Nouvelle géographie universelle (1/19): I L'Europe meridionale (Grèce, Turquie, Roumanie, Serbie, Italie, Espagne et Portugal)
PORTO.
Dessin de Taylor, d'après une photographie de M. J. Laurent.
Les populations des hautes provinces n'ont pas le seul privilège de renouveler incessamment le sang des Portugais du Sud et de leurs parents d'outre-mer, ce sont elles aussi qui ont donné son assiette politique à l'État de Portugal. C'est le Porto Cale, situé là où se trouve actuellement le faubourg de Villanova de Gaya, en face de la cité de Porto, qui a donné son nom à l'ensemble de toutes les contrées lusitaniennes; c'est à Lamego, sur les coteaux qui dominent au sud la profonde vallée du Douro, que les Cortes auraient, suivant une tradition plus ou moins justifiée, constitué le royaume de Portugal en 1143; Porto fut d'abord capitale du nouvel État, de même que Braga avait été jadis celle des rois suèves; et quand, après la courte domination des Espagnols, le pays recouvra son indépendance politique, ce furent les ducs de Bragança, dans le Tras os Montes, que l'on désigna pour la royauté. Quoique l'admirable situation de Lisbonne et sa position centrale lui assurent un rôle prépondérant, c'est fréquemment de Porto que part l'initiative, quand un changement considérable se prépare. On a remarqué que le succès des révolutions nationales et les chances des partis dépendent surtout de l'attitude des énergiques populations du Nord. Elles ont leur caractère propre, et n'obéissent point à Lisbonne sans discuter la valeur des ordres; aussi Porto a-t-elle reçu le nom «de cité mutine». Si l'on en croyait les Portuenses eux-mêmes, ils seraient de beaucoup les supérieurs de leurs rivaux les Lisbonenses par l'énergie et la valeur morale; eux seuls seraient les dignes fils de ces Portugais du grand siècle qui parcouraient les mers à la recherche de peuples inconnus; en tout cas, ils se distinguent certainement des habitants de la capitale par une allure plus décidée, une parole plus brève, un regard plus ouvert. Dans le langage populaire, les gens de Porto et ceux de Lisbonne sont désignés par les appellations peu nobles de tripeiros (mangeurs de tripes) et d'alfasinhos (mangeurs de laitue).
Porto ou O Porto, le «Port» par excellence, est la métropole naturelle de toute la Lusitanie septentrionale et la seconde cité du Portugal par son commerce et sa population; par l'industrie, elle se trouve au premier rang. Vue des bords du Douro qui n'a guère en cet endroit plus de 200 mètres, de large, elle se présente superbement en un double amphithéâtre. Ses deux collines sont séparées par un étroit vallon rempli d'édifices, et dominées l'une par la cathédrale, l'autre par le haut et gracieux clocher dos Clerigos (des Prêtres), qui sert de point de reconnaissance aux navires cinglant de l'Océan vers la barre d'entrée. En bas, de larges rues élégantes, tirées au cordeau, de belles places, semblables à celles de toutes les villes modernes de trafic, découpent en rectangles uniformes la ville du commerce et de l'industrie, tandis que, sur les pentes, des rues escarpées et sinueuses, des escaliers même, montent à l'assaut des quartiers élevés; d'ailleurs, la propreté est partout fort grande; la ville tient à mériter par sa bonne tenue les éloges de ses nombreux hôtes venus d'Angleterre. Sur la rive gauche du fleuve s'étend en un long faubourg la ville de fabriques et d'entrepôts, Gaya, dont les celliers contiennent, dit-on, une moyenne de quatre-vingt mille pipes, soit quatre cent mille hectolitres de vin. Sur les bords du fleuve, et sur les terrasses qui le dominent, se prolongent de fort belles promenades, d'où l'on voit se dérouler les admirables perspectives du fleuve et de ses longs méandres, avec les navires qui le sillonnent, et les maisons de plaisance qui reflètent vaguement dans les eaux les faïences bleuâtres de leurs façades. Au loin, sur les collines, se montrent d'anciens couvents, des tours de défense, des villages à demi cachés dans la verdure: telle est, sur un coteau de la rive méridionale du Douro, au sud-est de Porto, la petite bourgade d'Avintes, célèbre par la beauté de ses femmes. Elles apportent chaque jour à la ville la broa ou pain de maïs, qui entre pour une si grande part dans l'alimentation des Portuenses: le pain vient de Vallongo, situé à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Porto.
Du côté de la mer, les deux villes soeurs de Porto et de Gaya se prolongent par des faubourgs dans la direction de l'embouchure, qu'elles atteindront peut-être un jour, si les ressources locales continuent de se développer, et si des voies nouvelles, communiquant avec l'intérieur de l'Espagne, apportent au marché du bas Douro de plus grands éléments de commerce. Malheureusement l'entrée du fleuve est trop peu profonde, et, quand souffle le vent du large, elle est fort périlleuse d'accès. A mer basse, le seuil n'a guère plus de 4 mètres de profondeur; en outre, il n'a qu'une faible largeur et les rochers voisins mettent en péril les embarcations qui le franchissent. Enfin, même dans le fleuve, les navires de quatre à cinq cents tonneaux qui vont s'amarrer aux quais de Porto et de Gaya ont aussi à craindre un danger, celui des crues; après les grandes pluies, quand le fleuve gonflé s'exhausse dans son lit trop étroit, il arrive souvent que les câbles se brisent et que les ancres chassent sur le fond. C'est donc en dépit de grands désavantages que le port du Douro rivalise d'activité avec celui du Tage 210.
La petite ville de São João da Foz, dont la forteresse surveille l'embouchure du fleuve, porte sur sa colline un phare qui en signale les dangers; mais elle n'a point de commerce elle-même: comme ses voisines Mattozinhos et Leça, dont l'ancien couvent fortifié dresse encore son donjon tel qu'il était au douzième siècle, elle est surtout fréquentée à cause de la beauté de ses plages, de la pureté de ses brises marines, du voisinage des forêts de pins: en été, chaque train y amène en multitude les habitants de Porto. Ceux-ci se rendent aussi en grand nombre sur les sables d'Espinho, au sud du fleuve, malgré l'odeur de poisson que répand le village, peuplé de pêcheurs de sardines. Sur les côtes qui s'étendent au nord jusqu'aux frontières de l'Espagne, maint petit havre du littoral doit, comme São João, son mouvement d'affaires bien plus aux visiteurs qui viennent s'y baigner qu'aux embarcations en quête de denrées. Tous les ports de rivière de la Lusitanie du Nord ont encore moins d'eau sur leur barre que n'en a le Douro et par conséquent ne peuvent être les points d'attache que d'un faible commerce de cabotage. Le Minho, dont la passe la plus profonde n'a guère plus de 2 mètres à marée basse, a pour sentinelle portugaise, à son entrée, la petite bourgade fortifiée de Caminha et «l'îlot», ou Insua, remarquable par sa source d'eau vive. La Lima, d'un accès peut-être plus difficile encore, a cependant à son embouchure une ville un peu plus importante que celles du Minho, la coquette Vianna do Castello, si gracieusement nichée dans sa fertile campagne semée de maisons de plaisance. A la bouche du Cávado est un autre petit port, le bourg d'Espozende; puis sur l'Ave, vient la Villa do Conde, à laquelle des chantiers donnent quelque animation. C'est là qu'on lançait naguère ces navires si effilés et si rapides qui servaient à faire la traite des esclaves: lors des grandes expéditions de découverte qui ont illustré le Portugal, les meilleurs bâtiments étaient ceux qu'avaient construits les charpentiers de Villa do Conde.
Parmi les cités situées dans l'intérieur de la province d'Entre-Douro et Minho, on célèbre Ponte de Lima, fameuse depuis les temps anciens par la beauté champêtre de ses paysages, Barcellos, suspendue, pour ainsi dire, aux escarpements qui dominent le Cávado et ses bords si bien ombragés, Amarante, célèbre par ses vins et ses pêches, et fière de son beau pont sur le Tamega; mais les deux villes vraiment importantes par leur population, leur industrie, leur richesse, sont les deux cités voisines de Braga et de Guimarães, toutes les deux admirablement situées sur des hauteurs d'où l'on contemple les plus riches campagnes. Vieille colonie romaine, capitale des Callaïques ou Galiciens, puis des Suèves, résidence des anciens rois de Portugal, devenue, du temps de l'union avec l'Espagne, la ville primatiale de toute la Péninsule, Braga (Bracaraugusta) n'a pas seulement ses grands souvenirs, elle est aussi une place de commerce et d'active industrie; on y fabrique, pour le Portugal, le Brésil, les colonies de la Guinée, des chapeaux, des lainages, des armes, des objets en filigrane d'une forme élégante et pure. Guimarães n'est pas moins curieuse que Braga par ses monuments et ses légendes du moyen âge. On y montre, près d'un porche d'église, l'olivier sacré qui naquit d'un aiguillon planté dans le sol par Wamba, quand il était encore laboureur, sans ambition de royauté; le vieux château qui domine la ville et ses tours est celui où naquit Affonso, le fondateur de la monarchie portugaise. Guimarães est aussi fort industrieuse; elle a des fabriques de coutellerie, de quincaillerie, de linge de table, et les visiteurs anglais ne manquent pas de s'y approvisionner de boîtes de prunes bizarrement décorées. Dans les environs jaillissent des eaux sulfureuses, très-fréquentées, que connaissaient déjà les Romains sous le nom d'Aquae Levae. Les eaux les plus célèbres du pays, las Caldas de Gerez, sourdent dans un vallon tributaire du Cávado, au pied de monts escarpés, couverts de hêtres et de pins.
COÏMBRE.
Dessin de Taylor, d'après une photographie de M. J. Laurent.
Les villes de Tras os Montes, de même que celles de Beira Alta, au sud de la vallée du Douro, se trouvent pour la plupart en des régions trop montueuses et sont trop éloignées des grands chemins de commerce pour avoir attiré les populations. Villa Real, sur le Corgo, est la localité la plus commerçante du Tras os Montes, grâce aux vignobles des environs, et possède de véritables palais; Chaves, près de la frontière d'Espagne, est une ancienne forteresse, ayant gardé, sur le Tamega, un de ces admirables ponts qui ont illustré le siècle de Trajan; elle était célèbre, du temps des Romains, par ses eaux thermales, dont le nom (Aquae Flaviae) est encore, sous une forme corrompue, celui de la ville. Bragança, capitale de l'ancienne province de Tras os Montes et dominée par son admirable citadelle, occupe, à l'angle nord-oriental de la Lusitanie, une position des plus importantes pour le commerce légitime ou de contrebande; suivant les oscillations des tarifs douaniers, elle expédie de l'une ou de l'autre manière les étoffes et les autres marchandises de ses entrepôts: c'est le centre le plus important du Portugal pour la production des soies gréges. Au sud du Douro, la ville pittoresque de Lamego, dominant le fleuve, en face de la région des grands vignobles, est renommée pour ses jambons; Almeida, qui veille à la frontière, pour tenir en échec la garnison espagnole de Ciudad Rodrigo, disputait jadis à la ville d'Elvas le rang de première citadelle du Portugal; Vizeu, célèbre par les hauts faits du Lusitanien Viriatus à l'époque de la domination romaine, est un lieu de passage important entre la vallée du Douro et celle du Mondego. Sa foire de mars est la plus fréquentée de tout le Portugal. C'est dans la cathédrale de Viseu que se trouve le plus remarquable tableau du Portugal, vrai chef-d'oeuvre, attribué à un peintre dont l'existence même est problématique, Gran Vasco. Les bergers des environs de Viseu sont les hommes les plus beaux et les plus forts de tout le Portugal: tête et jambes nues, ils ont un aspect fort sauvage, quoique, à l'égal de tous leurs compatriotes, ils aient des manières polies et dignes.
Coïmbre, l'ancienne Aeminium et l'héritière de la Conimbrica romaine, dans le Beira-mar, est la cité la plus fameuse et la plus peuplée entre les deux métropoles de Lisbonne et de Porto. Elle est connue surtout comme ville d'université; ses mille ou quinze cents collégiens et étudiants, jadis deux fois plus nombreux, ses professeurs en soutane, tout un monde d'école qui rappelle les républiques universitaires du moyen âge, donnent à la ville une physionomie particulière: c'est là que le portugais se parle avec le plus de pureté. Coïmbre se distingue aussi par la beauté de ses environs, ses bosquets d'orangers, ses maisons de campagne éparses dans la verdure, son admirable jardin botanique où les plantes tropicales s'entremêlent en groupes charmants aux végétaux de la zone tempérée. Sur les bords du clair Mondego, d'où l'on aperçoit le pittoresque amphithéâtre de la ville, s'étalant sur la pente du coteau, on visite la quinta das Lagrimas (maison des Larmes) où fut égorgée la belle Inès de Castro, si cruellement vengée plus tard par son mari, Pierre le Justicier. Sur le corps meurtri d'Inès les nymphes du Mondego versèrent des larmes qui se sont changées en une source d'eau pure: ainsi le raconte une légende créée peut-être par les beaux vers de Camões, que l'on a gravés sur une pierre, à l'ombre des grands cèdres.
Peu de contrées en Europe sont aussi belles et d'un aspect plus enchanteur que les campagnes du Beira-mar arrosées par le Mondego, cette «rivière des Muses», d'autant plus chère aux Portugais qu'elle coule en entier sur le territoire lusitanien. Un des villages situés entre Coïmbre et la mer porte le nom bien mérité de Formoselha; une ville voisine est appelée Condeça Nova, qu'une étymologie, probablement erronée, fait dériver de Condeixa, c'est-à-dire «la Corbeille de Fruits»; nulle ville ne serait mieux nommée; ses oranges, qui fournissent à Coïmbre un de ses principaux articles de commerce, sont exquises; ses jardins, bien cultivés, sont merveilleux par la verdure, les fleurs et les fruits. Au nord, dans le beau groupe de montagnes qui domine Coïmbre, l'ancien couvent de Bussaco, bâti sur une terrasse au milieu de forêts solennelles où se mêlent les cyprès, les cèdres, les chênes, les ormeaux, est un véritable lieu de délices. La large route qui conduit au monastère transformé maintenant en un lieu de villégiature pour les riches habitants de Coïmbre et de Lisbonne, serpente, de détour en détour, sous les branches entre-croisées. Au pied de la montagne jaillissent les eaux thermales de Luso, très-fréquentées depuis quelques années, surtout à cause de la beauté des paysages environnants. Les pins de Goa et d'autres arbres exotiques ont été plantés, pour la première fois en Europe, dans la forêt de Bussaco.
