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Le Pays de l'Instar

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II. — Pour rendre les premières visites

— Monsieur est sans doute le nouvel inspecteur des contributions ?…

— Nous étions dans les meilleurs termes avec votre prédécesseur, quel homme charmant !

— Je sais que je prends une succession difficile.

— Il est certain qu’il sera très regretté…

— C’est ce que tout le monde veut bien nous dire.

— Quel dommage que sa pauvre petite femme était toujours malade !…

— Je crois que l’air du pays ne lui convenait pas.

— Pourtant on s’acclimate généralement ; — vous êtes en famille ?

— Nous avons eu le malheur de perdre un petit garçon…

— Ah !…

— Et vous êtes complètement installés dans la maison Taupin ?

— C’est bien difficile pour trouver exactement ce qu’on voudrait…

— Nous avons beaucoup de meubles : la bibliothèque de mon mari…

— Trois déménagements valent un incendie.

— C’est l’ennui de cette vie de fonctionnaires…

— Ne m’en parlez pas ! — A qui le dites-vous !

— Vous étiez à Gap ? Je me souviens que, quand je me suis mariée, mon mari fut sur le point d’y être nommé…

— A Gap ? Attendez donc : ne connaissez-vous pas là-bas un médecin, qui est conseiller d’arrondissement, qui a deux grandes filles à marier… un nom en eau

— Le docteur Camus ?…

— Précisément ; c’est un bon ami d’Adolphe !

— Voyez, nous nous retrouvons presque en pays de connaissance.

— La ville n’est pas très gaie, mais il y a la montagne.

— La ville n’est pas très gaie, mais il y a la mer…

— La ville n’est pas très gaie, mais il y a la proximité de Lyon…

— D’ailleurs, ce qui fait qu’on s’attache à une ville, ce sont plutôt les relations.

— Quand on peut trouver un petit noyau de gens aimables…

— L’important est de se créer un petit noyau.

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