avoir besoin de penser à rien.
— Cependant certaines personnes préfèrent la montagne.
— Très beau, la montagne, mais je trouve cette beauté un peu monotone.
— Et puis ce sont des choses qui se sentent, mais qui ne se discutent pas.
— Le mieux serait d’avoir, à la fois, la mer et la montagne.