Le port de Coïmbre, Figueira da Foz, l'un des mieux abrités du littoral, a, comme les autres ports de rivière de la Lusitanie du Nord, le désavantage d'être obstrué à l'entrée par un seuil de sable mobile. Pourtant l'embouchure du Mondego reçoit un assez grand nombre de caboteurs qui viennent y chercher les fruits et les autres denrées de cette contrée si fertile: tous les vins du district de la Barraïda, que produisent les plaines comprises entre le cours du Mondego et celui du Vouga, ont même pris de leur port d'expédition le nom de «vins de Figueira», sous lequel ils sont fort appréciés au Brésil. Les deux autres ports les plus actifs de la contrée sont les deux villes d'Ovar et d'Aveiro, situées dans la «Hollande portugaise», au bord des étangs que les dunes du littoral ont séparés de la haute mer. Au moyen âge et lors de la grande période des découvertes, un commerce fort important d'échanges et de pêcherie se faisait par l'entremise de ces deux villes. Aveiro posséda, dit-on, jusqu'à cent soixante navires qu'elle utilisait pour la grande pêche. Les variations de la barre ont mis un terme à cette prospérité. Le littoral sableux ne présentant point une résistance suffisante à l'action des vagues, il se déplacerait à chaque tempête si l'on ne travaillait à fixer la passe par des rangées de pieux, à la base desquels la vase est affouillée par le courant; mais ces moyens ne suffisent pas toujours et le chenal a fréquemment dévié. L'ancienne ouverture, dite Barra da Vagueira, se trouvait près de l'extrémité méridionale du long estuaire intérieur. Actuellement, la passe est directement en face d'Aveiro: c'est par là que l'on expédie les sels, les grains et les fruits qu'apporte de l'intérieur la rivière canalisée du Vouga. Les marins d'Aveiro, de sa voisine Ilhavo et de la cité d'Ovar, bâtie à l'extrémité septentrionale de l'estuaire, ont la réputation d'être les plus vaillants du littoral. Ils s'occupent surtout de la pêche de la sardine et de l'élève des huîtres; ils possèdent sur le bord de la mer de grands établissements de salaison 211.
Note 211: (retour) Villes principales des provinces du nord: Entre Douro et Minho, Tras os Montes, Beira:Porto 89,200 hab. en 1864. Braga 19,500 » Coïmbre (Coimbra) 18,000 » Guimarães 15,000 » Ovar 10,000 » Viseu 9,000 » Lamego 9,000 » Vianna do Castello 9,000 » Chaves 6,000 » Aveiro 7,000 » Figueira da Foz 7,000 » Bragança 5,000 »
III
LA VALLÉE DU TAGE, L'ESTREMADURE.
Le cours inférieur du Tage divise le Portugal en deux moitiés inégales, fort différentes par l'aspect général et les contrastes du sol et du climat. C'est dans la vallée de ce fleuve que s'opère la transition naturelle entre le nord et le sud de la Lusitanie; c'est là aussi qu'à la faveur du magnifique estuaire envoyé par l'Océan au-devant du fleuve a pu s'établir la capitale de la contrée et l'une des cités les plus importantes de l'univers.
A son entrée dans le Portugal, en aval du pont grandiose d'Alcántara, le Tage, qui sert d'abord de frontière commune entre les deux pays, est encore un fleuve encaissé, rapide, inutile pour le commerce aussi bien que pour l'irrigation des plateaux riverains; il se trouve à près de 140 mètres au-dessus du niveau de la mer et doit traverser encore un chaînon de rochers, au défilé de Villa-Velha de Rodão. Au delà, sa vallée s'élargit peu à peu, puis, quand le fleuve a reçu son grand affluent le Zezere, alimenté par les neiges de la serra Estrella, il change de direction et coule, vers le sud-ouest, dans un lit obstrué d'îles et de bancs de sable. Dans cette partie de son cours, ses eaux, devenues tranquilles, sont navigables en toute saison. Le fleuve traverse déjà les terres d'alluvion qu'il a portées lui-même pour en combler la partie orientale de son estuaire, et se divise en bras tortueux autour des îles changeantes. Au-dessous du village de Salvaterra commence le delta proprement dit; le grand lit continue de longer à droite la base des collines, tandis que le lit secondaire va recevoir à gauche les deux rivières de Sorraia et de Santo Estevão et limite, à l'est, la grande île de Lezirias, terre basse et presque inhabitée où serpentent des canaux marécageux. Vers la partie méridionale de l'île, les deux bras qui l'entourent sont déjà la mer; le flot les élargit deux fois par jour et s'étale au loin sur les plages. Les eaux fluviales se perdent dans le vaste estuaire de Lisbonne, auquel on a gardé le nom de Tage, mais qui est vraiment un golfe dont l'eau est plus ou moins salée, suivant l'alternance des crues et des étiages; déjà tout près de l'extrémité septentrionale du vaste bassin, entre Sacavem et Alhandra, des salines bordent la rive. Le contraste de la mer et du courant fluvial se montre nettement: d'un côté sont les eaux profondes où voguent les navires; de l'autre, le flot rapide courant sur un lit de sable, que les paysans traversent à gué pendant les mois de sécheresse.
PONT ROMAIN D'ALCANTARA.
Dessin de Taylor, d'après une photographie de M.J. Laurent.
Le Tage est une des rivières qui, par la direction de leur cours, témoignent le plus clairement de la tendance qu'ont les eaux courantes de l'hémisphère boréal à empiéter sur les terres de leur rive droite. Jadis, lorsque la grande mer intérieure qui recouvrait les plateaux de la Nouvelle-Castille se vida par l'issue du Tage, ce fleuve dut rouler une quantité d'eau fort considérable qui déblaya une partie des collines de la Lusitanie. Or la configuration du sol permet de voir, comme sur une carte en relief, que les courants ont passé en déluge sur les terres de la rive gauche et en ont nivelé les saillies, puisqu'ils ont incessamment gagné vers la droite, c'est-à-dire vers le nord, pour longer la base des montagnes et des collines du système de l'Estrella. Les deux rives du Tage offrent le même contraste que les bords des fleuves de la Sibérie: la rive gauche ou celle d'outre-Tage (Alemtejo) est la côte d'aval; la rive droite est la berge d'amont; de ce côté se trouvent les pentes rapides, les falaises et des hauteurs de plusieurs centaines de mètres, que la majesté de leur aspect permet presque de qualifier de montagnes.
La petite chaîne irrégulière qui forme l'ossature de la péninsule comprise entre le Tage et l'Océan, au nord de Lisbonne, ne se relie aux monts de l'Estrella que par un seuil raviné, où passe le chemin de fer de Santarem à Porto, et où s'entremêlent les sources des deux versants. Au sud de Leiria, les collines, déjà plus hautes, servent de contre-forts à un sommet dominateur, la Serra do Aire ou «Montagne du Vent», d'où l'on voit s'étendre à ses pieds, comme un immense tapis brodé, les campagnes verdoyantes qu'arrosé le Tage et les landes rousses de l'Alemtejo. Au sud, le Monte Junto est un autre point culminant des hauteurs de l'Estremadure; il projette à l'ouest un seuil latéral, qui va former une saillie triangulaire en dehors de la côte, et se rattache par une plage basse à l'île rocheuse du cap Carvoeiro. Cette île, moins grandiose d'aspect que l'Argentaro et le Circello du littoral italien, mais non moins curieuse au point de vue géologique, porte la forteresse et la petite ville de Peniche, où les femmes, presque isolées du monde, passent leur temps à faire de la dentelle. Au large, une barre sous-marine réunit le cap Carvoeiro à l'île de Berlinga, environnée d'écueils, et aux Farilhãos, également redoutés des marins. Un pittoresque château fort, qui sert en même temps de prison, s'élève sur l'île de Berlinga, au-dessus d'un petit havre de pêcheurs.
Entre l'estuaire de Lisbonne et la mer, la péninsule rétrécie n'offre plus qu'un dédale de collines peu élevées, mais présentant néanmoins de grandes difficultés aux communications, à cause de l'étroitesse des vallées et de leurs brusques contours. C'est dans cette région tourmentée que Wellington établit, pendant la guerre péninsulaire, ses fameuses lignes de Torres Vedras, qui transformaient tout le district de Lisbonne en un vaste camp retranché Au sud de ces collines, dont chacune portait sa redoute, se dressent d'autres collines. Toute la contrée s'élève jusqu'au massif des admirables hauteurs de Cintra, devenues si fameuses par leurs palais, leurs vallons ombreux, leur climat délicieux, et le souvenir des événements qui s'y sont accomplis. Une partie de ce massif, comprenant les hauteurs de Lisbonne jusqu'à Sacavem, au bord septentrional de l'estuaire, est occupée par des masses basaltiques, qu'ont rejetées d'anciens volcans. Durant l'époque géologique actuelle, aucun nouveau flot de lave ne s'est épanché des crevasses de ces montagnes, mais il est probable que les terribles tremblements de terre de 1531 et de 1755 avaient leur cause dans l'agitation des matières bouillantes et des gaz enfermés sous les couches superficielles. La première série de secousses dura huit jours, et renversa un grand nombre d'édifices. Quant à l'ébranlement du siècle dernier, on sait quels désastres en furent la conséquence; peut-être aucune des violences de la nature ne fit-elle plus d'impression sur les esprits des peuples de l'Europe. Dès le premier choc, qui pourtant ne dura pas plus de quatre à cinq secondes, une grande partie de Lisbonne était en ruines; plus de quinze mille habitants, même trente ou quarante mille, suivant quelques historiens, étaient écrasés sous les débris de 3,850 édifices; une minute après, une vague de douze mètres de hauteur s'élançait de la mer et noyait les fuyards entassés sur le quai. Un seul quartier, l'Alhama, ou Mouraria, l'ancien lieu de résidence assigné aux Maures, au pied de la citadelle, échappa au désastre. L'incendie, qui s'éleva des foyers engloutis, dévora des milliers de maisons que la secousse avait laissées debout; pour empêcher le pillage, le marquis de Pombal fit ériger la potence au milieu des ruines: sans l'énergie de cet homme, la cour se serait enfuie, dit-on, pour transférer le siége du gouvernement à Rio de Janeiro. Du centre de vibration, qui probablement se trouvait sous Lisbonne même ou dans le voisinage immédiat, les oscillations du sol se propagèrent sur un espace immense, que les historiens de la terrible catastrophe ont diversement évalué, mais qui ne peut avoir été moindre de 3 millions de kilomètres carrés. Porto fut partiellement démolie; le havre d'Alvor, dans les Algarves, fut comblé; les murs de Cádiz furent jetés bas; et l'on affirme que presque toutes les grandes villes du Maroc tombèrent de la secousse. Une certaine activité intérieure du sol se manifesterait encore, s'il est vrai que les roches «poussent» au fond de l'anse de Seixal, dans la partie de l'estuaire située au sud de Lisbonne, et qu'il ait fallu interrompre pour cette raison la construction des navires qui se faisait dans cette baie.
La configuration de la côte et des montagnes, du «Roc de Lisbonne» au cap d'Espichel, fait présumer que, dans l'antiquité géologique, des changements bien plus grands encore se sont opérés dans la forme de la contrée. La courbure si admirablement régulière du littoral qui se développe au large de l'entrée de Lisbonne, forme dans son ensemble un seul trait géographique violemment scindé en deux parties par le goulet de l'estuaire. Ce détroit lui-même, plus géométriquement taillé que celui de Gibraltar, s'ouvre comme une sorte de défilé régulier, comme une «cluse» entre l'Océan et la mer intérieure de Lisbonne; il semble s'être insinué par une fissure entre le massif de Cintra et l'arête isolée des monts d'Arrabida, qui limitent au nord la baie de Setúbal, et dont la masse principale se compose de roches crétacées, semblables à celles de la péninsule du nord. Très-probablement les deux groupes de collines faisaient partie du même système de montagnes, et le Tage, qui se déverse actuellement dans la mer par l'estuaire de Lisbonne, allait la rejoindre autrefois par celui de Sado, à travers les vastes plaines d'origine tertiaire qui constituent le sol de l'Alemtejo. Quoi qu'il en soit, peu de régions du littoral méritent plus que la côte de Lisbonne d'être étudiées, et promettent aux géologues une histoire plus attachante.
Il ne reste plus de la catastrophe du siècle dernier que des traces insignifiantes, et la capitale du Portugal, quoique peuplée seulement de la moitié des habitants qu'elle eut au commencement du seizième siècle, s'est complétement relevée de ses ruines. Même les quartiers du centre, qui avaient été renversés de fond en comble, sont remplacés par des blocs d'édifices réguliers, ayant sinon une beauté architecturale, du moins cette majesté froide que donnent la symétrie des lignes et la longueur des perspectives. L'antique cité d'Olissipo, qu'une légende classique dit avoir été fondée par le sage Ulysse, occupe maintenant, au bord du Tage, un espace d'environ 5 kilomètres; mais si l'on considère comme une dépendance naturelle du la capitale les faubourgs qu'elle projette, à l'est et à l'ouest, le long du rivage, la ville n'a pas moins de 14 kilomètres, de Poço do Bispo à la Tour de Bellem (ou Belem). Dans l'intérieur des terres, Lisbonne, que l'on ne pouvait manquer, en la comparant à Rome, de dire également bâtie sur sept collines, emplit les vallons, et gravit les hauteurs jusqu'à 2 ou 3 kilomètres en moyenne; en outre, elle s'est agrandie aux dépens de l'estuaire, en consolidant et en rattachant à la terre ferme les laisses indécises qui découvraient à basse mer. Une admirable promenade, l'Aterro de Bõa Vista, qui se prolonge de Lisbonne vers Bellem, sur un espace de plus d'un kilomètre, a pris la place de vases nauséabondes. C'est de l'estuaire du Tage, ou mieux encore des collines du sud, qu'il faut contempler le panorama de la ville. Vues ainsi à distance, Lisbonne, ses tours, ses coupoles, ses promenades, présentent un spectacle vraiment enchanteur, qui justifie bien le mot des Portugais:
Que não tem visto Lisbõa,
Não tem visto cosa bõa!
(Qui n'a pas vu Lisbonne, n'a rien vu de beau!)
