Paris tel qu'il est
On a volé un Murillo au musée du Louvre et en plein jour. C'est-il vous qui avez trouvé le fameux Murillo?
Vous savez qu'il y a une forte récompense pour celui qui le trouvera; mais il me semble assez douteux qu'on le retrouve, à moins que le gentilhomme qui l'a décroché, ne le vienne rapporter lui-même pour toucher la récompense promise, ce qui serait assez espagnol.
Quand on a appris la disparition de ce chef-d'œuvre, nul n'a pensé à en déplorer la perte irréparable. Tout le monde s'est écrié:
—Comment diable a-t-on fait pour pouvoir voler une toile de cette dimension dans une chapelle fermée, dans une église fermée également?
Comment l'on a fait? C'est bien simple. On l'a décroché; on a roulé la toile et on l'a emportée.
Ça a dû être d'autant plus facile, qu'à l'étonnement général, on peut croire que jamais personne n'aurait pensé qu'un audacieux larcin serait chose possible.
Le vol le plus curieux dans ce genre fut exécuté sous le règne de S. M. Louis-Philippe Ier.
C'était dans un corps de garde d'agents de police attachés à un commissariat.
En plein jour, un ouvrier entra.
—Que voulez-vous?
—Je viens chercher le poêle.
—Tiens! pourquoi faire?
—Pour le nettoyer donc!
—Mais il est allumé.
—Nous allons l'éteindre.
—C'est juste.
Voilà les agents qui éteignent le feu et qui aident l'ouvrier à démonter le poêle et à le charger avec ses tuyaux dans une charrette à bras.
On n'aurait jamais connu ce vol, si le coupable ne l'avait avoué plus tard dans l'espoir, sans doute, que ce trait de génie lui rendrait ses juges plus favorables; mais on ne lui en tint pas bien compte, le génie perce si difficilement.