Il est vrai que l'intérieur de la superbe métropole ne répond pas à l'imposante beauté de l'extérieur. Lisbonne possède une grande place de nobles proportions, dite Largo do Comercio; elle a tous les édifices qui appartiennent à l'organisme d'une capitale et d'un grand port de commerce, palais, églises et cathédrale, bourse et douane, université, collége et théâtres; mais, à l'exception de la chapelle de São João Baptista, qui fut érigée dans l'église de São Roque, elle n'a point d'édifice vraiment remarquable. La fameuse chapelle, l'une des constructions les plus somptueuses qui existent, a été en entier montée à Rome, où elle fut temporairement exposée dans la basilique de Saint-Pierre, et d'où elle fut expédiée par fragments: colonnes, autel, panneaux, pavé, tout n'y est que marbre, porphyre, jaspe, cornaline, lapis-lazuli. En dehors de la ville, la seule construction vraiment grandiose et célèbre à bon droit est l'aqueduc, os Arcos das Agoas Livres, qui apporte à la ville l'eau pure puisée près de Bellas, à une quinzaine de kilomètres vers le nord-ouest. Dans la plus grande partie de son cours, l'eau coule en souterrain, mais, en approchant de Lisbonne, elle franchit une vallée sur un pont superbe de trente-cinq arches de marbre, dont l'une n'a pas moins de 75 mètres de hauteur. Il a été construit sous le règne de João V, le Rei Edificador, pendant la première moitié du dix-huitième siècle. Le tremblement de terre de 1755 ne lui fit aucun dommage.
Si Lisbonne est relativement pauvre en monuments curieux, elle possède en compensation d'inestimables priviléges donnés par la nature; peu de villes ont été mieux dotées que ne l'a été la célèbre cité. De même que les conditions du sol et du climat expliquent en grande partie les destinées du Portugal, de même l'histoire de Lisbonne se lit dans les traits du milieu géographique. En premier lieu, cette capitale se trouve à peu près exactement sur la ligne médiane de tout le littoral portugais, à l'endroit autour duquel devaient le mieux s'équilibrer toutes les forces du pays. En outre, Lisbonne a le précieux avantage de posséder un port excellent, accessible aux plus grands navires, puisque la profondeur du chenal d'entrée dépasse partout 30 mètres; il est parfaitement protégé contre les vents dangereux du sud-ouest, et se prolonge jusqu'à plus de 10 kilomètres en amont de la ville; les navires y sont amenés par la marée et en sont remportés par le jusant. Ce port est à la fois un estuaire et la bouche de l'un des fleuves de la Péninsule qui se prêtent le mieux au commerce dans la partie inférieure de leur cours; les chalands, portant les denrées locales, et les bâtiments long-courriers viennent à l'encontre les uns des autres dans la même rade. Les flottes réunies dans le port de Lisbonne ne sont pas seulement à l'abri des orages; grâce à l'heureuse configuration du littoral, il est, en outre, facile de les défendre contre les attaques du dehors. Des deux côtés la terre s'avance en promontoire, comme pour fermer l'estuaire, et ne laisse aux navires, entre les charmants rivages de ses collines, qu'un étroit goulet de passage, dont la largeur varie de 1 à 3 kilomètres, et que l'on a bordé de bastions et de forts. Deux ouvrages de défense croisent leurs feux, à l'entrée même du détroit: sur un promontoire du nord, le fort São Julião; sur un îlot de la pointe méridionale, la Tour do Bugio.
LISBONNE.
Dessin de Taylor, d'après une photographie de M. J. Laurent.
Toutefois l'importance naturelle de Lisbonne ne lui vient que pour une faible part de sa position par rapport au reste du Portugal: elle lui vient surtout de la situation qu'elle occupe relativement à l'Europe et au monde. Tant que le grand mouvement de l'histoire ne dépassa point le bassin de la Méditerranée, pendant la période gréco-romaine et presque tout le moyen âge, Lisbonne, ne se trouvant pas encore sur un des grands chemins des nations, ne pouvait évidemment sortir de son obscurité; mais dès que les Colonnes d'Hercule eurent cessé d'arrêter les marins, dès que les navigateurs italiens eurent enseigné leur art aux Portugais, le beau port du Tage devint l'un des principaux points de départ des navires de découverte. Lisbonne devenait le véritable observatoire de l'Europe vers les mers atlantiques. Nulle cité n'était mieux placée pour les explorateurs qui voulaient se rendre aux Açores, à Madère, aux Canaries, pour ceux qui avaient à suivre les côtes du Maroc, prolongation naturelle du littoral portugais vers le sud, et qui, de promontoire en promontoire, cherchaient à contourner le continent africain. On sait avec quel succès les marins de Lisbonne accomplirent leur oeuvre de découverte: ils finirent par donner à leur mère patrie un littoral immense, d'un développement beaucoup plus considérable que la circonférence même de la terre. En Afrique, en Amérique, en Asie, dans les îles de l'extrême Orient, les territoires censés appartenir à l'imperceptible Portugal occupaient une prodigieuse étendue, dont nul géographe n'eût pu tenter de se rendre compte. De pareilles conquêtes étaient du domaine de l'épopée; il fallait un Camões pour les chanter.
Cette époque de gloire ne dura pas longtemps. La fière Lisbonne, que les peuples orientaux désignaient sous le nom de «Résidence des Francs», comme si elle eût été la capitale de l'Europe, perdit sa prééminence vers la fin du seizième siècle. Comparable à une petite barque de trop forte voilure, la puissance du Portugal chavira soudain. Écrasée par le terrible régime de Philippe II, corrompue, en outre, par des moeurs trop luxueuses, énervée par le mépris du travail qu'engendre l'emploi du labeur des esclaves, Lisbonne eut à céder une grande partie de son commerce à ses rivales d'Espagne, tandis que les marins hollandais lui enlevaient, en Amérique et aux Indes, ses plus riches colonies: le monopole qu'elle avait exercé pendant plus d'un demi-siècle lui était à jamais ravi. Mais, en dépit de tous ses désastres, en dépit du tremblement de terre qui jeta bas ses édifices, Lisbonne a toujours tenu un rang élevé parmi les villes commerçantes. Certes, ses quais sont loin d'avoir l'animation de ceux de Marseille, de Liverpool ou de la Havane; les eaux de sa rade ne sont pas incessamment sillonnées par les vapeurs, et la forêt de mâts est encore loin d'y avoir l'étendue qu'elle eut aux grandes époques de la prospérité nationale; mais il faut reconnaître que Lisbonne n'est pas encore à même de tirer parti de tous ses avantages 212.
Sans doute la grande cité du Portugal est devenue le point d'attache de plusieurs lignes de grands paquebots transocéaniques; en outre, elle est la tête de ligne du réseau des chemins de fer européens; mais quels détours bizarres fait encore la voie ferrée pour aller rejoindre Madrid par les solitudes de l'Estremadure espagnole et les plateaux de la Manche! Une voie de communication directe vers la France et le reste de l'Europe manque toujours à Lisbonne, non-seulement à cause de la jalousie des Espagnols, mais aussi à cause du manque d'initiative des Portugais eux-mêmes; d'ailleurs, cette route eût-elle existé, les fréquentes révolutions de l'Espagne en auraient détourné les voyageurs et les marchandises. C'est donc à l'avenir qu'il appartient encore de faire du port de Lisbonne un grand lieu d'échange entre les nations. L'importance croissante du Brésil, avec lequel le Portugal a gardé tant de rapports intimes, ne peut manquer de réagir favorablement sur la prospérité de l'ancienne métropole. Quand la colonie se fut affranchie des liens du monopole, Lisbonne, privée de son commerce exclusif, se crut ruinée du coup; mais elle peut attendre du Brésil libre beaucoup plus que ne lui eût donné le Brésil asservi. Cette contrée d'outre-mer est le meilleur client du Portugal, puisque la moitié des exportations de Lisbonne lui est destinée; pour l'importation, le Brésil est au deuxième rang, quoique de beaucoup dépassé par l'Angleterre.
Quant à l'Espagne, qui pourtant confine au Portugal sur près de 1,000 kilomètres d'étendue, Lisbonne ne fait avec elle, pour ainsi dire, aucun commerce maritime, et, par le chemin de fer, elle ne lui expédie guère que les porcs de l'Alemtejo. Récemment encore, il n'y avait que très-peu de relations, même de simple voisinage, entre Lisbonne et la partie espagnole de la Péninsule; mais les dernières guerres civiles ont forcé un si grand nombre de familles castillanes à chercher un refuge en Lusitanie, que les moeurs locales en ont été changées. Naguère on ne voyait que des hommes dans les rues de Lisbonne; les dames portugaises restaient presque enfermées comme aux temps de la domination musulmane; mais l'exemple des alertes et libres Espagnoles a trouvé de nombreuses imitatrices et la physionomie de Lisbonne y a beaucoup gagné.
Les villes qui entourent la capitale ne sont pas moins célèbres par la beauté de leurs sites que la métropole du Portugal ne l'est elle-même par son commerce et son importance historique. Placée dans cette zone heureuse où n'atteignent plus les froidures du pôle, et qui n'a point à subir les sécheresses et les brouillards sans fin, l'Estremadure portugaise est une des contrées de l'Europe dont le climat se rapproche le plus de celui des «îles Fortunées» et des «bienheureuses Antilles»; malheureusement les oscillations de température y sont parfois très-brusques. La neige est si rare à Lisbonne, qu'on lui donne le nom de chuva branca, ou de «pluie blanche»; on la voit de loin resplendir sur les sommets de la serra Estrella et de la serra de Lousão; mais quand elle tombe, par exception, sur le littoral, le peuple y reconnaît un signe de mauvais augure. Encore au siècle dernier, le prodige d'une neige abondante effrayait tellement les habitants de Lisbonne, qu'ils se précipitaient dans les églises, s'imaginant que la fin du monde approchait.
Un autre grand avantage de climat que possèdent les villes de plaisance des environs de Lisbonne est celui que leur donne l'alternance régulière des brises. A partir du mois de mai, pendant toute la belle saison, le vent souffle de terre au lever du soleil; vers le milieu de la journée il a tourné au sud; le soir, il vient de l'ouest et du nord-ouest, et pendant la nuit, c'est un vent du nord: cette brise tournante, à laquelle on attribue une action des plus salubres sur l'atmosphère, accomplit une rotation complète durant les vingt-quatre heures; aussi lui donne-t-on le nom de viento roteiro ou «vent giratoire». Quant aux vents généraux, ils sont beaucoup moins réguliers. Ainsi, les courants polaires, arrêtés par les serras transversales de la contrée, ne peuvent suivre leur direction normale; ils soufflent directement du nord en longeant la côte, ou bien se transforment en vent d'est, en parcourant tous les plateaux de l'intérieur de l'Espagne. Ce sont ces courants atmosphériques venus de l'est qui apportent les lourdes chaleurs de l'été. A Lisbonne, le thermomètre marque exceptionnellement jusqu'à 38 degrés 213; en 1798, il s'est même élevé à 40 degrés: les observations comparées montrent que si la moyenne de chaleur est plus haute à Rio de Janeiro, c'est à Lisbonne que se fait le plus sentir l'ardeur des jours caniculaires.
La pénétration mutuelle des climats du nord et du sud dans cette zone fortunée donne un double aspect à la végétation. Le dattier commence à se montrer dans les jardins de la basse Estremadure; le palmier chamaerops croît librement sur les plages; l'agavé, dressant son superbe candélabre de fleurs, de même que sur les côtes mexicaines, est assez commun pour avoir donné naissance à une industrie spéciale, celle des dentelles en «fil d'agavé»; les camellias y sont plus beaux que dans toute autre partie de l'Europe; les nopals aux raquettes armées de dards entourent les champs, comme en Sicile et en Algérie. Les arbres fruitiers des pays méditerranéens y mûrissent leurs fruits à la perfection; même les manguiers des Antilles, introduits récemment, ont trouvé dans le Portugal un climat qui leur convient. Les oranges ont mérité d'être appelées en plusieurs langues et même jusqu'en Egypte des portogalli, comme si la Lusitanie était la contrée où les hommes avaient vu pour la première fois la merveilleuse pomme d'or. D'après plusieurs linguistes, le nom que l'on donne aux oranges dans mainte partie de l'Indoustan, chintarah ou chantarah, ne serait qu'une corruption du mot Cintra. A l'époque de leur prépondérance commerciale dans l'Inde, les Portugais avaient si bien célébré la magnificence et la fécondité de leurs jardins royaux, que les habitants de Goa s'en souviennent encore.
De toutes ces villes entourées de quintas et de parcs, Bellem (Bethléem) est la plus rapprochée de Lisbonne; elle n'en est séparée que par un ruisselet auquel un pont mauresque valut le nom d'Alcántara. C'est aussi la plus connue de tous ceux qui arrivent à Lisbonne par mer, car elle est située en avant de la capitale, sur le rivage même du canal de l'estuaire, et l'on aperçoit de loin son admirable tour carrée, de style un peu arabe, si puissante par sa masse, si gracieuse par les sculptures de ses fenêtres et de ses guérites en encorbellement. C'est tout près de cette tour, fondée par le roi Jean, «le Prince Parfait,» que se trouve l'emplacement d'où Vasco de Gama partit pour la mémorable expédition qui donna aux Portugais le chemin des Indes orientales: un magnifique couvent de Hiéronimites bâti par Manoel le «Fortuné», le «seigneur de la conquête, de la navigation et du commerce de l'Ethiopie, de l'Arabie, de la Perse et de l'Inde», rappelle ces temps légendaires de la gloire passée du Portugal. Le couvent a été changé en établissement d'éducation.
Oeiras, au débouché de sa petite rivière descendue des hauteurs de Cintra, garde l'entrée septentrionale de l'estuaire du Tage par son fort de São Julião; plus loin est Carcavellos, aux excellents vins; puis, déjà sur le bord de la grande mer, vient la ville de Cascães, dont le petit port est protégé par une citadelle. Au delà le rivage est désert; seulement de petites tours de garde s'élèvent de distance en distance au bord des plages et des falaises. Par contre, les collines abruptes de Cintra qui se dressent au nord de cette partie du littoral sont une des régions les plus populeuses de la Péninsule, une des celles où le mouvement des voyageurs est le plus actif. En s'élevant de Lisbonne vers les hauteurs de Cintra, soit par la grande route de voitures, soit par le chemin de fer à rail unique construit par l'ingénieur Larmanjat, on voit se succéder à droite et à gauche les châteaux et les villas de Bomfica, le palais royal de Queluz, les maisons de plaisance de Bellas, où sourdent des eaux minérales et la fontaine qui alimente l'aqueduc de Lisbonne. Cintra même est entourée de petites villes d'hôtels et de jardins, San Pedro, Arrabalde, Santa Estephania. Au sud de ces groupes d'habitations s'élève la colline qui porte le château somptueux et original de la Penha, palais fantastique, à la fois indou, persan, italien, gothique, dont les contrastes bizarres sont adoucis par des massifs d'ombrages et des cascades de lianes fleuries. Les nombreux visiteurs de Cintra gravissent aussi l'éminence où se trouvent les débris de l'ancien château des Maures et pénètrent dans les cavernes du «couvent de liége», ainsi nommé des plaques de liége qui garnissaient les murailles pour parer à l'humidité de la pierre. De toutes ces hauteurs la vue est fort belle; elle est tout à fait grandiose du haut des falaises que termine la fameuse «Quenouille» ou Roca, dont les marins ont fait le «Roc de Lisbonne:» c'est le promontoire le plus occidental de tout le continent européen. Les vagues de l'Atlantique viennent se briser sur les blocs épars à sa base et leur masse rompue, changée en écume, s'engouffre en mugissant dans les cavernes du rocher où tourbillonnent les oiseaux de mer. Sur le revers septentrional du promontoire se déroule l'une des plus belles vallées de la Péninsule, celle de Collares, si fameuse par ses jardins et ses bosquets d'orangers: c'est le «San Remo» du Portugal.
La ville de Mafra, située plus au nord, non loin des bains de mer d'Ericeira, sur un plateau stérile et monotone, possède aussi un énorme palais, l'Escorial des rois de la maison de Bragance, transformé actuellement en école militaire. Pour achever cette prodigieuse bâtisse, pleine d'églises, de chapelles, de cellules et d'appartements ecclésiastiques, João V dépensa tout l'argent du Portugal; il y gagna le titre de «roi Très-Fidèle», que lui donna la cour de Rome. Lorsqu'il mourut, il n'y avait pas même dans le trésor de quoi faire dire une messe pour le repos de son âme. Bien plus curieux que l'immense caserne de Mafra, avec son millier d'appartements et ses 5,200 fenêtres, sont les autres édifices de fondation royale qui se trouvent à une centaine de kilomètres plus au nord, à la base occidentale de la serra do Aire, non loin des célèbres thermes de Caldas da Rainha et de la vieille cité mauresque d'Obidos. Le couvent délaissé d'Alcobaça, bâti au milieu du douzième siècle en souvenir de victoires remportées sur les Maures, est un beau monument d'un gothique austère, encore embelli par le charme spécial que les ruines donnent à toute architecture. Batalha, autre couvent qui rappelle la défaite des Castillans dans la plaine d'Aljubarrota, en 1385, est un édifice aux sculptures beaucoup plus riches. Les ornements des portails, du cloître, de la salle du chapitre, de la chapelle dite «imparfaite» parce que le roi Manoel la laissa inachevée, sont tellement ciselés, fouillés, travaillés dans tous les sens, qu'ils semblent figurer des étoffes de guipure. Le goût de toutes ces sculptures est douteux, mais on en admire le merveilleux fini. D'ailleurs on exagère souvent la richesse architecturale du couvent de Batalha: presque tous les voyageurs le décrivent comme bâti en marbre blanc, tandis qu'il est en réalité construit d'une pierre de sable calcaire, absolument semblable à celle qu'emploient tous les habitants du pays pour l'édification de leurs masures.
La ville de Leiria, dans le territoire de laquelle est situé Batalha, est elle-même une ville ancienne et curieuse, occupant un fort beau site au confluent des deux rivières Liz et Lena, à la base d'un coteau que termine un vieux palais mauresque. Ce fut jadis la résidence de Diniz, le «roi Laboureur», celui auquel on doit la plantation du pinhal de Leiria, la plus belle forêt du Portugal. Après une longue décadence, cette partie de la contrée a repris une certaine activité; dans les environs, à Marinha Grande, s'élève une grande verrerie, qui communique par chemin de fer avec le port presque circulaire appelé Concha de Sao Martinho.
COUVENT DES CHEVALIERS DU CHRIST A THOMAR.
Dessin de Taylor, d'après une photographie de M. J. Laurent.
Sur le versant oriental des montagnes qui dominent les plaines de Batalha et d'Alcobaça se trouve Thomar, autre ville jadis fameuse par son couvent; c'est le chef-lieu de ces chevaliers du Christ qui se firent accorder par les rois de Portugal le droit exclusif de la conquête et de l'exploitation des contrées lointaines des Indes et du Nouveau Monde, et qui, après de grandes actions d'éclat, devinrent, par leur âpreté commerciale et leur impitoyable monopole, les principaux auteurs de la décadence de leur patrie. Aujourd'hui Thomar, arrosée par des eaux abondantes qui en font une petite Venise, est une ville de filatures; mais l'activité commerciale s'est portée surtout vers les localités riveraines du Tage, et notamment vers Santarem, qui des pentes de sa montagne, appelée la «Merveille», contemple le cours tortueux du fleuve, ses îles verdoyantes, et les terres bosselées de l'Alemtejo. Actuellement, Santarem et sa voisine, la ville fortifiée d'Abrantes, ont pour principale occupation d'alimenter Lisbonne de légumes et de fruits. Leurs campagnes sont de vraies forêts d'oliviers.
Au sud de l'estuaire du Tage, la faible profondeur des eaux, la nature sablonneuse du sol, les marécages qui bordent les ruisseaux, sont de grands obstacles à l'établissement de villes considérables; ces plages seraient très-probablement désertes, si Lisbonne n'avait besoin de se compléter sur cette rive par des ateliers, des magasins, des chantiers, des embarcadères. Après Almada, la ville de plaisance, qui est déjà sur le goulet de l'estuaire, plusieurs villages, Seixal, Barreiro, Aldea Gallega, Alcochete, sont ainsi devenus des faubourgs grandissants de la capitale, et leur prospérité s'accroît ou diminue avec celle de la grande ville. Par contre, on peut dire que le port de Setúbal, situé plus au sud, à l'issue de l'estuaire du Sado ou Sadão, est ruiné par le trop grand voisinage de Lisbonne. Setúbal a des avantages de premier ordre, comme lieu d'exportation d'une riche vallée; son port est bien abrité par l'abrupt chaînon de montagnes qui se dresse au nord-ouest et la langue de sable recourbée au sud-ouest; une grande baie, ouverte entre les deux caps d'Espichel et de Sines, invite les navires à pénétrer dans la rade; mais Lisbonne est trop rapprochée: le Portugal n'est pas assez riche pour alimenter de son commerce deux cités situées à une faible distance l'une de l'autre. Cezimbra, placée à l'ouest de Setúbal, sur la côte escarpée qui se termine au cap d'Espichel, est également une ville déchue; enfin, la ville de Troja, qui précéda Setúbal comme entrepôt commercial de l'estuaire du Sado, repose maintenant sous les sables de la dune; les fouilles entreprises récemment ont mis à découvert quelques mosaïques romaines, des assises de marbre, et toute une rue tracée peut-être par les Phéniciens. Le botaniste Link, qui vit encore quelques débris de la ville à la fin du siècle précédent, y reconnut des restes de cours, semblables à celles qui se trouvent au milieu de toute maison mauresque.
Quoique bien peu animée en comparaison de sa grande rivale des bords du Tage, Setúbal a pourtant gardé le mouvement d'échanges que lui assurent ses vins muscats, ses oranges délicieuses, et surtout le sel de ses marais, très-renommé dans le Nord de l'Europe; c'est un précieux élément de chargement pour les navires. On dit, et non pas seulement en Portugal, que le sel de Setúbal est le «meilleur du monde» pour la salaison des poissons. Les sauniers de Setúbal, qui pourraient faire plusieurs récoltes par mois, se bornent à en faire deux par année; en outre, ils ont soin de ne jamais vider les eaux-mères qui restent dans les compartiments de leurs marais salants, et de laisser au fond le tapis de conferves qui sépare le sel des autres chlorures, et produit ainsi des cristaux d'une pureté presque chimique. Des tapis de roseaux protègent les camelles contre les intempéries 214.
Setúbal et Cezimbra ont aussi dans les mers voisines d'énormes quantités de poissons d'espèces diverses. Les eaux qui baignent le Portugal sont d'une richesse extraordinaire en vie animale, sans doute à cause de la rencontre des courants océaniques apportant chacun leur faune particulière. De toutes ces eaux, les plus riches peut-être sont celles de Setúbal; en comparaison, la Méditerranée et la baie de Gascogne sont presque désertes. Les pêcheurs de Setúbal exploitent ces trésors de la mer avec une singulière intelligence. Bien des siècles avant que les savants eussent imaginé d'explorer le fond des mers pour en étudier les organismes, lorsque la plupart des zoologistes affirmaient même que nulle vie animale ne se hasarde dans les ténébreuses profondeurs de l'Océan, les marins de Setúbal savaient capturer, à 500 et 600 mètres au-dessous de la surface marine, d'énormes requins qui ne vivent point ailleurs: hissés sur le pont de l'embarcation de pêche, ces animaux semblent sur le point de faire explosion, tant ils sont gonflés par l'air intérieur qui fait équilibre à la pression des couches supérieures de l'eau marine. Quant aux espèces communes de la surface, c'est par myriades qu'on les recueille. Les sardines se pêchent en si grande quantité dans les eaux de Cezimbra, que le peuple les utilise, non-seulement pour sa propre nourriture, mais encore pour celle de ses cochons. Aux temps de sa grande prospérité commerciale, le Portugal fournissait de poisson une grande partie de l'Europe; il exerçait même une sorte de monopole pour la vente de la morue; ses marchands allaient en porter jusqu'en Norvége. Vers la fin du quatorzième siècle, la ville de Lisbonne s'était fait concéder par traité l'exploitation de pêche des côtes anglaises. Chose qui paraît étrange aujourd'hui, c'étaient alors les Lusitaniens qui se faisaient les initiateurs industriels des populations de la Grande-Bretagne 215!
IV
LE PORTUGAL DU MIDI, L'ALEMTEJO ET L'ALGARVE
Les montagnes d'Outre-Tage n'ont qu'en un bien petit nombre d'endroits un aspect de chaînes régulières; ce ne sont pour la plupart que des protubérances à faible saillie s'élevant au-dessus de larges plateaux à base ravinée. L'ensemble de la contrée manque de relief et de variété; on pourrait se croire partout au milieu du même paysage. Toute cette région, comprise entre le Tage et les montagnes de l'Algarve, est la moins belle du Portugal. A l'exception de la serra da Arrabida, qui se dresse entre les deux estuaires de Lisbonne et de Setúbal, elle n'offre que des plaines basses, des collines aux pentes monotones, des bois, des broussailles, des landes nues, où de rares groupes d'habitations se montrent comme des îles au milieu de la mer. Les terres basses qui bordent la rive gauche du Tage et le littoral marin, sont formées d'une épaisse couche de sable fin, reposant sur une argile compacte, et portant encore çà et là des bois de pins maritimes et des bouquets de chênes-lièges (azinheiras), reste des antiques forêts qui recouvraient toute la contrée. Plus haut sont les grandes landes ou charnecas, avec leur variété infinie de broussailles et d'arbustes à verdure permanente. Ce sont des bruyères d'espèces diverses, dont quelques-unes ont jusqu'à deux mètres de hauteur, des cistes, des genévriers, des romarins, des myrtes et des chênes rampants, dont l'épaisse ramure, d'un verpâle, s'élève à peine au-dessus du tapis des autres plantes. Mais la diversité des végétaux, la multitude des fleurs roses et blanches qui les couvrent jusqu'au milieu de l'hiver, n'empêchent pas que l'aspect général du pays ne soit monotone et triste, à cause du manque presque absolu des cultures. Sur les collines plus élevées, presque toutes composées de schistes pailletés de mica, la nature finit même par devenir presque sombre; là tout est recouvert de ces cistes (cistus ladaniferus) aux feuilles résineuses. C'est le prolongement occidental de la zone des jarales qui s'étendent sur des milliers de kilomètres carrés dans la sierra Morena et d'autres régions montagneuses de l'Espagne.
Le massif le plus élevé de la Lusitanie méridionale se trouve sur la frontière même du Portugal, entre les vallées du Tage et du Guadiana: c'est la serra de São Mamede, appelée aussi serra de Portalegre: ses chaînons parallèles de roches granitiques, abritant d'étroits vallons, où coulent, soit vers le nord-ouest, soit vers le sud-est, des affluents des deux fleuves, atteignent plusieurs centaines de mètres au-dessus du plateau, et même le plus haut sommet dépasse 1,000 mètres en altitude totale. Au sud de la large dépression qu'a utilisée le chemin de fer de Lisbonne à Badajoz, apparaît un deuxième massif granitique moins élevé, dressé sur le plateau comme une sorte de citadelle aux mille bastions avancés, et d'un aspect assez grandiose quand on le regarde des bords du Guadiana, qui coule à sa base orientale: c'est la serra de Ossa, connue également sous les noms des diverses villes qui se trouvent dans le voisinage, Elvas, Estremoz, Evora. Elle se rattache, par les hautes ondulations du plateau, à différentes serras qui viennent abaisser leurs escarpements aux rives du Guadiana et du Sadão et dans les plaines uniformes dites Campo de Beja. Ces plaines se continuent, au sud, par le célèbre «champ d'Ourique», où deux cent mille Maures, commandés par cinq rois, eurent à subir, au milieu du douzième siècle, la désastreuse défaite qui permit aux princes du Portugal de fonder leur monarchie. C'est depuis cette bataille et les massacres qui en furent la conséquence que les plaines situées au sud du Tage se changèrent en un désert.
Toutes les hauteurs qui occupent la partie méridionale de l'Alemtejo appartiennent au système de la sierra Morena d'Espagne. Les contre-forts de la sierra de Aroche et ceux de la sierra de Aracena, si riches en minerai de cuivre, s'entremêlent en un dédale de collines dans la partie du Portugal disposée en forme de triangle irrégulier, sur la rive gauche du Guadiana. Le fleuve ne les arrête pas; rétréci entre les parois qu'il a rongées, il est en maints endroits réduit aux dimensions d'un canal, et même au défilé dit Pulo do Lobo ou «Saut du Loup», il descend en rapides de rochers en rochers. C'est en aval de ce défilé seulement, à la ville de Mertola, qu'il devient navigable pour les petites embarcations; à peine une soixantaine de kilomètres de ce grand fleuve peuvent être utilisés pour le transport des denrées.
A l'ouest du Guadiana, les montagnes du système marianique se continuent parallèlement au rivage maritime. Assez basses d'abord, les chaînes sont de simples «hauteurs des terres» ou cumeadas, puis elles s'élèvent jusqu'à 500 mètres dans la serra do Malhão et dans la serra da Mezquita. Un plateau, raviné par les torrents supérieurs de la Mira, rejoint ces massifs à la serra Caldeirão ou du «Chaudron», ainsi nommée, dit-on, en Portugal d'un cratère de volcan, et à la chaîne qui se termine au nord du cap Sines par la cime de l'Ataraya ou la «Montagne du Guet». Un autre plateau, seuil où passera le chemin de fer de l'Algarve à Lisbonne, continue le système principal et va former la base du beau groupe de la serra de Monchique, massif angulaire du Portugal. Au delà de ces monts, une arête aiguë, dite «l'Échine de Chien», s'avance dans la péninsule terminale, entre les deux mers de l'occident et du sud, et va rejoindre les rochers de Saint-Vincent et de Sagres, jadis «sacré», d'où le nom qu'il porte encore 216.
Pour les anciens, le promontoire Sacré était «l'éperon du navire d'Europe». D'après les récits antiques, ceux qui allaient voir, du haut de ce cap, le soleil se coucher dans la mer, le voyaient cent fois plus grand qu'il ne paraît ailleurs et pouvaient entendre le sifflement de l'astre immense s'éteignant dans les flots. Strabon se donne la peine de discuter et de combattre cette opinion populaire, bien conforme d'ailleurs à l'idée que les Grecs non cultivés se faisaient des bornes du monde: comme les caps occidentaux des pays des Callaïques et des Armoricains, le promontoire Sacré paraissait être la «Fin des Terres»; mais, au lieu de terminer le continent du côté des brumes et des frimas, il avait du moins l'avantage d'être tourné vers la lumière du Midi: «les dieux, dit Artémidore, venaient s'y reposer la nuit de leurs travaux et de leurs voyages à travers le monde.» A l'origine de l'histoire moderne, Henri le Navigateur, le célèbre Infant, y installa son école hydrographique, dirigée par Jacome de Majorque, et c'est de là qu'il épiait lui-même le retour des expéditions envoyées à la recherche des îles et à la reconnaissance des rivages lointains. Peu de localités ont, aux yeux de l'historien géographe, plus d'intérêt que cette pointe terminale du continent d'Europe. Les paisibles travaux auxquels on s'y est livré pendant tant d'années pour arriver à la connaissance du chemin direct des Indes, lui paraissent avoir plus d'importance que la sanglante bataille navale, dite de Saint-Vincent, qui se livra dans ces parages, en 1797, et qui se termina, au profit des Anglais, par la destruction d'une flotte espagnole.
Les collines de Sagres appartiennent, comme celles du Tage, à la formation volcanique; mais elles semblent avoir perdu toute activité. Un seul phénomène géologique de la côte méridionale de l'Algarve pourrait faire supposer qu'un lent travail intérieur se continue sous cette région du Portugal. Une grande partie du rivage de l'Algarve est bordé de flèches sablonneuses qui s'allongent en un deuxième rivage au devant de la côte, de manière à former pour les petites barques une sorte d'allée marine à l'abri des vents du large. Cette levée, bâtie par les vagues en pleine mer, est d'autant plus curieuse qu'elle se développe parallèlement aux rivages d'un territoire montagneux: dans presque toutes les autres parties de la Terre où se reproduit le phénomène des cordons littoraux, c'est au large de plaines qui s'étendent à perte de vue dans l'intérieur de la contrée. On a remarqué, en outre, que la plupart des cordons littoraux bordent des côtes qui subissent un mouvement général de lente dépression: là où les campagnes riveraines s'immergent graduellement, les flots, qui viennent se heurter sans cesse contre le bord, reprennent les débris arénacés et les redressent en longues plages qui marquent souvent le tracé de l'ancienne côte. Les géologues n'ont point encore constaté directement de phénomènes de dépression du sol dans l'Algarve portugais; mais l'existence de flèches côtières est déjà un indice fort remarquable: il donne une grande probabilité à l'opinion de ceux qui considèrent le littoral compris entre le promontoire de Sagres et la bouche du Guadiana, comme situé dans une aire d'affaissement. Les traditions, plus ou moins vagues, qui se rapportent à un effondrement des rivages de Cádiz et à la rupture de l'isthme d'Hercule, devenu le détroit de Gibraltar, sont une confirmation lointaine de cette hypothèse sur les mouvements du sol lusitanien.
Le voyageur qui atteint la cime de l'une des serras qui servent de limite méridionale aux plaines uniformes de l'Alemtejo est frappé du singulier contraste que présentent avec le versant du nord les déclivités de l'Algarve tournées vers le midi. D'un côté, les vastes solitudes, presque le désert; de l'autre, les forêts de châtaigniers, les villages se montrant çà et là sur les terrasses, les villes blanches au bord de la mer; les flottilles de bateaux pêcheurs sur les flots bleus. Au nord s'étend le morne espace jusqu'au vague horizon; au sud, des paysages variés et charmants se succèdent jusqu'à la limite précise tracée par l'écume de la houle. Le contraste n'est pas moins grand dans le genre de vie des habitants des deux provinces. Les gens de l'Alemtejo sont les plus graves des Portugais; ils n'aiment même pas la danse. Très-clair-semés au milieu de leurs landes, les uns s'occupent d'agriculture, les autres sont partiellement nomades à la suite de leurs troupeaux de porcs et de brebis. Les bergers parcourent des bois d'azinheiras dont les glands nourrissent leurs pourceaux, puis traversent le Tage en été pour aller dans les hauts pâturages des montagnes du Beira; à la fin de l'automne, ils reviennent vers le sud et font paître leurs moutons dans les fourrés de cistes qui recouvrent une si grande partie de l'Alemtejo. De leur côté, les gens de l'Algarve, trois fois plus nombreux en proportion de l'étendue de leur territoire, sont obligés d'utiliser plus industrieusement le sol: ils le cultivent en céréales, en vignes, en vergers, en jardins, et quoique la terre leur donne amplement en échange de leur travail, ils demandent à la mer poissonneuse un supplément de nourriture 217. La faible population relative de l'Alemtejo s'explique en partie par ce fait, que la plupart des guerres ont eu pour théâtre ses vastes plaines doucement ondulées; elle s'explique aussi par le régime de la grande propriété qui prévaut dans cette province: le paysan ne possède point la terre; il la cultive sans amour et les fièvres naissent des terrains où séjourne l'humidité. Du temps de la domination romaine, ces régions étaient fort peuplées, ainsi que le prouve la quantité de pierres à inscriptions que l'on a découvertes éparses sur le sol.
La différence d'altitude et d'exposition a pour conséquence nécessaire un grand contraste des climats. Sans doute les plaines de l'Alemtejo ont quelque chose d'africain par leur monotonie même et par l'aspect général de leur flore de plantes basses et de broussailles; mais l'Algarve, avec ses forêts d'oliviers, ses groupes de dattiers, ses agavés, ses cactus épineux, ses fourrés de palmiers nains, semble déjà presque tropicale. La température moyenne y est fort élevée; sur le littoral, elle n'est guère inférieure à 20 degrés centigrades. L'abri que la serra de Monchique et les autres montagnes forment contre les vents du nord et du nord-ouest, et, d'autre part, l'obstacle que les levées sableuses du littoral opposent en maints endroits au libre passage des brises marines, contribuent à rendre les ardeurs de l'été plus intenses. Quand souffle le vent d'est ou «vent d'Espagne», la chaleur est très-vive et souvent accompagnée de miasmes qui répandent la fièvre: De Espanha nem bom vento nem bom casamento. «D'Espagne, ni de bon vent ni de bon mariage,» dit le proverbe.
On a longtemps cité Villanova de Portimão, au sud de la serra de Monchique, comme la ville d'Europe dont la température moyenne serait la plus élevée. Depuis il a été constaté que diverses localités d'Espagne peuvent lui disputer cet honneur; mais il n'en reste pas moins vrai que le littoral de l'Algarve appartient, avec la région du bas Guadalquivir et des côtes méditerranéennes de l'Andalousie et de Murcie, à la zone européenne des chaleurs les plus torrides. C'est à bon droit que cette partie de la Lusitanie a reçu des Arabes le même nom que le littoral marocain tourné vers l'Atlantique, et qui, plus tard, devint aussi momentanément la conquête des Portugais: les deux moitiés du vaste hémicycle de côtes étaient pour eux les deux pays de Gharb (Garbe), les deux Algarves ou «régions de l'Occident» situées en dehors de la mer Intérieure. Quoique devenu chrétien, l'Algarve portugais ou d'Aquem-Mar (en Deçà de la Mer) a gardé son vieux nom arabe, de même que dans sa population, restée mahométane jusqu'au milieu du treizième siècle, persistent toujours, en dépit de la langue, les éléments berbers et sémitiques.
Dans le haut Alemtejo, si faiblement peuplé, les villes sont peu nombreuses et sans grande importance: elles ne seraient que de gros villages sans le voisinage de l'Espagne et le commerce de transit dont elles sont les intermédiaires. Crato est de nos jours la station principale sur le chemin de fer qui rejoint le Tage et le Guadiana, de même que sa voisine Portalegre était le grand relais sur la route de terre. Plus au sud, Elvas, où l'on voit un bel aqueduc mauresque à quatre rangs d'arcades, est bâtie en amphithéâtre sur les pentes de sa montagne au milieu de vergers dont on vante les prunes, et couronnée de citadelles, qui passaient au siècle dernier pour un chef-d'oeuvre d'architecture militaire; elles font face à la ville espagnole de Badajoz, ainsi qu'à la place forte d'Olivença, que les traités de Vienne attribuaient formellement au Portugal, mais que l'Espagne n'a jamais voulu rendre. Sur une des montagnes de la serra de Ossa s'élève Estremoz, célèbre dans tout le Portugal par ses búcaros, jarres de terre élégamment modelées et répandant une douce odeur. Montemor, aux vieilles ruines, commande, du haut d'un sommet, l'immense étendue des landes et des bois monotones. Evora, au centre de la province, domine aussi de vastes plaines du haut de sa colline; située jadis sur la grande voie romaine que reliait le bassin du Guadiana à l'estuaire de Lisbonne, Ebura ou Ebora Cerealis était une ville populeuse; au moyen âge, elle devint la deuxième résidence des rois et un lieu de réunion des Cortes: il ne reste de sa grandeur passée qu'un bel aqueduc romain restauré, les fragments d'un temple de Diane à colonnes corinthiennes et d'anciens débris féodaux.
Beja, l'antique Pax Julia ou Colonia Pacensis, n'est guère non plus qu'une ruine du passé, tandis que dans la péninsule formée par le Guadiana et le Chanza, un hameau, naguère inconnu, São Domingos, devient une ville active et commerçante. Les gisements de pyrites de cuivre et d'autres métaux qui se trouvent en abondance dans les montagnes environnantes, prolongement occidental de celles de Rio-Tinto et de Tharsis, sont exploités avec une grande intelligence par des industriels anglais, et, depuis 1859, fournissent annuellement à l'industrie plus de 100,000 tonnes de minerai: elles pourraient en livrer le double; mais leur importance provient surtout du soufre qu'elles contiennent et qui sert à la fabrication de l'acide sulfurique. Les mines de São Domingos, avec leur matériel de magasins, d'usines, de chemins de fer, sont considérées comme pouvant servir de modèle à tous les travaux du même genre. Ce sont elles qui ont rendu son mouvement au bas Guadiana, gardé à son entrée par Castro Marim, l'ancienne place d'armes où se préparaient les expéditions contre les Maures, et Villa Real de Santo Antonio, naguère simple bourgade de pêcheurs. Chaque année, six cents navires viennent franchir la barre pour prendre à Villa Real leurs chargements de minerai. Le village de Pomarão, où vient aboutir la voie ferrée de São Domingos, au confluent du Guadiana et du Chanza, est aussi devenu un vaste entrepôt et un port d'embarquement très-actif.
L'ancienne capitale de l'Algarve européen, du temps des Maures, était la ville de Silves, de nos jours fort déchue et située dans l'intérieur des terres, loin de tout commerce. Faro, la capitale actuelle, a du moins l'avantage d'être bâtie au bord de la mer et de posséder un port bien abrité, mais sans profondeur, d'où les petits navires de cabotage exportent les fruits de toute espèce, et les thons, les sardines, les huîtres, qui font la richesse du pays. Tavira, également défendue des vagues et des vents de la haute mer par un cordon littoral, a les mêmes facilités de commerce et les mêmes denrées d'échange que la capitale: c'est la plus jolie ville de l'Algarve. Loulé, située dans une charmante vallée de l'intérieur, est aussi une cité gracieuse, et lorsque les valétudinaires qui se rendent maintenant à Nice, à Cannes, en Algérie, à Madère, auront appris le chemin de l'Algarve, nul doute que Loulé, Lagos et d'autres localités voisines ne soient considérées comme des «villes d'hiver», propices au rétablissement de la santé. Déjà les thermes ou Caldas de Monchique sont réputés au loin, non seulement par l'efficacité de leurs eaux, mais par la douceur du climat et la beauté des paysages. C'est de là, dit-on, que viennent les meilleures oranges du Portugal 218.
V
PRÉSENT ET AVENIR DU PORTUGAL.
Le petit royaume de Portugal n'en est plus maintenant, comme à la fin du quinzième siècle, à se partager le monde avec ses voisins les Espagnols, et c'est même à grand'peine s'il peut retenir en son pouvoir quelques faibles parties de son immense empire colonial d'autrefois. Pour garder le monopole de ses découvertes, le gouvernement portugais avait fait observer le secret le plus jaloux: peine de mort était prononcée contre l'exportation de toute carte marine indiquant la route de Calicut; mais de pareilles mesures ne firent de tort qu'aux Portugais eux-mêmes. En observant un tel secret pour leurs explorations, en veillant sur leurs archives avec tant de soin, ils finirent par oublier leurs propres conquêtes et par s'en interdire l'exploitation: mainte route des mers que leurs navires avaient découverte les premiers dut être retrouvée une seconde fois, et par les navigateurs d'autres nations. D'ailleurs, l'immense rôle de conquérants et de colonisateurs que s'étaient donné les Portugais était trop grand pour un petit peuple sans liberté. La nation fut bientôt épuisée, et d'autres acteurs, les Hollandais, les Anglais, les Français, entrèrent en scène sur ce vaste théâtre du monde que les Portugais avaient voulu garder pour eux seuls. Actuellement ceux-ci possèdent encore en dehors de l'Europe un territoire égal en superficie à vingt fois l'étendue de leur propre patrie, mais qu'est cela en comparaison de ce qu'ils ont perdu?
Les descendants de Vasco de Gama et d'Albuquerque n'ont plus, pour ainsi dire, qu'un pied à terre dans cette péninsule de l'Inde, dont ils ont eu la gloire de découvrir la route marine. Goa, Salsette, Bardez, Damão, Diu, n'ont guère avec leur territoire plus de 4,000 kilomètres carrés, et n'appartiennent au Portugal que grâce à la bonne volonté de l'Angleterre. Macao, à l'entrée de la rivière de Canton, n'était, tout récemment encore, qu'un entrepôt de chair humaine, d'où les traitants exportaient des «engagés» chinois aux plantations du Pérou. Le monde insulaire qui rattache l'Asie au continent australien, et qui fut autrefois le domaine le plus précieux et le plus anxieusement surveillé des Portugais, se trouve maintenant presque en entier en d'autres mains, et les anciens conquérants n'ont plus qu'une moitié de l'île de Timor et l'îlot de Kambing. En Afrique, il est vrai, l'étendue des territoires auxquels prétend le Portugal est fort considérable; et, si l'on en jugeait par les documents officiels, toute la largeur du continent, d'Angola et de Mossamedes à Mozambique et à Sofala, serait une terre lusitanienne; mais cette terre est encore, en grande partie, à connaître, et ceux qui se livrent à ce travail d'exploration ne sont point des Portugais: l'anglais Livingstone est le voyageur auquel la géographie doit la conquête scientifique de ces contrées. Les seuls établissements sérieux qui ne soient pas de simples comptoirs ou des fortins assiégés par les populations sauvages, sont ceux de l'Afrique occidentale, au sud du Congo; mais ils appartiennent pour la plupart à des maisons de commerce hollandaises. Quelques hectares de terrain sur les côtes de la Guinée septentrionale et de la Sénégambie complètent, avec l'île de Santo Thomé, Principe et l'archipel du Cap-Vert, les possessions portugaises de l'Afrique. Quant au Brésil, la riche colonie du Nouveau Monde, il vit, depuis un demi-siècle, d'une vie indépendante, et dépasse de beaucoup la mère patrie en population et en richesse. Enfin, les terres atlantiques de Madère et des Açores, les premières conquêtes des navigateurs de Lisbonne, sont considérées comme partie intégrante du Portugal, et forment des provinces assimilées en droits à celles de la terre ferme. Ce ne sont pas les moins riches, et récemment encore, avant que la conscription n'enlevât la jeunesse de ces îles, elles jouissaient de la plus grande prospérité 219.
Note 219: (retour) Possessions du Portugal:Superficie. Population en 1871. ATLANTIQUE: Açore 2,581 kil. car. 238,930 hab. Madeira, etc. 815 » 118,380 » AFRIQUE: Iles du Cap-Vert 4,271 kil. car. 76,000 » Sénégambie 69 » 8,500 » S. Thomé et Principe 1,177 » 23,680 » Ajuda 35 » 700 » Angola, Benguela, Mossamedes 809,400 » 2,000,000 » Mozambique, Sofala, etc. 991,150 » 300,000 » ASIE: Goa, Salsette, etc. 3,748 kil. car. 474,240 » Damão 403 » 40,980 » Diu 7 » 12,300 » Moitié de Timor et Kambing 14,316 » 250,000 » Macao 3 » 71,740 » _____________________ ________________ Ensemble des possessions 1,827,975 » 3,635,450 »
Lorsque le Portugal perdit avec le Brésil la seule partie de son empire colonial qui lui donnât une importance réelle dans l'assemblée des nations, le petit peuple européen se trouvait dans un état de prostration vraiment lamentable. Épuisé par la guerre étrangère, il se débattit encore pendant de longues années dans les dissensions civiles. Ses finances étaient absolument ruinées, et le manque de communications à l'intérieur, de débouchés à l'extérieur, ne permettait pas de ramener la richesse dans le pays par l'exportation des denrées nationales. Le Portugal aurait pu disparaître tout à coup, qu'à l'exception de quelques commerçants anglais, propriétaires des vignobles du Douro, et des contrebandiers espagnols de la frontière, personne, dans le reste du monde, n'aurait eu à se plaindre d'avoir ses intérêts lésés. Encore en 1851 il n'existait dans toute l'étendue du Portugal qu'une seule route carrossable, celle de Lisbonne à Cintra, si l'on peut donner le nom de route à une simple allée de plaisance entre deux palais royaux. D'ailleurs l'état intellectuel de la contrée ne laissait pas moins à désirer que l'état économique. L'ignorance dans laquelle vivaient les Lusitaniens au milieu du siècle était à peu près comparable à celle de leurs voisins du Maroc, au sud du golfe des Algarves. Dans les districts septentrionaux, Vianna, Braga, Bragança, une jeune fille sachant lire était un véritable phénomène. Il est vrai que ces ignorants du Portugal, bien différents de tant de paysans du nord de l'Europe, presque lettrés et pourtant restés grossiers, savent discuter avec modération, parler avec élégance, et même improviser des vers où ne manquent ni le mètre, ni la césure, ni la véritable poésie.
CHATEAU DE LA PENHA DE CINTRA.
Dessin de Thérond, d'après une photographie de M.J. Laurent.
Pendant la durée d'une génération, l'instruction s'est bien répandue; une grande partie de l'espace qui séparait les Portugais des autres nations d'Europe au point de vue de la civilisation matérielle a été comblé, et chaque jour on voit se rétrécir l'intervalle. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, indice de tous les autres progrès d'ordre économique, le pays s'est déjà pourvu d'un réseau de chemins de fer, dont toutes les grandes lignes seront complètes dans un petit nombre d'années 220. Non-seulement Lisbonne sera prochainement reliée à toutes les villes secondaires du Portugal, même à celles de l'Algarve, mais par divers points de la frontière, sur le Minho, le Douro, le Guadiana, elle commence à faire pénétrer ses avenues commerciales dans l'intérieur des Castilles. On s'en est aperçu à l'importance croissante qu'a prise le mouvement des échanges, pendant les guerres civiles qui ont souvent bloqué les ports de l'Espagne situés sur la Méditerranée: Lisbonne et Porto même ont pu remplacer partiellement ces villes de commerce pour fournir des marchandises étrangères à l'intérieur de la Péninsule. D'ailleurs une partie seulement du trafic réel figure sur les registres de la douane; la contrebande est difficile à surveiller sur le vaste développement des 800 kilomètres de frontières montagneuses, et Portugais aussi bien qu'Espagnols se font gloire de tromper la vigilance des carabiniers. La douane de terre coûte au gouvernement beaucoup plus qu'elle ne lui rapporte.
Le commerce extérieur du Portugal a presque triplé depuis le milieu du siècle, grâce aux lignes de bateaux à vapeur qui fournissent à la navigation environ les deux tiers de son tonnage. Plus de la moitié de ces échanges se fait avec la Grande-Bretagne, pays qui naguère avait même un monopole presque complet du trafic extérieur de la Lusitanie. Il est facile de comprendre, même au point de vue géographique, cette grande influence de l'Angleterre sur le Portugal. Le littoral de ce dernier pays se trouve précisément sur le chemin qu'ont à suivre les navires anglais pour se rendre dans la Méditerranée, au Brésil, au cap de Bonne-Espérance, aux Indes; nul chemin de la mer n'est plus fréquemment pratiqué par leurs flottes. Porto, Lisbonne, sont pour eux des ports de relâche et de ravitaillement. Il était donc naturel que le commerce anglais, avec ses énormes débouchés, s'inféodât les producteurs du littoral portugais et tâchât de fortifier peu à peu son influence par des combinaisons politiques. L'aide que l'Angleterre fournit au Portugal pendant la guerre péninsulaire lui donna un prétexte plausible pour se poser presque en puissance suzeraine et protectrice, et souvent elle abusa de son rôle. Mais actuellement elle n'exerce de prépondérance que par la supériorité de son commerce, et si l'or anglais est le grand élément de circulation sur les marchés du Portugal, la raison en est aux achats si considérables de vins et de fruits de toute espèce qu'y font les négociants de Londres. Ils demandent chaque année des vins pour une cinquantaine de millions 221.
L'importance croissante des échanges du Portugal avec le Brésil, qu'unit maintenant un câble télégraphique déposé au fond de l'Océan, est également un phénomène nécessaire causé par le voisinage relatif des deux contrées et par les rapports de parenté, la communauté de traditions qui existent entre les deux peuples. Tous les progrès du Brésil seront, par contre-coup, les progrès de la mère patrie, et l'on peut déjà, sans un grand effort de l'esprit, s'imaginer combien prospère est l'avenir réservé aux populations de la Lusitanie du Nouveau Monde: quand l'esclavage aura disparu, que les fleuves du bassin des Amazones seront bordés de plantations et que des chemins de fer rattacheront les vallées des Andes boliviennes aux ports de l'Atlantique, Lisbonne et Porto auront à servir d'intermédiaires au Brésil et à l'Europe pour des quantités énormes de denrées et de marchandises.
Mais c'est avec l'Espagne, on le comprend, que la solidarité commerciale des marchés portugais doit se faire de plus en plus intime, en dépit des haines originaires et de l'opposition des intérêts dynastiques. A la fin, les deux nations limitrophes ne peuvent que devenir un seul peuple, comme le sont devenus Aragonais et Castillans, Andalous et Manchegos. C'est une question de temps; mais on ne saurait douter que la communauté de vie industrielle et sociale ne finisse par prévaloir, amenant avec elle la fédération politique. Il est seulement à désirer que cette union future se fasse pacifiquement, sans pressions injustes, sans violation des droits de chaque groupe à la libre gérance de ses intérêts spéciaux. Égaux des Espagnols par leur grandeur dans le passé et par leur rôle pendant la période épique du commencement de l'histoire moderne, les Portugais peuvent hardiment se placer à côté de leurs voisins pour les qualités morales.
VI
GOUVERNEMENT ET ADMINISTRATION.
Le Portugal est une monarchie héréditaire et constitutionnelle. D'après la loi fondamentale de 1826, dite Carta de ley, et revisée en 1852, le gouvernement se compose des quatre pouvoirs: dirigeant, législatif, exécutif, judiciaire, et de ces divers pouvoirs, deux appartiennent exclusivement à la couronne; celle-ci partage, en outre, le pouvoir législatif avec les deux Chambres, et reste toujours irresponsable. La liste civile s'élève à plus de 3,600,000 francs; en outre, le roi a la jouissance des biens de la couronne et possède de merveilleux joyaux, parmi lesquels le fameux «diamant de Bragance», le plus grand du monde. Il prend le titre de «Majesté très-Fidèle» et se dit comme autrefois «roi des Algarves, seigneur de Guinée et des Conquêtes.» A défaut d'enfant mâle, les filles peuvent hériter du trône. Les ministres du souverain, qui sont au nombre de sept, portent la responsabilité des décisions royales; ils peuvent être mis en accusation par la Chambre dés députés, et doivent alors comparaître devant la Chambre des pairs, constituée en tribunal suprême. Un conseil d'État, composé d'un nombre indéterminé de membres, nommés à vie, assiste le roi dans toutes les affaires d'administration. L'héritier présomptif en est membre-né et prend part aux délibérations dès l'âge de dix-huit ans.
La Chambre des pairs se compose de plus d'une centaine de membres, les uns héréditaires, les autres nommés à vie par le roi, et choisis presque tous parmi les nobles. Les princes de la famille royale siégent de droit dans la Chambre haute et le patriarche de Lisbonne en préside les séances. La Chambre des députés, nommée par le suffrage, est spécialement investie du droit de discussion et de vote sur le budget. Les conditions de cens existent encore pour le corps électoral. D'après la loi de 1852, sont électeurs tous les Portugais âgés de vingt-cinq ans qui payent au moins 5 fr. 55 de contributions directes ou 27 fr 75 de contributions foncières; en outre, «l'adjonction des capacités» a rangé parmi les électeurs, et sans condition de cens, les bacheliers, tous les porteurs de diplômes d'instruction supérieure ou secondaire, les officiers et les prêtres; ceux-ci, de même que les fonctionnaires, les gradés d'université et les gens mariés, ont de plus le privilége de pouvoir voter dès l'âge de vingt et un ans. Le cens d'éligibilité, dont les professeurs sont spécialement exemptés, s'élève à 22 fr. 20 de contributions directes ou 111 francs de contributions foncières. Les électeurs, au nombre desquels sont admis aussi les citoyens de Madère et des Açores, nomment un député par 25,000 habitants; le total des élus s'élève donc à plus de 150. La durée du mandat est de quatre années et la session normale est de trois mois. Une indemnité est attachée aux fonctions de représentant. Le président de la Chambre est nommé par le roi sur une liste de cinq candidats proposés par les députés.
Le pouvoir judiciaire comprend l'ensemble des magistrats du Portugal, depuis le «juge élu» (juiz eleito) de la paroisse jusqu'aux membres du tribunal suprême de la justice, qui siége à Lisbonne. La contrée est divisée en deux grands districts judiciaires, celui de Lisbonne et celui de Porto, qui se subdivisent eux-mêmes en juridictions, correspondant aux circonscriptions territoriales; les îles du cap Vert dépendent du district judiciaire de Lisbonne. Le jury prononce la culpabilité ou la non-culpabilité dans les procès civils et criminels. La jurisprudence portugaise s'inspire à la fois du code français et du vieux droit local représenté par les ordonnances «alphonsines», «manuélines», «philippines». La religion catholique romaine est la religion de l'État, mais l'exercice du culte protestant est toléré dans les villes commerçantes. Les affaires ecclésiastiques sont administrées par le patriarche de Lisbonne, les deux archevêques de Braga et d'Evora et quatorze évêques. L'Inquisition est abolie depuis 1821, et ses revenus, de même que ceux des 750 couvents d'hommes, supprimés pour la plupart en 1834, se sont ajoutés aux recettes nationales; les dernières communautés de moines, qui s'éteignent peu à peu par suite de l'interdiction d'accepter des novices, font retour les unes après les autres au domaine public. La plupart des couvents de femmes ont été également supprimés.
L'armée, qui doit s'élever en temps de guerre ou de commotion intérieure à 70,000 hommes, mais à 32,000 hommes seulement en temps de paix, se compose en réalité des deux tiers de l'effectif normal; elle n'a pas moins de 2,000 officiers pour 20,000 soldats. Naguère les exemptions de service et la pratique du remplacement faisaient peser tout le fardeau de la conscription sur la population pauvre; mais la loi a été récemment modifiée d'après le modèle prussien, pour répartir plus équitablement les charges et donner au pays plus de force défensive. Les forteresses sont nombreuses; mais il n'en reste qu'un petit nombre en bon état de défense; on cite comme les plus importantes: Elvas, Abrantes, Valença, sur la frontière de l'Espagne, et du côté de la mer, le fort de São Julião et la citadelle de Peniche. La flotte ne s'élève plus à mille vaisseaux, comme au temps où le roi Sébastien se préparait à envahir le Maroc; elle est d'une quarantaine de petits bâtiments, dont plus de 20 sont à vapeur. Son personnel est de près de 3,000 marins.
Le budget annuel dépasse 130 millions de francs, et depuis 1834 il s'est régulièrement soldé par un déficit; il en est de même du budget spécial des colonies, qui dépasse 10 millions. Aussi la dette nationale s'élève-t-elle à plus de 2 milliards 130 millions, total vraiment formidable pour un aussi petit pays: c'est environ 500 francs par tête de Portugais. Cependant les ressources de la contrée, auxquelles s'ajoutent la vente des biens nationaux et le produit du monopole des tabacs, se sont accrues plus rapidement que le déficit, et depuis 1875 on a pu renoncer au triste expédient budgétaire qui consistait à opérer des retenues, variant de 5 à 30 p. 100 sur les traitements des employés. Le crédit du gouvernement portugais, qui naguère était au plus bas, a pu se relever peu à peu et ses fonds sont cotés maintenant à près de la moitié de leur valeur nominale.
Les deux anciens «royaumes» de Portugal et d'Algarve se divisent administrativement en 17 districts ou provinces, quoique les anciennes divisions historiques de Minho, Tras os Montes, Beira, Estremadure, Alemtejo, Algarve, se maintiennent encore dans le langage ordinaire. Les districts se divisent eux-mêmes en concelhos, ou «conseils», beaucoup plus grands que la commune française, car ils contiennent en moyenne treize paroisses, ou freguezias, subdivisions à la fois religieuses et civiles.
FIN DE L'EUROPE MÉRIDIONALE
INDEX ALPHABÉTIQUE
A
|
Abrantes, Abruzzes, Acarnanie, Achaïe, Acheloüs, Achéron, Aci-Reale, Açores, Acqui, Adaja, Adamello (mont), Adda, Aderno, Adige (fleuve), Adra (rivière), Adra (ville), Adria, Ægades (îles), Ægium (Vostitza), Ætoliko, Agosta, Aguas, Agueda, Aguilar, Agujero, Aire (serra do), Aitone, Ajaccio, Alagna, Alagon, Alatri, Alava, Albacete, Albaicin, Albanais, Albano, Albaro, Albegna, Albenga, Alberche, Alcalá, Alcalá de Chisvert, Alcalá de Guadaira, Alcamo, Alcántara, Alcazaba, Alceda, Alcira, Alcobaça, Alcochete, Alcolea, Alconetar, Alcoy, Alcubierre (sierra de), Alcudia, Aldea Gallega, Alemtejo, Aleria, Alexandria, Alexandrie (Alessandria), Alexinatz, Algarve, |
Algeciras, Algemesi, Alghero, Alhamá (rivière), Alhamá (d'Andalousie), Alhamá (de Murcie), Alhamá (sierra de), Alhamilla, Alhandra, Alhaurin Grande, Alhendin, Alicante, Alicudi, Almada, Almaden, Almagro, Almansa, Almaraz, Almeida, Almenara (pic de), Almería, Almería (rivière), Almijara (sierra de), Almonte, Alora, Alpes, Alphée, Alpujarra, Alsásua, Altabiscar, Alta-Coloma, Altamura, Amalfi, Amarante, Amaxiki, Ambelakia, Amenano (rivière), Amézcuas, Amiata (monte), Ampourdan (l'), Anadoli-Hissar, Ancône, Andalousie, Andía (sierra de), Andorre (val d'), Andria, Andrinople, Andros, Andújar, Angri, Anie (pic d'), Anio (Aniene), Annobon, Ansena, Antela, Antelao (mont), Anteqnera, Antimilo, Antivari, Aoste (vallée d'), Apennins, Apuanes (Alpes), Aquila, |
Aracena (sierra de), Aragon, Aragon (rivière), Aralar (sierra de), Aran (val d'), Aranda del Duero, Aranjuez, Arba, Arcadie, Arcos de la Frontera, Ares, Aréthuse, Arevalo, Arezzo, Arga, Argentaro (monte), Argolide, Argos, Argostoli, Argyro-Kastro, Ariano, Arnautes, Arno (fleuve), Aroche (sierra de), Arosa, Arpino, Arrabalde, Arrabida (serra de), Arriaga, Arteijo, Ascoli-Piceno, Asinara (île d'), Askyfo, Ason, Aspromonte, Assisi, Asteris, Asti, Astorga, Astroni (parc d'), Asturies, Astypalæa, Ataraya, Aterno, Athènes, Athos, Attique, Ave, Aveiro, Avellino, Averne (lac d'), Aversa, Avila, Aviles, Avintes, Avlona, Avola, Azcoytia, Azizirge, Azpeytia, Azpiroz (col d'). |
B
|
Bacau, Bacchiglione (fleuve), Badajoz, Badalona, Baena, Baeza, Bagnara, Bagni di Lucca, Bagnorea, Baïa, Balagna (la), Baléares, Balestreri, Balkhans, Balta-Lima, Banda di Dentro, Banda di Fuori, Banjalouka, Baragan, Barbastro, Barcellona, Barcellos, Barcelone, Bardenas Reales, Bardez, Barella (la), Bari, Barigazzo, Barlaam, Barletta, Barreiro, Basilicate, Basiluzzo, Basques, Bassæ (temple de), Bastelica, Bastia, |
Batalha, Bathy, Batuecas, Bayona, Baza, Baza (sierra de), Bazardjik, Baztan (val de), Beira-Mar, Beja, Belgodere, Belgrade, Bellas, Bellem (Belem), Bellune, Belméz (mines de), Bembezar, Benaco (lac de), Bénévent, Benicarló, Beon, Béotie, Berat, Bergame, Berlinga, Bermeja (sierra), Betanzos, Bianco (monte), Bidassoa, Bielopavlitchka, Bientina (lac), Biguglia, Bilbao, Biscaye (Vizcaya), Bisceglie, Bitonto, Blato, |
Boïana, Bolca (mont), Bolgrad, Bologne, Bolsena, Bomfica, Bonifacio, Bordighera, Borromées (îles), Bosa (rivière), Bosch de la Espina, Bosna, Bosniaques, Bosnie, Bosphore, Botochani, Boumort (sierra de), Bourgas, Bracciano, Braga, Bragança, Braïla, Brenta (fleuve), Brescia, Brindisi, Bronte, Brujula (la), Bucarest, Bukavii, Bulgares, Bulgarie, Búrgos, Buseo, Bussaco, Butrinto, Buyuk-Déré, Buzeo. |
C
|
Cebeza de Manzaneda, Cabo da Roca (Roc de Lisbonne), Cabra, Cabras (sierra de), Cabreira (serra), Cabrera, Cáceres, Cadi (sierra de), Cádiz, Cagliari, Calabres, Calahorra, Calamita, Calares, Calatayud, Calatrava, Calatrava (Campo de), Caldas de Besaya, Caldas de Gerez, Caldas de Monchique, Caldeirão (serra de), Calenzana, Caltafano, Caltagirone, Caltanissetta, Calvi, Calvo (monte), Camaldules (col des), Camero Nuevo, Camero Viejo, Caminha, Camogli, Campagne de Rome, Campanella (cap), Campanie, Campidano, Campobasso, Campo-l'Oro, Campu-Lungu, Candie, Canée (la), Cangas de Onis, Cangas de Tineo, Canicatti, Cantabrio, Capannori, Caparroso, Capitanate, Capoliberi, Capoue (Capua), Capraja (île de), Capri (île de), Caracal, Cap-Vert (archipel du), Carballo, Carcagente, Carcavellos, Carche (sierre del), Cardeto, Cardo, Cardona, Carghese, Carignano, Carlo-Forte, Carmagnola, Carmona, Carolines (îles), |
Carrara, Carrascal, Carratraca, Carril, Carrion, Carthagène (Cartagena), Carvóeiro (cap), Casale (Casal-Monferrato), Casar, Cascães, Caserta, Cassino, Castagna (monte della), Castagniccia, Castalla, Castelfidardo, Castel-Follit, Castellamare di Stabia, Castellon de la Plana, Castelnovo, Castelvetrano, Castiglione (marais de), Castilles, Castoria, Castro-Giovanni, Castro-Marim, Castropol, Castro-Urdiales, Catalogne, Catane, Catanzaro, Catenaja (Alpes de), Catria, Cava, Cávado, Cavo, Cavour, Cavriana, Cebollera (sierra), Cecina, Cefalù, Centuripe (Centorbi), Céphalonie, Cephissus, Cerignola, Cerigo, Cesena, Cetona (mont), Cettinje, Cezimbra, Chabatz, Chalcidique, Chalcis, Champs Phlégréens, Château-Dauphin (Castel-Delfino), Chaves, Chiana (val de), Cbiavari, Chiclana, Chieri, Chieti, Chimoera-Mala, Chinchilla (sierra de), Chioggia, Chiusi, Chkiperi, Chkipétars, |
Chkoumb, Cidaco, Cinca, Cinto, Cintra, Circello (Cuante), Cithéron, Cittá di Castello, Cittá-Vecchia, Ciudadela, Ciudad-Real, Ciudad-Rodrigo, Civita-Vecchia, Clitunno (Clitumnus), Clusone (rivière), Cocyte, Coïmbre (Coimbra), Collares, Columbretes, Comacchio (lagune de), Comero, Comino, Comiso, Commabio (lac de), Como, Como (lac de), Compostela, Coucha de São Martinho, Condeça Nova, Coni (Cuneo), Constantinople, Contraviesa (sierra), Copaïs, Copparo, Corato, Corcubion, Cordevole (rivière), Cordoue (Cordoba), Corfinium, Corfou, Corinthe, Corleone, Cornigliano, Corogne (la) ou Coruña, Corse, Corte, Cortona, Cosenza, Cotrone, Covadonga, Craïova, Crato, Crémone, Crète, Crevillente (sierra de), Cuadramon, Cuba, Cudillero, Cuenca, Cullar de Baza, Cullera, Curtea d'Ardgeche, Cyanées, Cyclades, Cyllène (mont), Cythnos (Thermia). |
D
|
Daimiel, |
Demotika, Denia, Despeñaperros, Dicté (monts Silia ou), Diu, Djakova, Dodone, Don Benito, Dora Baltea (rivière), |
Dora Morta, Dora Riparia, Dormitor, Drama, Drin, Duero (Douro), Dukagines, Durango, Durazzo. |
E
|
Ebre (Ebro), Écija, Ega, Égée (mer), Égine, Elhassan, Elbe (ile d'), Elche, Éleusis, Élide, Eljas, Elvas, Embalira, Émilie, Empoli, |
Enos, Enza (rivière), Éoliennes (îles), Épidaure, Épire, Erasinos, Ergastiria, Erkene, Escorial (l'), Escudo (col d'), Eski-Zagra, Esla, Espagne, Espiel (mines d'), Espinho, |
Espozende, Estaca de Vares, Estancias (sierra de las), Estella, Estrella (serra), Estremadure, Estremoz, Etna, Eubée, Euripe, Europa (pics d'), Europe, Eurotas (Iri), Euskariens, Evora. |
F
|
Fabriano, Faenza, Falterone (monte), Falticheni, Fano, Farilhãos, Faro, Fasano, Favignana, Felanitx, Felicudi, Fenestrelle, Fermo, Fernando Pô, Ferrare (Ferrara), |
Ferrol (le), Fidaris, Fiesole, Figueira da Foz, Figueras, Filabres (sierra de los), Finisterre (cap), Fiumicino (Rubicon), Fiumicino (Tibre), Florence (Firenze), Fluvia, Foggia, Fokchani, Follonica, Fontana-Congiada, |
Fontarabie, Forchia d'Arpaia, Forli, Formentera, Formia, Formoselha, Fossano, Francoli, Frascati, Fresnedas, Frioul, Fucino (lac), Fuligno, Fumajolo, Furado (monte). |
G
|
Gaëte, Galatz, Galaxidi, Galice, Gallego, Gallipoli (Italie), Gallipoli (Turquie), Gallura (monts de la), Gamzigrad, Garde (lac de), Gardunha (serra), Garfagnana (monts de la), Gargano (monte), Gata (sierra de), Gaviarra, Gaya, Generoso (mont), Gênes, Genil, Gennargentu, Gennaro, Gerez (serra de), Gerona, Giara (la), Giarre, Gibraltar, Gigante (el), |
Gigantinu, Giglio (île de), Gijon, Gioura, Girgenti, Giulia (volcan), Giurgiu, Glieb, Goa, Golo, Gonessa, Gordola, Gorgona (île de), Goritza, Gornitchova ou Nidjé, Gozzo, Grand-Paradis, Granmichele, Gran Sasso d'Italia, Grasso (cap), Grèce, Gredos (sierra de), Grenade (Granada), Grivola (mont), Grosseto, Guadalajara, Guadalaviar, |
Guadalen, Guadalentin, Guadalete, Guadalevin, Guadalfeo (rivière), Guadalhorce, Guadalimar, Guadalmedina, Guadalope, Guadalquivir, Guadalupe (sierra de), Guadarrama (sierra de), Guadiana, Guadiana menor, Guadiaro, Guadiato, Guara (sierra de), Guardia (la), Guarrizas, Guernica, Guetaria, Gubbio, Gúdar (sierra de), Guègues, Guimarães, Guipúzcoa. |
H
|
Hagio-Rouméli, Haïkanes, Haya, Hélicon, Hella, Hémus, Herculanum, |
Hermoupolis, Herrerias (mines de las), Herzégovine, Higa de Monreal, Higuer (cap), Histioea, Houchi, |
Huelva, Huerva, Huesca, Huescar, Hurdes (las), Hydra, Hymette. |
I
|
Íbiza, Ichtiman, Ida (Psiloriti), Idro (lac d'), Ieropotamo, Iglesias, Igualada, Ile Rousse, Ilhavo, Imbros, Imola, |
Inca, Incudine (monte), Indjé-Karasou (Haliacmon). Insua, Intagliatella, Ioniennes (îles), Ipek, Iraty (forêt d'), Irun, Ischia (île d'), |
Iseo (lac d'), Isker, Isla, Ismaïl, Isonzo, Ispica, Italica, Italie, Ivrea, Izterbegui. |
J
|
Jabalcon de Baza, Jabalcuz, Jabalon, Jaca, Jaen, Jagodina, Jaizquibel, |
Jalon, Jandula, Janina, Jantra, Jassy, Játiva, |
Javalambre (pic de), Jerez de la Frontera, Jesi, Jiul (Sil ou Chil), Júcar, Junto (monte). |
K
|
Kadi-Keuï, |
Kastro (Myrina), Katayothra (Oeta), Katounskà, Kelidhoni, Kezanlik, Khelmos, Kilia, Klementis, Kniatchevatz, Kom, Koniarides, |
Kortiach, Kossovo, Kotesi, Koundousi, Koutchka, Kragouïevatz, Kraïna, Kramdhi, Krouchevatz, Kustendje. |
L
|
Labbro (monte d), Labchislas, Laconie, Ladon, Lagos, Lamego, Lamia, Lampedusa, Lampione, Lanciano, Langreo, Lanjaron, Laredo, Lario (lac), Larissa, Laróuco, Lassiti (monts), Lastres, Latium (volcans du), Laurion, Lavagna, Lebrija, Leça, Lecce, Lecco (lac de), Lech (Alessio), Legnago, Leiria, Leitariegos, Lemnos, |
Lena, Lentini, Lentini (lac de), Leon, Leon (isla de), Lépante (Naupacte), Lepini, Lequeylio, Lérida, Lerne, Leso, Leucade (Sainte-Maure), Leuca-Ori, Lezirias, Licata, Licodia di Vizzini, Liébana (vallée de la), Liechanska, Ligurie, Lima (Limia), Limbarra (monts de), Limnicea, Linarès, Linosa, Lioubatrin, Lipari, Liria, Lisbonne (Lisbõa), Lisca-Bianca, Livenza (fl.), |
Livourne, Lixouri, Liz, Llanes, Llanos del Urgel, Llobregat, Lluchmayor, Loano, Lodi, Logroño, Loja, Lom, Loma de Chiclana, Lombardie, Lorca, Loreto, Losnitza, Loulé, Lousão (serra de), Luarca, Lucena, Lucera, Lucques, Lucrin (lac), Lugano (lac de), Lugo (Espagne), Lugo (Italie), Lunigiana, Lycée (Diaforti), Lyngons (Khassia). |
M
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Macao, |
Mat, Matapan (cap), Mataró, Matese, Mattozinho, Mazzara, Medellin, Medico, Medina del Campo, Medina de Rio-Seco, Méditerranée, Meduna (riv.), Megalo-Kastron (Candie), Megalos-Potamos, Mega-Spileon, Meira (sierra de), Mendaur, Mergozzo (lac), Mérida, Mer Noire, Mertola, Mesas (las), Mésie, Messara, Messénie, Messine, Meta, Météore, Metzovo, Mezquita (serra da), Mezzola (lac de), Midia, Mieres, Miet, Mihailem, Mijares, Milan, Milanovatz, Milazzo, Miletto, Militello, Millis (jardins de), Milo, Mineo, Minglanilla, Miño (Minho), Minorque, Miranda de Ebro, Mirdites, Misène (cap), Missolonghi, Mistra, Modène, Modica, Moldavie, Molfetta, Molise (prov. de), |
Monastir, Moncabrer, Moncalieri, Moncayo, Monchique (serra de), Mondego, Mondovi, Mondragon, Monegros Monemvasia (Malvoisie), Mongo, Monopoli, Monsant, Monsech, Monseñ, Monserrat (pic de), Monsía (sierra de), Montagnes (Illustres), Montagut, Mont-Blanc, Monte Albano, Monte Cimone, Monte-Cristo (île de), Montemor, Monte Mugello, Monténégrins, Monténégro, Montenero (Elatos), Monte-Nuovo, Montepulciano, Monti Catini, Montilla, Monti Rossi, Montoro, Monza, Moradel (serra do), Moratchka, Morava, Morée (Péloponèse), Morena (sierra), Morron de los Genoveses, Mostar, Mosychlos, Motril, Motterone (mont), Muela de Ares, Muela de San Juan, Mulahacen, Mulhacen (pic de), Mundo, Murcie, Murgie, Muros, Murviedro, Muzza, Mycènes. |
N
|
Nagara, Nalon, Nansa, Naples, Narenta, Naupacte (Lépante), Nauplie, Navarin, Navarre, Navia, Naviglio Grande, Naxos, Nea-Kaïmeni, Neda, |
Negotin, Neiva, Nemi, Nera, Nerone, Nervi, Nervion, Nethou, Nevada (sierra), Nich, Nicopolis, Nicosia, Ninfa, |
Niolo, Nisvoro, Nocera, Nola, Nora, Noya, Noto, Novare (Novara), Novi, Novibasar, Nuoro, Nurachi (marais de), Nurra. |
O
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Obarenes (monts), Ocaña, Ochagavia, Odiel (fleuve), Oeiras, OEta (Katavothra), Oite, Olissopo, Oiz, Okri, Okrida (Lychnidos), Olmeto, Olonos (Erymanthe), Olot, Olto (Olt, Oltu, Aluta), Olympe, Olympie, Olynthe, Ombla, |
Ombrie, Ombrone, Oneglia, Onéiens (monts), Ontaneda, Orbaiceta, Orbetello, Orco (rivière), Orduña, Orense, Orezza, Orihuela, Oristano, Oro (monte d'), Orobia (monts), Oroch, Orsajo (monte), Orta (lac d'), Ortegal (cap), |
Orteler (mont), Ortona, Orvieto, Osimo, Ossa (Kissovo), Ossa (serra de), Ostie, Ostiglia, Ostrovo, Osuna, Othrys, Ottajano, Oujiza, Ourique, Ovar, Oyarzun, Oviedo, Ozieri. |
P
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Padoue, Padron, Pagani, Paglia Orba (Pagliorba, Vagliorba), Paiz do Vinho, Pajares (col de), Palaos (îles), Palazzolo, Palencia, Palerme, Palestrina, Palici (lac del), Palma (Baléares), Palma (Napolitain), Palma del Rio, Palmanova, Palmaria (île de), Palmarola, Palos, Pamisos, Pampelune (Pamplona), Panaria, Pancorvo (Pancorbo), Pangée (Pilav-Tépé), Pantalica, Pantellaria, Paola, Páramos de Lora, Parapanda, Parga, Parme (Parma), Parnasse, Parnès, Partinico, Pasages, Paterno, Patones, Patras, Pavie, Paxos, Pedroches (los), Pegli, Pelayo, Pélion (Zagora), Pellegrino (monte), Péloponèse (Morée), Pélore (monte), Peña de Francia, Peña de Oroel, Penafiel, Peñagache (sierra), Pañagolosa, Peña Gorbea, Peña Gudina, Peña Labra, Peñalara (pic de), Peña Negra, Peña Prieta, Peña (sierra de la), Peña Trevinca, Pénée, |
Pénée (Gastouni), Peniche, Peñon de Hifac, Pentélique, Pera, Pera-khova (Geraneia), Perdon (sierra del), Pergusa (lac), Perim ou Perin, Peristeri, Pérouse (Perugia), Pesaro, Pescara, Peschiera, Pescia, Petra, Pezo de Regoa, Pharsale, Pheneos (Phonia), Philippines (îles), Philippopoli (Félibé), Phocide, Phthiotide, Pianosa (île de), Piatra, Piave (fleuve), Piazza Armerina, Picacho de la Veleta, Pico de Urbion, Picos de Europa, Piémont, Pieria, Pietra Mala, Pietra Santa, Pignerol (Pinerolo), Pikermi, Pila (sierra de), Pinde, Pinto, Piombino (monte de), Piperska, Pisans (monts), Pise (Pisa), Pistoja, Pisuerga (rivière), Pitesti, Pittigliano, Pizzighetone, Plaisance (Piacenza), Plasencia, Platani (rivière), Plava, Plaza del Moro Almanzor, Ploïesti, Pô (fleuve), Po di Levante, Po di Maestra, Po di Primaro, Po di Volano, Poestum, Poggio di Montieri, |
Pollenza, Pollino, Pomaris, Pomarão, Pompéi, Ponte de Lima, Pontevedra, Pontremoli, Ponza, Popoli, Poros, Porretta, Portalegre, Porte de Fer du Vardar, Portici, Port-Mahon, Porto (Oporto), Porto-Cale (Gaya), Porto d'Anzio, Porto-Empedocle, Porto-Ferrajo, Porto-Fino, Porto-Longone, Porto-Maurizio, Porto-Scuso, Porto-Torres, Porto-Vecchio, Porto Venere, Portugal, Portugalete, Potenza, Potes, Potidée, Pouilles (Apulie), Pouzzoles (Puzuoli), Pozarevatz (Passarevitz), Prades (sierra de), Prato, Prato Magno (mont du), Prevesa, Principauté citérieure, Principauté ultérieure, Principe (île), Prinkipo, Prisrend, Pristina, Procida (île de), Prokletia, Propriano, Puente del Arzobispo, Puente la Reina, Puerto de Arenas, Puertollano, Puerto Real, Puerto-rico, Puig de Randa, Puig den Torrella, Punta de Almenara, Puycerda, Pyrgos, Pytiuses. |
Q
|
Quarto, |
Queluz. |
R
|
Radicofani, Ragusa, Raïtzes, Rañadoiro, Randazzo, Ranera (pic du), Rapallo, Ravello, Ravenne, Recanati, Recco, Reggio (Calabria), Reggio (Emilia), Régille (lac), Reinosa, Reni, Reno (rivière), Resina, Retimo ou Rethymnos, Réus, |
Rhodope, Rhune, Ribadeo, Riera, Rietchka, Rieti, Rilo-Dagh, Rimini, Rimnik-Sarat, Rimnik-Valcea, Rio, Rioja, Rio-Tinto, Riposto, Rivadesella, Rivarolo, Rocca d'Anfo, Rocca Monfina, Rodosto, Roman, |
Rome, Roncal, Roncevaux (Roncesvalles), Ronda, Ronda (serrania de), Rosapha, Rosas, Rosas (sierra de), Rossano, Rota, Rotondo (monte), Roumanie, Roumili-Kavak, Rovere, Rovigo, Rtanj, Ruidera, Rumblar, Ruthènes Ruvo. |
S
|
Sabadell, |
Sant'Antioco, Santañy, Santarem, Santa Tecla, Santiago, Santillana, Santo Domingo (sierra de), Santo Estevão (rivière de), Santoña, Santorin, Santos (sierra de los), Santo Thomé (île de), São Domingos, São João de Foz, São Julião, São Mamede (serra de), Saragosse (Zaragoza), Sarandoporos, Sardaigne, Sarno, Sarria, Sartène, Sassari, Sassuolo, Savigliano, Savone (Savona), Scafati, Schiena d'Asino, Sciacca, Scicli, Scutari, Secchia (rivière), Ségeste, Ségovie (Segovia), Sègre, Segura, Seixal, Sélinonte, Semederevo (Semendria), Senigallia (Sinigaglia), Sept Communes (Sette Comuni), Serajevo, Serbie, Serchio (fleuve), Serès, Seriphos, Serravezza, Sesia (rivière), Sessa, Sestri di Levante, Sestri di Ponente, Setúbal, Seu de Urgel (la), Séville (Sevilla), Sicile, Sienne (Siena), Sil, Sila, Sile (fleuve), |
Silves, Símeto (rivière), Simopetra, Siphnos, Sitnitza, Skar (Skardus), Skodra (Seutari), Skyros, Slatina, Slivno, Sobrarbe, Sofia, Solfatare (lac de la), Solfatare (volcan de la), Solferino, Soller, Solmona, Solofra, Solsona, Somma-Campagna, Somorrostro, Sondrio, Soracte, Sorraia, Sorrente, Soulina, Sousaki, Spaccaforno, Sparte, Sperchius, Spezia (Cyclades), Spezia (la), Sphakiotes, Splugen (mont), Spoleto, Sporades, Squillace (golfe de), Stabies (Stabia), Stenimacho, Stratio, Strivali (îles Strophades), Stromboli, Stromboluzzo, Strona, Strymon (Karasou), Stymphale, Styx, Subapennins, Subiaco, Succiso (mont de), Sumadia, Sunium (cap), Susana (sierra), Suse (Susa), Suseno, Sybaris, Syra, Syracuse (Siracusa). |
T
|
Tafalla, Tage (Tajo), Tagliamento (fleuve), Talamone, Talavera de la Reyna, Tanaro (rivière), Taormine, Tarazona, Tarente (Tarento), Tarifa, Taro (rivière), Tarragone (Tarragona), Tarrasa, Tartares Nogaïs, Tartari, Tavignano, Tavira, Tavolara (îlot de), Taygète, Tchaugheï, Tchatal, Tchatchak, Tcherkesses, Tchernetz Tecutch, Tekir-Dagh, Tempé, Tempio, Ténare, Ter, Teramo, Tergutjilé, Termini, Terni, Terracine, Terranova, Terranova (lac), Terranova di Sicilia, Terre de Bari, Terre de Labour, |
Terre d'Otrante, Teruel, Tessin (Ticino), Tharros, Thasopoulo, Thasos, Théaki (Ithaque), Therapia, Therma (Saloniquie), Thermopyles, Thessalie, Thomar, Thrace, Thyamis, Tibi, Tibre (Tevere), Tierra de Campos, Tietar, Timok, Tinos, Tirana, Tirgovist, Tirnova, Tirso, Tirynthe, Titarèse, Tivoli, Tjuprija, Tolède, Tolfa, Tolosa, Tolox (sierra de), Tomor, Topino, Tordera, Toriñana, Tormes, Toro, Toro (monte), Torre de Cerredo, |
Torre dell Annunziata, Torre del Greco, Torrella, Torres Vedras, Tortone (Tortona), Tortose (Tortosa), Tosal des Encanades, Toscane, Toskes, Totana, Toultcha, Touzla, Trampal, Trani, Trapani, Trasimène, Travnik, Trebbia (rivière), Trebinjé, Trebintchitza, Treize Communes (Tredici Comuni), Tremedal (sierra del), Tresa, Trévise (Treviso), Trichonis (lac), Trikala, Tripolis (Tripolitza), Troja, Trujillo, Tsernitsa, Tsiganes, Tudela, Túdia (sierra de), Turin, Turnu-Séverinu, Turquie d'Europe, Tutova, Tuy, Tymphreste (Veloukhi). |
U
|
Ubeda, Udine, Ujijar, |
Umbertide, Una, Universales (montes), |
Urbino, Ustica, Utrera. |
V
|
Valachie, Val Cárlos, Val del Bove, Valdeon, Val de Peñas, Valdoniello, Valença, Valence (Valencia), Valette (La) ou Valetta, Valjevo, Valladolid, Vallongo, Valtierra, Varaita (riv.), Varassova, Vardar, Varese (lac de), Vaslui, Vassili-Potamo, Vasto, Vaudois, Velate (col de), Velez-Blanco, Velez-Málaga, Velez-Rubio, Velino, Velletri, Veloukhi (Tymphreste), |
Vénétie, Venise, Venta de Baños, Ventotiene, Vera, Verbano (lac), Verbas, Vercelli, Verdoyonta, Vergara, Vérone, Verria, Vésuve, Vettore, Via-Egnalia, Vianna do Castello, Viar, Viareggio, Vicence (Vicenza), Vich, Vico, Vid, Vierzo, Vieste, Vietri, Vigevano, Viggiano, |
Vigo, Vilkov, Villa do Conde, Villanova de Portimão, Villanueva de la Serena, Villa Real, Villa Real de Santo Antonio, Villaseca, Vinadio, Vinalapó, Vinaroz, Viscardo (détroit de), Viseu, Viso (mont), Viterbe (Viterbo), Vitoch, Vitoria, Vittoria, Vizzini, Volo, Volterra, Voltri, Vouga, Vourgaris, Vulcanello, Vulcano, Vultur. |
Y
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Yeguas (sierra de), |
Yeltes. |
Z
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Zacynthe (Zante), Zagori, Zaitchar, Zamora, Záncara, |
Zannone, Zarauz, Zelline (riv.), Zeta, Zezere, |
Zigüela, Zinzares, Zumaya, Zvornik, Zygos (Lakhmon). |